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 [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyMer 13 Avr 2022 - 22:10
Ah ! Il était là ! Le reproche auquel il n’avait pas encore eut droit. Il avait été étonnant que Soeur Gudrun ne lui prêche aucun sermon. Le choc des nouvelles concernant Eric et sa demande pour les Lucet avaient dû prendre le pas, mais le peu de temps qu’elle avait eut pour réfléchir seule lui avait permis de reprendre contenance.

Pourquoi réfléchir aux conséquences quand c’était une question de vie ou de mort ? Soeur Colère se rendait-elle compte de ce qu’était une situation d’urgence ? Qu’aurait-elle fait à sa place ? Les aurait-elle laissé un jour dehors le temps de trouver une solution ? Ca, Théophile n’aurait pu le vivre. Ces gosses, ils les avaient sauvé. Ce n’était pas pour les laisser mourir à la première difficulté. Si il devait se battre pour eux, il le ferait autant que possible. Quelle serait la différence entre lui et ceux qui les jetaient dehors sans états-d’âme sinon ?

Bien heureusement, l’attention de Soeur Colère se dirigea vers Pierrick. Alors qu’elle observait le travail qu’elle avait fait, elle invoqua les Dieux. Oui, ils avaient certainement quelque chose à voir dans toute cette histoire. Quelque soit leur grand dessin, ils avaient décidé que les Lucet avaient une chance de survivre.

Le plan de Soeur Gudrun était simple et efficace. Théophile se contenta d’acquiescer. De toute façon, la prêtresse connaissait bien mieux les lieux que lui. Elle savait quelle attitude permettrait à ses invités de se fondre dans la masse.
Enfin, elle se recentra sur lui, lui rappelant qu’il avait fait une promesse. Celle de faire son maximum pour lui transmettre son message. Et il se donnerait tous les moyens pour y parvenir, malgré les difficultés qu’il pourrait rencontrer.

« Je ferais tout mon possible. Je suis peut-être un crétin ma Soeur, mais je n’en reste pas moins un homme d’honneur. Et j’imagine à quel point la situation est difficile pour vous et pour Eric. Je gage que si les Dieux ont remis l’amour sur votre route, ce n’est pas pour vous le reprendre aussi cruellement. »

Non, les Dieux n’étaient pas cruels. C’est ce que Soeur Darine lui avait dit. Alors même si c’était une affirmation qui pouvait toujours être contredite facilement, en cet instant, l’archer refusait de croire qu’ils pouvaient l’être. Pas à ce point.
Le borgne se rapprocha de son amie et glissa quelques mots à voix basse, espérant que seule Gudrun puisse les capter. Les enfants n’avaient pas à connaître les déboires de Soeur Gudrun, tout comme il ne voulait pas les accabler avec ses propres soucis.

« Je suis sincèrement heureux que votre cœur ait pu guérir. Le miens ne trouvera pas d’apaisement tant que je n’en saurais pas plus sur ce qu’il est advenu de ma femme. Si ce n’est trop demander, j’aimerai que vos prières m’accompagnent lorsque votre fiancé et vous serez réunis. »

Il se recula bien vite, peut-être par peur que la prêtresse refuse sa dernière requête. De toute façon, cela ne lui paraîtrait légitime qu’une fois ces deux âmes à nouveau réunies. Théophile ne pouvait exiger une partie des pensées d’une femme quand sa moitié était en danger. L’égoïsme d’un tel acte le rebutait. Il ne serait digne de cette faveur qu’après l’avoir aidé à retrouver pleinement ce bonheur.

« Je vais aller me faire discret auprès de mes camarades. Il y a peu de chances que nous nous revoyions demain. Pierrick, Laura, je fais au plus vite pour vous faire sortir de là. J’ai quelques connaissances parmi les mercenaires, je verrais si je peux profiter du déplacement de l’un d’eux pour vous faire repartir. La seule chose dont vous avez à vous préoccuper pour le moment est de bien suivre les consignes de Soeur Gudrun. »

Le milicien ne pouvait faire ou dire plus pour le moment. Désormais, ils étaient aux bon soins de Soeur Gudrun, il ne considérait pas pouvoir faire plus pour eux. Il pouvait seulement répondre à d’autres questions si ils en avaient, avant de se diriger vers ce qui servait de dortoir pour ses camarades et lui.
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyMer 13 Avr 2022 - 23:59
La sévérité qui tirait les traits de la prêtresse s’incarna dans les premiers mots qu’elle adressa à Laura. Cette dernière se renfrogna un peu. Si Théophile ne les avait pas pris sous son aile son frère et elle, les conséquences auraient été aussi évidentes que le nez au milieu de la figure : Pierrick et sa cadette auraient servi de repas aux premiers fangeux sortis des marécages ou – pire, osa songer l’adolescente – ils serait retombés entre les mains des premiers malandrins venus. Cependant, Laura n’exprima guère plus que ce froncement de sourcils d’enfant contrariée : Sœur Gudrun avait beau ronchonner sur la supposée irréflexion de la décision de l’archer, non contente d’avoir soigné Pierrick, elle semblait bien disposée à servir de couverture pour les deux jeunes gens et c’était cela le plus important. La dernière chose à faire était bien de passer pour une petite ingrate.

En parlant de l’aîné Lucet, celui-ci s’exécuta sans mot dire lorsque la religieuse écarta ses bras et souleva sa tunique afin d’examiner la cicatrice avant de déclarer que les Trois étaient forcément pour quelque chose dans sa guérison. Cette idée tira à Laura un petit sourire sans joie : la survie de son frère était-elle sa récompense pour toutes leurs souffrances endurées et celles à venir ? Les pensées de la petite couturière ne s’étaient plus tournées vers les Trois pour des louanges depuis fort, fort longtemps. Avait-elle seulement priée une fois ces derniers temps ? La petite sœur de Pierrick n’en était plus sûre, ne voyant pas en quoi supplier l’aide de dieux qui n’avaient aucunement retenus les bras des hommes qui l’avaient maltraité, humilié, abattu, pouvait l’aider à reprendre le cheminement de sa vie.

La jeune fille releva le nez et acquiesça à toutes les directives de la prêtresse, un peu surprise mais soulagée par celle qui touchait plus particulièrement Pierrick. Même si cela devait servir de prétexte afin de leur présence reste la plus discrète et ‘normale’ possible, le fait qu’il devait jouer le malade allait lui permettre de gagner encore un peu de repos. Le garçon avait un peu baissé la tête à cette annonce : lui qui s’imaginait pouvoir rembourser sa dette honnêtement en travaillant, ça n’allait pas encore être pour cette fois…
Les grands yeux bleus de Laura suivirent la main de Gudrun qui s’approcha de ses cheveux ; la sœur finit cependant par suspendre son geste sous le regard interloqué de la couturière. Le capitaine Alaric, était-ce bien l’homme qui lui avait permis d’entrer avec son frère ? Au moins, à présent, elle connaissait son nom et, tout comme son visage bienveillant, Laura escomptait bien s’en souvenir. Par la suite, Gudrun s’adressa à Théophile, évoquant un message que le milicien devait manifestement transmettre de la part de la prêtresse. Était-il pour le dénommé Éric que l’archer évoqua par la suite ? Laura n’y comprenait pas grand-chose et, quoi qu’il en soit, ce n’était pas ses oignons. Laissant les deux adultes converser à voix basse, la jeune fille se tourna vers son frère dont les lèvres s’étaient ourlées en un sourire soulagé, une expression assurée que la couturière peina à imiter. Pas après pas, ils progressaient dans la boue qui recouvrait le chemin de leur vie mais, à chaque instant, une main pouvait jaillir et les emporter dans les profondeurs : l’heure n’était pas encore à l’apaisement pour l’adolescente méfiante.

Cette dernière se retourna vers Théophile lorsqu’il lui adressa quelques mots à elle et à son frère. L’heure de la séparation était arrivée. Les petits poings de Laura se serrèrent sous son châle : elle prenait soudain conscience d’à quel point la présence du milicien la rassurait et elle en était la première étonnée, elle qui hier encore voulait lui cracher au visage toute la hargne que lui inspirait son uniforme vert et sa flèche qui avait blessé Pierrick.

« - Comptez sur nous Théophile. »

Laura hésita quelques secondes mais, au moment où le soldat s’apprêta à quitter la pièce, elle posa la main sur son avant-bras, l’arrêtant juste quelques instants, ne désirant le retenir davantage de peur que son absence ne devienne suspecte auprès de ses camarades.

« - Si un jour Pierrick et moi on a une maison sur le Labret, vous y serez le bienvenue. Toujours. »

Un fol espoir à l’heure actuel mais il lui fallait espérer, croire qu’ils pouvaient encore trouver un coin de paix quelque part, peut-être sur ce plateau au-dessus des marécages : sinon, à quoi bon continuer d’avancer ?

Laura regarda son protecteur sortir de la pièce avant de se retourner vers Sœur Gudrun. Son œil de cuisinière avisa les étagères derrière la religieuse : quelques provisions y étaient stockées mais il ne restait plus grand-chose. Peut-être y avait-il quelques denrées destinées au Temple parmi les sacs et les tonneaux au milieu desquels les Lucet avaient voyagé ? C’était encore difficile à dire pour le moment.

« - Vous inquiétez pas Sœur Gudrun, mon frère et moi on a du pain pour quelques jours. Je peux vous faire le ménage ou du rangement quand il y a personne. Enfin, ce que je fais le mieux, c’est coudre mais je sais pas si vous avez vraiment besoin de ça ici. »

« - Dites-moi où vous voulez que je me mette et je ne bougerai plus. »

Laura sentait bien au ton de son frère que la pilule était encore un peu dure à avaler pour lui qui espérait pouvoir se rendre de nouveau utile mais l’obéissance absolue aux consignes de la prêtresse était la clé de leur survie à Sombrebois : hors de question de risquer de se mettre davantage en péril et, pire encore, d’entrainer dans leur chute le capitaine et la religieuse.

« - Et ne vous embêtez pas à trouver un lit pour moi, je dormirai à côté de Pierrick. J’ai pris l’habitude à Balazuc. »

Parterre sous une toile de tente ou dans un temple, ça serait toujours mieux que ligotée à un arbre…
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyJeu 14 Avr 2022 - 11:24
Gudrun resta un instant muette de stupéfaction, ne sachant quoi répliquer à l'archer. C'était lui qui lui parlait des dieux maintenant ! Décidément, plus rien n'allait comme prévu depuis deux mois. Cet homme était un indécrottable idéaliste, s'il pensait qu'elle cesserait de s'inquiéter dès qu'elle aurait retrouvé Éric : le propre d'un soldat n'était-il pas de risquer sa vie à chaque mission ? Elle reconnaissait bien là la mentalité de ces militaires de carrière : il partait, naturellement, ne s'inquiétant pas de ceux qu'il laissait derrière lui. C'était ainsi. La Fange n'était jamais loin, mais elle évita de lui rappeler à voix haute. Il connaissait les risques de son métier encore mieux qu'elle, alors, s'il avait besoin de se voiler la face pour le supporter et accomplir son devoir en paix, elle le laisserait faire.

- La vie est devenue bien trop courte pour attendre de faire les choses. Mes prières accompagnent toujours ceux qui sont de bonne volonté.

Sur ces paroles, elle se tourna vers les deux enfants. Ils semblaient avoir du mal à laisser partir le milicien, qui finit néanmoins par s'en aller, les laissant seuls dans la pièce. La jeune fille prit la parole, un peu anxieuse sans doute.

- Ne t'en fais pas pour la nourriture. Vous pouvez bien manger votre pain, mais il vous en faudra sans doute pour votre prochain trajet. Les approvisionnements passent par le château, mais il me suffira de dire que j'ai un blessé de plus et de nous serrer tous un peu la ceinture. On va vous trouver une chambre. Ça n'est pas la place qui manque ici, mais plutôt le temps... Il y a de nombreuses pièces mais beaucoup sont dans un état déplorable. Il y en a même une où la toiture est trouée, Serus seul sait pour quelle raison... Le père de Bertille m'a promis de passer le réparer, mais il y a tant à faire !

Sans pour autant sourire, elle se départit de son air sévère, passa dans la pièce d'à côté pour ouvrir le coffre à linge. Elle eut un petit pincement au coeur en apercevant une fois de plus l'arc et le carquois rangés là précieusement, se reprit rapidement, et fourra dans les bras de Laura des draps et des couvertures, avant de prendre un couloir de sa démarche claudicante, commentant sommairement les lieux, davantage pour Laura que pour Pierrick qui resterait enfermé quelques jours.

- Les seules personnes qui sont hébergées ici sont celles qui ont besoin de rester au lit, pour une raison ou une autre. Ils ne quittent pas leur chambre, alors tu n'auras pas à les croiser. Nous nous débrouillons suffisamment bien avec Bertille seules d'habitude... Tiens, tu la croiseras sans doute demain matin. Évite de trop lui parler, elle est d'une gentillesse incomparable, mais elle est aussi d'une curiosité à toute épreuve, et ne voit pas le mal à laisser sa langue se délier devant n'importe qui.

Gudrun ouvrit la porte d'une chambre munie d'un lit sommaire, et entreprit de disposer les draps.

- Voilà ! Vous vous débrouillerez comme vous le pourrez avec ça... Il reste une dernière personne qui pourrait bien passer ici avant votre départ : Marie-Ange. C'est la prêtresse du château, et je suis bien incapable de prévoir ses apparitions. Il est donc in-dis-pen-sable que tu gardes le lit jeune homme, me suis-je bien fait comprendre ? Et si l'on te demande, ta blessure te fait atrocement souffrir.

Elle avait fixé le garçon dans les yeux, reprenant son air sévère. Elle ne mentait guère en affirmant que tout reposait sur lui. Le laissant finalement seul dans la chambre, elles reprirent le chemin de la cuisine.

- Vois-tu Laura, il faut parfois être raisonnable pour deux. Ton frère est passé à deux doigts de la mort. Ça ne guérit pas en un mois. Pas complètement. Et avec le voyage que vous projetez au Labret, pour la marche, mais aussi pour pouvoir vous faire une place là-bas, il faudra qu'il soit en forme. Il faut à tout prix qu'il mette à profit ces quelques jours pour se reposer. Alors débrouille-toi comme tu veux, mais ne le laisse pas sortir de ce lit.

Elles retrouvèrent l'atmosphère chaude de la cuisine, et la prêtresse s'assit sur le banc qui bordait la table.

- Le travail, c'est important. Mais plus important encore, il y a les dieux. As-tu eu l'occasion de prier et de te confesser dernièrement ?
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyVen 15 Avr 2022 - 22:27
Tout en rassurant Laura quant à la nourriture, Gudrun se détourna pour se diriger vers une pièce voisine ; les Lucet lui emboitèrent le pas sans tarder. Lorsque la religieuse se pencha pour sortir des draps et des couvertures d’un coffre, la petite couturière tendit mécaniquement les bras, comme habituée : des restes de sa vie de petite maitresse de maison à Marbrume… A l’évocation de la dénommée Bertille, la petite sœur de Pierrick hocha la tête, concentrée. S’il y avait bien un type de personne qu’elle redoutait en plus des hommes, c’était les curieux : sa morsure n’était jamais très loin, tout comme les mésaventures qui les avait emmenées elle et son frère à commettre des délits répréhensibles. Ils avaient beau avoir quitté Balazuc, ils en étaient encore trop près pour pouvoir souffler et se croire en sécurité, d’autant plus que les règles de vie à Sombrebois semblaient particulièrement drastiques. Peut-être devait-elle même mentir sur son prénom pour plus de sécurité ?...
Une fois chargée, Laura suivit de nouveau la prêtresse avec son frère jusqu’à une petite pièce dans laquelle un lit ayant connu bien des patients tenait tout juste. C’était exigu mais, au moins, c’était abrité et ça pouvait se fermer avec une porte : un véritable luxe pour les deux jeunes gens qui avaient connu la belle étoile et la tente depuis plus d’un an. Pierrick eut du mal à cacher le petit soupir de soulagement que lui inspirait l’idée de pouvoir se reposer dans une pièce plus intime. Il resta toutefois suffisamment concentré pour tendre l’oreille aux indications de Gudrun concernant une certaine Marie-Ange. Lorsqu’elle acheva de lui transmettre la consigne, il hocha la tête avec résolution et, juste avant que la prêtresse ne reparte avec sa sœur, il posa le sac de Liliane à côté du lit et prit les draps des bras de sa cadette tout en lui soufflant :

« - Ça va allez, je peux le faire. »

La petite couturière lui répondit avec un simple petite sourire avant de reprendre le chemin de la cuisine avec la clerc qui lui rappelait la situation critique de Pierrick.

« - Il a bien compris qu’il ne devait pas bouger, il se tiendra à carreau et ne vous causera pas de soucis, je peux vous l’assurer. »

A Balazuc, c’était sa blessure qui le contraignait au repos. Ici, outre sa cicatrice qui lui rappelait de temps à autre qu’il n’était pas infaillible, paraitre malade était un impératif pour s’assurer que leur imposture ne serait pas découverte. Même si cela travaillerait mentalement l’aîné Lucet, sa petite sœur savait qu’il saurait ronger son frein et patienter le temps nécessaire pour leur permettre de repartir ensuite sans encombre.

Laura regarda Gudrun s’asseoir et sentit son dos se raidir à sa question. Évidemment, c’était une prêtresse à qui elle avait affaire, à quoi pouvait-elle s’attendre d’autre ? Il n’en restait pas moins que l’avis de la Lucet sur les dieux avait significativement changé depuis son expulsion de Marbrume et qu’elle rechignait à exposer cette différence à un représentant du culte. La jeune fille s’assit finalement en face de la religieuse, le visage fermé.

« - Pas vraiment, non… je voulais travailler le plus possible pour qu’on nous garde à Balazuc donc je ne pensais à rien d’autre. »

Machinalement, la couturière croisa ses deux mains sur la table, le regard tourné vers le foyer rougeoyant.

« - J’ai eu tort. Si j’avais prié, peut-être le Sergent de Balazuc aurait été touché par la grâce d’Anür et aurait fait preuve de clémence pour Pierrick. »

Intérieurement, Laura n’y croyait pas : si elle avait retenu une chose de l’année qui venait de s’écouler, c’était que les dieux étaient indifférents aux querelles et aux vices des hommes. Peut-être les observaient-ils se battre, se démener, s’entretuer, mais guère plus. Les hommes savaient très bien se faire du mal seuls, nul dieu ne venait guider leur bras lorsqu’il s’agissait de menacer, de frapper ou d’humilier, tout comme nul dieu n’était disposé à secourir d’un miracle une jeune fille enchainée les suppliant des nuits entières de mettre fin au calvaire qu’elle et son frère subissait quotidiennement.

Le terme ‘confesser’ avait fait grincer les dents de l’adolescente. Elle ne voyait pas bien en quoi elle avait mérité ce châtiment et ce qu’elle pouvait bien confesser pour expier des fautes imaginaires. Toute sa vie, elle avait fait tout ce qu’on lui avait dit de faire : elle a travaillé, elle a aidé, elle a obéi. Elle priait avec sa mère, elle participait à toutes les fêtes en l’honneur des Trois avec entrain, son père lui disait qu’elle était une bonne fille… qu’aurait-elle pu faire de plus ?! Devait-elle alors se confesser sur ce qu’elle avait subi aux mains de ses geôliers ? Devait-elle demander pardon d’être née fille et d’avoir attiser malgré elle la lubricité de ces monstres qu’elle craignait aujourd’hui autant que les fangeux ? Cette perspective assombrissait la mine de Laura et ses yeux s’emplirent de colère tandis qu’ils fixaient résolument une marmite suspendue non loin de la cheminée.
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyMer 27 Avr 2022 - 12:57
- Évidemment, le temps manque souvent...

L'adolescente avait soudain pris une mine boudeuse, que Gudrun ne savait trop comment interpréter. Il pouvait s'agir de regret, de colère, de tristesse : elle n'avait aucun moyen de le savoir.

- Il ne sert à rien de regretter ses actes, ou son absence d'actes. Et puis, ça ne marche pas comme ça. S'il suffisait de demander aux dieux ce que l'on désire pour l'avoir, à quoi bon vivre ? Non, c'est notre façon de faire face aux épreuves qui compte.

Elle se tut, hésitant à poursuivre son sermon sur une voie qui ne serait certainement pas conforme aux croyances traditionnelles. Elle ouvrit la bouche, la referma, tapota la table avec ses doigts. Elle suivit alors des yeux le regard de Laura, et, amusée, posa une main sur celles de la jeune fille, croisées sur la table.

- Laisse donc cette marmite en paix, elle m'est fort utile ! Si tu me disais plutôt ce qui te tracasse vraiment ? Tu avais vraiment envie de rester à Balazuc ? Est-ce que c'est vraiment dans ce bourg à peine fortifié que tu aurais voulu vivre ?

Elle n'avait pas réellement de crainte pour sa marmite qui était solide, il lui était donc facile de se réjouir. Si ce n'était que de la colère qui, selon elle, montrait une furieuse envie de vivre, alors tout irait bien. Ou presque.
Elle resta patiemment assise, attendant que Laura se décide enfin à vider son sac. L'expérience lui avait appris une chose : c'est qu'au final, que ce soit à l'infirmerie ou dans l'alcôve pour les confessions, le temps et la patience étaient les meilleurs alliés de la foi.
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyVen 29 Avr 2022 - 0:16
Si Laura s’était empressée de signifier sa culpabilité de n’avoir pas fait preuve de davantage de dévotion ces dernières semaines, c’était car elle craignait les remontrances de la prêtresse. C’était son rôle après tout : rassembler les ouailles sur le droit chemin de la foi, sermonner ceux qui commençaient à douter que les dieux intervenaient encore dans les affaires des hommes, leur assurer que, depuis leurs demeures divines, ils observaient et agissaient lorsque cela est nécessaire… à Marbrume, la petite couturière avait vu la différence dans les pratiques religieuse avant et après l’arrivée de la Fange. Elle, elle avait prié plus intensément avec ses parents mais cela n’avait rien changé au destin que les dieux avaient semble-t-il décidé d’attribuer à la jeune fille. Laura était trop fatiguée et rien que l’idée de se faire gronder l’épuisait encore davantage.

Toutefois, lorsque Sœur Gudrun évoqua le fait qu’il était plus important de savoir faire face aux épreuves que la vie nous soumettait plutôt que d’attendre comme un oisillon quémandant un ver à sa mère qu’un dieu daigne nous accorder une de ses faveurs, la sœur de Pierrick fut un peu surprise de retrouver – d’une certaine façon – le discours de Théophile. Aller de l’avant, se battre contre la fatalité, retrouver sa place dans ce monde… Laura était d’accord avec tout cela, après tout, elle trouvait déjà la rage de vivre ailleurs que dans l’inspiration de Rikni qu’elle s’imaginait parfois mener de furieuses batailles contre Etiol loin, très loin des préoccupations des hommes. Hélas, parfois, le poids de la honte et de la fatigue qui pesait sur les épaules de la cadette Lucet lui donnait envie de tout lâcher. Si la mort pouvait lui garantir ne serait-ce qu’un semblant de paix, l’adolescente avait déjà songé à l’étreindre de toutes ses forces…

Lorsque la religieuse prit ses mains dans la sienne et l’enjoignit à laisser la pauvre marmite tranquille, Laura parut se ranimer quelque peu et refit face à la prêtresse qui se demandait ce qui travaillait tant la jeune fille et si Balazuc avait vraiment été un endroit potentiel où vivre pour elle. La couturière mit quelques secondes à répondre :

« - Non, pas vraiment… c’est juste que c’est là que Théophile m’a ramené et que Pierrick était trop mal pour bouger. »

Ses doigts s’entortillaient un peu sous la paume chaude de Gudrun.

« - Pierrick et moi on est de Marbrume, vous savez. Avec papa et maman on vivait à Bourg-Levant, pas loin de la Grand’Rue des Hytres. On était pas riches, ça non, mais on était tous ensemble. »

Ces mots sortaient de sa bouche presque sans que Laura ne s’en rende compte. Malgré la défiance qui avait enflée en son cœur à l’encontre des Trois, le fait qu’elle parlait à une prêtresse semblait délier sa langue bien plus facilement que lorsque c’était Liliane qui avait essayée de la cuisiner. Sa maigre gorge se serra au souvenir évoqué de ses parents, disparus dans la foule paniquée du couronnement.

« - J’ai jamais voulu quitter Marbrume, jamais. J’avais maman, j’avais papa… j’avais Margaux et Rosie aussi et Léon… »

A mesure que Laura continuait de parler, sa voix se fit plus cassée et sa vue se troubla. Lorsque les premières grosses larmes s’écrasèrent sur le bois grossier de la table, la cadette Lucet dégagea sa main gauche de l’emprise de Gudrun et s’essuya les yeux et le nez d’un geste agacé, celui de la personne qui n’aimait pas pleurer devant des gens. Son regard froncé s’arrêta alors sur sa manche sous laquelle elle devinait les traces qui lui avaient valu tous ses malheurs depuis un an.

« - Mais tout ça, c’est fini… j’ai perdu mes parents, ils sont même peut-être m… » Le mot ne sortit pas : cette réalité était trop dure pour être envisagée, en plus de tout le reste. « - Même mes amis je ne sais pas ce qui a pu leur arriver… tout ce qu’il me reste, c’est Pierrick. Oh Pierrick… »

Une nouvelle salve de sanglots surprit Laura qui les étouffa de son mieux derrière son petit poing serré et pressé contre sa bouche.

« - Je l’ai entrainé là-dedans… il a tant souffert par ma faute… j’aurais voulu qu’il me suive pas mais sans lui, je suis perdue… »

La culpabilité faucha la jeune fille qui ne put davantage retenir ses pleurs. Un trop-plein avait besoin d’être déversé depuis fort longtemps et ça n’avait pas été les petits pleurs bâillonnés au plus profond de la nuit qui avaient suffi à le vider. Il s’écoula un certain temps avant que Laura ne parvienne à reprendre contenance, s’essuyant une nouvelle fois sur sa manche, la bouche pâteuse et la voix emplie de trémolos.

« - Maintenant avec Pierrick on veut bien faire, on veut travailler et avoir une maison… mais… mais comme j’ai été… et que lui a dû voler la milice s’il voulait pas que j’ai des problèmes, y a pas grand monde qui veut de nous. Si on se contente de nous regarder de travers, on a de la chance. Et comme j’vois l’accueil que les gardes ont réservé au convoi et comment vous savez que Pierrick et moi on doit vite partir si on veut pas se faire prendre, j’me dit qu’on devrait pas s’éterniser ici, pour nous et pour vous et le monsieur qui nous a laissé entrer. Mais si ça se passe pareil au Labret… on ira où ? »

De nouveau, un voile de colère passa devant les prunelles bleues de la couturière. Son petit poing serré se reposa sur la table.

« - C’est pas les dieux mon problème, c’est les autres. Je… parce qu’il m’est arrivé… ça… on voit plus rien d’autre de moi. Pourtant, j’suis toujours moi ! J’suis toujours Laura Lucet ! J’avais une vie à Marbrume avant et on me l’a enlevé et maintenant on voudrait m’empêcher d’en construire une nouvelle hors des murs ? On voudrait m’empêcher de vouloir que mon frère et moi, on vive de nouveau honnêtement alors qu’on demande que ça ?! »

Les longs doigts fins et cornés de l’adolescente s’étirèrent et s’aplatir sur la table tandis que Laura prenait une profonde inspiration, essoufflée par sa propre rancœur. Des peurs et des regrets, elle en avait assez pour toute une vie ; cependant, la jeune fille ne manquait également pas de hargne et escalader toujours plus d’obstacles dressés par l’humanité envers elle-même commençait sérieusement à lui courir sur le haricot.
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptySam 30 Avr 2022 - 18:42
Finalement, ce qui devait arriver arriva, et la jeune fille qui paraissait si réservée quelques instants plus tôt finit par s'épancher entièrement, comme si elle avait contenu trop longtemps une certaine pression, et qui s'écoulait maintenant non pas calmement, mais comme un torrent qui jaillissait avec force, désordonné, tumultueux sans but précis et pourtant plein de vie.

Gudrun vit les yeux s'emplir de larmes alors qu'elle évoquait sa famille perdue, mais on entendait surtout les doutes, les peurs, et toutes ces choses qui ne pouvait sortir librement nulle part, et qui pourtant étaient un fardeau bien trop lourd à porter pour une personne de son âge.

Elle aimait la détermination et la colère qu'elle lisait dans les yeux de son interlocutrice, elle l'aimait, coupablement, mais avec une joie féroce, sans pouvoir tout à fait se l'expliquer. Elle était peut-être tout simplement heureuse de voir cet appétit de vivre ; ou peut-être cela tenait-il au fait de voir le reflet de sa propre rage dans les yeux de quelqu'un d'autre, sans pouvoir se l'avouer franchement.

- Il est inutile de gaspiller son énergie à s'inquiéter à l'avance de choses qui seront, ou ne seront pas. Je... Ce n'est pas facile à appliquer, mais il faut s'y tenir. Et je ne m'inquiète pas pour vous : vous êtes tous deux jeunes, volontaires, en bonne santé, les villages du Labret ne vous refuseront certainement pas, puisque la main d'oeuvre est une denrée rare en ce moment.

Et quand bien même seraient-ils refusés partout, la vie en dehors des murs restait possible. Éric en était la preuve vivante, ainsi que toutes les histoires au sujet de ces bannis qui survivraient quelque part dans les marais. Ce n'était évidemment pas la vie dont rêvait Laura, elle ne lui confia donc pas ces hypothèses pessimistes.

- Quant à Pierrick, tu dis l'avoir entraîné là-dedans, mais tu sais bien que c'est faux. Tu ne l'as contraint en aucune manière, et il est assez grand pour faire ses choix. Le libre-arbitre, c'est la seule chose qui reste au final quand on a tout perdu, tu ne peux pas lui enlever ça. C'est injuste pour lui, tout comme ça l'est pour toi, pour ta famille, pour tout le monde. Parfois, rien ne semble juste, mais ça ne veut pas dire que ça ne l'est pas, ou que ça n'a aucun sens. Il faut continuer à avancer.

Elle se releva alors. Ressasser ne menait à rien de bon comme elle avait pu le dire à la jeune fille. Elle alla chercher son grand manteau de laine, splendide et de riche facture à l'origine, mais en piteux état désormais malgré les lavages et ravaudages soigneux. Au fil des ans, et surtout après les trois années passées sur le bateau, la laine s'était décolorée, et certains reprisages et rapiéçages étaient un peu trop visibles à son goût, le bas était misérablement élimé. Impossible pour elle de le jeter malgré tout.

Elle le posa sur la table devant Laura.

- Vois-tu, quand quelque chose me tracasse, plutôt que de ruminer, je m'occupe les mains. Il n'y a rien de pressé, car la mauvaise saison est désormais passée et ne reviendra pas avant longtemps, mais puisque je t'ai sous la main, j'en profite. Je n'ai eu que trop peu d'énergie à consacrer à la couture, alors entre les draps et les tentures du temple, j'ai déjà trop à faire. Crois-tu pouvoir faire quelque chose pour lui rendre... pas sa splendeur, non, mais... Je ne sais pas. Il est peut-être possible de faire du neuf avec du vieux. Je parle du manteau, bien sûr !
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête   [Terminé] Qu'on ne lui coupe pas la tête - Page 2 EmptyDim 1 Mai 2022 - 1:04
Sœur Gudrun entendit et attendit patiemment que le flot de paroles de Laura finisse de s’écouler sur sa révolte rageuse envers ceux qui ne la voyaient plus que comme un monstre, une erreur hérétique de la vie dont il était scandaleux qu’elle ait encore le droit de respirer le même air qu’eux. Elle n’avait pas même dit un mot lorsque la sœur de Pierrick avait mouillé le bois de la table de ses nombreuses larmes durant de longues minutes ; cela constituait sûrement la marque d’une confesseuse accomplie, celle qui avait déjà reçu nombre de confidences et de silences et qui savait d’instinct quand il était bon de parler ou non.

Alors que l’adolescente reprenait son souffle, la religieuse dispensa un peu de sa sagesse. Si ses arguments en faveur de leur entrée au Labret tenaient la route, une petite voix sardonique ricanait pourtant dans un coin de la tête de Laura : oui, après ce qu’elle et son frère avaient vécu à Balazuc et ce à quoi ils avaient échappé à l’entrée de Sombrebois, il était difficile de ne pas se faire du mauvais sang en s’imaginant ce qui pouvait les attendre là-bas, par-delà les marais et la forêt. La vie hors des villes était si précaire, fragile et difficile… pour celle qui n’avait connu que la hauteur et la solidité des murailles de Marbrume qui lui étaient à présent interdites, s’imaginer continuer de crapahuter hors d’un village en esquivant tant les fangeux que les vagabonds hostiles était inenvisageable.

Les mots que la clerc eut concernant la décision de Pierrick firent hocher doucement la tête à la cadette Lucet qui essuyait ses joues avec sa manche droite, celle qui n’avait pas encore été trempée par les pleurs et la morve. Théophile aussi avait compris que cette amère culpabilité qui lui brûlait le cœur était vaine, pourtant, la jeune fille ne pouvait s’empêcher de la ressentir. S’éteindrait-elle un jour ? Des braises subsisteraient sûrement toujours mais en s’imaginant son frère avec un toit, un travail et une vraie situation, Laura se sentait déjà un peu mieux : elle ferait tout son possible pour réaliser cette idée.

Laura leva des yeux un peu surpris lorsque Sœur Gudrun sortit de la pièce. Ne sachant quoi faire, elle l’attendit sagement, le nez encore un peu reniflant. Finalement, la grande brune revint les bras chargés d’un manteau qu’elle posa sur la table, devant la jeune fille. Cette dernière regarda le vêtement avec l’attention aguerrie de la coutrière qu’elle était : il n’était toutefois pas nécessaire d’avoir un œil expert pour constater qu’il était usé jusqu’à la corde. Difficile de déterminer quelle était sa couleur à l’origine, bien que quelques fils encore vaguement verdâtres sur le col en donnaient un petit indice. Tout en écoutant la prêtresse, Laura ne put s’empêcher de passer une main distraite sur le bas de la cape d’où une multitude de brins de laine s’échappaient en une tignasse désordonnée. Pourquoi la religieuse gardait-elle cette mante ? La robe que Laura portait sur ses épaules était au moins aussi usée mais la petite n’avait rien d’autre, ce qui n’était a piori pas le cas de Sœur Gudrun.
Mécaniquement, la cadette Lucet glissa sa main dans son châle et prit, non loin du couteau de cuisine, le pochon dans lequel se trouvait son nécessaire de couture.

« - Ça, c’est dans mes cordes. Enfin, j’ai pas autant d’expérience que maman mais je me débrouille. »

La sœur de Pierrick sortit une de ses aiguilles d’os et renversa son étui pour en faire tomber les quelques bobines de fils qui restaient obstinément cachées tout au fond de la poche. Elle les avait déjà bien utilisé mais peut-être allait-elle pouvoir se servir dans les réserves du temple ?

« - Pour moi aussi, travailler c’est pas uniquement gagner mon pain. Ça m’aide à faire le tri. Pour ça, la couture, c’est bien : je ferme les trous des vêtements et en même temps, je ferme ceux dans ma tête. »

Laura releva le nez vers la prêtresse.

« - Je sais pas combien de temps on va rester ici mais je ferais au mieux pour vous. Si vous avez besoin, dites-le moi. Et si vous avez du fil, j'suis pas contre... »

La voilà repartie. Pleurer un bon coup lui avait fait un bien fou. C’était finalement en la demeure des Trois que la jeune fille avait trouvé la place, la discrétion et la sérénité de vider son sac, là où à Balazuc, il y avait toujours eu Liliane, Pierrick ou un milicien pour l’empêcher de prendre complètement ses aises.
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