Sujet: Contre vents et marées Jeu 21 Nov 2019 - 11:43
Les genoux à demi-ensevelis dans le sable humide, un homme vêtu de haillons, complètement décharné et au regard fuyant s'acharne sur la serrure d’un lourd coffre de bois, ses cheveux gras et filasses lui collent à la nuque. Une large cicatrice lui barre l’arrière de la cuisse, comme une déchirure parsemée de traces de crocs. Les traces sur le coffre et dans le sable indiquent qu’il a été traîné sur plusieurs mètres avant d’être déposé là.
Malgré les semaines et les mois passés à subir les affres du vent et de la pluie, le coffre semble être décidé à livrer sa dernière bataille jusqu’au bout.
L’homme s’esclaffe et hurle, secoue le coffre de bois comme un vulgaire pantin. Aucun son n’en provient, comme s’il était vide. Ou plein à ras-bord.
“Non. Non. Le trésor des naufragés, la plus grande des richesses ne peut nous échapper… NON!”
Il donne un violent coup sur la serrure, qui ne cède pas d’un pouce et lui entaille faiblement la main.”
“AAAHHHHH!!!!”
Comme un enfant à qui l’on aurait pris son jouet, l’inconnu se roule dans le sable en se tordant de douleur avant de saisir un galet dépassant du sable et de le jeter violemment. Le coffre bouge et la serrure cliquette. L’homme se relève d’un bond, oubliant soudainement le sang qui perle de sa main rougie.
“HAHA!”
Lorsqu’il se ressaisit du galet et lève le bras, la marque sur celui-ci se révèle au grand jour. La plaie a beau être ancienne, elle n’en reste pas moins rouge et boursouflée comme si elle avait été grattée trop souvent ou que l’eau des marais l’avait rongée.
Un coup, deux coups et la serrure se brise, libérant le loquet qui s’ouvre brusquement. Le banni éructe.
“HAHA! À MOI!!”
Il se jette à genoux et soulève le couvercle, révélant toute l’étendue d’un coffre… Parfaitement vide, à l’exception de fines gravures tapissant chaque centimètre de son intérieur.
“DES CHIFFRES? DES CHIFFRES? MAIS À QUOI ÇA PEUT BIEN SERVIR???”
L’homme fond en larmes avant de s’enfuir en courant, quelques instants plus tard un hurlement retentit, suivi de bruits de mastication. L’épave du Firmament a fait une victime de plus…
En se plaçant face au coffre, le couvercle relevé, l’innombrable suite de chiffres semble suivre un ordre logique. Et en y regardant de plus près, ils semblent être tous regroupés par suite de trois. Les dernières lignes tout au fond du coffre sont plongées dans la pénombre et à demi-effacées par les années, mais quelque chose vous dit que le message n’en est pas perdu pour autant.