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 Du spectre des espoirs fanés...

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MessageSujet: Re: Du spectre des espoirs fanés...   Du spectre des espoirs fanés... - Page 2 EmptyMar 14 Juin 2022 - 8:24
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Du spectre des espoirs fanés… | PRINTEMPS 1167

Aussi providentielle fut cette rencontre pour l’insolite Comte, la Baronne était loin d’en imaginer l’improbable portée en cet instant. Lorsque le ténébreux personnage prit congé, disparaissant dans l’artère proche où sa massive et épaisse silhouette fut engloutie par la marée des passants, Euryale ferma les yeux, tout son corps s’affaissant, ses épaules se voûtant dans un relâchement presque… impudique. Au soupir dénué de discrétion et harcelé de trémolos que sa bouche exhala, se joignit l’onde d’un profond soulagement. Si elle n’en avait rien montré jusqu’alors, cette rencontre l’avait troublée ; fut-ce là un sentiment favorable ou défavorable, elle n’aurait su l’appréhender. Et ce ne fut guère l’allusion faite à feu son père qui soulagea la pression de cette gangue d’angoisse autour de sa gorge et que cet échange, aussi laconique fut-il, généra. Qui que fut ce Lazare de Malemort et Malerive, elle se devait de rester prudente quant à ses éventuelles futures interactions avec lui ou toute autre accointance de cet acabit.

Or, elle se devait aussi d’être sincère envers elle-même. Elle mourrait d’envie de déchiffrer la vérité sur les réelles circonstances de la mort de ses parents. Cette rescapée du naufrage du Firmament avait interrogé les deux serviteurs qui lui restaient et qui étaient demeurés au sein du vieil hôtel familial de l’Esplanade. Pour toute réponse à ses fébriles interrogations, ils lui avaient servi la même et sordide histoire : nulle âme n’avait survécu à l’invasion du domaine de Malefreux par les Fangeux. Qui aurait pu survivre, d’ailleurs, face à ces immondes créatures aussi implacables qu’insaisissables ? Euryale avait donc dû se contenter de ce récit pauvre en détails.

Ses mains se dénouèrent, désertant son ventre pour se crocheter au rebord du banc, les jointures de ses phalanges blêmissant sous la pression féroce qu’elle leur soumettait. La veuve Montecler résista à la vague d’émotions contradictoires, parasites, qui tenta abruptement de la submerger, de l’accabler. Le corps raidi, paupières fermement closes sur des larmes qui picotaient leur chair diaphane, lèvres pincées en une grimace amère, elle lutta contre ces humeurs acharnées, voraces, qui finirent par battre en retraite et la laisser presque sans force, dos voûté, et front contre ses genoux tremblants.

Lorsqu’elle se redressa, l’air abêti figeant ses traits fins, lacérés de fatigue, le soleil avait presque disparu derrière les bâtisses, et ses lances ocrées harcelaient dans un dernier soupir la toile de l’empyrée. La Baronne de Malefreux se leva dans un effort las, et fomenta alors quelques pas incertains pour s’extirper de la courette de terre battue. Au sortir de la traboule ombreuse, eut-elle la surprise de découvrir une coursière, plantée là, bras croisés et semblant l’attendre.

- C’pas trop tôt, m’dame. L’nuit va pas tarder, z’êtes pas sérieuse, et moi, j’ai pas qu’ça à faire, à jouer les n’rrices pour l’nobles. Mais parait qu’j’dois veiller à c’que v’rentriez bien ch’vous. Allez !

- Qu-… ?!

- Et mettez ça su’l’dos, z’allez attraper l’mort !

La coursière jeta une lourde et noire pèlerine sur le dos de la noble, sans ménagement. Cette dernière en chancela de surprise. Décontenancée, elle n’eut pas la force de protester et préserva ce qu’il lui restait d’énergie pour entamer la traversée de la Hanse et poursuivre jusqu’à son petit hôtel de l’Esplanade, resserrant les pans de cette houppelande salutaire autour de son corps transi d’un froid soudain. La nuit avait dressé ses oriflammes nocturnes lorsqu’elle parvint à destination, la coursière marchant sur ses talons d’un pas souple et impatient.

- M’dame, faut m’payer, maint’nant. L’aut’ grand noir, là, c’t’un radin et un sale goujat, l’a dit qu’vous m’donneriez c’qu’il faut un’fois ma mission faite.

Décidément, ce n’était pas sa journée. Malgré la rusticité de l'homme, elle douta qu'il put agir de la sorte. Ne cherchant pas à démêler le vrai du faux en cette heure tardive, Euryale expulsa un souffle dépité, tout en fouillant dans une poche de son bliaud en quête de sa petite escarcelle. Elle se délesta d’un pourboire convenable, et la coursière s’éclipsa dans un ricanement sec, sans demander son reste. Une fois à l’intérieur du manoir, la solitaire veuve refusa le concours de ses deux serviteurs morts d’inquiétude et boita sans un mot, jusqu’à sa chambre où elle s’enferma.

[FIN]

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