[Interlude] Le bleu du ciel n'est pas celui de l'eau

23 Mai 1167.

[Interlude] Le bleu du ciel n'est pas celui de l'eau X1ex

Lucian avait observé le départ des deux jeunes femmes avec un amusement sincère. Une rencontre intéressante que celle-ci, démontrant, s’il le fallait encore que d’autres forces tiraient sur les fils du destin pour l’influencer. Se détournant il aida naturellement les marchands à déchargé une partie de leur marchandise, toujours sourire aux lèvres. Bien entendu, depuis qu’il avait du révéler son identité à Balazuc, la plupart d’entre eux le traitaient avec une déférence toute nouvelle, si bien que ce n’est que parce qu’il ne tint pas compte de leur supplique à ne pas s’abaisser à cette tâche qu’ils finirent par accepter sa présence et reprendre le travail.

Bientôt ils se mettraient à parler et la rumeur de sa présence finirait par être connue jusque dans le fort. Heureusement, l’heure tardive permettait sans doute de voir cette propagation ralentie jusqu’au lendemain. Il serait d’autant plus important qu’il se rende au Temple le soir-même. Clay ne souhaiterait pas l’accompagner, il le savait, depuis quelques mois le jeune combattant ne trouvait plus vraiment de réconfort à fréquenter la tranquillité d’un lieu sacré.
Il s’interrompit dans son geste. Elle avait fini plus vite qu’il ne l’aurait cru. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Disons bonne pour le moment. Saluant les hommes avec qui il avait fait le voyage, il s’empara de son sac et d’un étui de bois finement ouvragé de plus longue qu’un bras.
Il se retournait au moment où la prêtresse arrivait à son niveau.

- Ah, ma chère soeur, j’entendais justement venir vous quérir. Souhaitez-vous m’accompagner pour quelques présentations officielles à nos camarades locaux ? J’ai toujours cru qu’il était de bon ton de faire le premier pas quand nous avions le rôle d’invité.

Ils prirent alors la route du Temple, le père avançant toujours de cette démarche fluide et détendue qui pourtant avalait sans peine les distances. Il se faisait tard et si l’on sentait encore une certaine agitation en vu de l’importante arrivée du matin et de la préparation des festivités à venir, les rues étaient tout de même devenues plus calme.

- Je crois me souvenir que deux sœurs se partagent la gestion des lieux, Sœur Gudrun Mercier, que nous avons envoyé il y a quelques temps et Sœur Marie-Ange qui… disons que pour la tranquillité de tous, il est plus simple de ne pas trop nous attarder sur le sujet. Elles font du bon travail avec les fidèles, je suis heureux de m’en contenter.

Le batiment n’avait bien entendu rien à avoir avec la majesté de son alter-ego à Marbrume, à dire vraie, la petite chapelle tassée aurait sans doute tenue toute entière dans certaines de ses grandes salles. Pour autant, elle parvenait à garder une certaine aura de grandeur. Les deux visiteurs grimpèrent les trois marches pour trouver encore les portes ouvertes. Comme il l’avait prédit, deux femmes occupait les lieux, l’une en prière sur un banc, l’autre rangeant les derniers objets d’une cérémonie tardive.
Pourtant les sourcils de Lucian affichèrent une pointe de surprise, ce qui ne l’empêcha point de s’avancer sur les dalles dont la légère résonnance suffit à annoncer leur entrée dans le lieu de culte.

- Une bien belle soirée, pour un bien bel endroit. Pardonnez cette arrivée tardive. Il se trouve que notre convoi a pris un peu de retard sur la route.

S’avançant de quelques enjambées dans le couloir principal, il s’inclina profondément, non pas pour les jeunes femmes, mais pour l’autel qui trônait à son extrémité. Il chuchota un psaume rapide avant de se redresser, un sourire amusé sur les lèvres. Une nouvelle révérence, moins appuyée, moins solennel, mais plus amicale, celle-ci bien destinée aux occupantes.

- Je suis le père Altan, Haut-dignitaire de l’Ordre de Serus, en visite pour bénir la récente naissance qu’à vue votre bourg.

Il s’écarta pour présenter sa compagne d’un geste de la main élégant.

- Et voici sœur Isolde d’Ailefroide, qui a accepter de m’apporter son soutien durant le voyage. Je ne crois pas avoir déjà vu l’une de vous en personne par le passé… vous êtes ?

L'entrevue avec le soldat à demi-ivre occupait encore ses pensées, pendant qu'elle priait une dernière fois avant le coucher. Marie-Ange était sans doute au château, affairée à ranger on ne savait quoi. Gudrun n'avait aucune idée de l'heure à laquelle avait bien pu arriver son homologue, mais cela faisait déjà bien longtemps qu'elle avait renoncé à comprendre les va-et-vient de la jeune femme, qui surgissait toujours au moment où l'on s'y attendait le moins et repartait souvent sans trop de cérémonie. Elle soupçonnait quelque sombre histoire au sujet de ce comportement douteux, mais n'avait guère cherché à en savoir plus, redoutant les questions qu'elle aurait pu poser en retour. Quand elle avait besoin d'une discussion avec l'un de ses pairs, elle allait plus volontiers chercher la compagnie du vieux père Harold que celle de sa consœur. En revanche, une autre jeune femme l'avait rejointe au temple ce soir là, sœur Edwige. Elle ne la connaissait que peu, ayant à peine échangé quelques mots avec elle depuis son arrivée à Sombrebois.

Alors qu'elle pensait que la journée était enfin près d'être finie, de nouveaux arrivants la firent se retourner sur son banc. Un homme, plus tout à fait jeune, et une jeune femme. Vu leurs tenues, il s'agissait de deux membres du clergé. Intriguée, elle se releva pour les accueillir. Elle eut le temps de détailler davantage l'homme pendant qu'il s'inclinait : il s'agissait du Haut-Dignitaire de Sérus, qu'elle avait entraperçu auparavant, lors de cérémonies au grand Temple de Marbrume. Plus qu'intriguée, elle était désormais crispée. Drôle d'arrivée pour un personnage aussi important, à une heure aussi tardive et si peu de temps après le convoi officiel.

L'instant de surprise passé, elle se releva, et reprit cet air impassible si habituel, et qui commençait à devenir une seconde nature chez elle.

- Bonsoir mon Père. C'est un grand honneur de vous accueillir dans ce bourg si petit. Je suis sœur Gudrun, et voici un peu plus loin sœur Edwige. Bienvenue à vous deux... Je... Je suppose que vous souhaitez vous reposer un peu après ce voyage ? J'espère qu'il n'a pas été trop mouvementé ?

Hésitante, elle regardait les deux invités surprise en commençant à triturer ses mains pour évacuer sa nervosité. Voudraient-ils loger au temple ? Au château ? A l'auberge ? Rien n'était prêt, ce qui ne lui plaisait pas, et avec Laura qui était toujours là... Et quelque chose dans le regard du père Altan n'arrangeait rien, même si elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Non, décidément, tout allait de travers ce jour-là.

Le bleu du ciel n'est pas celui de l'eau

◈ 23 Mai 1167 ◈

On ne refuse rien à Marie-Ange. Ce principe, qui mériterait presque le statut de commandement, la jeune Edwige le connaît bien. Ce n'est pas son caractère récessif qui parviendra à changer la singulière prêtresse de Sombrebois : lorsque celle-ci exige quelque chose, il est souvent plus économique de lui céder. C'est pourquoi, ces dernières semaines, Edwige est apparue sporadiquement au Temple de Sombrebois, comme ce soir.

La brune s'affaire auprès de l'autel depuis son arrivée il y a une heure. Les offices du jour ont laissé un peu de désordre que Marie-Ange n'a pas eu le loisir de nettoyer. Elle sait que Rosen n'aime pas la savoir hors de la demeure seigneuriale, en particulier à une heure si tardive, mais Edwige n'est pas tout à fait seule. Gudrun, une sœur au moins aussi discrète qu'elle-même, veille également à ses corvées du soir. Si leur conversation n'a jamais dépassé le stade du salut cordial, sa présence reste rassurante pour la clergesse. D'une certaine façon, il semble que le cadre religieux du Temple lui manque.

La nuit s'installe lorsqu'une voix masculine attire son attention. Le nouveau venu, qu'Edwige reconnaît de visu, se présente comme le Haut-Dignitaire de l'Ordre de Serus, le père Altan. A sa suite, une autre religieuse introduite comme soeur Isolde d'Ailefroide.

Gudrun est la première à réagir, une initiative à laquelle Edwige est reconnaissante. Cette dernière ne s'attendait pas à devoir justifier sa présence à Sombrebois auprès d'un membre éminent de sa communauté. Le père Altan est-il au courant de sa situation ? S'en soucie-t-il seulement ? Il faut espérer que non, sans quoi la novice pourrait bien avoir des ennuis.

Non, il n'y a pas de raison. Cette affaire n'a pas pu faire grand bruit, il y a peu de chances pour que le dignitaire décide d'évoquer le sujet. Tout va bien se passer.

- Soyez les bienvenus, salue la brune en s'inclinant à son tour. Je n'officie pas habituellement ici, je ne fais que rendre service à sœur Marie-Ange. Souhaitiez-vous la rencontrer ?

Malgré ses meilleurs efforts, Edwige sent son cœur accélérer dans sa poitrine. La secte qui l'a poussée à se retrancher ici pourrait très bien avoir dévoilé de dangereux secrets à son sujet. La perspective de la potence n'a jamais tout à fait quitté son esprit depuis son départ...

Isolde glissa un pied à terre jusqu’au Haut Dignitaire dans un froissement de vêtement, son mouvement retenu tout en grâce et résolution, une moue décidée taillant ses traits. Elle réajusta sa natte et releva le menton d'un air déterminé. Ses cheveux étaient toujours rassemblés en une natte épaisse, mais laissait échapper quelques mèches brunes, plus sauvages.

« Vous avez raison » salua-t-elle d’un hochement de tête tandis qu’elle se décalait d’un pas souple sur le côté pour le laisser passer. « Laissez-moi juste - » Son bras se tendit lentement jusqu’à lui, le contournant au niveau de sa taille au dernier moment, pour récupérer ses affaires qu’elle bascula lentement sur son épaule, elle lui offrit un sourire discrètement lumineux. « Voilà. »

Sans rompre le rythme de leur marche souple, Isolde tournait la tête pour observer la structure du château de Sombrebois, ses murs cernés dans l'ombre aviva un étrange pressentiment au niveau de son dos. Elle lui évoquait un géant de pierre replié sur lui-même, surmonté d'un soleil déclinant. Isolde s'efforça de poser un pied devant l'autre sans ralentir le rythme. Une main retenant la longe de sa besace au niveau de sa poitrine, les mots d'Aeryn imprimés dans son crâne résonnèrent comme un étrange avertissement.

« Père Lucian, j’aurais une question… » Elle se mordit la lèvre dans son dos, mais ne laissa pas démonter par la présence du Haut Dignitaire puisqu’elle braqua un regard ardent dans le sien. « Pourquoi vous faites-vous si discret sur votre venue ? »

Puis ils pénétrèrent à leur tour dans le Temple et le bref inconfort qu'elle ressentit passa.

Isolde tourna la tête vers les portes ouvertes, suivi par sa longue natte brune. Ses yeux vifs dévisagèrent les deux sœurs, une étincelle sembla scintiller dans son regard.D’un hochement de tête sobre, elle salua les deux sœurs. Dans ses yeux, une lueur s'intensifia de curiosité.

« Bonsoir. » Fit-elle en s’inclinant légèrement à la suite de Lucian. « Je suis sœur Isolde, c’est un honneur d’être ici. Notre voyage a été… plus long, que prévu. »

Baignée dans la pénombre étincelante du Temple, quelques rayons d'un brasero discret s'invitait à l'intérieur. Un parfum d'herbe, relevé d'une légère pointe d'épice, se faufila jusqu'à Isolde. Face à eux, une sœur campait toute drapée de sagesse impassible, le visage enluminé d’une curiosité méfiante, les yeux perçants d'une intelligence intransigeante. Une ferveur tranchante vibrait dans la voix de sœur Gudrun, un brin lent, comme l'une de ces lames parfaitement affûtée.

« Soeur Gudrun. » Son regard dévia vers Edwige qu’elle salua d’une inclinaison de tête. « Soeur Edwige. »

Isolde, loin d’Aeryn, sentait une tension naissante courir le long de ses épaules qu’elle chassa d’un discret mouvement circulaire de la nuque. Cette entrevue pouvait signifier le franchissement décisif dans ses recherches pour la mercenaire qui lui avait confié ses maux oniriques.

« Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que vous dérangez sœur Marie-Ange. » Répondit Isolde avec lenteur, tandis qu’elle observait Lucian, elle jugea que ce dernier la laissait assez libre de ses mouvements. « Nous sommes un brin épuisés, mais je me demandais… »

Trop rapide, trop impatiente. Elle coula un regard vers Lucian pour se rattraper avec un semblant d’élégance.

« Si vous me donnez la permission de lire les écrits de Sombrebois, je n’étais jamais venu et je dois avouer que ma curiosité est piquée au vif… Si le Père Altan est d’accord, évidemment. »

23 Mai 1167.

Le père Altan promena son regard sur les trois femmes, s’arrêtant sur chacune d’elle avec un regard plein d’un intérêt sincère mais aussi d’une pointe de compréhension amusée, comme s’il était au courant d’un aspect comique de l’évènement qui échappait aux participantes.

- Le repos ne sera certainement pas de trop sœur Gudrun. Comme le dit ma partenaire de voyage, celui-ci n’a pas été de tout repos. Mais ne vous sentez pas le besoin de vous adaptez à note venue, pas plus que de déranger sœur Marie-Ange. Un lieu où étendre nos nattes sera bien suffisant et nous aurons l’occasion de tous nous rencontrer d’ici demain, j’en suis certain. dit-il en laissant ses yeux glisser entre Gudrun et Edwige. Et sachez que l’honneur est pour moi. L’époque où notre devoir de représentant spirituel était aussi de nous rendre dans nos congrégations les plus éloignées pour partager soutien et volonté est révolue depuis trop longtemps. Même la Fange ne doit plus nous éloigner des fidèles. Ce que vous avez fait ici et bien plus digne d’honneur que ma visite.

Il posa avec précaution son long coffret sur un banc, qui fut rejoint avec moins de cérémonie par son baluchon.

- Ce qui me pousse à répondre à la question que sœur Isolde me posait juste avant que nous n’entrions dans votre vénérable demeure. Une question que je m’attendais à la voir poser bien plus tôt à vrai dire, si bien que j’ai cru être d’un total désintérêt pour elle. Dit-il d’un ton visiblement bien plus amusé que blessé.

- Pourquoi donc suis-je venue en catimini ? Plutôt qu’en annonçant ma venue au sein du convoi Royal, permettant ainsi à vous et vos consœurs de se préparer à ma venue. La réponse est en réalité multiple. Peut-être fade pour certaine partie, car très personnelle.

Il laissa ses doigts glisser sur le bois de la boite, puis celui du banc, tournant autour de celui-ci ses yeux suivant les détails architecturaux de la chapelle intérieure.

- La première et la plus évidente, c’est que j’en ai l’habitude. A l’époque où je n’étais qu’un simple prêcheur et que mes pas me menaient loin au-delà des frontières de Langres, il pouvait être dangereux d’afficher de manière trop ostentatoire son rôle sur les routes. Les incroyants vous voient comme un ennemi, les brigands comme une bourse bien remplie. Le secret offre un confort rarement possible pour les personnalités publique. Commença-t-il en se retournant vers ses interlocutrices.

- Ensuite, c’est que malgré mon statut, je ne suis pas grand adepte des étiquettes et des règles. Le paraître à son importance, la cérémonie plus encore, mais jamais elles ne devraient éclipser le rapport humain. Notre rencontre aurait été bien différente si j’étais arrivé entourer de sommités, d’une foule venue les voir et de tout un tas des breloques sacrées à vous faire baiser avec solennité comme le veut la règle d’une visite officielle. Je n’aurais peut-être même pas appris que notre brebis égarée avait en réalité trouver un autre lieu où se reposer… Rutherford si ma mémoire ne me fait pas défaut. Dit-il en souriant à Edwige sans que ses yeux ne s’arrêtent vraiment sur elle. Elle ne lui avait point donner de nom.

- Et enfin, malgré les apparences, Sœur Isolde. Tout comme vous, j’étais un accompagnant et non l’accompagné. J’ai rendu service à un ami tout en me facilitant la vie. Et bien entendu, vous n’avez pas besoin de mon autorisation pour vous intéresser à la culture trouvable en ces lieux. Même si je dois admettre que ma curiosité est piquée au vif par votre soudain intérêt ! Peut-être partagerez-vous avec moi le sujet de votre recherche ou vos découvertes si l’envie vous en prends. Entre temps, et si vous le voulez bien, j’aimerais prendre un peu de temps à l’une de vous pour me parler de comment se porte la foi à Sombrebois, peut-être pendant que l’autre indique à ma compagne où trouver ce qu’elle cherche… proposa-t-il.

Le bleu du ciel n'est pas celui de l'eau

Les mots fort orientés du dignitaire semblent suspendre le temps lui-même, si bien qu'Edwige éprouve le sentiment de flotter. Si Marbrume a été le théâtre de ses plus grandes souffrances, Sombrebois s'est présenté comme un oasis de bienfaits. La générosité et la confiance de ses protecteurs lui ont permis de guérir, de se reconstruire, et d'envisager de nouveaux horizons. En des temps aussi difficiles que l'apocalypse elle-même, ce n'est pas une maigre chose. Pour la première fois depuis des années, Edwige sourit, y compris lorsque personne ne regarde. Cette ville et ses habitants lui ont offert le plus beau des présents : un terreau fertile où cultiver une fragile graine de bonheur.

La respiration de la jeune femme se coupe. Le père Altan est-il conscient du couperet qu'il agite sous son nez à travers ses allusions ? Sans doute. Compte-t-il user de cette pression pour s'assurer une forme d'ascendance ? Peut-être. Et une fois ces petites extravagances passées, se montrera-t-il compréhensif et magnanime...? Pas la moindre idée.

Durant ces quelques secondes durant lesquelles l'effroi et la crainte peuvent se lire sur son visage, Edwige envisage tous les scénarios possibles, avant de faire le choix de la docilité. Son front s'abaisse, et ses mains se rejoignent en un nœud de nervosité. D'une voix mal assurée, elle se tourne vers sœur Isolde.

- ... Je vais vous guider jusqu'aux écrits de Sombrebois, promet-elle en un murmure. Sœur Marie-Ange les a déplacés en ces lieux afin de ratifier la naissance du futur baron. Hum, je vous prie de me suivre...

Le temple du bourg étant bien plus modeste que son cousin de Marbrume, seules quelques pièces les séparent du fameux registre, mais Edwige désire plus que tout se soustraire à l'attention du père Altan. Assister sœur Isolde dans sa quête lui permettra au moins de souffler un peu, et peut-être d'entrer dans les bonnes grâces de ces nouveaux venus. En l'état, elle n'a aucun intérêt à s'en faire des ennemis.

La porte du bureau grince tandis que la jeune prêtresse pénètre les lieux, sa consœur sur ses talons. Faute d'éclairage, la pièce est plongée dans l'obscurité - économie oblige. Edwige remédie à cela en ravivant la flamme d'une petite lampe à huile qu'elle vient déposer près d'un lutrin. Ouvert sur celui-ci, à l'entrée la plus récente, se tiennent les écrits de Sombrebois.

- Il s'agit du dernier volume, précise timidement la clergesse. Désirez-vous consulter les plus anciennes entrées ?

Le regard de la petite brune guette celui d'Isolde. Se pourrait-il qu'elle interprète un peu trop l'attitude de ces invités inattendus...?

Gudrun resta un moment pensive devant les déclarations de Sœur Isolde. Celle-ci s'était coulée dans l'ombre du père Altan en entrant dans le temple, et rien dans ses salutations ne dénotait une quelconque joie d'être ici. Elle avait dû être choisie pour accompagner le convoi, pour une raison ou une autre. Peut-être même s'était-elle portée volontaire : la fougue qui se lisait aisément dans ses gestes et ses paroles avait fort bien pu la pousser à découvrir le monde au-delà des murailles de la capitale. Mais plus que sa demande si étrange pour une arrivée aussi tardive, ce furent les déclarations du père Altan qui indignèrent la prêtresse.
Elle laissa donc Sœur Edwige conduire leur jeune consœur au livre qui avait été ramené au temple pour la grande occasion du lendemain, et avança d'un pas vers le Haut-Dignitaire, le fixant droit dans les yeux pour tenter de retenir l'attention de cet étrange homme. Celui-ci semblait ne pas tenir en place, et ses yeux n'étaient pas en reste, comme si l'architecture de la chapelle eût été une chose urgente à admirer.

- Il me semble malgré tout que les convenances sont là pour de bonnes raisons, même si nous n'en voyons pas toujours l'intérêt. Mais enfin, si vous êtes prêt à faire fi du confort, c'est tout à votre honneur.

Elle jeta un coup d’œil vers la porte.

- Néanmoins... Si vous vous considérez comme un simple accompagnant, je suppose que la personne que vous avez escorté jusqu'ici voudra...

Sa voix s'éteignit légèrement au fur et à mesure que ses paroles sortaient et qu'elle prenait conscience des possibilités. Une personne plus importante qu'un Haut-Dignitaire ? Puisque le convoi royal était déjà arrivé, une seule hypothèse lui paraissait réaliste. Elle blêmit un peu.

- ... sans doute dormir dans un lit confortable... De qui s'agit-il ? Est-elle partie loger au château ? Je ne voudrais pas commettre un impair en ne la saluant pas correctement demain.

Elle était singulièrement agacée par cette décontraction si ostentatoire, et elle se mit à serrer les dents, la mâchoire crispée, effritant un peu plus son masque impassible.

Un éclat de surprise traversa son visage, mais elle acquiesça sans objecter, une mimique songeuse flottant sur ses traits. Tandis que Lucian s'avançait d'une démarche aérienne vers le clerc, le regard attentif d'Isolde s'attarda sur la silhouette élancée. Sa chevelure soyeuse s'accordait au rythme de ses pas. Sans qu'elle n'en devine le pourquoi, un étrange mélange de répulsion et d'admiration lui souleva la poitrine. Les mots de Lucian s’étaient enfoncés, aussi cruciaux qu’une lame perforant la chair dans son crâne. Ainsi, voulait-il rester dans un lambeau d’obscurité en simple spectateur, le raisonnement se tenait : mais pourquoi s’armer tant de discrétion comme un voile opaque sur ses intentions plus que floues ? Imperceptiblement, les sourcils d’Isolde se plissèrent en une moue méditative.

« Vous étiez occupé avec Lili » protesta-t-elle en empruntant le même ton que lui en le ponctuant dans une espièglerie timide. « Je n’allais pas vous importuner, mon Père.» ironisa-t-elle tandis qu’elle s’en écartait.

Comprenant qu'elles étaient gentiment congédiées, Isolde s'avança avec assurance vers Edwige et lui emboîta le bas avec élégance non sans se retourner une dernière fois tandis que sœur Gudrun et Lucian commencèrent à échanger.

Lorsqu’elles pénétrèrent dans un petit bureau assez étroit, Isolde suivit du regard Edwige qui s'éloignait récupérer un premier ouvrage alors qu’elle s’avançait vers le bureau. Son allure était voûtée, ses yeux déclinaient vers la fuite et ses gestes respiraient l’obéissance apeurée, comme une proie craignant l'étreinte de la morsure d'un loup autour de sa gorge délicate. Tendant le bras pour récupérer l’ouvrage qu’elle lui présentait, Isolde contempla silencieusement et avec attention la couverture.

« Merci. » La gratifia-t-elle d’un sourire avant de s’en saisir et de le déposer lentement sur le bureau de fortune et de hausser les épaules d’un air faussement coupable. « Je ne suis pas une grande dormeuse, il me faudra beaucoup de lecture avant que je ne trouve le sommeil. Si vous voulez bien m’excuser…»

Isolde se dirigea d'un pas vif vers un piédestal supportant une caisse miteuse, elle se haussa sur la pointe des pieds, y plongea le bras. Elle en ressortit aussitôt, victorieuse, avec un livre tiré au hasard. Dans le courant de la nuit, les flammes des bougies léchaient la devanture du livre qui ne présentait aucun titre, comme si cela avait été volontaire.

« En voilà un qui m’a l’air assez vieux pour renfermer des secrets ! » Commenta-t-elle avec une pointe de fierté. « Je vais sûrement avoir de quoi m’occuper cette nuit. » Plaisanta-t-elle en arborant un sourire ourlé d’une élégance discrète.

S’installant à un bureau, elle ramena une bougie pour avoir suffisamment de lumière sur sa lecture. Saisie d’un délicieux frisson derrière la nuque, elle siégea sur une chaise branlante et ouvrit le livre d’un geste précautionneux, presque prudent. Losqu’elle découvrit la première page du livre avec une curiosité non-dissimulée, elle s’humecta automatiquement l’index, elle se mit à feuilleter le livre, ses yeux furetant vivement d’une ligne à l’autre.

« De quand date ces livres ? » Interrogea-t-elle tandis que ses yeux avalaient chaque ligne, chaque mot avec une rapidité vorace. « Quelques phrases sont effacées, mais je me doute qu’à la reprise de Sombrebois, les livres n’ont pas dû échapper au temps, hélas. »

L’entraînement que lui avait offert Kaïne l’avait poussé à être concentrée sur deux tâches simultanément sans que cela ne représente pas le moindre effort. Elle tourna à nouveau une page, suffisamment pour se figer un peu plus sur son siège. Le souffle court, une vague anxiété au ventre, Isolde pénétra dans le vaste récit présenté par ce livre sans titre.

23 Mai 1167.

Alors que les deux jeunes femmes s’éloigner dans un couloir ténébreux pour satisfaire une soif de connaissance qu’il doutait de voir assouvie cette nuit, Lucian ramena son regard sur celle plus expérimentée, plus triste aussi de toute évidence. Mais de cette tristesse avec laquelle on a appris à vivre. Il lui lança un regard mimant la surprise mais que se montrait plus parodique que sincère.

- Vraiment sœur Gudrun, vous estimez les convenances importantes ? Plus que l’honnêteté ? Ne préféreriez-vous pas me dire à quel point mon arrivé impromptue vous agace en plus de vous inquiéter ? Ou pouvoir vous éviter de trouver une façon suffisamment alambiquée de me demander l’identité de la personne que j’accompagne pour ne pas paraître trop curieuse ?

Il sourit en prenant place sur le banc qu’il venait de parcourir de ses doigts, sans la quitter des yeux. Son sourire semblait sincère, mais pouvait porter à une ample confusion vu ses paroles.

- Je parierais même que vous aimeriez pouvoir me dire que vous ne me trouvez trop décontracté. En des termes un peu fleuri sans doute… Dit-il comme s’il lisait littéralement ses pensées. Permettez-vous donc ma Sœur, je ne me vexe pas facilement, même sans convenance. Je connais fort bien les Hendois, je sais que leur esprit est plus dur que celui des gens d’ici. Cela les rend certes rigide sur certains points, mais au moins, avec eux, on sait vite à quoi s’en tenir.

La phrase semblait s’épanouir sur la frontière de l’insulte et du respect avec un talent d’équilibriste digne des plus grands artistes de la cour du Roi. Et en aucun cas Lucian n’ajouta le mot qui aurait put permettre de basculer d’un côté ou de l’autre. En lieu et place, il répondit à sa question, si on pouvait appeler cela une réponse.

- Et ne vous en faîtes pas pour mon ami, le château ne l’intéresse guère, il est homme de peu, un carré d’herbe lui suffirait…. Pour dormir bien entendu, ce n’est pas une vache. Si vous m’évoquiez plutôt les raisons qui vous poussent à une si insidieuse curiosité ma sœur ? Cela nous serait-il profitable à tous deux ?

***

…ans la pierre, toujo……………… …la pierre. Extraction s…….. par l’eau, hémorroïde si pas………. Trop chaud. Voilà ce que parvint à déchiffrer de la première page la jeune Isolde visiblement peu inspirée dans son choix. Malgré tout, que ce soit par ego ou patience, elle de décida à persévérer dans l’ouvrage qui semblait être le journal personnel d’un prêtre tout juste ordonné et qui, à l’image de Gudrun s’était retrouvé en charger d’un bourg certes vivant, mais en proie à une efficacité travailleuse qui faisait pour le religieux de bien longues journées en solitaire.

Les premières pages, entre le style plus qu’incertain de leur auteur et la dégradation du aux intempéries n’était pas plus lisible ou peu s’en faut. Des habitudes, des noms, des dates, rien que de l’ennui en perspective… Cependant, le cœur de l’ouvrage, de par son épaisseur semblait avoir mieux survécu au temps. Et la plume du prêtre, pratiquée pendant les trop nombreuses pages précédentes, semblait s’être affinée, avoir gagner de la qualité qui font les beaux moments de lecture.

Au lieu de raconter sa vie dans des détails un peu trop explicite pour la lectrice, le jeune prêtre nommé Anthelm se prêtait au jeu de la pensée et philosophait avec verbes sur des ouvrages emprunté dans les archives du temple. Si certaine critique était d’un amusement tout particulier, ou même poussaient à une réflexion intéressante, rien ne semblait devoir retenir l’attention d’Isolde. Jusqu’à ce qu’au détour d’une page, elle aperçoive d’un œil distrait le terme « bête », plus rare dans ce genre d’ouvrage. L’homme semblait évoquer un vieux livre de détournement historique si on en croyait les premières lignes.

Y avait-il vraiment matière à poursuivre ? D’autres ouvrages plus professionnels semblaient attendre son étude. Et Anthelm, si gentil et doué soit-il, ne semblait pas vraiment se concentrer sur un sujet en particulier.

L'agacement qu'elle ressentait ne dura pas longtemps, car le Père Altan répliqua de façon tout à fait inattendue à ses questions. Inattendue, oui, mais aussi de façon très déplacée et malpolie, désagréable au possible, et clairement provocatrice. Aussi la légère irritation se transforma-t-elle au fur et à mesure du discours en quelque chose de plus intime, plus poignant, tandis que sa mâchoire se serait presque décrochée sous l'effet de la surprise. Elle essaya pourtant de garder une attitude digne vis-à-vis de cet homme qui exprimait ses opinions aussi franchement.

Oui, franchement, il n'y avait pas d'autre mot, ni d'hésitation sur la sincérité de ses paroles. Sans doute omettait-il des détails, mais pour le reste, il était difficile de douter de ses déductions tellement celles-ci sonnaient juste.

Son étonnement était tel qu'elle se mit à bafouiller quand il s'arrêta enfin de parler, réalisant dans le même temps que son visage, et son manque de rhétorique, ne pouvaient que renforcer son interlocuteur dans ses hypothèses. Car il s'agissait bien de cela, d'hypothèses qu'il lançait au petit bonheur la chance, prêchant le faux pour savoir le vrai, n'est-ce pas ?

- Je... Vos insinuations sont... Bon sang ! Qu'il soit homme de peu ou non, un lit dans le temple me paraît tout de même préférable à un carré d'herbe froide et humide ! Vous ne me connaissez pas, et je... Je...

Elle prit une grande bouffée d'air et s'interrompit un instant. Il s'agissait tout de même d'un Haut-Dignitaire, et si elle s'était éloignée de Marbrume et du grand Temple, c'était bien pour s'éloigner de sa hiérarchie et non pour se la mettre à dos ! D'une voix plus calme, elle reprit.

- Excusez-moi. Je crois que vous vous faites des idées mon Père. Vous avez raison, il est des raisons qui me poussent plus que d'habitude à la curiosité, je vous présente mes excuses si vous l'avez trouvée déplacée.

Encore un peu en rogne malgré tout, elle ne s'excusa en revanche ni des pensées qu'il lui avait prêtées, puisqu'elles n'étaient pas si loin de la réalité, ni de son petit emportement, qu'il avait après tout bien cherché. Elle vint lentement s'asseoir sur le même banc que lui, fixant sans les voir ses mains qui lissaient machinalement les plis de sa robe.

- Je suis un peu... tendue, ces derniers jours. Rien dont vous devriez vous inquiéter : s'occuper seule d'un bourg comme celui-ci peut parfois s'avérer plus ardu que prévu. En revanche, j'ai fort perdu l'habitude de participer à des évènements mondains comme la réception à laquelle j'ai assistée aujourd'hui. Il est des menaces qui se trament à demi-mots parmi les gens importants, et auxquelles je ne comprends goutte, car je n'ai aucune clé pour les lire.

L'honnêteté, oui... Les mots de son homologue avaient fait mouche. Éric lui en avait fait voir les bienfaits : être sincère... pouvait en effet s'avérer profitable. Au moins, cela faisait du bien, de confier une partie de la vérité à un autre être humain.

- Comprenez-moi bien, je n'ai aucune intention de me mêler de ce qui ne me regarde pas : mais tout est si petit ici. Lancer un caillou dans une mare ne fera que quelques ondes qui s'apaiseront bien vite, mais le lancer dans un baquet risque de provoquer moultes éclaboussures. Vous saisissez mon problème ? Cela étant, je ne crois pas que partager ces soucis avec vous nous soient profitables à tous deux. A moins que vous n'ayez un éclairage à m'apporter ?

Le bleu du ciel n'est pas celui de l'eau

Edwige laisse amplement le loisir à Isolde de feuilleter à satiété. Les ouvrages renfermant l'histoire du bourg sont lourds de contenu, pas toujours des plus intéressant. La jeune prêtresse elle-même n'a pas voulu s'y plonger plus d'une soirée, vite lassée par le manque de rigueur des précédents rédacteurs et leur maîtrise de la patte de mouche. En l'état, les premiers ouvrages font un peu honte à la profession, et Edwige elle-même s'en trouve embarrassée.

- Ceux-là remontent à deux siècles, pointe la novice avec un sourire gêné. Je ne recommande pas leur lecture la lumière du jour et un esprit bien reposé. Le responsable de l'époque était terriblement désordonné, c'était avant que les procédures régulières ne soient généralisées pour les registres...

Elle n'ose ajouter que ce livre précis l'a découragée de faire ses propres recherches sur le passé de Sombrebois. Plutôt que d'y laisser la santé de ses yeux et de sa pensée, Edwige a préféré poser ses questions directement à Marie-Ange, ce qui n'est pas une alternative aisément choisie.

- Laissez-moi les classer pour vous, s'invite la brune tandis que sa voisine découvre l'ampleur du problème. Ainsi vous trouverez sans mal la période qui vous intéresse.

La religieuse ignore l'objet exact des recherches d'Isolde, mais elle souhaite se rendre utile malgré tout. Elle ne peut pas se permettre d'avoir l'air de mauvaise volonté. Aussi, Edwige entreprend d'extraire les ouvrages de leurs contenants, de chasser la poussière qui les recouvre, puis de les ranger par chronologie et par auteur. Sa consœur de Marbrume n'aura plus qu'à se servir selon ses envies.

- Avez-vous un évènement ou un sujet particulier à cœur? s'aventure la prêtresse en jetant un regard à Isolde par-dessus une pile de tomes reliés. Peut-être puis-je vous assister dans vos recherches.

Il serait impoli de ne pas le proposer. Edwige se souvient de ses heures de punition passées dans la bibliothèque du Temple de Marbrume, à assister leur archiviste aigri. Cet apprentissage allait peut-être servir aujourd'hui.

Les mots rédigés et leur signification ne prirent guère de temps pour imprégner les esprits sans dissimuler la brume confuse qu'Aeryn avait dispersée. Les mots évoquaient des images fugaces qui s'évaporaient aussitôt tels des volutes de fumée. Des spectres, des fantômes. Isolde joua de ses doigts, comme pour se saisir d'un savoir invisible, imaginant le poid sur la pulpe de ses doigts, se remémorant les bribes du récit d'Aeryn. Un sentiment de frustration gronda dans ses tripes, la sensation d'une vérité convoitée à portée de main et demeurant pourtant inaccessible.

« Ne vous embêtez pas plus, ma Soeur. »

Tirée de sa songeuse réflexion en voyant soeur Edwige classait et s’agitait avec les livres, Isolde releva lentement la tête et la suivit du regard. Une muraille de livres tranchait avec l'obscurité de l'office, tous les titres défilaient sous le regard attentif et volontairement lent d'Isolde.

« Il ne me semble que je ne trouverai rien ici, Ma Soeur. Je vous remercie. » Admi-t-elle dans un soupir. « Peut-être aurais-je plus de chance au Temple de Marbrume. »

Isolde se redressa sur son siège et enjamba une caisse posée au sol avec grâce. Elle resta silencieuse un moment, le temps de suivre la danse des ombres projetés par les bougies, puis se ressaisit en secouant légèrement la tête. Puis la perplexité confuse se dissipa, chassée comme un nuage par le souffle du vent. Isolde se dirigea d'un pas vif vers un piédestal supportant de nombreux volumes classés par sœur Edwige.

« Néanmoins…» Commença-t-elle tandis que ses doigts jouaient avec le dessus de la tranche de chaque livre, avant qu’elle ne se freine lentement dans ses pas armés d’une dignité résolue, comme plongée dans une profonde réflexion.

Un temps, tandis qu’elle tapotait mécaniquement son index sur ses lèvres pour prolonger l’enchevêtrement de ses pensées.

« Si vous trouvez un Ouvrage contant les rêves et les interprétations...»

Elle pencha la tête sur le côté.

D'un pas déjà plus assuré, elle se dirigea vers la porte de la pièce, puis, tout bas à en être inaudible, comme une demande secrète confiée aux dieux.

« N’hésitez pas à m’en faire part. »

HRP: