[interlude] Quand l’inquiétude assaille deux adversaires [Rosen x Victor]

Quand l’inquiétude assaille deux adversaires

Rosen feat Victor

24 mai 1167
Chateau de Sombrebois

Enfer et damnation. Si seulement je pouvais passer au travers de cette maudite journée. Si seulement je pouvais passer au travers de toutes ces intrigues à mon encontre. Mais je vais devoir m’y habituer, tant et aussi longtemps que je serai là.

Je me demande encore comment Hector a fait pour avoir une vie si… paisible et libre. Il était tellement différent des autres nobles… mais quand même. Il me ressemblait un peu à sa façon sur certains points ; quand il lui prenait un coup de folie, rien ne pouvait l’arrêter. Il se montrait aussi impulsif qu’un sanglier qui se met soudainement à charger ce qui se trouve devant lui.

Nous sommes à peu près au milieu de matinée lorsque j’ai l’occasion d’aller trouver Victor, mon fils endormi laissé à son berceau sous haute surveillance – celle de Hilde et de Marie-Ange dans la chambre, et d'un milicien de confiance dans le couloir.

Oui, je sais. Je ne m’en suis encore jamais séparée de la sorte, mais parfois, il faut faire bouger les choses. Déstabiliser ceux qui peuvent nous surveiller régulièrement, par exemple.

« Cher gouverneur ? l’abordé-je donc, me tenant tranquillement devant lui, dans une posture droite les poignets joints derrière le dos. Que diriez-vous que je vous emmène voir votre demeure Sombreboisienne ? Elle est à priori terminée, elle n’est pas trop mal… je trouve. Vous venez ? »

Je tends le bras gracieusement vers la sortie, paume vers le haut, dans un geste peut-être un poil trop maniéré. Deux miliciens se tiennent prêt à nous escorter.

Nuit mouvementé, aube compliqué, savant mélange pour qu'au retour au château le Comte de Rougelac puisse enfin trouver une forme éphémère d'apaisement. Si les sphincters étaient jusque là contractés après tout ses évènements, la nature humaine et ses besoins primaires revinrent au grand galop. Ainsi, il ne fut pas étonnant de voir le mondain filer dans els couloirs du château en quête de la salle d'eau. Endroit où se trouvait justement les latrines !

Que les Trois soient loués ! Aucun occupant en ce milieu de matinée ! Victor put alors s'empresser d'occuper les lieux, baisser ses braies et entreprendre d'alléger ses intestins, enfin, ce qui pouvait en sortir ! Mesdames, je vous joue du glamour en... barre ! Mais revenons à nos moutons. Concentration, poussée, il ne fallut que quelques minutes pour que le Comte se soulage et heureusement pour lui personne ne troubla son œuvre. Si Rosen s'était aventuré quelques minutes plus tôt, le mondain aurait eu du mal à terminer son fardeau, mais le pire fut évité.

Ce fut lorsqu'il remonta ses braies, le séant aussi propre qu'on lustrait un objet de valeur, que le son de la baronne chatouilla son ouïe. Il quitta donc le lieu de ces commodités intestinales pour se présenter dans la salle d'eau principale comme si de rien n'était. Faux sourire aux lèvres, il se formula en bienséance.

- C'est moi même. Je suis toujours le gouverneur de ce lopin de terre.

Rosen lui proposait la visite de son logement de fonction. Une proposition qui ne pouvait que plaire au mondain, agréablement surpris de savoir que la blonde avait suivi les travaux de ce lieu symbolique du Bourg.

- Voilà qui me ferait grand plaisir. Dépêchons, dépêchons !

Alors qu'elle tendait les bras, Rougelac s'empressa de se diriger vers la sortie, avant que les effluves de son oeuvre ne viennent envahir la salle d'eau principale. Cela aurait tout de même bien briser des mythes si sa sortie des latrines auraient été accompagnée d'odeurs quelques peu désagréable !

Voilà ! Il referma soigneusement derrière Rosen la porte de la salle d'eau pour ensuite rajuster le col de sa tunique. Pour briser tout silence ou malaise, le Comte profita d'avoir remarquer les manières de la baronne pour lui faire un compliment, du moins de son point de vue.

- Je constate que vous progresser quant à vos manières. Mais attention, tout est une question de dosage. Mais dites moi, le temps que nous nous rendions sur les lieux, je me dois de vous demander si après l'arrivée de la délégation, vous avez eu le temps de vous reposer. J'imagine qu'en tant qu'hôte, vous avez dû être fortement sollicité par vos invitées de marques.

Quand l’inquiétude assaille deux adversaires

Rosen feat Victor

N’avais-je pas précisé que je me suis arrangée pour lui tomber dessus à l’écart du séjour ? Et le voilà qui fait un brin d’humour. Amusant. Toujours lui le gouverneur. Evidemment…

Et il faudra bien composer avec ce gouverneur là, alors autant faire au mieux pour laisser une chance que les choses n’empirent pas d’avantage, à défaut de pouvoir les arranger réellement.

« Parce que cela pourrait-il changer ? lui demandé-je malicieusement. Voilà qui serait bien triste. Vous faites un peu partie de la maison depuis tout ce temps, vous savez ? Et même si j’ai pris grand plaisir à vous taquiner un peu stupidement par le passé, je veux que vous sachiez que cela n’y change rien et que je suis ravie que nous ayons pu repartir sur de bonnes bases. D’ailleurs, je vous remercie pour la grande patience dont vous avez fait preuve à mon égard. Je crois que je n’avais pas vraiment l’esprit clair et qu’il m’a fallu un peu de temps pour me faire à tous ces changements. Mais maintenant, ça va mieux. Je gagne en maturité et je ne suis plus dans la confrontation perpétuelle ! »

Le voyant ensuite me presser hors de l’endroit, je ne peux m’empêcher de le taquiner à nouveau.

« Quelle fougue dites-moi ! Ne soyez donc pas si pressé voyons, nous y serons bien vite. Et hum… eh bien merci pour le compliment. Ça fait toujours plaisir. J’essaie de faire des efforts pour m’améliorer et me montrer digne de Sombrebois… et de l’indulgence que l’on m’accorde. »

Il me laisse passer devant pour rejoindre le hall, je le laisse sortir du château en premier.

« Après-vous, je vous prie. »

Un geste plus simple que précédemment, tenant compte de sa remarque. Après quelques pas à l’extérieur, je reprends la parole pour répondre à sa dernière question.

« Ne vous inquiétez donc pas pour moi. Je suis habituée aux grosses journées et je trouve toujours un peu de temps pour me ménager lorsque le besoin se fait sentir. Mais vous, avez vous passé une bonne nuit ? »

Je fais mine de le regarder d’un peu plus près, juste un peu, pour ne pas être invasive et inconvenante, il va de soit.

« Si je puis me permettre… vous paraissez quelque peu… soucieux, ce matin. Quelque chose vous tracasserait-il ? Si je peux faire quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le dire. A vrai dire, je serais ravie si les choses pouvaient revenir comme au début, à l’époque où nous faisions affaire avant tous ces soucis. Vous souvenez-vous ? »

Se pouvait-il que la Baronne de Sombrebois ait changé ? Son passif ne lui était pas favorable et pourtant, Rosen se tenait enfin face à Victor dans une posture qui convenait bien mieux à sa fonction et à son rang qu'elle avait gagné par les liens sacré du mariage. Le mondain était rompu à l'exercice de l'étiquette et voir la blonde prendre enfin part à ce jeu de bienséance avait de quoi soulager Rougelac. Son titre de Gouverneur lui imposait de tisser des relations avec la dignitaire des lieux, comme l'avait souhaité la Couronne et ce jour arrivait enfin.

Force de patience, Victor écoutait sagement son hôte non sans glisser une remarque encourageant à l'endroit de la veuve.

- Tout vient à point à qui sait attendre. Il aura fallut plusieurs mois pour vous rendre compte du rôle important que vous jouez sur l'échiquier géopolitique. Il ne tient à présent qu'à vous de rester sur cette bonne dynamique.

La Baronne semblait alors soucieuse de l'état de son homologue alors que le duo continuait d'emprunter différent couloir pour se rendre à l'extérieur du château. Si Victor n'avait pas pu trahir quelques signes de troubles, il ne pouvait pas encore faire suffisamment confiance en Rosen pour lui avouer ce qui hantait ses esprits depuis la veille au soir.

- Ma nuit aurait pu être plus "réparatrice". Les voyages depuis la capitale sont toujours sources de fatigue et d'inquiétude sachant que la Fange n'est jamais très loin. Je me souviens fort bien de nos affaires passés et seul le temps pourra nous dire si une forme de confiance mutuelle pourrait réapparaitre. Pour l'heure, je ne peux que vous accorder quelques inquiétudes au sujet de la Chatelaine. Une femme qui m'a toujours parut étrange depuis ce fameux soir où nous avons pactisé ensemble avec la couronne.

Il termina son intervention sur un ton plus discret.

- Son rôle, bien que contractualisé durant notre entretien avec le Roi et la Reine, ne me paraît pas aussi limpide que les apparences le laisse à penser. Vous le savez, le suis homme à ne pas laisser le hasard et les doutes s'immiscer dans l'environnement que j'occupe. Elle se montre bien trop... énigmatique, et ce genre d'attitude n'est généralement pas de bon augure. J'espère me tromper mais j'ai le sentiment qu'elle cache sa véritable nature. J'escompte bien trouver des réponses à mon retour à la capitale si je n'en obtiens pas durant ce séjour.

Il ne révéla rien de plus, car cela aurait été une forme d'imprudence de sa part.

Quand l’inquiétude assaille deux adversaires

Rosen feat Victor

Alors que nous nous dirigeons vers la demeure de Victor, celui-ci continue sa flatterie – qui me paraît des plus sincères, d’ailleurs. Puis, contre toute attente, il me confit l’objet de ses tourments actuels : Roxanne. Étrangement, j’ai là encore bien envie de le croire.

Surtout après que Roxanne m’ait, au moins à trois reprises, mise en garde contre lui. Après tout, si on scinde en deux camp distinct le couple royal, que Roxanne est du côté du Roi et Victor de celui de la reine… Il n’y a aucune surprise à avoir en fin de compte.

J’écoute bien attentivement ses propos, cherche vainement la moindre information utile, comme s’il pouvait stupidement m’en délivrer une sur un plateau d’or. Roxanne qui me dit de me méfier de Victor, Victor qui me dit se méfier de Roxanne... Bon sang, mais de qui ne pas se méfier dans ce monde ? Ces deux là ne sont visiblement pas dans le même camp, c’est un fait établi.

Et moi dans tout ça, où je me situe sur ce putain d’échiquier ? N’avais-je pas dit nul part, que n’étais pas sur l’échiquier ? Et je me retrouve un peu le cul entre deux chaises, présentement. Trop d’inconnues à découvrir, de nœuds à démêler et de pièces à placer.

Voilà une situation pour le moins désagréable que de se retrouver à la croisée des chemins. Où l’on finit presque malgré soi à jouer sur tous les tableaux. C’est la dernière chose que j’aimerais faire, en tout cas. Je baisse le ton également pour éviter d’être entendue par d’autres personnes, comme les miliciens qui nous suivent à distance.

« Pour être mystérieuse… c’est sûr qu’elle est mystérieuse. Savoir vous dire si elle est de confiance, quelles sont ses réelles motivations, ce n’est pas moi qui saurait le faire. A vrai dire, j’espérais plutôt que ce soit vous qui m’informiez... mais qui n’est pas énigmatique dans ce bas monde, dites-moi ? Je crois que nous avons tous nos petits secrets… »

Nous arrivons aux abords de la maison qui, si elle ne paie pas de mine pour une petite maison de bourg, est certainement l’une des plus imposante du village.

« Vous savez… c’est bien volontiers que j’essaierais de vous aider, si je n’étais pas moi même isolée dans ma tour d’ivoire avec un couperet au dessus de la tête. Je pense déjà qu’il serait bien que nous parlions avec une certaine... sincérité. Ne pensez-vous pas ? En attendant si je peux vous donner un conseil concernant la châtelaine, c’est d’éviter de jouer au plus malin avec elle. Vous ne gagnerez pas face à elle à ce petit jeu là. »

Je m’approche de sa demeure pour pousser la porte et alors que nous rentrons, je fais signe aux miliciens d’attendre dehors.

« Nous y voilà ! Comment la trouvez-vous ? Est-ce à votre goût ? »

Je referme la porte derrière nous, m’adosse à elle en croisant bras et jambes.

« Et sinon… que se passe-t-il d’intéressant à la capitale ? Parle-t-on beaucoup de moi ? S’il y a quelque chose que je devrais savoir… disons, pour ma sécurité… ce serait bien gentil à vous de me prévenir et je vous en serez infiniment reconnaissante. Voilà qui pourrait-être notre petit secret… »

Puis avec un petit sourire je lui lance :

« Vous ai-je dit que j’ai eu une offre d’achat pour la Bonne Fortune le mois dernier ? Ça ferait une belle rentrée d’argent. Je pourrais même vous rembourser entièrement le prêt dont vous m’avez fait grâce, avec un petit complément si j’en tire un bon prix, en gage de remerciement. »

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Si chacun en ce bas monde pouvait se trouver énigmatique et mystérieux, il fallait toute proportion garder. Roxanne cultivait à outrance ces traits de personnalités et s'était même montrer menaçant envers le Comte, quitte même à le rabaisser. Certes, la rouquine l'avait fait de manière toujours subtile, bien que certains mots avaient pu se montrer outrancier, et elle n'inspirait certes pas le méprit, mais ce qu'elle semait semblait faire naître la discorde et Rosen n'était pas en capacité de lui offrir d'autres réponses.

- Que je vous informe ? Après tout, elle fut de longs mois durant la nourrice assignée à résidence à Sombrebois. J'aurais pensé que votre passé en sa compagnie pouvait vous avoir donner quelques éléments de réponse. Je vous le dis, nous parlerons avec sincérité, mais pour l'heure je ne pourrais pas vous mettre dans certaines confidence. Mais continuer vos efforts et ce jour viendra peut être.

Arrivé au abords de la maison du Gouverneur, Rougelac semble s'en désintéresser provisoirement, préfèrent deviser avec cette seule femme ayant côtoyer un certain moment le mystérieux personnage qu'incarnait la Chatelaine du Val d'Armanthe . Ils pénétrèrent finalement dans la bâtisse sans quelques oreilles curieuses de milicie, Rougelac encore bien préoccupé par ses échanges avec la Baronne, mais prenant la peine entre deux remarques, de jauger l'état des lieux .

- J'aurais pu prendre comptant votre conseil en d'autres lieux. Mais justement, j'ai bien l'impression que votre nourrice se montre quelque peu trop... arrogante et sûre d'elle, comme si elle était au dessus de tout, de l'humain, des rapports de forces. Je ne suis plus un jeune loup et je ne peux tolérer que l'on puisse me considérer comme tel. Si Roxanne initie ce jeu, comme vous dites, croyez bien que je ne peux me résoudre qu'à la défier.

Il déambulant dans la pièce principal non sans s'imaginer quelques meuble décorant les lieux.

- Vous semblez être convaincue que je perdrais. C'est que vous en savez plus sur elle que vous le prétendez ma chère. N'allons pas par quatre chemin je vous pris, vous souhaitez gagner ma confiance, alors parlez-moi de vos liens avec madame la chatelaine. Quand à la capitale, il n'y a rien de bien croustillant que vous ne sachiez déjà. Dans les soirées mondains, l'on raille de moins en moins votre nom, un bon début n'est ce pas ? Si maintenant, vous souhaitez qu'à l'avenir je vous informe sur certaines choses, nous pourrions l'envisager. Si une menace serait amener à planer sur vous et que cela ne me porterait point préjudice, je ne vois aucun inconvénient à vous avertir dans le plus grand des secrets.

Il se retourna pour fixer finalement la Baronne qui était resté adossé à la porte.

- Et bien ce n'est pas aussi "chic" qu'à la capitale mais cet édifice fera l'affaire. Je vous suis bien reconnaissant de ne pas avoir oublier de construire un toit à votre Gouverneur. Dit-il en souriant, amusé avant de finir. Et bien voilà une occasion de trinquer à venir lorsque vous signerez la vente. C'est une sage décision et je vous remercie de votre geste à mon endroit. L'argent est aussi flatteur que les mots, je ne vais point bouder mon plaisir dans l'un ou l'autre des cas. Evoquait-il les intérêts que voulais lui offrir Rosen lors de la vente de la Bonne Fortune.

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Rosen feat Victor

Vraiment pas serein le gouverneur… constaté-je.

« Oh, veuillez m’excuser si je me suis mal exprimée, réponds-je à voix basse, tout aussi discrètement que lui jusqu’à la fin de la discussion, il va de soit. Je voulais vous demander de m’informer de ce qui vous tracasse concrètement à son sujet. Moi, je peux bien essayer d’éclairer votre lanterne avec un peu d’huile, mais si vous ne m’apportez pas votre lanterne, que pourrais-je bien allumer ? »

Je reste quelques secondes à lui sourire, puis je me décolle finalement de la porte en essayant de reprendre une contenance un peu plus noble. Mais chassez le naturel et il revient au galop.

« Force est de constater que la châtelaine du Val d’Asmanthe ne se laisse pas dévoiler si facilement… »

Lorsqu’il qualifie Roxanne d’arrogante sûre d’elle et au dessus de tout, je ne parviens pas totalement à me retenir de pouffer de rire.

« Ça la qualifie plutôt bien, je dois vous l’avouer. »

J’aurais bien rajouté :

‘Mais ça lui va bien non ? Elle est si belle’

Mais je vais m’abstenir. C’est mieux.

« Si c’est ce conflit que vous souhaitez, allez-y. Moi, je ne m’y risquerais pas. J’ai fini par comprendre dans la vie que les rapports de force ne menaient jamais à rien de bon. Venez, allons voir le premier étage. »

Je passe alors devant lui pour m’y diriger.

« Je ne sais rien de plus que vous à son sujet Victor. Tout ce que je sais, c’est que des gens cherchent à me nuire et j’aimerais savoir qui. C’est la seule chose sur laquelle je porte mon attention actuellement. Tout ce que je peux vous proposer, c’est que l’on se tienne au courant respectivement de si quelqu’un cherche à nous atteindre afin de pouvoir se protéger, et d'éviter de se causer des ennuis. C’est déjà bien, non ? Et quelque chose me dit que vous êtes bien placé pour savoir ce qui pourrait me pendre au nez. Si vous voulez bien avoir l’indulgence de m’en informer… je pourrai tenter de vous mettre en garde si jamais j’apprends de mon côté que l'on veut aussi vous nuire. »

Je lui tends la main. Libre à lui de la serrer ou pas pour accepter.

« Qu’en dites vous ? Une simple alliance de survie dans la plus grande des discrétions. »

Évidemment, j’évite de faire ce geste devant une fenêtre, il va de soit.

Nous sommes peut-être visiblement dans deux camps opposés dont les forces nous dépassent, mais rien ne nous empêche de nous sauver mutuellement le cul, comme on dit, en laissant ceux au dessus de nous se faire la guerre entre eux.

Oui, après tout. Je suis embringuée en plein cœur d’une guerre qui ne me concerne même pas… je le réalise à présent. Et bien tant pis, maintenant que j’y suis, elle me concerne aussi par la force des choses. Encore aurait-il fallut qu'il ne précise pas 'si ça ne lui porte pas préjudice de me prévenir' parce que, concrètement, ça risque d'être le cas dans cette histoire.

« Ah, et pour l’offre d’achat de l’établissement… je n’y ai pas encore répondu. Je voulais vous en parler avant… et y réfléchir. Mais j’ai tellement eu d’autres préoccupations dernièrement que je n’ai malheureusement pas eu le temps d’y réfléchir, hélas. Je vous tiendrai au courant, mais sachez qu’il n’est pas exclu que je vous offre un petit supplément sur les remboursements mensuels si vous m’aidez à naviguer loin des écueils. »

Pourvu que je ne fasse pas encore des conneries avec cette histoire...

Rosen, éprise d'une soudaine sagesse ? Cela était à peine pensable il y a de cela quelques semaines encore. Mais force est de constater qu'il s'était passé un électrochoc chez la veuve de Sombrebois. Etait-ce dû à l'arrivé de son fils ? De l'avis de Rougelac, il y avait forcement d'autres évènements qui avaient conduit la blonde à prendre à bras le corps son rang et sa stature de sang-bleu et baronne d'une place forte du Royaume.

Ne désirant répliquer, le Gouverneur finit par suivre les pas de la jeune femme et se diriger vers l'étage pour la suite de la visite. Le sujet autour du mystère "Roxanne" semblait à présent s'éloigner pour que les deux interlocuteurs se penchent sur leur propre situation et Rosen semblait certaine d'être la cible de menace. Gagner des yeux et des oreilles à la capitale n'était donc pas un luxe pour la baronne et mère de famille et ce n'était pas contre indiqué par les propres alliés du Comte au plus proche du Pouvoir.

- Il n'y a pas de mal à s'entendre sur ce point.

Il glissa alors sa paume contre celle tendue de Rosen de Sombrebois dans la plus grande discrétion de ce lieu clos qu'il balaya du regard à nouveau comme pour s'y imaginer les aménagements possibles.

- Pour l'heure, rappelez-vous que la reine m'avait donné pour consigner de vous aider. Elle ne semble donc pas disposer à vous voir six pieds sous terre. A la capital et dans l'entourage de la couronne, aucune conspiration ne semble à l'œuvre vous visant. Mais je ne suis pas le plus informé, tout du moins, le serais-je lorsque ma réhabilitation à la cours royale sera totalement effective.

Il relâcha la main de la veuve et l'écoutait d'une oreille distraite alors qu'il voyait déjà où et comment pourrait être disposé son bureau.

- Hmmm... à vrai dire, tout dépend de l'état de santé de votre établissement. S'il vous rapporte des bénéfices conséquents, le conserver serait gage d'un revenu régulier. Das le cas contraire, pas l'ombre d'une hésitation, vendez-le. Mais je gage que vos filles y ramènent des clients et voyageurs de passage ? Ou avez-vous changer certaines petites... "pratiques" ? Vous avez en tout cas le choix. Si cela peut vous alléger, je me tiens disponible pour éventuellement boucler l'offre à mon retour à la capitale. Comme il vous sierra.

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Rosen feat Victor

Toujours aussi tendu le Rougelac… même l’abri des regard. Comme s’il ne craignait que quelqu’un puisse se cacher derrière une porte et lui bondir dessus pour l’égorger au détour d’un escalier. Cela dit, il me serre la main acceptant cette alliance dont le seul but pour l’heure et de nous assurer une sécurité… des plus relatives, entendons nous bien. Au moins ai-je moins à craindre qu’il cherche lui même à m’éliminer. Une menace de moins, pour peu que le comte soit un minimum digne de confiance, ce qui est loin d’être gagné. Mais pour une fois, je pense pouvoir dire que j’aurais fait au mieux.

Malheureusement, la première phrase qu’il me sort concernant la reine est fausse. Qu’elle ne me veut pas de mal… Mais le sait-il seulement ? Je ne peux pas prendre le risque de le détromper si c’est le cas. Et même si ce n’est pas le cas, il est de son côté quoi qu’il en soit. Il faut la jouer fine, très fine. Bien plus fine que tout ce que j’ai pu faire jusqu’à aujourd’hui.

Et puis… il n’est pas si con. Il est habitué aux intrigues, il sait le papier qu’il m’a fait signer pour la reine. Il sait que pour avoir l’enfant, elle doit me voir morte. Non, décidément, il ne joue pas vraiment le jeu. Quel… dommage, d’entrée de jeu comme ça !

« Tout va pour le mieux alors ! dis-je en souriant, avançant à ses côtés pour contrôler le lieu encore vide. J’imagine bien qu’après tous ces efforts pour me mettre là, sa majesté la reine n’aurait aucun intérêt à vouloir m’en voir disparaître. Vous lui direz de ma part d’ailleurs que je lui suis vraiment reconnaissante pour tout ce qu’elle a fait pour moi et pour la renaissance de Sombrebois. Que je me sens de mieux en mieux entourée, et que je ne la remercierai jamais assez pour son indulgence, lui fais-je savoir après avoir pris un soin tout particulier à choisir chacun de mes mots. Ah, et n’oubliez pas de remercier son Altesse Sigfroi de Syvrur aussi... il me semble que sa patience n’est pas en reste et que la décision finale lui revient toujours. »

C’est pas trop mal je crois… Oui, oui.

« Passons au deuxième étage, décidé-je en me dirigeant vers les escaliers pour les monter. Ah, le cadavre et les immondices ont bien été nettoyés. »

Je regarde alors Victor qui doit se demander de quoi je parle, lui souriant d’un air espiègle.

« Oh, une pauvre chatte qui est morte ici en laissant derrière elle trois petits… J’en ai recueilli deux, Desmond de Rochemont a pris le troisième. Triste histoire, n’est-ce pas ? Hélas, la mort n’épargne personne. »

Je me souviens encore de l’air idiot de Desmond qui tentait subitement de chuchoter pour ne pas que les chatons entendent que leur mère était morte. Pour peu, je rirais presque à ce souvenir grotesque. Du Desmond dans toute sa splendeur…

« Les chats sont de redoutables chasseurs… le saviez-vous cher ami ? Depuis que Chester et Mistigri sont arrivés au château, je ne vois plus l’ombre d’une petite souris. J’aurais bien à apprendre de ces deux-là. D’ailleurs, peut-être aurons nous un jour l’occasion de retourner chasser ensemble. L’envie me démange de prendre l’arc, je dois bien vous l’avouer. Mais depuis que j’ai mon fils, je n’ai plus vraiment le temps ni l’occasion de partir à la chasse. M’enfin ! »

Je me tiens dans une posture correcte, tentant de ne pas en faire trop ou trop peu.

« Pour l’établissement… je vais voir ça quand j’aurais quelques minutes pour moi. »

C’est à dire… quand les poules auront des dents, très certainement. Rien que chercher à élucider tous ces mystères m’occupe une bonne partie de la journée.

« Et sinon, cette maison ? Est-elle à votre goût ? »

Les desseins de la Reine quand à l'avenir de la Baronne de Sombrebois n'étaient pas connus du Comte de Rougelac et ce dernier se méfiait des rumeurs à ce sujet qui pouvaient parcourir l'Esplanade et la Cours Royale. Le discours de Rosen était donc à prendre avec des pincettes et ce serait à la Reine d'en mesurer les sous-entendus. Après tout, Victor avait été dépêcher sur place dans le simple but de faire remonter tout ce qu'il pouvait voir et entendre durant les festivités. Tout, absolument tout, jusqu'aux détails les plus insignifiants, là était la mission que lui avait confié la Favorite de la Reine, la Vicomtesse de Vertchemin. Alors que le duo passait au second étage, le Comte en alla de sa réplique afin de dresser certains contour sans pour autant en donner des détails.

- Je ferais remonter vos mots à qui de droit. Je n'aurais point l'occasion de les prononcer face à la Reine mais par l'un de mes intermédiaire au plus proche du Pouvoir.

Voilà qui était dit. Victor ne se cachait pas quand au fait qu'il n'entretenait aucun relation directe avec Eugenie de Sylvrur, mais que les mots lui seraient transmis. Quand au Roi, pas un mot ne fut évoqué par Victor, une façon de faire comprendre à la blonde qu'il n'était pas engagé au service de ce dernier.

Si par la suite Victor se demandait bien de quoi pouvait parler Rosen au sujet de cadavre, il se tut, convaincu par expérience que sa comparse délierait rapidement sa langue. Ce fut le cas, évoquant une histoire de félin qui n'intéressait pas le moins du monde ce dernier. Comme à son habitude, Rougelac s'exprimait sur des sujets qui le touchait de près ou de loin, ainsi à l'évocation des désirs de retrouver l'usage d'un arc pour chasser, ce dernier ne manqua pas de montrer sa sensibilité sur cette pratique qu'il qualifiait comme une sport et qui mettait au premier plan l'un de ses animaux de compagnie, tout du moins c'est ainsi qu'il le qualifiait.

- Je partage votre nostalgie. Cela fait un certain temps que mon faucon blanc n'a point pu s'exercer. Je ne serais pas contre retrouver la chasse lorsque cela me sera également possible.

Rosen éluda rapidement le sujet de son établissement pour s'intéresser à l'avis du Comte quand à son nouveau pied à terre dans l'exercice de ses fonctions de Gouverneur du Sud.

- Elle l'est. Là résidera le symbole de notre loyauté envers la couronne. Je gage que nous pourrons repartir sur des bases plus seines. La Maison du Gouverneur me permettra sans doute d'entretenir plus de visite qu'il n'en fut le cas jusqu'à présent. Tout du moins, si mon retour à la Cours Royale ne m'impose point trop d'obligations.

Il avisa Rosen d'un regard plus solonnel.

- Si nos inquiétudes respectives se dissipent dans les prochains temps, nul doute que nous tisserons des liens plus solides et durables. Souhaitons donc que nos avenirs respectifs se consolides.

Quand l’inquiétude assaille deux adversaires

Rosen feat Victor

« Tant que les remerciements à la Couronne sont bien transmis, c’est le principal, exprimé-je. Je fais peut-être beaucoup d’erreurs, mais j’apprends vite et je ne suis pas ingrate. Je garde le sens des réalités… Je ferai le maximum pour Sombrebois, et un jour je l’espère, je pourrais lui montrer tout ce dont je suis capable pour ce bourg. »

Et maintenant, changeons de sujet avant que je dise le mot de trop. Un mot malencontreux serait des plus problématiques… et les Dieux savent à quel point je suis forte pour ça.

« Eh bien, peut-être aurons nous l’occasion de retourner chasser ensemble un jour. Et… voyons ! m’exclamé-je d’un nouvel air taquin. Ça veut dire quoi, ça ? Vous avez toujours été très bien reçu au château… bon, d’accord, vous avez failli perdre votre tête à cause d’un léger... malentendu… mais tout de même ! Il me semble qu’à part ce petit incident, il n’y a jamais eu de soucis, si ? Ou alors vous ne pouviez vraiment plus voir ma tête en peinture… »

Je ris légèrement avant de rajouter :

« Je plaisante, voyons. Je serais réellement ravie si vous pouviez passer plus souvent. Sombrebois ne demande qu’à établir une solide stabilité et… moi aussi. »

Puis je conclus le sujet lorsqu’il parle de liens plus solides.

« Rien ne me ferait plus plaisir, réponds-je sincèrement. Alors faisons tout ce qu’il est en notre pouvoir pour que tout se passe au mieux. Bon… eh bien, je vais devoir y aller, je crains que le devoir ne m’appelle. »

Je lui fais donc signe de redescendre.

« Si jamais vous apprenez que quelque chose se trame contre moi et que vous ne pouvez pas venir me prévenir en personne rapidement, envoyez moi une missive dans laquelle vous dessinerez une petite rose à côté de mon prénom. Ça sera un signal d’alerte… je lirai attentivement la lettre pour trouver quelques succinctes et discrètes informations que pourriez donner dans la plus grande des subtilités pour me mettre sur la voie au milieu d’un simple message banal concernant Sombrebois. Un jour de la semaine, un mois, un endroit, une arme… une personne. Je ferai bien sûr de même vous concernant. »

Bien sûr, je doute pouvoir soutirer la moindre information de Roxanne. Mais qui sait. De toute façon, j’ai un léger doute sur la bonne volonté de Victor quant à notre pacte. Après tout, il fait parti du camp ennemi… et il a pas mal d’intérêt dans cette histoire. Mon seul espoir et que de lui avoir promis des bénéfices supplémentaires mensuels pour lui graisser la patte pourrait aider. Il faut juste espérer que le gain de l’autre côté ne soit pas supérieur s’il m’arrive quelque chose, ce qui reste malheureusement plus que probable.

Ah la la, ces jeux de noblesse… c’est avec un engouement des plus relatifs que je découvre un peu mieux cet univers. Présentement, c’est un peu comme avoir le cul entre deux chaises. Et si l’on m’en retire une, je pourrais bien me casser la gueule par terre. Mais parfois, on a pas vraiment le choix. Bon, je ne ferais jamais rien sciemment qui pourrait causer du tort à Roxanne. Reste que ça risquerait de ne pas trop lui plaire, à plus forte raison lorsqu’elle m’a déjà mis en garde au moins deux ou trois fois contre Victor. Mais c’est justement pour ça que j’essaie de me le mettre un peu dans la poche. Et puis avoir Victor un tant soit peu de mon côté, c’est tout de même un atout non négligeable. Encore faut-il qu’il accepte cette alliance sans essayer de me baiser derrière. Là réside toute la difficulté...

Je me retourne vers lui pour lui demander :

« Par contre, si vous voulez que j’ai une chance de pouvoir vous aider au mieux possible, il serait peut-être bien de m’expliquer ce qu’il s’est passé avec la châtelaine. Vous aurait-elle fait des menaces ? »

Ah, Roxanne et ses menaces… toute une histoire.

« J’imagine que vous avez dû faire quelque chose d’assez contrariant pour en arriver là. Sans me donner tous les détails… peut-être pourriez-vous au moins m’informer sur ce qu’elle pourrait mettre en place contre vous, que je puisse surveiller de mon côté si quelque chose bouge. »

Bien sûr, ce serait utopique. Mais ça ne coûte rien d’essayer. Réussir, ça commence toujours par essayer, n’est-ce pas ? Même dans la plus petite éventualité de réussir.

Etait-il nécessaire de rajouter quoi que ce soit à la répartie de la Baronne de Sombrebois lorsqu'ils se trouvaient à l'étage ? Pas vraiment puisque Rosen semblait répondre d'elle même à ces propres boutades. Sans mot dire, le Comte descendait les escaliers en prenant note de l'organisation d'éventuelles missives secrètes entre eux deux. Il avalisa la chose non sans tout de même proposé d'utiliser un autre symbole que la rose, cette dernière, à connotation amoureuse et si d'aventure l'une de ses lettre venait à être subtiliser par une tierce personne, les rumeurs irait alors bon train et ce ne serait pas dans l'intérêt de Rougelac. Il proposa donc une autre fleur avant que la blonde, qui était sur le point de prendre congé, semblait chercher à tirer les vers du nez au sujet de la confrontation entre Victor et Roxanne.

Rosen ne manquait pas de ressource et s'évertuait à éviter toute maladresse, une preuve qu'elle changeait d'attitude et mettait un point d'honneur à ne pas retomber dans ses travers. Mais serait-ce suffisant pour amadouer et obtenir des réponses plus précises du Gouverneur sur cette intrigante et dangereuse rouquine ?

- Des menaces ? Me nuire ? Je n'irais pas jusque là. Ne me faite pas dire ce que ma bouche n'a pas prononcée. Toutefois, Roxanne sait faire preuve de subtilité ce qui la rend en quelque sorte insaisissable et insondable. Elle semble aimer et cherche troubler les esprits. Dans quel but ? Je puis juste vous dire que nous ne voyons d'elle que la partie émergé de l'iceberg.

Sincère, Rougelac n'était pas disposé à rentrer dans les détails et allait même à ce justifier.

- Je ne l'ai nullement contrarié. Nous dirons plutot qu'elle été venue dans l'objectif de me sonder et de m'avertir. De quoi ? Je n'en ai point la moindre idée. Mais je crois qu'elle joue de cela et en dire d'avantage ferait sans doute son jeu. Peut-être attend-elle justement que je me comporte à divulguer les détails de notre entretien tardif. Je n'irais point sur ce chemin qu'elle pourrait espérer que j'emprunte.

Le Gouverneur suggéra toutefois un conseil, même si de son coté, il avait déjà chercher pas plus tot qu'à l'aube à faire suivre la chatelaine.

- Vous êtes maîtresse en les murs du chateau. De mon avis, vous feriez bien de la garder à l'oeil, quelque soit vos liens avec elle. Gardez Roxanne à l'oeil.

Victor était loin de se douter que la baronne entretenait une relation intime avec la Chatelaine. Tout du moins pour l'instant...

Quand l’inquiétude assaille deux adversaires

Rosen feat Victor

Je ne peux que sourire lorsque le gouverneur craint que d’apposer une rose à côté de mon prénom – pourtant pour la simple et bonne raison qu’il en est la signification - puisse être jugé comme romantique. C’est donc pour cette raison qu’une autre fleur ne serait pas le moins du monde appropriée. Pourrait-on seulement illustrer une rose par un iris ?

Roxanne, pas de menaces ? Je serais presque… déçue. Je la connais trop bien ma Roxanne… trop bien pour penser qu’il n’y a eu la moindre menace. L’avertir… il ne sait pas de quoi elle l’aurait averti ?

« Voyons... faites un effort. Je suis sûre que vous savez pertinemment la raison de sa mise en garde. »

Je lui adresse un sourire d'évidence, un sourire pouvant montrer que j'ai moi même ma petite idée, ou bien seulement qu'il est évident qu'une personne sera claire sur le sujet de l'avertissement qu'elle donne, ou encore qu'il me cache quelque chose à ne pas vouloir en parler. Un sourire équivoque, en somme ; puisque tout est dans la subtilité dans ce bas monde et que c'est justement ce sur quoi je m'exerce présentement.

Et j'en ai d'ailleurs bien une idée presque concrète. Roxanne dans un camp, La reine et Victor dans l’autre. Ça a forcément un lien. Faut-il encore espérer qu’il n’y a pas quelque chose de spécifique et d’alarmant qu’elle cherche à maîtriser… comme des plans contre Sombrebois. Je ne vois pas autre chose en tout cas actuellement, mais parfois il est difficile de voir plus loin que le bout de son nez.

« Enfin, qu’importe. Soyons donc prudents… Plutôt que de dessiner une fleur, je vous propose donc de simplement se demander si l'autre a eu l'occasion d'aller chasser. D'ailleurs même sans ennuis, rien ne nous empêche de correspondre pour se donner des nouvelles, non ? »

En tout cas, je prends bien note du refus de Victor de se plier aux mystérieuses… exigences ? de Roxanne. Quelque chose dont il faudrait certainement que je lui parle aujourd’hui, d’ailleurs. Tellement de choses à faire, de gens à voir, de choses à organiser ou à participer…

« Victor… gérer un bourg, c’est aussi savoir ce qu’il s’y passe et, dans une moindre mesure, garder tout le monde à l’œil. »

Dans mon cas, c’est plutôt ‘faire garder tout le monde à l’œil’ puisque j’ai malheureusement dû déléguer pas mal de choses à Alaric ces derniers temps. Mais avec la milice, il lui est très facile de savoir ce qu’il se passe au vu de tous. Sans doute moins de ce qui se passe en coulisse… mais c’est déjà un bon début. Encore faudrait-il que j’arrive à parler un peu mieux avec lui pour avoir accès à tous les renseignements possibles.

Une fois redescendus au rez de chaussé, je lui souhaite donc une bonne journée s'il n'a rien à ajouter et lui rappelle l'heure des cérémonies et des festivités puis, après avoir inclinée la tête respectueusement, je n'ai plus qu'à courir jusqu'à la prochaine chose à faire.

La juste mesure et la prudence... deux autres choses à travailler si je ne veux pas me retrouver le cul par terre mais au contraire en parfaite équilibre entre ces deux chaises.

Dure journée n'est-ce pas ? Et elle ne fait que commencer.