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 Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée

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Icare de SabranComte
Icare de Sabran



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MessageSujet: Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée   Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée EmptyMar 8 Mar 2022 - 9:41
Épaisse, la fumée des bûchers funéraires a recouvert la cité d'un voile de nuit. L'air est devenu étouffant, nauséabond même. Partout demeurent les stigmates de l'attaque fangeuse magistralement orchestrée par quelques illuminés. Dans les rues, montagnes de cadavres s'amoncèlent pour rappeler l'horreur meurtrière d'un carnage inattendu. La fête a tourné court. La nuit a été longue. Le visage marqué par la fatigue et le corps gourd d'avoir combattu les monstres, Icare de Sabran n'a retrouvé le chemin de sa riche demeure qu'à l'orée d'un jour sans lumière. Certes l'Esplanade n'a subi aucun dégât, mais le souvenir de la bataille a marqué ses allées. Ci et là un soldat griffé, une épouse éplorée ou un enfant aujourd'hui orphelin. Les morts se comptent par millier et les blessés sont légions.

Devant le manoir Sabran, les gens d'une maisonnée endeuillée reçoivent les condoléances de proches et d'amis, mais ils attendent surtout le maître des lieux. Lui n'a pas le désir de recevoir les pleureuses. Son épouse et ses deux fils ne sont plus. Ne reste que sa fille Esmée. Elle a retrouvé le chemin du manoir familial durant la nuit. Elle est rentrée blessée et seule. Seule... Un mot qui a suffi à mettre le Comte hors de lui. Le guéridon du vestibule n'y a pas survécu.

Crachée au visage d'un majordome devenu blême, la sentence qui attend le responsable est tombée sans surprise. Marin de Luynes est attendu. Alors, lorsque le chevalier se présente enfin devant les hautes portes de la demeure du Comte, le domestique l'accueille sans fioriture. Et tandis qu'il le guide à travers les larges couloirs du lieu, un silence de mort l'accompagne. Sur son passage, les regards sont lourds, les mines affectées. Là où il connaissait les sourires d'un personnel toujours respectueux, Marin découvre le morne de son chemin de croix jusqu'au bureau d'un père devenu enragé. À l'arrivée, trois coups frappés contre le bois doré ne font que résonner dans le vide. Le glas tombe finalement dans le grincement d'une porte qui s'ouvre sur une pièce ravagée par la colère.

Debout, face à une fenêtre brisée, le Comte se tient immobile. Les bras croisés sur son torse, il a serré les poings si fort que ses doigts en sont devenus blancs. Sinistre, sa voix finit par éteindre ce qu'il reste d'espoir.

"Laissez-nous."

Un dernier regard pour le Chevalier et le majordome quitte la pièce.




@Marin de Luynes : good luck !
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Marin de LuynesChevalier
Marin de Luynes



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MessageSujet: Re: Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée   Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée EmptyMar 8 Mar 2022 - 15:12
C’était arrivé sans prévenir. Bien sûr depuis l’arrivé de la Fange, tout le monde savait que rien ne serait plus comme avant. Mais il fallait se l’avouer, pendant un temps, à Marbrume en tout cas, on s’était cru à l’abri du monde extérieur, des attaques. Alors, quand le fléau avait frappé lors du couronnement, personne n’y était préparé. Le chaos avait retourné toutes les rues, alors que chacun luttait pour sa propre survie, Marin ne s’était attaché qu’à l’idée de mettre Esmée en sécurité. Il y était presque parvenu, il y serait parvenu s’il ne s’était pas emporté. Il se voyait arracher l’enfant à l’échelle pour y placer Esmée, et cette dernière, horrifiée par son comportement, le repousser. Ca avait suffit à ce que la foule la tire en arrière et aussitôt, d’autre avait pris sa place sur l’échelle, forçant Marin à monter ou à tomber avant de se faire piétiner. En montant, il vit des personnes reconnaître la jeune femme et essayer de lui porter secours, soit que ce fut des domestiques ou des proches des de Sabran. Une chose était sûre : elle n’était pas seule. Il allait se sortir de là et la retrouver rapidement.

C’était ce qu’il avait naïvement pensé. Puis lorsque la fange avait été repoussée, il s’était mis à la chercher désespérément. Il avait écumé les lieux de rassemblement des survivants : mais personne n’y avait vu Esmée. Puis dans son désespoir il avait aidé à charger les bûchés funéraires, en se disant que s’il n’y trouvait pas le corps de sa bien-aimée c’était sans doute qu’elle était encore en vie. Le plus dur était les corps déchiquetés, démembrés, parfois étêtés, mais il refusait purement et simplement l’idée qu’il pusse s’agir de la belle aux yeux d’ambre. Alors qu’il ramassait un autre corps, une grosse main ferme stoppa son geste net en l’attrapant par l’épaule.

— Ca suffit Marin, lança une voix sèche. Il se tourna vers lui, le regard interrogateur et confus. Enfant, il avait souvent eu cet air lorsqu’on le surprenait à œuvrer bêtement pour réparer une bêtise qu’il avait faite. Marin avait toujours cet air juvénile quand l’impuissance le frappait, et il avait beau être plus grand, il restait son petit frère.

— On a trouvé les corps des petits de Sabran.

— Esmée…

— Ca suffit, j’ai dit ! Crois-tu qu’Icare de Sabran lui-même aurait omis de mentionner que sa seule fille était saine et sauve ? Qu’est-ce que tu crois que tu fais ici ? Tu joues au fossoyeur pour ne pas voir la réalité en face ? Tu te défiles encore ?

« Encore ». Le regard perdu se remplit de colère, sa mâchoire se serra. « Encore » ? Si même son propre frère pensait cela, il n’avait plus rien à lui dire. D’un geste brusque il écarta la main posée sur son épaule et la rejeta.

— Va te faire foutre, cracha-t-il en s’éloignant d’un pas furieux.

— Va voir le Comte.

L’altercation puis le départ de Marin provoquèrent une vague de chuchotements parmi les présents. Passé la colère, son appréhension se mit à compter les plis de son coeur angoissé. Louis était un homme terre-à-terre, il ne se berçait pas d’illusion, si quelqu’un partait, il était mort, si quelqu’un disparaissait, il était mort, si quelqu’un dormait, il était probablement mort. Il lui avait peut-être annoncé ça pour abrégé ses souffrances et tuer ses faux-espoirs. Quelque part, il voulait le protéger, faire de lui un homme un vrai. Si être un homme c’était ne jamais rien ressentir, ne jamais se bercer d’espoir et enfermer son coeur dans une forteresse pour que jamais il ne souffre, Marin préférait encore ne jamais y parvenir.

Il aurait dû rentrer à sa demeure, faire sa toilette pour avoir un air un peu plus présentable. Il n’y songea pas une seconde. Lui si poli, toujours tiré à quatre épingle par sa mère, respectueux de l’étiquette surtout aux abords de personnalités plus nobles que lui, il était ce matin là complètement à côté de la plaque. Il ne répondit pas aux salutations ou aux condoléances qu’on lui fit : il ne les entendit pas. Il devait voir le comte, s’il s’avérait qu’Esmée avait succombé à l’attaque, il était prêt à subir son courroux.

Il se laissa conduire jusqu’au bureau du Comte de Sabran, dans un calme tout bonnement étrange , apparemment ne sembla pas étonné du chaos qu’il régnait dans la pièce. Mentalement et physiquement épuisé, il se surprit à faire un rapport d’un automatisme déconcertant sans même saluer le comte ou présenter ses condoléances. Quelque part il estimait qu’il eût été pour le mon irrespectueux de s’inviter dans cette tenu pour quelque politesse.

— Comte de Sabran. J’ai fouillé tous les points de rassemblement de la ville : le temple, la caserne, les auberges, les tavernes… même les bûchés… Je n’ai trouvé aucune trace de votre fille…

Marin ne ressemblait à rien. Il portait les mêmes vêtements que lors du couronnement hormis que ces derniers étaient déchirés et tâchés de sang et de poussière. Ses cheveux étaient sales et ternes, il sentait chaire brûlée. Il releva enfin ses yeux cernés et rougis pour les plantés dans ceux de son interlocuteur, le visage grave, les traits tirés.

— Est-elle saine et sauve ?
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Icare de SabranComte
Icare de Sabran



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MessageSujet: Re: Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée   Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée EmptyMar 8 Mar 2022 - 22:05
Le silence qui s'est installé est lourd, pesant. S'il entend répondre au Chevalier, Icare de Sabran prend le temps de mesurer chacune de ses paroles. La colère pourtant bouillonne dans ses veines. Une rancoeur nourrie de culpabilité et exacerbée par l'agressif d'un caractère explosif. Et ce foisonnement de rage, toute cette hargne mélangée à l'impuissance d'un homme face au deuil se cristallise dans le seul nom de son visiteur : Marin de Luynes.

Il a apporté le malheur avec lui. Si Esmée ne s'était pas bêtement amourachée de son minois. Si elle avait su tenir son rang et si Hermance ne l'avait pas encouragée à la fantaisie d'un juvénile béguin, rien de tout cela ne serait arrivé. Il était responsable. Lui, ce petit noble, ce presque rien. Un gamin tout juste sorti des jupes de sa mère. Un capon incapable de protéger celle qu'il voulait pourtant faire sienne. Et lui-même... Icare de Sabran, avait consenti à cette aberration.

"Saine et sauve... ?" Sa voix, à l'image d'un grondement, n'a pas voulu quitter sa gorge. Alors il répète, tandis que ses lèvres se tordent dans un rictus mauvais. "Saine et sauve !?!" Il rugit presque et s'avance d'un pas meurtrier vers le jeune homme jusqu'à l'atteindre. Il fulmine et tout en le saisissant au col, l'empoigne pour coller son dos au mur.

"Elle était sous votre protection ! Votre devoir Luynes ! Votre devoir était de me la ramener en vie !"

Son autre poing se ferme alors qu'il s'imagine pouvoir l'abattre sur ce visage qu'il en est venu à détester. Il frappe pourtant le mur à côté d'une oreille dans laquelle il se met à hurler.

"Et vous êtes là, devant moi... Seul. Où est-elle, Marin ?! Où est Esmée ?! Dites-le moi !"

Jamais sa colère n'a été plus grande. Mais alors qu'elle se trouve entièrement tournée vers le jeune noble, il ne peut se défaire de cette idée : lui aussi est responsable.

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Marin de Luynes



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MessageSujet: Re: Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée   Tout s'en va comme la fumée, l'espérance et la renommée EmptyMar 8 Mar 2022 - 23:41
Qu’est-ce qu’un mari qui a perdu sa femme, qu’est-ce qu’un père qui à perdu ses enfants, qu’est-ce qu’un homme qui a perdu les êtres les plus précieux à son coeur ? Icare de Sabran avait été l’oeil du cyclone pendant une très longue minute, le silence au milieu du chaos de cette pièce et de sa vie. Il ne l’avait jamais aimé, il l’avait toujours considéré comme un danger pour sa fille, aujourd’hui ses suspicions étaient avérées : il ne l’avait jamais méritée, il n’en avait jamais été digne, il n’était pas même pas foutu d’assurer sa sécurité jusqu’ici alors que n’importe quel pégu en aurait été capable pour deux sous et une bière ? Le comte avait ignoré son intuition viscérale au sujet de ce vaurien et ce manque de discernement avait failli tout lui coûter. Cela ne se reproduirait plus.

Il éclata comme un orage noir au milieu d’un soir d’été. Il s’avançait vers le jeune homme et ce dernier ne bougea pas : si le père d’Esmée voulait lui mettre son compte, il en avait bien le droit étant donné qu’il avait failli à la seule mission qui lui incombait dans l’accord tacite qui se passe entre un homme et son futur gendre. Aussi, quand la violence de ce personnage, si mesuré et maître de lui, lui éclata au visage, Marin ne put cacher sa surprise mais se reprit rapidement, en fronçant les sourcils comme pour mieux accueillir le coup. Il pouvait sentir la rage émaner de son antagoniste, toutefois, il ne parvenait pas à s’en offenser. Ses mots étaient justes : « votre protection », « votre devoir ». Et au lieu de lui mettre son poing dans la face, Icare de Sabran y préféra la fermeté du mur alors qu’il exigeait un réponse sur le champ. Marin était bien avisé de ne pas chercher à échapper à la confrontation.

— Nous nous sommes frayés un chemin à travers les rues…. nous avons été séparés par la foule… Je… Je vais vérifier chaque coin de la ville, Monsieur. Je vais la retrouver.

Il se retint d’en faire une promesse car il savait qu’Icare n’était pas de ceux qui y verrait la moindre valeur, surtout au vu de la situation. Il n’avait pas su prendre soin de sa fille, faire la promesse de la retrouver était perdre tout crédit, même s’il le pensait vraiment. Sa colère transmuté en une douleur lancinante au poignet, le comte s’écarta en lui tournant le dos comme pour échapper à ses paroles vaines et futiles.

— Je vais la retrouver, répéta-t-il. Je ne vous ferais pas souffrir de ma présence plus longtemps.

Il fit un pas vers la sortie et s’arrêta aussitôt.

— Sachez, Monsieur, que même si vous n’en avez cure, je compatis sincèrement à votre douleur. La comtesse de Choiseul et ses fils ne méritaient pas cela, puis après une lourde pause, il ajouta. Et vous non plus.






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