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 [convocation]Pousse petite graine, pousse

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyVen 4 Fév 2022 - 18:10
10 Mai 1167.
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Parfois l’histoire se déroule comme prévu, parfois non, c’est en partie ce qui fait sa beauté. On croit souvent que les puissants la rédigent avec la facilité d’un enfant empêchant une fourmi de prendre un chemin qu’il ne souhaite pas, mais en réalité, l’histoire s’écrit bien souvent par de minuscule hasard prenant de gigantesques proportions. Les dieux eux-mêmes peineraient à citer l’ensemble des événements ayant à un moment majeur de l’histoire. Au mieux peuvent-ils placer une pierre sur la route du fleuve qu’est la vie et espérer dévier son cours dans la bonne direction.

L’une de ces pierres avaient-elles été jetées pour expliquer que le magnifique carrosse dévale cette rue ce matin ? Pourtant ce n’était pas l’allée la plus mal famée de la cité, loin s’en faut. Le bourg levant abritait la bourgeoisie de la cité et même une part de la plus petite noblesse. Et cette rue malgré les activités qu’on y trouvait, en était à l’image. Entretenue, vivante, où il faisait bon passé même si vivre se discutait.

En effet, même si beaucoup des habitants du quartier fréquentaient le « Jardin » pour y fréquenter ses jolies fleurs, ils étaient bien moins nombreux à assumer de vivre dans ses alentours, ce qui expliquait pourquoi on y trouvait plus de boutique que de simples habitations.
Pour autant, le commerce de madame Rose, la tenancière, était lucratif, principalement pour la discrétion et la propreté de ses filles.
Malgré tout, il était assez rare devoir s’arrêter devant sa devanture un véhicule d’une telle qualité, car rarement ceux-ci s’éloignaient de l’esplanade. Le cheval qui le tirait piétina bruyamment les pavés, visiblement frustré de devoir interrompre son effort sans malgré tout montrer aucun signe de perte de contrôle.

Le cochet d’ailleurs ne fit pas mine de lui serrer la bride et se contenta de sauter avec les gestes précis de l’habitude à bas de sa position pour venir déplier la petite marche et ouvrir la porte latérale, permettant au passager de descendre sans peine.
En l’occurrence il s’agissait d’une passagère. Son visage était à moitié voilé, mais de longs cheveux d’argent dévalèrent ses épaules quand elle se pencha pour quitter l’abri de la cabine. Elle avait plus l’allure d’une fille qui aurait travaillé ici que d’un client, mais la qualité de sa parure, bien que révélatrice, la rendait un peu trop cher pour cet établissement. Du moins pour un œil avertit, ce que bien peu des observateurs auraient eu l’audace d’assumer être.

La dame d’argent et de ténèbres se glissa dans la propre bâtisse et ne tarda pas à trouver la Rose, encore belle bien que fanée de quelques années. D’une ravissante courbette elle ouvrit les hostilités non sans admettre par la même qu’elle était celle qui souhaitait obtenir quelque chose dans ce paisible affrontement.

- Un bien joli jardin que vous possédait Madame Rose, flatta-t-elle son interlocutrice.

A vrai dire à une époque, elle avait même envisagé de faire de ce charmant endroit sa base d’opération afin d’étendre sa toile dans la cité. Mais elle avait finalement renoncé à cette possibilité, notamment à cause de l’intelligence du regard de celle qui se trouvait face à elle. Elle avait besoin d’avoir les coudées franches et non pas de devoir entourloupé en permanence celle qui prendrait la majeure partie de ses gains. Son choix s’était finalement porté sur un endroit certes moins recommandable, mais plus libre d’action.
Ce qui lui permettait aujourd’hui d’être celle qui payait plutôt que celle qui recevait la bourse. Une bien triste forme de pouvoir, mais toujours si efficace.

Elle avança d’ailleurs une généreuse bourse sur la table. Bien plus que pour une simple passe.

- Mais c’est d’une plante bien particulière dont j’aimerais savourer le parfum, et vous en priver, pour une journée et une nuit disons, afin de s’assurer de notre tranquillité d’esprit à toutes deux. Une Iris. Auriez-vous cela Madame ?


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Clarence SarravilliersProstituée
Clarence Sarravilliers



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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyDim 6 Fév 2022 - 12:21
Elle avait vu le carrosse depuis la petite fenêtre du rez-de-chaussée et d’instinct elle a compris que le ou la propriétaire de ce magnifique attelage ne pouvait se présenter céans que pour une seule et unique Fleur : la plus délicate, la plus douce et la plus douée d’entre elles toutes. Iris. Un petit pincement de jalousie et de dépit lui étreint brièvement le cœur. Que n’aurait-elle donné, elle aussi, pour être demandée par la noblesse, vivre un court instant comme ces dames qu’elle apercevait parfois, entourée, admirée, adulée…

Pourtant, cette brève jalousie est bien vite dissipée en songeant à la fabuleuse manne financière que représente la jolie rousse.

Depuis sa rencontre avec le Comte de Rougelac, Clarence a permis bien des améliorations dans la vie de Madame Rose. Le prix payé par le noble seigneur a été à la hauteur du risque encouru par sa jolie Fleur aussi vit-on désormais plutôt bien au Jardin. Les clients sont mieux reçus encore, les chambres ont été agrémentées, tout cela grâce à la bonne fortune d’Iris. Et il semble que cette même bonne fortune soit encore à l’ordre du jour compte tenu de la présence de cette jeune dame qui avance vers elle, parée avec soins et à la voix douce.

Madame Rose, enserrée dans sa robe de tissu rouge et gris, les cheveux noirs soigneusement peignés et coiffés sous un bandeau des mêmes couleurs, s’incline légèrement en avisant la nouvelle venue. Elle n’est plus de première jeunesse, c’est une certitude, mais elle a gardé ce souvenir de beauté radieuse, dans un creux de rein marqué, un regard vif et des lèvres encore pleines.

- Je vous remercie, ma Dame, répond simplement la tenancière en attendant que la nouvelle venue, inconnue, d’annonce le sujet de sa visite.

Debout derrière un petit bureau, elle regarde la bourse déposée sur le petit meuble tout autant qu’elle écoute la demande de l’inconnue, en haussant brièvement un sourcil. Ainsi, elle ne s’est donc pas trompée. Il s’agit bien d’Iris. La tenancière s’empare de la bourse, de la façon la plus naturelle du monde, la soupèse avec un sourire et dit enfin, tranquillement :

- A priori, je n’y vois aucun inconvénient. Je pose une simple condition, sans laquelle aucun accord ne peut être conclu.

Elle redépose la bourse sur la table, juste entre elle et la potentielle cliente.

- Je dois savoir où se trouvera la plus recherchée de toutes mes fleurs durant ces quelques heures ainsi que la compagnie qui sera la sienne. A cette seule condition, Iris vous accompagnera.

Madame Rose attend, les mains soigneusement croisées sur son ventre.
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyDim 6 Fév 2022 - 15:24
10 Mai 1167.
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Une question intelligente, qui donna à la fille d’Anür quelques indices sur l’importance d’Iris dans les affaires du Jardin. Il n’était pas rare qu’une tenancière cherche à savoir où irait une fille quittant sa surveillance. Histoire d’assurer le bien être de sa marchandise, ou son remplacement dans certain cas. Parfois c’était une simple question de curiosité. Mais bien rarement cette question devenait condition.
Abielle ne prit pas la peine de mentir sur ce point, la réponse, couvrant d’elle-même les secrets qu’elle escomptait garder. Elle haussa donc les épaules avec une vitesse mesurée.

- Nous errerons de ci de là à travers Bourglevant et l’Esplanade. J’ai quelques courses à faire et je compte sur votre fleur pour m’être d’une compagnie agréable et une oreille disponible. Je n’ai donc point la capacité de vous donner une adresse où la trouver durant cette période, mais elle vous sera rendue toute entière, plaisanta la jeune femme. Cependant, si au terme de notre affaire vous vous estimiez lésée. Vous pourrez me demander des comptes directement au Temple. Il vous suffira de demander la fille d’Anür, Abielle. Mais je ne crains guère que cela soit nécessaire.

Un sourire éclatant se dessina sous le voile fin alors que l’amusement pétillait sans restriction dans le regard vert de jade.

- Et n’ayez aucune inquiétude, je n’ai pas l’intention de convaincre votre gagne-pain de me rejoindre dans cette noble cause. Une jolie fleur a besoin de soleil pour s’épanouir pleinement. dit-elle en se relevant, considérant le marché conclu. Bien entendu Madame Rose pouvait fort bien choisir que cette réponse n’était pas assez précise, mais au vu de la somme offerte et des secrets inhérent au métier qu’elles exerçaient, les conditions même imparfaites, semblaient des plus acceptables.

- Puis-je à présent admirer ses délicats pétales de mes yeux ? demanda-t-elle d’une ton poétique mais plein de sous-entendu.

Madame Rose la guida dans les jardins, si l’on pouvait les nommer ainsi et Abielle, plus par habitude que nécessité, enregistra mentalement la configuration des lieux pour le cas où elle devrait y retrouver son chemin sans qu’une guide ne l’accompagne, ou même ne soit au courant de sa présence. Il n’y avait aucune raison à cette précaution, mais les années d’expérience lui avaient appris à ne pas se contenter de se fier à la logique pour prendre ses précautions. La vie était bien souvent pleine d’improbable surprises pour les gens de son acabit.

Quand elle s’arrêta devant une porte, Abielle sut qu’elles arrivaient à destination. Elle posa sa main sur le bras que la tenancière tendait pour ouvrir la porte, l’empêchant d’annoncer leur présence et lui offrit un nouveau sourire pour lui faire comprendre qu’à partir de maintenant elle pourrait se débrouiller seule.
Après un regard d’autorité pour lui rappeler qui dirigeait dans cet endroit. La femme aux cheveux de jais s’éloigna dans le couloir. Les clients pouvaient bien avoir leurs lubies après tout. Abielle tourna la poignée et entrouvrit silencieusement le battant. Du bout des lèvres elle sifflota avec élégance imitant avec une précision surprenante le chant d’une mésange dans l’air matinal. Elle passa alors la tête dans l’ouverture à la recherche d’une chevelure flamboyante.

- Est-ce bien ici qu’une petite fleur a choisit de pousser ? Questionna-t-elle avec une pointe de taquinerie. J’espère ne pas m’être fourvoyée.




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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyLun 7 Fév 2022 - 12:00
Une Fille d’Anür.

Madame Rose a un regard totalement neutre pour Abielle et un maintient tout à fait formel l’oblige à demeurer bien droite. Pourtant, en elle, la méfiance augmente de façon tout à fait exponentielle. Perdre Iris serait une perte sèche pour ses affaires, il est donc parfaitement inenvisageable qu’elle s’en aille au Temple pour devenir à son tour une Fille d’Anür.

Quoiqu’il en soit, elle s’empare donc de la bourse, en silence, pour aller la ranger dans un tiroir qu’elle ferme à clé et guide la jeune dame dans l’établissement. Tout est d’une propreté irréprochable en ces lieux. Le sol, les marches de bois de ce grand escalier grinçant qui mène aux étages, tout est impeccable et il règne une délicieuse odeur de plantes et de fleurs, de savon, dans le couloir menant aux premières chambres. La tenancière est d’une maniaquerie obsessionnelle sur ce point et ne tolère guère le moindre petit écart sur ce qui fait la renommée première de sa maison.

Devant la première porte, Madame Rose abandonne donc Abielle, non sans lui avoir jeté un regard plein de suspicion.

Lorsque la jolie dame ouvre la porte, elle sera assaillie par cette odeur de savon et d’eau chaude provenant de derrière un paravent situé dans un coin de la grande pièce toute aussi propre que le reste de l’établissement.
Un petit bruit de fatras, un bruit de métal, d’éclaboussures et une exclamation de surprise accueillent la cliente tandis qu’elle pourra entendre le bruit d’un tissu qui s’enfile à la hâte.

- Un instant !!!!

Clarence était tout simplement occupée à sa toilette. D’ordinaire, on lui annonce les clients, ce qui lui permet au moins de se rhabiller et d’être présentable mais là, elle se dépêche de nouer les liens de son corsage, le plus rapidement et le plus adroitement possible, en pestant intérieurement contre Madame Rose. Ce n’est qu’après quelques instants que la jolie rousse se montre enfin, plissant un bref instant les yeux pour reconnaître enfin, dans un large sourire, la belle Abielle qu’elle a déjà rencontrée, en un lieu infiniment plus distingué que celui-ci. Elle plonge d’ailleurs, en souvenir de cette rencontre, en une très élégante révérence de Cour avant de se redresser.

- Dame Abielle ! Quel plaisir de vous revoir !

La Fille d’Anür pourra constater que cet endroit n’a rien de sordide, il est très bien tenu, décoré sobrement d’un lit confortable, d’une petite table et de deux chaises et d’un vase dans lequel fanent des fleurs coupées récemment. Sur la droite un paravent dissimulant une cuvette remplie d’eau tiède exhalant une vapeur parfumée.
Quant à la tenue d’Iris, elle est évidemment adaptée à son emploi. Une jolie robe du même vert tendre que ses yeux, une chemise de couleur beige visible sous le tissu de qualité, soulignant une ravissante silhouette aux formes pleines, un vrai délice pour les yeux. Les longs cheveux sont relevés un joli chignon tressé. Seules longues boucles s’échappent de sa coiffure pour encadrer son beau visage.

- Je ne m’attendais guère à vous recevoir ici. Que me vaut ce plaisir ?

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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMar 8 Fév 2022 - 8:02
10 Mai 1167.
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Un petit sourire étira les lèvres de la visiteuse en devinant ce qui se tramait derrière le paravent et elle se glissa dans la chambre pour refermer la porte derrière elle et s’appuyer contre le battant de bois, patientant sagement pour voir émerger le joli minois de la catin. La voir effectué sa révérence avec une certaine maestria confirme une part de ses soupçons ainsi que la pertinence de son idée.

- Si j’avais su que tu étais dans ton bain, je me serais faufilée comme une petite souris pour observer plutôt que de m’annoncer, taquina-t-elle la jeune femme avec un soupçon d’humour et une nuance plus chaude dans le regard.

Elle s’avança dans la pièce avec toute l’assurance et l’impudence de celle qui se moque des conventions ou de la vie privée et se pencha sur les fleurs tranchées de frais pour humer leur parfum. Une sensation piquante et rafraichissante d’aussi près, sans doute du au mélange des plantes choisies. Cela aussi aurait son intérêt peut-être…
Puis elle se glissa à son tour derrière le paravent et effleura l’eau chaude de ses doigts. Elle envisagea un instant de profiter de celle-ci pour se prélasser, mais cela n’aurait pas été tout à fait raisonnable au vu de leur programme. Elle n’avait d’ailleurs pas encore répondu à la belle Iris qui l’avait suivi de yeux autant que faire se peut.

- Ne devais-je point t’enseigner un tour de carte si tu parvenais aux fins de ton commanditaire la dernière fois que nous nous sommes vues ? Ma mémoire me fait elle défaut ?

La question était plus amusée que sérieuse et la fille d’Anür reparut dans le corps principal de la petite chambre, le voile couvrant le bas de son visage ôté pendant cet interlude. L’endroit était propre, entretenu et même agrémenté d’un certain charme. Un aspect chaleureux qu’il devait sans doute autant à l’occupante qu’à la tenancière. Pour autant, il était loin du luxe que pouvait s’offrir une courtisane, rôle qu’aurait pu se trouver sans grande peine la jeune Iris a condition d’être introduite à certain cercle.
Sans doute Madame Rose ne tenait-elle pas particulièrement à cette possibilité. Perdre une telle marchandise… L’altruisme avait ses limites. Sortir les filles du caniveau était une chose, les rendre indépendante de son influence en était une autre.

Elle s’avança vers la jeune femme et entortilla son doigt dans une des boucles pleines de liberté avant de la dérouler lentement, caressant la joue douce et pleine de la fille de joie. Toujours un véritable charme de pureté. Visiblement l’expérience avec le baron n’avait pas altéré ce point.

- Enfile donc une cape ou un manteau, nous sortons petite fleur et l’air est encore frais ! Lui lança-t-elle d’un ton détendu mais qui ne souffrait pas la contestation.

A peine cela fût il fait qu’elle passait son bras autour du sien et l’entrainait à l’extérieur de la chambre, remontant à l’inverse le chemin parcouru quelques instants plus tôt. Pour sa part, elle n’accorda pas de nouveau regard à la Tenancière en passant devant sa table, se contentant de regagner la sortie et de pousser gentiment mais fermement Iris dans la petite cellule du carrosse avant de prendre place face à elle.
Sans demander de destination, le cochet replia la marche et ferma la porte avec douceur. Quelques instants plus tard, les premières vibrations induites par le mouvement de celui-ci commencèrent à se faire sentir et elles laissèrent le Jardin derrière elles pour remonter vers les artères principales du quartier.

- As-tu continué à noircir des feuilles comme nous l’avions évoqué ? Ton poignet avait besoin de cet exercice, commença-t-elle tranquillement en l’étudiant de ses yeux vers, assise juste à coté d’elle plutôt qu’en face.

Elle lui prit la main et détailla ses doigts.

- Et cette incursion dans le monde du dessus ? Qu’en as-tu retiré ? Je me moque de la façon dont tu as réussi, je n’en doutais point. Mais je suis curieuse de ton ressenti sur tout cela à présent.



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Clarence SarravilliersProstituée
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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMar 8 Fév 2022 - 10:52
Clarence suit la jolie Abielle du regard, observant la demoiselle évoluer dans sa chambre comme si elle était en ses propres murs. La catin est réellement heureuse de la revoir. Elles ont passé d’excellents moments au manoir Rougelac, à danser, à écrire, à rire aussi ! L’aura de mystère qui l’entoure est toujours présente, savamment maintenue par un regard de velours, un voile léger et des allusions qui font sourire la jolie rousse. Les émeraudes la suivent depuis sa sortie de derrière le paravent, amusées.

- Votre mémoire n’est pas en cause, loin de là. Je ne m’attendais tout simplement pas à vous revoir…ici.

Ici, c’est son territoire, la seule petite parcelle de terrain en laquelle elle a l’illusion de tout maîtriser. Recevoir Abielle au Jardin est un peu déstabilisant, d’autant qu’elle n’a plus eu aucun contact avec l’Esplanade ou la haute noblesse depuis son retour. Un fois la mission accomplie, elle est simplement retournée à l’ombre de laquelle on l’a extraite un instant pour reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée. Du moins, pour quelques temps encore. Dans toute l’incertitude qui est désormais son quotidien, le Jardin et sa maison de la Grande Rue des Hystres sont ses seuls points d’ancrage, les seuls vrais repères qu’elle maîtrise. Alors, recevoir Abielle, c’est un peu comme accueillir une petite bourrasque dans un univers qu’elle tente de garder immobile.

Et la bourrasque de poser la main sur elle, entortillant ses longs cheveux d’un seul doigt avant d’effleurer sa joue, en douceur. Abielle pourra sentir sous ses doigts un début de crispation très vite maîtrisé.

- Un tour de carte, oui…

Clarence esquive les gestes de tendresse et de douceur pour aller s’emparer de sa cape, accrochée à une patère. Depuis son retour de l’Esplanade, la catin a vraiment beaucoup de mal à accepter la oindre attention qui pourrait démontrer une affection, qu’elle soit réelle ou factice, sans réellement comprendre pourquoi elle réagit comme cela. Elle qui auparavant était un vrai petit chaton toujours en quête d’affection préfère désormais rester ici, à attendre le client qui paye plutôt qu’un prince charmant. La gorge serrée, elle noue les petites cordes de la fine cape dépourvue de manches qui est la sienne et suit Abielle sans discuter.

La cliente a payé, puisqu’elle est parvenue en cette chambre. Et d’ordinaire, quand on paye, c’est pour obtenir des faveurs. Qu’on lui demande de sortir l’inquiète un peu, une inquiétude qui ne fait qu’augmenter lorsqu’elle croise le regard de Madame Rose, la fixant sans aucune aménité par-dessus ses petites lunettes en demi-lune.

- Où allons-nous ?

La question est posée alors que le cocher fait s’ébranler le magnifique attelage et que le bruit des sabots claquant sur les pavés lui parvient, assourdi par les portières de l’habitacle.

- Non, je n’en ai pas eu le temps, murmure alors Clarence en réponse à la question sur l'écriture.

La vérité est surtout qu’elle a préféré apporter des présents, surprendre sa sœur, tenter d’attirer son attention sans réellement y parvenir. L’absence de Clarence a visiblement creusé un petit fossé entre les deux sœurs et la jolie catin ne sait plus tellement quoi faire pour le combler. L’impression d’être devenue totalement inutile et indésirable la hante, alors elle se concentre sur la maison, le petit toit à réparer, les petits meubles à peindre, le jardin à entretenir…Encore deux ou trois mois de salaire avant que son ventre n’annonce clairement son état à la face du monde. Encore deux ou trois mois avant de perdre ses revenus. Et que Clémence ne comprenne tout. Elle pourra mettre de l’argent de côté, pour les jours très difficiles…Reprendre son emploi, peut-être, quand elle sera mère…Ou pas…Faire d’autres choses…Elle ne sait juste pas lesquelles, mais il le faut.

- J’ai eu beaucoup de choses à faire en rentrant, répond-t-elle sans entrer dans les détails.

Elle regarde la main d’Abielle qui joue avec ses propres doigts, avant de la ranger sous la cape, de manière à être inatteignable, dans un geste doux un peu gêné.

- Quand à ce que j’ai retenu de cette expérience…J’en ai retiré de l’argent pour subvenir aux besoins de ma famille. Suffisamment pour vivre bien quelques mois et nous permettre d’avancer un peu.

Son ressenti, lui…

- J’y ai laissé mon rêve mais ça en valait la peine. Ma sœur peut désormais se vêtir de jolies choses, notre maison va être remise en état, elle n’aura plus mal aux pieds quand elle rentrera après avoir fait sa journée de travail…Cela valait la peine de perdre ça. Pour elle.

Clarence appuie sa tête contre la paroi du carrosse, regardant pensivement à l’extérieur. Clémence a déjà tellement perdu, elle…Tellement ! Qu’est-ce qu’un rêve en comparaison d’une vie ? Rien du tout. Pourtant, elle y a cru, Clarence. Elle a cru à l’amour, à une belle rencontre, quelque chose de merveilleux qui lui ferait voir la vie sous un autre angle, quelque chose de pur et de simple, un amour sincère qui lui donnerait tout ce qu’elle a toujours voulu. Au lieu de cela, elle ne retient de cette expérience que le souffle rauque d’un homme marié perdu en son décolleté, les mains sous ses jupes, le regard d’un jeune gentilhomme certain de son charme qui l’affichait déjà comme sa prise du soir et, en toile de fond, le sourire rusé d’un quarantenaire habillé d’obsidienne et d’argent.

Cette nuit-là, Clarence a vu son rêve de chevalerie et de noblesse s’éteindre.

Les nobles messieurs ne sont plus, désormais, que d’immondes paillards vêtus de velours et de soie. Des hommes comme les autres. Ni plus ni moins.

- J’ai réussi ma mission, j’ai été payée pour ça. J’ai fait ce qu’on attendait de moi, il n’y a pas grand-chose à en dire, malheureusement. Pourquoi est-ce que cela vous intéresse, d'avoir mon ressenti?

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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMar 8 Fév 2022 - 17:08
10 Mai 1167.
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Abielle haussa un sourcil, mélange d’interrogation et d’une légère pointe critique. Non pas pour la manière dont la jeune femme ôta sa main de la sienne, bien que ce geste la peinât quelque peu, mais plutôt pour ce que ce geste et le fait qu’elle n’ait pas accordée de temps à l’écriture signifiaient au-delà d’un emploi du temps chargé.
Elle n’était pas vraiment surprise de la réponse qu’elle obtint. S’apercevoir que tout ce que l’on estimait beau et bon n’était qu’un voile fragile recouvrant une vérité morbide n’était pas une leçon agréable, mais pour le moins nécessaire. Iris finirait par se retrouvée grandie de cette expérience si elle ne la laissait pas la dévorer.

- Parce que j’apprécie de savoir où ton cœur se situe actuellement et la dernière fois tu n’as point trop apprécier que je me permette de deviner à voix haute ce qui te taraudait. Alors à présent je te le demande. Une forme de courtoisie si tu veux y donner un nom, répondit-elle d’une voix douce en l’observant sans se cacher tandis que cette dernière regardait par la fenêtre pour nier les changements profonds qu’elle connaissait.

Pour autant elle finit aussi par porter son visage vers l’extérieur de l’attelage pour laisser défiler le paysage dont la pente douce qu’elles empruntaient indiquée la direction finale. Qu’elle clarifia malgré tout.

- Nous nous rendons sur l’Esplanade, dans une demeure qui vaut amplement le détour si tu veux mon avis. Et peut-être… Je dis bien peut-être, que tu pourrais y trouver un peu d’inspiration pour un autre rêve. C’est l’avantage avec ces derniers, chaque nuit peut en voir naitre de nouveaux, lui glissa-t-elle d’un ton joyeux et pourtant teinté d’une certaine compassion, comme si elle regrettait qu’elle dut apprendre si abruptement que certain rêves étaient destinés à partir en fumée.

On ne les importuna pas à l’entrée de l’Esplanade, leur conducteur se contentant de présenter un papier cacheté avant qu’on leur autorise rapidement le passage. Le véhicule s’ébranla de nouveau et arpenta les splendides avenues d’argent et de pierre blanche, évoluant entre demeure élégante et petit château.

Le bâtiment devant lequel elles s’arrêtèrent finalement, n’avait rien à envier à ses voisins. Un peu plus petit que celui du sieur Rougelac, il n’en était pas moins habité d’une véritable prestance digne de la famille qui devait le posséder. Contrairement à beaucoup d’autre, il délaissé l’habituel carré fortifié pour s’étendre dans une longueur plus raffinée entourée de jardins splendides et entretenu, qui même à cette période brillait de mille couleurs.
Avec la même attitude de propriétaire qu’elle avait adopté dans sa chambre, Abielle poussa la porte de fer forgé qui délimité l’entrée dans le territoire du manoir proprement dit et invita Iris à la suivre. Elles remontèrent ainsi un chemin de fin gravier blanc assez large pour qu’un carrosse le remonte mais qui parvenait malgré tout, sans doute grâce à l’abondante verdure, à préserver quelque aspect intimiste.

Sensation encore renforcée par le fait que la façade du bâtiment n’était pas tournée vers la rue comme souvent, mais vers les jardins et le mur de séparation avec son voisin. Devant le double battant de bois vernis qui formaient l’entrée du bâtiment principal, Abielle ne fit point mine de ralentir et tourna la poignée pour pénétrer à l’intérieur.
Elles déboulèrent donc dans une grande salle qui devait servir à toute sorte de réception et dont le sol carrelé avec précision permettait sans peine d’imaginer des couples dansant et virevoltant à sa surface. D’ailleurs, l’immense œuvre qui recouvrait presque entièrement le mur opposé à l’entrée, représenter un bal ou un événement approchant. Des robes splendides et des costumes coloré qui parcouraient une piste immaculée avec force détails, si bien que les danseurs auraient pu jaillir à tout instant de l’œuvre et poursuivre leur danse dans la pièce. Tous portaient des masques d’or sans lèvre ni nez. De lisses surfaces percées de deux fentes en forme de regard empli de ténèbres.

Il n’y avait pas le moindre son dans la demeure, pas de trace d’activité, et pourtant tout était impeccable, pas une once de poussière ou de toile. Simplement comme si l’endroit vivait par lui-même, sans occupant. La voix d’Abielle résonna d’ailleurs étrangement, un peu profanatrice que ce silence presque mystique.

- J’ai toujours aimé cette peinture, même si elle me met mal à l’aise. L’artiste n’a réalisé que trois œuvres à travers Langres. Aujourd’hui, c’est sans doute la seule qui reste. On continue ?



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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMer 9 Fév 2022 - 10:47
Clarence regrette son geste.

Abielle a payé, après tout. Elle se doit donc d’être aimable et polie, avenante, charmante avec les clients sans quoi ils peuvent ne jamais revenir. Ce qui la taraude ne doit pas empiéter sur son travail, même si la courtoise demande de la jolie dame la gêne un peu. Personne ne lui demande jamais vraiment ses états d’âme et qu’aurait-elle à répondre à part des choses tristes qui ne font pas partie des services proposés ?

Alors elle prend sur elle, Clarence, elle déglutit un peu et tourne un visage avenant vers sa compagne du jour.

- J’ai été discourtoise, veuillez m’en excuser Dame Abielle.

A dire vrai, elle ne s’attendait guère à fouler l’Esplanade de sitôt. Là où elle aurait ressenti une joie immense il y a encore quelques semaines, elle se renfrogne sur la banquette, dissimulant son visage à la vue des gardes pour ne pas être reconnue. Sa mission a fait du bruit parmi la noblesse et il est impératif qu’on ne la reconnaisse pas. Les ennuis qui découleraient de la découverte de son identité seraient immenses et mèneraient sans doute à la ruine totale de sa famille dont elle essaye de maintenir le niveau de vie. Imaginer Clémence à la rue à devoir mendier son pain au Temple suffit amplement pour qu’elle reste attentive et qu’elle prenne le maximum de précautions.

- Rêver ça fait mal, Dame Abielle. Peut-être devrais-je me contenter de ce qu’il y a à ma portée au lieu de toujours vouloir ces choses inaccessibles qui crèvent le cœur.

Elle dit cela tout bas avec un sourire quelque peu résigné.

Elle était à l’aise à cette réception, évoluant parmi les convives avec la grâce d’un nuage, polie, charmante, très belle. Iris de la Broye a brièvement vécu ce soir-là et quelle vie ! Des ors, des pierres précieuses, de la musique ! Cette musique…Quand elle ferme les yeux, elle l’entend encore, tout comme elle revoit le regard de ce jeune homme posé sur elle. L’esprit candide et romantique de Clarence a été vaporisé ce soir-là. Pourtant…qu’est-ce qu’elle aurait aimé une jolie rencontre, un jeune homme tombant éperdument amoureux au premier regard, une belle histoire…Toutes ces sottes poésies dont elle s’est farci la tête pour ne plus voir sa propre existence, difficile, laide, à l’opposé de tout ce qu’elle aime et de tout ce qui fait que Clarence est Clarence : la joie, l’amour, la danse, l’amusement…Tous ces textes imbéciles n’ont fait que poser un voile rose sur son existence, un voile qui est tombé pour révéler une réalité terriblement déplaisante. Personne ne voudra plus jamais d’elle désormais.

- J’ai au moins compris cela, maintenant…, ajoute-t-elle, tout aussi bas.

Ces choses là ne seront plus. Elle attend un enfant. Elle n’est l’épouse de personne. Cette vie-là, heureuse et douce, ne lui appartiendra jamais. Absolument jamais. Autant s’y faire dès à présent plutôt que de s’entêter à vouloir atteindre l’inaccessible.

Lorsqu’elle arpente l’allée menant à la très élégante demeure, elle garde la tête baissée, dissimulée sous sa capuche. La flamboyante chevelure de Clarence est bien trop reconnaissable. Elle ne voit ni les jardins, ni les arbres, préférant avancer vite dans les pas d’Abielle, pour atteindre l’intérieur. Ce n’est que dans le grand hall qu’elle abaisse sa capuche et qu’elle observe l’environnement présent, en levant un regard curieux sur tout, les lambris, les murs et cette peinture étrange qui lui fait pencher quelque peu la tête d’incrédulité tout en l’approchant.

- Des masques d’or…Il y a quelque chose de troublant…C’est un peu comme si cette toile allait s’animer d’un instant à l’autre…Je n’ai jamais rien vu de pareil !

Un sourire radieux lui revient, un vrai sourire de joie, à la découverte de quelque chose de neuf et elle aurait bien passé un instant de plus à tout regarder attentivement si Abielle ne lui demandait pas déjà de continuer.

- Je vous suis.

Elle reste donc dans les pas de sa cliente, trottinant docilement derrière elle, les mains cachées dans sa cape.

- C’est votre maison ?

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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyVen 11 Fév 2022 - 17:47
10 Mai 1167.
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Plus de Aby donc et plus d’espoir, la blessure est profonde et le cadeau empoisonné… le cœur de la fille d’Anür souffre de voir disparaître en lambeaux les restes d’innocence de sa jeune amie. Mais la part pragmatique de sa personne y perçoit malgré tous les atouts à en tirer, comme un général tirant les leçons d’une défaite cuisante.
Elle était bien plus jeune qu’elle quand ses propres rêves et croyances avaient été balayée et malgré son apparence et son mal-être, Iris avait un esprit plein de force, qui ne demandait qu’à être modelé, aiguillé dans la bonne direction.

- Pour cette cité… non plutôt pour ce peuple, je n’ai pas le sang assez bleu pour prétendre à ce genre de lieu de vie. Et à vrai dire, je n’en voudrais pas même si l’on venait à me le proposer. Un peu trop grand pour moi, j’ai pris l’habitude de pouvoir parcourir mes lieux de résidences en quelques secondes au plus, lui répondit-elle d’un ton tranquille.

- Mais j’admets que pouvoir offrir l’espace à de telles œuvres pour s’exprimer est un cadeau rare que j’aimerais pouvoir faire. Mais en ce cas, pourquoi pas un espace dédié à cette utilité ? As-tu déjà vu un musée ? Encore une chose que l’on voit peu de nos jours. Il y en avait un splendide à Kölira, qui ferait pâlir de jalousie en taille autant qu’en magnificence le palais du Roi.

Elles quittèrent la salle principale pour s’enfoncer dans un petit couloir latéral aussi silencieux que le reste de la bâtisse. Passant devant plusieurs portes, la fille de joie pu remarquer que chacune était stylisée d’une manière différente. Parfois simplement peintes de motifs coloré et laqué, d’autres fois profondément sculptée pour donner naissances à des œuvres prodigieuse de détails, une forêt ou un puit si réaliste qu’on aurait pu croire que la vue de l’artiste qui l’avait réalisé s’était incrustée dans le bois sans aucun autre outil que sa volonté.
Malgré la largeur relativement modeste du passage, il était lumineux et respirait la propreté, sa blancheur entretenue par un habile plaçage de plaque de bronze poli qui faisaient rebondir la lumière de manière diffuse, sans qu’aucune bougie ou torche ne soient nécessaire de jour.

Abielle jeta son dévolu sur une porte de chaine blanc soigneusement brossée et dont la partie inférieure était aussi lisse que du marbre poli. La partie supérieure en revanche était sculptée à l’effigie d’un livre ouvert. Le soin apporté à l’œuvre était si minutieux que les écritures visibles sur les deux pages ouvertes, sans doute sculptée avec un outil minuscule, parvenait sans peine à laisser croire qu’une seule et même plume imaginaire avait écrit ce texte. Pour autant, les petits symboles demeuraient parfaitement étrangers à ce que la jolie rousse connaissait de l’écriture.

La fille d’Anür lui jeta un coup d’œil malicieux avant de plonger la main dans son décolleté et d’en faire jaillir une clé. Elle semblait faite entièrement d’un cristal jaunâtre particulièrement fragile tant ses lignes étaient purent et transperçaient par la lumière. Pour autant, elle la glissa dans une ouverture à la base du livre et la tourna sans précaution vers la gauche. Celle-ci ne rompit pas et un ensemble de cliquetis se fit entendre avant que la porte ne s’ouvre doucement sous la pression de la paume de la femme aux cheveux d’argent.

La porte donnée sur l’une des tours du manoir, sans doute l’une des plus large. Une vive lumière était dispensée par deux hautes vitres opposées l’une à l’autre permettant à la pièce d’être éclairée à tout moment de la journée. Pour le reste, il n’y avait pas vraiment d’autres description que le mot de « bibliothèque » pour le définir. Toute la surface murale était recouverte de hautes étagères emplies d’ouvrage de toute taille et largeur. Un escalier en colimaçon permettait de rejoindre un large balcon intérieur et circulaire qui donnait sur de nouvelles rangées de livres. Le centre de la pièce était occupé par un large bureau visiblement prévu pour accueillir plusieurs études au vu de la disposition des confortables chaises coussinées mais l’une d’elle, un haut et large siège bien plus imposant que le reste des meubles indiquait une certaine hiérarchie dans les positions possibles. Plus excentrée, une paire de bas canapés et une table basse offrait un espace apparemment dédié à la détente plus qu’au travail.
Les seuls autres meubles de la pièce, allant du pupitre à l’armoire, semblaient dédié au travail de la lecture ou de l’écriture, contenant des pots, des plumes et autres outils.

Sans hésiter sur son choix, Abielle alla s’installer confortablement sur la banquette qui lui permettait d’observer au mieux l’incroyable endroit et posa la clé cristalline sur la table. Son regard se perdit quelques instants sur les nombreux rayonnages avec une sincère fascination, si ce n’est une avidité de lectrice devant un trésor. Mais quand elle pencha la tête vers Iris, son visage avait retrouvé son calme amusé habituel.

- Un endroit comme on en voit peu, n’est-ce pas ?



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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyDim 13 Fév 2022 - 21:22
Clarence, elle, aime les grandes maisons et les beaux espaces clairs, les hauts plafonds et les moulures, les jolies fenêtres garnies de hauts rideaux…Si elle avait la chance de posséder une telle résidence, elle en exploiterait sans doute la moindre pièce pour en faire don à des personnes dans le besoin, pour aider les pauvres gens, les jeunes filles qui n’ont aucune éducation, les miséreux qui n’ont jamais eu la chance de dormir dans un vrai lit…Leur offrir un peu de pain blanc, du bon pain sortant d’un four neuf. Et elle organiserait des bals ! de grands bals où la musique résonnerait sans fin dans les salons, les couloirs et les chambres, des soirées où il serait permis de danser partout, même dans les couloirs, les jardins, partout ! C’est ce qu’elle se dit alors qu’Abielle parle.

La personne à qui appartient cette magnifique résidence est bien heureuse. Elle essayera de faire son possible pour apporter un peu de joie à ceux qui en ont besoin, à son niveau, dans la demeure Sarravilliers de la Grande Rue des Hystres. Il n’y aura ni moulures ni hautes fenêtres mais il y aura des sourires et du pain. Et ça, ce n’est pas rien.

- Un musée…Non. J’ai lu que c’est un endroit où l’on conserve et où l’on expose certains objets de valeur. Des objets rares et précieux. Cela doit être beau à voir, j’imagine.

Le silence de son hôtesse fait écho à celui de cette demeure, elle en vient même à se demander si quelqu’un réside réellement en ces lieux. Aucun serviteur, aucun bonnet, aucune silhouette n’a croisé leur chemin depuis la sortie du carrosse. Personne. On dirait un château enchanté, tout endormi par un sort et qui n’attend qu’un baiser pour s’éveiller.

L’esprit romanesque de Clarence est aussitôt attisé par ce qu’elle voit. De jolies portes, toutes différentes, tantôt gravées, tantôt sculptées, un couloir lumineux sans être éclairé et, enfin, cette grande plaque de chêne blanc devant laquelle elles s’arrêtent toutes deux, Abielle extirpant une clé de son décolleté. Son client du jour se cache donc là, derrière cette porte ? La jolie rousse replace correctement sa cape et s’assure du bon ordre de sa jupe avant d’entrer à la suite de la dame aux cheveux d’argent, les paupières soudain plissées par l’apport brutal d’une lumière jusque là absente. Des paupières qui s’ouvrent bien vite, en grand, avant qu’une main fine et gracieuse ne se pose sur sa bouche.

La catin est immobile à l’entrée de cette vaste bibliothèque. Immobile, intimidée, et pourtant traversée par ce désir brutal de toucher, de prendre, de voir et de lire. Elle ne suit même pas Abielle, approchant les étagères avec respect, tortillant ses doigts pour contenir sa curiosité. Jamais elle n’a vu autant de livres au même endroit, absolument jamais. Clarence pensait même que la littérature et les œuvres de ce monde étaient dispersées un peu partout mais certainement pas rassemblées en des collections privées, telles que celle-ci.

Peu à peu, la tristesse s’efface de ce joli visage poupin, une flamme rose tendre teinte les joues alors que les émeraudes parcourent la pièce d’un seul et lent coup d’œil, un sourire s’épanouissant enfin sur ses lèvres corail.

- Abielle…C’est merveilleux…Tous ces livres ! Ces histoires ! Toutes ces connaissances !! Je n’ai jamais rien vu de tel ! Comment est-ce possible ?

Elle évolue dans la pièce comme une petite fille devant la boutique d’un confiseur, tendant le cou pour mieux voir les livres rangés plus haut, se plaçant parfois sur la pointe des pieds avant de rire, un rire d’enfant, sincère et pur. D’un pas sautillant et léger, la jolie rousse rejoint Abielle sur le canapé et s’empare de sa main pour la serrer fort.

- Quel est cet endroit ? A qui appartiennent toutes ces beautés ?

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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyJeu 24 Fév 2022 - 17:03
10 Mai 1167.
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Même si il était bon que l’esprit innocent et rêveur de sa jeune amie ait fait la rencontre d’un certain réalisme, peut-être même d’une pointe de cynisme, Abielle du bien reconnaître pour elle-même qu’elle fut ravie de voir cet émerveillement reparaitre sur le visage d’Iris. Si bien qu’elle la laissa errer tout son saoul dans l’immense pièce, savourant le simple fait de partager cet instant de contemplation.

Elle lui rappelait un peu Elinua, ce jour où elle lui avait montré les fleurs de lune, sur le plateau de Duran. Elle aussi possédait cette capacité à rendre une vision devenue coutumière aussi intense qu’une première découverte. Les deux femmes avaient d’autres point commun, comme celui d’être née dans une époque qui ne les méritaient pas. La fille d’Anür pria les dieux que leur destin soit différent, même si par des temps si sombres, le drame avait toujours sa place dans la vie des gens, même des plus doux.
Elle pressa doucement les doigts de la jeune femme quand celle-ci referma l’étau délicat mais intense de ses mains sur les siennes et lui offrit un sourire calme mais sincère.

- Cela est rendu possible quand le pouvoir rejoint la soif de connaissance. Suite à la chute de Langres, il est devenu évident que la centralisation des connaissances entre les mains du Temple avait desservie l’humanité. Lorsqu’on ne peut plus avoir recours à celui-ci pour obtenir le savoir qui aurait pu sauver des vies, des territoires, des fortunes, alors on en vient à se dire qu’il pourrait être bon qu’à l’avenir, des poches de ce savoir deviennent accessible à d’autres, des gens qui auront à cœur de le partager le moment venu.

Quand les cités étaient tombées à l’ouest, la disparition soudaine des centres principaux du Temple avait privé les survivants d’une incroyable quantité de connaissances, sans qu’aucun des nobles ayant pourtant fait parvenir quantité de leurs biens à Marbrume ne pouvait ne serait-ce qu’approcher. Mettant en évidence que jamais la noblesse n’avait réellement posséder le savoir dont elle se vantait, au mieux avait-elle pu en emprunter des bribes auprès des prêtres, se satisfaisant de leur arrogance. Ce genre de pièce montrer que cette douloureuse leçon avait au moins portée quelques fruits.

- Nous nous trouvons au Castel Blanche épine, une propriété de la famille d’Ombreciel. Le Vicomte Lucas, son chef, est un proche de la couronne, du moins est-ce ainsi qu’on le présente. Un homme complexe, qui manie sa langue et son épée avec beaucoup d’adresse. Mais c’est surtout une personne qui place la connaissance au sommet de ses priorités, pour des raisons qui le regardent. Toujours est-il, que lorsque le roi a souligné l’importance de voir son royaume naissant retrouvé et redistribuer autant de connaissances qu’il était possible afin de ne plus souffrir de l’emprise du temple sur le savoir, notre cher vicomte c’est fait une joie de proposer ses services.

Elle tendit son bras libre pour englober les rayonnages d’un lent geste.

- Voilà le résultat actuel de cette volonté, des copies d’ouvrages possédés par les autres familles ou le temple ainsi qu’une bonne part de la collection d’Ombreciel lui-même. En tant que maître scribe royal, le vicomte est à présent l’un des détenteurs des connaissances et de la culture restantes du Royaume et en charge de sa propagation.

Elle ramena son regard sur la jeune femme et lui sourit avec une pointe de cynisme face au réalisme de telles déclarations.

- Une propagation contrôlée et dans l’intérêt de la couronne bien entendu, il serait surement risqué que le savoir devienne soudain l’arme du peuple. Mais tout de même, avec les leçons d’écritures dispensée par le temple, on ne peut nier que cela reste une avancée significative, admit-elle tout de même en fin de compte.

Elle te tourna un peu plus vers Iris, afin de reconcentrer leur attention sur leur échange plutôt que sur les lieux qu’elles occupaient. La suite de cette conversation pouvant bouleverser profondément la vie de la belle Iris.

- Te souviens-tu de notre petit jeu lors de notre première rencontre ? De ce message à lire entre les lignes que tu as facilement percé à jour ? Et bien il existe de nombreux texte de ce genre au sein des échanges de la noblesse. Des échanges qui vont et viennent d’une demeure à l’autre mais dont une grande partie, circulera bientôt entre ces murs. Vois-tu l’œuvre d’un scribe royal, en dehors d’accumuler tout ces ouvrages, est aussi de servir de centre postal au sein de la cité. Rapport de la milice, ordres de missions, invitations officielles, courriers privés, retranscription de réunion. Tout cela transitera bientôt par des endroits comme celui-ci avant d’être redistribué ou archivé. Un lieu névralgique de la cité en somme. Et un lieu dans lequel, toi, belle Iris, tu pourrais venir chaque jour satisfaire ta soif de lecture et garder l’œil ouvert sur certaines choses.

Elle signala de nouveau les lieux.

- Tu pourrais accéder à tout cela sans restriction, couper les ponts avec le jardin… avant que celui-ci ne coupe les ponts avec toi. Finit-elle par dire sans se donner la peine d’expliciter la raison de cette dernière phrase, imaginant qu’Iris était déjà douloureusement consciente de cette probabilité.



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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyDim 27 Fév 2022 - 22:42
Clarence écoute mais ne comprend pas tout. Il y a là des choses qui lui échappent. Non pas sur le fond parce qu’elle a compris le principe énoncé par la jolie Abielle mais plutôt sur la forme. Le savoir a besoin d’un vecteur, qu’il soit écrit ou verbal, mais elle ne saisit pas tellement le rôle qu’elle peut tenir dans cette grande équation aux multiples inconnues. Elle écoute avec la plus grande attention, ainsi qu’elle le fait toujours avant de répondre.

- Ces échanges, ce sont des messages codés je présume.

Elle se souvient parfaitement de cette petite énigme posée lors de leur première rencontre. Cela lui avait demandé quelques instants de réflexion mais la réponse s’est imposée d’elle-même, dans un grand sourire heureux.

- Donc…Si je vous suis bien, j’aurais le droit de venir ici tous les jours pour lire et aussi pour…pour…résoudre des énigmes, c’est cela ?

L’évocation du Jardin la fait pâlir un peu, sa main libre se porte automatiquement à son ventre, en un geste totalement involontaire de protection. Elle sait que Madame Rose ne voudra plus jamais la recevoir en son jardin, elle le sait très bien, d’autres filles sont passées par là et ne sont jamais revenues. Pourtant, Clarence n’a jamais rien fait d’autre de toute vie et cette maison close représente beaucoup pour elle. Cela étant, il est vrai que des les premières rondeurs visibles sous les toiles amples, la tenancière n’aura aucun scrupule à l’évincer au profit d’une fraîche et accorte demoiselle. Enceinte, elle est perdue pour la profession et Clarence n’a pas tellement d’autres options que de trouver une alternative, quelque chose qui puisse l’aider à sortir de là tout en conservant un petit revenu.

Les lèvres plissées, elle observe Abielle sans ciller.

- Vous connaissez mon état n’est-ce pas ?

Elle lève les yeux au ciel en inspirant et en expirant lentement. Cela ne fait aucun doute, Abielle est au courant. Elle l’était déjà la première fois qu’elle l’a rencontrée, au manoir Rougelac. Comment peut-elle savoir cela ? Cela ne se voit pas et Clarence se sent parfaitement bien. Même Clémence n’a rien remarqué et pourtant elle est sage-femme.

- Le Jardin rompra les liens avec moi, je ne le sais que trop bien. Toute source de revenu est bonne à prendre, dans ma situation. J’ai cependant une question.

Clarence regarde la main dans la sienne et la couvre de son autre main, avant de lever ses grands yeux émeraudes sur Abielle.

- Rien n’est gratuit en cette ville. Quelle contrepartie dois-je payer…donner…pour obtenir tout cela ?

Un acte gratuit de pure charité est rarissime à Marbrume. Cette offre doit sans doute avoir un prix, quelle que soit la forme qu'il revêt.
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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMar 1 Mar 2022 - 18:03
10 Mai 1167.
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Le geste protecteur ne fait que confirmer un savoir déjà acquis et une part de son âme, une toute petite part enfouie au fin fond de son être sous des années de formation et de détermination soupire de regret à ce voir valider cette vérité. Si jeune et déjà face à des épreuves bien difficile. Quelle tristesse que le plus beau des cadeaux que puisse vous offrir le monde devienne ainsi le poids douloureux d’une condamnation.
Malgré elle Abielle ne put s’empêche de se souvenir de sa vie dans la caravane, un endroit où Iris n’aurait pas eu à cacher son nom ou à craindre que la vérité sur la vie qu’elle porte puisse lui nuire. Elle aurait été aimée et protégée, et l’on aurait célébré cette nouvelle, tout autant qu’applaudit celle qui serait mère.

Le monde « civilisé » n’avait plus de secret pour elle et si un sentiment devait le définir aux yeux de la fille d’Anür, celui-ci n’aurait pu s’appeler que déception. Elle n’était pas pour autant aveugle sur les tares de son propre peuple. Les secrets et le devoir étaient des poids douloureux chez eux malgré leur nécessité. Mais l’amour naturel de la vie et de son prochain était une base intrinsèque à leur nature et en cela, elle considérait son monde plus bénéfique que celui qui avait vu grandir Iris.

- Je connais ton état petite fleur et malgré les circonstances, je tiens à te féliciter et à te souhaiter tout le bonheur possible dans cette aventure. Dit-elle avec une sincérité douce et compréhensive qui ne l’empêcha pas de poursuivre sur une vérité plus froide.

- Mais c’est un fait, tu ne peux poursuivre sur ta voie actuelle à moins de vouloir tout perdre. Je ne te cacherais pas que cela joue en partie dans ma proposition, ce serait absurde. Contrairement à ma recommandation, tu as fait le choix de l’épreuve plutôt que de la blessure, c’est courageux, bien qu’un peu stupide.

Elle posa à son tour son autre main sur celles de la jeune catin pour lui transmettre un réconfort qui atténuait la dureté de ses paroles.

- Je ne te condamne pas petite fleur, mais cela en dit beaucoup sur ta personnalité et je ne peux qu’en tenir compte, ajouta-t-elle avec un clin d’œil amusé avant de poursuivre plus bas et plus sérieusement. Mon prix sera celui de ton attention. Je peux te faire nommer comme membre de cette intendance. Tu rédigeras des courriers, relira des rapports copiera des textes qu’ils soient littéraires ou fonctionnels. Tu participeras à cette volonté de cumuler et ordonner les savoirs de l’humanité au service du Vicomte en tant que membre de son équipe. Tout ce que tu auras à faire en retour, c’est garder les yeux ouverts pour moi et me rapporter ce que tu trouveras d’intéressant sur certains sujets que je te citerais à l’occasion. Qui parle à qui, pour lui dire quoi et avec quelle régularité.

L’espionnage était un métier presque aussi vieux que celui qu’effectuait déjà la jeune Iris et il comportait ses propres risques. Mais finir battue à mort dans un caniveau ne changer finalement pas beaucoup selon la raison, que ce soit par un client ivre ou un adversaire dans une guerre d’information. Abielle ne mentirait pas sur les dangers inhérents de cette proposition, elle avait choisi son interlocutrice pour son esprit vif et son amour livresque et ne doutait pas qu’elle prendrait conscience elle-même de l’envergure de la chose.
Mais d’un autre côté, ne valait-il pas mieux se brûler les ailes en approchant du soleil plutôt que de ne jamais prendre son envol ?

-C’est un tout autre monde ma belle. Un monde où Iris et Clarence seront bien plus étroitement mêlées. Dit-elle sans ce cacher de connaître sa véritable identité. C’est une offre unique qui t’obligera à pénétrer plus profondément dans un univers qui t’a déçu par le passé, mais à une place qui te permettra cette fois de saisir les nuances de cette réalité plutôt que de te jeter contre ses limites. Qu’en penses-tu ? Tu n’es pas obligée de te décider tout de suite, je ne souhaite que savoir ce qui te viens à l’esprit.



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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyMer 2 Mar 2022 - 14:38
La gentillesse et la douceur de ces mots prononcés là…Le menton de Clarence tremble un peu avant qu’elle ne détourne son visage pour tamponner ses yeux d’un revers de sa main. C’est la première personne à la féliciter et peut-être même sera-t-elle la seule alors ces mots sont appréciés et soigneusement conservés en son cœur.

- Je vous remercie…Excusez-moi, je cache mon état à tout le monde et c’est parfois difficile, certains jours, surtout quand des maux que je n’avais pas avant se manifestent…Je ne pourrai plus travailler bien longtemps et n’en ai d’ailleurs plus la moindre envie…J’exerçais uniquement dans le but de thésauriser le plus possible avant que…avant que cela ne devienne impossible.

Bouleversée.

Elle est littéralement bouleversée parce que quelqu’un lui a dit un mot gentil sur son état. C’est une sensation étrange et il lui faut quelques instants pour s’en remettre.

- Stupide ? Non…Ce n’est pas davantage du courage, c’est juste de l’amour. Cet enfant…C’est une part de moi. Je ferai en sorte qu’il vive bien. Toujours.

Oui, c’est ce qu’elle se dit depuis qu’elle n’a plus aucun doute sur cette grossesse. Elle ne pourra compter sur son père alors elle ne lui dira rien, elle inventera une jolie histoire qui fait sourire plutôt qu’une vérité bien cruelle : il est le fruit non désiré d’une relation rémunérée. Pour cet enfant, Clarence fera absolument tout ce qui est en son pouvoir pour subvenir à ses besoins et à son bonheur.

Elle écoute alors la proposition de la jolie Abielle et ouvre de grands yeux tous ronds, encore brillants de larmes. Ecrire ? Lire ? Et être payée pour le faire en plus ? Une seconde vague d’émotion lui monte à la gorge mais elle ne dit rien durant quelques instants, cherchant ses mots avant de finalement parvenir à souffler quelques paroles, en serrant la main de sa bienfaitrice.

- Ce qui me vient à l’esprit…Je ne sais pas tellement le définir…Il y a de la joie, de la reconnaissance et une envie de dire oui, je pourrai faire tout ce que j’aime et être payée pour le faire qui plus est, il faudrait être stupide pour refuser une offre pareille.

Ce sera la fin d’une vie de misère, la perspective d’un emploi convenable dans un endroit qui l’est tout autant et en compagnie de personnes de qualité. Elle pourra subvenir aux besoins de son enfant, tout en continuant de vivre avec sa sœur, dans leur grande maison de la rue des Hystres et si elle parvient à conserver ce nouveau travail, ce sera la fin de tous leurs ennuis, peut-être que Clémence pourra travailler un peu moins, ne plus se lever aux aurores et rentrer bien après le coucher du soleil. Vivre, tout simplement. S’il lui fallait un argument décisif, imaginer sa sœur moins fatiguée et plus sereine est largement suffisant pour la convaincre.

- Comment connaissez-vous mon vrai prénom ?

Elle a les larmes aux yeux et pourtant elle rit. Clarence se sent plus légère, plus apaisée, elle a enfin une solution à une situation qui lui semblait inextricable.
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MessageSujet: Re: [convocation]Pousse petite graine, pousse   [convocation]Pousse petite graine, pousse EmptyVen 4 Mar 2022 - 19:15
10 Mai 1167.
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Abielle lève une main et la pose délicatement sur la joue de Clarence pour essuyer une larme du plat de son pouce. Il serait mentir que de d’affirmer que l’émotion de la jeune femme ne l’atteint aucunement. Avoir le contrôle de ses émotions se révèle bien différent de ne point en posséder, même si la nuance peut paraitre anecdotique à ceux qui en font les frais.

-Savoir fait partit de mon métier jolie fleur, comme il va faire partir du tiens. Je ne pouvais pas te faire une telle proposition sans m’assurer de savoir qui tu étais, au-delà du visage de la belle courtisane. Ce que j’ai trouvé ne m’a pas déçu.

Malgré les affirmations de Clarence, il était difficile d’être certain que d’accepter ce marché soit la chose la plus judicieuse à faire pour une jeune mère. Au dans l’immédiat, l’évident confort et la sécurité de l’emploi en lui-même sautaient aux yeux, même du moins perspicace des esprits. Mais le mensonge était une douleur, un poids permanent qui vous suivait aussi bien dans la clarté du jour que dans les profondeurs de la nuit. Le nombre de personnes capable de l’encaisser au quotidien était restreint.

Iris n’était pas une excellente menteuse, elle ne possédait pas les artifices des experts de ce domaine, mais en étudiant sa vie et son quotidien, Abielle avait confirmé ce qu’elle avait ressenti lors de leur première rencontre. Elle possédait cette rare faculté de mentir avec son cœur, jusqu’à si nécessaire, se convaincre elle-même de son mensonge, une capacité aussi dangereuse que rare, qui, si elle était bien affutée, deviendrait une arme rudement efficace.

En lui offrant cette place, cette introduction à son univers, elle ferait lentement chauffer ce métal brut qui la composait, pour en chasser la moindre impureté. Elle n’avait pas encore décidé si elle aurait un jour besoin de l’arme qu’elle se mettait à forger, mais comme ses maîtres lui avaient appris, une excellente opportunité était trop rare pour être ignorée.
D’ici là, elle pourrait de toute manière se satisfaire de ce que son enseignement prodiguerait à lui seul dans la vie de Clarence. Et une pointe de curiosité agité son esprit lorsqu’elle se plaisait à imaginer ce que cette jeune femme encore innocente choisirait d’en faire qu’en elle s’apercevrait de sa propre force.
Un savoureux spectacle, à n’en point douter.

-De plus, Sieur d’Ombreciel est un homme bien trop intelligent et influent pour que tu puisses lui cacher ta véritable identité plus de quelques jours. Je devais m’assurer qu’il ne trouve rien de fâcheux. Ne t’inquiète pas, même si il devait découvrir ton activité passée, il n’est point homme à se formaliser de ces choses. Je crois qu’il sera bien plus intéressé par ta passion que par ce que tu as dû faire pour te nourrir, contente toi d’être toi-même, dit-elle d’un ton assuré, mais sans pour autant oublier de la mettre en garde.

-Cependant, tu devras toujours garder par devers toi notre petit arrangement. Ton employeur n’est pas homme à jouer à un jeu dont il ne contrôle pas les règles. Je ne te demanderais de toute façon rien avant d’être certaine que tu puisses agir sereinement. Alors contente toi de venir ici chaque jour et de faire ce pourquoi l’on te paiera, en plus de dévorer autant de livre que possible. Nous pourrons ainsi débattre de poésie du second âge Langrois un jour !

Elle lui offrit un sourire taquin en ôtant finalement ses doigts de sa peau douce pour tapoter le dos de sa main doucement.

-Si tu persiste et signe, alors il ne nous restera plus qu’une chose à faire. Rencontrer ton futur patron ! Mais avant son arrivée, que dirais-tu que nous fouillons cette bâtisse à la recherche de la cuisine, je boirais bien quelque chose de chaud ou de fort ! Nous pourrons continuer de bavarder et au moins je ne risque pas de te voir te jeter sur un livre et m’ignorer l’heure qui vient ! Clama-t-elle en pouffant alors se relevait, tirant sur la main pour entrainer la jeune femme à sa suite avec une énergie volontaire.

-Alors, as-tu déjà commencé à envisager des noms pour ce petit miracle ? Je te conseille « Abielle » si c’est une fille, et « Abiel » si c’est un garçon, sans vouloir t’influencer…




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