Marbrume


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 [Mission] - En chariotte Simone - Partie II

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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMar 26 Juil 2022 - 20:15
Marbrume, le 18 Avril 1167

La matinée touchait presque à sa fin lorsque le convoi de la maison Priost fut rassemblé devant les portes de la ville. Cinq chariots, comme cela avait été prévu, étaient regroupés dans une ronde. Quatre hommes prenaient leurs consignes auprès d’un cinquième, bien plus imposant. Sa haute taille et sa musculature était le résultat d’une génétique propice et d’un travail acharné. Alphonse Martel avait des caractéristiques similaires à celles de sa sœur, debout à ses côtés. Des cheveux sombres, des yeux émeraude, une certaine distinction. Pourtant, là où la bourgeoise était tout en mondanités, le forgeron incarnait l’honnêteté brute. Un peu trop brute même.

Théodora se tourna et aperçu la milice et son contractuel arriver sur les lieux. D’un signe de main, elle leur demanda de patienter un instant. Brièvement, et sans avoir prit note de leur présence, Alphonse termina son topo. Sa voix, aussi rustique que son propriétaire, était tellement profonde qu’elle donnait l’impression de faire trembler les auditeurs proches.

« Ce premier jour sera assez court messieurs, nous devons avancer aux maximum. Je compte sur vous. Je sais que vous en êtes capable. »

« Vous êtes tous des conducteurs aguerris et j’ai pleinement confiance en vos capacités. »

La mine des hommes était soucieuse alors qu’ils retournaient vers leurs véhicules pour effectuer les dernière vérifications. Les encouragements n’étaient pas suffisant pour leur faire oublier le danger qui les guettait pour les jours à venir. Leur expérience était à la foi une bénédiction et une malédiction.

L’aîné des Martel se pencha vers sa benjamine, avec un visage que l’on aurait presque pu qualifier de colérique.

« Dora, qu’est-ce c’est encore que cette histoire ? Tu m’avais dis... »


Les sourcils froncés de l’un faisaient face à la bouche crispée de l’autre.

« Pas maintenant Alphie. »


La négociante se tourna vers les protecteurs du convois et leur fit signe de venir les rejoindre. Son expression ne laissa plus rien filtrer d’autre que ce qu’elle avait montré plus tôt le matin. Une parfaite maîtrise d’elle-même était le minimum qu’elle devait s’exiger pour diriger ses affaires. Ceux qui n’en étaient pas capable finissaient par voir tout s’écrouler autour d’eux.

« Approchez-vous. »

Le forgeron jaugea la coutillerie et l’homme aux talents particuliers engagés par sa sœur. La profondeur de son regard était identique à celui de Dame Priost lorsque ses invités étaient entrés dans son bureau. Alors que les hommes et la jeune femme s’avançaient vers eux, ce fut de nouveau Théodora qui prit parole.

« Nous avons un contre-temps. Les Boucliers de Marbrume ont indiqué qu’ils avaient reçu une autre mission urgente et ne pouvaient au final pas se joindre à vous. Cette nouvelle m’attriste tout autant qu’elle peut le faire pour vous. »

Agacé aurait été le terme exact pour décrire les contractions des doigts de la négociatrice posés sur le bras solide du forgeron. Pour autant, ils devraient tous faire avec cette nouvelle. La déception qu’éprouvait la commerçante était à la hauteur de l’affront fait par Sieur de Rochemont. Il n’était pas étonnant que ce chevalier ait été déchu de ses titres avec de tels comportements.

Heureusement que la négociante avait toujours plusieurs cordes à son arc. L’expérience lui avait apprit qu’un plan de secours inutile était toujours plus efficace que les maigres économies qu’elle obtiendrait en laissant les choses se passer. Il était malheureux de devoir toujours ainsi se prémunir de désagréments. Même si ça rendait parfois les choses fort intéressantes. Voir jubilatoires.

« Vous devriez avoir du renfort à Usson. J’ai quelques contacts dans le mercenariat qui sont toujours prêts à nous apporter de l’aide supplémentaire. Alphonse se chargera de prendre contact avec eux là-bas. D’ici là, je suis désolée de vous apprendre que vous serez seuls. »

Les traits de la bourgeoises prirent une teinte peinée en leur apprenant cette nouvelle. Alphonse leva les yeux aux ciels. Par les Trois, il aimait sa sœur plus que tout. Tout autant qu’elle pouvait parfois l’exaspérer. Il déposa un baiser sur les phalanges couvertes de Théodora et fit un pas vers son véhicule.

« Nous avons déjà fait avec moins que ça. Messieurs, Madame, je vous laisse voir comment vous souhaitez vous positionner. Je dirige le chariot de tête. Si l’un d’entre vous a quelque chose a me faire remonter, je veux le savoir de suite. Je me fiche de ces histoires de grade si ça doit vous faire perdre du temps. D’ailleurs, ça commence maintenant. Si vous avez quelque chose à dire, c’est immédiatement, avant que ça n’ait une chance d’attirer ces foutus choses dans les marais. »


HRP:
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMer 27 Juil 2022 - 23:16
- Une dernière pinte pour la route, Corbac ? demanda Julius à Clervie.

Ils étaient tous les deux assis à la taverne de l'Albatros, où leur coutillerie avait commandé des provisions de voyage et ils en avaient profité pour grapiller un dernier bon repas avant le départ, de la saucisse frite accompagnée d'un mélange de lentilles et de pois cassés. Clervie refusa poliement:

- Ca ira Julius, je préfère franchement éviter d'être soûle avant le début du trajet. Réglons notre note et partons. Blancfer est déjà sur le départ.

En effet, un peu plus loin, Blancfer hélait le restant de la coutillerie. Il y avait ce porc infâme de Marcus Savtier aux cheveux blonds filasses et à la carrure d'ours que Clervie rêvait d'égorger depuis qu'il avait violé et tué un jeune homme au Labret l'été dernier ; suivait une jeune femme brune et borgne du nom d'Erin au sobriquet de Bel Oeil, dont on l'affublait lorsqu'on était hors de portée de ses oreilles, afin de ne pas être victime de ses dagues ; Clervie reconnut également Colin Le Busard, un frêle jeune homme à la toison blonde, mais à l'oeil acéré, aussi habile à l'arbalète qu'à l'arc ou au couteau de lancer. Enfin, Ivar, un grand homme roux à la hâche redoutable, originaire d'Hendoire et qu'elle avait déjà surpris plusieurs fois à évoquer Etiol lors des combats. Néanmoins, Clervie avait assez d'ouverture d'esprit pour avoir appris à ne point juger trop vite les adeptes de la Quatoria, qui n'avaient rien en commun avec les gens du cloaque ; beaucoup étaient de pauvres gens aussi perdus qu'eux-même. Ivar était un combattant excellent et sans pitié. Certes, il faisait partie des imbéciles qui considérait que les femmes n'avaient rien à faire au milieu d'eux, mais au moins, il n'avait jamais essayé de la violer. Il était plutôt du genre à sortir de mauvaises blagues mais Erin avait déjà réussi plusieurs fois à lui clouer le bec.
Lorsqu'Erin était arrivée dans la coutillerie, Clervie avait espéré trouver en elle une camarade solidaire comme l'était Elisabeth, mais cela avait vite tourné court. Erin considérait Dame Corbac comme une "emmerdeuse", déplorant ses insubordinations, qui selon elle, contribuaient à donner raison aux hommes qui pensaient que leur place n'était pas sur le champ de bataille. Clervie lui avait rétorqué qu'elle jugeait sans savoir. De plus, c'était, selon elle, vraiment la pelle qui se moquait du charbon ; Clervie savait qu'Erin avait failli déboîter la mâchoire à un homme qui avait essayé de lui mettre une main aux fesses sans son accord.
Quant aux autres membres réguliers de la coutillerie, Clervie connaissait à peine leurs noms, et d'ailleurs, comme ils se faisaient régulièrement ou tuer ou remplacer, on leur présentait un nouveau camarade à peu près chaque huitaine.
Clervie travaillait en étroite collaboration avec Blancfer pour cette mission ; en effet, cet imbécile se révélait tout juste capable de reconnaître les bâtiments présents sur la carte que Théodora leur avait confiée, bien qu'il ne fût pas nécessaire de savoir lire pour la comprendre. Mais elle savait que son coutillier vivait mal le fait d'avoir besoin de la Cobrac, ne fusse que comme secrétaire. Il le vécut d'autant plus mal lorsqu'un incident arriva avant le départ, alors qu'ils atteignaient la sortie de Marbrume.
Théodora Priost les attendait aux portes de la ville, accompagnée donc par son frère aîné Alphonse Martel. La première surprise fut l'annonce de l'abandon de la mission par la guilde des boucliers. La dame avait d'ailleurs du mal à ne pas paraître offusquée et pour un peu, Clervie se serait réjouie de voir cette bourgeoise échouer à obtenir ce qu'elle voulait. Mais malheureusement, sans la guilde, il allait leur manquer plus d'une dizaine d'hommes et cela l'angoissait quelque peu.

Alphonse Martel semblait avoir du mal à dissimuler une certaine appréhension, lui aussi.Forgeron de son état, l'homme avait pourtant une allure presque aristocratique; néanmoins, lorsque Clervie l'entendit parler, elle reconnut immédiatement les manières d'un homme du peuple, brutes et sans filtre. Il n'y alla en effet pas par quatre chemins.

« Nous avons déjà fait avec moins que ça. Messieurs, Madame, je vous laisse voir comment vous souhaitez vous positionner. Je dirige le chariot de tête. Si l’un d’entre vous a quelque chose a me faire remonter, je veux le savoir de suite. Je me fiche de ces histoires de grade si ça doit vous faire perdre du temps. D’ailleurs, ça commence maintenant. Si vous avez quelque chose à dire, c’est immédiatement, avant que ça n’ait une chance d’attirer ces foutus choses dans les marais. »

En s'adressant à elle comme si elle était la coutilière, Clervie comprit aussitôt qu'il venait de lui attirer des embêtements. Elle tenta tant bien que mal de rattraper le coup :

- Le Coutilier Blancfer...
- Quoi, Corbac ? répliqua Blancfer en s'avançant et en la bousculant légèrement. Pas d'insubordination, hein ? C'est à moi qu'vous vous adresserez dorénavant Monsieur Priost, ajouta-t-il. Je suis le représentant de la milice mais j'avais un empêchement c'matin. On encadrera le deuxième chariot avec Erin, Colin, Marcus et Ferdinand ! Corbac, Julius, Lebleuet et Yvar, vous vous chargerez du troisième avec la seconde lame.
- Bien, Coutilier, obtempéra Clervie en même temps que ses camarades.

Elle n'était pas ravie de se retrouver avec l'épée à louer sur la même voiture, mais au moins, Blancfer lui avait laissé Julius comme compagnon. En y repensant, la situation aurait pu être pire, surtout si elle s'était retrouvée avec Marcus. Elle le haïssait plus que n'importe qui dans la caserne, bien qu'il ne l'eût jamais touchée. La raison en étant ses goûts infâmes, portées sur les jeunes hommes même pas encore sorti de l'âge adulte, elle se demandait si elle faisait bien de s'en réjouir.

- J'ai hâte qu'on parte, souffla Julius à Clervie. Y'a un peu d'soleil, mais c'est pas dit qu'il pleuvra pas ce soir. Mieux vaut n'pas se retrouver trop loin d'Conques à c'moment-là.
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptySam 30 Juil 2022 - 19:29
Une fois le topo fait par la bourge, j’me suis pas éternisé dans l’quartier, un peu trop huppé pour y trouver à un prix raisonnable de quoi compléter mes provisions pour le trajet. J’commence à avoir mes p’tites habitudes dans la cité, et clairement payer d’la bouffe plusieurs pièces d’argent la ration c’est pas dans mes cordes si j’veux pas avoir à raquer comme pas deux et devoir turbiner comme un âne bâté pour compenser. Du coup j’ai vite fait r’gagné mes pénates pour récupérer que’ques effets intéressant pour l’trajet indiqué, mais pas d’quoi m’surcharger non plus. Puis j’file vers ces quelques commerces du coin qui payent pas d’mine, mais dont la bouffe vous filera pas la gerbe et s’conserve bien, et j’leur achète de quoi garnir ma besace en prenant une miche, bien qu’un peu rassie, et d’la barbaque séchée, qui résistera bien à l’humidité. Quelque biscuits simples aussi, qui sont d’jà bien secs et devraient pas trop s’abîmer dans l’trajet. Puis j’rejoins l’point d’rendez-vous à l’heure.

J’suis un peu étonné quand j’vois pas les Boucliers arriver, et les messes basses entre la dame et c’ui qui s’avère un peu plus tard être son frère me disent rien qui vaillent à c’sujet. Quand la rupine lâche le morceau, j’manque avaler d’travers le bout d’bidoche sèche que j’mâchouillais en attendant. Un contrat annulé par le cap’taine ? Ben ça alors, pas prop’, ça ! Et puis j’pige un aut’ truc, et j’commence à tirer une tronche de deux pieds long : ça veut dire qu’ j’vais m’coltiner seul des plantons d’la milice. Manquait plus qu’ça. La nouvelle du renfort à Usson m’réchauffe un peu l’cœur, mais j’me demande un peu dans quelle proportion ça s’ra, et à quel point ça s’ra des biges que j’pourrai supporter. Enfin, ça s’ra toujours mieux qu’une autre escouade de gardoches, j’suppose. L’Alphonse, là, le chef du convoi, a l’air d’pas faire de chichis, et d’dire les choses direct’, c’qu’est un bon point. Il m’plaît bien, à première vue, travailler dans la mine avec un type pareil ça d’vrait aller alors.

Pas l’temps d’répondre quoi qu’ce soit au gars que v’là l’escouade de miliciens qui fait une d’ses bouffonneries dont ils ont l’secret : un type avec une sale trogne – et c’est moi qui l’dit – commence à pester comme un putois et incendier la plantonne que j’ai croisée tantôt, en l’affublant d’un nom d’oiseau. Ça a que’que chose de marrant à r’garder, au début. Et puis il commence à plus s’sentir, comme tout gradé, et à aboyer des ordres dans tous les sens. Y compris pour moi. J’manque m’offusquer, mais j’me rappelle d’un point avant, et du coup j’commence plutôt à m’marrer avant d’lui répondre.


« Mon gars, si t’avais été au rendez-vous c’matin tu saurais qu’l’escorte c’est votre turbin, pas l’mien. A moins qu’ton piaf t’ait pas correctement rencardé sur toute l’histoire ? ‘fin bref, si vous aut’ gardoches z’avez peur de pas être assez pour gérer vot’ part d’boulot, j’vais pas faire le rat pour cette fois, et vous filer un coup d’pogne, va. Mais pour c’qu’est des ordres occupe toi déjà d’tenir tes grouillots, et ça s’ra pas mal. J’m’occuperai bien d’mon cul tout seul, et j’traînerai pas dans vos pattes, promis. »

Et sans lui laisser l’temps d’répondre, mais en l'entendant commencer à fulminer, j’file vers le chariot indiqué. Coup d’bol, c’est un chariot en dur, fermé, probablement pour bien protéger l’contenu. L’bois est massif, bien solide, alors j’adresse un signe de tête au conducteur puis j’grimpe direct’ sur le toit, où j’m’aplatis tranquillement, après avoir filé ma besace au charretier pour pas qu’elle me gêne.

« Tiens mon gars, j’veille sur ton derche et tu veilles sur ma bouffe, ça m’paraît réglo comme arrangement, pas vrai ? »


Allongé comme ça, j’ai une vue dégagée même devant les premiers chariots, et j’ai juste à tendre le cou vers l’arrière d’un côté ou l’autre pour avoir une vue d’ensemble. Et surtout, en cas d’embuscade, j’suis pas une cible évidente à moins d’me r’dresser comme un couillon. J’vois la gamine qui s’rapproche avec d’autres gardoches, et j’lui adresse un p’tit salut d’la main, un rien moqueur.

« Et ben, comme ça on s’retrouve déjà collé à mes basques, p’tit piaf ? »
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyDim 31 Juil 2022 - 19:35
L'épée à louer n'hésitait pas à se montrer insolente. Clervie fut tout d'abord ravie de voir le Coutilier Blancfer se faire ainsi moucher. Celui-ci pesta un grand coup sur "ces saloperies d'épées à louer qui s'permettaient de jouer les je-sais-tout" tandis que Clervie partait se positionner sur le devant. Elle aurait bien aimé emporter Onyx avec elle, mais craignait trop de la voir finir à la broche. Les miliciens n'étaient pas encore convaincus de l'utilité des faucons dans la reconnaissance. De plus, cela la ferait reconnaître à coup sûr comme sang-bleu et elle n'y tenait pas.

« Et ben, comme ça on s’retrouve déjà collé à mes basques, p’tit piaf ? »


Le vil bandit saluait Clervie de la main d'un air si provocateur que la jeune femme se retint à grande peine de dégainer son stylet pour lui lancer dans la trachée. De toute façon, elle n'était pas encore sûre de maîtriser ce genre de technique.

- P'tit piaf ? répliqua-t-elle, l'oeil noir. Continue de m'appeler comme cela et je promets que je t'arrache la langue pour la donner aux chiens. Qui sait, peut-être même que quelqu'un paiera une prime pour cela. Si j'en juge à ton allure, tu dois avoir un sacré palmarès de mauvaises affaires sur les bras, non ?

Des ricanements retentirent autour d'elle :

- Gaffe mon gaillard, commenta Yvar. Cette garce de Corbac en est capable, on l'a déjà vu démonter un type pour moins qu'ça !
- L'a p'têt trouvé son futur mari, lança Marcus qui passait devant pour aller vers le premier chariot avec ses autres camarades, elle ferait une belle paire avec cette sale gueule et qu'ça lui apprendrait bien à ne pas ouvrir les cuisses pour les braves frères d'armes !
- C'est l'prêtre qui s'moque de la dévote, Marcus ! lança Julius. Personne peut être plus laid qu'toi, avec tes petits goûts douteux !

A ces mots, Clervie vit Marcus se figer. Il fusilla Julius du regard :

- Toi, fais gaffe à c'que tu dis, Julius ! C'pas dit qu'un fangeux rêverait pas de goûter à toute la chair qu't'as sur les bras, hein...
- Essaie seulement, chacal, siffla le brave Julius. J'en rêve de te prendre dans un coin et de...
- Suffit les bavardages ! cria à ce moment-là le coutilier. Tout l'monde en route et plus vite qu'ça ! Vous voulez crécher à Conques ce soir, ou vous t'nez au bivouac en compagnie des engeances qui manqueront sûrement pas d'se pointer ? Allez, en route et plus vite qu'ça, le prochain qu'j'vois causer plutôt qu'marcher, j'l'attache sur le bord d'la route et qu'les Trois aient pitié !

La troupe se mit donc en route. Le début du voyage s'annonçait plutôt paisible en dépit des joutes oratoires. Le soleil du midi réchauffait agréablement le visage de Clervie. On n'était qu'en avril, aussi ne faisait-il ni trop chaud ni trop froid ; malgré les flaques de vase en bordure des voies praticables, les marécages révélaient une certaine beauté. Trois hérons pêchaient notamment dans une crique un peu à l'écart.
Une flèche siffla et se ficha droit dans le cou de l'un d'eux, un beau mâle au plummage blanc. Colin le Busard venait une fois de plus de faire montre de son adresse à l'arc.

- Le dîner d'ce soir, commenta-t-il tout fier.
- Faut encore qu't'ailles le chercher ! dit le coutilier. Fais attention !
- C'te crique est pas très profonde, va pas y avoir un fangeux là-dessous quand même, répondit Colin.

Néanmoins, il s'avança avec prudence pour récupérer sa proie, écartant prudemment les plantes aquatiques qui obstruaient sa vie. L'eau lui arrivait à présent aux genoux.

- Elle doit être un peu fraîche à c'te période, non ? commenta Yvar avec un rire gras.
- Ouais, dit Erin, fais gaffe à pas trop t'mouiller les braies !


Colin esquissa un sourire puis ramassa son butin.
Ce fut au moment où il se retournait que le drame arriva.
Une ombre jaillit brutalement des flots grisâtres, on entendit un hurlement qui se changea en gargouillis. Vif comme l'éclair, le fangeux venait de bondir sur le dos de sa proie, lui déchirant le côté du coup de ses canines. L'eau ne tarda pas à rougir du fluide vital de l'archer, tandis qu'il disparaissait sous la surface.

- COLIN ! hurla Yvar en brandissant sa hache. Bordel de dieux, saloperie d'fangeux, j'vais te découper !!!
- Yvar, non ! s'écria Blancfer en se ruant sur lui. Tout c'que tu vas arriver à faire, abruti, c'est t'faire tuer aussi ! Vite, tout le monde se r'met en route avant qu'il décide de faire provisions ! Vite !

Le nordique protesta encore un instant avant de retourner vers le convoi en glapissant de rage, tandis qu'Erin était devenue blanche. Clervie, quant à elle, se rendit compte une fois la stupéfaction passée que ses genoux tremblaient et avança d'un pas mal assuré. Le voyage avait à peine commencé et ils déploraient déjà un mort... Qu'est-ce qui les attendait, encore ?
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyVen 5 Aoû 2022 - 18:37
Et ben, voilà qu'elle a du mordant, la jeunette ! Et un sacré caractère de cochon pour couronner l'tout ! Ça semblait déjà mal embarqué pour qu'on s’apprécie des masses, mais j'en viens même à m'demander si on va s'supporter sur l’ensemble du voyage. Faudrait pas qu'elle m'prenne en grippe trop tôt et vienne trop s'mêler d'mes affaires et m'chercher des noises, j'me dis d'un coup, quand elle part au quart de tour sur le p'tit surnom dont j'l'ai affublée. On va voir pour tempérer un peu, p't-être. Un peu. Faudrait voir à pas trop déconner avec moi non plus, parce qu'elle s'oublie, la gamine.

« Boarf, pour moi un corbac c’est un piaf, et t'es menue. M'enfin si tu peux pas blairer la vérité… D'autant que j'doute que tu restes chez les Verts longtemps si tu mets ta menace à exécution, hein ? Pour la prime tu s'rais déçue, qui paierait pour un bige comme moi, hé ? Et puis j'sais pas, on dirait qu'tu m'prends pour un bouffeur d'enfants, mais faudrait d'jà qu'la Milice balaie d'vant sa porte, avant d'se permettre c'genre de commentaires gratos, non ? »

J'écoute ensuite les rajouts d'ses petits camarades de coutellerie, sans japer un mot. Ils commencent à s'gausser, mais en deux-deux s'mettent sur la tronche entre eux oralement, une belle bande de branques ! Avant qu'papy Gardàvous vienne mettre un semblant d'ordre dans tout c'bordel. Une vraie raclure faite pour mater les recrues, on dirait bien. Bien pour ça qu'en général j'turbine seul. Plus simple.

Les chariots s'mettent en branle, j'me cale bien sur l'toit d'celui qu'on m'a assigné, et on commence enfin à avancer. Pas trop tôt. Il a pas tort en soit, l'vert en chef. J'ai aucune envie d'crécher dehors cette nuit si on peut l’éviter. Vraiment aucune, avec les macchabs ui pullulent dans l'coin. L'début est plutôt calme, j'zyeute régulièrement dans toutes les directions à l’affût, sans trop remarquer d'trucs qui sortent de l'habituel.
Quand j’entends un sifflement, j’tourne vite la tête, pour voir qu’un des plantons d’vait trop s’faire chier et a pas pu s’empêcher d’viser un piaf en plein milieu du marais. Il l’a touché, pour sûr, mais ça fait pas mal à crapahuter dans la flotte pour récupérer sa proie, pas l’plus malin. J’hausse un sourcil un peu étonné d’ailleurs quand il parle de gueuleton, mais j’reste coi : les gardoches ont pas prévu assez d’bouffe pour l’trajet, pour prendre des risques comme ça ? Ou c’est une initiative du grouillot, histoire d’agrémenter l’tout ? Parce que dans l’premier temps c’est inconscient d’la part du coutilier, dans l’autre ça l’est d’la part du type en question. S’éterniser dans les marais, faire un crochet, s’éloigner du groupe, pour moi c’est juste des conneries à pas faire.

J’détourne le r’gard du milicien pour veiller d’l’aut’ bord, pendant qu’tout l’monde est occupé à l’regarder patauger comme un balourd, quand j’entends un cri. Même pas l’temps d’dire ouf qu’y’a déjà plus qu’une tache de sang à la surface du bayou, pour seule trace du bonhomme. Et les cris d’ses collègues, furibards, que leur taulier a bien du mal à contenir. J’me penche par-dessus l’toit d’la charrette pour faire un commentaire au conducteur à voix basse d’un air entendu.


« Ça fait quand même cher le bout d’barbaque, au final, non ? Il aurait mieux fait d'se contenter d'ses rations...»

J’pousse un p’tit soupir quand même, mi déçu mi emmerdé : ça fait quand même un gars en moyen pour surveiller les environs et défendre le convoi en cas d’pépin, pas des plus rassurants. Sincèrement j’me d’mande même pourquoi les chariots sont pas encore repartis, et faudrait pas qu’on ait à camper en plein milieu d’ce merdier c’te nuit, à force de traînasser…

« Dites, j’veux pas être bégueule, mais on va juste le r’joindre si on s’éternise ici. La bestiole va ripailler mais ça risque d’en ameuter d’autres, tout c’raffut, non ? »

Quand j’vois les r’gards noirs des aut’ gardoches, j’sais bien que j’suis allé un peu vite en besogne. Mais j’ai rien dit d’faux, et ils le savent. Alors j’profite du temps mort pour descendre du toi, r’prendre ma besace, et filer au premier chariot, là où l’chef de convoi est posté, histoire d’lui faire part d’ma conviction qu’on f’rait mieux d’pas traîner, c’qu’a déjà dit l’aut’ Blancfer. Puis j’m’installe à l’arrière, et j’attends sagement qu’ça reparte. La seconde partie du trajet est plus calme, personne qui s’sent encore pousser des ailes à s’éloigner du convoi, et une humeur plutôt morose. C’qui parait bien plus sain pour une telle expédition. L’entrain trop prononcé, ça tue, dans un environnement pareil. On atteint l’village prévu un peu avant la tombée d’la nuit, Conques, là. J’profite que l’bivouac se met en place pour aller trouver Alphonse, le frère d’la patronne, parce qu’il y a un truc qui m’turlupine quand même, dans c’qu’elle m’a expliqué. Ou pas expliqué, plutôt, mais j'me voyais pas trop lui d'mander des précisions c'matin. C'est une dame, quand même! J’m’assure quand même d’être à bonne distance de gardoches et des cochers avant d’cracher l’morceau.

« Dis, m’sieur Alphonse, y’a un truc qui m’chiffonne un peu, pour tout dire. »

J’sors la carte enroulée de d’sous mon cuir, j’jette un r’gards alentours pour éviter les curieux, et j’la déplie un peu pour lui montrer, en la tournant un peu dans tous les sens.

« C’est censé être quoi, les symboles, là d’sus ? J’ai plus l’habitude des directives orales, pour tout dire, l’écrit et les gribouillages c’est pas trop mon truc… »
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMar 9 Aoû 2022 - 18:09




Alphonse Martel était particulièrement contrarié lorsque le convoi s’arrêta à Conques pour la nuit. Peu loquace sur le chemin, il avait laissé la main aux miliciens, ne souhaitant pas s’ajouter au raffut qui avait attiré le Fangeux jusqu’à quelques mètres seulement du convoi. Mais, comme à l’image du reste des convoyés, son visage était sombre et ses billes émeraude lançaient des éclairs en direction des tuniques vertes.

Alors que chacun vaquait à ses occupations pour préparer la soirée et la nuitée, celui qui avait été désigné comme assistant du maître forgeron s’avança vers lui pour obtenir plus d’informations sur la carte qui lui avait été confiée par Dame Priost. Le petit homme, aux yeux du grand forgeron en tous cas, avait pris toutes les précautions pour que leur échange ne soit surpris par aucune oreille ne devant pas se trouver là. Le temps leur était donc compté pour que les choses ne paraissent pas suspectes. Aussi fut-il bref dans ses réponses en désignant en premier les lettres T.

« Ces annotations indiquent les lieux où il y a eut les incidents sur lesquels vous devrez enquêter. Officiellement il s’agit de gisements à inspecter. Alors que ceux-ci sont réellement indiqués par les lettres F, P et M. C’est là où je me trouverais. »

Alphonse montra chacune des lettres au moment où il les prononça. Les petites gens ne savaient pas lire. Lui-même avait parfois du mal à déchiffrer certains mots dont il n’avait que peu d’utilité. Sa sœur s’assurait de le faire travailler régulièrement sur ce point. Elle insistait sur le fait qu’en tant que deuxième patron d’une forge de l’importance de celle des Martel, il se devait de savoir lire correctement. Bien qu’elle n’ait pas tort, le forgeron préférait largement passer son temps à faire quelque chose d’utile de ses mains.

« Nous reparlerons de ceci sur place, ou lorsque nous serons déjà sur le plateau. On doit déjà arriver là-bas en un seul morceau. »

Le ton fatigué sur lequel il prononça ces derniers mots ne laissait aucun doute quant à la difficulté qu’il voyait à cette tâche. Son regard était tourné vers les miliciens et on comprenait que c’était l’origine de son constat. Il se dirigea d’ailleurs vers eux, bien décidé à leur remettre les yeux en face des trous.

« Ce qu’il s’est passé aujourd’hui est intolérable. Non seulement le convoi a été mis en danger, mais en plus nous avons perdu un temps précieux. Si d’autres idiots ou suicidaires se cachent parmi vous, qu’il se désigne maintenant et je l’aiderais à rejoindre Anür plus rapidement et avec moins de douleur. On dirait que vous n’avez jamais fait ça. On ne s’éloigne que pour pisser, c’est pourtant la base. »

« On dirait qu’on nous as refilé la meilleure coutilerie du coin. »

La voix juvénile d’un adolescent s’éleva d’un des chariots fermé, celui sur lequel avait été posté l’assistant désigné d’Alphonse pendant la journée. C’est bien un jeune homme élancé, portant les traits physiques indéniables des Martel, qui sortit du véhicule. Ses longs cheveux étaient attachés en catogan, alors que ses pupilles vertes acérées jaugeaient avec malice les alentours.

Les traits du maître du convoi se plissèrent un peu plus.

« Oscar ? Que fais-tu ici ? Je n’ai pas eu vent de ta venue. »


« Parce qu’elle n’était pas prévue. Je ne serais pas une gêne, personne ne s’apercevra même de ma présence. »

Sous les yeux éberlués de l’assistance, ledit Oscar se dirigea vers l’auberge, un sourire arrogant aux lèvres. L’assurance qu’il dégageait n’était pas sans rappeler celle de Théodora, sans qu’une quelconque validation de son statut n’ait été donnée par quiconque. Alphonse soupira et se passa une main sur le visage.

« Veillez à ce qu’il ne lui arrive rien. »

Ce furent ses derniers mots avant qu’il n’aille s’occuper de son attelage. La journée avait été suffisamment éprouvante pour qu’il n’ait plus envie de parler à personne. Et qu'aucune autre surprise ne lui tombe dessus.
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Eumond BellegueuleAssassin
Eumond Bellegueule



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyJeu 15 Sep 2022 - 20:05
J’ouvre bien grand mes esgourdes quand l’frangin d’la patronne commence à m’expliquer tous les trucs qui sont indiqués sur la carte. J’vois bien qu’il a pigé mon souci principal, parce que quand il commence à parler de « lettres », il me désigne des gribouillis à chaque fois, dont j’mémorise au mieux l’endroit. Déjà c’est un peu plus clair. J’me dépêche de remballer l’matos quand il me dit qu’on en reparlera plus tard, en opinant d’la tête tout en rajoutant mon p’tit commentaire.

« C’est sûr, mes les imprévus, tout ça, on sait jamais. Si jamais y’avait moins d’temps qu’prévu au moment voulu, on s’rait bien si j’entravais que dalle à tout ça. »

Puis je l’vois s’diriger vers les gardoches et, j’dois avouer que j’lui emboîte tranquillement l’pas ou bout d’que’ques instants. Non pas pour tailler l’bout d’gras avec les trouffions, non, mais juste parce qu’après l’esclandre du matin, y’a d’fortes chances que l’chef de convoi ait b’soin d’faire une « r’mise au point » pour rappeler qui c’est l’patron, et quelles conneries d’base éviter. Et ça, j’veux être aux premières loges pour y assister, y’a pas moyen que j’loupe ça ! ça commence d’ailleurs pas mal, même si le ton est moins explosif que j’espérais. Mais v’là qu’un drôle interrompt l’engueulade, sans s’faire moucher direct pour autant. Bizarre. L’béjaune a pas l’air bien vieux, mais il est plutôt bien vêtu. Il fait tâche dans l’convoi, en somme. Mais ça peut être une opportunité, quand on voit la r’ssemblance entre le jeunôt et l’Alphonse. Sauf qu’il lui chante pas pouilles le moins du monde, au minot. Et il le laisse filer vers l’auberge sans l’en empêcher. Puis lance un ordre à la cantonade pour s’assurer d’sa sécurité. Du coup ça cogite fort dans mon ciboulot, et j’en viens vite à une conclusion intéressante : c’est pas l’sien. Sinon il aurait pris une trempe bien comme il faut. Un p’tit seigneur avec un caractère de merde, à n’en point douter, mais j’additionne vite, et tout ça ça peut vouloir dire une chose : une prime supplémentaire potentielle.

Alors je hoche la tête, à nouveau, sans mot dire, et j’emboîte tranquillement l’pas au jeunot en direction du bouge, histoire de garder un œil sur lui. Mais pas immédiatement juste à côté, non. J’préfère m’installer un tout p’tit peu à distance, une ou deux tables, juste assez pour entendre des esprits qui s’échaufferaient. Parce que clairement il a l’air du genre à attirer les emmerdes sur lui, puis les laisser dégouliner sur les autres. Alors si j’peux m’éviter l’premier round puis arriver en sauveur, ça m’conviendra mieux. Enfin, je sais bien qu’on peut pas toujours parer à toute éventualité, mais j’tente le coup, en attendant d’voir quand les plantons verts rappliqueront, c’qu’ils feront. Et puis j’me rappelle qu’ils vont forcément rappliquer, au moins une partie d’eux, s’ils veulent se rincer l’gosier correctement, et oublier les péripéties d’la journée.

Du coup je hèle la fille qui sert les tablées, assorti d’un p’tit sifflet, histoire d’avoir rapidement son attention, et j’glisse quelques piécettes sur la table pour montrer mon sérieux.


« Hé ma bonne donzelle, un bouillon pour m’caler l’bide, une chope de vot’ cervoise pour m’rincer l’gosier. Une autre pour l’jeunot là-bas. Si possib’ pas d’la pisse d’âne, mais à défaut on f’ra avec. »
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMar 27 Sep 2022 - 22:43
« Ce qu’il s’est passé aujourd’hui est intolérable. Non seulement le convoi a été mis en danger, mais en plus nous avons perdu un temps précieux. Si d’autres idiots ou suicidaires se cachent parmi vous, qu’il se désigne maintenant et je l’aiderais à rejoindre Anür plus rapidement et avec moins de douleur. On dirait que vous n’avez jamais fait ça. On ne s’éloigne que pour pisser, c’est pourtant la base. »

- Z'avez entendu, tas de trouffions ? aboya Blancfer.
- Oui, Coutillier ! répondirent en coeur les miliciens avant de se disperser.
- Quelle mauvaise foi, grogna discrètement Julius à Clervie. Il était toujours bien content quand Colin nous rapportait des trucs. Il nous manquera. Même si ouais, pour le coup, il aurait pas dû se laisser tenter par les hérons. C'maudits fangeux restent cachés sous l'eau, c'est bien connu. L'aurait mieux fait de tirer le pigeon...
- Oui bah maintenant, fichu, dit Clervie. Le Martel ne nous fait plus confiance. Tu l'as entendu nous enguirlander ? Nul doute qu'il prend notre coutillerie pour de vulgaires gardes-chiournes. La prochaine fois, il se tournera sûrement vers les mercos...
- En parlant de ça, regarde-moi cette épée à louer avec son oeil torve, commenta Julius. Il est content d'nous voir nous ridiculiser, t'as vu ça ? J'l'aime pas ce gueux.

Le mercenaire que Clervie avait gardé à l'oeil tout du long se dirigeait à présent d'un pas tranquille vers l'auberge. La jeune femme commenta :

- En tout cas, il n'a pas l'air de préparer de mauvais coup pour l'instant. Je pense qu'il doit avoir simplement faim, comme tout le monde. Je t'offre une bière ?

Julius approuva d'un signe de tête et d'un sourire, et Clervie et lui se dirigèrent donc à leur tour à l'auberge. On leur servit une bière excellente, accompagnée d'une jarre de blettes et de jeunes poireaux grillés, ainsi que d'un morceau de pain et de fromage. Plus que ce qu'ils avaient espéré, mais il était connu qu'on mangeait mieux au Labret qu'à Marbrume, les premières parcelles de terre récupérées à la fange ayant commencé à produire.
Clervie se servit, étala une bonne cuillérée de poireaux grillés sur son pain. Alors que Julius prenait la cuillère pour se servir en retour, un jeune homme blond, également vêtu d'un manteau vert, alla vers eux en souriant, une écuelle à la main.

- Salut, je suis Rainier Lebleuet. Puis-je m'asseoir près de vous ?
- Mais avec plaisir, marmot ! répondit Julius. Mais dis, t'es pas un peu jeune pour être affilié à l'extérieur. T'as quel âge ?
- Hé ! J'ai eu dix-huit ans cet hiver, protesta Rainier.

Clervie et Julius éclatèrent de rire. Cependant, la jeune femme se reprit vite :

- Allons donc, Julius, n'embarrassons pas davantage le petit nouveau ! Assieds-toi donc, Rainier, et discutons un peu. De quel coin tu viens ?
- Je viens de Marbrume, tout simplement. Mais j'ai perdu mes parents y a deux ans lorsqu'il y a eu l'incursion pendant le couronnement. J'savais pas quoi faire, alors je me suis engagé. Je suis plutôt bon au tir et je me suis pas mal débrouillé jusqu'ici.
- Tant mieux, dit Clervie. Colin le Busard était un de nos meilleurs tireurs. Il va bien falloir le remplacer.
Julius leva sa chope :
- A Colin.
- A Colin, répondirent les deux autres.

Ils continuèrent à manger et à boire en bavardant gaiement, quand soudain, Clervie crispa le poing.
Marcus Savtier piquait droit vers eux. Et Julius lui-même eut soudain le visage dur lorsqu'il vit Rainier devenir soudain légèrement pâle.
- Ah, Lebleuet, tu étais là, commença le milicien pervers avec un mauvais sourire. On s'demandait où tu étais passé.
- Je... j'avais envie de bavarder un peu avec Julius et Corbac, bafouilla Rainier. Je... je les connais pas encore trop, tu vois ?
- Ah, c'est bien alors, t'essaie de t'intégrer, hein ? C'est bien, p'tit, c'est bien! Puis après tout, on aura tout le temps de parler plus tard, hein ? (il lui passage un bras autour des épaules d'un air entendu). J'te laisse...
Il s'éloigna. Clervie lâcha un sifflement. Julius, quant à lui, n'hésita pas.
- Rainier, dit-il soudain. Y'a-t-il quelque chose qu'tu voudrais nous dire, à propos d'Marcus ?
- Qu... Quoi ? R... Rien du tout, protesta le jeune homme vivement.
- T'es sûr ?
- Je... je ne vois pas de quoi...
- Alors pourquoi tu trembles comme une feuille ? demanda Clervie. Et pourquoi exactement tu t'es mis à notre table ? C'était pour lui échapper, pas vrai ?
Pour toute réponse, le jeune homme baissa vivement les yeux. Julius lâcha un juron.
- Putain de foutredieux. Faut qu'on le dise à Blancfer, cette fois, grogna-t-il.
- Blancfer n'en aura rien à faire, Julius, répliqua Clervie. Tu le sais très bien. Savtier fait malheureusement partie des meilleurs combattants de notre groupe. Rainier n'est qu'une bleusaille, un pion sacrifiable.
- On peut pas le laisser continuer ses saloperies.
- On trouvera quelque chose. En attendant...
- Y'aura une place sur mon grabat pour cette nuit, gamin, dit Julius. J'te préviens, j'ronfle un peu fort mais... Personne ne touchera à tes miches. Ca te va comme ça ?
Rainier hôcha vivement la tête :
- Aucun souci ! Ronfle tant qu'tu veux, je... Merci !
Clervie était révulsée :
- Par les Trois, Julius, tu n'imagines pas à quel point j'ai souvent prié pour mettre une lame dans la glotte de Savtier, murmura-t-elle.
Julius eut un mauvais sourire :
- Qui sait ? P'têt qu'on aura l'occasion de lui faire ce qu'il mérite... On pourrait mettre ça sur l'dos d'l'épée à louer, par exemple ? Un cadavre de plus ou de moins, pour ce genre d'fumier, qu'est-ce qu'ça lui change ?
- C'est une idée, souffla Clervie. Mais laisse tomber pour l'instant, on vient !
Un autre milicien dont Clervie avait oublié le nom allait en effet vers leur table d'un air amical :
- Ca vous dirait une partie d'cartes avec Erin et moi avant d'aller s'coucher ?
- Pourquoi pas, répliqua Julius. Prépare-toi à perdre ta feraille, ha, ha, ha, ha !
- Ban voyons ! J'suis sûr qu'c'est moi qui vais te mettre un brelan de lames de spadassins au cul, Julius !
- Que tu dis !
- Que tu verras !

Clervie leur emboîta le pas et ils s'installèrent tous les cinq près de la cheminée dont les hautes flammes projetaient des lumières joyeuses dans l'auberge.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptySam 1 Oct 2022 - 16:46
L’auberge n’était rien de plus qu’un établissement de seconde zone mais qui avait le mérite d’être présente dans un lieux où toute vie aurait pu facilement être balayée. Elle offrait un refuge sec, avec une pitance raisonnable, là où s’étendaient plus à l’Ouest des marais inhospitaliers. Y voir des miliciens et des mercenaires n’était pas chose rare depuis la reprise des convois. Apercevoir un adolescent du genre d’Oscar y était moins commun. En partie cachés par sa cape, ses vêtements simples étaient quasi-neuf. Un gilet rubis enfermait une chemise en coton épais, surplombant un pantalon noir un peu trop cintré pour appartenir à quelqu’un qui avait besoin de travailler. Même ses cheveux, bien qu’ébouriffés, ne portaient aucune trace de labeur. Ils étaient soyeux et entretenus.

Le petit Prince, c’était ainsi que l’on avait envie de le surnommer, ne perdit aucunement l’attitude de vainqueur qu’il avait porté en sortant du convoi. Son entrée ne passa pas inaperçue, tant sa présence était improbable en ces lieux. Pour autant, il ne s’en formalisa pas et alla poser son séant dans un coin de la salle. Bien vite, sa présence fut balayée par celle, plus nombreuse, des tuniques vertes. Il fallait nourrir tous ces hommes, et femmes. Ils étaient suffisamment bruyants pour prendre tout l’espace

« Pour vous jeune homme, de la part de l’homme là-bas. »

Une pinte venait d’atterrir sur la table du jeune Maître. Le commanditaire était du convoi. Le physique bourru et abîmé, ainsi que son retrait par rapport au reste du convoi le désignait comme l’assistant que l’on avait engagé pour le Chef de convoi. Bien avisé, bien entraîné, Oscar avait fait ses devoirs et avait cherché à connaître qui participait à ce convoi si important pour Dame Priost. Et ce cadeau n’était pas anodin. Il renseignait le petit Prince sur l’intelligence de celui engagé par la famille Priost.
Bien éduqué, l’adolescent leva la choppe vers l’homme disgracieux en signe de remerciement. Mais bien vite, les deux hommes se perdirent de vue. Les villageois avaient envahis les lieux, murmurant entre eux quant à ce qu’ils attendaient.

« Tu crois qu’ils seront encore là ? »


« Leur représentation d’hier était incroyable ! »


« L’histoire de la veille aussi »



Le jeune Maître fut de nouveau visible alors que les badauds s’éloignaient du comptoir pour se masser plus loin. Son regard acéré survolait la pièce, comme si chaque détail qui passait au-travers de ses iris vertes s’y gravait avant d’être analysé à la vitesse d’une trombe. Le visage juvénile ne pouvait cacher totalement la précocité de cette intelligence à un œil averti. Malgré la foule, la discorde des miliciens ne lui avait pas échappé. Son sourire laissait même entendre qu’il avait apprécié cette distraction, de la même manière qu’un combat de coq avait sut attiser l’excitation de certains parieurs avant la fin du monde.

Un coup, masqué par la rumeur, résonna dans la petite auberge. Certains visages, alertes, avaient tout de même capté la tonalité sèche. Ils en cherchaient toujours l’origine lorsqu’un second coup, plus fort, fit tourner de nouvelles têtes. Cette fois tous purent comprendre qu’il fallait se tourner vers la scène improvisée au fond de la pièce.

Une silhouette androgyne se tenait là. Ni tout à fait homme, ni tout à fait femme, ses vêtements colorés ne laissaient à aucun moment deviner quels atours pouvaient se cacher sous les couches de tissus. Ses bras filiformes, à l’image du reste du reste de son corps, tapèrent un troisième coup de bâton contre le plancher de l’auberge. Le silence se fit. Tous observèrent cet être à la peau dorée et aux prunelles d’un bleu irréel. Comme si le ciel d’un matin d’été s’était retrouvé enfermé dans deux cercles vivants. Hypnotique, captivante, la voix aspira les clients dans son univers.

« Langrois, Langroises. Vous êtes ici réunis ce soir, en sécurité, dans cette auberge accueillante. Le ragoût y est goûteux. La bière n’y est pas mauvaise. Et surtout elle est enivrante. N’est-ce pas ce qu’il nous faut pour traverser ces marais ? N’est-ce pas ce qu’il nous faut pour oublier que certains y ont péri ? Pour oublier que nous en avons détourné les yeux ? »

Ces derniers mots avaient une tonalité grave, et le regard aussi beau que déménageant du conteur sembla transpercer chacun des auditeurs. Le temps se suspendit un instant. Instant pendant lequel chaque humain dans la pièce pouvait se poser des questions sur le crime dont on l’accusait ainsi. Des pleurs retentirent alors que le drap qui cachait le théâtre de marionnette tomba.

Là, devant de grandes murailles à l’aspect titanesque, se trouvait une petite figurine recroquevillée, prise de soubresauts. Une vielle entama doucement sa mélodie entêtante. Le ton grave et le rythme inquiétant des cordes frottant contre la roue rendirent encore plus pathétique la situation de la pauvre poupée de bois et de soie. Car oui, le pantin était bien habillé. Les spectateurs les plus proches pouvaient aisément y reconnaître un blason très proches de celui de la famille de Sarosse.

« Non ! Pitié ! Laissez-nous entrez ! »

Le visage stoïque du conteur avait, le temps d’une plainte, pris les habits de la peine et de la frayeur du petit personnage principal, avant de reprendre son expression vide. La musique se tut, alors que la tristesse du sang-bleu continuait de se déverser dans la salle.

« C’est ce qu’ils ont crié pour sauver leur vie. C’est ce que nous avons entendu. »

Du haut de la muraille, un pantin, dont seules deux billes sombres et brillantes étaient distinguables, abaissa son pouce de bois. Il venait de livrer les réfugiés à une mort certaine, sous les yeux d’un corbeau dont l’air réjouit était glaçant.

« Ils ont été livrés aux créatures. S’élever face à l’autorité, c’est s’approcher d’une mort certaine. C’est la chose qu’il vous faudrait en retenir. »

La muraille tomba vers l’avant, écrasant la pathétique silhouette. Derrière, se cachait le profil de deux maisons dont l’architecture était gravée dans l’esprit de ceux qui auraient pu assister au couronnement. Des fanions colorés y étaient accrochés, confirmant qu’il s’agissait d’un jour de fête. L’instrument fit disparaître les dernières traces de stupeur avec une mélodie entraînante, accompagnée d’une paire de main qui battait la mesure joyeusement. La marionnette aux yeux sombres se vit bien rapidement coiffée d’une couronne ridiculement grosse devant les yeux ébahis de plusieurs autres pantins.

Qu’ils soient vêtus d’une tunique verte, de riches atours, d’une simple robe ne cachant que peu le squelette de bois, d’outils, tous applaudirent leur nouvelle autorité alors qu’ils se tenait sur la muraille tombée.

« Vous semblent-ils contraints ? »

La question s’échoua contre les murs de l’auberge sans qu’aucune réponse n’émerge, pendant que la mélodie s’aggrava de nouveau. Une à une, les silhouette s’effondrèrent à leur tour. A chaque défection, une pièce alla s’ajouter dans une immense bourse rubis à côté du souverain. L’une d’entre elle finit par trouer la bourse. Autour d’elle, un rang de pantin vert se dressa. Leur position était terriblement identique. Les quelques lances miniatures se dressèrent face au public, accusant quelques spectateurs en particulier. Une jeune milicienne aux cheveux sombres, son camarade pour lequel elle avait eut un regard assassin quand il s’était détourné de sa table, l’assistant du chef du convoi, le tavernier. Même le conteur eut droit à l’accusation muette des marionnettes.
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Eumond BellegueuleAssassin
Eumond Bellegueule



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMar 18 Oct 2022 - 22:45
J’suis à peine attablé, claquant du bec, et ai pas encore eu l’temps d’profiter d’ma gueuze et d’mon souper que j’vois l’groupe de verdasses entrer à leur tour. J’prends sur moi pour pas tirer la tronche de pas avoir un peu d’tranquillité d’esprit, après tout c’est pas bien leur faute si y’a qu’un bouge dans c’bled paumé. Au moins ils ont eu la décence de pas s’coller et faire genre ils voulaient faire copain-copain, c’qui m’va bien. Mais du coup, j’les garde en mire du coin d’l’œil, l’air de rien, pour m’assurer qu’ils font pas les zouaves de temps à autre, pour peu qu’y’en ait un autre qu’ait une « lumineuse » idée comme l’aut’ macchab’ de tantôt. Mais a priori ils sont juste là pour s’rincer l’gosier sans histoire, c’qui m’va bien. Enfin y’a bien deux trois mouvements, entre les différents groupes qu’ils ont constitués – ça a pas l’air d’être la camaraderie franche entre tous ces larrons là, mais en même temps ça m’étonne même pas, dans l’lot y’en a qui valent pas mieux qu’les quidams qu’ils traquent. Mais le ton a pas l’air d’monter. La journée a été longue, à rester aux aguets, alors si on peut souffler correctement ce soir sans emmerdes, ça m’arrangerait plutôt.

Le p’tiot pour sa part m’fait un signe amical quand il r’çoit la chopine. Ça m’donne quelques éléments sur son caractère, déjà il a l’air de pas snober un employé d’la famille, p’t-être un mioche accessible, du coup. J’prends bonne note de ça, mais j’ai pas vraiment l’temps d’m’appesantir là-d’sus qu’un mouv’ment d’foule accompagné du brouhaha et des âcres effluves habituelles de sueur et d’boue envahit la salle. Et rapidement une sorte d’effervescence s’installe, sans que j’entrave quoi qu’ce soit à la présente situation, c’qui m’agace royalement. Puis un coup, mat. Genre, bois sur bois, comme une canne sur du parquet, mais plus fort, et unique. Son jumeau résonne bientôt, alors qu’un silence étrange s’installe dans la salle, si bruyante jusque-là. C’qui m’permet d’en identifier l’origine, qui prend la forme d’un hurluberlu peinturluré et accoutré dans des frusques bariolées. J’crois qu’y’a un mot pour ce type de bige, j’ai entendu une fois : excentrique.

Etonnamment la voix qui sort de ce coffre limite fluet est plutôt puissante, posée, le gusse est un beau parleur, pas d’doute là d’sus. Mais si son introduction paraît plutôt classique pour un bateleur, très vite le ton prend la tournure habituelle de ces satires. Ça peut être marrant, si ça crache bien sur les gusses d’en haut et aut’ bourges. Enfin si j’pige la référence, quoi, parce que l’histoire du duché j’suis pas franchement à jour de tout. Et pour être honnête j’m’en carre pas mal, parce que c’est pas ça qu’apporte du turbin à la finale.

La représentation commence, alors que s’dévoile une scénette avec des marionnettes. J’essaie de suivre l’histoire tant bien que mal, mais clairement c’est du local, alors j’pige pas tout. Un aristo d’vant une muraille qui chouine, alors qu’un aut’ le zyeute d’en haut. C’est Marbrume, ou c’est ailleurs ? J’suis pas bien sûr. Puis l’premier cane, alors qu’l’aut’ est coiffé d’une couronne. Un roi, donc ? Là j’suis largué, c’est l’actuel, ou un ancien ? Puis une foule de pantins applaudit, et s’éclaircit au fur et à mesure que l’trésor du couronné grossit. Une représentation du pouvoir grandissant, peut-être ? En tout cas, des intrigues de sang bleu qui m’passent plutôt au d’sus, clairement. L’étape suivante me fait bien marrer, quand un cordon d’gardoches vient protéger l’trésor du roy, et j’lâche un bon rire bien gras comme une partie d’l’assemblée à c’moment-là.

"Ah ah ah ah ah!"

Mais j’pige pas trop c’qui s’passe après, alors qu’les marionnettes pointent différentes personnes… dont ma pomme. Être pris à parti, dénoter quand j’l’ai pas décider, ça m’plait pas outre mesure. Alors même si j’dis rien pour pas interrompre le spectacle, j’prends un air mauvais, et j’lâche un glaviot par terre pendant que j’viens titiller l’manche d’une de mes dagues, de manière bien visible. Pas question qu’une bande de trouducs peinturlurés viennent me chercher des noises après une journée comme ça, et au vu des journées à v’nir ! Mais d’un coup la présence du mioche me r’vient à l’esprit, et j’essaie de l’re-situer, par sécurité. Une prime potentielle au bout du trajet, après tout !
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyLun 28 Nov 2022 - 18:35
Alors que le dîner s'avançait, l'on installa un théâtre de marionnettes. A la lueur dorée des flammes, celles-ci relatèrent un récit connu. Et plus la pièce avança, plus Clervie se sentit pâlir.

« Ils ont été livrés aux créatures. S’élever face à l’autorité, c’est s’approcher d’une mort certaine. C’est la chose qu’il vous faudrait en retenir. »

Clervie savait à quoi la pièce faisait allusion. Cela avait fait beaucoup de bruit à l'époque. Le Roi avait fait fermer les portes de Marbrume devant des réfugiés.

"Vous semblent-ils contraints ?"

Contraints de servir ce rat d'égoût de Sigfroid de Sylvur ? Clairement pas elle, non. Elle aurait pu choisir bien d'autres voies, mais celle de la milice était la seule qui pouvait un tant soit peu lui permettre de poursuivre son but ; planter un poignard dans la gorge de tous les responsables de la mort de sa famille. Néanmoins, elle avait un mauvais pressentiment sur comment allait finir la soirée, car Blancfer risquait bien de ne pas goûter une pièce de théâtre qui contestait haut et fort ainsi le pouvoir royal.
Cependant, ceux qui osaient montrer une telle pièce avaient visiblement paré à toute éventualité ; les marionnettes pointaient également leurs lances sur le conteur.
Clervie remarqua que l'épée à louer paraissait d'ailleurs ne pas goûter le fait d'être lui-même "pris à parti". Il lâcha un glaviot sur le sol, ce qui la fit frémir de dégoût. Mais sa réaction à lui n'était rien.
Près de la porte, un homme à la chevelure sombre se leva brusquement de sa chaise et sortit d'un pas vif. Clervie l'observa avec attention. Durant un court instant, il lui semblait en effet avoir reconnu des traits bien familliers. Non, elle devait se tromper. Car le visage en question appartenait à un mort...
Elle devait en avoir le coeur net.
Elle se leva donc à son tour.
- Corbac, qu'est-ce que tu fais ? demanda Julius.
- L'homme qui vient de sortir me rappelle une vieille connaissance, répondit-elle à voix basse. Mais je n'en suis pas sûre, alors je vérifie.

[Mission] - En chariotte Simone - Partie II E43f2c7027f563363c8e22a5fc5fec54

La nuit était tombée à l'extérieur. L'homme ne s'était pas éloigné. Sa haute taille et sa silhouette élancée correspondait bien aux quelques souvenirs que Clervie avait de lui. Elle l'interpella :
- Alaëc ? C'est bien vous ?
L'homme se retourna. Dans la pénombre, Clervie put reconnaître son visage et surtout, les boucles noires qui encadraient ses grands yeux. Lui, en revanche, parut décontenancé :
- Pardonnez-moi Mademoiselle, mais d'où me connaissez-vous ?
Elle eut un petit rire froid:
- J'ai un peu changé d'allure, en effet. Et aux yeux du monde... Je suis morte.
Intrigué, l'homme s'approcha légèrement. Et soudain, elle put lire la compréhension dans ses iris vert sombre.
- Clervie ?
- Chut ! murmura-t-elle. On me connaît sous le nom de Claire aujourd'hui.
- Par quel miracle... Vous avez eu la même chance que moi, dirait-on.
- Pas tout à fait. Vous, votre affectation à la milice extérieure vous a épargné le procès. Moi, j'ai été laissée pour morte lapidée le jour de l'exécution.
Elle ajouta :
- Je comprends que la pièce ait pu vous écoeurer. Nous savons tous les deux très bien de quels crimes notre cher roi s'est rendu coupable. Mais un jour, il paiera.
- Vous semblez vous faire de fameuses illusions, répondit Alaëc. On ne peut rien faire contre lui. La fange et la crise qu'elle a engendrée favorise son maintien au pouvoir.
Une brise froide courait maintenant autour d'eux et fouetta le visage de Clervie, mais elle ne trembla pas.
- Marbrume court un grave danger. Et nous ne sommes que quelques-uns à en avoir conscience. Si nous nous unissons maintenant, nos pères ne seront pas morts pour rien.
- Quoi ? Les Purgateurs ? Ils sont trop bien placés pour que nous puissions les atteindre. Peut-être que le Roi lui-même fait partie de leur secte, tiens ! Cela ne me surprendrait pas, au vu de ce qui s'est passé...
- Vous ne voulez donc pas venger vos frères et votre père ? demanda Clervie. Vous ne voulez pas savoir ce qui s'est passé, pourquoi est-ce que nos deux familles ont été sacrifiées ainsi ?
- Il est trop tard pour cela, répliqua Alaëc d'un ton tranchant.
Il s'éloigna de quelques pas :
- Il est trop tard pour la moindre justice, Claire. Abandonnez votre quête et profitez de votre nouvelle vie, tant que vous l'avez. Si vous n'êtes pas plus prudents, vous finirez brûlée, vous aussi.
Clervie sentit une certaine colère l'envahir alors que le croissant de lune éclairait à présent le haut de la vieille toiture de la taverne. Elle émit un léger sifflement :
- Eh bien, Alaëc. Je ne vous aurais pas cru si lâche.
Il se retourna vivement :
- Ne me traitez pas de lâche ! Vous ne savez rien.
- J'en sais suffisamment, répliqua la jeune femme. Vous allez vraiment continuez à croupir dans la milice extérieure alors que vous désapprouvez aussi bien que moi ce qui se passe ? Vous allez vous coucher sur votre grabat ce soir et tout oublier ? Grand bien vous en fassse ! Mais sachez une chose...
Ses prunelles noires étincellèrent malgré la pénombre.
- Moi, je porte peut-être cet immonde habit vert, mais à l'intérieur, je n'ai pas changé. Le sang de Sombrelune coule toujours dans mes veines et je ne saurai le souiller en m'abaissant à devenir le chienchien de celui qui m'a privé de tout. Regardez-vous, Alaëc de Verteplaine ! Il vous manque juste l'écuelle et l'os !
A ces mots, le jeune noble poussa un sifflement de rage :
- Et vous, il vous manque la jugeotte. Pensez-vous véritablement prudent de parler de cela à deux pas d'un régiment de fumiers entrain de s'emplir la panse d'alcool ? D'ailleurs, vous devriez rentrer... Ils doivent vous attendre...
Clervie comprit qu'elle ne le convaincrait pas. Elle lâcha un soupir :
- Soit. Je vous laisse vaquer à vos petites occupations. Mais votre conscience, elle ne vous laissera pas tranquille. Si cela avait été le cas, vous n'auriez pas voulu vous éclipser quand la pièce a remué en vous les souvenirs de l'une des pires hontes de Marbrume.
Elle ouvrit la porte et rejoignit la chaleur de son alcôve, où l'attendait Julius.
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyMer 30 Nov 2022 - 20:50
L’agitation avait gagné l’assistance. Les esprits les plus fins avaient compris l’accusation muette qui leur était faite, mais la plupart des gens se satisfaisaient de voir qu’ils n’étaient pas montré du doigt, ou plus précisément du bout de la lance des marionnettes. A la fin de son conte, après avoir salué la foule, le narrateur eut une expression légèrement moqueuse. Elle faisait écho à celle d’Oscar, toujours assis sur le même siège. L’assistant du chef de convoi put s’assurer de sa présence alors que la foule commença en partie à sortir à la fin du spectacle.

Le couvre-feu avait été repoussé pour que les badauds puissent se divertir, mais bien vite, tout le monde fut rappelé à l’ordre. Les habitants finirent par vider les lieux, et les convoyés invités à aller prendre un repos bien mérité.

Le lendemain, une fois que l’aube eut depuis bien longtemps réveillé le village, le convoi était prêt à repartir. Et il comptait une charrette de plus. Celle-ci était bariolée, bien loin des autres véhicules qui constituaient le convoi. Un des membre de la troupe tenait les rênes, prêt à suivre dès qu’Alphonse Martel donnerait le signal. A ses côtés se tenait le conteur, qui malgré le jour avait toujours cette aura mystérieuse flottant autour de lui, et à sa droite, le jeune Oscar.

Le Maître forgeron, qui menait tout ce monde, arborait la même trogne peu amène que la veille au soir. Une fois que les partant furent rassemblés, il glissa quelques mots pour expliquer le déroulement de la journée.

« Nous avancerons autant que possible. Nous serons obligés de dormir dans les marais ce soir mais avec de la chance nous nous avancerons pour la journée suivante, assez j’espère pour qu’on puisse dormir à Usson. Vous aurez remarqué que nous avons un nouveau chariot... »

Les regards se tournèrent vers les couleurs vive apporté par la maison roulante des troubadours. La troupe resta à l’abri, et seul le conteur agita gracieusement la main à l’annonce de l'arrivée impromptue entre les chargements d’arme et de vivres. Son visage androgyne prit le temps d’observer chacun des autres membres de l’assemblée. Chacun d’entre eux pu sentir ces yeux étranges se poser jusqu’à son âme, avant d’être libéré lorsqu’ils sondaient la personne suivante.

Le chef du convoi, devinant certainement un malaise dans l’assistance, préféra ramener l’attention à lui. Sa voix sorti de leur transes les hommes et femmes présents.

« J’ai demandé un peu de renfort, je vous laisse quelques minutes pour vous organiser. »

Du pouce, il désigna les deux miliciens qui n’étaient pas présent à leur départ de Marbrume. L’un d’entre eux eu un échange de regard avec la milicienne aux longs cheveux noirs, se remémorant leur discussion de la veille. Le second, avait l’oeil qui brillait d’une certaine malice malveillante, de quoi donner des frissons à quiconque s’attarderait trop sur lui.

Néanmoins, Alphonse n’avait pas laissé beaucoup de marge aux convoyés et aux miliciens. Il leur fallait rapidement s’entendre sur l’ordre de marche avant de s’enfoncer de nouveau dans les marais inhospitaliers.
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyVen 9 Déc 2022 - 13:17
Les simagrées des saltimbanques semblent pas tant agiter les gardoches que ça au final, même si quelques voix s’élèvent pour râler un bon coup, voir proférer quelques menaces. Mais ça s’écrase vite, vu que l'reste de la foule a plutôt l'air de s'enjailler. J'avise un moment les restes de ma pitance, me d'mandant si ça vaut l'coup d'en sacrifier un peu pour faire monter le pression avec un bon jet bien senti, mais j'me ravise aussi. Déjà on gaspille pas la bouffe quand on peut éviter, surtout quand on a plus tendance à sauter un repas sur deux qu’à bequeter à sa faim. Et de deux, j'suis pas si sûr que viser l'beau parleur ferait exploser la salle dans un sens qui m'servirait, à moins d'faire en sorte que ça semble partir d'un Verdoche. Ou d'viser directement un verdoche aussi. Mais à la réflexion, c’était clairement pas l’moment : entraîner ces blaireaux dans une émeute, c’était prendre le risque de trop affaiblir l'escorte du convoi. Et j'vais pas tout garder tout seul face aux crevures et aux morbacks. Alors j'ronge mon frein, et j’attends qu’ça s'passe, après m’être assuré que le p'tiot est resté bien à sa place pendant tout c'ramdam. C'qui est l'cas.

Et finalement, l'soufflet retombe aussi vite qu'il est monté, et la salle commence à s'vider. L'est grand temps d'aller s'pieuter, mais j'attends que l'gosse amorce la marche pour lui emboîter l'pas à distance raisonnable, sans l'importuner. La nuit est mauvaise, comme souvent. Un sommeil léger habituel, à dormir que d'une oreille dans un coin estimé le moins craignos, le tout entrecoupé d'rêveries sans queue ni tête, avec des marionnettes géantes qu'embrochent des cadavres avant d'se tourner vers moi. Pas pire que d'autres nuits, au final.

Mais au petit matin, c’est carrément la douche froide : v'là qu'on va d'voir escorter les gugusses de la veille, comme si on n'avait pas assez d'nos miches à surveiller sur l'trajet ! Et c’est pas les deux clampins recrutés en plus qui vont faire le nombre, clairement ! Et puis une aut' pensée m'traverse la caboche, et voilà que j'me dis qu'il vaut mieux réfléchir plus avant avant d'fulminer. Ça peut m'arriver, ouais.

J'profite d’être un peu libre dans ma position dans l'convoi pour faire mine de gamberger un peu, et m'engouffrer au dernier moment par les pans arrière d'la carrioles des itinérants. D'une, parce que cet ajout inopiné me plaît moyen, quand on sait qu'tous les saltimbanques sont des fouineurs et chapardeurs de première. Et leur arrivée surprise dans l'convoi tombe trop bien pour faire pur hasard, à partir en plus le même jour dans la même direction. Pire, faudrait pas que certains y aient des accointances avec le Larrive, et aient eu vent du convoi.

L'autre option, et elle serait pas forcément plus réjouissante, ce serait d'avoir à faire avec une bande de tire-laines qui auraient flairé le bon coup. Voire même l'improbable situation où celui qui tirait les ficelles hier soir aurait reconnu ma trogne pour avoir trempé dans des affaires communes à Marbrume, et ait flairé un coup. Parce que même en restant généralement discret, en bientôt une année d'présence j'avais quand même croisé un certain nombre de raclures sans forcément défourailler pour les planter. J'avais même en quelques rares occasions travaillé en équipe. Et un type qui remettrait ma trogne en me voyant arriver avec des Verdoches, ça peut faire tiquer.

Alors pour en avoir le cœur net, rien d'mieux que d'crever l’abcès et savoir à quoi s'attendre. Du coup j'me glisse par l’arrière de la carriole quand l’convoi démarre et j'm'asseois bien campé sur l'un des bancs latéraux avant d’dévisager les personnes présentes à l’intérieur, une main ostensiblement posée sur la garde d'une de mes dagues passées en bandoulière, histoire de bien faire comprendre que j'suis pas là pour m'faire conter trop d'salades. Un p'tit sourire hilare quand j'monte, un doigt sur la bouche, le temps d'bien mémoriser les visages et voir si j'en remets un, puis j’attaque sur quelques banalités, d'un ton voulu plutôt neutre :


« Bien, bien, bien… j'crois qu'on a tout intérêt à tailler un brin d'causette, vous et moi. Histoire de faire plus ample connaissance, vu qu'on va s'retrouver plutôt les uns sur les autres pour la suite du trajet, on dirait. C’était qui l'tireur de ficelles de ce beau p'tit pestacle d'hier soir ? Plutôt couillu, faut dire, ça fait longtemps qu'vous l'tournez ? Pas dans la cité j'suppose, ou seulement dans les bons bouges, j'imagine. Vous y êtes allés récemment, d'ailleurs ? Et vous allez jusqu’où comme ça ? Au Labret ? »

Franchement, y'a vraiment un bige dont la tête me dit furieusement que'que chose, mais j'arrive pas à l'remettre. Ennuyeux, ça. Va falloir creuser.
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyDim 18 Déc 2022 - 13:54
Sale matinée.
Et Clervie ne disait pas cela simplement parce que le petit-déjeuner avait été froid et dégoûtant -on manquait de lait, aussi, le gruau d'avoine qu'on leur avait consenti avait-il été préparé à la flotte sans même un ruban de miel pour aider à faire passer...-
Ni même parce que malgré le soleil qui pointait, une sournoise brise matinale se glissait sous les manteaux et les chemises, faisant frissonner. Non, Clervie était de mauvaise humeur pour diverses raisons.

D'abord, il y avait l'affaire avec Marcus, toujours en suspens ; Lebleuet était loin d'être tiré d'affaire même si Julius ne le quittait pas d'une semelle et faisait très attention à leur collègue pervers.
Et de deux, ce maudit Alaëc de Verteplaine avait rejoint le convoi.
Clervie n'avait nulle envie de supporter cet imbécile pendant tout le voyage. Il lui rappelait trop de mauvais souvenirs.
Mais la troisième surprise, c'était le conteur. Que pouvait-il bien faire là ? Etait-il là parce qu'il s'était fait jeter de la taverne à cause de sa pièce malaisante ? Ou y'avait-il une toute autre raison...?

- Tous à vos postes ! cria à cet instant le coutillier Blancfer. Verteplaine, avec Erin, Marcus et Ivar sur le chariot trois. Corbac, avec Julius, Lebleuet, Lartois et Blaissac sur le chariot 2 et plus vite que ça !
- Oui, coutillier ! répliqua Clervie en même temps que Julius et Lebleuet.
- "Oui, coutillier" ? chuchota Alaëc d'un air narquois en se rapprochant rapidement de Clervie. Pour quelqu'un qui prétend ne pas vouloir être le chien-chien du roi Sigfroid, vous êtes parfaite dans le rôle...
- Peut-être parce que j'ai une excellente source d'inspiration juste à côté de moi, milicien Verteplaine, répliqua la jeune femme avec un sourire perfide.
- Toujours la langue aussi agile, à ce que je vois... Gwendal de Beaumont l'a échappé belle. Je suis sûr que vos jacasseries incessantes auraient fini par le tuer...
- Au moins, moi, je ne me suis pas fait souffler ma fiancée par mon frère aîné parce qu'elle s'est rendue compte qu'il était plus valeureux que le misérable avorton de la fratrie qui ne fait que parler au lieu d'agir ! rétorqua-t-elle d'un ton venimeux.
Il allait répliquer quelque chose quand on l'interpella :
- Verteplaine, tu viens ? grogna Ivar. Tu conteras fleurette à la Corbac plus tard, encore que je comprenne pas ton goût pour ce genre de noiraude...
- Va plutôt jouer du marteau au lieu d'essayer vainement d'être drôle, Ivar, fit Clervie, encore plus agacée qu'avant. Attends, non, continue, et les fangeux resteront peut-être cachés dans leurs trous pourris pour échapper à tes babillages !
- Ils resteront surtout cachés quand ils verront ta sale gueule, rétorqua le Hendois en ricanant. Sérieusement, le Verteplaine te ferait trop d'honneur s'il voulait te baiser, Corbac ! T'as une figure plus longue que celle d'une jument à force de tirer la tronche !
Des ricanements retentirent. Clervie choisit de laisser le dernier mot à l'infernal nordique. De toute façon, Blancfer n'aurait pas tarder à s'en mêler et elle voulait éviter un nouveau blâme pour mauvais comportement. Mais elle était en revanche bien contente d'avoir mouché Alaëc de Verteplaine. Sa lâcheté l'avait choquée.
Alors que le convoi se remettait en route, elle aperçut le conteur qui se trouvait près du jeune homme qui avait rejoint le groupe la veille. Si l'occasion se présentait, elle lui parlerait... Elle était sûre qu'ils auraient beaucoup de sujets intéressants à aborder.
Notamment leur grand amour pour celui qui se promenait sur l'Esplanade avec la couronne de Langres sur la tête.
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II EmptyJeu 29 Déc 2022 - 8:20



Comme demandé par Alphonse Martel, les miliciens se mirent en place, avec plus ou moins de facilité. Le Maître forgeron observa d’un regard dépité les querelles des miliciens avant de monter sur le chariot de tête. Ces histoires ne le regardaient pas, tant que tout se passait pour le mieux durant le convoi. En espérant qu’aucun autre de ces idiots n’ait l’idée d’ameuter toutes les créatures du coin…Il prit une goulée de son outre emplie de vin afin de se donner du courage pour supporter tous ces désagréments.

Du côté des artistes, les quelques uns qui papotaient tranquillement dans leur maison roulante avant le départ furent surpris par l’apparition d’un petit homme aux yeux emplis d’une certaine intelligence. Son arrivée fit monter le silence, et la vue de son arme prête à être dégainée, apporta une certaine gravité dans ce qui fut, quelques secondes avant, une atmosphère plutôt insouciante.
Ses questions, pertinentes, apportèrent des œillades d’un endroit à l’autre. Ses paroles n’améliorèrent pas les choses.

Le rideau séparant l’avant et l’arrière de la caravane s’entrouvrit après le blanc qu’avaient laissé les questions, laissant passer la tête d’Oscar par l’ouverture.




« C’est moi qui ai demandé à la troupe de jouer ce spectacle, Monsieur l’assistant. Tual est un ami de longue date et il a trouvé l’idée aussi attrayante que moi. »

Chez le jeune Maître, parler d’attrait apporta une lueur supplémentaire. Quelque chose qui aurait pu passer pour du sadisme, si son visage et son charisme ne faisait pas pencher la balance vers cette forme d’amusement pervers que ressentaient les jeunes gens riches et désemparés.




Le conteur, entendant son nom, montra à son tour son faciès à l’arrière de la carriole.



« Vous avez trouvé ça couillu ? N’est-ce pas le rôle d’un conteur de dénoncer ce qu’il se passe ? C’est pour ça que la cité nous a fermé ses portes il y a bien longtemps, quand je n’étais qu’un marmot. Pourtant le peuple se repaît des fables que nous leurs servons. Avez-vous vu l’horreur et la fascination que de si petits êtres de chiffon et de bois ont apporté à tout un village ? Et ils en redemandent, chaque soir. Même les hommes du Roi ne font pas exception. Vous verrez bien cela quand nous serons à Usson, Monsieur l’assistant. »


Toujours aussi énigmatique, bien qu’un peu plus masculin d’aussi près, Tual s’effaça, ne laissant de lui que l’image de son sourire énigmatique. Oscar se régalait de cette situation à voir son sourire de matou comblé. Ses pupilles émeraudes fixèrent celui qui avait été engagé pour faire le sale boulot.



« Si vous faites la causette, je vous conseille de le faire à voix basse. Je tiens à arriver à destination. Et n’abîmez pas les acteurs. Je sens qu’Usson sera désespérément triste sans leur présence. »

Alors que lui aussi disparaissait, une femme de la troupe, s’adressa à la petite lame. Sa robe fluide, d’un camaïeu d’orange et de rouges, rappelant les couleurs des arbres à l’automne, déploya des manches longues comme les ailes d’un oiseau alors qu’elle levait le bras pour désigner la place à ses côtés.

« Si vous laissez cette main loin de votre arme, nous pouvons parler de nos précédents voyages sans que Pierrot n’ait à sortir sa hachette. »

Sur le banc face à elle, le dit Pierrot était un golgoth. Sa chemise entrouverte laissait voir une musculature que bien des chevaliers auraient envié. Pourtant, aucune nervosité de transpirait. Il était calme, observant le nouveau venu, sûrement pour déterminer son niveau de dangerosité. La hachette qu’avait évoqué la femme se trouvait sagement à ses côtés, à côtés d’un spécimen identique. De l’autre côté de la ceinture, des modèles plus petits mais plus nombreux étaient aussi attachés. Pour finir, une version bien plus grande, qui nécessitait que deux mains la manie, reposait contre le banc à ses côtés. Un homme plutôt bien équipé en soit, prêt à protéger le reste de la troupe si un quelconque danger se faisait sentir.

A l’extérieur, les miliciens avaient fini par se mettre en ordre de marche. Leurs complaintes et chamailleries avaient cessées alors qu’Alphonse Martel claquait les rênes pour faire avancer ses canassons sur la route menant aux marais.
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