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 Danse Macabre

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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Danse Macabre   Danse Macabre - Page 3 EmptyMar 26 Juil 2022 - 12:21
L’ignorance colora les joues de la baronne d’un carmin éclipsé par la demi-pénombre. Son ustensile fermement enserré de ses deux mains, l’annonce concernant les Purificateurs lui retourna l’estomac plus qu’elle ne voulut bien l’admettre. La jeune femme secoua doucement ses boucles rousses en signe de défaite morale, cette dernière n’ayant entendu que vaguement parler de ce groupuscule qui lui paraissait si lointain. Oui, on lui avait rapporté quelques rumeurs, mais cela n’avait finalement été que ça ; des rumeurs. Quelque part, Léonice pensait encore à un mythe marbrumien pour ne pas dire que des groupes du clergé trop zélés terrorisaient la cité pour la rendre un peu plus dépendante d’eux et de la sécurité des murs.

En outre, Léonice était une simili complotiste avant l’heure, se voyant retirée de sa presque innocence alors que Gyrès semblait bien plus renseigné qu’elle. La discussion continua quelque peu entre les interventions plus musclées, ou en tout cas moins gracieuses qu’une baronne armée d’une poêle au goût de crevette ; mais le gros poussin s’en montra bien plus réceptif, ou en tout cas plus bavard encore. Le cœur dans la poitrine de Léonice s’agitait jusqu’à lui taper dans les tympans, suffisamment fort pour qu’elle doute de tout saisir de l’ensemble de la conversation. La rousse se sentait malade et ne bougeait plus de peur de tomber, malgré un air qu’elle cherchait assuré ; la réalité était que chaque mouvement la rapprochait de la syncope, et que son courage s’égrainait aussi vite que la nausée ne manquait de la reprendre. Dans le couloir, les pas résonnaient, mais Léonice aurait bien été incapable de dire s’ils se rapprochaient réellement ou si elle ne faisait que subir une hallucination issue de sa crainte d’être découverte. Un nouvel arrivant manqua de se prendre un coup de poêle paniqué ; mais l’énoncé de sa personne ralentit Léonice jusqu’à s’arrêter. Lazare proposait une idée qui parut excellente à la baronne, quand bien même cela voulait peut-être dire qu’ils devraient s’échapper par l’extérieur, affrontant la pluie… ce qui à la réserve lui paraissait être un inconvénient moins terrible que celui de se faire exécuter par des fanatiques.

« Je vous suis » , articula finalement la baronne que le fils n’avait probablement pas remarqué dans la pénombre ; ou peut-être juste au travers de son odeur de crevette.

La décision fut prise sans le réel avis des Bellay ; le fils avait à cœur de s’extirper de la situation dans tous les cas, et le baron n’était juste pas en état de faire autre chose que de suivre le mouvement. Quelques tonneaux et autres meubles furent bousculés dans la tentative de faire bouger plus vite le poussin pleurnichard ; les hommes avancèrent en tête de groupe tandis que Léonice fermait la marche, autant par volonté que parce qu’elle était probablement la moins à même de se repérer dans un endroit qu’elle ne connaissait pas. Ils parvinrent à se faufiler sans provoquer plus de tumultes, au moins jusqu’aux vitraux qui donnaient heureusement sur l’extérieur. Sans être totalement au rez-de-chaussée, les fenêtres donnaient sur peut-être deux bons mètres en contrebas, sur un sol devenu boueux et soumis aux violentes intempéries. Les hommes s’occupèrent d’ouvrir, de briser ou de casser vitraux comme fenêtres ; Léonice ne serait pas celle qui en ferait le plus cas, se couvrant du tonnerre pour étouffer les sons. On passa chacun son tour jusqu’à ce que ne reste plus que le poussin et Léonice à l’intérieur ; cette dernière abandonna sa poêle à contrecoeur tandis que le Baron tentait de passer malgré son embonpoint ; un déchirement sonna la fin d’une partie de son pantalon alors qu’il basculait tête la première jusqu’à s’écraser plus bas, étouffant un nouveau sanglot. Léonice manqua de s’étouffer de rire dans la discrétion des ombres, nerveuse, avant de tenter elle-même le trajet jusqu’à l’extérieur ; tout allait bien jusqu’à ce que la panique ne la déséquilibre et qu’elle ne tombe elle-même d’un mouvement peu élégant, heureusement retenue par une partie de sa robe qui s’accrocha à un morceau de bois.

« Bon… sang. »

Le troisième déchirement d’affaires de la soirée lui laissa une partie des jambes découvertes alors qu’elle tentait de se rouler en boule pour amortir le choc. Ne sachant plus ce qu’elle faisait ou où elle habitait, Léonice se redressa tant bien que mal, faisant un signe de la main pour éviter toute forme de question gênantes.

« Je… je vous suis ! » annonça-t-elle une nouvelle fois en lançant un regard anxieux à la fenêtre au-dessus d’elle.




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Gyrès de BoétieComte
Gyrès de Boétie



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MessageSujet: Re: Danse Macabre   Danse Macabre - Page 3 EmptyMar 9 Aoû 2022 - 12:25
La scène avait quelque chose de comique, tant le surplus de situations et d’éléments loufoques et inattendus se succédaient à un rythme de maestro. Tout d’abord, le pleutre baron se traînant au sol et nous assommant de suppliques désespérées ; puis, l’arrivée soudaine de son rejeton, qui manqua d’être assommé par une Baronne de Raison transformée en redoutable guerrière, enhardie par l’arme de fortune qu’elle tenait férocement entre ses mains moites ; enfin, notre fuite pataude sur le rebord des cuisines, chose inimaginable pour des personnes biens-nés tel que nous. J’aurais ri franchement de tout cela si notre survie n’était point en jeu, pauvres proies que nous étions, traqués par d’implacables ennemis. L’atmosphère, certes tendue, demeurait légère face aux déboires que nous rencontrions : l’adrénaline montante transformait la peur en excitation. Peut être étions nous trop inconscients face au danger. Semblablement à la belle Léonice, la présence du couteau de cuisine dans ma dextre me donnait l’impression d’être un courageux chevalier, prêt à en découdre à coup de rapières avec moultes ennemis du genre humain.

Néanmoins, ma témérité s’arrêtait dès lors que j’entendais le moindre bruit suspect, notamment lors de notre retour aux cuisines. L’on semblait s’agiter dans le reste du manoir, tant les cris fusaient à tout va. Les déboires du gros baron Du Bellay dans l’étroit conduit parvinrent cependant à faire cesser mes tremblements d’anxiété et à me revigorer face au pathétique de l’homme. Il y avait là plus maladroit et plus nigaud que moi !

Mais cette obstination à vouloir tenir mon rang auprès de ma chère et tendre amie me fit commettre quelques imprudences, notamment lorsque nous dûmes briser les vitraux de la salle aux fourneaux : cassant l’une des vitres d’un énergique coup de coude, je dus immédiatement retenir de toutes mes forces un cri déchirant, témoignage d’un violent choc m’ayant sévèrement entamé l’avant-bras. Je tâchais de conserver une posture digne et fière malgré la douleur lancinante et grimpante, m’engageant doucereusement sur les rebords glissants et humides à la suite de Du Bellay fils.

« AAAAaaaaAAAHHHhhhhHHH !!!! »

Le cri aigu ayant précédé de peu le bruit sourd et visqueux d’une lourde masse s’écrasant dans la boue en contrebas manqua de me faire trébucher à mon tour. Tournant la tête, je constatais plus bas le corps gisant du baron, le froc déchiré, dévoilant par là même son derrière peu gracieux. Se relevant péniblement du bout de ses membres semblables à des boudins, l’homme semblait se porter relativement correctement, si tant est que le ridicule ne l’ait point encore achevé.

Néanmoins, le trébuchement de la baronne de Raison me fit découvrir un bien plus plaisant spectacle que le cul couvert de pustules du maître des lieux, la belle dévoilant malencontreusement ses gracieuses jambes galbées. Rougissant quelque peu, je tournais cependant la tête à la vue de cette merveille que je ne saurai voir, agissant comme le gentilhomme respectable que j’ai toujours prétendu être.

« Tout va bien, ma mie ? Auriez-vous besoin d’aide ? »

Sa réponse assurée mais quelque peu gênée suffirent à couper court à toute aide. Nous pûmes alors reprendre notre périlleuse escalade le long des murs de l’imposant palais. L’exercice, de nature quelque peu compliqué, se retrouvait davantage corsé par la pénombre environnante et la pluie battante. Si la clarté de la pleine lune n’éclairait point notre chemin, nous aurions déjà subit le sort du pauvre Du Bellay, qui se trainait plus bas.
Je demeurais néanmoins anxieux quant à nos poursuivants : auraient ils pu entendre le cri du gros poussin ? A moins que la pluie et l’orage n’aient couvert fortuitement son écrasement ?

Soudain, au loin, je le vis. Un homme d’une cinquantaine d’année, le crâne dégarni, la mâchoire carrée, le regard dévoré par la folie, tenant une longue épée le long de sa hanche, et encadré de deux autres nobliaux toujours emmitouflés dans leurs habits de carnaval. Le Thiercelieux et une poignée de ses fidèles fascisants. Qui, alertés, se traînaient près de notre côté. Oh, ils demeuraient loin, et ne pouvait nous distinguer d’où ils étaient, ayant l’avantage de la noirceur des cieux et des murs, contre lesquels nous nous camouflions, avec nous.

Les tremblements me reprirent avec force. Que faire ? Demeurer immobile, en attendant que nos limiers ne se lassent et repartent dans les jardins ? Ou nous presser, quitte à être découvert, en direction d’une fenêtre du vestibule de l’entrée ?
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Lazare de MalemortComte
Lazare de Malemort



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MessageSujet: Re: Danse Macabre   Danse Macabre - Page 3 EmptyJeu 11 Aoû 2022 - 22:39



Danse macabre | Automne 1166

Peu importait l’orgueil, peu importait l’honneur, peu importait l’ego, lorsque ma vie pouvait se jouer en partition au fil de l’épée de quelqu’obtus d’esprit, j’aspirais en premier lieu à la préserver. Nous engouffrant parmi les réserves que nous venions tout juste de parcourir à tâtons, il nous était aisé de retrouver notre chemin sinueux à la chiche lueur de la chandelle que soutenait le fils du Bellay, suturé enfin par la flamme entêtante de la torche que maintenait encore la Boétie. Tout s’enchaîna prestement depuis lors : le bris des vitraux provoquant les pleurnicheries embourgeoisées du Baron, les premières silhouettes s’extirpant maladroitement de ce caveau reniflant menace et trépas, l’atterrissage risqué sous les claires-voies brisées et autres débris de ces épais carreaux de verre teinté. La terre bordant la façade est, rendue poisseuse par l’écoulement des eaux tempétueuses de ce déluge soudain, ne facilita pas notre échappée. Tant et si bien que le Bellay, non content d’incarner le poids mort de notre expédition finale, se voulut aussi en être le trublion lorsque d’un saut périlleux – pour le moins littéralement – l’homme bascula mollement pour se vautrer dans la fange boueuse non sans un cri dont l’écho me crissait encore aux tympans. Je me risquais ici à passer à trépas, bien davantage encore que mes comparses à la carnation réglementaire, qui sauraient probablement se tirer de ce mauvais pas à la force des palabres et des justifications. Mes arguments ne seraient jamais entendus, et au regard de l’hécatombe sinistre dont nous fûmes les infortunés spectateurs, un cadavre de plus passerait tout-à-fait inaperçu. Alors je fustigeai intérieurement cet ambisinistre se redressant de sa chute vêtu cette fois d’un marronâtre autrement plus seyant que son jaune poussin qui nous ferait repérer à dix lieues à la ronde.

Nous nous engageâmes rapidement dans le contournement discret du domaine en file indienne, la pluie battante nous fouettant le visage à mesure de véhémentes bourrasques rabattant les gouttes drues dans notre direction. Dans notre fuite catastrophée, la Raison trébucha sur la margelle d’une jardinière que nous piétinions sans vergogne, laquelle j’avais annoncée en vain, n’ayant manifestement pas suffisamment haussé le ton pour me faire entendre parmi les grondements divins. Relevée à la hâte, a priori intacte si l’on excepte sa belle mise ruinée par quelque souillure de boue, nous nous interrompîmes un instant pour jeter un regard par dessus nos épaules voûtées, sans rien deviner de menaçant. Ce qui, toute mesure gardée, se voulut plus inquiétant que d’y avoir aperçu un quelconque ennemi. Alors m’approchant de l’angle de la bâtisse et par delà mes paupières plissées à travers les filaments grisâtres de l’averse brouillant notre vision, un éclair judicieux fit apparaître en ombres chinoises les silhouettes de certains de nos poursuivants. Celui que je devinai à la tête de ces coquefredouilles, d’une stature propre à nos titres respectifs, se dressait à l’orée des portails condamnés formant une entrée grandiloquente que nous avions tous dû franchir afin de nous rendre à la réception. Se posa ainsi un dilemme : patienter, et espérer le voir fuir ailleurs que dans notre direction, appelé par l’un de ses imbéciles roquets. Ou bien nous engouffrer de nouveau à l’intérieur du manoir dressé tel un piège à ours dans lequel le moindre recoin d’ombre saurait être notre perte.

Je n’avais guère l’intention de regagner ce tombeau, néanmoins, il nous fallait faire diversion à tout le moins. D’un pivot, je m’en allai aviser mes comparses de ma décision lorsque je vis s’abattre dans l’ombre de la façade que nous longions la main d’un intrus venu plaquer sa paume contre la bouche du Bellay. Mon palpitant fit un bond sous l’adrénaline d’un tel affront qui tétanisa le baron, fit manquer une respiration à son fils plaqué contre la cloison ruisselante, et surprit mes deux confrères. Ce fut du moins jusqu’à deviner l’allure du sergent d’Archambault, une vilaine cicatrice sanguinolente à son arcade gauche, la mine assombrie par les déboires qu’il semble avoir traversés non sans mal.

Je vous croyais morts et enterrés.
Vous n’avez guère idée de l’étendue de nos ressources, Sergent. Toutefois, nous voici dans l’impasse…
Le Comte de Thiercelieux, hm ? C’est justement de lui que je venais m’occuper, je dois laisser mes hommes s’échapper. Ceux qui du moins le peuvent encore. L’un d’eux est posté contre l’autre flanc du bâtiment et devrait le distraire d’une min-...

Il n’eut guère le temps de conclure ses explications parfois assourdies par le grognement des cumulus orageux qu’un cri d’alerte retentit dans mon dos, lorsque les roquets du Thiercelieux pointèrent le pic de leurs armes affûtés dans la direction opposée. Le pas prompt, les deux se ruèrent à l’angle ouest du macabre palais, et sur leurs talons terreux, le comte et sa posture théâtrale en dépit des seaux d’eau que le ciel déversait sur son crâne à la pelouse éparse. Dès l’instant où disparut ce trio, Archambault s’empara d’une clef en fonte et piétina à petit trot jusqu’à l’épaisse serrure dans laquelle il l’inséra sur le champ, pour en déverrouiller le loquet. Ne fut-il pas arrivé à la grille forgée d’écussons blasonnés des armoiries du Bellay que la porte centrale du manoir s’entrouvrit dans un grincement pour laisser écouler une petite dizaine d’hommes en armes au tabard viride, certains se maintenant épaule ou cuisse selon l’étendue de leurs blessures, hâtés par la nécessité de quitter cet endroit maudit. À la suite de ce cortège, je m’engouffrai dans l’élan orchestré par le sergent tout en incitant celles et ceux sur mes talons à me succéder, selon leur bon gré. Aux côtés du sergent, et alors que je tins à l’œil les Bellay père et fils, je voulus lui glisser à l’oreille une indication sur l’endroit où nous – me ? – retrouver suite à l’échappée de ses confrères en lieu sûr, hors de l’Esplanade.

Cependant, au loin, dans le sillage que nos pas anarchiques avaient laissé dans l’allée aux graviers clairs souillés de vase, la course effrénée de deux hommes dont je reconnus l’uniforme pour appartenir à l’unité d’Archambault voulut se poursuivre dans notre direction. Et plus loin encore, là où l’averse se mêlait aux éclats alpestres du tonnerre, jaillit un attroupement de trois hommes et leurs aiguillons dressés. Il n’y avait plus une seconde à perdre, au regard des éléments de notre cohorte et leur athlétisme pour le moins discutable, nous devions rapidement quitter les lieux et nous abriter là où Thiercelieux ne souffrirait poser un orteil.

Archambault, “l’Infortune d’Acanthe” ! lui lançai-je en détalant déjà, prêt à franchir l’arche de nos beaux quartiers pour m’enfoncer plus avant dans les ruelles de la Hanse.

Avant même de me préoccuper de la Boétie ou de la Raison, je maintins une surveillance attentive sur le duo générationnel qui se devait nous fournir des explications plus fournies quant aux circonstances de ce fiasco dont l’Esplanade entendrait jaser des semaines durant. Et pour cela, je m’apprêtais à rejoindre les étages feutrés d’une maison de passe pour le moins particulière, dissimulée derrière la façade d’une cordonnerie réputée de la Hanse, à plusieurs pâtés de maisons de notre emplacement…




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