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 Aliénor Montfort de Brieu [Validée]

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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyDim 6 Fév 2022 - 20:30





Aliénor, la dame vierge



Identité



Nom : Montfort de Brieu

Prénom : Aliénor Marie Bathilde

Age : 23 ans, née le 18 Août 1144.

Sexe : Féminin

Situation : Célibataire, fiancé présumé mort.

- Fille d'Audouin II de Montfort de Brieu : mort pendant l'assaut du roi de Langres
- Fille de Margot de Montfort de Brieu (née Sistre) : présumée morte.
- Soeur d'Audouin III de Montfort de Brieu : mort pendant l'assaut du roi de Langres
- Soeur de Léandre de Montfort de Brieu : présumé mort
- Fiancée à Théoderic de Hauterive, vicomte de Hauterive : présumé mort.

Rang : Comtesse de Montfot de Brieu, vassale du Duché de Morguestanc.

Lieu de vie : L'Esplanade

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Voie de la noblesse mondaine.
FORENDHABCHARINTINIATTPARTIRNAPV
---+2+2------

Compétences et objets choisis :

- Alphabetisation - Niveau 1 (gratuit)
- Diplomatie - Niveau 1
- Eloquence - Niveau 1
- Histoire - Niveau 1
- Sang froid - Niveau 1


Apparence



« On ne devient pas noble, on l’est. Si une telle maxime n’a aujourd’hui plus aucun sens, alors même que le monde se délite sous les pieds des Hommes, elle ne semble pas moins vraie lorsqu’on s’accorde à jeter une œillade discrète à l’énigmatique Aliénor. Le port altier, un corps élancé et un teint de poupée, d’aucun ne saurait la qualifier de laidron. Dotée d’une belle tête ovale, ses pommettes hautes soulignent un regard d’acier. La mine presque toujours affable, la Comtesse Vierge n’en respire pas moins l’autorité et l’intransigeance. Quiconque ose s’adresser à elle pourra entendre chanter sa voix douce et sucrée, sortie d’une bouche aux lèvres rondes et pleines. Par les Trois, quelle bouche ! Finalement, Aliénor est tel le lys en fleur au milieu de la boue. Une fleur délicate et à la beauté ne souffrant d’aucune contestation.

Si la faim des trois dernières années a creusé un peu plus ses traits de jouvencelle, et rendu son corps un peu plus gracile, elle n’est guère à plaindre quand dans la basse-ville on cuit le cuir pour souper. Plutôt grande, sans trop l’être, elle ne dispose pas de formes particulièrement prononcées. Des hanches peu larges, des seins modestes, elle plait davantage pour son minois agréable que ses atouts. De plus, elle a laissé au placard ses toilettes les plus folles, pour porter des choses plus simples mais élégantes, qui mettent à l’honneur la pureté de ses traits et de son âme. D’ailleurs, rares sont les moments où ses cheveux volaient au vent. Elle a depuis longtemps ramassé sa tignasse blonde, tirant sur le châtain, dans des nattes portées en couronne sur son crâne ; le menton relevé, elle a toute la majesté des femmes de son rang.

Si par ces quelques mots vous me trouvez hardi, ne me blâmez point. Les belles choses sont assez rares pour s’appesantir en louanges. Pour sûr, vous la trouverez sûrement plus quelconque que moi, plus froide, mais pas plus inaccessible ; car me voilà maudit, à l’observer à son pied, à jamais une ombre dansant dans son sillage ».

Journal personnel d'Hugues Lesguillères
Valet de pied de Madame Montfort de Brieu




Personnalité


Aliénor est le parangon de la noblesse de son sang : fière et orgueilleuse. Loin d’être née dans une position aisée – malheur qui incombe à toute femelle des hautes lignées -, elle a su avec le temps tirer profit de sa position. Quoique plutôt bravache dans sa jeunesse, elle a trouvé un équilibre précaire sur lequel s’appuyer dans ce nouveau monde ; la page blanche offerte, elle s’attèle à écrire elle-même son histoire. C’est son intelligence qui la maintient à flot dans la cité, aussi elle veille toujours avec inflexibilité sur ses affaires. Peu encline à céder la main à autrui, la Montfort joue des coudes parmi la vermine affable, quémandant les miettes du Duc devenu Roi.

Par ailleurs, si elle montre un visage sinon jovial au moins aimable à ses pairs, son cœur est froid et encore moins disposé à subir les complaintes et les bavardages. Endossant le rôle d’héritière, forte d’assurance, elle n’en laisse souvent rien paraître. Car c’est là toute la subtilité de ceux qui parlent la même langue qu’elle ; c’est un jeu dans lequel elle se complait, le temps d’obtenir ce qu’elle désire vraiment. Et de l’ambition, la demoiselle en a à revendre. Elle ne rêve guère de choses idéales et insensées comme les jeunes filles ou les idiots, préférant à cela des objectifs plus tangibles et réalisables sur court terme.

Et malgré le visage de femme puissante qu’elle arbore, Aliénor n’en reste pas moins assaillit par ses doutes et ses valeurs. Elle demeure contrainte par ces choses auxquelles elle croit, par la peur de l’échec et les flammes de l’incertitude qui dévorent son âme. Quoiqu’elle est entêtée, ses faiblesses nuisent à son sommeil et ralentissent quelque peu sa fougue. Chaque choix est fait avec une mûre réflexion, et elle n’ose entreprendre si elle n’est pas certaine de la réussite de son projet. Pour autant elle ne répond qu’à son propre désir et est loin d’être une altruiste née. Elle sert toujours ses intérêts avant ceux des autres ; car à Marbrume, personne ne le fera à sa place.


Histoire


Aliénor Montfort de Brieu [Validée] Ist6

Des rayons fugaces s’amusaient à inonder la chambrée. L’air était doux, à peine agité par quelques voix au-dehors et le gazouillis morbide des oiseaux. Les longs doigts fins faisaient rouler le métal, dans un geste qui lui sembla être devenu presque instinctif. Le visage clos, des mèches sauvages venaient caresser son visage pensif. Là, entre le pouce et l’index, luisait dans la pâleur du soleil un anneau doré. Il n’était plus tout à fait rond, ni tout à fait lisse. L’or poinçonné en son centre paraissait même terni par les années, alors qu’à l’extrême opposé de l’alliance, l’on pouvait deviner le montant de la chevalière. Elle n’osait regarder les trois lys surmontant l’aigle bicéphale. Elle le connaissait par cœur et pourtant, bien que ses yeux en ait figé mille fois le contour, plus elle le regardait, plus il lui sembla ridicule, ce pigeon difforme incapable de voler. L’ironie de cette allégorie déprimante lui tira l’ombre d’un sourire. N’y avait-il là plus belle comparaison ? Cette famille pleine d’orgueil et de fierté n’était rien de plus à présent qu’un volatile sans aile. Parfois elle songeait à ces aïeux, eux qui n’avait jamais juré que par leur titre et leur sang. Que diraient-ils maintenant qu’un titre n’était rien d’autre qu’un fardeau et que leur sang avait abreuvé la terre et nourrit la charogne ? Qu’ils devaient pisser de peur et de déshonneur, là, dans le monde d’après ! Un petit ricanement s’échappa de cette bouche déjà distordue, pour frapper les murs du silence. La calme qui régnait fut à peine secoué par les blessures tragiques des souvenirs.

Ces mêmes souvenirs qu’elle rangeait chaque jour consciencieusement dans cette boite tapissée de velours, posée nonchalamment sur un coin du secrétaire qui meublait la pièce. La plume et l’encrier n’avait plus servit depuis des lustres. Elle n’aurait su dire quand avec précision, et probablement que le liquide noir avait déjà séché. Il n’y avait guère besoin d’entretenir une correspondance quand l’ensemble de sa vie se résumait à l’épaisse enceinte de la cité. Son cœur se serra alors qu’elle reposait le bijou dans son tombeau de bois, au-dessus de la splendide écriture qui signait une dernière lettre abimée par des larmes trop souvent versées. Un geste vif finit de clore le paquet, et elle resta là, pantelante, les yeux dans le vide. Elle n’avait pas repensé à la Comtesse Margot depuis longtemps, ni aux derniers mots que cette dernière avait su lui adresser alors que le monde sombrait. Elle l’avait haï pendant plus d’une année pour cela ; parce qu’elle lui avait raconté avec insouciance comment la campagne était belle en cette saison, combien elle manquait au jeune Léandre que la vie avait fait idiot. Elle lui disait que l’automne était trop doux cette année, et que les fleurs des champs venaient habiller les tombes de son aîné et de son père. Oui, elle l’avait profondément détesté pour lui avoir envoyer cette bague, pour avoir renoncé à la rejoindre. Depuis ce Novembre 1164, plus aucune nouvelle n’était parvenue du comté Montfortain.

Puisse les Trois nous rassembler.

Elle s’extirpa de son siège dans un souffle las. N’avait-elle pas elle-même renoncé ? Un coup d’œil à la ronde ne soulagea guère sa mélancolie. La pièce était telle qu’elle l’avait connu, huit années plus tôt. Jamais elle n’aurait cru, en y déposant son bagage, qu’il s’agirait de son sépulcre. La tapisserie était à présent défraîchie, et les jolies natures mortes qui cachait un peu la misère lui donnait presque la nausée. Le grand lit était parfaitement fait, et la tenture du baldaquin s’accordait parfaitement au tissu des rideaux. Nul doute que la chambre avait dû être charmante, mais à présent elle respirait d’un charme suranné, si bien que la jeune femme regrettait souvent ses appartements de jeunesse. Voilà déjà longtemps qu’elle aurait dû quitter Morguestanc pour rejoindre le vicomté vassal de sa propre terre. Elle aurait sûrement déjà de beaux enfants, roses et dodus, qu’elle chérirait comme sa seule distraction. Car c’était là ce qu’on attendait d’elle : qu’elle fut féconde et docile, douée pour l’ordre domestique et donnant de l’éclat à son époux. Elle n’aurait été rien de plus qu’une jolie pierre sur une parure déjà scintillante, un objet convoité et exhibé de temps en temps comme un trophée. Fort étrangement, cette vie qu’elle avait souvent fantasmé enfant ne lui donnait plus aucune satisfaction ; plus maintenant qu’on l’appelait Comtesse et qu’on la traita comme la dernière héritière de sa dynastie.

Ses pas la menèrent à la porte, qu’elle ouvrit sans plus un regard alentour, bien décidée à laisser derrière l’épais battant l’ombre de ses souvenirs. L’hôtel particulier qu’elle habitait, dans le quartier de l’Esplanade, était un des vestiges familiaux qui lui valait, de temps à autres, des petites jalousies. Pourtant, derrière la façade, se cachait la misérable vérité du Monde ; l’on avait condamné le grand séjour ainsi que trois chambres afin de réduire le personnel à son minimum. Lorsque ce soir d’Octobre 1164 les portes du duché étaient demeurées closes, Aliénor avait compris l’urgence de la situation : l’on n’était pas d’avantage à l’abris à l’intérieur des remparts de pierre qu’au milieu des marais. La menace était certes différente, mais lui en couterait sûrement ses privilèges et sa vie si elle venait à se méprendre. Alors, quand les larmes de peur et d’effroi avaient fini de tracer d’épais sillons sur ses joues asséchées par le sel, elle avait pris possession du bureau d’Audouin II, son père. Elle avait pioché dans la bibliothèque privée quelques livres, avait épluché les quelques recueils de comptes qui se trouvaient là, tentant par l’acharnement de combler son ignorance. Elle avait compulsé, nuit et jour, ces papiers qui ne voulaient rien dire, ces chiffres abstraits couchés comme des vérités absolues. Elle avait cent fois juré contre la Mère, qui l’obligeait à des choses qu’elle n’avait jamais souhaitées. Et pourtant, elle ne pourrait plus se passer de tout ceci ; les Trois, par l’épreuve envoyé dans la fange et les miasmes, lui avait donné un but – aussi futile soit-il.

Des pas pressés résonnèrent dans l’escalier de bois. On les montait quatre à quatre, faisant grincer une planche ou deux sous l’épais tapis central. Ne prenant ni la peine de se hâter, ni celle de s’arrêter, elle continua son chemin en laissant courir sa main droite sur la balustrade. Il ne fallut pas plus de quelques respires pour qu’apparaisse, trois marches plus bas, le visage familier mais néanmoins ingrat du brave Hugues. Le valet de pieds de la famille Montfort avait, par la force des choses, endossé bien des rôles pour une paye aussi maigre. Engoncé dans ses vêtements trop petits d’une taille, son embonpoint menaçait de faire céder l’un des boutons de son ventre. Il avait toujours cet air ridicule, rougeau lorsqu’il devait fournir un effort mais pourtant, il la servait correctement. Elle n’avait jamais rien eu à redire sur son service, ni sur aucun des serviteurs de la modeste maison. La brave petite savait après tout qu’elle leur devait beaucoup ; supposément orpheline, elle avait hérité du titre et des biens en même temps que la peine et les regrets. Ils avaient été si compréhensifs et aidant que jamais elle ne saurait les remercier justement. Aussi ne leur avait-elle jamais avoué la reconnaissance qu’elle ressentait ; elle leur était redevable, et d’une certaine manière ils le savaient. Seule la pudeur les empêchait de s’émouvoir assez les uns envers les autres.

«— Eh bien, parlez Hugues », resté coi le temps de reprendre son souffle, il se redressa en tirant sur les bords de sa chemise pour l’ajuster.
Madame, Monsieur Valvert vous demande. Dois-je l’éconduire ?
Faites le mener au petit salon d’ici quelques minutes. Qu’il patiente dans le vestibule.
Bien Madame ».

Le petit salon était une pièce chaleureuse, avec un large foyer éteint en cette saison. La pièce disposait de larges chauffeuses, de tables hautes ornées de napperons, d’un petit secrétaire dans un coin. On y trouvait, surmontant le linteau de la cheminée, les portraits de ses aïeux qui surveillaient de leur visage grave les invités. L’ensemble formait un tout intimiste, propice aux confidences disait-on. Elle n’y avait jamais rien vu d’autre qu’un endroit convenable pour recevoir ailleurs que dans son bureau ou dans la salle à manger. Elle admira un instant les beaux yeux gris de Robald de Montfort. A cette époque, leur famille n’avait pas encore annexé le territoire du Brieu, et ne portait qu’une seule particule. On racontait que certaines parties du château comtal avait été laissé à l’identique depuis leur règne ; elle n’y avait jamais vraiment cru mais cela faisait partie des histoires qu’on lui racontait, à elle et ses frères, pour justifier de l’intérêt du lignage. Elle avait grandi avec la certitude du bien-fondé de la noblesse, et de l’importance d’en préserver la pureté ; que ferait la roture si elle n’avait pas de guide ? Preuve en était : même parmi le chaos, il avait paru indispensable de consacrer un nouveau roi. Elle s’était rendu au couronnement, et avait fait montre de son respect à son cousin. On ne pouvait demeurer sans roi plus longtemps, et la perte, ce même jour, du Goulot avait fini de forger l’avis de la jeune Aliénor. C’était un drame qu’elle n’oublierait pas, un de plus. Parfois, Reiki lui envoyait les cris de ces âmes perdues, affolées, qui courraient comme des fourmis dans les rues de Marbrume. Ce jour-là, elle avait accueilli six familles, le temps que le roi et ses hommes contraignent la vermine au Chaudron. Elle avait vu la peur sur les visages, et le souhait qu’elle trouvât une solution. Car c’était ce qu’attendait le peuple des nobles : qu’ils trouvent des solutions quand l’avenir semble inextricable.

Presque dix minutes s’écoulèrent quand on introduit l’invité dans la pièce. Hector Valvert était un homme d’une quarantaine d’année, bien portant. Elle reconnaissait ses beaux atours de fête, comme si l’entrevue avait été aussi importante que les jours saints. Elle en fut flattée, mais ne put réprimer un sourire devant le ridicule de la situation. Les cheveux autrefois bruns de l’homme blanchissaient sur les tempes, et bien qu’il tenta de se redresser pour garder contenance, elle aurait juré que ses mains étaient moites. Il en était souvent ainsi en sa présence. Aliénor Montfort de Brieu, grande cousine du roi, avait une allure princière. Le menton haut et fier, les cheveux noués en couronne sur le sommet de son crâne, elle avait l’élégance de sa mère et la sévérité de son père. Pour sûr, ils auraient été fiers ! Elle était devenue ce pourquoi il l’avait envoyé à la cour ducale. Jugée trop farouche par sa famille, Aliénor avait été contrainte d’accepter les fiançailles avec Théoderic de Hauterive puis de partir se former aux bons usages jusqu’à leurs noces. Le vicomte, d’à peine deux ans son aîné, était vassal de sa famille et pourtant il semblait inconcevable pour ses pairs que la brave petite garda ses habitudes de campagne. La grande ville, avait-on dit, adoucissait le caractère des plus revêches. N’en déplaise à ces derniers, Aliénor était certes moins impétueuse, mais avait su garder assez de ses esprits pour tenir d’une main délicate mais ferme, ses affaires.

« —Merci de me recevoir sans que je ne vous ai prévenu, votre Grandeur, Hector s’inclina poliment. Vous êtes toujours aussi resplendissante.
N’ayez-crainte, je n’avais pas l’intention de sortir aujourd’hui. Votre visite m’offre un peu de distraction. Personne n’osa rien ajouter à cela, comme si la morgue s’était fait sentir entre les mots aimables de la Comtesse. Plutôt, il s’installa là où elle lui indiqua, se frottant les mains de gêne, tentant tant bien que mal de cacher sa nervosité. Comment se porte votre femme et vos enfants ? Et votre commerce ?
Iris se porte au mieux, et vous fait savoir ses respects les plus sincères. Quant aux enfant, ils grandissent, Madame. Quant aux affaires…, il se racla la gorge, hésitant. C’est pour elles que je viens quérir votre temps.
Je m’en doutais Monsieur Valvert. L’on vient rarement me trouver pour échanger quelques bonhommies. Dîtes-moi, par la Mère, ce qui vous cause autant de soucis ? ».

Elle avait un ton calme et détaché, de ceux qu’elle employait pour les affaires. Elle s’était installée face à l’invité, ses yeux perçants figés sur la tronche angoissée comme pour y déchiffrer le mal qui l’habitait. Elle n’avait aucun mal à prévoir la suite de la discussion ; elles avaient toujours la même conclusion. Quelques mois avant son retour au comté, elle s’était retrouvée du bon côté de la cité et avait veillé à survivre. Elle ne pouvait se permettre un étalage démesuré, et la situation s’empirant d’année en année, la jeune femme ne pouvait plus compter que sur elle-même. Elle se souvenait encore de ce jour-là, où elle avait pris la décision qui allait changer sa vie, en refermant un énième livre de compte. Il lui avait fallu quatre jours entier pour rédiger la missive, et deux de plus pour avoir le courage de la faire porter à qui de droit. Cet hiver 1164, elle avait sous sa plume déclaré la mort de tous ceux qui lui étaient chers. Après tout, ils ne s’étaient rendus au duché, et n’avait pas non plus donné signe de vie depuis. Elle était en possession d’une des chevalières familiales et par conséquent, en devenait seule tributaire. Récupérant titres et biens, elle avait longuement réfléchi à la meilleure solution pour se pérenniser au cœur de la cité. Avec nostalgie, elle se rappelait de celle qu’elle fut avant d’être celle qu’elle avait décidé d’être.

«— Je crains que nous ayons du retard sur le remboursement votre Grandeur. Voyez, les temps ont été dur, mais je jure que le printemps saura rattraper les manquements de ces derniers mois. Je viens faire appel à votre bonté, et quémander un délai ».

Aliénor ne bougea pas, figé dans une expression sereine et pourtant dure. S’il pouvait s’asseoir dans son fauteuil, être invité à fouler le sol de sa demeure, il n’était rien à ses yeux. Rien qu’un moyen, un des nombreux ponts qu’elle avait construit de ses mains et de sa sueur. Elle n’était pas réputée pour sa bonté particulièrement. D’ailleurs, son refus absolu de trouver un époux lui valait bien quelques moqueries. Mais elle s’en fichait. Aliénor, pierre par pierre, s’offrait ce dont elle n’aurait jamais pu rêver en épousant le pauvre Théoderic : son indépendance. Les édits royaux promulgués par le nouveau roi avaient facilité son travail ; elle investissait dans les personnes et les établissements qui manquait d’influence et d’argent. Elle devenait mécène jusqu’au jour où son investissement portait ses fruits. Alors chacun lui était redevable d’une rente, qu’elle touchait dépendamment du contrat passé. Dans le cas d’Hector, le tonnelier, il se devait de payer son dû tous les trimestres. Personne n’avait jamais usé de la charité de la Montfort, car aucun n’avait jamais eu envie de voir ce qui se cachait réellement sous le masque porcelaine. Etait-elle vraiment capable de vilenie ? La demoiselle lissa un pli de sa robe, faussement empathique, et réellement agacée. Ces rentes lui permettaient de vivre confortablement en continuant ses bienfaisances. Elle en avait besoin, même de la plus mineure et insignifiante de toute. Elle en avait besoin parce que cela lui revenait de droit. Et personne ne pouvait jouir de ce qui lui appartenait. Personne, sinon elle.

«— Je comprends Hector. Drôle d’année n’est-ce pas ? Là, là, je ne vous en veux point. Après tout, vous ne pouvez pas résoudre cet épineux problème dans l’instant alors à quoi bon vous mettre dans de pareils états ? Je pourrais vous exiger le paiement que cela ne changerait rien ni pour vous ni pour moi.
L’homme sembla se détendre un petit peu sous le ton doucereux d’Aliénor.
— Oui-da, Madame. Je ne saurais jamais vous remercier assez de votre clémence.
— Ne vous méprenez pas mon cher Hector ; je ne peux pas plus me passer de votre redevance que vous de mon approbation. Si je vous suis liée, c’est que vous m’êtes aussi redevable. Voyez, nous sommes tous deux marchands : vous de tonneaux, moi de prêts. Et si le contrat qui nous lie ne vous convient plus, alors voici les deux possibilités. La première, et sûrement la plus rude, serait de vous acquitter de votre dette envers moi en une seule fois. Nous n’aurions alors plus jamais à faire ensemble. La seconde, serait de renégocier notre partenariat – car c’est ainsi que je préfère le voir.
— Mais Ma…
— Cessez. Ne m’interrompez pas. La seconde solution, comme je l’expliquais, pourrait prévoir un rallongement de votre échéancier. Notre partenariat serait alors sur du plus long terme, et bien sûr s’accompagnerait d’une augmentation substantielle de mes intérêts en dédommagement. Mais cela vous permettrait de profiter plus sereinement des opportunités qui s’ouvriront à vous. Vous savez que j’ai toujours à cœur de vous soutenir, Iris et vous. Je pourrais même envisager d’employer une de vos filles, lorsqu’elle aura l’âge requis.
— Mais nous ne pouvons-nous le permettre Madame
— Allons, Hector, vous saviez que les amitiés se monnayent ici-bas. La mienne n’est ni la plus chère, ni la plus douloureuse, croyez-moi. Mais je comprends l’importance d’un tel choix. Aussi, je vous donne congé. Réfléchissez à ma proposition, allez au temple pour que les Trois éclairent votre décision, et venez donner votre réponse. Vos visites sont toujours fort attendues.

Le visage défait, il serra les poings si fort que la corne à ses doigts blanchit. Il se leva promptement, exécuta une révérence rigide et mis fin à l’entrevue. Elle ne porta même pas un dernier regard quand il traversa le long corridor vers la porte. Elle restait figée, observant les portraits à la fois si familiers et si lointains. Se marraient-ils depuis l’autre monde ? Là pour sûr, elle n’était plus l’idiote petite effrontée qui était arrivée à Marbrume en 1160. Elle n’était plus Aliénor Marie Bathilde, fille du froid Audouin II et de sa charmante épouse Margot. Elle n’était plus la future vicomtesse de Hauterive. Elle était devenue l’aigle bicéphale. La Comtesse Vierge.




Derrière l'écran


Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Par la présente, moi, Aliénor née de Montfort de Brieu, certifie sur l'honneur avoir vu le jour le 18ème jour du mois d'Août 1144 et donc atteste avoir obtenu la majorité il y a fort longtemps.

Comment avez-vous trouvé le forum ? Il faut dire que l'adresse est devenue assez connu des joueurs adeptes de Medieval Fantasy. Par conséquent, on fini par s'y intéresser à un moment ou à un autre.

Vos premières impressions ? Si je n'avais encore jamais eu le courage de me pencher sur Marbrume, je dois avouer qu'il s'agit d'une belle surprise. Le contexte est rapide à lire et simple à appréhender, ce qui permet de se projeter assez facilement dans l'univers. Les backgrounds sont soignés, et peu nombreux. Bref, un forum assez agréable autant pour les vieux joueurs que pour ceux voulant découvrir le RP.

Des questions ou des suggestions ? /

Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Même si je n'en ai pas l'utilité pour l'heure, pourquoi pas. Cela évitera d'avoir à le faire plus tard - selon besoin.



Dernière édition par Aliénor Montfort de Brieu le Dim 13 Fév 2022 - 19:46, édité 19 fois
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Le GoupilContrebandier
Le Goupil



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyDim 6 Fév 2022 - 21:30
Officiellement : bienvenue, Aliénor !
J'aime beaucoup ton blason Wink

P.S. : bon courage pour la suite de ta fiche !
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyMer 9 Fév 2022 - 15:21
La bienvenue, noble dame.
+1 pour le blason vraiment très sympa.
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyMer 9 Fév 2022 - 15:32
Super une noble !
Bon courage pour ta fiche !
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https://marbrume.forumactif.com/t5332-desmond-de-rochemont-carri
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyMer 9 Fév 2022 - 17:45
Bienvenue Aliénor,

Bon courage pour ta fiche.

Puisses-tu trouver le bonheur dans les haute sphère de Marbrume
(au pire les petites gens sont de très bonne compagnie).

Au plaisir de te croiser InRP
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InvitéInvité
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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyDim 13 Fév 2022 - 21:19
Bienvenue !
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Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyDim 13 Fév 2022 - 23:24
Mes hommages, Dame de Brieu.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] EmptyLun 14 Fév 2022 - 4:58
Un bonjour bien matinal comtesse, je viens t'annoncer officiellement ta validation sur notre forum. Cependant, j'ai noté dans ta fiche que tu te définissais comme cousine royale, en observant ton arbre je comprend le pourquoi et je te l'accorde, tu dois cependant avoir conscience que ton personnage n'a strictement aucune ascendance de sang avec la famille royale et que tu ne pourras point abuser de cette définition.

Ceci étant dit, je t'accordes donc ta jolie couleur, ta carrière se trouve par ici, tu pourras créer un journal par là, n'oublie pas d'en ajouter les liens à ton profil ainsi que celui de ta fiche !
Et enfin, te lancer dans la quête d'un premier rp à cet endroit ou via le discord.

Bienvenue parmi nous !
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MessageSujet: Re: Aliénor Montfort de Brieu [Validée]   Aliénor Montfort de Brieu [Validée] Empty
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