Marbrume



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 [convocation]Un genoux à terre, seconde partie

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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyLun 30 Mai 2022 - 10:17
La croyait-elle réellement ? Juste comme cela, sur de simples paroles pourtant plus qu'étranges et prononcées par une inconnue ? Aeryn aurait-elle pu en faire autant à sa place ? Certainement pas… Comment le pourrait-elle après tout ? Toute cette histoire semblait si grotesque, beaucoup trop pour être acceptée aussi facilement. Mais peut-être que les paroles de la prêtresse n'étaient qu'au fond, qu'un simple mensonge. Une simple manœuvre servant de protection face à un individu,complètement fou, armé et potentiellement dangereux s'il était provoqué…

La faire parler semblait même être la meilleure façon de se protéger… Lui demander, par exemple, de décrire la fameuse entité afin d'essayer de visualiser et de mesurer toute l'étendue de la folie de son interlocutrice… Et ce fut bien ce que la jeune clerc fit en interrogeant la rouquine qui l'observait avec des yeux ronds de surprise. La mercenaire prit quelques secondes pour réfléchir, essayant d'étouffer son esprit paranoïaque qui lui hurlait de se méfier de cette femme… Femme qui pouvait, à tout moment, se mettre à hurler pour appeler à l'aide… Et comme il serait aisé de l'abandonner ensuite aux morsures des flammes ou à la grosse brute férue de décapitation. Mais… Après tout, avait-elle si peur de mourir ?

-Elle n'avait pas de visage, murmura-t-elle en fermant les yeux pour essayer de se remémorer cette rencontre. Enfin, disons plutôt que je ne l'ai pas vu… Cette chose portait un masque étrange… Une sorte de miroir qui ne reflétait pas toujours ce qui se trouvait en face… Elle se déplaçait très vite et ne semblait pas posséder de voix qui lui était propre… Il est assez délicat de pouvoir la décrire en réalité… J'avais l'impression que sous les étoffes qui lui servaient de vêtements, il n'y avait rien… Juste une forme vaporeuse rendue visible par le tissu...

Quitte à mourir, autant le faire l'esprit léger et débarrassé de toutes ces choses qui la perturbaient.

-Elle semblait en savoir énormément sur le passé de la ville mais affirmait ne pas pouvoir voir au-delà de ses remparts. Elle sculptait ou entretenait des statues à l'effigie des Trois… Mais aussi celle d'Étiol, ainsi qu'une cinquième dissimulée sous un drap.

Loin d'elle l'idée de lui décrire cette fameuse cinquième statue pourtant découverte. Après tout, Aeryn était bien incapable de dire ce qui se trouvait là dessous. Une vision d'elle-même, plus âgée ? Une femme lui ressemblant ? Un détail pouvait toutefois être décrit… Le symbole se trouvant sur le plastron de l'armure que cette femme portait :

-Dessous le drap, il y avait la statue d'une femme inconnue portant une armure sur laquelle l'on pouvait voir un symbole représentant une sorte de V souligné d'un trait … Ce symbole… Je ne sais pas pourquoi mais je suis certaine qu'il est important… Mais ce n'est pas tout… Cette chose a affirmé que ces créatures dehors, les fangeux, étaient les restes de ce que Dunyayi yayen kadan dévorait… Le premier pas… Tout se mélange dans ma tête, ma sœur… Absolument tout… Et cette chose m'a affirmé être venue à moi simplement pour rendre service à ma mère… Honorer une promesse qu'elle lui avait faite si jamais je me trouvais en danger… Parce que, visiblement, c'est moi que cette… Chose… recherche… Quant à Sombrebois, je n'en sais guère plus que ce qu'Alaric m'a raconté. Le mieux serait encore de l'interroger...

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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyMar 31 Mai 2022 - 16:54
La lune déposait son voile d'argent sur la surface dans un festival d'éclats miroitants. Assise sur le bord d'une pierre, Isolde caressa avec volupté la surface de l'eau. Le contact, doux, et l'odeur de la végétation s'associaient dans son esprit à une sorte de sérénité. Elle écoutait en faisant traverser un doigt rêveur sur ses lèvres. Avec un soupir mélancolique, elle écouta le récit d’Aeryn, bien éloignée des inquiétudes de la mercenaire, elle ne les percevait pas, ne captait pas le trouble qui agitait l'intérieur de ses mots, saisissait ses phrases d’une paranoïa inquiète. Elle se projeta mentalement les images vives décrites par Aeryn, retraça les silhouettes d'une entité disant s'appeler Marbrume, et cette prophétie mystérieuse et dont la menace était sublimée par les mots d’un peuple ancien.

À ses derniers mots, sa main se figea, interrompue dans l’esquisse de son geste ferme mais élégant comme si le temps s’était brutalement suspendu, lorsque sa phrase mourut au bord de ses lèvres, l’espace d’une pensée naissante.

« Vous en avez donc parlé à Alaric... » Constata-t-elle tandis que son regard quittait la cascade pour s’accrocher aux yeux d’Aeryn, en quête d’une réponse.

Elle resta dans une douceur tranquille, le regard posé mais ferme, fit preuve d'une écoute indulgente mais éveillée. D'un ample mouvement de tête, Isolde envoya valser sa longue natte derrière son épaule puis dressa son menton vers le haut, ses yeux dorés dévorant le ciel, chaque étoile avec un sourire particulier venant illuminer son visage.

« Et j’imagine qu’il vous croit. » ajouta-t-elle pensivement, avant d’à nouveau glisser son visage sur la surface de l’eau. Fronçant les sourcils dans sa réflexion. Elle reprit, un peu plus bas. « En avez-vous parlé à quelqu’un d’autre que lui et moi ? »

Isolde aurait aimé trouver les mots pour la rassurer mais elle en était incapable. Son histoire semblait si onirique, un songe bloqué dans un cauchemar. Son esprit cartésien aurait voulu rejeter ces informations à la volée, mais, une voix au fond d’elle, lui chuchota d’écouter.

Juste une fois, peut-être. Essayons.

Aeryn semblait étrangement sincère et plongée dans un désarroi qu’Isolde ne subissait pas. Comment pouvait-elle tout inventer ? Elle esquissa un mouvement de lèvres hésitant, avant de se reprendre, sans se laisser étourdir par cette fébrilité indécise. Elle la toisa à nouveau et hocha la tête dans le plus profond des sérieux, mesurant tout ce qu'elle disait et ce qu'elle venait de lui confier.

Elle essaiera de s'en montrer digne.

« Je serais un appui, le vôtre. »Décida-t-elle en la fixant d’un regard infaillible, presque brûlant de mille crépuscules. « Si je suis votre raisonnement, et que les Trois soient avec nous, il nous faudra être vigilant. » Souffla-t-elle. « Je suppose que vous le savez déjà. »

Elle se retourna d’un bloc en écoutant un bruit puis décida de se lever.

« Je ne connais pas de dévoreuse de monde ni le dialecte dont vous venez de me parler. » Déplora-t-elle d’un claquement de langue. « J’ignore si des écrits se situent à Sombrebois pour creuser ce que vous venez de me dire. » Un temps, à nouveau. « Mais le monde est en train de changer, et bien plus vite qu’on ne le croit. »

Trop de troubles, les choses agissaient comme des ondes souterraines, dans l’ombre quelque chose se tramait, Isolde l’avait senti dès l’instant où ses yeux avaient rencontré ceux de Rosen de Sombrebois. Que se passait-il dans ce bourg pour qu’Aeryn prenne soin de l’alerter ?
Alaric lui avait murmuré que le monde était en train de changer, qu’elle aussi pouvait évoluer dans cette spirale, mais Isolde n’arrivait pas à distinguer encore si c’était pour le meilleur…

Ou bien le pire.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyMar 31 Mai 2022 - 18:25
23 Mai 1167.
[convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 Ulb7


La première partie de la journée fut des plus monotone, le convoi étrangement divisé entre l’appréhension de reprendre la route et l’empressement à atteindre leur destination finale. Et les échanges, aussi limité que possible par le chef de guilde ne dépassaient pas les quelques mots. C’est après une courte pause à midi que le climat aussi bien émotionnel qu’extérieur s’illumina quelque peu. Un chaud soleil et un vent doux avaient fini de chasser la fine couche nuageuse qui avait blanchi le ciel jusque-là, lui rendant son intense bleu.

Seul quelques tâches blanche cotonneuse et éparse en brisaient l’infinité comme des moutons dans une prairie. Pourtant loin au Nord-Est, à la crète des montagnes, on pouvait deviner un amas sombre et chargé signe que le beau temps ne saurait durer plus d’un jour où deux.

L’autre chose qui avait changé était les gens sur les routes. Oh, nous étions loin de la grande époque où les routes commerciales pouvaient être bondée du soir au matin, mais force était de constater que la renaissance de Sombrebois et la reconstruction de Balazuc avaient rendu ce tronçon bien plus vivant que les autres routes du royaume. Les deux villages échangeant matériaux et mains d’œuvres régulièrement.

Ils avaient déjà croisé deux convois dans le sens inverse de leur marche, et Lili avait annoncé qu’un troisième approchait après l’avoir entraperçu au sommet d’une colline. Sans parler de fréquentation continue, l’ambiance était très différente du désert inquiétant qui séparait Piana de Balazuc. A la fois réconfortant et inquiétant, car plus les passages étaient nombreux, plus la crainte d’une attaque se faisait sentir.

Alors qu’ils se remettaient en route, Clay vint naturellement prendre place près de la jeune prêtresse, même si son regard était posé sur le dos d’une autre qui ouvrait la marche devant, ses cheveux de feu frémissant dans l’air. Il avait passé la matinée près de Lucian et même s’ils n’avaient à première vue que peu discuter quand elle les avait regardés, leur air soucieux avait suffit à créer une sensation d’échange entre eux.

A présent son visage était bien plus détendu, bien que son regard suffise à trahir les préoccupations de son esprit, dont il ne semblait pas avoir envie de se cacher. Sa voix était tranquille, mais toujours teinté de cette petite assurance joueuse qu’il avait déjà utilisée avec elle quand ils s’étaient faufilés hors du camp malgré le risque. Le tout assez bas pour ne pas s’attirer le courroux de leur protecteur.

- L’être humain est étrange non ? Jamais vraiment satisfait…

Il inclina la tête vers elle comme s’il s’attendait à quelque chose, mais poursuivit après avoir repris son observation.

- J’avais hâte d’arriver à Balazuc, comme si confier ce que nous avions vu nous déchargerait de ce fardeau. Puis j’ai eu hâte de partir, oppressé par le climat de crainte et de questionnement que nous avons généré. Et maintenant que nous sommes dehors, une partie de moi regrette de ne plus voir des barricades ou de mur là où je porte les yeux.

Un soupir et une tête secouée furent les choix qu’il fit pour accompagner cet étrange sentiment qu’il ne semblait pas apprécier. Il continua.

- Je dois admettre que votre réaction m’a finalement bien plus surpris que le reste. Je veux dire les horreurs et étrangetés hors des murs ne sont plus si rare. Mais je ne pensais pas qu’une sœur y serait si… préparée. Altan, passe encore, il a toujours été un peu étrange, aussi loin que je me souvienne, je ne crois pas l’avoir jamais vu mal à l’aise. Mais vous ? Êtes-vous une guerrière centenaire qui se cache dans le corps d’une jeune prêtresse ?

Le ton était plaisantin, mais pas dénué d’un certain respect, comme si son audace autant que sa maîtrise l’avaient convaincu qu’elle en était digne au-delà de tout soupçon. Il hocha la tête en direction de la mercenaire aux cheveux de flammes.

- J’ai l’impression que vous êtes bien la seule en dehors de ses compagnons à avoir franchi le mur dont elle s’entoure. Vous avez une astuce pour un pauvre bougre ignorant ?




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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyMer 1 Juin 2022 - 10:07
À l'évidence, la prêtresse réfléchissait à voix haute, posant des questions qui n'exigeaient aucune réponse. Pourtant, la rouquine ne put s'empêcher de hocher doucement la tête pour confirmer le fait d'avoir raconté tout cela au capitaine de Sombrebois et que ce dernier avait cru à cette histoire. Pourquoi et comment son ami avait-il pu accepter et croire aveuglément à toute cette histoire, Aeryn n'en savait rien. Mais elle lui en était reconnaissante, comme elle pouvait l'être envers cette jeune femme qui ne semblait pas mettre sa parole en doute…

- En avez-vous parlé à quelqu’un d’autre que lui et moi ?
- Oui… Ce récit, je l'ai également raconté à l'un de mes frères et à… euh...une connaissance... soupira-t-elle, honteuse.
Mais cela… Malgré moi… Les deux m'ont trouvé au pire moment possible. J'étais ivre, perdue et en colère, la chose m'a plus ou moins échappée….

Et eux, l'avaient-ils réellement cru ? Peut-être, sans doute… Impossible à affirmer néanmoins. Les deux miliciens s'étaient retrouvés face à une mercenaire ivre et amère vociférant des paroles qui, avouons-le, n'avaient ni queue, ni tête.

Malgré tout, la prêtresse ne semblait pas remettre ces mêmes paroles en doute. Ce que Ryn trouvait d'ailleurs particulièrement étrange.

-Pourquoi ? demanda-t-elle finalement, levant un regard surpris dans la direction de la représentante des Trois. Comment faites-vous pour me croire sur parole ? Je veux dire… Vous pourriez tout aussi bien me croire folle. Après tout, vous ne me connaissez pas. Alaric est un ami…Quant à mon frère, il en sait bien plus sur moi que ce qu'il semble croire. Même cette "connaissance" me connait plutôt bien… Mais vous… Vous avez toutes les raisons du monde de ne pas y croire…

Mais peut-être était-ce tout l'inverse…

-Vous n'avez rien à craindre de moi, ma sœur... soupira la mercenaire. Vous savez, j'ai bien du mal à croire à tout cela moi-même. Comment le pourrais-je, après tout ? Il est fort possible que toute cette histoire ne soit en réalité aucune hallucination. Le fruit d'un esprit malade ou au moins suffisamment dérangé pour imaginer tout ceci… Pourquoi une entité pareille me choisirait moi pour faire passer son message ? Elle a certes parlé d'une promesse faite à ma mère… Une mère que je n'ai jamais pu connaître. D'ailleurs, tout ce que je sais scellé m'a été compté par un étranger, c'est dire...

La rouquine se releva en pouffant.

-Je vous remercie, ma sœur. Vous parler m'a au moins permis de soulager un peu mon esprit. Je ne saurais dire s'il existe une bibliothèque à Sombrebois… Le baron semblait préférer collectionner les cépages plutôt que les ouvrages... mais qui sait ?

"... le monde est en train de changer, et bien plus vite qu’on ne le croit."
-Figurez-vous qu'Alaric m'a précisément affirmé la même chose… Il change, sans doute… Mais je suppose que c'est dans l'ordre des choses.

Ses pensées allèrent naturellement vers Marbrume. Combien d'époques avaient défilé devant ses yeux ?

-Pour le pire comme pour le meilleur… Le monde change constamment. C'est ainsi…


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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyJeu 2 Juin 2022 - 19:03
Isolde plissa les yeux lorsqu’Aeryn lui répondit. Elle en avait parlé à quatre personnes, espérait-elle qu’il n’en aie plus. Son histoire pouvait être aisément mal interprétée et les prêtres en quête d’hérésie pouvaient être attirés comme l’ours par du miel si un tel récit venait à être soufflée à l’un d’eux. Qu’en aurait fait le père Altan ?

Aeryn, elle qui semblait si forte n’était qu’une amazone faite d’argile, prête à se rompre sous le poids de ses propres questions. Elle semblait si fragile, si vulnérable, doutant même de ses propres mots, de sa propre conviction. Pour chasser tout doute et la gangrène de questions qui l’assaillait tel un essaim d’abeille, Isolde déposa une main sur son épaule où elle exerça une légère pression de camaraderie.

« Le simple fait que vous vous questionnez sur le fait d’être folle fait que vous ne l’êtes pas, je vous l’assure. » Se contenta-t-elle de répondre, avant de la balayer d’un regard lent. « Je ne crains rien de vous Aeryn, vous pouvez me croire. »


_



Sans plus s’attarder, elle s’était avancée vers le flanc de la diligence, frappée de plein fouet par le changement des courbes du monde qui s’étirait devant elle. Plongée dans un silence méditatif, ses pensées s'égarérent, tandis que son regard savourait le paysage comme une vision d'art. Une vision fugace de l'étreinte lumineuse de deux nuages la nargua mais se déroba rapidement de sa vue, comme chassé par le souffle d'une brise; les fils dorés du soleil épousaient leurs contours, s'enroulaient autour du ciel dans lequel se perdait son regard. Hameçonnée par son instinct, elle pivota lentement son visage vers la bordure d'une forêt. Sa silhouette, dépouillée de sa tenue de prêtresse, natte au dos, marchait d'un pas décidé à côté du chariot.

Toute concentration ou sensation d'apaisement la fuya d'un coup lorsque Clay marcha à ses côtés.Elle inspira profondément, tourna la tête vers la sienne et lui renvoya un sourire amusé.

« Vous me prenez pour ce que je ne suis pas », répondit-elle dans une espièglerie mutine « J’aurais aimé être une guerrière centenaire. Néanmoins, Anür a préféré que je me situe plus proche d’elle que des champs de combat. » Souffla-t-elle sur le ton de la confidence.

Un léger temps. Son regard balaya à nouveau l’horizon à la suite de ses mots, un vide béant avait remplacé la portion des remparts et les hauteurs médiocres des bâtiments de Balazuc pour des plaines vastement étendues, comme si la Fange avait chassé un morceau de réalité sur un appétit carnivore pour ne laisser que des collines désertes, des steppes encore hantées par le cri des hommes tombés sous le fléau.

« J’y ai été préparée, un peu malgré moi, ma dernière sortie des murs a été… Marquante. » Fit-elle en plissant les yeux sous un air plaisantin mais bien plus feint. « Oh, d’ailleurs, je ne vous ai pas demandé, mais d’où connaissez-vous Père Altan ? » Elle s’humecta les lèvres. « J’ai l’impression que vous parlez peu de vous. »

Lorsqu’il parla d’Aeryn, ses paupières battirent comme les battements frénétiques d’un papillon.Que devait-elle comprendre ? Elle ouvrit la bouche pour questionner, mais remarqua alors la rangée de profonds sillons dans ses yeux, comme ceux désireux reçevoir une réponse adaptée sur la mercenaire. Aeryn était une amazone revêche, une guerrière sauvage, façonnée par la dureté de l’expérience et dont l’esprit était écorché par la vie. Prête à bondir à la moindre incartade, avec un incendie profond intérieur qui lui brûlait au fin fond des yeux.
Elle sourit en hochant la tête, oui, c’était une grande guerrière.

« Oh. » Fit-elle en laissant son regard dévier sur Aeryn à la suite du sien, là où il semblait avoir posé ses yeux. « Je ne sais pas trop, ça s’est fait plutôt naturellement… » Avoua-t-elle, ajoutant d’un sourire.« Je vous conseillerai de vous armer de courage et d’être qui vous êtes. »

Elle le dépassa d’un pas, se tourna souplement sur elle-même, poursuivant sa marche à reculons.
Elle leva le nez vers lui, ses yeux dorés le considérant avec une indulgente bienveillance.

« La survie est ce qui la constitue, aussi, prouvez-lui que vous êtes digne de confiance. Si vous l’êtes, elle se laissera approcher. Si non… »


Ses épaules s’arquèrent vers le ciel comme l’esquisse d’un sourire navré.

« Vous ne pourrez vous blâmer de ne pas avoir essayé. »
Conclu-t-elle alors que d’un mouvement ample de la tempe, elle l’encourageait à aller la rejoindre. « Ne craignez pas de me laisser seule, comme vous l’avez dit, je suis une guerrière centenaire. » Souffla-t-elle dans un chuchotement pour éviter les remontrances.

Au loin, une corneille s’était envolée dans un graillement d’avertissement.
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyJeu 2 Juin 2022 - 22:15
Je n’aime pas les gens, enfin, j’aime bien les femmes, mais pas quand elles sont trop nombreuses. Je m’explique mal, je n’aime pas croiser la route de trop gens, qu’ils soient de sexe féminin ou pas. Bref, je n’aime pas la foule quand je suis à l’extérieur de Marbrume. Je sais qu’avant l’arrivé de la Fange, le spectacle était habituel, mais là, c’est devenu bizarre.

À chaque fois qu’un convoi a été annoncé, j’ai envoyé un éclaireur de la troupe des mercenaires pour connaître leurs intentions. J’y serais bien allé moi-même, mais je dois rester à ma place, en tant que chef de convoi. C’est bizarre, la vie, quand on y pense. Durant toute mon enfance, j’ai dû me débrouiller tout seul, puis j’ai tué mon frère et la meilleure période de ma vie à débuter. J’ai donc appris à déléguer, commandant même des troupes. Puis la Fange est arrivée et je me suis retrouvé seul. Et maintenant, je dois déléguer à nouveau.

En-tout-cas, je ne me laisse pas avoir par toute cette agitation. Les goules sont toujours présentes, de même que les bandits et il serait tout à fait suicidaire de baisser notre garde, c’est pourquoi je m’adresse à Lili qui vient d’annoncer un troisième convoi :

Reste près de nous jusqu’à ce qu’il soit passé. Nous allons nous arrêter pour lui laisser de la place.

J’évite ainsi tout risque d’embuscade. La situation me rend, en effet, nerveux. En plus, je ne me suis toujours pas habitué à l’apparence de la gamine et je lui indique :

Continu à faire du bon boulot et tu auras droit à une poupée et des fruits confits.


Je ne sais guère m’adresser à des gosses, mais il me semble que c’est cela que veulent les enfants. J’ai pu obtenir les deux d’un marchand et je suis prêt à lui donner à la fin de notre voyage, du moins, si tout le monde survit.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyVen 3 Juin 2022 - 15:55
23 Mai 1167.
[convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 Ulb7
Comme d’habitude Lili s’ennuyait. Une condition qu’elle avait appris à accepter, autant que la douleur. Ennui et souffrance, ses deux amies. Pour autant les choses étaient de devenue sensiblement plus intéressante depuis que Rynette avait rejoint leur groupe. Elle était grognon, méchante, blessante parfois et elle refusait encore la plupart du temps de la laisser dormir contre elle tant que le froid ne les menaçait pas. Mais son cœur… comment faisaient-ils tous pour ne pas le voir ? Ses filaments d’or s’étiraient, comme une toile vivante, s’accrochant à chaque être, s’enfonçant dans leur poitrine ou se saisir de leurs cœurs, de leurs âmes et s’y propager. Pas comme une maladie, non, Rynette n’était pas une maladie. C’était un feu, une chaleur.

Mais tous ils agissaient sans aucune conscience de ce qu’elle leur faisait. Se rendaient-ils seulement compte quelle façonnait leur avenir à chaque pas ? Que s’ils restaient trop longtemps près d’elle, ils ne pourraient plus suivre autre chose que le destin vers lequel elle se dirigeait ?
Le bleu de la prêtresse se mêlait mieux que les autres à son doré. Elle ne s’étirait pas elle, elle n’envahissait pas la couleur des autres. Mais elle ne cédait pas au doré non plus elle semblait s’en nourrir, l’absorber, le transformer pour briller plus vivement.

- Aye aye Chef ! Répondit-elle gaiement au grand guerrier qui menait leur petite troupe. La poupée ne lui disait pas grand-chose, mais les fruit confit faisaient partie des plaisirs quand en refuse pas. Surtout si on les obtient en faisant comme d’habitude.

Chez lui, le point de contact était tumultueux. Son marron sombre se dressait comme une muraille face à toute intrusion. Mais le doré, comme les racines d’une plante entre les pierres se faisaient lentement sa place et on pouvait voir la lueur grandir à chaque pointe infiltrée. Ses compagnons à elle n’étaient pas aussi résistant, même Corin avait changé à son contact. Il ne s’en apercevait pas encore, mais à mesure que le doré avait infiltré son rouge sang, il était redevenu un peu plus l’homme qu’il avait dû être avant de fermer son cœur au monde. Parfois, il leur parlait même sans qu’on le sollicite, ça le rendait moins ennuyeux. Mais ses mains s’étaient remises à trembler. Elle le voyait les fixer la nuit, comme pour les soumettre à sa volonté.

L’argent du nouveau mercenaire aussi commençait à être affecté. Elle ne l’avait pas aimé quand elle l’avait vu. Il brillait trop. Lui faisait mal aux yeux comme quand on fixe le soleil. Mais à travers le filament doré elle parvenait enfin à le supporter, comme si sa luminosité ne voulait plus la repousser. Peut-être que c’est parce qu’elle était aussi sombre que lui était brillant ?
Elle baissa les yeux sur son buste pour voir la noirceur qu’elle dégageait depuis toujours et sourit. Le doré était encore là, comme une boule chaude au sein de sa poitrine qui atténuait sa douleur, et elle pouvait le voir s’étirer sans peine jusqu’à Rynette, puissant, continu. En son cœur, un fil de son noir progressait doucement.

Oui Rynette et son doré pouvaient toucher toutes les couleurs ! Mais pas tout les êtres… Son regard se posa sur le grand prêtre donneur de pomme. Elle l’appelait Lucian, parce que père Altan sonnait faux à son oreille et à son cœur. Cet homme était aussi prêtre qu’elle était une chaise, elle en était certaine. Mais les gens disent souvent être une chose qu’ils ne sont pas. Rynette affirmait ne pas se sentir concernée par les autres ou même ses propres sentiments. Pat disait être fatigué de son rôle sans rien vouloir faire d’autres. C’était un truc d’adulte de mentir sur ce qu’on était, elle l’avait bien compris.

Mais lui. Il n’avait pas de couleur. Pas même le chatoiement léger d’un mourant ou d’un homme qui ne veut plus vivre. Non, il était aussi impénétrable que les pierres qu’ils dépassaient sur le bord de la route. Même le doré ne le voyait pas. Les filaments s’étiraient et se tordaient en passant près de lui comme s’il était invisible. Mais lui, lui il le voyait.

- Le noir est une couleur magnifique, lui avait-il chuchoté à leur premier échange.

Depuis qu’elle était sortie des flammes, il avait été le seul à voir les couleurs et d’aussi loin qu’elle se rappelle, le seul à les voir sans essayer de les tordre à sa volonté. Ils avaient voulu lui arracher son noir, l’enfoncer de force dans la couleur des autres, jusqu’à ce qu’ils en aient assez de jouer avec elle. Plus jamais ! Mais Lucian ne voulait pas ça. Il voulait juste regarder les couleurs et voir leur réaction les unes aux autres. C’est pour ça qu’il avait amené l’argent et le bleu, c’est pour ça qu’ils allaient vers le vert. Elle en était sûre.

***


- Les luttes d’Anür demandent bien plus de courage, le bras qui tient la bêche a bien plus de mérite que celui qui tient l’épée.

Clay cligna des yeux, surpris et retint un rire.

- Me voilà à réciter les psaumes des enseignements aux novices ! On peut dire ce que l’on voudra, mais cet enseignement a fait ses preuves, en matière de mémorisation, si ce n’est de compréhension. Mais ce passage a-t-il au moins l’occasion de se vérifier avec vous Isolde. Si vous évoquez ce que je pense, alors vous auriez plutôt une raison de ne pas être ici que d’y faire face courageusement. Du coup je me demande… est-ce ce qu’il y avait hors des murs qui vous a endurcis, ou ce qui se trouvait dedans auparavant ?

Il semblait plus réfléchir à voix haute que la questionner, comme on pouvait théoriser lors des séances de débats pendant ses leçons au Temple. Il n’y avait pas de pression, pas d’attente, juste une éventualité soumise à l’intelligence des gens présent. D’ailleurs il répondit à sa question sans attendre qu’elle ne se force à elle-même réagir.

- Je l’ai connu il y a près de dix ans. Il a même été mon précepteur quelques temps. Ses leçons m’ont été précieuses. Tant à l’épée que sur ce qui est juste à défendre. C’est un beau parleur ! Mais qui choisit aussi avec soin ce qu’il dit. Quand nous nous sommes revus à son arrivée à Marbrume, notre relation est passée de l’enseignement à l’amitié. Du moins c’est ce qu’il me plait de croire. Dit-il en haussant les épaules.

- Je parle peu parce que l’on me questionne peu. Ma famille… Mon père devrais-je dire, n’a jamais vraiment prôné le dialogue. « Se confier c’est montrer ses failles ! » me disait-il toujours. J’ai toujours eu du mal à voir en quoi cela était un problème, mais malgré tout, l’habitude m’a poussé au silence…

Le convoi sous les consignes de Desmond s’arrêta sur un bord un peu plus large de la route pour être dépassé sans gêne par celui qui avançait dans l’autre sens. Les marchands se saluèrent d’un air maussade mais poli, les mercenaires gardèrent la main sur la poignée de leurs armes.

- Être qui je suis et me montrer digne de confiance… murmura-t-il en reprenant le parole d’Isolde dans sa barbe. Il eut un sourire penaud à son attention.

- Pas les choses les plus simple à faire, pas vrai ?

Son regard glissa du visage d’Isolde au dos de la rouquine qui reprenait son avancée en tête.

- Mais bon, je ne voudrais pas me blâmer de ne pas avoir essayé ! Voyons donc si je peux survivre quelques minutes avec elle. Si je suis en danger je hurlerais pour que vous veniez me sauver, guerrière ancestrale.

Il lui fit un clin d’œil et la dépassa pour se diriger tranquillement en tête de convoi. Comme à son habitude la jeune mercenaire avait son attention focalisée sur la route et l’orée des arbres, son devoir coller à sa peau comme une tique à un cul. Il faillit toussoter pour indiquer sa présence, mais cela aurait été stupide. Elle savait qu’il était là, elle n’éprouvait sans doute juste pas d’envie de chercher à savoir pourquoi il l’approchait.
Il laissa passer quelques secondes de silence uniquement rythmé par des bruits de bottes sur la piste.
« Être soi-même… ». Clay inspira. Quitte à se jeter contre un mur, autant le faire de bon cœur.

- Je ne sais pas si on te l’a déjà dit. Mais ton visage hante mes rêves.



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 11:45
Depuis toujours, Ryn détestait qu'on lui colle au train. Cela lui donnait la désagréable impression d'être suivie personnellement… D'être jaugée et surtout menacée… Une impression qui provoquait toujours un profond malaise… Qui la prenait aux tripes tout en éveillant ses instincts de préservation et de survie…Et si cette sensation avait toujours existé chez elle, du moins… d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, celle-ci n'avait fait que croître depuis les mises en garde de Marbrume. Aussi, lorsqu'elle sentit la présence de l'intru derrière elle, la mercenaire dû lutter contre son envie de sortir sa lame pour le repousser pour de bon. La jeune essayait de prendre sur elle, de chasser sa colère en se répétant qu'il ne faisait que marcher… Trop près d'elle, certes… Mais ils allaient tous dans la même direction… Alors, la rouquine se contenta simplement de serrer les dents tout en continuant de se concentrer sur l'environnement… Jusqu'à ce que...

- Je ne sais pas si on te l’a déjà dit. Mais ton visage hante mes rêves.
-Hein? grogna-t-elle de surprise sans pour autant cesser de marcher. C'est à moi que vous parlez là ?

La mine de l'intru ainsi que son regard posé sur elle semblaient le confirmer en tout cas. Perplexe, Ryn le dévisagea un instant tout en affichant une expression particulièrement sévère… Comme si ce type, cet inconnu qu'elle trouvait particulièrement suspect venait précisément de l'insulter. Parce que c'est évidemment ainsi qu'Aeryn interprèta les paroles de l'homme : des insultes, une forme de provocation sans doute.

- On ne se connait pas et je ne vous ai même jamais adressé la parole. Je n'y suis donc pour rien si ma tête ne vous revient pas au point d'en faire des cauchemars.. Alors, comportez-vous en adulte et gardez vos ressentiments pour vous et fichez-moi la paix...Je travaille là, je ne suis pas ici pour m'amuser.

Et elle pressa le pas pour mettre un peu plus de distance entre elle et lui… Personne ne lui avait jamais dit ce genre de chose et pourtant, elle en avait entendu des injures. Pour qui se prenait-il celui-là ? Il pouvait bien la mépriser, même dans son sommeil, elle n'en avait cure … En revanche, venir lui dire cela alors qu'elle se contentait de faire son travail, ça, elle peinait autant à le comprendre qu'à l'accepter.
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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 13:00
23 Mai 1167.
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Être soi-même… quelle idée à la con ! Il faillit bien se retourner pour jeter un regard noir à la prêtresse. Mais cela aurait juste caché son échec cuisant. Il avait même réussi à rendre la situation encore plus compliquée qu’elle ne lui paraissait déjà. Un exploit dont personne ne se vanterait dans un livre épique. « Ainsi le héros parvint à vexer la princesse en faisant une allusion totalement à côté de la plaque ». Bon il n’était pas un héros et la jeune femme n’aurait été considérable comme princesse que dans une tribu guerrière des steppes de l‘ouest lointain. Mais ça restait un échec retentissant même en se contentant de leur statut actuel de mercenaire.

Il aurait pu renoncer, au moins son orgueil en serait-il sorti à demi en vie. Mais ce visage… Non, il ne pouvait pas renoncer. Nouvelle inspiration pour rassembler les fragments de son courage et de ses grandes enjambées il rattrapa Aeryn sans trop d’effort, bien qu’elle ne fasse pas vraiment en sorte qu’il y parvienne.

- Pardonnez-moi. Dit-il très simplement, laissant un espace de silence avant de poursuivre afin d’appuyer ses mots. Je n’avais pas l’intention de vous blesser, encore moins de vous énerver. Laissez-moi reprendre sur de bonnes bases, je ferais mieux cette fois. Pas forcément moins bizarre, mais mieux.

Il lui tendit la main.

- On m’appelle Clay.

Bien que ses yeux restèrent plein d’une animosité évidente, elle serra sa main en retour. C’était déjà un meilleur début, mais il ne se voyait pas vraiment parler de la pluie et du beau temps avant d’aborder ce qui le tracassait visiblement. Premièrement, parce qu’il avait attendu trop de temps pour cet instant. Deuxièmement, parce que la mercenaire ne semblait pas du genre à apprécier les discussions futiles, à part peut-être pour envoyer chier ceux qui les commençaient.
Quand faut y aller…

- Je ne plaisantais pas Aeryn. Je peux vous appeler Aeryn ? Se rattrapa-t-il pour éviter un nouveau malentendu. Il regardait droit devant lui pour éviter le regard de la jeune femme qui ne tarderait pas à le prendre pour un parfait abruti, ou un fou.

- Je vois réellement votre visage dans mes rêves, chaque nuit depuis bientôt un an.

Même lui trouvait ça fou. Mais c’était de ne pas en parler qui aurait fini de le faire basculer dans la démence. Des jours, des semaines, des mois, à revoir les même traits chaque nuit. Et voilà qu’en plein milieu d’un convoi, il les retrouvait sur une personne bien vivante.

- Vous êtes plus âgée, ou plus marquée peut-être, dans une armure qui a éprouvé de nombreux combats. Un symbole est gravé sur le plastron. Et je sens que c’est important. Très important.

Il se passa la main dans les cheveux pour se gratter le crâne avec dépit. C’était encore plus abracadabrantesque une fois exprimé à voix haute. Il s’était attendu à être ridicule, mais là… il n’y avait bien que parce qu’il était celui qui faisait ces rêves qu’il ne riait pas de bon cœur à sa déclaration.

- Je…

Il soupira.

- Ça parait fou non ? Ou alors le plan de séduction le plus pitoyable de notre époque… dit-il pour essayer de détendre l’atmosphère sans vraiment oser regarder vers celle qui avançait à ses côtés et qui devait le dévisager comme s’il était le dernier des ahuris.



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 16:05

-"On vous appelle ?" Dois-je comprendre que ce n'est pas réellement votre nom ? lui demanda-t-elle en récupérant sa main, toujours aussi méfiante envers cet homme étrange qui affirmait voir son visage en songe depuis… une année ?

Au début, elle le prit pour un fou, évidemment. Quelle personne, saine d'esprit pouvait affirmer pareille chose ? Mais lorsqu'il décrivit son apparence durant ces fameux rêves… Son âge, l'armure, le symbole, Ryn en fut si estomaquée qu'elle cessa brusquement de marcher.

-Que… Qu'est-ce… Mais bon sang, qui êtes-vous ?

Comment ne pas songer à cette statue inachevée que Marbrume lui avait exposée ? Cette femme qui lui ressemblait et qui portait cette fameuse armure ornée d'un symbole mystérieux. L'avait-il réellement vu ? Ou… L'avait-il simplement entendu en espionnant la conversation de veille ? La mercenaire avait effectivement évoqué cette statue, mais n'avait aucunement parlé de cette ressemblance à sœur Isolde… Aurait-il pu faire l'amalgame de lui-même ? L'hypothèse ne pouvait être à exclure … Après tout, n'exitait-il point en ce monde des personnes intelligentes aimant user de manipulation et ce dans le but d'obtenir quelque chose de leur victime ? Et … Ne l'avait-on pas prévenu que quelqu'un la cherchait afin de s'emparer de son sang ?

Malgré tout, cette histoire de rêve avait éveillé sa curiosité tout comme l'avait fait cette statue.

-Vous avez raison, cela paraît fou... soupira la rouquine tout en lançant un regard en direction de sœur Isolde. Mais peut-être vous trompez-vous, tout simplement. Vous avez rêvé d'une rousse… et nous en avez rencontré une… Il parait que toutes les rouquines se ressemblent… De vraies sorcières.

Amusée par ces propos maintes fois entendus, Aeryn sourit avant de reprendre sa marche.

-Mais cette femme en armure, que fait-elle exactement ? Elle apparaît simplement dans vos rêves, juste comme ça ou vous parle-t-elle ? Pourquoi pensez-vous que cela est important ?

Curieuse mais pas imprudente, la mercenaire préférait en apprendre plus avant d'envisager quoique ce soit. Cet homme, elle ne le connaissait ça et la jeune femme savait pertinemment que le récit de sa rencontre avec l'entité pouvait à tout moment la conduire au bûcher...


Dernière édition par Aeryn Monclar le Sam 4 Juin 2022 - 19:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 18:05
23 Mai 1167.
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Elle avait l’esprit vif. La plupart ne relevaient la nuance dans cette phrase que lorsqu’il la prononçait pour que ce soit le cas. Une variation de ton, un « On » appuyé. Or, il n’avait rien fait de la sorte. Cependant son arrêt brusque le prit nettement plus de court, au point de le faire douter de ce qu’il avait dit. Ce ne fut qu’en se tournant vers elle et en percevant la perplexité dans ses yeux qu’il comprit que c’était l’évocation de son songe et non le trouble de son identité qui provoqué cet émoi chez la taciturne mercenaire.

Ce qu’il lui disait lui paraissait peut-être fou, mais cela trouvé aussi un écho. Elle savait de quoi il parlait ! Enfin peut-être pas, mais le sujet la surprenait moins que le fait qu’un inconnu lui en parle. Peut-être allait-il enfin trouver réponses à ses questions. Pour autant il ne profita pas de sa surprise pour éviter de répondre à ses questions en fouillant plus avant sur le sujet. Il temporisa.

- Mon nom est difficile à porter, plus encore sur les routes. Clay est celui que je suis pour vivre sans avoir à en garder le poids. De ce que j’en sais, je ne suis le seul à avoir eu un père dont le nom est parfois un fardeau.

Nouvelle gaffe, il leva les mains paumes ouverte devant lui, autant en signe d’excuse que de paix.

- Pardon, j’ai discuté un peu avec Braan, il a évoqué votre famille et sa réputation dans ce milieu. Je ne voulais pas être indiscret.

Malgré la tension et la maladresse qu’il sentait en lui, il rit doucement à la solution qu’elle lui proposait. Pas tant parce que la blague en elle-même était hilarante, que parce qu’il se sentait soulagé de la voir le moquer gentiment que de l’observer comme s’il était un fou dangereux.

- Vous êtes moins rare qu’on ne le croit. Et s’il c’était s’agit d’une vague impression de ressemblance j’en aurais fait mon deuil depuis longtemps. Mais c’était bien vous…

L’année écoulée, il avait recherché dans chaque visage un tant soit peu de ressemblance. Il suffisait d’un vague blond roux pour que son regard détaille une passante ou une serveuse. Mais il n’y avait rien, il n’y avait jamais rien. Il en était venu à croire que son esprit s’étiolait dans une folie sans but, se jouant de ses nuits pour torturer ses jours.
Mais dès qu’il l’avait vu, le doute l’avait quitté, c’était elle, sans erreurs possible. Elle existait. Et si elle existait, le reste aussi pouvait exister.

- Mon premier rêve a été le plus complet. Je l’ai fait la première nuit qui a suivi le drame du couronnement. Les murs de la cité se dressaient dans mon dos et la forêt au-delà des faubourgs brulait entièrement, éclairant le ciel nocturne comme un levé de soleil. Je me tenais au sein d’une armée, je le savais, j’entendais les lames sortant des fourreaux, les épaulettes grincer, le cuir de leur gant crissant sur les poignées. Je percevais leurs souffles, mais je ne pouvais pas tourner la tête vers eux. Puis il y a eu un hurlement et une horde de fangeux est sorti des bois en flamme. Je…

Il s’interrompit, cherchant ses mots, le moyen de décrire les sensations qui l’avaient parcouru dans ce songe plu vrai que la réalité qu’il percevait chaque jour.

- Je ne vois pas la bataille. Juste des sons et des couleurs, la peur, mais aussi l’espoir. Nous gagnons Aeryn, je le sais, je le sens. Et je sais qu’il m’en coute la vie, la mienne et celles de beaucoup d’autres. Mais la victoire nous revient. C’est là que je vous vois. Vous me tenez la main alors que je meurs. Vous me soutenez à cet instant. Et je sais que c’est parce que j’ai fait quelque chose. Je sais que c’est parce que j’ai fait cette chose que vous êtes là, que la victoire est notre. Et même si je meurs, je sais que c’est pour le mieux. Mais je ne sais pas ce que j’ai fait, juste que cela vous concerne.

Il secoua la tête doucement, la gorge serrée, incapable de différencier la netteté de ce rêve d’un vivace souvenir. Plus encore.

- Depuis, je ne vois plus la bataille. Plus les murs. Juste vous, me tenant la main à la fin, parce que cette chose importante, je l’ai faite.

Oui, il se souvenait du moindre détail de son visage. Il aurait pu la dessiner les yeux clos. En réalité, il l’avait même déjà fait. Le contour de ses lèvres, l’arrondi de son menton, la cascade de ses cheveux flamboyant. Et ses yeux. Ils n’avaient pas tout à fait la même expression. Dans son rêve, ils étaient plus tristes, mais aussi plus joyeux. Une nuance étrange qui donnait tout son charme à un visage plus endurci que celui qu’il regardait actuellement. Il se rendit compte qu’il n’avait rien, dit depuis plusieurs secondes, la fixant intensément, se gorgeant malgré lui de la voir là, devant lui, bien vivante. Il aurait pu la toucher. Mais il n’en fit rien, même sa maladresse avait ses limites.



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 19:50
Un nom difficile à porter, voilà quelque chose que Ryn Monclar ne pouvait que comprendre, même si, au fond, le sien ne lui posait plus vraiment de problème. Pour le commun des mortels, le nom des Monclar n'inspirait rien du tout, il n'y avait que les mercenaires et certains miliciens qui pouvaient encore le connaître… Et encore, pas pour les mêmes raisons, puisque les frasques d'Ivaad y étaient malheureusement pour beaucoup. Néanmoins, dans le cas dudit Clay, cela semblait intéressant… Malgré tout, la rouquine ne chercha pas à en savoir plus. Car même si sa curiosité avait été éveillée, Aeryn Monclar ne tenait pas à se montrer intrusive et elle préférait respecter les secrets des autres… Du moins, tant que ces derniers ne venaient pas interférer dans sa propre existence.

-Je vois. Et vous êtes vous renseigné sur moi auprès d'autres personnes ? rétorqua-t-elle tout en lançant un nouveau regard du côté de la jeune prêtresse. Après tout, ne discutaient-ils pas juste avant que Clay ne vienne l'aborder.

Curieuse d'en apprendre plus sur ces fameux songes, Ryn se fit silencieuse. Le regard porté droit devant elle, la jeune femme écoutait tout en essayant de visualiser la scène décrite. Une bataille, du feu, la fange… La mort et une victoire. Aeryn plus âgée qui venait soutenir un homme durant son agonie, la chose lui paraissait inconcevable, plus particulièrement alors que la bataille faisait rage. Qu'avait-il donc pu faire pour la détourner du combat ? Qui était-il pour qu'elle en vienne abandonner ses lames pour l'accompagner durant son dernier voyage ? Non, tout cela ne ressemblait décidément pas à la guerrière. On ne l'avait pas élevé ainsi. Qu'importe les alliés se trouvant à terre, il fallait continuer à combattre jusqu'à ce que nos propres genoux ne touchent le sol.

-Et savez-vous quelle est cette chose que vous avez fait ? demanda-t-elle tout en faisant soigneusement abstraction de tout le reste, préférant ignorer tout ce qu'elle pouvait encore considérer comme de la faiblesse ou de la niaiserie. Avez-vous parlé de tout ceci à soeur Isolde ?

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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptySam 4 Juin 2022 - 23:56
23 Mai 1167.
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Clay secoua la tête.

- Non, Braan est une personne facile de contact. Enfin j’ai bien demandé à Sœur Isolde si elle aurait un conseil à me donner pour vous aborder. Je vous ai vu parler hier soir. Je crois que c’est la seule avec qui je vous ai vu échanger en dehors de vos camarades. Du moins pour autre chose que pour une consigne ou un ordre. Je suppose que vous comprenez en partie pourquoi j’hésitais à vous aborder, dit-il avec un haussement d’épaules détendu.

C’était finalement plus simple de lui parler qu’il ne l’aurait cru. Aeryn n’était pas très communicative, se contentant le plus souvent d’un minimum de mots, mais pas de manière aussi abrupte qu’il ne s’en était fait l’idée. Ses préjugés avaient sans doute pris une part non négligeable dans cet avis. Il avait fréquenté de nombreux soldat taciturne mais d’une compagnie finalement agréable. Pourtant avec elle, il s’était convaincu que sa froideur devait être différente, signe d’un mystère impalpable et menaçant. Quelque chose qui aurait expliqué son importance dans sa vision. Mais elle n’était que ce qu’elle paraissait être. Sans qu’il se l’explique, cette compréhension le rassura. Il haussa les épaules avec un sourire impuissant.

- J’aimerais le savoir, j’ai uniquement l’impression que cela vous concerne. Mais à dire vrai, jusqu’à notre départ, je doutais même de votre existence alors le reste… s’interrompit-il en levant un sourcil interrogateur à son attention.

- À la sœur ? Pourquoi ? Les gens qui se targuent d’un rêve prémonitoire, même quand ils ont conscience que cela semble aberrant, sont rarement apprécier du Temple. Même si je doute qu’Isolde soit de celle qui rapportent les conversations, je ne vois pas vraiment l’intérêt de la charger de ce poids. Mais promis, si je me mets à rêver d’elle chaque nuit, je reverrais ma décision…

Il se voulait drôle mais n’était pas certain d’y parvenir au vu du ton de la situation. Son ton repris d’ailleurs une note plus sérieuse quand il reprit la parole. Il avait répondu, avec honnêteté et même une certaine docilité à ses questions jusque-là.

- Vous savez de quoi je parle Aeryn, n’est-ce pas ? Peut-être pas exactement vu vos questions. Mais au moins quelque chose, sinon vous m’auriez assommé le temps de me mettre de solides liens aux poignets ou quelque chose du genre. Je ne vous vois pas discuter de folie avec un fou, même par curiosité… sauf si cette folie vous évoque quelque chose…

Son ton se fit un peu plus pressant, teinté d’une pointe de supplique comme si le fait qu’elle puisse confirmer, même partiellement sa supposition pouvait suffire à rendre à sa vie un peu de sens. Ce qui n’était pas si éloigné de la vérité. Il avait trop longtemps l’impression d’avoir couru après une chimère et devant lui se trouvait la possibilité de trouver une sortie. Pouvoir se coucher une fois, en sachant que nos rêves ont un sens… voilà son espoir.

- Je vous en prie. Sur ma parole et mon sang, je vous fais la promesse que je n’évoquerais jamais cela à quiconque sans votre accord. J’ai besoin de savoir. Avez-vous vu quelque chose, Aeryn ?



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyDim 5 Juin 2022 - 8:39
S'il avait cherché une oreille attentive, Clay pouvait se targuer de l'avoir trouvé. Aeryn écoutait en analysant soigneusement chacune de ses paroles pour essayer de comprendre. Braan était bavard par nature et ne faisait guère de différence entre ce qui le regardait ou non. Le questionner pouvait s'avérer inutile, plus particulièrement si de l'alcool se trouvait dans son verre… Était-ce ainsi qu'il en était venu à évoquer la famille de la mercenaire ? Peut-être… En revanche, quand Clay affirma avoir vu la prêtresse et la rouquine discuter la veille, Ryn lui lança un regard des plus réprobateurs. A quel moment les avait-il vus ? Dans l'auberge ou après ? S'était-il contenté de les observer ou les avait-il entendus ? Et si tel était le cas, qu'avait-il entendu exactement ?

Si Aeryn peinait d'ordinaire à accorder sa confiance aux gens de son entourage, la paranoïa qu'elle subissait ne l'aidait guère à se montrer moins méfiante à l'égard des inconnus. Plus particulièrement ceux qui paraissaient aussi suspect que celui-là.

-Hm, se contenta-t-elle de grommeler.

Encore une fois, les questions qu'elle posaient ne trouvaient guère de réponses… Chose particulièrement frustrant pour cette jeune femme qui les recherchait désespérément… S'il disait vrai et se montrait sincère, Clay devait probablement ressentir la même chose que la mercenaire.

- L'interprétation des rêves, souffla-t-elle. Il me semble que les clercs savent faire ça...Si je ne peux vous éclairer, peut-être le pourrait-elle… Sœur Isolde me semble digne de confiance...

Peut-être se trompait-elle, après tout, son instinct lui-même lui jouait parfois des tours. Néanmoins, avec tous les éléments déjà exposés à la prêtresse, il était aussi possible que ce récit puisse lui en apporter d'autres… Du moins, si Clay ne mentait pas.

-Non... mentit-elle néanmoins. Il me semble simplement avoir moi aussi rêvé de cette femme en armure, enfin … De sa statue. Mais malgré la ressemblance, il m'est impossible de faire le lien avec moi. Je déteste les armures… Je n'en porte jamais et je préfère crever que de devoir en enfiler une… De plus, la personne que vous décrivez, ces brides de personnalités, ne collent pas non plus à mon propre tempérament.

D'ailleurs, en voyant cette fameuse statue trôner au milieu de celles des déités régissant ce monde, Aeryn avait cru à une représentation du passé. Une héroïne venant d'un autre temps… Une ancêtre, peut-être… Mais certainement pas Aeryn Monclar elle-même.

Le ton pressant que Clay employa alors dérangea profondément la mercenaire. La jeune femme pouvait certes comprendre ce besoin de trouver les réponses aux questions qui nous hantent depuis longtemps … Un an disait-il, c'était long… Sa propre vision ne datait que de quelques semaines seulement et pourtant…

-Je ne suis personne pour vous juger et je ne suis certainement pas apte à mesurer le degré de votre folie. Je sais me battre et c'est à peu près tout… Mais je vous conseille de ne pas faire d'interprétation sur mes paroles ou mes gestes. Les chances que vous vous trompiez sont bien plus importantes que ce que vous pouvez imaginer. Je n'ai malheureusement pas de réponse à vous donner, mais je soutiens qu'il serait bon d'évoquer tout cela avec sœur Isolde… A moins que vous en ayez déjà parlé au Père Altan... C'est bien lui que vous accompagnez ici, n'est-ce pas ?



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MessageSujet: Re: [convocation]Un genoux à terre, seconde partie   [convocation]Un genoux à terre, seconde partie - Page 3 EmptyDim 5 Juin 2022 - 11:36
23 Mai 1167.
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Le coup fût rude, plus qu’il ne l’aurait cru. Le mensonge en fût la partie la plus douloureuse. Car elle mentait, il le savait. Plus par omission que frontalement, mais un mensonge tout de même. Il avait été idiot de croire que sa sincérité amènerait forcément la sienne. Idiot de croire en un providentiel soutien. Idiot de ne pas avoir retenue une leçon si souvent et douloureusement inculquées.

Il resta coi de longues secondes. Son esprit se questionnant sur la marche à suivre à présent. Il ne pouvait pas la forcer à parler, pas plus qu’il n’en avait véritablement l’envie. C’était là les méthodes de celui qu’il avait juré ne pas devenir. Mais elle existait, elle avait un nom, une vie et elle savait de quoi il parlait. C’était déjà un solide pas en avant. A partir de maintenant il pourrait chercher en se basant sur autre chose qu’un rêve. Il trouverait les réponses, avec ou sans son aide.

- Sans doute, Aeryn, pardonnez mon empressement. J’ai en effet dû me tromper, je crois qu’il est grand temps que j’admette devoir m’occuper de cette histoire par mes propres moyens.

Il la salua d’un petit mouvement de tête et ralentit pour la laisser reprendre la tête de la formation sans prendre la peine de répondre à sa dernière question. Quel aurait été l’intérêt de confirmer une évidence ? A part pour lui permettre à elle de soutirer quelques informations supplémentaires sans qu’elle n’ait à faire un seul pas dans sa direction ? Non, il avait essayé la carte de l’honnêteté qu’on lui avait conseillé et avait visiblement échoué pour l’instant. Il n’était de ceux qui aiment se confier, pas plus que la rouquine à dire vrai. L’effort était suffisant.

Pourquoi avait-elle insisté pour qu’il mette au courant la sœur ? Il doutait fortement qu’elle soit du genre à aller confier ses propres problèmes à une représentante du Temple, aussi sympathique ou digne de confiance fût-elle. Alors le conseiller à d’autres ? Son regard glissa rapidement de l’une à l’autre. La prêtresse perçu son regard et il haussa les épaules avec un sourire désolé pour expliquer son échec autant que son regard.

Y avait-il plus entre elles qu’une sympathie née de la route ? « Ma dernière sortie des murs a été… Marquante » avait-elle dit. Cela dépassait-il les rumeurs et les petites remarques que lui avait fait Lucian ? Ses yeux glissèrent vers le prêtre cette fois-ci, qui flânait comme s’il se promenait dans un champ fleuri sans lui accorder la moindre attention.

Non, il ne lui avait pas parlé. Une chose l’en empêché. Pas tout à fait une peur, mais un sentiment similaire. Une réaction étrange, car il aurait remis sa vie entre ses mains sans hésiter, même face à un fangeux. Il lui avait d’ailleurs confié des secrets bien plus dangereux pour sa vie que ce rêve. Mais il avait l’impression que le laisser s’immiscer dans cela ne lui amènerait rien de bon.

Cependant, difficile de croire que le haut-dignitaire était étranger à cette situation. Lorsqu’ils avaient convenu de ce voyage à Sombrebois pour la naissance de l’héritier, Altan avait tenu à se charger de la discrète organisation. Recruter des lames, les faire passer pour des boucliers. Un plan qui lui avait paru solide aux vues de leurs possibilités réduite. Mais à quel point le hasard devait-il être de son coté pour que la femme qu’il recherchait depuis un an se retrouve, par la grâce des trois, dans l’escouade qu’il avait choisie pour les accompagner ?

Comme depuis le premier jour où il l’avait rencontré, Lucian Altan semblait toujours savoir quelque chose que les autres ignoraient. La plupart du temps, Clay s’en satisfaisait, voir s’en réjouissait. Il était plaisant et formateur de chercher à percer le mystère qu’il vous plaçait devant les yeux. Mais si effectivement cette connaissance le rendait apte à manipuler même ses questionnements les plus intimes sans qu’il n’ait besoin de l’aborder, cela lui poserait un problème plus évident. C’était lui aussi qui avait décidé de choisir Sœur Isolde quand sa jeune assistante était soudain tombée malade. Il avait cru que la fougue et l’intelligence de la jeune femme justifiaient simplement ce choix. Mais voilà que sa mystérieuse rouquine et elle semblaient s’entendre comme larron en foire au point de se conseiller l’une l’autre comme personne à qui se confier.

- A quoi joues-tu Lucian ? murmura-t-il pour lui-même.

Une autre rencontre en début d’après-midi avec un coutillerie de la milice patrouillant autour du bourg leur appris que la délégation royale était arrivée le matin même et qu’une certaine émulsion régnait sur place. Le lendemain serait d’ailleurs jour de fête d’après une annonce de la baronne. On les questionna sur la raison de leur venue rapidement et ils reprirent leur route. Les murs du bourg leur apparurent quand le soleil s’apprêtait à descendre derrière la lointaine ligne de montagne, au soulagement général. Une heure plus tard seulement, ils se présentaient aux portes.

Malgré la morbide découverte faite durant le voyage, ils étaient arrivés à Sombrebois sans la moindre perte, ni même en ayant dû se défendre. Une réussite qui continuerait de faire la réputation de la guilde des boucliers à l’avenir. Lucian fut le dernier à passer les portes qui se refermaient lentement à l’approche de la nuit. Il regarda les immenses battants se rejoindre et formé un ensemble solide qu’une poutre vint renforcer. Toutes les pièces étaient à présent sur le plateau.

- Que la partie commence… dit-il avec un sourire las.



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