Sujet: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Mer 11 Aoû 2021 - 11:01
6 Avril 1167.
La soirée était des plus avancées, tellement en fait que nous aurions pu parler d’un début de nuit lorsqu’on frappa doucement mais de manière insistante à la porte de la petite cellule individuelle d’Isolde. Depuis son retour des marais, quelques petites choses avaient changé. Oh, subtiles certes, mais bien réelles. Les regards posés sur elle était plus complexe, inquiet, mais aussi respectueux. On l’invitait à des débats théologique ou sociétaux qui lui étaient fermé auparavant. Des frères et sœurs plus jeune et même plus âgés qu’elle venait parfois lui demander conseil sur des situations. Comme si sa survie avait laissé sur elle une empreinte, une maturité… La seule question se posant à présent, était donc de savoir si ce changement venait du regard des autres sur elle, ou de l’intérieur d’elle-même ?
Pouvait-on sortir indemne d’une telle expérience ? Aussi courte pusse-t-elle paraître ? Magelus, l’autre survivant de cette petite affaire, avait, pour sa part, subit une sorte de révélation. De prêtre impliqué mais maussade, il était devenu l’une des voix les plus audible dans le prêche des préceptes d’Anür et clamait à qui voulait l’entendre qu’ils avaient croisé la déesse dans les marais. Si la majorité prenaient encore ses paroles pour les élucubrations d’un homme choqué, la réussite de son « mouvement » ne cessait tout de même de surprendre, et chaque jour de nouveaux fidèles se joignaient à ses séances.
Parmi les quelques dérangements notables qu’avait pu noter Isolde dans ce nouveau statut de femme « d’expérience » qu’on lui attribuait à présent, c’était les horaires. On la dérangeait comme ce soir à des heures indues sous prétexte qu’elle avait connue pendant deux jours la dure vie des marais… Elle s’en serait sans doute passée, mais sa porte ne tarda pas à s’ouvrir tout de même pour découvrir une petite prêtresse rondouillarde au visage jovial mais soucieux. Elle lui sourit timidement en la saluant d’un hochement de tête hésitant.
- Pardonnez-moi de vous déranger à une heure si tardive ma sœur… commença-t-elle d’une voix chevrotante. Mais j’aurais besoin de votre aide pour… communiquer avec quelqu’un.
Elle jeta des coups d’œil inquiet dans le couloir pourtant désert et en grande partie plongé dans l’obscurité avant de poursuivre.
- Voyez-vous, je suis depuis quelques temps en charge d’une partie des filles d’Anür, dans l’aile des bains. C’est une tâche que je suis fière d’accomplir, toutes ces pauvres âmes… dit-elle dans le vague avant de se renfrogner. Mais voyez-vous, il y en a une parmi elles… Son esprit est aussi perturbé que son visage est beau. Je n’arrive pas à obtenir la moindre obéissance ou compréhension de sa part, elle n’en fait qu’à sa tête et semble beaucoup s’amuser à me rendre folle. Et par les trois, elle est douée pour cela.
Rien que d’évoquer le sujet, celle-ci semblait déjà plus ombrageuse qu’à son arrivée, jusqu’à se rappeler à qui elle parlait. Elle toussota et poursuivit.
- Elle s’est encore faufilée hors de leur quartier ce soir, et se baigne presque nue dans le bassin chauffé que nous réservons d’habitude aux nobles. C’est la quatrième fois ce mois-ci !!! Le pire c’est qu’elle est violente ! Elle a battu deux prêtres la dernière fois que j’ai essayé de la faire sortir de force, ce ne serait que de moi, nous devrions la jeter dehors !
Elle rougit de s’être ainsi emportée.
- Mais elle est importante pour l’ordre, beaucoup de filles sont venues à cause d’elle, et la respectent. Et certains de nos plus riches donateurs sont plus que précis sur leur volonté de la voir. Je… Nous devons trouver un moyen de communiquer avec elle. Je me suis dit qu’avec vos déboires récents, vous sauriez peut-être trouver une approche qui m’échappe… s’il vous plait….
HRP:
Voici pour le début de ta seconde convocation, pas de danger évident, même si des coups sont possible ! Et de la nudité comme tu t'en doutes vu l'activité de celle que tu vas retrouver :p
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Jeu 12 Aoû 2021 - 12:49
Le retour à Marbrume avait été difficile.
Lorsque l’on apprenait à respirer en dehors des murs, s’y retrouver à nouveau avait eût l’effet de se retrouver en apnée et d’avoir l’impression détestable de voir ses poumons se gorger d’eau invisible. Isolde se sentait comme un verre brisé qu’on avait reconstruit sans pour autant lui offrir son aspect d’antan. Quelque chose avait remué chez elle ; un changement tacite mais profond qui opérait comme des tremblements d’âme silencieux mais subtils. Elle changeait, s’affirmait – et refusait de s’enfermer dans la prison illusoire et temporaire de cette « renommée » qu’elle semblait vêtir comme une seconde peau. Au contraire, elle l’userait dans le but de s’éloigner de Marbrume et de regagner le plus rapidement possible l’extérieur des Murs. Sans qu’elle n’ait pu voir son frère et de sa rencontre avec les bannis en avait jailli une profonde entaille émotionnelle ; le prix à payer pour devenir un peu plus elle-même. En parallèle de son retour et du fait qu’elle était bien plus sollicitée et occupée qu’auparavant, elle avait cherché des informations sur Priscilla Dorvian mais n’avait pas trouvé ce qu’elle désirait. Priscilla Dorvian n’existait pas, elle apparaissait comme une flaque dont on n’arrivait pas à parfaitement saisir les contours ; une flaque brouillée sans reflet.
« Mais qui es-tu donc ? » Murmura-t-elle pensivement comme si elle attendait une réponse, pratiquement défaitiste avant de laisser son dos retombé et d’épouser le dossier de son siège.
C’est à ce moment-là, dérangée dans ses recherches que vint se présenter une sœur quémandant son aide pour récupérer l’une des filles d’Anür affectionnant la fugue et les bains des nobles, n’ayant pas peur des remontrances puisqu’elle les battait de son poing. Décrite comme un esprit fougueux et plein de passion, Isolde quitta son fauteuil en se redressant lentement et avec grâce.
Réellement ? Être dérangée pour ça ?
Elle s’avança vers Berthe doucement. Sa crinière détachée suivait le mouvement comme un ruisseau souple et ténébreux, faisant ressortir ses yeux profond et presque aussi chatoyant que le crépuscule.
« Dites-moi son prénom et le vôtre par la même occasion, nous allons la chercher ensemble. » Concéda-t-elle à demi-mot.
« Je, euh… Je m’appelle Berthe. Et quant à elle, c’est… » Bafouilla-t-elle en lui envoyant plusieurs coups de regards intimidés avant de poursuivre. « Kaïne, ma sœur, elle s’appelle Kaïne. »
Isolde se fendit d’un léger sourire discret qui lui donna un air subtil et délicat.
« Bien, sœur Berthe, allons donc chercher Kaïne. »
_____
En entrant dans le cœur du bain des Nobles, la chaleur levait un voile opaque et seulement quelques bougies vacillantes trouaient la pénombre menaçante du bain. Isolde laissa sa vision lentement s’acclimater à la noirceur et décela les formes plongées dans les ténèbres se dessinant comme d’ignobles créatures cauchemardesques. Pour autant elle ne sembla pas s’en accommoder outre mesure.
« Bonsoir, Kaïne » Débuta-t-elle un prenant une voix douce mais assurée avant de s’avancer vers le bassin principal, elle se déchaussa nonchalamment avant de prendre silencieusement place près du bord et d’immerger ses jambes jusqu’au mollet, les battant mollement dans l’eau chaude. « Tu donnes beaucoup de fil à retordre à sœur Berthe, tu sais. » Commente-t-elle toujours comme s’il s’agissait d’une simple constatation.
Sœur Berthe, quant à elle s’avança pour appuyer ses propos mais Isolde avorta toute tentative en levant lentement sa main en sa direction pour l’inciter à se taire. Dans la brume, Isolde distinguait quelqu’un. Kaïne était visiblement concentrée sur ses mouvements, on aurait dit qu'elle avançait comme une créature aquatique sans soulever la moindre ride à la surface.
« Peux-tu t’avancer pour que je puisse te voir et que nous discutions ? » Demanda-t-elle sur un ton plus doux, celui des concessions.
Lorsqu’elle aperçut les contours de la silhouette se dessiner plus nettement au travers de la brume opaque, seuls ses yeux intensément rouges perçaient le voile de chaleur, subtilement teintés de sang, la dangerosité à son paroxysme.
« Tu peux m’appeler Isolde. » Poursuivit-elle sans agressivité tandis qu’elle sentit dans son dos d’un seul coup Berthe se tendre puis s’avancer à nouveau d’un pas nerveusement impatient mais la main d’Isolde restait dressée. « Je suis là et je t’attends. »
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Ven 13 Aoû 2021 - 19:01
23 Février 1167.
L’eau était délicieusement chaude surtout face à la fraîcheur de la haute pièce au mur froid et gris, chauffée par une tuyauterie complexe et surement couteuse, à l’image de ceux qui s’y baignaient à prix d’or durant la journée. Elle devait bien admettre que même si cela l’agaçait, son train de vie actuelle la rendait sans doute plus proche de ces nobles arrogants que de n’importe qui d’autres dans la cité. La route lui manquait, la caravane lui manquait. Au sein de celle-ci, la fortune ne vous définissait pas, ne vous enlaidissait pas. Vous n’étiez qu’un membre du peuple, et vos actes autant que vos paroles étaient la seule manière de vous décrire. Elle avait été Kaïne Sérélen, celle qui tranche la flamme, celle qui dresse l’aigle, celle qui a tué un mort, celle qui a fait parler le silence… et maintenant elle n’était que Kaïne, la riche catin.
Elle n’avait pas honte d’utiliser son corps pour progresser dans cette société d’idiots. Mais qu’on la réduise à cela l’agaçait profondément. Si Abielle ne lui avait pas fait jurer de ne rien faire qui puisse nuire à leur cause, elle aurait surement taillé un second sourire sur quelques gorges de ce foutu temple de fanatique. Au lieu de quoi elle se contentait d’embêter celle qu’on avait mis à la gestion de son groupe. Berthe, quel nom horrible, mais qui allait drôlement bien à son air porcin. La rendre folle était divertissant, mais bien peu satisfaisant. Il fallait qu’elle trouve quelque chose à faire ou c’est elle qui deviendrait folle bientôt. Heureusement, la nage soulageait sa mélancolie, et détendait ses muscles. Elle était presque aussi à l’aise dans l’eau que sur terre, comme la plupart de ses congénères. Dès qu’un enfant avait atteint son troisième mois, on le jetait dans une source pure pour rappeler à son esprit les eaux qui l’avait vu grandir, et les origines de son sang. Rare été les noyés, et tous se retrouvait rapidement à nager aussi souvent que la route le permettait.
Si l’eau chaude n’avait pas l’aspect vivifiant des sources de montagnes, elle n’en restait pas moins agréable pour ses muscles. Elle sentit l’air changer quelques instants avant qu’une voix inconnue de se fasse entendre confirmant qu’elle n’était plus seule. Elle cessa de bouger et observa le duo qui s’approchait. Elle se retint de pouffer à la remarque, détaillant l’inconnue des yeux.
Elle peinait à imaginer les difficultés qu’elles avaient à percevoir des choses dans cette obscurité. Cela aussi les rendait bien différent. Mais elle obtempéra tout de même, glissant dans l’eau avec la fluidité d’une anguille.
- Il lui suffit de me laisser faire ce que je souhaite, et je suis certaine que cette brave Berthe verra ses soucis s’envoler. dit la voix brûlante comme le volcan de Kaïne alors que ses yeux rouge croisaient ceux de celle qui se faisait appeler Isolde.
- C’est à ce moment que je dois miauler Isolde ? On dirait que tu parles à un chat revêche.
Elle avait prononcé son nom avec facilité, comme celui d’une bonne amie. Elle rentra enfin pleinement dans le champ de vision de la prêtresse, ses pieds retrouvant le fond légèrement pentu du bassin. Même si l’eau et l’obscurité rendait les détails flous, sa nudité quasi-totale était certaine. Et pour cause en dehors d’une culotte liée sur le côté, elle ne portait effectivement rien.
- Sans vouloir te vexer, les deux derniers gros bras qu’elle m’a envoyé était un peu plus convaincant que toi. se moqua-t-elle doucement, ses yeux évitant Isolde pour dévisager Berthe derrière elle qui pâlit à vue d’œil.
Elle continua à avancer et vint se placer au bord du bassin juste à coté d’Isolde, posant ses bras croisés sur la pierre lisse. Ses cheveux mouillés semblaient encore plus noirs que l’obscurité la plus profonde de la salle et donnait l’impression que son visage pâle était un masque de porcelaine pur incrusté de deux grenats éclatants en guise d’yeux. Elle sourit.
- Alors, alors, qu’elle est la tentative cette fois ?
Dernière édition par Dame Corbeau le Sam 25 Sep 2021 - 15:26, édité 2 fois
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Jeu 26 Aoû 2021 - 17:11
Les bains était plongé dans une obscurité mystique comme comblé d'une présence étrange et inquiétante qui gonflait pour s'accrocher aux murs telle une toile d'araignée invisible. Il ne faisait pas vraiment si sombre, juste un peu plus noir. Tout juste pour que leurs deux contours se troublent et le décor s'étiole mais pas encore assez pour que leur silhouette se confondent totalement dans l'obscurité.
Kaïne était toujours là, moins marquée mais plus tranchante. La flamme qui l’animait était toujours là mais s'éclipsait, s'envolait, s'écrasant par terre et rampant au sol, s'abreuvant d'un combustible dont Isolde avait ignoré la trace mais qui générait tout un sillage de poudre invisible autour d’elles Sa moquerie lui étira un léger sourire avant qu’elle ne s’engage à rire de bon cœur, d’un rire léger et élégant, aux notes presque timides alors qu’elle basculait lentement la tête en arrière, ses épaules se soulevant en rythme comme si cette phrase lui rappelait un souvenir aux saveurs étrangement amusantes.
« J’aurais pensé la même chose à ta place… » Sourit-elle légèrement tandis qu’elle apportait le dos de sa main au niveau de ses lèvres. « Et cela m’a valu une baffe en plein visage alors depuis j’essaie de me méfier des apparences. »
Elle lissa les pans de sa robe avec délicatesse sur sa cuisse à sa question, plongée dans une profonde réflexion. Isolde avait l'esprit calme, elle toisait d’un regard évanescent le corps nu de Kaïne comme si elle n'en devinait que maintenant l'esquisse des contours sous cette eau sombre dont elle semblait se vêtir. Elle peinait à distinguer qu'un volume de chair, ce dernier flottant encore dans l'eau, le haut de son corps s’habillant de ce brouillard épais et complexe de chaleur.
« J’ai bien quelque chose à te proposer. » Et son visage pivota doucement vers elle avant que son regard se visse au sien.
Isolde se découpait de la pénombre comme une ombre ondulante au fond de l'abîme du bain, sa main filant délicatement contre les nervures du sol comme la traîne étincelante d'une étoile. La ramenant vers elle, ses doigts se délièrent avec élégance tandis qu’elle poursuivit d’un ton doux mais ferme.
« Jouons aux devinettes, veux-tu, en trois manches. Si je gagne, tu sors du bain, sans oublier de t’habiller cela va de soi. » Elle a un sourire amusé, presque attendri tandis qu’elle enchainait sur une note un peu plus sérieuse. « Tu ne seras non plus sous la responsabilité de sœur Berthe mais bel et bien sous la mienne. » Un lent sourire vint s’esquisser sur les lèvres.
« Nous avons beaucoup de choses à apprendre l’une de l’autre, toi comme moi. » Un silence, avant qu’elle ne poursuive, une lueur énigmatique s’animant lentement dans ses yeux. « Tu t’entraînes aux armes de jet, paraît-il ? »
Un léger temps avant que le silence ne s’accapare chaque mot, chaque respiration, chaque vibration de l’eau alors que Berthe glapissait dans son coin tel un petit chiot apeuré. Sa désapprobation fit frissonner les ombres autour d’elle mais Isolde n'y prêta aucune attention.
« Sœur Isolde, vous n’êtes pas obligée de… »
Isolde semblait ne plus s’attarder sur Berthe, ses yeux étaient rivés sur Kaïne. Pour elle, la pièce semblait flotter entre deux mondes, elle n'arrivait pas à s'imaginer un avant ni un après. Isolde afficha alors un sourire amusé, à peine perceptible puis se concentra à nouveau à regarder devant elle, ne laissant rien paraître de leur échange.
« Alors, Kaïne ? » Demanda-t-elle en basculant la tête sur le côté, ses deux yeux perçants luisaient dans la pénombre comme ceux d’un reptile attentif. « Cette tentative te semble-t-elle suffisamment alléchante ? »
Ce dernier mot, qu'elle avait pris le temps de prononcer avec envergure, résonna longuement dans la salle, prenant son envol avant d'y installer une sorte de puissance.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Ven 27 Aoû 2021 - 6:52
23 Février 1167.
Au moins, celle-ci offrait de la nouveauté. Les contacts avec les gens du temple était généralement si ennuyeux. Il y avait bien Enguerrand, ce si sympathique salopard. Mais depuis que les filles d’Anür avait pris une allure plus officielle, elle ne le voyait presque plus, toujours occupé qu’il était. Alors elle avait le droit aux gens comme Berthe, les plus ennuyeux et moralisateurs des emmerdeurs. Elle sourit à la remarque sur la baffe sans commenter pour autant, ne voulant pas couper la nouvelle venue et son amusante approche en plein élan. Curieuse de voir où cela aller les mener. Elle ne fut pas déçue au vu de la proposition. Son esprit joueur s’éveilla presque aussi tôt, et elle regretta simple que Abielle ne soit pas là, elle aurait adoré participer.
- Je me demande ce que je pourrais bien apprendre sur toi Isolde. Peut-être ce que tu ne montes pas à tes frères et sœurs du Temple ? réagit-elle, énigmatique mais amusée. Son regard revint sur la rondelette sœur.
- J’admets que tu m’as surprise Berthe, je ne te pensais pas si audacieuse. Je vais me laisser tenter par cette approche. Va dormir.
Le ton, sans être menaçant posséder quelque chose de… particulier, comme si elle ne s’adressait pas directement à la sœur, mais évoquer plutôt une forme de réalité froide. Elle regarda le dos d’Isolde, doutant peut-être finalement de son idée maintenant qu’elle était approuvée par la problématique jeune femme. Peut-être avait-elle espéré qu’elle lui trouve une formule magique à la fois fidèle à son rôle de prêtresse et capable de convaincre Kaïne d’obéir. Pas vraiment de la voir se mettre à jouer aussi à un jeu dont elle-même ne comprenait pas les règles.
- Bonne nuit petit cancrelas. lança la nageuse, d’un ton désinvolte en apparence. Une lueur s’éteignit dans le regard de Berthe, elle hocha la tête et s’en fut, sans une remarque. La porte qu’elles avaient franchies à leurs arrivées grinça et se referma lourdement derrière elle. Kaïne reporta toute son attention sur la prêtresse.
- D’accord Isolde, je vais jouer à ton jeu. Tu as l’air sûr de toi, et tu as le mérite d’être rafraichissante par rapport à tes collègues. En plus je m’ennuie à mourir ces temps-ci. Cependant…
Son sourire s’élargit et elle fit une brasse arrière pour s’éloigner sur bord et se laisser flotter à demi dans l’eau chaude.
- Tu admettras que si je suis la seule à avoir quelque chose à perdre, le jeu n’a pas vraiment d’intérêt. Alors, si je l’emporte…. Hum…. Voyons. Ah ! Et bien faisons simple ! Tu veux que je sorte et que je m’habille. Je te demanderais l’opposer. Tu te déshabilles, et tu rentres. lança-t-elle provoquante et sûre d’elle. Qu’elle gagne ou qu’elle perde avait peu d’importance, puisque ce n’était pas là son amusement, mais au moins l’enjeu avait-il plus de saveur.
- Ça te semble équitable ? Et pour te répondre, je suis excellente aux armes de jet, surtout les couteaux, je m’y attèle depuis que j’ai cinq ans, et je n’ai pas beaucoup de rivaux dignes de ce nom en ville. Il y en a bien une mais elle n’est plus dans la cité en ce moment, alors je manque d’adversaires convenable. Une raison de plus de m’ennuyer.
Elle nagea doucement sur le dos, impudique, faisant des demi-cercles autour de la position d’Isolde dans le bassin, rappelant vaguement un requin nageant autour d’une proie, même si son sourire blanc perçant dans les ténèbres était bien plus joueur que menaçant. Quoi que peut-être un petit peu.
- Puisque tu as proposé le jeu, je te laisse commencé, que je vois à qui j’ai à faire. poursuivit-elle, pas assez orgueilleuse pour considérer la partie jouer d’avance.
- Qu’elle est ton nom complet Isolde ? demanda-t-elle soudainement sans que cela semble avoir de rapport avec le reste.
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Mer 15 Sep 2021 - 22:57
Sulfureuse, hypnotique, inquiétante, Kaïne était sûrement la fille d'Anür la mieux gardée du Temple. Entre vice et passion qui flambaient dans l’âtre de ses orbites, un subtil mélange de feu farceur, de braise et de chaleur faisait naître la plus violente des problématiques. De longues bandes cramoisies striaient son iris et accompagnaient la nuée de lave qui fuyait vers l'intérieur de ses pupilles et affirmait son air revêche et sauvage. Bientôt, elle enveloppa Berthe de ses mots, d’une froideur à en faire pâlir un mort et cette dernière disparut dans un rideau de ténèbres dans un silence alarmant. Isolde observa d’un coup d’œil attentif le départ de Berthe, ses lourdes paupières retombaient sur des yeux éteints et ses lèvres pâles surmontaient un menton grossièrement proéminent. Ce visage s'éteignit face à la lumière d'une bougie dans un rictus amer, comme si elle acceptait une certaine forme de... Défaite. Sa soumission aux paroles de Kaïne la laissa étrangement septique comme si elle se courbait à ses mots et agissait comme une enveloppe sans âme, un pantin vulgairement manipulable. Alors qu’elle refermait la porte dans un lourd silence, Isolde tourna à nouveau son visage vers Kaïne d’un air perplexe.
« Elle t’écoute comme si tu lui étais supérieure. Que lui as-tu fait pour qu’elle ait presque l’air de te craindre, dis-moi ? »
Kaïne nageait autour d’elle comme une anguille espiègle et agile, ses mouvements étaient fluides et vagues, dévoilant les courbes nues de sa poitrine flottant à la surface de l’eau, exposant un pan de sa nudité. Sûrement habituée à la partager, elle devait ne plus s’effaroucher de se montrer sous son plus intime apparat. Isolde, quant à elle, était en tout point son opposé. Elle n’avait pas pleinement pris conscience du corps et des effets qu’une personne pouvait déclencher chez l’autre, la notion de désir lui était inatteignable parce qu’elle ne l’avait jamais vraiment vécue. Elle eut un haussement d’épaules à la demande osée de Kaïne, non seulement elle s’offrait à ce petit jeu et imposait son propre gain, un brin provocante qui aurait pu la rendre presque désirable, mais Isolde ne sembla guère s’en accommoder.
« Très bien. » Murmura-t-elle, scellant alors les clauses de leur petit jeu.
Sa voix se fit plus assurée et revêtit de chaudes vibrations à chaque mot prononcé.
« J’emprunte quelques lettres à la fumée, De mon savoir, les gens aiment s’abreuver. Bonne ou mauvaise, mes histoires ne sont pas à marchander. »
Sa paume de main effleura le rebord du bassin comme si elle caressait la courbe d’un corps, ramenant lentement sa main vers elle, elle redressa son regard calme vers Kaïne. Un sourire fin étira lentement ses lèvres, le premier, peut-être. Un peu plus joueur que les autres, elle la dévisagea d’un regard provocateur.
« …Qui suis-je ? »
Elle pencha la tête tout en la laissant se plonger dans ses réflexions, elle se permit même le luxe de la questionner un peu plus.
« Pourquoi t’es-tu mise aux armes de jets ? » Questionna-t-elle sans disputer les limites de sa curiosité « Est-ce par choix ou est-ce les conditions de la réalité de ton monde qui t’ont mise sur cette voie ? » Interrogea-t-elle avec un flegme élégant.
Ses yeux se plissèrent lentement à sa question - qui en soi n’était pas commune, Isolde ou ma sœur suffisait - reflétant le tranchant ambré lorsque la lumière vacillante d’une bougie l’éclaira.
« Je me nomme d’Ailefroide. » Un silence, avant qu’elle ne poursuive. « D’Ailefroide puisque nos ancêtres avant de venir s’installer à Marbrume vivaient dans les montagnes réputées pour les hivers froids et mordants, le village se situait à la jonction entre deux récifs, étendus comme deux gigantesques ailes de pierre. »
Un léger sourire mélancolique se nicha dans un coin d’ombre. C'était un sourire spontané qu'elle n'adressait ni à Kaïne ni à personne d’autre. C'était un sourire jeté dans le vide, qui s'accordait à ses pensées puis disparaissait presque aussitôt.
Un soupir dérapa de ses lèvres, un brin charmant, mais presque fané, elle se souviendrait presque des flocons qui tombaient mollement du ciel, comme un immense essaim anarchique dans ce froid hivernal. Les arbres auraient revêtu leurs longues robes blanches dont les traines glisseraient sur les sols des forêts silencieuses et des campagnes tranquilles. Loin du monde de Marbrume, chaque jour qui s’écoulait était un nouveau où elle vivait l’apocalypse un peu plus fort.
Elle inclina lentement sa tête tandis qu’elle s’égarait dans sa rêverie, ses quelques mèches épaisses venant s’étendre dans le creux de sa clavicule durant son mouvement telle une cascade sombre s’engouffrant dans l’abîme.
« Et toi, Kaïne, quel est le tien ? » Elle croisa les doigts et son regard se fit un peu plus insistant. « Ce que je veux dire par là, c’est qui es-tu ? »
À nouveau, elle eut pris un air un peu plus espiègle.
« Tu mets beaucoup trop de temps à répondre à mon goût. » Se moqua-t-elle gentiment tandis que d’un mouvement ample et gracieux de la cheville, elle l’éclaboussa.
Isolde ne manqua pas de noter l’attitude étrange de sa consœur suite aux mots de Kaïne. Le contraire l’aurait déçue vu l’approche très particulière de la jeune femme. De l’audace sans esprit aurait eu nettement moins d’intérêt pour leur échange. Elle se contenta d’un énigmatique sourire blanc dans les ténèbres sans cesser de tourner autour de sa proie comme un prédateur.
- Un secret à la fois madame la curieuse ! Tu dois déjà me faire sortir de l’eau. Mais pour te rassurer, je n’ai rien fait qui puisse lui nuire, physiquement ou moralement. Je me suis juste arrangée pour avoir du temps libre lorsque j’en ai besoin. Et c’est toujours mieux que de l’attacher à ma cible d’entrainement.
Enfin la prêtresse posa son énigme et le sourire de la nageuse s’amenuisait. Pas car elle s’amusait moins mais parce que son esprit se mit immédiatement à en quête de la réponse. Idée ? le terme aurait pu coller, mais la réponse semblait trop évidente. Elle entendit Isolde lui poser une autre question au milieu d’une brasse. Soit pour la distraire, soit pour faire la conversation. Après tout, sa compagne de jeu avait déjà fait montre de sa curiosité en peu de temps. Elle répondit donc sans cesser de réfléchir au mystère.
- Mon oncle était le lanceur de couteaux le plus doué que j’ai connu, des foules entière se déplaçait pour observer ses prestations. A force que je me faufile dans sa tente pour l’observer s’entrainer, il a fini par me dire que ce serait moins éprouvant pour lui de m’enseigner plutôt que de me sermonner ou me courir après. J’avais, hum, dans les cinq ans, peut-être six. Je n’ai pas cessé depuis. Cela m’est utile autant pour ma concentration que pour ma protection, alors sans doute te répondrais-je « un peu des deux ».
Kaïne stoppa sa nage quand sa comparse répondit à sa question et l’écouta avec la plus grande des attentions. C’était donc bien cela. Elle s’avança jusqu’aux pieds d’Isolde, si prêt que ses orteils immergés pouvaient presque effleurer sa peau. Ses yeux levés vers elle, elle l’observa en silence de longues secondes. Interprétant quelque chose dans les reflets d’or de ses yeux, elle sourit.
-Je connais l’endroit, nous y sommes monté par trois fois commercer des peaux de bouquetins. Vous produisiez les plus épaisses et chaudes de toute la région. Je me demande à quoi c’était du…
Elle observait toujours Isolde. Son sourire mélancolique, sa tête légèrement inclinée, la cascade des ses cheveux. Un joli brin de fille. Mais qui cachait quelque chose de bien plus sombre. En avait-elle seulement conscience ? Comme elle avait répondu honnêtement à sa question, elle choisit de faire de même.
- Ici, je porte le nom plus Marbrumien de Chant d’étoile. Mais parmi les miens, je me faisais partit du clan des Sérélen. Cependant il ne s’agit point d’un lieu. Mais d’une personne, qui a vécu il y a fort longtemps et dont les actes l’ont rendu dignes de louanges, et plus encore. C’est un nom que j’aime, mais qui n’est pas pratique à porter dans une cité si… complexe. Alors je suis ce que la route a fait de moi, et ce que la ville m’a ôté.
Elle fronça les sourcils mais son sourire se fit nettement plus félin. D’un mouvement vif, elle envoya une gerbe d’eau visage de la provocante jeune femme. Pas assez pour la tremper. Mais suffisamment pour qu’une constellation de perle d’eau s’éparpille dans sa belle chevelure comme autant de pierre précieuse.
- C’est toi qui n’arrêtes pas de me poser des questions, vilaine ! dit-elle sans vraiment sembler gênée par ce fait. Soudain elle éclata d’un rire franc et honnête presque juvénile, qui tranchait avec son assurance joueuse qu’elle affichait jusque-là. Elle avait trouvé.
- Tu n’as jamais dû rencontrer ce vieux brigand pour croire une seule seconde qu’il ne marchande pas ses histoires ! Il ne le fait juste pas contre une somme d’argent. Mais marchander, c’est son métier. A mon tour donc…
Elle glissa sa main dans ses cheveux trempé pour les démêler d’un geste plus mécanique que réfléchis. Elle ne tarda pourtant pas à trouver se première énigme. Une simple pour commencer.
- A mesure que la nuit avance, j’enlève ma jolie robe blanche. Ma vie est courte, mais ma mort lente. Je ne crains pas les ténèbres, mais un simple souffle sur ma nuque me fait défaillir. Qui suis-je ? lança-t-elle sur le ton poétique d’un conteur.
Elle passa ses doigts sous la plante des pieds d’Isolde pour la chatouiller et bondit hors de portée du mouvement de rejet en riant pour regagner la noirceur de l’eau lointaine.
- Pourquoi n’es-tu pas comme tes sœurs Isolde ? Tu portes leur tenues, suit leur préceptes et je ne doute pas que tu pries religieusement quand c’est ton tour. Pourtant il semble évident que tu n’es pas une Berthe. La plupart de celle que je croise le sont. Pourquoi pas toi ?
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Sam 25 Sep 2021 - 13:14
Du chantage, soupçonna Isolde, une révélation compromettante aurait suffi à soumettre Berthe, trop soucieuse de son image de colombe immaculée, peu ancrée sur d’appui solide. Cela n’aurait sûrement pas été difficile pour une fille telle que Kaïne, trop fine et maligne pour s’adapter aux règles, suffisamment éveillée pour trouver un subterfuge pour se dérober à sa surveillance.
Isolde lui sourit et l’observa silencieusement d’un air appréciateur.
Puis soudain, une forte lumière la projeta dans une plaine enneigée. Elle tourna sur elle-même, regardant ses petites mains d’enfants, un coup de vent froid passe entre les branches d'un arbre nu, faisant chuter quelques morceaux de neige. « Isolde ! » Glapit son père, tapant sa main contre sa cuisse tandis qu’elle s’avançait en courant jusqu’à lui. Théodore s’accroupit, remonta une main fermement douce sur son épaule et désigna un groupe en face d’elle de l’index. «Je te présente le peuple des routes, les deux jeunes petites ici, ce sont… »
« Je n’ai que de vagues souvenirs du peuple des routes, je n’ai été à Ailefroide que très peu souvent. » S’en navra-t-elle, son ton s’habillant d’une robe de regret. « Je me revois juste peut-être, faire une bataille de boules de neige avec vous. Mais cela remonte à si longtemps, avant que nous partions d’Ailefroide. »
Elle l’écouta attentivement, d’un air tranquille tandis qu’elle admirait le mouvement onctueux de ses jambes collées dans le bassin. Son visage enfariné de solitude dépassait la beauté éclatante des premiers flocons d’hiver. Ses yeux embrumés de lassitude du monde renversaient la clarté crépusculaire des derniers rayons s’endormant sous la lune.
« Sérélen. Répéta-t-elle à sa suite, comme pour s’en imprégner la douceur, comment le « é » s’entremêlait au l pour en découvrir toute la beauté d’une autre origine. C’est un joli nom. À quoi est-il dû ? » Elle leva la main lentement pour la couper avant qu’elle ne réponde. « Parce que tu sais t’orienter grâce aux astres ? Ou alors, j’aurais imaginé que tu puisses les comprendre. »
Un léger temps.
« J’imagine que tu perds ta liberté lorsque tu n’es plus fille des routes mais confinée au sein d’un Temple. » Constata-t-elle lentement tandis qu’elle relève ses yeux vers elle, osant poser la question qui lui brûlait les lèvres. « Que sont devenus les tiens ? » Elle en devinait déjà la réponse, sûrement avait-il avalé par le Fléau de la fange.
Isolde était sensible par ses émotions qui pourraient être une porte dérobée dans son royaume mental et qu’elle cachait sous un voile de pudeur et de contrôle. Lorsque l’on infiltrait ses défenses, qu’on s’insinuait dans ses murailles pour se saisir réellement de son essence, elle s’en épuisait, s’en débattait, comme submergée et noyée dans des contre ses murailles que l’on avait essayé d’assiéger par la force, la manipulation. Elle leva discrètement le regard vers Kaïne. Elle était d'une impassible malice, se mouvait avec une grâce insolente comme une sirène vorace. Comment faisait-elle ? Était-elle à ce point si joueuse qu'elle en camouflait admirablement bien ses émotions ? Elle avait l'air de la sonder et de déjouer ses failles, ce qui la rendait presque créature mystique.
« Comme c’est étonnant » Souffla-t-elle dans un constat, étrangement contemplative. Ses lèvres se fendirent dans un sourire un peu plus appuyé tandis que ses yeux se plissèrent lentement d’un air espiègle, les lui étirant comme ceux d’un chat joueur. « Tu es la deuxième personne à l’avoir remarqué. » Termina-t-elle dans un sourire enjoué qui s’éteignit comme la nuit sur le monde.
Elle partit dans un rire discret avant de lever les yeux au ciel comme si une présence invisible les contemplait d’au-dessous, rire qui s’accentua dans une mélodie chaleureuse, s’enlaçant à celui de Kaïne dans une lente étreinte, à la réponse de sa devinette dit d’une manière assez subtile pour être comprise, mais suffisamment délicate pour ne pas se plonger dans une victoire prétentieuse. Elle était d’une humilité touchante derrière son air assuré cette fille d’Anür, c’était agréable.
« Je ne l'ai jamais rencontré , se justifia-t-elle tout en étirant un sourire amusé qui illumina discrètement son visage, mais beaucoup de personnes m'ont parlé de lui au détour d’une confession, ses histoires ne laissent jamais insensible. Au final, c’est comme si je le connaissais un peu, n'est-ce pas ?
À nouveau, elle la jaugea avec une attention toute particulière.
« Ne t’es-tu jamais sentie le mouton noir dans un troupeau tout en essayant d’en revêtir leur couleur ? » Interrogea-t-elle dans un sourire mais il y avait comme un faux contact à l’intérieur, une étincelle brisée. « Au point de te demander si tu n’étais pas le loup au milieu de brebis dociles ? » Questionna-t-elle, intriguée de sa réponse.
« Des fois je me demande réellement si les Trois nous mettent sur une voie pour la suivre… Ou pour la contester. » Murmura-t-elle du bout des lèvres essoufflée, comme épuisée de cet aveu.
La tension sembla se charger d’un seul coup, une aura sombre sembla l’envelopper comme un voile de ténèbres étanche jusqu’à totalement se dissiper quand Isolde sembla soudainement se détendre. D'un coup, son cœur battit lourdement entre les murailles glacées que son esprit avait érigées, dans une douceur inquiétante. Ce rythme apaisant éclipsa le reste, tout le reste.
« J’aimerais beaucoup apprendre à me défendre. Qui sait, peut-être qu’un jour la réalité de ce monde m’y obligera. » Ajouta-t-elle avec élégance tandis qu’elle égara son regard sur un point fixe. Décollant ses yeux pour les poser dans ceux de Kaïne, elle échangea un regard amusé avec elle. Isolde eût un sourire en coin significatif tandis qu'elle tapotait de son index son genou dans une lenteur reptilienne, signe qu’elle était parfaitement détendue et à son aise.
« J’ai toujours aimé la chaleur d’une bougie, mais depuis le temps que je côtoie le Temple, j’arrive désormais à me déplacer sans. L’obscurité ne m’effraie pas, je m’acclimate à elle, regarde. »
Pour appuyer ses dires, ses jambes se retirèrent rapidement de l’eau, sans pour autant la troubler la surface de vagues avant de se retirer dans l’obscurité comme un prédateur retournant dans sa tanière.
« On peut apprendre beaucoup de moi, prouver mon existence permet d’éliminer ma présence. Je peux faire perdre du temps autant que je peux en faire gagner. J’apporte la preuve de la vérité autant que de son contraire. Si l’on m’avoue, je peux être pardonnée. »
Sa voix se portait à des différents endroits du bassin, prolongé dans un écho, comme si elle se mouvait avec l’aisance d’un félin. Ses deux mains sortirent de l’ombre comme une apparition tandis qu’elle se trouvait juste dos à Kaïne avant de délicatement les poser sur chacune de ses épaules. Sitôt, un murmure.
« Qui suis-je ? »
HRP:
Si tu juges que Kaïne puisse être apte à y répondre, n'hésite pas à me le dire !
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Sam 25 Sep 2021 - 17:15
23 Février 1167.
Une bonne sœur qui avait de la conversation. Comme quoi tout était possible. Même si la nageuse y voyait surtout un signe de plus de la différence entre ce qu’Isolde était et le rôle qu’elle jouait. La curiosité, aussi surprenant cela soit-il, était rarement l’apanage des prêtres et prêtresses. Ils pensaient avoir toutes les réponses et ne se posait plus que rarement des questions en dehors de celles classique de l’homme de foi. Comme si revêtir la robe leur avait enlevé une part de leur esprit de réflexion.
- Sérélen était un chasseur, fils de chasseur et gardien du bois de Kyne, une forêt accolée aux montagnes les plus lointaine du nord. Comme son père avant lui, il menait une vie simple, dans un village plus simple encore au milieu des arbres. Par un ancien traité, ses bois étaient protégés de toute violation par le royaume et seul son peuple avait le droit d’y chasser, et ce uniquement l’essentiel, pour vivre en harmonie avec la flore et la faune. Cela duré depuis des siècles et cela aurait dû continuer des siècles. Mais les hommes oublient et les hommes prennent. Un jour un jeune noble, favori du roi pris en chasse un cerf que trouva refuge dans les bois de Kyne. Et plutôt que de tourner bride comme le voulait la tradition et le pacte signé, il entra à sa poursuite avec ses camarades. Et ils abattirent l’animal, coupèrent ses magnifiques bois et laissèrent la dépouille. expliqua doucement Kaïne dans le silence pesant de l’immense pièce.
- Une grande colère envahie Sérélen pour cette vie gâchée. Mais la jeunesse était une chose difficile à contrôler et il n’était pas un homme cruel. Il quitta les bois pour la première fois de sa vie avec son arc et trois flèches et se rendit chez le jeune sot. Il offrit un marché à ses parents. Respectant le pacte, il prendrait trois vies pour celle sacrifiée inutilement, ainsi leur demanda-t-il de lui présenter les trois plus belles montures de leur maison pour qu’il les abatte et prélève leur viande. Les nobles lui rirent d’abord au nez. Faire vouloir respecter un traité oublié de tous ? Inutile ? Jamais ! Et quand il insista et mit en doute leur honneur. Les nobles le firent fouetter et mettre dix jours aux geôles, pour qu’il apprenne sa place. Quand il sortit, on lui rendit son arc et ses trois flèches. Le soir même, il abattit les parents et le jeune homme à leur table de banquet. Chacun d’une flèche dans le cœur et il regagna ses bois, pensant l’affaire close même si bêtement. Trois vies pour une. Mais le roi préféra la vengeance à la raison et alors que Sérélen arpentait les montagnes. Il fit massacrer son village, sa famille, ses amis, tous les habitant du bois de Kyne. Trois-cent trente-quatre vies balayées par la violence. Alors le chasseur quitta de nouveau les bois avec son arc, mais cette fois-ci, il ne proposa pas de marché équitable. Trois vies pour une fut sa seule règle. Soldats, mercenaires, nobles, chevaliers. Il prit leur vie à tous et se trouva bien malgré lui à la tête d’une armée. Car en dehors des ombres calmes du bois de Kyne, la colère et l’injustice grondait. L’esclavage, les pillages, les massacres étaient le quotidien des habitants. Alors quand un simple chasseur s’opposa à tout cela avec succès, beaucoup de justice et de vengeance étaient à rattraper. La capitale finit par tomber. Et Sérélen se retrouva face au roi assis sur son trône. Il banda son arc et décocha, pour ne trouver que la gorge d’un chevalier possédant trop d’honneur pour laisser son roi mourir sans s’interposer. Et sais-tu ce qu’il fit alors ?
Kaïne pouffa dans l’eau.
- Il rangea son arc, car cet homme venait de lui voler sa réussite. Avec sa mort, il avait pris trois vies pour celle de chacun des habitants de son bois. Le pacte était payé. Malheureusement pour le roi, cette morale ne s’appliquait pas à son peuple en colère et il fut brûlé vif. Sérélen pensa à regagner ses bois, mais c’était un homme bon. Sa volonté céda face au besoin d’un peuple sans guide et emplit de peur. Il aida à ensemencer les champs, à rebâtir ce qui était détruit, à libérer ceux qui ne l’étaient pas encore. Sa seule demande en échange fut que plus jamais un cerf du bois de Kyne ne soit abattu. Mais le nouveau roi, voulant sans doute s’attirer les bonnes grâce du gardien, déclara que la chasse au cerf serait pour toujours interdite en hommage des actes de cet homme. Jour après jours, Sérélen s’éloigna de son bois, allant toujours plus vers le sud où les gens avaient besoin de lui. Il finit par trouver femme par lui donner des enfants avant que d’autres défis ne se présentent à sa porte. Jamais il ne revit les grands arbres du bois de Kyne qui l’attendent toujours aujourd’hui. conclut-elle finalement en inspirant. C’est un peu résumé, le chant complet dure une nuit du coucher à l’aube. Mais ça t’offre une petite idée du personnage.
- Je sais me guider aux étoiles, mais ce nom là est juste parce que je trouvais l'aspecti mystérieux assez plaisant. Tu perds ta liberté quand tu quittes la route pour rentrer dans l’une de vos cités et y rester Isolde… mais il est vrai que le Temple y rajoute un je ne sais quoi d’agaçant. ironisa-t-elle. Sans doute aurait-elle dû se rembrunir à l’évocation des siens. La douleur était bien présente, sans aucun doute possible. Mais elle était devenue si commune et quotidienne qu’elle n’influait plus que peu sur son moral.
- Beaucoup sont mort par la fange, beaucoup sont mort par le feu de ton temple. Rien de tel que de brûler quelques hérétiques quand on ne comprend pas une situation nouvelle, n’est-ce pas ? Le reste se fait discret. Et pour ta gouverne, je me sens comme un loup au milieu des brebis depuis que j’ai mis les pieds à Marbrume. Dit-elle avec un sourire carnassier aux lèvres. Mais oui, je vois bien ce que tu veux dire. Et je crois que tu le penses un peu trop pour ton propre bien… Si tu veux mon humble avis, les trois ne perdent pas beaucoup de temps à nous mettre sur une quelconque voie. Nos familles, le Royaume, le Temple c’est plutôt leur plaisir sadique à eux de vouloir définir la place de chacun. De jolies boîtes étroites pour enfermer ce qu’ils n’arrivent pas à appréhender.
La fille d’Anür suivit sans effort la progression d’Isolde dans les ombres de la pièce. Même sans la particularité de son peuple qui lui permettait de percevoir dans le noir presque aussi clair que si la pièce avait été éclairée, elle aurait pu la suivre rien qu’à l’oreille. Mais elle dû admettre que pour une novice en la matière, la prêtresse se débrouillait bien. Elle était juste tombée sur la mauvaise personne à surprendre.
- Je doute que le prix de mes leçons te convienne, je suis une professeure très… tactile. dit-elle en appréciant le contact des mains douces d’Isolde sur sa peau chauffée par l’eau. Tu t’appuies un peu trop sur la pointe de tes pieds. Déplace ton talon en le faisant glisser et seulement après porte ton poids dessus. Sur du bois tu aurais réveillé toute la maisonnée. Et les robes de prêtrise ont un tissu trop rêche, les frottements sont bruyants. Abielle te conseillerait la tulle, moi je te conseille de ne pas avoir de vêtement.
Elle rit et se retourna face à Isolde, son visage tout près du sien.
- Mais j’admets que je suis critique alors que l’effort était élégant. Et tu sembles en effet à l’aise dans les ombres. Elle lui tapota le nez de son doigts humide. Mais c’était une erreur de vouloir berner l’une d’elle. Celle-ci t’es pardonnée sans que tu l’avoues tourna-t-elle sa réponse pour répondre à l’énigme en même temps que taquiner la jolie prêtresse aux yeux ambrés.
Elle pourrait reculer brutalement et l’entrainer avec elle dans l’eau. Ce serait amusant. Mais si Kaïne rechignait bien à une chose, c’était trahir une parole donnée, même pour jouer. Elle pouvait mentir, tromper, trahir, mais quand elle avait admis des règles personnellement, cela la rebutait. Et puis elle préférait autant que la jeune femme y viennent de son plein gré, que ce soit par défaite ou par envie.
- Je crois que je pourrais bien finir par t’apprécier ma demoiselle des ombres. Tant que tu ne seras pas une Berthe. Mais es-tu certaine que ce soit par crainte que le monde ne t’y force que tu veux savoir te battre ?
Elle en doutait fortement. Mais peut-être Isolde n’avait-elle pas encore réfléchit plus profondément à ce point. Combler un besoin sans en chercher la cause était si courant…
- Membre d’une armée innombrable, je défends mon royaume dans les plaines de nos aïeux. J’ôte mon manteau pour mener la plus rude bataille l’hiver durant. Jamais je ne faiblis, même en voyant mes compagnons d’arme tomber sous les coups de hache de nos barbares ennemis. Armé de mille lances, je rechigne à prendre une vie. Qui suis-je ?
Lentement, Kaïne se laissa couler dans l’eau sous le poids des simples mains d’Isolde, s’amusant à jouer de sa pression précaire sans pour autant la faire basculer.
- Fumerolle adore celle-ci, si à l’occasion tu lui rends visite.
Kaïne lui expliqua l’origine de son nom. Isolde se demandait si un peu de son sang coulait dans ses veines mais se ravisa. Ouvrant doucement la bouche, elle la referma presque aussitôt : il y avait des mystères qui étaient plus beaux lorsque l’on leur laissait leur part du mythe. Elle l’aurait bien imaginé descendante de chasseur, quel dommage qu’elle se soit retrouvée sous être la fille d’une Déesse qui avait indirectement massacré les siens, cela avait quelque chose d’étonnamment tragique.
« Charmante histoire. » Se contenta-t-elle de dire, recherchant dans son esprit les milles et unes nuances de subtilité. « Trois vies pour le prix d’une. » Répéta-t-elle pour elle-même, songeuse. Elle commençait à saisir que dans les contours de son monde tout n’était qu’une question de dettes, de vengeance, et de prix à payer pour les actes, porté par les récits ou les histoires. « Je me demande pourquoi tu fais partie des filles d'Anür, je te vois plus errer pleine de fougue dans les champs en quête de liberté que de t'enfermer ici.»
« Evidemment que tu tiens plus du loup même si tu as le physique de l’innocent agneau… » Concéda-t-elle à demi-mots, avant de poursuivre. « Mais des fois, sous la peau de la brebis que l’on juge inoffensive peut se cacher les plus fourbes intentions, tu ne crois pas ? » Questionna-t-elle, avant de rire, moqueuse de sa propre question. « Mais cela reste très philosophique, je le conçois. »
À l’idée de la boîte, Isolde n’ajouta rien parce qu’elle ne partageait pas le point de vue de Kaïne. Pour elle, qui remettait en cause trop de choses, son perpétuel questionnement s’érigeait comme une immense tour, elle ne souhaitait pas ajouter des questions dont les Trois pourraient se fustiger. Kaïne croyait sûrement la cause qui amenait indéniablement à l’effet par l’Homme, Isolde pensait que le destin était déjà tracé et tissé par la volonté des Dieux, éliminant tout trace du hasard, chaque chose était à sa place et était rédigé bien avant son premier souffle.
« Pourquoi je souhaite me battre ? » S’étonna-t-elle en posant cette question rhétorique, comme si elle mesurait désormais toute l’ampleur de ce qu’elle allait dire, en l’observant tandis qu’elle se saisissait de l’une des mèches des cheveux de la nageuse pour la diriger derrière son oreille. « L’obligation du monde n’est qu’un vaste prétexte pour se battre, ça ne fait pas parti de mes motivations » Sourit-elle tendrement en observant le vide. « Je vais partir d’ici » Ajouta-t-elle le plus simplement du monde. « Et comme tout voyage… », poursuivit-elle, en laissant déraper un sourire railleur « … Il se doit d’être préparé ». Elle bascula la tête lentement en souriant tandis que ses deux mains se fixaient au bord tel un aigle sur son perchoir, quittant les épaules de la demoiselle.
Elle énuméra une liste mental qu'elle avait dressé dans son esprit et auquel elle se chargeait d'ajouter les détails qu'elle pouvait oublier.
« Cela passe par de la préparation, sans murs pour se protéger, il faut s’affûter comme la lame d’une épée, être habitué à l’extérieur et de ses dangers et astuces, écouter l’environnement qui nous entoure sinon je mourrais cette fois-ci. » Plaisanta-t-elle, semblant s’amuser de sa blague de mauvais goût. « J’ai eu une professeure le temps de deux jours mais la force des choses nous a placé sur des chemins différents. Je me trouvais assez douée, pourtant, aussi bien ancrée qu’un Arbre. » Taquina-t-elle d’un air un peu plus discret, dévoilant sa réponse mais sans pour autant être persuadée de sa réponse.
Elle la balaya d’un regard.
« Quel dommage que tu sois tactile, le poste était justement à pourvoir. » La taquina-t-elle Isolde avec une léger flegme, striant ses joues de délicates fossettes. « Tu es si exigeante, j’avais pourtant tout donné » Dit-elle, moqueuse, mais reconnaissant ses fautes, essuyant le bout de son nez mouillé d’un revers du poignet.
Elle se demandait si elle pouvait faire confiance à Kaïne ; peu lui importait au final, ça n’aurait aucune incidence sur la décision qu’elle avait déjà prise il y a bien des années de ça. Haussant lentement les épaules, elle poursuivit.
« Discuter théologie n’est pas aussi passionnant » Avoua-t-elle avec un demi-sourire en coin coupable « Prendre en grade n’a pas la saveur que j’imaginais. » Admit-elle en laissant son regard s’éparpiller à nouveau dans un endroit qui n’existait que dans son esprit.
Au contraire, il restait dans le creux de son palais un goût profondément amer, comme croquer dans un fruit dont l’acidité se répandait en un goût de pourriture jusqu’aux tréfonds de sa gorge, la rappelant à une condition qui ne lui convenait plus. À son aise, elle noua ses bras sur ses genoux tandis qu’elle poursuivait.
« Que je sois bonne ou mauvaise, je ne laisse personne indifférent. » Elle fit une pause, s’humectant les lèvres. « J’enivre autant que je dégoûte, ma puissance ne dépend pas de l’organe qui m’apprécie mais ma subtilité laisse libre court aux souvenirs et à l’imagination de tous. »
Inclinant légèrement sa tête sur le côté, elle admit un respect silencieux. Nul besoin de s’épancher dessus.
« Peu importe que tu trouves au final, cela m’est égal, jolie sirène, je fermerais les yeux si tu n’entends pas sortir du bassin . » Conclut-elle en se redressant avec grâce, ajoutant « Reste ici si tu veux, je ne viendrais pas t’en sortir par les devinettes ou par la force. Evite juste de donner trop de cheveux blancs à Berthe, veux-tu ? »
Une lueur étrange anima son regard.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Dim 17 Oct 2021 - 14:01
23 Février 1167.
Il était bien évident que Kaïne préférerait en effet parcourir bois et champs que jouer les catins de nobles dans cette cité maudite. Mais sans parler du danger que représentait la fange, elle avait bien trop à faire pour partir à présent. Et la position que sa sœur et elle avaient à présent, au sein du temple aussi bien que parmi les hauts dignitaires de cette cité leur permettait d’agir presque à leur guise.
- Je suis bien plus libre que tu ne l’es Isolde, tu ne devrais pas temps me croire prisonnière. dit-elle d’un ton tranquille même si la dernière remarque de la jeune femme avait mis fin au plaisir qu’elle prenait à cette situation nocturne. Et surtout pas faire preuve d’une pitié ou d’une compassion malvenue à l’égard d’inconnus. Garde la pour ceux et celles qui en ont besoin.
Elle nagea vers le bord et sortit de l’eau avec l’agilité d’un poisson, posant ses mains sur le rebord, elle se hissa et ramena directement ses pieds sous elle pour se retrouver accroupie. Elle se redressa alors dans toute sa nudité sans la moindre trace de gêne ou de considération. D’un pas tranquille uniquement perturbé par les petites gouttes qui glissé de sa peau jusqu’au sol comme une minuscule pluie, elle s’approcha de la prêtresse.
- Tu ne survivras pas bien longtemps là où tu veux aller si tu t’émeu pour si peu et laisse ta détermination vaciller à la moindre rencontre. Il te faudra parfois aller au bout de choses bien plus dure qu’un simple jeu d’énigme et sans renoncer à ta contrepartie, sous-peine qu’on te prenne bien plus que tu n’avais promis. Tous n’apprécient pas qu’on change les règles d’un marché. La compassion est une chose admirable, mais mal dispensée, c’est une faiblesse dangereuse.
Elle s’était rapprochée si près que son corps effleurait presque celui de la jeune croyante et sa voix vibrait d’intensité, presque d’un soupçon de colère. Mais elle lui sourit et se détourna pour s’enfoncer à demi dans les ténèbres proche et se saisir d’un simple vêtement de lin blanc qu’elle enfila prestement. L’humidité s’imprégna dans le tissu et rendit sa vision étonnamment plus indécente que sa nudité. Un comble. Elle lui jeta un nouveau coup d’œil qui glissa des pieds à sa tête comme si elle la jaugeait. Elle afficha une moue à mi-chemin entre l’amusement et la réprobation avant de soupirer.
- Si tu crois avoir assez de détermination pour apprendre à te battre et survivre en dehors des murs protecteurs du Temple… Vient dans ma chambre demain après la prière du soir, je n’ai pas de client et nous verrons si tu as tes chances. Mais réfléchis bien à cette décision. Parfois, il n’y a pas de retour en arrière possible.
Sans un aurevoir, Kaïne s’enfonça dans les ténèbres et à la seconde où celle-ci l’enveloppèrent, elle sembla tout bonnement disparaître. Ni bruit de pas, ni respiration, ni ombre mouvante. Elle était là et soudain n’y était plus. Mais sa voix revint, comme un écho lointain quelque part dans la salle sans qu’Isolde ne puisse la localiser exactement.
- Par chez vous, Sérélen ne se dit pas ainsi. On parlerait plutôt de Serus. Amusant comme coïncidence, ne trouves-tu pas ?
Sans attendre de réponse, le bruit d’une porte qu’on ouvre et ferme se fit entendre. Isolde se retrouva seule dans la pièce.
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Dim 7 Nov 2021 - 21:28
Isolde observa Kaïne longuement, l’air profondément songeuse. Son regard était semblable à des feuilles jaunies et dorées tombant autour de lui dans les rayons obliques d’un soleil d’Hiver, ne détournant le regard quand cette dernière rompit le silence en parlant. Ce ne sont pas des mots. Ce sont comme des forêts, immenses et étendues lorsque le ton de l’amusement semble s’oublier pour déceler les coups mortels que peut apporter un peu trop de gentillesse. Comme un avertissement, une mise en garde. Ce ne sont plus des mots, ce sont ceux de Kaïne.
« Tu as raison » Dit-elle lentement tandis qu’elle la contempla longuement en écoutant sa tirade chargée d’une bienveillante morale, comme l’on enseignerait la fin d’un conte à une enfant. « Néanmoins, même si le roseau se plie il ne se rompt pas. Tout dépend la manière dont tu abordes le monde » Sourit-elle, comme si elle se rappelait un souvenir ancien. « Je ne me confonds pas en gentillesse ni ne m’émeut pour si peu, Kaïne. » Répliqua-t-elle cette fois-ci plus appuyée et plus tranchante, poursuivant calmement. « Si tu le vois telle une faiblesse, je ne peux t’en faire changer d’avis mais prends garde dans ton jugement hâtif, tu pourrais être également surprise. » Conclut-elle d’une certaine malice provocante, sans défiance mais bel et bien se maquillant une charmante détermination.
Ses yeux dorés se fixèrent sur son visage comme les lanternes encapuchonnées brillant en pleine nuit alors que Kaïne s’approchait indécemment jusqu’à elle. Isolde effleura sa peau avec la délicatesse de ne pas la froisser ; laissant dans son sillage des petits séismes presque à l’en faire trembler. Son regard se déposa sur ses joues, glissant sur sa nuque et ses seins nus, balayant son sourire et sa colère entourée de velours, elle la dénuda entièrement. Plus encore de ce qu’elle n’était, comme si elle cherchait, cette fois-ci, à l’intérieur. Elle se pencha vers elle, comme une ombre prête à l’engloutir toute entière puis se freina subitement dans son mouvement.
Un silence. Contrôle.
« Il s’agissait de l’Odeur », dit-elle lentement, révélant sa réponse avant de s’en écarter et que Kaïne l’imite dans son geste, se repoussant tels deux aimants contraires. « À demain » Murmura-t-elle du bout des lèvres, comme si elle craignait de briser le silence religieux qui s’était posé comme un voile entre elles.
Kaïne l’observa d’une manière indéchiffrable, comme si elle la jaugeait en silence, ce qui sembla agacer Isolde puisqu’un pli certes imperceptible, creusa son front d’une expression un peu plus révoltée. Encore un peu plus et elle pourrait grogner .
Serus, hein ?
Faisant demi-tour, elle continua avec un léger sourire narquois.
« Plus tu parles plus je sais que nous arriverons à nous apprivoiser mutuellement. »
Mais déjà elle n’était plus là. Elle avait envoyé son regard jusqu'entre ses omoplates mais l’avait perdu dès lors qu’elle avait embrassé l’obscurité, n’entendant de ses mouvements qu’une porte qui se ferme gracieusement. Sans tergiverser davantage, elle s'assit à nouveau et immergea ses jambes jusqu'aux genoux. Elles disparaissaient dans l'ombre liquide tandis qu'un frisson remonta le long de son dos. Elle resta ainsi un long moment à contempler l’obscurité. Comme si, à travers les ombres monstrueuses que dessinaient son esprit, se découpait une silhouette familière. Isolde avait le regard lumineux, tacheté d'ombres frémissantes, bordées d'une lisière d'or.
« La vie d’avant me manque. Tu me manques… Ta mort n’efface pas la mémoire des choses : c’en est tout l’inverse, même quand tu n’es plus là, on continue de partager les souvenirs. C’est juste qu’on ne le fait plus ensemble. »
Et elle se laissa happer entièrement dans les eaux noires du bain.
____
Le lendemain.
« Bien dormi ? » Demandait Solange, étrangement de bonne humeur. « Tu as une mine radieuse ! » Sourit-elle, semblant sincère.
Sa nuit avait horrible, entrecoupée de cauchemars. Elle avait vu Etiol – ou tout du moins, elle l’avait senti errer autour d’elle.
Horrifiée mais impuissante, Isolde vue ses propres doigts faire glisser la robe le long de son corps et la mettre à nue devant un Etiol conquis, ce prédateur qui semblait maintenant se décomposer pour ne devenir qu'un tas difforme de chaire noire. Bientôt, lorsque ses pieds nus commencèrent à glisser vers lui contre sa volonté, elle entendit des voix éclater autour d'elle dans un concert de cris et d'hurlements sévères. Traînée par ses jambes devant ce dieu maudit qui s'articulait lentement vers elle, Isolde sentit l'ignoble odeur de la mort s'immiscer dans chaque pores de sa peau, l’engloutissant toute entière. Un haut le cœur l'électrifia lorsque cinq phalanges se posèrent une à une sur ses hanches, froides mais puissantes. Etiol lui faisait désormais face, tout sourire, portant tout à coup le visage de Léandre, gardant au creux de ses orbites un regard horriblement vitreux. Il s'avança davantage. Tétanisée, Isolde ferma les yeux avant de sentir un baiser glacé se poser sur ses lèvres fermées. Lorsqu'elle se réveilla en sueur de ce mauvais rêve, saisie par l'impression de porter au cœur de son entrejambe une horrible souillure, Isolde sut ce qu'il lui restait à faire : partir d'ici.
« Très. » Menti-t-elle.
Le reste de la journée se passa dans une routine plus confortable bien qu’ennuyante, Isolde n’avait été sans cesse solliciter due à sa réputation qu’elle jugeait éphémère, un feu de paille avant qu’elle ne rejoigne le banc des Oubliés. Mais pourtant un sentiment désagréable agita son cœur plorsqu’elle croisa Magelus, enfiévrée par son hallucination lors de leur aventure au marais. Et elle pensa, bien malgré elle, si cela avait été une bonne idée de le sauver.
Un peu plus tard dans la journée, quand les rayons du crépuscule percèrent entre les nuages annonçant l’arrivée de la Nuit, Isolde s’éclipsa avant de retourner dans sa chambre. Se dépouillant de sa tenue de prêtresse, elle se chargea de porter une robe aux tons neutres, totalement fade où elle se sentirait plus à l’aise, ses mains s’égarèrent également sur une étagère où elle sortit une pièce enveloppée dans du tissu, bien cachée et enfouie tout au fond de son armoire. L’arme de Priscilla.
Elle la fixa un instant avant d’avancer sa main sans hésitation vers l’objet, s’en saisir et de s’en aller.
S’oubliant dans les couloirs, bientôt les prières les plus pieuses se muèrent en cri de plaisir et autres bruits. À n’en plus douter, elle le savait : elle était dans l’aile des filles d’Anür. Elle ignorait qu’elle était la chambre de Kaïne mais son regard fut attiré par une porte ; et son instinct lui dicta que c’était sûrement celle-ci.
Face à la porte, elle sembla hésiter entre rester ou s'en aller : sa main se leva lentement et elle toqua avec une charmante résolution.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Mar 9 Nov 2021 - 17:47
24 Février 1167.
La porte s’ouvrit à la volée sur une Kaïne toute de soie vêtue. Elle portait en effet un long peignoir rouge sang brodé de complexe symbole et surmonté d’un bord de dentelle noire extrêmement détaillée qui même dans la famille d’Isolde aurait eu l’air d’un bien dispendieux. Pourtant rien dans l’attitude de la catin ne semblait indiqué qu’elle portait autre chose que la première chose qu’elle avait trouvée. Seule sa beauté naturelle permettait de rendre hommage au vêtement, ses cuisses ciselées se découvrant par l’ouverture des pants, une épaule dénudée par un nœud trop lâche, et ses yeux rouge qui semblaient avoir inspiré le choix du tissu. Elle l’observa de la tête au pieds, une main appuyée sur la porte et un sourire mystérieux étira ses lèvres.
- Mauvaise nuit. dit-elle sans qu’il n’y ait la moindre interrogation dans son ton ou son regard. Elle évoqué un fait. Elle lui fit un signe de tête pour la faire entrer et referma derrière elle avant d’aller se servir du vin dans une coupe d’acier bien plus rudimentaire que la cruche d’argent décoré dont elle usa pour ce faire. Elle ne prit pas la peine d’en proposer à son « invitée ».
- Il y a une tenue pour toi sur le lit et tu peux te changer derrière le paravent, nous commenceront ensuite. lui lança-t-elle avant de prendre une longue gorgée. Visiblement, le fait qu’elle soit venue suffisait à Kaïne pour déterminer que la croyante avait prise sa décision et elle ne prit donc pas la peine de pousser plus avant avec des questions inutiles.
Derrière sa protection visuelle, la jeune femme put découvrir la tenue en question. Des sortes de chausson fin et souple dont la découpe venait séparer les gros orteils des autres. La semelle était pour ainsi dire inexistante, lui donnant l’impression de marcher pieds nus. La seconde pièce était une sorte de pantalon de tissu, étroit à la taille et aux hanches, moulant même, mais dont les jambes s’élargissaient lentement pour devenir bouffante avant de se resserrer autour de la cheville. La dernière pièce pouvait à peine être qualifiée de vêtements. Une bande de tissu mêlant cuir et autre textiles plus élastique qui venait compresser la poitrine en laissant tout le ventre et le haut du buste nu. Deux brassards de cuir souple et un lacet, certainement pour ses cheveux, venaient compléter la panoplie. L’ensemble, d’un noir mat, était si léger et ajustable qu’elle aurait aussi bien pu être nue vu la liberté de mouvement offerte.
Lorsqu’elle sortit, son hôte, portait une tenue identique à la sienne, sans pour autant s’être attachée les cheveux. Assise sur le lit, un bras derrière elle pour ne pas basculer en arrière, elle s’amusait visiblement à tester l’équilibre d’un couteau en le portant sur son index. Son couteau… enfin celui de la bannie qui lui avait confié. L’avait-elle posée par inadvertance sur le lit en prenant la tenue ? ou l’avait-elle emmené avec elle ? Dans ce cas, comment ?
- Une bien belle œuvre, qui doit remplir son office avec efficacité. Mais on commencera avec quelque chose de moins… décisif. dit-elle, amusée avant de tourner la tête vers Isolde et d’une fois de plus se permettre de la détailler sans gêne, avec un regard bien plus orienté qu’à son arrivée.
- Ça te va bien. se contenta-t-elle de commenter en faisant d’un mouvement fluide tournoyer l’arme dans sa main et de la rengainer avant de la jeter sur le lit sans plus lui accorder le moindre intérêt.
Elle se releva dans un mouvement souple et vint lui tourner autour. Sans demander ou proposer, elle resserra encore la bande de sa poitrine de quelques millimètres, augmentant quelque peu l’inconfort mais s’assurant d’éviter tout ballotement accidentel. Puis elle se dirigea vers une sorte de meuble à mi-chemin entre le bureau et la coiffeuse. Et récupéra d’étranges bâtons sculptés. Elle en tendit une paire à Isolde qui eu alors tout le loisir de les examiner.
Des scènes et des symboles étaient gravés sur toute la longueur. Elle put par exemple deviner une forme humaine se tenant face à ce qui devait être un taureau mais en bien plus large, avec une sorte de longue fourrure. Ou à un autre endroit, ce même humanoïde devant une forêt de lances. Les dessins étaient si petits et complexe qu’elle aurait certainement dû prendre plusieurs heures pour identifier et retranscrire chaque scène. Sans parler des symboles auxquels elle ne saisissait strictement rien. Une fine bande horizontale de ceux-ci semblait couper l’objet en deux, l’une des parties juste assez grandes pour tenir confortablement dans la main.
- Ce sont des basaï. Des armes d’entrainement qu’on confie aux jeunes quand ils commencent à apprendre. Ma sœur m’a gentiment confié les siens, que tu tiens dans tes mains. Mais si tu persévères dans cette voie, nous devrons t’en faire à toi seule. Ce sont des objets… privé, intime si tu préfères. Il raconte les débuts de notre voyage en tant qu’être.
Elle s’empara d’une autre paire dont le bois était une teinte plus sombre et fit approcher Isole du centre de la pièce. Il n’y avait que d’ici que la disposition des meubles semblât prendre un tout autre sens. Si cela semblait anarchique à première vue, à présent, l’espace parfaitement dégager dans lequel elles se trouvaient, sautait aux yeux.
- Notre peuple n’apprend pas le combat et la guerre comme vous. Nous nous dansons. dit-elle d’un ton moins provocateur ou détaché qu’elle n’en avait l’habitude. La leçon avait commencé. Le Kata Al Ser est une danse qui sert aussi bien à la mort qu’à la vie, seul ton choix de son utilisation en fera une arme dans un combat. On pourrait perdre quelques semaines à philosopher sur la nature des danses, comme il est de coutume. Mais je pense que l’apprentissage pratique a plus d’atouts. As-tu des questions avant que l’on commence ?
IsoldeQueen
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Sam 13 Nov 2021 - 15:42
Soudain, la porte s'ouvrit et une étrange silhouette se dessina face à la porte, elle était facilement reconnaissable. Kaïne se contenta de la contempler silencieusement en esquissant un sourire. L’unique source lumière dessinait des ombres mouvantes sur son visage et faisait danser deux braises incandescentes au fond de ses yeux. Une intense étendue rouge, où baigner des fleurs de coquelicots entrelacées entre eux comme des couleuvres carmin, recouvrant chaque parcelle de ses iris dans un étouffant bouquet géant. Cette fille était sublime, il n’y avait rien à redire dessus. Mais une interrogation fleurit dans le ventre d’Isolde quand elle posa son regard sur elle, prenant soin d’observer ses traits maintenant qu’elle était bien plus proche d’elle. Ils lui semblèrent presque familier ; elle revit, l’éclair fugace d’un instant, celui d’Alaric se superposer au sien.
« Eff-… » Avait-elle commencé naturellement avant de se couper brutalement et de la dévisager avec une discrète surprise.
Comment réussissait-elle à la deviner aussi facilement ? Sans grande difficulté, avec une aisance déroutante. Kaïne avait un pouvoir sur elle, désamorçait sa méfiance pour attirer à elle sa confiance. Laissant déraper un sourire discret, un rire lumineux sembla l’animer, elle se laissa à découvert et décida de lui céder du terrain sur qui elle était réellement, répliquant.
« La pire de toute, tu n’as pas idée. » Révéla-telle avant de s’engouffrer dans la chambre de la fille d’Anür.
Elle l’écouta et se dirigea derrière le paravent avant de quitter sa robe morne, mais qu’elle se plaisait à porter. Elle était mal taillée mais contrastée relativement bien avec sa personnalité secrètement puissante. Isolde fit doucement glisser le tissu de sa robe sur son épaule droite. Légèrement, elle en fit de même avec l'épaule gauche, dévoilant déjà une partie de sa délicate poitrine sous le tissu. Soupirant, elle joignit les mains derrière ses hanches et dénoua le nœud qui lui enserrait la taille. Aussitôt fait, la robe s'écrasa subitement au sol, relâchant sa nudité. Cette tenue était coupée si près du corps qu'elle soulignait à merveille ses courbes et l'incroyable finesse de sa taille. Sa chevelure brune était rassemblée en une natte épaisse, ramenée négligemment sur le côté droit de sa poitrine. L’éclat terne qu’entretenait Isolde semblait être tout autre. De terne, elle dégageait autre chose de bien plus… attrayant ?
Lorsqu’elle se dégagea totalement du paravent, quelque chose avait changé dans sa démarche ; plus assurée et décisive, presque comme une armée qui marche sur le monde.
- Merci, répondit-elle mécaniquement à son compliment avant d’enchaîner, un peu plus précipitée, à toi aussi. »
Son apparition avait un quelque chose d'aérien et fantomatique. Comme si en passant sa vie à repousser certains traits de sa personnalité, il se dégageait un charme plus mutin et une énergie plus électrique à chacun de ses pas. Pas la moindre trace de mièvrerie, mais un air plus résolu dans ses grands yeux de couleur châtaigne. Isolde avait construit un espace dans son esprit pour reléguer une bête sombre, bien plus instinctive et armée de violence et l’y avait emprisonné à en lui refusant l’accès à toute chose de son être. Pour la première fois, au lieu de dissocier ses multiples traits sous un contrôle farouchement établi, Isolde semblait laisser entrapercevoir l’entièreté de qui elle était réellement et sans pudeur. Elle ne laissait que rarement l'accès à ses intimes replis d'elle-même, et avait recouvert les braises de son esprit sous un épais tapis de cendre de crainte qu’on la découvre. Il y avait en elle un noyau irréductible qui résistait à toutes les écorchures de la vie. Comme si elle ne laissait plus rien fleurir, plus rien pousser, elle s’était enveloppée, drapée dans de l’indifférence, des émotions immobiles et impénétrable d’une face figée dans le marbre.
Kaïne s’amusait à faire maintenir un équilibre à cette arme mortelle, c’est dire la manière dont elle abordait les risques. L'acuité dans son regard dégageait une intelligence prononcée, la finesse de ses lèvres et l'impassibilité de son visage, un goût prononcé pour cultiver le mystère. Une femme toute en malice et en calculs, prompte à deviner les limbes des âmes et ses contours.
« Elle est efficace pour trancher des têtes, de ce que j’en ai vu. » Avoua-t-elle avec un léger sourire innocent, contrastant avec ses paroles horriblement détaillées, preuve que les souvenirs marquaient encore farouchement sa mémoire. Elle disait cela sans dépit, comme une évidence qu'il était inutile de contester. « On me l’a confié, j’aimerais savoir m’en servir quand je la rendrais. »
Il ne semble qu'elle ne soit jamais sortie réellement de cette forêt et de toute cette noirceur. Parce qu’elle s'est sentie engloutie par cette bouche de ténèbres et que l'obscurité ne se trouvait plus non seulement autour d'elle mais cette fois-ci, à l'intérieur. Une pause où elle remarqua le regard de Kaïne la caresser d’une toute autre manière que la veille. Lorsqu’elle s’approcha d’elle comme un félin curieux, en venant lui serrer son bandeau, Isolde réprima un léger gémissement protestateur, dans l’échancrure de son haut resserré se devinait la naissance d’une délicieuse poitrine tout en rondeurs.
Ses doigts se mirent à faire jongler habilement l’un des batônnets entre ses doigts lorsque Kaïne lui donna ces étranges armes : signe des vestiges d’un ennui latent lors de ses études en théologie où elle s’amusait à faire habilement glisser la plume entre ses phalanges.
« C’est agréable à porter. » Commenta-t-elle en continuant habilement à faire tourner le bâton comme une majorette. « J’ignorais l’existence de ces… Bansaïs. » Un léger sourire dérapa de ses lèvres. « Tout aussi bien que j’ignorais que la danse pouvait être aussi… Mortelle, chez vous, j’ai envie d’en savoir plus. » A nouveau, une pause tandis qu’elle jeta son regard dans le sien. « Tu remercieras ta sœur pour moi. »
Tout se mit à bouger autour d’elle dans un flou lent lorsqu’elle lui demanda si elle avait des questions.
« Tout me semble clair. Les questions viendront avec la pratique, seulement… » Sa voix sembla se perdre dans l’hésitation, chose qui ne lui ressemblait pas. « J’aurais quelque chose d’autre à te demander. »
Son regard se perdit dans le sien.
« J’aurais encore besoin de toi sur un tout autre point. » Concéda-t-elle, avant de poursuivre sans hésitation, cette fois-ci. « Je vais devoir apprendre à utiliser mon corps, me déplacer dans l’espace et me l’approprier un peu plus. » Avoua-t-elle en fixant un point imaginaire, juste au-dessus de l’épaule de Kaïne.
« Tu maîtrises ton corps et te mouves sans encombre, tu séduits dans tes gestuelles. J’ai aussi besoin d’apprendre cela. » Elle ne s’épancha pas sur le pourquoi du comment, cela lui appartenait. Un autre silence, qui s’étalait dans la longueur tandis qu’elle la fixait. « Accepterais-tu de me l’apprendre aussi, Kaïne ? »
Et dans cet aveu, quelque chose de plus fragile. Elle était consciente qu’elle en demandait beaucoup.
« J’ai… Beaucoup à apprendre. Mais cela reste secondaire, nous pouvons commencer. » Concéda-t-elle cette fois-ci tandis que son regard s’égarait un peu pudiquement ailleurs. Là où moi je ne connais rien.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Les profondeurs d'un océan Dim 14 Nov 2021 - 14:44
24 Février 1167.
- basaï. la corrigea sans rudesse Kaïne, un sourire étirant ses traits. La somme de ce que les enracinés ignore pourrait remplir tout les océans du monde. la taquina-t-elle en évoquant pour la première fois le terme « d’enraciné » pour la définir.
- Je me demande un peu si tu me veux que je t’apprenne à séduire des hommes durant un bal, ou à pouvoir te faufiler dans le manoir sans être vue pendant qu’il se déroule. dit-elle, visiblement amusée par les deux possibilités mais surement assez perspicace pour ne pas vraiment avoir le doute qu’elle disait ressentir. Que de mystère chez une jeune prêtresse… tu cherches à me faire de la concurrence ? Mais soit… ma curiosité me perdra sans doute, mais je veux voir où cela mène. Apprend la danse, le reste suivra, foi d’une fille des routes.
Malgré cette promesse apparemment faîte, la première chose qu’appris Isolde fut de ne pas bouger. Sa jeune mai autoritaire enseignante lui indiqua où poser ses pieds pour avoir de solide appui, et comment elle devait apprendre à s’y cramponner sans jamais avoir besoin d’y penser. Elle lui apprit ensuite à tenir ses basaï correctement, l’index et le majeur légèrement relevés juste sous la garde pour offrir une prise plus souple, lui expliquant qu’ils avaient aussi une position retournée mais qu’elle n’apprendrait pas à passer de l’une à l’autre avant un certain temps. Elle se positionna ensuite en face d’elle. Le pieds ancrés en miroir des siens, et posa se armes contre les siennes.
- Nous sommes moins forte et souvent moins grande que les hommes. Alors nous ne pouvons pas stupidement parer un coup d’épée comme ils le font et espérer que ça ne nous enfonce pas le crâne. Donc tu dois savoir dévier la plus lourde des attaques, même en pleine immobilité, quelque soit le lieu, quelque soit l’espace. Comme le rocher qui dévie la rivière, tu dois soumettre la puissance par ta discipline. Et doser ta propre force.
Doucement alors qu’elle parlait, elle s’était mise à presser le bois de ses armes contre celles d’Isolde et ses bras entamèrent un étrange balai obligeant la prêtresse à les suivre. D’abords des arcs de cercles ample pour l’habituer à suivre son rythme, puis peu à peu des mouvements plus complexes l’obligeant à se tordre en tout sens comme en courbant le dos en arrière pour avoir suffisamment de place pour laisser passer son bras et les deux armes justes devant son nez.
Kaïne n’attendait pas d’elle qu’elle sache faire directement, mais ne lui enseignait rien avec des mots, elle se contentait de se mettre par elle-même dans une position délicate et de courber son corps dans un mouvement élégant pour éviter tout contact du bois avec sa peau. C’est ainsi qu’Isolde pu s’apercevoir de la différence de souplesse qu’elles possédaient. Pourtant loin d’être rigide, la jeune femme ne parvenait que de justesse à se courber assez pour éviter leurs gestes alors que Kaïne ne pousser pas à la moitié de ce qu’elle faisait sur elle-même. Elle ressemblait à un serpent ayant pris forme humaine. Un moment elle s’était tant pliée en arrière qu’Isolde avait dû se pencher sur elle, la peau chaude de leur ventre s’effleurant. Pas étonnant qu’elle évoque une danse.
Les premières douleurs arrivèrent peu après cela. Quand sa tutrice estima qu’elle avait suffisamment compris la première partie de l’exercice, elle se mit à varier la pression qu’elle exerçait sur les lames factices par de simple mais maitrisé mouvement du poignet. L’exercice qui semblait alors simple au premier abord, si on omettait une souplesse qu’elle devrait travailler, pris une tout autre tournure.
Elle devait compenser en permanence la force que mettait Kaïne dans ses gestes. Quand elle n’en mettait pas suffisamment, l’arme de son adversaire ripait sur la sienne et venait claquée douloureusement sur sa peau y laissant une chaleur vive, bien que passagère. Et quand elle surcompensait, c’était elle-même qui ripait, mais par une habilité presque magique à ses yeux, Kaïne s’assurait toujours pour que ce soit elle qui vienne se cogner bêtement sur son arme et non l’inverse.
Et toute concentrée qu’elle était à doser sa propre force pour éviter une nouvelle douleur, elle se faisait fréquemment surprendre à sentir le bois contre ses hanches en ayant sous-estimé un angle d’approche voir oublié simplement d’esquivé l’autre bras pendant qu’elle se concentrait sur le premier. Heureusement pour elle, son enseignante ne cherchait jamais à la lui faire mal dans ses moments-là, elle appuyait assez longtemps pour que la jeune femme se rende compte de son erreur puis reprenait le mouvement. Les deux seules fois où elle lui fit mal fut quand elle bougea ses pieds contrairement à la règle imposée. Des mouvements réflexes qui lui avait valu une correction fulgurante et brutale. La première fois, elle avait glissé son pied en arrière pour ne pas tomber, et elle lui avait claqué la fesse du plat de son basaï en profitant de l’ouverture dans sa garde. Lui laissant une douleur qui indiquerait certainement un joli bleu. La deuxième fois, elle avait à peine soulevé son pied que Kaïne agit, si vite que son corps devint presque flou aux yeux d’Isolde. L’un des basaï la cueilli à la pliure du genou rendu instable par son pied levé et l’autre frappa contre son épaule et pressa.
Isolde bascula en arrière, sa jambe happée s’envolant vers les cieux. Elle atterrit lourdement sur le dos et le choc expulsa l’air de ses poumons douloureusement. Un réflexe naturel, typiquement humain, la fit lever les bras devant son visage pour se protéger d’une autre attaque, mais aucun coup ne vint. Quand les étoiles disparurent de son regard, elle trouva Kaïne debout, à lui tendre la main pour l’aider à se relever et la faire reprendre l’exercice. Si elle reçu d’autres coups pendant la séance, elle s’assura de ne plus jamais lever le pied.
Malgré que l’exercice ne semblât pas très physique à première vue l’utilisation constante de ses muscles et la tension extrême qui les parcourait dans des positions toujours plus difficile, Isolde se retrouva bientôt en âge, le souffle court et put remercier les dieux de la légèreté de sa tenue. Dans sa robe elle aurait surement tournée de l’œil. Face à elle Kaïne semblait fraîche comme une matinée de printemps. Et si on pouvait deviner un très fin film de sueur qui faisait joliment briller sa peau, cela avait surtout tendance à l’érotisé plutôt qu’à laisser supposer qu’elle faisait vraiment un effort. Elle respirait calmement et ses yeux observait la prêtresse avec temps d’attentions qu’elle semblait pouvoir la déshabiller.
- Je vais te donner quelques exercices pour travailler ta souplesse. Et nous devront aller courir et faire d’autre petites choses, tes muscles ont besoin d’être développés. La prière ça ramollit on dirait. dit-elle pour l’asticoté, mais avec un sourire qui semblait satisfait de ce qu’elle voyait.
- Je te conseille aussi des bains chauds après nos entrainements. Tu vas sentir des courbature là où tu n’imaginais même pas avoir de muscles. plaisanta-t-elle toujours aussi calme et sûr d’elle.
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