Marbrume


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 Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]

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Critès DombrecielPrêtre
Critès Dombreciel



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MessageSujet: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyDim 10 Juil 2022 - 10:45
5 mai 1167
Marbrume.
Quelque part, dans une cabane crasse à l'extrémité des faubourgs.


Critès ouvrit les yeux avec difficulté.
Il était presque impossible de distinguer quoi que ce fût dans la pénombre, mais il entendait une femme sangloter, et plus loin, la voix apaisante d'un jeune homme qu'il reconnut comme étant celle de l'aspirant Arnaud.

- Courage mon enfant, disait celui-ci. Les Trois nous viendront en aide, vous verrez.

Une douleur sourde lui brûlait les poignets.
Par les Trois ! Il était attaché !
Son pouls s'accéléra alors qu'il prenait conscience brutalement du danger. Comment en étaient-ils arrivé là ?
Il se rappela alors. Avant-hier, ils étaient allés faire une distribution dans le centre-ville. Vers le début de l'après-midi, il avait fait très chaud. Aussi, lorsqu'un jeune aspirant leur avait proposé un verre d'eau, ils avaient accepté. Puis par la suite...
Le trou noir. Il ne se rappelait absolument pas de ce qui avait pu arriver. La conclusion s'imposait ; lui et l'aspirant Arnaud avait été drogués ! Drogués, puis amenés ici. Dans quel but ? Quelle épreuve était-ce là ?
Soudain, il entendit la voix d'une autre femme, qui chuchotait de façon apaisante, sans doute pour réconforter l'autre femme capturée. Et son coeur fit un violent bond dans sa poitrine. Ce timbre, il l'aurait reconnu en tous.

- Joséphine ! s'écria-t-il alors. C'est vous ? Par les Trois, vous a-t-on fait du mal ?

Décidément, il était incorrigible quand il s'agissait de cette femme ! Il était attaché, l'aspirant Arnaud aussi, ils étaient clairement entre les mains de bandits ou pire, et tout ce qu'il trouvait à faire, c'était à se soucier de cette maudite fille d'Anür !
Oui, il était incorrigible.
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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyDim 10 Juil 2022 - 14:57
Un goût âpre dans la bouche, Joséphine battit des cils en revenant à la réalité. L'endroit était plongé dans la pénombre et de prime abord elle ne parvenait pas à distinguer quoi que ce soit. Elle essaya de se remémorer comment elle était arrivée là. Aucune idée. Elle ne se souvenait même pas de s'être endormie. Son dernier souvenir, c'était ce client un peu étrange qui avait insisté pour la voir malgré sa convalescence en promettant à une Mère Gardienne qu'il désirait seulement lui parler. Elle ne se souvenait pas qu'il se soit présenté, à dire vrai elle se souvenait uniquement de cette citronnade qu'il lui avait offerte ainsi qu'à sa consoeur Mathilda avec qui elle discutait dans sa chambre au moment il était entré.

Un sanglot l'arracha à ses pensées. Jo réalisa qu'elle avait les mains attachées et qu'elle était allongée sur une surface dure, probablement du bois. Elle se redressa avec difficulté, peinant à trouver son équilibre entre ses mains liées et la drogue qui devait certainement encore circuler dans ses veines. A côté d'elle, la Fille d'Anür vit une jeune femme aux cheveux blonds attachés en un reste de chignon, visiblement malmené par les récents évènements.

Joséphine n'eu aucun mal à reconnaitre sa consoeur Mathilda. Tant bien que mal, elle se déplaça pour la retrouver et la rassurer. Non loin, l'aspirant Arnaud était également présent et essayait aussi d'apaiser les sanglots de la Fille d'Anür. La rousse regarda autour d'elle, distinguant une silhouette couchée plus loin dans la pièce, l'obscurité ne lui permettant pas d'en savoir plus. Etrangement, Joséphine ne paniquait pas autant que sa comparse. Elle essayait plutôt d'analyser la situation. Bon sang dans quelle sale histoire avait-elle encore été embarquée ?

- Calme-toi Mathilda, tout va bien se passer mais nous ne devons pas nous laisser emporter par la panique. tenta-t-elle de la rassurer.

Les pleurs de son amie l'empêchaient de se concentrer. C'est alors que la silhouette qu'elle avait distinguée un peu plus loin s'anima et prit la parole et prononça son prénom dans un timbre de voix qu'elle connaissait par coeur... Critès. Par les Trois mais qu'est-ce que tout ceci pouvait bien signifier ? Ne prêtant pas attention à l'état des autres personnes, le prêtre s'adressa uniquement à elle, l'air inquiet. Depuis qu'elle avait quitté le dispensaire, elle ne l'avait pas revu. Peut-être n'avait-elle plus été digne de son attention lorsqu'il avait su que son état n'était plus préoccupant.

- Père Critès ? ... Non, je vais bien... Nous allons tous bien... précisa-t-elle, gênée d'avoir été le seul centre d'attention.

C'était vrai, ils allaient tous bien, pour le moment. Voilà qu'elle avait été empoisonnée, enlevée et séquestrée dans un endroit inconnu et tout à fait effrayant. Et pourtant la seule chose qui la troublait plus que tout, c'était la présence du religieux dont elle sentait le regard couleur miel peser sur elle.

- Savez-vous comment vous êtes arrivé ici ? hasarda-t-elle pour dissiper son malaise.
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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyDim 10 Juil 2022 - 22:27
Critès répondit immédiatement à la question de Joséphine. En effet, il se demandait comment elle-même avait atterri ici.

- On faisait une distribution, avec l'aspirant Arnaud. Un autre jeune aspirant, que je ne connaissais pas et que nous n'avions jamais vu auparavant est venu nous assister, prétendant nous être envoyé par le temple. Il faisait chaud, et à un moment donné, il nous a proposé de l'eau qu'il venait de tirer d'une fontaine à proximité. Nous ne nous sommes pas méfié et avons bu tout notre soûl... Et je me suis réveillé ici, comme vous. Par les Trois, j'ai été tellement idiot... Mais il y a beaucoup de nouveaux au temple en ce moment, comment j'aurais pu deviner...


Ses yeux s'étaient à présent habitués à la pénombre et il distinguait parfaitement les boucles auburn de Joséphine éclairées par l'unique lampe à huile présente dans la pièce. Plus loin, une jeune femme blonde, sûrement celle que Joséphine avait appelée Mathilda, se cachait le visage dans ses mains, tentant de retrouver son calme. Ils étaient probablement dans le garde-manger d'une cabane miteuse ; au plafond, un cuissot séché de gibier se découpait dans un faible rayon de lumière. Sur une étagère, on pouvait voir un ou deux bocaux. Qui pouvait bien les avoir enlevés, et pourquoi ?

- N... Nous, un inconnu nous a offert de la citronnade au temple, dit soudain la fameuse Mathilda d'une voix faible.
- Au temple...?

Critès prit une profonde inspiration, il réfléchissait à cent à l'heure. Clairement, le temple était visé. Pourquoi enlever ainsi quatre personnes...? Qui...?
La réponse lui apparut soudain, alors que la trappe au plafond grinçait.
Des hérétiques.
Des hérétiques qui voulaient frapper un grand coup, détruire la foi des marbrumiens en la Trinité. Des purificateurs ou des adorateurs du cloaque.
La trappe s'ouvrit.

- Alors, alors ?
lança une voix grinçante. On est réveillé, là-dedans ?

A la lueur de la lanterne, Critès distingua alors un visage d'une laideur infernale. L'homme avait de gros yeux bleus globuleux dans un visage grêlé. Il portait des braies salis par la boue et une chemise qui avait dû un jour être blanche. Il esquissa un rictus cruel qui se voulait sûrement un sourire en toisant les prisonniers d'un oeil torve.

- Réjouissez-vous donc, les enfants ! Vous avez été choisis pour un petit sacrifice à Etiol ! Le dieu des Marais aime bien que l'on punisse les hérétiques qui n'adorent pas le seul vrai Dieu !

Critès sentit son coeur rater un battement. Bien sûr, bien sûr ! Il n'y avait que ces tordus pour imaginer un plan pareil. Ils étaient vraiment dans la panade.

- Vous le paierez, siffla-t-il alors que l'homme descendait, suivi d'un autre camarade.
- C'est vous qui allez goûter un peu au châtiment qu'Etiol réserve à ceux qui l'offense, répliqua le jeune homme qui descendait l'échelle en ricanant. Alors mes jolies, elle était bonne, la citronnade ?
- Espèce de monstre ! cracha la blonde Mathilda qui semblait avoir retrouvé du courage.
- Monstre ? C'est ce qu'on va voir ! C'est toi qui va y aller en premier, d'ailleurs ! On l'emmène ! ricana le jeune homme.

Il ajouta :

- Mais dîtes donc, elle est jolie ! On pourrait pas s'amuser un peu avant ?
- Pas question, Daioc ! Il ne faudrait pas souiller de trop le sacrifice ! Allez, on l'emmène !
- Lâchez-moi ! hurla l'infortunée Mathilde alors qu'ils s'emparaient d'elle. Au secours ! Au secours !
- Lâchez-la, bâtards ! cracha Critès. Comment osez-vous ?
- Toi, ferme-la, le cureton ! On t'a gardé pour la fin !

Un violent coup de pied lui frappa les côtes et il bascula sur le côté, une vive douleur lui coupant brièvement le souffle.

- AU SECOURS !
- Par les Trois, ayez pitié, gémit Arnaud.
- Revenez, sales boursemolles ! Engeances des abysses ! cracha Critès. Argh...

Il était à bout de souffle. La trappe se referma, mais les hurlements de Mathilda retentirent longtemps dans ses oreilles.
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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyLun 11 Juil 2022 - 21:21
Joséphine écouta la récit de l'enlèvement de Critès et d'Arnaud en fronçant les sourcils. Le mécanisme d'action était sensiblement le même que celui qui avait été utilisé pour l'appâter avec Mathilda. La Fille d'Anür comprit les remords du prêtre pour ne pas s'être suffisamment méfié, pour la simple et bonne raison qu'elle ressentait la même chose. Mais comment aurait-elle pu se douter qu'une telle chose pourrait lui arriver, au sein même du Temple de la Trinité ? Cet endroit aurait dû être le plus sûr au monde pour elle. Et pourtant, même entre ces solides murs de pierre, elle n'avait pas pu être protégée de la folie du monde.

La blonde avait enfin cessé de pleurer et hoqueta l'histoire de cette maudite citronnade. Joséphine pensa qu'elles ne pouvaient pas avoir été enlevées au sein même du Temple sans que cela n'alerte personne. La milice devait déjà être sur leur trace, tenta-t-elle de se rassurer. Leur disparition avait forcément été vite remarquée, pas vrai ? Elle l'espéra très fort en priant la Trinité. Puis se demanda si les Dieux ne l'avaient pas abandonnée, pour la mettre autant à l'épreuve.

Au dessus de leur tête, le plafond se mit à grincer, faisant sursauter la rouquine. Des bruits de pas au-dessus d'eux qui semblaient provenir de plusieurs personnes. Combien étaient-ils exactement ? Elle n'aurait su le dire. Que leur voulaient-ils ? Elle ne le savait pas plus. Tout ce que Jo savait, c'était qu'ils étaient tous les quatre dans un pétrin sans nom. Dans un grincement désagréable, la trappe s'ouvrit, faisant jaillir une chiche lueur dans laquelle jaillit une silhouette. L'homme avait une apparence au moins aussi hideuse que son âme et ressemblait davantage à un monstre qu'à un humain.

- Réjouissez-vous donc, les enfants ! Vous avez été choisis pour un petit sacrifice à Etiol ! Le dieu des Marais aime bien que l'on punisse les hérétiques qui n'adorent pas le seul vrai Dieu !

Les pleurs de Mathilda avaient repris de plus belle. Joséphine quant à elle était sidérée et ouvrit la bouche sans parvenir à prononcer un mot. Elle réalisa que le bourbier dans lequel ils étaient était encore plus dangereux que ce à quoi elle se serait attendue. Il n'était pas question d'une quelconque rançon imposée au Temple des Trois. La menace était bien plus grave : des hérétiques. Comment avait-elle pu ne pas y penser plus tôt ? La Fille d'Anür jeta un regard anxieux à Critès. Elle savait combien il avait horreur de ce genre de personnes et espéra que cette haine n'aggraverait pas la situation. Pourvu qu'il ne fasse rien de stupide sous le coup de la colère... Mais ce fut Mathilda qui commit en premier l'erreur qui lui sera fatale. Les païens décidés à ce qu'elle soit leur première victime, le second homme empoigna la blonde sans ménagement.

- Non ! Non pas elle ! Ne lui faites pas de mal !
- Sois pas si pressée ma belle, ton tour viendra bien assez tôt.

Les paroles du Père Critès pour qu'ils lâchent leur proie ne lui valut qu'un violent coup de pied dans les côtes, le faisant s'aplatir par terre. Joséphine cria, elle aussi s'était mise à pleurer à présent. Les deux impénitents emmenèrent une Mathilda effrayée avec eux et elle disparut derrière la trappe qui se referma aussitôt dans un bruit sourd. Ce fut la dernière image que Joséphine garda de son amie. Dès lors, elle savait qu'elle ne la reverrait pas vivante.

- MATHILDA ! hurla Joséphine.

Elle essaya de se déplacer, avançant vers la trappe. La corde qui la maintenait lui brûlait les poignets à chaque effort pour se mouvoir. La rousse s'énerva, forçant sur ses bras, en ayant pour seul résultat de se blesser encore plus. Pauvre petite chose qu'elle était. Sur le sol, sa main toucha un liquide froid et visqueux. Du sang. Sans doutes des victimes précédentes... Oubliant toute raison, Joséphine paniqua et se recroquevilla sur elle-même, les larmes ruisselant sur ses joues. Au loin, les cris de la pauvre Mathilda résonnaient comme un cochon qu'on faisait brûler vif. La tête posée sur le sol, la noble ferma les yeux et les serra très fort, essayant de se réveiller de ce terrible cauchemar.

En proie à sa terreur, Joséphine semblait loin de tout, insensible à tout ce qui pouvait se passer autour d'elle. Les hurlements de son amie résonnaient dans sa tête et elle ne pouvait s'empêcher d'essayer d'imaginer les tourments que ces hérétiques lui faisaient vivre. Elle avait l'impression que cela durait des heures. Enfermée dans cette pièce sans fenêtre, toute notion du temps se perdait rapidement. La jeune femme se demanda combien de temps tiendrait encore la petite lampe à huile avant de s'éteindre. Seraient-ils tous déjà morts d'ici là ?

Puis soudain, au bout de ce qui sembla être une éternité, les cris cessèrent. Brusquement. Irrémédiablement. La jeune femme comprit tout de suite ce que cela signifiait. Mathilda n'était plus. Cette femme, cette amie, cette mère... Tout ce qu'elle avait été avait brutalement cessé d'exister. Le visage de son fils, le petit Paulin, surgit dans son esprit. Voilà que l'enfant était orphelin à présent et qu'il vivait sans se douter que sa mère venait de mourrir.

- Mathilda... murmura-t-elle.

Les joues sillonnées par les larmes, la Fille d'Anür se redressa enfin en sortant de sa torpeur. Elle avait du mal à réaliser tout ce qu'il se passait. Tremblante, elle essaya de se calmer et de reprendre le dessus sur ses émotions. Un silence angoissant occupait désormais l'espace.

- Ils vont revenir. Ils vont revenir et on va tous mourir... souffla-t-elle.

Comme s'il s'agissait d'une prédiction, le plafond craqua de nouveau et la trappe s'ouvrit. Cette fois, l'hérétique ne descendit pas. Joséphine, qui était la plus proche de l'ouverture, fut baignée d'un rayon de lumière émanant de la pièce d'au dessus. Faisait-il jour ou était-ce des lanternes ? Elle n'aurait su le dire clairement. Sans dire un mot, l'homme leva un bras dans une lenteur délibérée, tenant dans sa main un objet qu'elle ne parvenait pas à distinguer avec le contre-jour.

- Tiens la mignonne, un p'tit souvenir de ton amie. J'ai pensé que ça te ferait plaisir.

Avec nonchalance, il jeta l'objet aux pieds de la Fille d'Anür, qui hurla à pleins poumons, les yeux écarquillés de terreur en découvrant l'horreur qu'elle avait sous ses yeux. Le scalp poisseux de sang de Mathilda était étalé sur le sol, répandant dans son sillage quelques gouttes du sang frais de la victime. Elle recula avec hâte, perdant l'équilibre et tombant sur le côté. La jeune femme rampa aussi vite qu'elle le pouvait, se rapprochant des deux religieux dont elle avait ignoré la présence durant l'agonie de son amie.

- Alors les enfants, on fait moins les malins face à la grandeur d'Etiol ? Ne faites pas cette tête voyons ! Bon, pour vous prouver que je suis un bon hôte, je vous accorde une faveur : ce sera à vous de décider qui sera le prochain. Toi l'cureton t'es pas dans le jeu, on t'a dit qu'on te gardait pour la fin !

Il désigna du doigt Joséphine puis Arnaud.

- C'est entre la putain et le puceau que ça se jouera. Amusez-vous bien les enfants. Je reviens... plus tard

Et la trappe se referma à nouveau, laissant les trois victimes livrées à leurs plus sombres pensées.
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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyMer 13 Juil 2022 - 19:33
Critès sentit une certaine horreur l'envahir en voyant rouler l'horrible trophée du bandit. D'ailleurs, Joséphine tremblait maintenant de peur et son premier réflexe avait été de s'éloigner le plus possible du macabre objet. Il se maudit d'avoir les mains attachés. Il aurait tout donné pour pouvoir la serrer contre lui et la réconforter...

- Joséphine, ça va aller, dit à ce moment-là l'aspirant Arnaud. Vous allez me choisir moi, comme cela, Critès et vous aurez un peu de temps. Et la milice vous retrouvera...
- Arrêtez de dire des bêtises, Arnaud ! rétorqua Critès aussitôt en tentant lui aussi de bouger pour se mettre devant ses deux compagnons. Il ne vous touchera pas, pas plus qu'à Joséphine, je ne les laisserai pas faire !

Critès aimait beaucoup le jeune aspirant Arnaud, c'était un jeune homme vertueux et travailleur, qui avait un grand avenir devant lui. Il ne pouvait pas laisser ces oubliés des Trois le saigner comme un goret ! Il regarda autour de lui. Evidemment, on lui avait pris sa dague. Mais il y avait peut-être un autre objet tranchant à proximité. Il se rappela alors la présence des bocaux. Et constata que l'étagère était légèrement branlante. Il dit alors :

- Je crois que j'ai une idée. Regardez là-bas. Il y a des bocaux sur une étagère. Des bocaux en verre. Si on arrive à en renverser un, il se cassera. Et le verre, ça tranche. Nous aurons plus de chances les mains libres.
- Vous êtes génial, père Critès, commenta Arnaud. Je suis partant, on essaie !
- Venez par ici !

Ils commencèrent à se tortiller pour ramper jusqu'à l'étagère en question. En la voyant de plus près, Critès eut un sourire de satisfaction. Oui, elle était branlante et point attaché au mur.

- Un, deux, trois !

Les trois prisonniers projetèrent leurs pieds sur l'étagère. Elle bougea légèrement.

- Elle est trop lourde, commenta Arnaud.
- On ré essaie ! Et bien en même temps. Un, deux, trois !

Cette fois, avec un brusque craquement, l'un des pieds céda et elle bascula à grands fracas. Bon, pour la discrétion, on repasserait. Les deux bocaux qu'elle contenait se fracassèrent au sol, dévoilant un contenu visqueux, mais à l'odeur appétissante.

- De la confiture de prunes, commenta Arnaud. Dommage, ajouta-t-il avec humour.
- Que les Trois me pardonnent de gâcher des denrées en période de disette, soupira Critès qui venait d'attraper l'un des tessons de verre encore gluant entre ses doigts et le frottait contre sa corde. Ca y'est, je me libère... A vous, Joséphine.

Il trancha promptement les liens qui retenaient les mains de la fille d'Anür. A peine fut-elle libérée qu'il ne put se contenir et la pressa brutalement contre son torse en tremblant, lui offrant, durant un instant, une étreinte dans laquelle passèrent tous les sentiments qu'il était incapable de formuler à haute voix ; puis, il la lâcha, se rappelant que l'aspirant n'était toujours pas libre et se dépêcha de l'aider à couper ses liens. A cet instant, on entendit des bruits de pas ; les bourreaux revenaient !
Critès se leva d'un bond, un tesson de verre poisseux dans sa main :

- Restez derrière moi ! chuchota-t-il en faisant passer la fille d'Anür dans son dos.

Il savait à cet instant qu'il faudrait que ces infâmes oubliés de Rikni le coupassent en morceaux avant qu'il ne les laissât approcher Joséphine.
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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyVen 29 Juil 2022 - 11:36
Un goût de sang envahit la bouche de Joséphine et elle se rendit compte qu'elle s'était mordue l'intérieur de la joue pour ne pas perdre ses moyens. Elle qui avait d'habitude l'impression constante que le monde sombrait dans la folie ne pouvait que se conforter davantage dans cette idée à présent. C'était peut-être ça, le pire fardeau dans la fin du monde : réveiller les plus sombres desseins des hommes. Ce cauchemar l'engloutissait, la dévorait. Elle avait l'impression qu'elle ne s'en sortirait pas vivante et cela la plongeait dans une torpeur inhabituelle.

Mathilda était morte. Torturée, dépecée probablement, ou pire encore. Son imagination faisait des supposions qui dépassaient l'imagination qu'elle avait pensé avoir. Elle essayait de se représenter tout ce qui avait pu arriver à son amie. Mathilda, pauvre Mathilda. Mathilda aux beaux cheveux blonds et aux petites fossettes qui se dessinaient quand elle souriait. Non, elle ne la voyait plus comme cela. Elle revoyait son visage ravageur mais ce n'était plus vraiment elle. Elle l'imaginait avec ce scalp dégoulinant sur le crâne en hurlant comme une damnée. Jamais plus elle ne pourrait avoir une autre image de Mathilda.

Prisonnière de ses cauchemars éveillés, Joséphine ne parvenait pas à sortir de son hébétude. D'une inutilité consternante, la jeune femme semblait déjà dans un autre monde. Elle entendit la discussion entre Arnaud et Critès dont les voix lui paraissaient si lointaines. Des bocaux. Une étagère. Du verre. Faire tomber. La jeune femme les rejoint machinalement et les imita, poussant avec ses petites jambes pour faire plier le meuble imposant. Encore une fois, d'une inutilité consternante. L'effort lui faisait mal aux côtes, témoignant de l'agression dont elle avait été victime quelques jours plus tôt. Pourtant elle ne s'attarda pas sur sa douleur, qui était devenue négligeable dans son esprit en comparaison à la situation. L'étagère céda et se renversa sous les efforts des deux hommes plus que du sien. Un vacarme ahurissant. Le bois qui s'étalait sur le sol dur. Le verre des bocaux qui se brisait. Joséphine sursauta, le carnage la faisant soudainement sortir de sa léthargie. Elle fixa la confiture qui se répandait grassement au sol et qui lui évoquait vaguement les restes de Mathilda. Elle su alors qu'elle ne voulait pas finir comme cela, et que si elle voulait s'en sortir, elle devait se ressaisir.

Critès saisit un morceau de verre de parvint à défaire les liens qui maintenaient ses mains liées, puis libéra Joséphine. Lorsque la corde tomba de ses poignets, elle lâcha un soupir de soulagement. Les frottements de ses entraves avaient légèrement irrité sa peau. Elle n'eut pas le temps de se masser les poignets que le prêtre l'attira contre son torse. La chaleur de son étreinte lui rappela ce moment où il l'avait portée dans ses bras pour la ramener au Temple, après son agression dans le Labourg. Comme la dernière fois, elle se sentit en sécurité en sentant son corps contre le sien. C'était comme s'ils n'étaient plus séquestrés dans cette petite pièce morbide, comme si plus personne ne voulait les sacrifier. Elle posa sa main sur le torse de l'homme de foi, soudainement rassurée. Peut-être que tout se passerait bien. Peut-être qu'ils s'en sortiraient grâce à un miracle encore obscur.

- Merci... murmura-t-elle quand il la lâcha pour aller libérer à son tour l'aspirant..

Le remerciait-elle de lui avoir libéré les mains ou pour cette étreinte qui était parvenue à l'apaiser en quelques instants ? Certainement un peu des deux. Le plafond grinça à nouveau et Joséphine comme les deux hommes comprirent immédiatement ce que cela signifiait. Ils étaient de retour. La rousse jeta un coup d'oeil à l'étagère renversée en se demandant comment leurs bourreaux allaient réagir. Mal, sans l'ombre d'un doute. Rapidement, Critès se plaça devant elle en lui intimant de rester derrière lui. Elle comprit qu'il ne servait à rien de répliquer ou de protester. Le prêtre semblait bien décidé à la protéger pour une raison trouble. Pourtant Joséphine ne voulait pas que l'homme prenne de risque, pas pour elle.

- Je vous en prie, ne faites rien de stupide... répliqua-t-elle en lui pressant doucement l'épaule pour avoir son attention.

"Rien de stupide". Pfff. C'était toute cette situation qui l'était. La Fille d'Anür n'avait trouvé rien d'autre à dire, rien qu'elle ne puisse se permettre de dire à haute voix. Joséphine se pencha et ramassa un bout de verre collant de confiture à son tour. S'il lui fallait mourir aujourd'hui, ce ne serait pas sans lutter. Non, elle devait se montrer courageuse et il était temps pour elle d'affronter ses démons. Elle regrettait de ne pas avoir suivi plus assidument les leçons de son frère Simon sur le maniement de la dague. Couverte de confiture, l'arme fortuite glissait entre les doigts de Joséphine si bien qu'elle resserra l'étreinte de sa main sur l'objet, le tranchant appuyant sur sa paume sans lui faire trop de mal.

Et brusquement, la trape s'ouvrit. Le bougre qui avait emmené Mathilda fronça les sourcils et marqua un arrêt en fixant la scène qu'il avait sous les yeux. La rousse cachait sa main armée dans les plis de sa robe tâchée de poussière. Elle déglutit péniblement, sa gorge s'étant nouée sous l'effet de l'appréhension. Non, elle ne voulait pas mourir. Pas comme ça, pas aujourd'hui. Elle imagina son frère, le vicomte Tristan, s'il apprenait son trépas dans de telles conditions. Il se targuerait sûrement que sa soeur serait morte en héros et profiterait de ce drame pour se donner plus d'influence sur l'Esplanade. Joséphine ne voulait pas lui donner cette satisfaction.

Non, elle ne voulait pas décidément pas mourrir aujourd'hui. C'était bien trop tôt, il lui restait encore tellement de choses à vivre. Elle avait besoin de plus de temps. Pour Critès. Ils avaient besoin de plus de temps. Mais le temps leur suffirait-il seulement, eux qui étaient si différents ? elle refusait de tenter d'imaginer ce qu'il pourrait advenir de leur relation, les seules choses dont elle était certaine étaient cette attirance qu'elle éprouvait pour lui et ce sentiment étrange qui l'envahissait quand il la serrait contre lui, comme s'il était la lumière dans les ténèbres de son existence.

- Rowell ! cria Daioc.

L'homme hideux rappliqua rapidement et regarda à son tour du haut de la trappe. Il cracha aux pieds du Père Critès et un sourire édenté étira son visage difforme. Recluse dans l'ombre du religieux, Joséphine frissonna. Les hérétiques ne semblaient pas avoir remarqué les armes fortuites que leurs victimes s'étaient dégotées. Et s'ils avaient provoqué leur fin plus tôt que prévu à cause de cette foutue étagère ?

- Eh bien, les amis, on est d'humeur joueuse ? Moi aussi, ça tombe bien ! railla-t-il.

L'affreux avait ce regard, à la fois provocateur et méprisant. Il semblait si sûr de lui, comme si rien ne pouvait jamais l'atteindre. Comme s'il se sentait invulnérable, supérieur au reste du monde. Comme s'il savait que ses victimes étaient faites comme des rats et qu'il n'imaginait pas que la milice pouvait les retrouver. Pourtant, séquestrer deux religieux et deux Filles d'Anür, ravies au sein même du Temple des Trois, ne pouvait être fait en toute impunité.

- Attrapez-moi le puceau, ordonna-t-il à ses hommes. J'ai un petit jeu pour lui.

Les hommes de Rowell descendirent dans la pièce. Ils étaient huit. Non neuf. Une chose était certaine, ils étaient bien plus nombreux et bien plus armés que les trois petites souris qui étaient tombées dans leur piège. La petite lumière de la pièce vacilla et faiblit, prête à s'éteindre sous peu.
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MessageSujet: Re: Etiol réclame toujours son dû [Joséphine]   Etiol réclame toujours son dû [Joséphine] EmptyDim 25 Sep 2022 - 21:09
- Je vous en prie, ne faites rien de stupide...

Critès sentait l'inquiétude dans la voix de la douce fille d'Anür, et de nouveau, il sentit l'envie de la serrer contre lui. Depuis combien de temps quelqu'un ne s'était-il pas soucié de lui ?
Mais il repoussa cette pensée. Les chiens galeux étaient de nouveau dans les parages. Avec angoisse, il entendit leurs pas, et le grincement de la trappe lorsqu'elle s'ouvrit.
Critès lut avec satisfaction la stupeur sur le visage de Daioc à constater que ses prisonniers avaient réussi à se libérer. Mais il ne sembla pas plus impressionné que cela et appela le comparse au visage difforme.

- Eh bien, les amis, on est d'humeur joueuse ? Moi aussi, ça tombe bien ! railla-t-il. Attrapez-moi le puceau. J'ai un petit jeu pour lui.
- Le premier qui l'approche, je le cloue au plancher comme un papillon dans une boîte ! rétorqua Critès en brandissant son arme improvisée. Prenez garde, car Rikni m'accompagne, où que je sois !
- Rikni ? ricana Rowell. Nous, c'est Etiol, le seul vrai dieu, qui nous protège ! Allez, donc, vous n'allez pas vous laisser impressionner par ce minable cul-béni, quand même ? Foncez !

Mal leur en prit de ne pas prendre Critès au sérieux, car l'homme avait déjà pris des vies dans le passé, lors des arrestations qui avaient suivi le 2 mai ; les Trois pardonnaient, lorsque des hérétiques étaient tués. Il n'avait nulle scrupule, nulle raison qui aurait pu l'inciter à ne pas écouter la voix de la bête tapie en lui, qui se réjouissait de pouvoir enfin sortir au grand jour après plusieurs mois à être restée enchaînée dans les tréfonds de son esprit. Aussi, son bras frappa à la vitesse de l'éclair, tombant sur le plus près des imprudents qui s'était rué sur lui. Avec un grognement comparable à celui d'un loup, Critès plongea le tesson de verre droit dans la gorge de l'impudent sectaire, jouissant de sentir le sang ruisseller sur sa main, d'entendre les ricanements moqueurs de l'individu être remplacés par d'écoeurants bruits de suffocations.

- Par Etiol, il l'a fait ce bâtard ! s'écria quelqu'un.

La surprise les maintint cloués quelques secondes ; mais déjà, ils se reprenaient et fonçaient sur le groupe. Critès taillada dans la masse comme un furieux, décidé à ne pas les laisser s'approcher davantage de Joséphine et d'Arnaud. Mais déjà, il se trouvait séparé de sa compagne, entraînée plus loin, sans pouvoir la rejoindre. A côté de lui, Arnaud donnait force coups de poings, réussissant à faire reculer deux assaillants. Par les trois, qui aurait cru que ce gamin en avait autant dans le ventre ?
Critès frappa de nouveau, son tesson balafra le visage d'un autre hérétique.
- Mais c'est qu'il commence à me les briser l'cureton, hurla celui-ci, fou de rage. Il va voir un peu d'quel bois j'me chauffe, tant pis pour l'sacrifice !
L'instant suivant, Critès distingua un éclair argenté dans la pénombre. La voix d'Arnaud retentit :
- Père Critès ! ATTENTION !
Un bruit de chair déchirée se fit entendre, suivi d'un hoquet. D'instinct, le jeune aspirant s'était jeté devant le prêtre qu'il admirait tant.
- Par les Trois ! gémit Critès en voyant dépasser le manche du couteau du thorax d'Arnaud. NON !
Le jeune aspirant sourit en crachant un petit jet de sang.
- Tout... ira bien, mon père... Vous... nous sauverez...
- BANDE DE FUMIERS !

Il se jeta de nouveau dans la bagarre.
Tout devint flou après cet instant... Il se rappela avoir encaissé une dizaine de coups de poing et de pieds dans le dos, dans les côtes, être tombé au sol... Puis soudain, on l'entrava avec des cordes et il fut entraîné dans un couloir encore plus sombre.
Il se demandait où était Joséphine, quand soudain, il entendit des bruits de pas précipités derrière leur cortège, comme si quelqu'un les rejoignait à la hâte :
- La milice arrive ! Faut les déplacer l'temps qu'ils partent.
- Jette-les dans l'autre souterrain. Là, ils pourront vraiment rien faire ! On ira les chercher tout à l'heure. Moi, je vais aller accueillir nos bons copains de la milice. Ils partiront vite, ha, ha, ha !
- Le prêtre est bien attaché, cette fois ? demanda quelqu'un d'autre. Gaffe, non seulement il a tué l'un des nôtres, mais il en a blessé deux autres et il a fait à Marco une gueule à rivaliser avec celle de Rowell ! Jamais vu un tel putain d'forcené ! Etiol va adorer ça !
- Ouais, ouais, t'inquiète pas, j'y ai veillé, répondit une autre voix. Allez, on se dépêche !

Le prêtre fut violemment jeté dans ce qui semblait être une sorte de cave. L'unique lumière venait d'une grille qui laissait voir les lueurs orangées du crépuscule. Elles étaient cependant assez fortes pour rebondir sur une chevelure d'or que Critès reconnut instantanément.

- Joséphine ! s'écria-il en rampant vers elle. Parlez-moi, dîtes quelque chose ! Vous n'êtes pas blessée ?
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