Né durant la Nuit des Serpents de l'an 1136, Almère connut une vie terriblement banale pour les bas-fonds. Un père violent et ivrogne, une mère putain qui ne l'aimait pas et un grand frère dans la droite lignée de son géniteur. Peu après qu'Almère ait atteint les neuf ans, son père fut exécuté par la Garde. C'était mérité.
Sa mère fêta la nouvelle par une cascade d'alcool de contrebande et une orgie fructueuse auprès de ses clients. En ouvrant la porte de la salle enfumée le lendemain, Almère récupéra une bourse débordant de pistoles et le corps sans vie de la femme qui lui avait donné, bien malgré elle, la vie. La suite logique était donc pour lui de vivre avec son frère.
Ce dernier essaya de le tuer à trois reprises, lors de divers accès de colère. Le premier accès, alors qu'Almère avait à peine dix ans, ne vit l'enfant en réchapper que de justesse, se glissant par un soupirail crasseux pour échapper à son tortionnaire. Il se brisa la jambe en tombant au fond de la cave putride où rats et araignées se disputaient le corps d'un malheureux. Almère s'extirpa de la cave après près d'une journée à ramper dans l'escalier, centimètre par centimètre, en étouffant ses sanglots.
Il négocia ses soins avec un médecin véreux du bout de la rue, en échange d'une dette. À l'âge de quatorze ans, lorsqu'il exécuta cette dette, son frère commit sa deuxième tentative. Al' avait empoisonné un porc qui prélevait une protection au médecin, sous la menace d'abuser de sa fille. Furieux d'apprendre ce qu'il avait fait, ou jaloux selon le jeune meurtrier, son grand frère se jeta sur lui. Un combat furieux s'ensuivit, qui valut au petit frère de fracturer l'arcade sourcilière de son aîné, avant de perdre conscience sous la pression de deux mains écrasant son cou.
Al' mit plusieurs jours à respirer convenablement de nouveau, et il fallut des semaines pour que les migraines cessent, mais son cœur était léger. Il avait lutté, il avait fait ses preuves. Il n'avait plus à subir.
À l'âge de seize ans, le grand frère décida que l'attitude d'Al avait dépassé les bornes. Armé d'une dague, il prit la décision de tuer son petit frère, mais c'est bien là qu'il fit face au principal problème avec les enfants : que l'on soit leur parent, leur frère ou leur sœur, on ne les voit pas grandir. Ce n'est qu'en arrivant à son contact que le bourreau réalisa la gravité de son erreur. Le dominant d'une tête, les bras comme des poutres, Almère le toisait. Son regard contenait toute la froide colère de ce qu'il avait encaissé, et pas une once de pardon.
Le grand frère ne fut plus jamais revu après ce jour, mais sa dague si : elle bat désormais le flanc d'Al.
Élevé dans la violence, Almère n'essaya pas d'échapper à cette vie. Il aime à se dire qu'il n'avait pas le choix, mais la vérité est plus simple : cet espoir l'avait quitté, si tant est qu'il n'ait jamais fait part de lui. Les années lui constituèrent quelques camarades peu fiables, aussi prompts à le rejoindre dans un mauvais coup qu'à se trahir entre eux. Un soir était passé à heurter leurs godets avant de les vider d'une traite, le matin suivant à se suriner pour une poignée de sous, tout au plus une pistole.
Les choses ne furent nullement arrangées par l'horreur qui déferla sur le royaume, bientôt nommée la Fange. Almère, dans toute sa pieuse superstition, y vit l'ire des dieux s'abattant sur eux. Convaincu que les affres des hérétiques et des nobliaux étaient responsables de ce fléau, il porte aux premiers une haine profonde et entretient envers les seconds une méfiance certainement de circonstance. Dans son champ d'activité, croiser un noble témoignait rarement d'un heureux hasard et plus souvent de la marche vers une potence.
La perte du Chaudron, et de l'ancienne maison de sa famille, lui coûta plus cher qu'il ne l'admet. Fuyant dans les rues bondées, quittant précipitamment la taverne où il passait alors la majeure partie de son temps, il vit tomber le quartier même où il avait grandi. Il connaissait le reste du Goulot et se fit rapidement à sa vie là-bas, après s'être trouvé un coin de cave presque salubre au prix de quelques dents (pas les siennes), mais quoi qu'il en dise, une petite bâtisse crevée l'attire encore, au cœur du dédale infernal de ruelles perdues à la Fange.
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