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| Aloys de Tourbière - Fiche de personnage | |
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| Sujet: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 19 Juin 2021 - 17:41 | | | Aloys de Tourbière◈ Identité ◈ Nom : de Tourbière. Prénom : Aloys. Age : 21 ans (né en 1145). Sexe : Masculin. Rang : Baron de Tourbière, natif du duché de Morguestanc, fils de châtelain. Lieu de vie : Une chambre privée dans la caserne de Lods. Occasionnellement, dans le manoir familial des Tourbière à Marbrume. Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : Noble guerrier. Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)Compétences : +3 HAB, +1 TIR. - Alphabétisation - Acuité visuelle - Camouflage (Marécages)- Préparation de poisons - Volonté de fer Objets : - Arc de guerre - Épée courte - Chapel de fer - Gambison - Jambière de cuir - Gants en cuir usé - Aloys, vêtu de son armure:
◈ Apparence ◈
Physiquement différent de tes ténébreux aînés et de ton paternel au regard bleuté, tu héritas la plupart de tes traits de ta mère biologique. De son vivant, cette dernière possédait une longue tignasse blonde, venant contraster avec la chevelure brune de ton père dans sa jeunesse. À mi-chemin, vint pousser ta toison châtaine, à la forme et à l’éclat rappelant la crinière d’un lion. Soigneusement peignée en arrière et aux pointes rebelles, elle révèle ton visage à la pigmentation hâlé, fruit de longues heures passées sous le soleil des marécages. Ton regard d’ocre, aussi perçant que celui d’un aigle fonçant sur sa proie, est entaché d’une courte entaille à ton œil droit, souvenir d’une amère trahison. À l’ordinaire, c’est inconsciemment que le manque d’expression sur ton faciès mène autrui à te penser arrogant et ingrat, ce qui est bien entendu faux. Toujours sans le vouloir, tu n’es point d’apparence chaleureuse, ni charmante, à l’opposé, tu apparais comme un individu peu accessible, froid et même intimidant à quelques occasions.
C’est un jaque à la teinte noir qui vient vêtir ton corps athlétique, ce dernier forgé par les conditions extrêmes d’une vie passée à naviguer à travers la fange. Par-dessus cet habillement, s’ajoute un surcot verdâtre à l’armoirie Tourbière, lequel te permet de fondre dans le bourbeux environnement. La dernière couche revient à celle d’un mantel de même couleur, éventuellement porté en hiver. Enfin, un autre signe distinctif est l’imposant chapel de fer à faciale que tu revêts, te faisant facilement atteindre le mètre quatre-vingt.
◈ Personnalité ◈
Si les marécages présentaient depuis toujours un danger pour les autres, l’endroit devint pour toi, une bulle protectrice pendant ton enfance. Tu ne savais rien du monde, jusqu’au jour où l’on te chassa de ton domicile. Confronté à la misère et à la violence de ce monde extérieur, tu fus contraint à t’y adapter, sans pour autant sombrer dans les ténèbres, ni succomber au vice. Trahi à plusieurs reprises, ta naïveté laissa place à de la méfiance au fil du temps. Cet abus de confiance, venant tout aussi bien de ton sang, que celui d’un étranger, vint endurcir ton cœur.
Cela dit les mains secourables et les sourires chaleureux de certains lors de ton périple semé d’embûches, t’ont convaincu de ne pas totalement te fermer à autrui et de continuer à lutter pour un monde meilleur. Foi en l’humanité et spiritualité en la Trinité sont pour toi des concepts similaires, et ainsi croire aux Dieux revient à croire en l’homme, les Trois ayant façonnés l’être humain à leurs images. Dans ta jeunesse, tu ne pratiquais que très peu par manque d’intérêt, bien qu’au fond de toi, l’existence d’une force supérieure n’eût jamais été contestée. Parfois, tu n’agis point par conventions, mais par propre conviction, lorsqu’il s’agit par exemple de faire offrande à Sérus, généralement avant la chasse ou un affrontement.
Tu demeures peu accessible, personnellement, appréciant peu échanger sur ton lourd passé, connu malgré tout de la majorité de la haute noblesse en raison de l’Affaire Tourbière. Source de souffrance morale, sorcellerie, banditisme et trahison sont des termes à ton égard te portant toujours préjudice aujourd’hui. Fier combattant des marais, tu n’es toutefois point comme ton père quand il s’agit de prendre en considération l’opinion de la foule mondaine, à laquelle tu attribues un minimum d’importance. Hélas, tu n’as encore que vingt-et-un ans, et il te reste tant de temps à vivre pour forger ce caractère.
◈ Histoire ◈ Acte I – Vie antérieure Tu te souviendras toujours de cette froide nuit d’hiver, celle qui marqua pour toi la fin de l’ère d’une enfance douce et insouciante. Au chevet du lit de mort de ta maternelle, tu lui tenais fermement la main, contemplant son pâle visage éclairé par la lueur d’une faible bougie. L’herboriste de Lods venait de s’éteindre, laissant derrière elle, toi, un fils bien trop jeune pour reprendre activité qui autrefois, assurait à peine votre survie. Le soleil s’éleva tout de même dès l’aube, car la vie continuait son cours malgré le chagrin. Genoux au sol, une partie de ton visage reposait contre les draps frais et humides, froissés par les mains qui s’étaient tant accrochées à la vie la nuit dernière, en vain. Ce ne fut pas la faim qui ne tarderait pas à attaquer ton estomac, ni la basse température qui viendrait geler tes os, qui allaient te tirer de ton sommeil profond. Ton réveil devait être attribué à un crissement aigu que tu ne connaissais que trop bien, la vieille porte en bois servant d’entrée à la pauvre échoppe. Au seuil se tenait une silhouette à la fois familière et étrangère, un vieil homme dont l’armoirie ne passait point inaperçue sur ces terres situées au sud-est du duché de Morguestanc. En effet, c’est là-bas que tu grandis, là où le terrain est bas, humide et bourbeux, parfois inondé. Où s'étendaient les marais, s'était établi un petit village discret qui t'avais vu voir le jour, Lods. Il se trouvait que cette même agglomération rurale, demeurait plus ou moins sous la protection d’un seigneur voisin, propriétaire d'une sinistre forteresse se dressant non loin d’ici. Des yeux d’un bleu vif et intense se posèrent sur toi, parcourant chaque recoin de ton faciès, puis finalement, une paume se présenta à toi. « Tu ne crains rien. », furent les premiers mots parvenant à tes oreilles. Tu ne savais que faire, que dire, que ressentir à ce moment-là, mais quelque chose en toi te poussait à aller de l’avant, à accepter la main de l’étranger à la voix rauque. Ce dernier te conduisit aussitôt à l’extérieur, et une fois que tu fus placé à l’avant de la selle de son destrier, il monta à son tour puis vous quittâtes les lieux sans jamais regarder vers l’arrière. Tes larmes avaient séché désormais et tes yeux ne quittaient plus le géant de pierre qui dominait les environs marécageux. À quelques galops de celui-ci et à votre arrivée, les hommes sur les remparts s’activèrent comme des fourmis pour relever la herse et y faire entrer leur châtelain. À peine descendu de son équidé, deux mômes approximant ton âge vinrent se jeter dans les bras de l’homme au poil grisonnant. Desserrant à présent leurs étreintes, leurs regards se portaient maintenant sur ta personne orpheline, et cela avec curiosité. Le seigneur, que tu devinas être le père de ces deux enfants, te fit descendre de la bête, avant de t’introduire, ses deux mains usées sur tes épaules. « Aloys est désormais l’un des nôtres, mon sang coule dans ses veines et dans le vôtre. », furent les paroles prononcées par le vieil Herbert de Tourbière ce jour-là. Tu te souviens peu de la réaction qu’eut causée cette révélation soudaine, de ton visage à ce moment-donné, car ces souvenirs paraissaient si lointains aujourd’hui. Néanmoins, tu te souvins qu’il fut en effet autrefois un temps où tu t’interrogeas sur l’identité de ton géniteur, la raison de son absence, loin de te douter qu’il débarquerait aussi brusquement dans ta vie. « Le seigneur Herbert de Tourbière fut un bon père pour Aloys, malgré son caractère à la fois exigeant et distant. Le garçon ne manquait de rien au sein de la forteresse, il lui fallait seulement en retour respecter son devoir de noble héritier. » ✦✦✦✦ Acte II – Epanouissement d’un bâtard Thomas, Victoriane et toi partageâtes la même peine, celle d’une maternelle partie trop tôt. L’on pourrait penser que cette triste similitude vous aurait rapproché, et si cela fut vrai un temps, des évènements futurs allaient mettre la Maison Tourbière à l’épreuve. Dernier enfant, bâtard ou fils hors mariage au comportement exemplaire et désintéressé, il te fut rarement venu à l’esprit de pouvoir un jour hériter du titre de baron, porté autrefois par votre père. Thomas, l’hériter premier, était un jeune homme brave, charismatique et en bonne santé. Malgré ses ardeurs impétueuses et son caractère buté, il avait su se bâtir une réputation auprès des hauts alliés de la Maison Tourbière, et on le voyait déjà marcher dans les pas de l'ex baron Herbert et éventuellement s'élever plus tard au titre de châtelain. Ce dernier titre, gagné par votre Herbert Tourbière, impliquait que le seigneur était au service direct de la couronne et représentait sa voix dans les affaires relatives à la frontière sud du duché de Morguestanc. L'ancien noble baron eut été élevé à ce rôle spécifique par le passé. Titre non héritable et reçu par mérite, Thomas avait pour vocation de devenir baron, avant de pouvoir faire ses preuves auprès du Roi. Tu ne ressentais qu’admiration pour ton aîné, lequel tu servirais un jour le moment venu. Les premières années suivantes ton arrivé dans le milieu mondain furent difficiles, tant sur le plan éducatif que social. Étranger à un tel milieu, il te fallut un certain temps avant de comprendre les droits que t’accordaient ce nouveau statut, ainsi que les devoirs venant avec. Tu appris à lire, écrire et à monter à cheval que très tardivement dans ton enfance, ou plutôt adolescence. Néanmoins, doté d’une capacité d’adaptation remarquable, tu devins un jeune homme digne de ton rang. Humble et n’oubliant point d’où tu vins, tu réussis à gagner la confiance de tes frères d’armes, le respect des domestiques de la seigneurie, et plus largement, de la modeste population locale. Grâce à ton père, tu appris à t’adresser à ces derniers, sans pour autant les prendre de haut, comme pouvaient le faire certains seigneurs. Les Tourbière étaient appréciés par les habitants du coin, et comme ses aïeux avant lui, Herbert avait fait le serment de protéger les terres bourbeuses du sud du duché de Morguestanc. Tes prouesses à l’épée n’égalaient pas celles de ton frère aîné Thomas, et ton habileté avec les mots n’était pas aussi aiguisée que celle de ta sœur Victoriane, mais tu n’avais point à rougir de tes autres qualités. Ton adresse au tir à l’arc demeurait exceptionnelle, et par-dessus tout, tes connaissances de la faune et de la flore excédaient celles de tes paires. Les marécages ne recelaient plus aucun secret pour toi. Il fut un temps, que l’on pouvait aujourd’hui qualifier de paisibles années, tu pris les armes aux côtés de ton père, pour protéger ses terres des bandits, des sectaires et plus généralement des ennemis du duc de Morguestanc et de la Couronne. Tout cela, tu le vécus en l’absence de Thomas, qui renonça à son héritage et partit servir un autre seigneur en tant qu’écuyer afin de devenir chevalier. La soudaine nouvelle lança de nombreuses rumeurs chez la noblesse, d’autant plus que le brun quitta la forteresse au beau milieu de la nuit, craignant les foudres de son père. Ce fut un coup dur pour la famille Tourbière, qui venait de perdre son tout premier héritier, alors le seigneur plaça davantage ses espoirs en toi. « Les Tourbière ne faisaient qu’un avec les marécages, et Aloys apprit à connaître la faune et la flore sur le bout de ses doigts. Une tradition familiale consistait à extraire le poison de salamandre pour enduire ses flèches de toxine. » ✦✦✦✦ Acte III – Danger fantôme En juin 1164, des bruits courant sur l’apparition d’une nouvelle espèce dangereuse pour l’homme firent surfaces. Appelé « Fléau », ce qui n’était à la base qu’une nouvelle dont la véracité demeurait plus que douteuse, allait en réalité se confirmer l’octobre suivant, et cela à vos dépends. Ce fut par un jour de mauvais temps, que le châtelain et toi quittèrent la forteresse pour enquêter sur la disparation d’une domestique envoyée la veille à Lods en quête de provisions. Les hommes marchèrent une bonne demi-heure vers l'est, avant de rencontrer une caravane appartenant au seigneur, arrêtée en plein milieu du chemin. Il s’agissait bel et bien à l’origine d’une roulote d’approvisionnement, mais il n’y avait aucun signe des serviteurs dans les parages, seulement un cheval quelque peu agité. Investiguant la scène, tu découvris de profondes entailles dans le bois de la structure, puis des traces de sang encore fraîches menant au fin fond de l’eau stagnante. Lorsque tu t’approchas de la marre, dont d’étranges bulles se formaient à la surface, une effroyable créature surgit des profondeurs du marais avec l’intention de t’éventrer. Quand tu rouvris les yeux, la première chose que tu vis fut le visage sans vie d’un de vos fidèles hommes, s’étant sacrifié pour te sauver la vie. Au sol, joue dans la boue, tu te relevas avec difficulté pour découvrir avec horreur les corps de tes défunts frères d’armes. Il y avait encore un homme, tenant à peine debout au milieu de ce carnage, ton paternel. Il agitait sans répit sa lame, tentant vainement de toucher sa cible. Jamais tu n'avais vu un tel animal doté d'une force et rapidité surhumaine. Une main pressée sur ta blessure, une large plaie au niveau de tes côtes, tu ramassas l’épée la plus proche avant d’assener un coup violent au dos de la bestiole déjà amochée. La vile créature poussa un cri tout aussi terrifiant que son apparence et s’effondra au sol, terrassée. Tu ne pus t’empêcher de remarquer, à terre, un morceau de cape humide dépeignant le blason Tourbière. Avec le peu de force qui te resta, tu parvins à placer le seigneur sur ton destrier, puis à faire avancer l’équidé sur quelques mètres, avant de perdre totalement connaissance. Ce fut le bruit des gouttes d’eau s’écrasant contre la roche, celui qui résonnait de nuit comme de jour dans tes tympans, qui finit par te ramener dans le monde des vivants. Tu te réveillas sur un banc miteux, vêtu d’une simple tenue de lin. Pieds à terre à présent, tes yeux se posèrent sur les barreaux à l’opposé de la pièce. Il s’agissait d’une cellule, mais pas n’importe laquelle, celle de la forteresse Tourbière. Ta vision encore troublée, tu entraperçus une silhouette de l’autre côté, laissant ensuite place à une autre aux courbes plus féminines. Un visage familier surgit, éclairé par les faibles lueurs d’un flambeau qui n’allait pas tarder à mourir. Ce fut celui de Victoriane, dont les traits te semblaient plus durs, plus obscurs qu’autrefois. « Père est mort. », annonça-t-elle sèchement. Malgré tes efforts pour sauver le seigneur, il finit donc par succomber à ses blessures. Cette nouvelle te bouleversa, car tu n’avais pu lui faire tes adieux, ni rester à ses côtés dans ses derniers instants. Une semaine s’était écoulée depuis que votre paternel et toi eurent été retrouvé, une semaine que tu dormais profondément suite à ta blessure désormais cautérisée. Il restait néanmoins un mystère à élucider, celui de ton embarrassante présence derrière les barreaux. Spontanément, il te vint à l’esprit que tu eus été placé là par précaution, de peur que tu puisses potentiellement propager une éventuelle maladie suite à ton contact avec ces viles créatures. Victoriane confirma plus ou moins cette hypothèse, suggérée en premier lieu par toi-même. Tu coopéras un certain temps, et l’on fit même aménager ta cellule à ta demande. Cependant, tu pouvais ressentir que quelque chose d’autre se tramait dans l’ombre, ici-même, dans la forteresse Tourbière, et tu n’allais pas tarder à le découvrir. « La créature revêtait une cape ornée du blason Tourbière, confirmant les rumeurs de défunts revenant à la vie sous une toute nouvelle enveloppe corporelle. » ✦✦✦✦ Acte IV – Doux fratricide Les jours se transformèrent en semaines, et les semaines en mois. Le septième jour qui devait signifier la fin de ta quarantaine se leva, mais personne ne vint te libérer. Quant à Victoriane qui descendit tout au début dans les cachots pour transmettre tes ordres, cessa finalement de te rendre visite. Puis, soudainement et occasionnellement, des hommes dont tu n’avais jamais vu le visage dans l’enceinte de ses murs, se mirent à te balançer des quignons de pains rassis à travers les barres de fer. Tu ordonnas vainement, et enfin supplia qu’on te fasse sortir d’ici, mais tes paroles restèrent sans réponse. Tu finis par comprendre la gravité de la situation lorsque parvint à tes oreilles, l’appellation « baronne ». Alors que les forces quittaient peu à peu ton corps, tu refusais de mourir ainsi. Trahi par ton sang, par ta propre chair, ta colère te maintenait en vie. Tu avais entendu tant d’histoires de félonie, particulièrement dans ce milieu mondain dans lequel tu grandis. Pourtant, tu n’avais rien vu venir, ou peut-être que tu n’avais voulu le voir. Dès sa plus tendre enfance, la fille du seigneur rayonnait déjà d’ambitions les plus folles. Certes, le châtelain éprouvait de l’amour pour son deuxième enfant, mais eut seulement pour projet de la marier à un puissant noble pour renforcer les alliances politiques de la maison Tourbière. Lorsque Thomas tourna le dos à son héritage, Herbert de Tourbière renonça à marier Victoriane, craignant de ce qu’il adviendrait de sa lignée s’il ne restait plus aucun héritier pour reprendre les rênes du domaine. Enfin, il ne restait plus que toi, dont l’existence-même se mettait en travers du chemin de ta sœur. Toi, qui fut arrivé dernier dans cette famille et dont la légitimité à l’héritage demeurait supérieure à celle du second enfant du seigneur selon des règles établies par une société patriarcale et injuste. Tout prenait sens à présent, et il fallait se rendre à l’évidence, car ce n’était le fruit du hasard si les choses avaient fini ainsi. Désirs négligés, amour propre blessé, le seul malheur de Victoriane eut été de naître demoiselle. Déterminé à t’enfuir, tu tentas par tous les moyens d’ouvrir la porte de ta cellule. Crocheter la serrure semblait au-delà de tes capacités, creuser dans la roche prendrait une éternité, bien plus de temps que tu n’en avais. Finalement, ce fut pendant un moment de répit, assis sur ton banc de fortune, prêtant une oreille attentive du fin fond de ta cage, que tu parvins à percevoir quelques échos de voix, faibles mais non lointaines de ta position. T’approchant des barreaux de fer, tu interpellas les individus, qui n’étaient d’autres que des hommes de mains, descendu sous terre jouer à des jeux d’argent, à l’écart de leur employeur. L’Usurpatrice avait décidé de s’entourer d’hors-la-loi, d’individus égoïstes, rien de comparable aux fidèles hommes ayant autrefois protégés ces murs. Tu réussis à retenir leur attention, une idée fleurissante à l’esprit. Pour commencer, tu les informas de divers objets de valeurs se trouvant au sein de la forteresse, en échange d’informations, de vivres et de vêtements chauds pour l’hiver. Au fil des marchés conclus avec les brigands, tu pris connaissance de la situation au sein des murailles. Tu eus vent de récits de sorcelleries racontés autour de Victoriane, de sa fascination pour la Fange et de ses morbides expériences qu’elle eut mené sur l'une de ces créatures au prix de bon nombre de ses hommes. Enfin, quand tu parvins à gagner un semblant de confiance auprès des scélérats assoiffés de richesse en tout genre, tu évoquas la présence d’un trésor dissimulé au fin fond des lieux, un amas d’objets précieux, assez conséquent pour venir au besoin de toute une vie. Tu promis aux individus de les mener à cet ultime trésor, en échange de ta liberté. Les persuader ne fut point facile, mais les informations portant préjudice à Victoriane que tu réussis à collecter par le passé vinrent appuyer ton argumentation. « Victoriane eut succombé à la folie, s’enfermant dans sa chambre pendant des semaines, plongée dans ses grimoires et ses expérimentations. Elle dirigeait la forteresse d’une main de fer, faisant exécuter ses hommes au moindre soupçon de félonie. » ✦✦✦✦ Acte V – Profanation et résurrection Alors que la nuit battait son plein, on t’exfiltra de ta cellule en toute discrétion. Vêtu d’un capuchon dissimulant ton visage, d’une besace pleine de provisions et d’une cape en fourrure, tu remontas à la surface et tu contemplas de nouveau le ciel après plus d’un mois de captivité. Les bandits, au nombre de trois, t’encerclaient de près au cas où tu essaierais de les duper. Cela dit, ils n’allaient pas tarder à découvrir la vérité. Même si ce trésor existait, tu doutais fortement que les individus rempliraient leur part du marché, qu’ils te laisseraient partir sain et sauf. C’était pour cette raison que ton plan secondaire, basé sur une simple théorie, devait à tout prix fonctionner si la situation venait à tourner au vinaigre. Pelle à ta main, les trois individus t’ordonnèrent de creuser de toutes tes forces. À chaque fois que la plaque métallique heurtait la terre, autrement dit que tu profanais sépulture de ton défunt père, tu ne pus t’empêcher d’éprouver de la honte. Quand le cercueil de pierre fit surface, les hommes brusques t’écartèrent eux même de leur chemin, avant de le fouiller de fond en comble. Tu t’approchas de la cavité, pour y découvrir le corps de l’ancien châtelain. Toi qui avais vu la mort tant de fois, tu savais à quel point elle pouvait changer l’apparence d’un être cher. Cependant, Herbert de Tourbière n’était plus que l’ombre de lui-même. La pâleur attribuée à ceux qui avaient trépassés, avait laissé place à un teint verdâtre et bleuté. Plus impressionnant encore, les ongles du seigneur s’étaient allongés, comme s’ils avaient continué à pousser après sa mort. La tombe recelait bel et bien un trésor digne d’un seigneur, de divers objets tels que des bijoux, de la vaisselle, et surtout des armes décorées. Malheureusement, la fortune était insuffisante pour être divisée en trois, et s’ensuivit une dispute entre les vautours qui remplissaient leurs poches. Alors que tu commenças à t’éloigner de la scène, profitant de cette distraction, un objet sphérique vint rouler à tes pieds. Il ne s’agissait d’autre que la tête ensanglantée de l’un des trois brigands, encore en vie quelques secondes auparavant. Tu réalisas mieux que quiconque ce qui venait de se produire à ce moment-là et le danger qui allait advenir, mais tu ne pouvais espérer d’une meilleure diversion. Sans te retourner, tu accourus vers les escaliers de pierre menant aux remparts de la forteresse. Comme prévu, la herse demeurait abaissée de nuit comme de jour, et le seul moyen de quitter les lieux était donc de descendre du haut des murailles à l’aide d’une corde ou d’une échelle. Gravissant les marches, un garde vint s’interposer, alarmé par le cri strident du défunt seigneur revenu d’entre les morts après avoir été perturbé dans son sommeil. L’épée pointée en ta direction, ce fut par instinct de survie que tu chargeas l’individu, ta besace en guise de bouclier. L’homme déstabilisé trébucha et finit par chuter dans l’enceinte de la forteresse. Du haut de la muraille, tu sortis une corde de fortune de ton sac, fabriquée à l’aide de vêtements et de draps, puis tu l’attachas solidement au créneau avant de te jetter à l’extérieur du mur. Ton matériel céda en pleine descente, mais ta chute ne s’avéra pas mortelle, la couche de boue et de neige l’ayant amortie. Tu te relevas et tu te mis aussitôt en route, jetant un dernier regard vers le géant de pierre qui t’avais vu grandir. Les effroyables cris et la fumée provenant de l’enceinte de la forteresse suggéra que la forteresse avait été mise à feu et à sang. Tu avais désormais l’assurance que personne ne viendrait te traquer dans l’immédiat, mais l’idée traverser les marécages de l’Oubliance de nuit te glaçait le sang, d’autant plus depuis l’apparition des infâmes créatures. Malgré tout, tu continuas à te frayer un chemin à travers la fange, dans la totale obscurité. Tu marchais à tâtons, sursautant au moindre bruit. Lods, ta destination, se trouvait à 15 kilomètres de la forteresse Tourbière, soit à une demi-journée de marche approximativement, peut-être plus dans ton état actuel. Tu connaissais le chemin par cœur, et tu aurais pu le faire les yeux bandés par le passé. La mort pouvait venir de nulle part, à tout instant, te contraignant à grimper à un arbre et à attendre les premières lueurs du jour. Ce fut sans doute l’expérience la plus effrayante que tu aies jamais vécu. Tu essayais de chasser ces pensées négatives, de les remplacer par d’autres. Il y avait tant de questions restées sans réponses, et elles revenaient sans cesse en boucle dans ton esprit. Éveillé, tu t’interdisais de mourir avant de connaître la vérité, encore et encore, et ce jusqu’au petit matin. « Par miracle, Aloys survécu à cette nuit de terreur. Il fuit sans se retourner, se remémorant les longs mois passés derrière les barreaux, et le visage de son paternel transformé par le Fléau. » ✦✦✦✦ Acte VI – En la Trinité, nous croyons Les derniers rayons de soleil vinrent illuminer les environs quand tu réussis à apercevoir Lods au loin, enseveli sous une fine couche de neige. Tes jambes, devenues lourdes, tremblaient sous la fatigue et tes yeux parvenaient difficilement à rester ouverts. Néanmoins, tu ne rêvais pas en cet instant-même, tu avais bel et bien atteint ta destination. Aux portes du village où l’on avait désormais érigé d’impressionnantes palissades de bois, des hommes armés t’interrogèrent sur tes intentions et vérifièrent ton bras droit. Tu révélas ton identité à ces individus, et par leur réaction, tu déduisis qu’ils n’étaient point natifs à Lods et à ses environs. Autorisé à pénétrer dans le village, tu aperçus un homme vêtu d'une bure et au visage familier. Il s’agissait du père Erembourc, un prêtre des lieux t’ayant vu grandir et qui possédait des liens étroits avec la famille Tourbière. Il se tenait au milieu de la place, à côté d'une pile de cadavres, donnant des instructions aux villageois de brûler les cadavres. D’après ta récente expérience, il n’y avait pas de meilleure décision que de se débarrasser des défunts en purifiant les corps par les flammes. Quand l’homme âgé d’une dizaine d’année de plus que toi se rendit compte de ta présence, un sourire se dessina sur son visage. Tu reçus une accolade, puis tu fus prié de le suivre jusqu’au temple. L’homme de foi te fit asseoir devant un feu de bois et t’offrit même une collation. Tu lui racontas ce qu’il t’était arrivé, notamment les derniers instants du châtelain et la trahison de ta sœur ainée. À son tour, Erembourc t’informa de l’état actuel du Royaume de Langre, du moins ce qu’il avait entendu jusqu’à ce jour. La situation était bien pire que tu ne le pensais, le Roi avait passé l’arme à gauche quelques mois plus tôt, en tentant d’exterminer définitivement les créatures. Quant à Thomas, la dernière fois que le prêtre l’eut aperçu, fut lorsque le chevalier eut traversé le village pour rejoindre les armées du Roi au nom des Tourbière. Marbrume tenait encore debout, rongée toutefois par la famine et le froid de l’hiver. Une milice avait été créé par le duc en personne, d’où la présence de forces armées au sein du village. Celle-ci protégeait Lods des bêtes de la Fange mais aussi des bannis, des hors-la-loi exilés du duché et marqués au fer sur leur bras droit. La capitale constituait ta prochaine destination, l’espoir de prendre tes fonctions de baron et de servir le duc malgré la perte de tes terres. Cette dernière constituait un échec cuisant, mettant en péril ta crédibilité auprès de ton souverain. Peut-être étais-tu un peu trop sévère avec toi-même, cela dit, tu allais devoir redoubler d’effort pour prouver ta valeur. Néanmoins, il te restait encore de la famille en vie à Mabrume, une pensée réconfortante qui te permettait de garder espoir. Erembourc, dans son éternel bonté, te proposa de rester la nuit au Temple, une proposition que tu acceptas, n’ayant nulle part où loger. Cependant, l’éprouvant périple que tu venais d’accomplir te plongea dans le sommeil avant même que la lune ne s’éleva dans le ciel. Couverture de laine sur tes épaules, tu rouvris les yeux à l’appel de ton prénom. Ce fut le prêtre qui te réveilla, l’air affolé et à la fois grave, il venait t’annoncer de dangereuses nouvelles. Des individus armés étaient arrivés très tôt dans la matinée, demandant aux villageois s’ils avaient aperçu un personnage correspondant à ta description. Selon le sage, les hommes à ta recherche ressemblaient à des chasseurs de prime. Pouvait-il s’agir des sbires de Victoriane ? Une chose était certaine, ces individus ne faisaient pas partie de la milice. Heureusement pour toi, ton ami avait réussi à négocier un voyage pour Marbrume à bord d’une caravane marchande, avec l’intention de t’exfiltrer. Il te fit sortir du temple par la porte arrière, puis tu le remercias avant de lui faire tes adieux. Erembourc t’avait grandement aidé, et tu te promis de lui venir en aide à ton tour quand le jour viendrait. Tu courras de toutes tes forces après le véhicule qui venait juste de quitter le village, puis tu t’installas à l’intérieur de celui-ci. « Le Lodsénien Erembourc, comme ses ancêtres avant lui, avaient servi la famille Tourbière depuis toujours. Le prêtre, seulement âgé d’une dizaine d’année de plus qu’Aloys, se fut chargé de l’éducation de ce dernier pendant son enfance. » ✦✦✦✦ Acte VII – L’Éternel fugitif Dans la diligence, tu te retrouvas assis face à un couple et leur enfant. Amis du même prêtre et originaire de Lods, ils étaient en route pour la capitale dans l’espoir de vendre leur bois. Ils avaient perdu leurs ouvriers au tout début de l’épidémie, les contraignants à faire le voyage eux-mêmes, escortés par deux miliciens. Selon leurs dires, l’hiver et l’apparition de ces créatures avaient fait des ravages dans la capitale. Les corps s’entassaient dans les rues et les plus démunies n’avaient rien à se mettre sous la dent. Heureusement pour les marchands, le bois faisait partie des biens de premières nécessités pour les nobles qui pouvaient encore se le permettre. Malgré les secousses, tu parvins à trouver le sommeil, capuche et tête abaissée. Le véhicule fit une halte aux environs de midi, pendant laquelle tu en profitas pour te dégourdir les jambes. Quand tu regagnas la diligence, les propriétaires venaient tout juste de finir de nourrir les bêtes. Tu t’apprêtais à monter à bord de la voiture à chevaux, lorsque tu notas la présence d’un individu ne faisant pas partie du voyage. À l’avant du convoi, l’inconnu à cheval échangeait avec le milicien. De ta position, leurs voix t’étaient inaudibles, mais le ton de la nouvelle figure te semblait bien trop interrogatif. Si les créatures infâmes parcouraient à présent ces terres, les bandits ne demeuraient pas moins une menace pour l’homme. En revanche, il pouvait tout aussi bien s’agir d’un voyageur égaré. Finalement, le milicien envoya balader l’inconnu, puis ce dernier reprit son trot. Vos chemins se croisèrent, ainsi que vos regards, pendant un bref instant. Yeux écarquillés, traits crispés du cavalier à ta vue, tu le vis dégainer son épée. Ton instinct te poussa à bondir du banc sur lequel tu étais assis et de sauter en dehors de la diligence, directement sur la menace. L’homme tomba de son cheval, et vous roulâtes dans la boue sur plusieurs mètres. Tes yeux se plongèrent de nouveau dans ceux de ton assaillant, et tu vis le regard d’un homme prêt à tuer coûte que coûte. Prenant le dessus sur toi, il saisit une dague de sa ceinture avec l’intention de t’achever au sol. Tu tentas de le repousser avec difficulté, ton autre main cherchant l’épée de ton adversaire tombée quelques minutes plus tôt. Le sang gicla sur ton visage, lorsqu’une flèche transperça soudainement la jugulaire de l’homme, qui auparavant à cheval sur toi, s’écrasa sur le côté pour mourir. L’un des deux miliciens était intervenu, et arrachait à présent le projectile à plume bleue de la chair de ton défunt adversaire. Tu l’en remercias et tu lui demandas son prénom afin de pouvoir un jour lui rendre la faveur. Urielle de Sarrant, après Erembourc, fut ajoutée à la liste de personnes à qui tu devais la vie. Tu te remis de tes émotions, puis tu fouillas le cadavre en recherche d’indices. Il n’y avait rien de révélateur à ce moment-là, rien ne pouvant te permettre de retrouver l’employeur de l’assassin entraîné à la monte. Ta sauveuse s’appropria l’épée et les quelques pièces du défunt, tandis qu’elle te laissa garder la dague. Elle suggéra qu’il valait mieux que tu partes de ton côté, risquant actuellement de mettre au péril la vie d’autrui. Tu fis tes adieux au groupe et tu grimpas sur le cheval, galopant sans plus tarder en direction de la cité. « Urielle, une milicienne à l’air rusé, sauva la vie au jeune héritier ce jour-là, sans se douter qu’elle recroiserait plus tard son chemin. » ✦✦✦✦ Acte VIII – Cité et bouffonnerie Marbrume se dressait devant toi, toujours aussi impressionnante que dans tes souvenirs d’enfance. Tu ne te souvenais plus de la dernière où tu avais mis les pieds ici. Ton père, Herbert de Tourbière, n’eut jamais porté la ville dans son cœur. De son vivant, il s’y sentait étranger, avec la forte croyance que sa place résidait au sein des marécages de l’Oubliance. Les rares fois où il se rendit à la capitale, ce fut par invitation du Duc de Sylvrur. Après tout, il avait gagné ses prouesses sur le champ de bataille, et non au milieu d’une cour. Les mots, les flatteries, il les avait laissés à son frère, ton oncle, Philippe de Tourbière. Ce dernier avait depuis toujours représenté la famille dans la cité, en plus de défendre ses intérêts auprès du Duc, tel un véritable ambassadeur. Tu l’eus peu fréquenté dans ta jeunesse, mais en ces heures sombres, tu n’avais personne d’autre vers qui te tourner. Tu traversais prudemment le quartier de Bourg-Levant, après avoir vendu ton cheval pour quelques pièces d’or à la première écurie. Les marchands de Lods avaient dit vrai, la capitale était bel et bien comme ils l’avaient décrite, dans un misérable état. Passant devant une ruelle, ton regard s’arrêta sur un drôle d’individu qui retint ton attention. L’homme en question, vêtu d’un costume de bouffon, avait été pris à partie par deux malfrats qui apparaissaient vouloir le détrousser de sa besace. Tu intervins en faveur de l’agressé, mettant en évidence ta nouvelle dague. L’effet fut dissuasif et la chance de ton côté, puisque les deux voyous s’éloignèrent sans chercher davantage de problèmes. Le personnage fardé de manière blafarde se présenta sous le nom de Lycius. Il était venu chercher des vivres pour son maître et rebroussait actuellement le chemin. Marchant tous deux en direction de l’Esplanade, tu l’accompagnas sur ces quelques mètres. Tu te demandais la raison pour laquelle un domestique revêtait un tel déguisement, et finalement, tu cédas à ta curiosité. Tu n’obtins aucune réponse, seulement les sifflements du vent qui se faisait de plus en plus froid. À ton tour et pour changer de sujet, tu exprimas la raison de ta venue. Lorsque tu mentionnas le besoin de t’entretenir avec un certain Philippe de Tourbière, Lycius admit connaître le haut noble. Vous arrivâtes enfin jusqu’aux portes menant à l’Esplanade, et ce fut à ce moment que ton interlocuteur à la triste mine te pria de patienter avant disparaître. Après quelques minutes à faire les cents pas, une silhouette fit son apparition, n’étant autre que ton oncle. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à ton père, et pendant un instant, tu crus le l’apercevoir. Le vieil homme aux cheveux grisonnant et à la barbe bien taillée te serra dans ses bras, remerciant à haute voix la Trinité pour ta survie. « Aloys vint à la rencontre du bouffon agressé, l’aidant à ramasser ses objets tombés au sol, et parmi ceux-ci, le récit du Scorpion et de la Grenouille. » ✦✦✦✦ Acte IX – Conflit mental Vous fîtes quelques pas ensemble, rejoignant désormais le quartier de La Hanse. La ville n’allait pas tarder à sombrer dans l’obscurité, et les miliciens dont la présence était importante, se mirent à allumer leurs torches. Tu racontas brièvement ton périple à ton oncle, qui en retour ne fit aucun commentaire. Peut-être était-il perdu dans ses pensées ? Le regard fixe, il fit soudainement halte devant une boutique, dont la vitrine mettait en avant des armes de tout genre. Il reprit enfin la parole, t’informant que les relations avec le Duc Sylvrur s’étaient dégradées depuis la venue du Fléau. La mort du seigneur et la disparition de son héritier, avaient laissé place à une baronne inexpérimentée, une forteresse à sa perte. Des rumeurs de sorcellerie et de banditisme circulaient dans la cour, de soi-disant actes prenant place sur vos terres familiales. Tout comme ton oncle, tu connaissais la véracité de ces propos et heureusement, Philippe de Tourbière travaillait sans relâche pour les faire taire. Il eut lancé une contre-rumeur, affirmant que la sorcière en question n’était qu’une usurpatrice au titre de baronne et à l’identité de Victoriane. Hélas, tu aurais aimé que cela soit vrai, mais il te fallait maintenant vivre dans le mensonge, supporter une fausse histoire, rien que pour sauver ton honneur et conserver ta place dans la haute société. Il eut également été rappelé au Duc la ferveur avec laquelle ton défunt père Herbert de Tourbière, eut combattu la présence de hors-la-loi sur ses terres, et que jamais il n’aurait toléré une telle menace au sein même de son foyer. L’opinion demeura toutefois divisée, certains ennemis préférant garder la première version de l’histoire pour ainsi faire du tort à votre famille. Philippe de Tourbière était cependant un homme plein de ressource, avec plus d’un tour dans son sac. Grand marchand d’armes à la tête de plusieurs magasins en ville, tel que celui devant lequel vous vous teniez depuis quelques minutes, il avait réussi à bâtir sa fortune en signant plusieurs contrats favorables avec le Duc et le Roi. En ces temps d’incertitudes, l’oncle avait su maintenir sa place parmi les hommes de confiance des de Sylvrur. Un sourire au coin des lèvres, alors qu’il te conta la nuit où il se tint du haut des murailles, aux côtés de la famille ducale, observant les de Sarosse se faire massacrer, et par la même occasion redémontrant sa loyauté auprès de son souverain, quelque chose retint ton attention. Bien que choquante mais à la fois nécessaire, ce ne fut pas l’histoire de l’Affaire de Sarosse racontée par ton oncle qui vint te troubler l’esprit, mais la présence d’un élément dans ton champs visuel. Une dague, soigneusement mise en valeur derrière la vitre de la boutique, te semblait bien plus que familière. Aucun doute, il s’agissait bel et bien du même modèle en ta possession, et auparavant en possession d’un individu ayant essayé de mettre fin à tes jours. Tu voulus jeter un coup d’œil à ta ceinture, afin de comparer les deux armes, mais les yeux de Philippe ne cessaient de te dévisager. Finalement, ton oncle proposa de t’héberger, une proposition dont ton seul silence donna son consentement. Aucun son ne sortit de ta bouche, bien plus que perturbé par cette étrange découverte, tu continuas à suivre ton oncle, qui te fit enfin pénétrer dans l’Esplanade. Au fin fond des quartiers résidentiels à la propreté irréprochable, se tenait un manoir luxurieux et décoré du blason des Tourbière. Devant, une silhouette dont tu avais fait la connaissance quelques heures plus tôt, s’inclina devant son maître. L’Employeur de Lycius, n’était autre que ton oncle Philippe. « Philippe était le portrait craché du père d’Aloys, mais avait choisi une toute autre voie que celle de son frère, bâtissant sa richesse et sa réputation dans la cité. Également veuf, il eut mis au monde deux enfants, tes cousins Onfroi et Clélie de Tourbière. » ✦✦✦✦ Acte X – Deux trahisons Ce dernier t’embrassa sur le front, puis disparut dans les couloirs sombres de la demeure. Il t’eut confié entre les bonnes mains de son domestique, qui te guida jusqu’à ta chambre. Tu souhaitais faire davantage connaissance avec l’individu environnant ton âge, mais celui-ci ne se montra point réceptif à tes tentatives de discussion. Il se contenta de mettre à ta disposition de quoi faire ta toilette, ainsi qu’un souper, puis quitta les lieux sans plus attendre. Seul, éclairé par les seules lueurs des bougies de la pièce, tu t’assis sur le lit pour contempler de plus près la dague. Tu refusais de croire à cet éventuel scénario, tu refusais de croire que ton oncle puisse être le commanditaire de ces attaques. Cependant, par son apparence, l’arme ne mentait point, et il s’agissait bel et bien des mêmes gravures sur la lame, du même bois utilisé pour le manche. Une coïncidence ? Peut-être. Tu n’avais davantage de preuves pouvant incriminer Philippe de Tourbière dans cette affaire. Toutes ces questions sans réponses parcouraient ton esprit, alors que nettoyais maintenant ton corps. Thomas, dont la survie t’eut été annoncé par ton oncle, sommeillait dans une pièce voisine bien avant ton arrivée. D’ores-et-déjà, tu eus décidé de ne pas lui faire parvenir tes doutes lorsque le matin viendrait. Si ton hypothèse était fausse, les relations avec Philippe se dégraderaient, et si au contraire elle s’avérait vraie, ton frère, un chevalier déserteur invalide ayant renoncé à ses titres il y a bien fort longtemps, ne représentait aucune menace pour le maître des lieux. Propre, il te ne te restait plus qu’à souffler sur la bougie de la table de chevet et ainsi tomber dans les bras de Rikni. Ce fut en rejoignant ton lit que tu faillis perdre l’équilibre à cause d’un morceau de papier s’étant discrètement glissé sous ta porte. Une plume signée « O » venait te livrer un avertissement, te priant de quitter immédiatement les lieux. De simples mots furent employés, mais ils suffirent à t’informer du danger imminent. Tu jetas un œil dans le couloir, mais tes yeux ne rencontrèrent personne. Épris d’un mauvais présentiment, tu rassemblas tes affaires et tu t’exfiltras de la propriété en passant par la fenêtre de la pièce. Les jours défilèrent et la bourse qui te permit jusque-là de louer une chambre à l’auberge et de te nourrir, vint à s’amenuir, pour finalement disparaître. Toi, héritier d’Herbert de Tourbière, baron légitime, trahi à double reprise et privé de tes droits, fus contrains à vivre à la rue, à même le sol. Tu n’avais su trouver un plan d’action, une main à saisir. Livré à toi-même, tu luttais contre le froid et la faim quotidiennement, mendiant à des endroits différents. Tu vis la pauvreté de tes propres yeux, le mépris dans le regard des gens. Toi qui avais combattu le crime, tu vécus l’injustice, l’impuissance dans un environnement où la loi du plus fort fut la règle première. « Thomas avait déserté les armées du Roi lors de la mobilisation contre le Fléau, déshonorant le blason de la famille Tourbière. Aloys, dans sa misère, aperçu plusieurs fois son frère en ville. Il se résignait à l’approcher, ne voulant point mettre sa vie en danger. » ✦✦✦✦
Dernière édition par Aloys de Tourbière le Jeu 8 Juil 2021 - 19:37, édité 33 fois |
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| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 19 Juin 2021 - 17:41 | | | ◈ Suite ◈ Acte XI – Misère et mort Ce calvaire dura deux semaines, deux semaines qui semblaient durer une éternité. Quelques jours plus tôt, certains misérables que tu appris à connaître disparurent soudainement dans la nuit, sans laisser de traces. Au début, tu pensas que ces élèvements eurent un lien avec ton oncle, que ta fragile couverture n’allait pas tarder à s’effondrer. Il y avait également cet homme à la chevelure grisonnante, que tu aperçus plusieurs fois rôder autour de sans-abris. Tu ne savais point ce qu’il leur voulait, mais il parvint à convaincre certains de le suivre. Les malheureux ne revinrent jamais, et tu préféras ainsi te tenir loin de l’inconnu quand celui-ci traînait dans les parages. Le jour qui déboucha sur la fin de ton errance pleine de souffrances vint, et cela à l’occasion d’un drame qui toucha tout type de population, pauvre comme riche. Alors que tu faisais la manche dans le quartier de la Hanse, tu surpris de nouveau la silhouette grisâtre promener dans les environs. Par habitude, tu t’en éloignas et tu rejoignis la Grande Rue des Hytres, un geste qui sans le savoir sur le moment-même, te sauva la vie. La matinée avait été généreuse ce jour-là, et tu eus récolté assez de sous pour t’offrir un repas chaud, une commodité devenue rare. À l’intérieur de l’une de ces nombreuses auberges situées dans la ruelle principale, tu te nourrissais pour la première fois depuis des lustres, alors que d’effroyables cris vinrent percer les murs de la bâtisse. Tu te souvins de ce jour-là, ce terrible instant où le monde se figea autour de toi. Les ivrognes cessèrent de se battre, la mélodie du luth s’effaça et l’alcool cessa de couler. Derrière les fenêtres, la clientèle contemplait à présent la scène se déroulant à l’extérieur de l’établissement. Des gens courraient à droite, à gauche, ne savant où se réfugier. Des créatures à leurs trousses, ils n’avaient aucune chance. Bientôt, terre et sang ne firent plus qu’un, repeignant l’allée de pourpre. Le propriétaire des lieux ainsi que quelques courageux barricadèrent l’endroit avec des tables et des chaises, alors que quelques malheureux frappèrent à la porte, avant de mourir contre celle-ci. Le carnage dura un temps, un temps pendant lequel tu fus incapable d’ignorer les hurlements d’agonie de tes semblables, malgré avoir détourné le regard. Quand la tuerie prit fin, vous sortîtes en silence, pour contempler l’hécatombe se dressant à vos pieds. Veuves, orphelins, tous pleurèrent la perte d’un être cher durant des jours. Et finalement, la vie reprit son cours, car l’homme n’avait pas dit son dernier mot. Les journées suivantes, ton gagne-pain consista à transporter des corps au bûcher. Tu n’étais point choqué par la mort, car celle-ci demeurait omniprésente dans ton existence. Néanmoins, tu n’avais jamais vu d’aussi près une fin aussi violente. Certains étaient méconnaissables, la plupart du temps incomplets. Les visages des défunts suggéraient qu’ils furent partis dans d’extrêmes souffrances. Le Fléau ne faisait aucune discrimination. Il y avait parmi eux des enfants, des adultes, des personnes âgées. Tu pouvais également leur attribuer un statut social, selon l’habillement et les possessions de chacun. Si la mort ne te choquait point, tu ne demeurais pas pour autant insensible à la perte de ces vies innocentes ce jour-là. Tu eus depuis toujours juré de protéger les plus faibles, et tu te retrouvais désormais à les brûler. Alors que le dernier cadavre fut déposé sur la pile, un objet vint se loger au creux de ta main. Tu ne savais comment il avait atterri là, mais l’observant de plus près, tu reconnus sur l’amulette ensanglantée, le blason Tourbière. Avant même que tu ne puisses faire quoi que ce soit, un milicien te l’arracha des mains et te congédia tel un vautour prit la main dans le sac. « Se remémorant aujourd’hui cette époque, Aloys eut sûrement fait ses adieux à Thomas ce jour-là, car il ne revit plus jamais ton frère. » ✦✦✦✦ Acte XII – Un espoir au-delà des murs L’hiver touchait bientôt à sa fin, et lorsque la neige fondante eut terminé de dévoiler les derniers cadavres, une nouvelle page de ton histoire se tourna. Un tract froissé en mains, abandonné quelques minutes plutôt par un noble en colère, tu eus ainsi vent de l’objectif labret. Ce dernier représentait l’unique espoir de redonner sens à ta vie, dans le pire des cas, mourir avec dignité. Peut-être n’allais-tu jamais regagner ta place dans cette société cruelle et injuste, mais tu ne pouvais accepter davantage fuir jusqu’au restant de tes jours. Le labret demeurait pour toi, l’enfant des marécages, un territoire plein de mystères. Arc en main, vêtu d’un piètre gilet de cuir, tu partais alors défendre une terre inconnue. Vous quittâtes Marbrume de bonne heure, pour vous diriger vers l’Ouest. Le long convoi ne comprenait bétail, graines et matériel en tout genre. À l’avant, les nobles menaient la marche, alors tu décidas de rester en retrait, en milieu de file pour éviter toute suspicion. Ton identité demeurait toutefois peu connue parmi les aristocrates, et le Fléau avait sans doute effacé la moindre once de réputation que tu eus acquis les rares fois où tu accompagnas ta famille aux soirées mondaines. Cela dit, tu préférais rester sur tes gardes, ton oncle étant toujours à ta recherche. Le soleil tapait fort dans le ciel quand les premières attaques surgissent. Si les miliciens et les volontaires réussirent à minimiser les pertes et à contenir les créatures dans un premier temps, les meilleurs combattants finirent par tomber et le cortège se désunir. Bientôt, chacun commença à lutter pour sa propre survie et les derniers transports furent stoppées. Le nombre de flèches dans ton carquois s’amenuisèrent jusqu’à disparaître, alors que tu tentais de ton mieux de ne rater aucune cible. Ils étaient bien trop forts, trop nombreux, trop rapides, comme ce jour-là. Toi qui te situais en milieu d’escorte au début du pèlerinage, tu te retrouvas finalement en fin de file. Quand l’écart fini par se creuser entre le véhicule que tu essayais de protéger coûte-que-coûte, et ceux à l’avant, tu finis par comprendre à quel point la situation était devenue hors de contrôle et désespérée. Les nobles meneurs avaient jeté l’éponge, décidant de vous sacrifier pour avancer avec ceux qui pouvaient être encore sauvés. Tes brefs compagnons d’armes succombèrent à leurs blessures, puis soudainement la roue de la charrette lâcha pour s’envoler plus loin. Maudissant les responsables de cette opération, tu abandonnas ton arc pour aller porter secours à une fillette dont la mère se faisait dévorée vivante par l’une de ces abominations. La bestiole, alors perturbée dans son encas, s’apprêta à bondir sur vous deux lorsqu’un cor retentit au sud et par la même occasion retint son attention. Ce fut cette tentative de distraction, provoquée par une équipe située dans les marécages, qui vous donna l’opportunité de fuir hors des sentiers battus. Le soleil s’effaçait progressivement pour laisser place à l’obscurité et ce ne fut qu’en fin de soirée que tu arrivas dans le village d’Usson, l’enfant sur tes épaules. En dépit des innombrables pertes, l’opération se révéla être un succès, car les survivants s’approprièrent déjà les lieux. Tristesse et joie tout deux emplissaient l’air, et on ne pensait guère à ce qui nous attendait le lendemain, heureux d’avoir survécu aujourd’hui. La présence humaine sur le plateau du labret marqua le début d’un tout nouveau chapitre pour les habitants du Morguestanc, et pour toi, le commencement d’une nouvelle vie. « Aloys ne voulait point l’admettre, mais les meneurs eurent prit la bonne décision pendant l’exode, sacrifiant une partie des hommes pour échapper à l’extinction de l’humanité tout entière.» ✦✦✦✦ Acte XIII – Aucun échappatoire Sous les coups de soleil du midi, tu agitais ta fourche de tout côté pour nourrir les bêtes. Cela faisait plus d’un mois que tu apprenais à cultiver le sol aux abords de Najac. La vie n’eut pas été de tout repos pour les nouveaux habitants du labret, et les premiers jours furent particulièrement difficiles. Malgré tout, tu t’accrochais à cette nouvelle et honnête identité avec fermeté et dédication. « Louis », t’appelait-on, un type sans histoire et sans famille, un prénom que tu eus donné à la milice lorsque tu te portas volontaire pour l’exode. De nouveaux visages récurrents entrèrent dans ta vie, dont celui de Janus, un homme dans la force de l’âge. Peu bavard, l’individu auquel la langue manquait, littéralement et pour des raisons inconnues, devint ton seul ami proche. Son habilité exceptionnelle avec les outils agricole, ajouté à sa nature robuste, faisait de lui un agriculteur prometteur. Son handicap, moqué par certains, ignoré par d’autres, était devenu une force pour lui, car doté d’un extrême sang-froid, il exprimait sa passion à travers le travail manuel. Janus était une personne qui savait écouter, et l’opportunité pour toi de te confier. Après tout, l’homme ne pouvait répéter quoi que ce soit, il ne savait par ailleurs ni lire, ni écrire. Tu lui racontas ton histoire, tes craintes, tes projets d’avenir, comme si tu n’avais aucun secret. Tu ne t’attendais à aucune réponse de sa part, mais exotériser te fit grand bien. Cette dernière année, les nuits furent pleines de solitudes, voué à toi-même, tu fuyais un éternel cauchemar. Le passé finit par te rattraper, lors d’un beau matin d’avril, alors que tu t’occupais des animaux à ton habitude. Ces derniers, interrompus dans leur festin par le crissement soudain des portes de la grange, te donnèrent l’alerte. Au début, tu pensas qu’il s’agissait de Janus, mais l’individu n’était point coiffé d’un chapeau aussi distinctif que celui de ton ami. Ses intentions étaient claires, car ce ne fut sans plus tarder que le vieil homme brun et borgne dégainât son épée courte pour venir t’empaler. Fourche en mains, tu fis de ton mieux pour tenir ton adversaire à distance. Tu tentas de le raisonner tant bien que mal, mais le tueur resta silencieux et déterminé dans sa mission. Avec patience, tu réussis à le désarmer lorsque son arme vint se coincer entre les deux points de métal de ton outil. La lame s’enfonça quelques mètres plus loin dans une botte de foin, et malgré tout, l’individu accouru vers toi pour te plaquer au sol. Sans même t’en rendre compte, la pointe de ton instrument traversa la gorge de l’homme, laissant derrière lui une traînée de sang. L’affrontement ne s’arrêta point, car une fois que tu eus retiré la fourche du larynx du blessé s’étouffant dans son propre sang, tu t’assis à cheval sur lui pour le rouer de coup au visage. Tu vis rouge ce jour-là. Non seulement tu te remémorais ton impuissance lorsque tu fus attaqué à mi-chemin entre Lods et Marbrume, mais cette attaque te fit perdre espoir en une humanité assoiffée de sang et de violence. Tu serrais les dents, larmes aux yeux, haïssant la Trinité d’avoir donné naissance à l’homme. Tes mains souillées de pourpre vinrent ensuite fouiller les poches du cadavre, pour y trouver une note : « Le fugitif se trouve en ce moment-même à Najac. Le seigneur Onfroi de Tourbière viendra récompenser le chasseur de prime en personne. ». Celle-ci eut été signé une nouvelle fois par l’initial « O ». « Janus, un homme âgé de la quarantaine et dont l’histoire demeurait inconnue à Aloys, était un ancien chasseur d’un duché voisin. Dans sa jeunesse et en temps de famine hivernale, il perdit son frère cadet aux mains d’un groupe de soldats affamés. Se plaignant et demandant justice au seigneur qu’il servait, il fut accusé de calomnie et sa langue fut coupée. Après sa vengeance et suite à son traumatisme, il développa un appétit pour l’homme. Il fuit à Marbrume où il opéra en tant bourreau, ce qui lui permit en toute discrétion de se repaître de la chair morte. Depuis l’arrivée du Fléau et la crémation des corps, il décida de quitter Marbrume lors de l’exode pour commencer une nouvelle vie ailleurs. » ✦✦✦✦ Acte XIV – Messager mystère Debout, tu fermais à présent les yeux devant le défunt qui venait de compromettre ta nouvelle identité ainsi que ton futur dans le paisible village de Najac. Il te fallait maintenant réfléchir à la suite, et rapidement. Quand tu ouvris de nouveau les yeux, Janus se tenait devant toi. Posant sa maint de géant sur ton épaule, il te fit signe de t’en aller. Tu ne voulais point le mêler à tes histoires, et tu essayas de lui faire comprendre cela, mais il t’ignora. Le remerciant, tu quittas les lieux pour regagner ta chambre, située dans une bâtisse de fortune où les ouvriers du coin étaient logés. Assis sur ton lit, encore troublé par rapport aux récents évènements, tu te creusais les méninges pour trouver une solution à ta situation. Tu observais de nouveau le morceau de papier tacheté de sang. Quelque chose te semblait étrange, il te restait un mystère à résoudre. Au lieu de t’interroger sur l’expéditeur du message, tu réfléchis à son réel destinataire. Tu te rendis compte que, le porteur du message ne pouvait être la personne à laquelle s’adressaient ces mots. En effet, savoir lire et écrire était un privilège appartenant aux aristocrates de ce monde, et ton défunt assaillant ne sembla guère appartenir à cette caste. Bien entendu, il y avait toujours l’incertitude, mais celle-ci demeurait faible. Enfin, tu finis par croire que l’on eut placer cette note intentionnellement sur l’assassin qui viendrait à toi, avec la certitude que tu le vaincrais. Ainsi, tu trouverais la note, et tu serais informé du danger. Si ton hypothèse se révélait être correcte, l’énigmatique « O », confiant en ta capacité à te défendre, était un allié et non un ennemi. Enfin, le signataire ne pouvait être Onfroi, ici désigné comme la menace imminente. La présence de ton cousin dans le labret n’annonçait rien de bon, maintenant que tu demeurais plus ou moins certain que celui-ci était de mèche avec les desseins de son père. Même si ce dernier n’hériterait pas de suite du titre de baron, il profiterait à ses descendants. Plutôt satisfait et confiant en ta nouvelle théorie, tu te mis à rassembler tes affaires. Quitter la ville te vint à l’esprit, cependant tu jugeas qu’un tel acte attirerait la suspicion de ses habitants, et pourrait par la suite devenir source de rumeurs à ton égard. À la place, tu te présentas au sergent chargé de l’expansion de Najac, Louis Auvignac, avec l’intention ferme de rejoindre la milice. Le vieil homme, extrait d’une famille paysanne, appréciait le courage de ceux qui travaillaient la terre et connaissait donc aujourd’hui ton visage. Persuader le milicien ne fut pas chose facile, car celui-ci tenait à ses ouvriers et à ses objectifs de récoltes, mais avec insistance, il finit par céder, sans même te demander de démontrer ta capacité à manier une arme. L’ancien paysan lui-même était presque inutile une épée en main, ce fut en plongeant ses yeux dans les tiens qu’il vit en toi une admirable détermination. Recrue, la vie de milicien te paraissait bien ennuyante. Quand tu n’exécutais pas ta ronde autour des champs pour assurer la protection des ouvriers agricoles, tu te tenais immobile tel un plancton devant l’entrée du village. Les semaines défilèrent, les visages également, car tes frères et sœurs d’armes les plus infortunés tombaient à tour de rôle aux mains de créatures et d’hors-la-loi opportunistes. Cela dit, garder le village était une mission appréciée et convoitée par la plupart des miliciens. Le risque, toujours aussi mortel, était bien plus bien prévisible que pour ceux chargés de convoyage et de reconnaissance. « Aloys se préparait à l’arrivée de son cousin Onfroi. Dans ses souvenirs d’enfance, il était le portrait d’un garçon sadique et mal éduqué. Surprotégé par sa mère dans sa turbulente jeunesse, il cherchait constamment l’approbation de son père. » ✦✦✦✦ Acte XV – Visages du passé Quant à toi, tu finis par échanger ta place de garde pour un poste d’éclaireur. Tu ne répondais plus directement à Louis Auvignac, mais au coutilier Vauquelin, un non-natif du duché qui avait su faire ses preuves à son arrivée dans le Morguestanc. L’homme à la chevelure blonde et aux yeux noisette ne parlait jamais de son passé, mais il aspirait une grande confiance aux soldats sous ses ordres. Au sein de ta nouvelle coutilerie, il y avait les plus chanceux, ou les plus habiles, ceux qui par leur discrétion exceptionnelle, avaient survécu et s’étaient adaptés à la Fange. Sans plus tarder, tu fus présenté au reste de l’équipe. Parmi tes nouveaux compagnons, il y avait ce visage féminin à la fois familier et lointain, au teint porcelaine et au regard plein de ruses. La milicienne te salua par ton prénom, et tu te remémoras immédiatement Urielle, celle qui t’eut sauvé la vie par le passé. Tu fus heureux de la revoir saine et sauve, n’ayant toujours par remboursé ta dette envers elle. Assise sur un tronc d’arbre, elle aiguisait la pointe de ses flèches, complètement absorbée par sa tâche. Il y avait également Gosse, un jeunot originaire du labret, un brin hyperactif et débordant d’enthousiasme. Cela dit, jamais tu n’avais vu quelqu’un manier la fronde avec une telle aisance que la sienne. Malgré le fait que la terre qui le vit naître fut reconquise, il eut pris goût à l’aventure, ne désirant point redevenir fermier, de père en fils. Dernière recrue avant toi, il était heureux d’annoncer qu’on ne l’appellerait dorénavant plus « le bleu ». Une jeune femme au nom d’Aimée lui pinçait ses joues, lui rappelant qu’il était tout de même le plus jeune de la coutilerie. La milicienne, armée d’une lance, n’avait pas de lieu de naissance particulier. Née sur les routes du duché de Morguestanc, elle voyagea dans son enfance avec ses parents, marchands itinérants. Ce fut à Marbrume où elle rencontra son mari, un apothicaire qui périt lors de l’invasion de la Hanse. Depuis, elle s’était jurée de consacrer sa vie à exterminer la vermine que représentaient les Fangeux. Enfin, il y avait Jehan, un homme d’une quarantaine d’années et le membre le plus ancien de la coutilerie. Il vécut la destruction de son village, Estaing, à l’ouest du duché. De nature silencieuse, il était, ce que l’on pouvait considérer, la « mère » du groupe. Personne ne pouvait égaler sa cuisine, et il s’occupait également d’entretenir l’équipement, à ses heures perdues. Alors que tu pensais avoir salué tous tes nouveaux compagnons, une figure amicale se fraya à travers la foule, n’étant autre que Janus, que tu reconnus par son immense stature. Heureux de le voir, tu fus cependant surpris par sa présence, lui qui était destiné à devenir un excellent agriculteur. Tu ne l’avais point revu depuis l’accident, et tu étais maintenant curieux de savoir comment il s’était débarrassé du cadavre de celui qui attenta à ta vie. Tu laissas cette interrogation de côté pour le moment, sans te douter de l’importance de la vérité plus tard. Aucun autre individu aux motivations meurtrières ne parvint jusqu’à toi les mois suivants. D’une part, ta présence ne ville était limitée par ton poste d’éclaireur, et d’autre part, s’attaquer à ta personne, revenait directement à se mettre la couronne et la milice à dos. Ce ne fut qu’en fin juin 1165, que ton cousin, Onfroi de Tourbière vint en personne sur le plateau du labret pour prendre lui-même en main la tâche de t’éliminer. Vos chemins se croisèrent lorsqu’il débarqua à Usson, accompagné de ses hommes. Tu n’eus point à douter de ses intentions, puisque dès lors ton regard rencontra le sien, le noble de petite taille et au visage ingrat, passa son pouce sous sa gorge. Malheureusement pour lui, tu fus bien entouré ce jour-là. « Urielle était le bras droit du coutilier Vauquelin. Orpheline, l’adolescente apprit à survivre dans les bas-fonds, avant d’être recrutée quelques années plus tard par son actuel supérieur qui repéra ses talents. À l’époque, elle seule fut capable de communiquer avec Janus grâce à la maîtrise du langage des signes. » ✦✦✦✦ Acte XVI – Frères d’armes Le mois d’après, d’imprévisibles orages vinrent menacer à la fois le récolte et la sécurité de la zone reconquise. La coutilerie de Vauquelin fut immédiatement envoyée défendre les palissades au nord, autrement dit la route donnant accès au domaine des Ventfroid. Pluie, vent et rugissement de tonnerre caractérisaient les terribles journées de juillet. La menace était bien là, mais plus rare qu’à la Frontière Est, où bon nombre de convois et d’hommes attiraient l’appétit des créatures. Alors qu’il pleuvait à verse, tu pris la relève pour monter la garde, libérant Gosse qui accourut aussitôt vers la tente pour rejoindre ses compagnons autour d’une partie de carte endiablée. Tu scrutais les environs, tentant de faire abstraction des voix amicales. Ces dernières se tuèrent lorsque Vauquelin intervint pour mettre fin aux jeux. Quant à toi, tu fus surpris par l’arrivée d’Urielle, chuchotant quelques mots à ton oreille. Tu bondis et tu faillis presque perdre l’équilibre, mais la milicienne te retint, pouffant de rire. Au cours des derniers mois, vous devîntes proches tous les deux, et il y avait, au-delà du petit jeu taquin auquel vous vous prêtiez, le début d’une attraction mutuelle. Elle t’eut confessé avoir un jeune frère atteint de mutisme, logeant au temple de la cité. Quand les femmes furent acceptées pour la toute première fois au sein de la milice, elle y vit l’opportunité de grimper les échelons pour offrir à sa seule famille une meilleure vie. La pluie cessa de battre, et la seconde d’après, vous échangeâtes votre premier baiser. À son tour, Urielle t’interrogea sur ta véritable identité, ton histoire. Tu ne te sentais capable de mentir et à ton grand désarroi, tu demeuras silencieux face à ses questions, tiraillé entre l’envie de te libérer de ce fardeau et la peur de compromettre ta sécurité ainsi que celle des autres. Les liens qui vous unirent se dégradèrent à partir de ce moment-là, et le lendemain, vous redevîntes de simples partenaires d’armes malgré toi. Un jour, lorsque la coutilerie rebroussait d’un pas lourd le chemin jusqu’à votre campement, un cavalier affolé surgit à l’horizon. Aux dernières nouvelles, la Frontière Est tenait difficilement et le Duc en personne se trouvait actuellement sur le plateau. Le messager trottait autour du labret, réquisitionnant quelques miliciens pour venir en renfort à leur seigneur. Vauquelin transmit l’autorité à son bras-droit Urielle, puis désigna quelques de ses hommes, dont toi, pour l’accompagner vers l’Est. Vous marchâtes quelques heures, la tête haute, bravant les intempéries et prêt à faire face à n’importe quelle épreuve. Alors que vous vous rapprochiez de plus en plus de votre objectif, une odeur cendrée emplit l’air, suivi d’une sombre fumée dans le ciel. Vous ne fûtes pas au bout de vos surprises, car vous découvrîtes plus loin un campement non seulement flamboyant, mais également sanglant. Des hommes à l’armoirie ducale combattaient leurs semblables. Une mutinerie prenait place en ces lieux, en ce moment-même, comme si la situation n’était pas suffisamment tendue. Vauquelin chargea, et tu le suivi sur le champ de bataille. Assurant les arrières de ton coutilier, les flèches pleuvaient sur vos ennemis. Vous traversâtes progressivement la zone et vous parvîntes même à entendre la voix de De Sylvrur, lorsque soudainement une douleur aiguë te traversa l’omoplate droite. Au sol, tu levas la tête pour reconnaître l’armoirie Tourbière. Onfroi s’apprêta à te charger de nouveau, lorsque Vauquelin surgit de nouveau et réussit à renverser le cavalier de sa monture à l’aide d’un javelot. Une lutte acharnée s’ensuivit entre les deux hommes, mais bien plus protégé par son plastron en plates, l’ennemi finit par prendre le dessus sur ton supérieur, le mettant à terre d’un coup de casque. Entre temps, tu parvins à te relever malgré ta vive blessure. Il fallait te rendre à l’évidence, tu ne faisais pas le poids dans ton état actuel. Scrutant les environs, tu aperçus le cheval de ton cousin et tu te mis à accourir vers celui-ci. Plus léger et sous adrénaline, tu gagnas le destrier en premier, et tu fuis sans jamais te retourner. Bientôt, tu te retrouvas hors du labret, au milieu de nulle part. Avec difficulté, tu t’efforças de rester éveillé, te vidant de ton sang à chaque minute. La blessure ne t’eut pas été fatale, mais elle devait être observé au plus vite par un prêtre. Tu espérais galoper vers l’Est, mais tu n’en avais vraiment aucune idée. Ton cheval, épuisé, ralentit la cadence, avant de s’arrêter complètement. Prenant le pouls du cheval, tu réalisas que la pauvre bête venait de mourir de fatigue. Tu continuas donc à pieds, t’enfonçant dans les dangereux marécages, priant les Trois pour ne croiser aucun monstre. Ton vœu fut presque exaucé, car parvinrent à tes oreilles le bruit d’une créature, mais pas celui d’une mangeuse d’homme. Le hennissement d’un cheval à quelques pas de ta position, te força à grimper dans un arbre. Tu n’avais point ton arc pour te défendre, tu décidas donc de te cacher en attendant de confirmer l’identité de l’inconnu. Avec stupeur, ton regard se posa de nouveau sur Onfroi de Tourbière, doté d’une nouvelle monture. Les traces de sang l’eurent amené jusqu’à toi, de nouveau. Il appelait à la reddition, sur un ton amusé et sadique, se vantant qu’une fois ta mort passée, il hériterait du titre de baron, ainsi de la forteresse familiale, que son père reconquerrait d’ici quelques jours sans même l’ordre du Duc. La forteresse n'était que ruine, Victoriane eut trépassé, laissant seulement toi, comme menace à la légitimité de l'héritage futur de Philippe si ta véritable identité venait un jour à faire surface. Tu saisis le poignard à ta ceinture, celui qui devait à l’origine servir à t’ôter la vie, et tu t’apprêtas à sauter sur ton assaillant à la moindre occasion. Ta lame devait absolument trouver une fente dans le harnois de ce dernier, sinon ce fut pour toi la mort assurée. Il y avait peu de chance pour que tu y arrives, mais tu refusais de mourir sans même te battre. À deux doigts de t’évanouir, tu vis Onfroi descendre de son destrier pour observer de plus près le sol. Il approchait maintenant l’arbre vers lequel tu l’épiais depuis un moment, lorsqu’il s’arrêta subitement. Ne t’avait-il donc pas vu ? Ou prétendait-il ne pas te voir ? Brusquement, Onfroi de Tourbière tomba au sol, raide mort. Une flaque de sang se mélangea à la vase, et tu perçus en bas, un drôle d’individu recouvert de bandages, retirer une dague de jet auparavant enfoncée dans la jugulaire de ton défunt cousin. Quelques secondes après, tes yeux se fermèrent soudainement, et tu plongeas dans un sommeil profond. Quand tu te réveillas, la première chose que tu vis en te redressant, fut une immense statue de Rikni. Pendant un instant, tu crus avoir rendu l'âme dans les marécages, en succombant à tes blessures. Néanmoins ta douleur dorsale laissa supposer que tu demeurais encore bel et bien dans le monde des vivants. « Vauquelin était un homme droit sans ses bottes, un partenaire de confiance. Plus tard, il inspira Aloys à n’avoir aucun préjugé à l’égard des non-natifs du duché, tels que les réfugiés d’Hendoire. » ✦✦✦✦ Acte XVII – Contagieux malheur Une silhouette pénétra dans la pièce, et si ta mémoire ne te trahissait point, il s’agissait la même que tu aperçus dehors, au-dessus d’Onfroi. Il te présenta par ailleurs ses condoléances, et exprima sa réjouissance quant à ta survie pendant cette longue et dure année. Ton regard se plongea dans celui de l’homme. Ses yeux étaient d’un vert scintillant, sa voix rauque, à la fois familière et lointaine. Erembourc en chair et en os, l’ombre de lui-même, se tenait devant toi. L’homme qui t’eut aidé dans le passé, avait payé le prix de ses actes. Peu après ton départ de Lods, les chasseurs de primes s’en prirent au prêtre et à sa famille, à la recherche de la moindre information te concernant. Erembourc avait, tout comme toi, perdu famille et foyer. Son enveloppe corporelle hurlait de douleur, recouverte d’étouffants bandages, lui rappelant sans cesse les douleurs du passé. Depuis, il se fut réfugié au Temple de Mabrume, au plus près de ses ennemis, dans le seul objectif de se venger. Il s’occupait d’orphelins quotidiennement, une tâche utile, car celle-ci lui permettait d’obtenir un flux continu d’informations sur la cité et ses habitants. Ce fut ainsi qu’il se fraya un chemin jusqu’à Onfroi. Il regrettait cependant avoir tué le noble bien trop rapidement, sans lui avoir extrait la moindre information sur son père. Philippe de Tourbière demeurait inatteignable pour le moment, caché derrière les colossaux murs de l’Esplanade. Tapi dans l’ombre, le prêtre se servait de ses enfants pour vandaliser les commerces du haut noble. Alors que le prêtre te raccompagna à la sortie du Temple, tu le remercias pour les nombreuses fois où il t’eut informé du danger. Cela dit, tu crus l’apercevoir lever les sourcils face à cette mention. Tu évoquas les différentes notes, et tu réalisas maintenant qu’il ne pouvait s’agir d’Erembourc, le premier message t’étant parvenu peu de temps après ton départ de Lods. De plus, l’homme n’avait aucune raison de signer la lettre d’un « O. ». Face à cette maladresse dénuée de sens, tu t’excusas auprès de lui avant de faire tes adieux. Rejoignant la rue adjacente, tu te dirigeais vers les quartiers généraux de la milice pour y déposer ton rapport. Tu réfléchissais déjà à une histoire à raconter, mais la tâche s’avéra plus difficile que tu le croyais. D’une part, tu devais omettre de mentionner Onfroi et tes liens avec les Tourbière, de l’autre, justifier comment tu t’eus retrouvé si loin du labret au moment des faits, toi qui avait si longtemps prétendu ne pas savoir monter à cheval. Tu faillis te désister à franchir le pas du QG, lorsque tu te remémoras le passé et les durs moments vécus dans les rues de Marbrume. Sans grande surprise, tu te retrouvas derrière les barreaux, en attendant la confirmation de ton témoignage. Tu espérais la survie de ta coutilerie, car celle-ci représentait ton dernier espoir. Si loin du champ de bataille, tu serais qualifié de déserteur sans l’appui de tes frères d’armes, et bien pire encore, de mutin. Les nouvelles du labret, faisant courir que le Duc en personne exécutait lui-même les traîtres, n’étaient guères rassurantes et tu ne donnais ainsi peu cher de ta peau. Trois nuits s’écoulèrent, avant qu’un visage familier ne se montre à la porte de ta cellule. Vauquelin, avait bel et bien survécu à la mutinerie. Le coutilier au visage bleu franchît l’entrée de ta geôle, pour venir s’asseoir en face de toi. Tu devais des explications à l’homme qui t’eut sauvé la vie, et ainsi tu commenças à lui raconter ton histoire. Au début sceptique quant à ta véritable identité, il finit par faire sens de tous les éléments que te lui transmettais. Lui-même eut été présent lors de la mutinerie, il avait vu l’armoirie Tourbière s’en prendre à ta personne, l’aisance avec laquelle tu eus chevauché le destrier. L’homme semblait troublé, il se leva et s’apprêta à quitter la cellule, ayant trop peu de preuves pour des accusations aussi graves envers le haut noble. Sentant la situation t’échapper, tu interpellas une dernière fois ton supérieur hiérarchique, l’implorant de faire ce qu’il lui semblait juste. Enfin, te remémorant les dernières paroles d’Onfroi, tu évoquas la possibilité d’obtenir une preuve. Vauquelin se retourna vers toi, attentif à ta proposition. « Erembourc était devenu méconnaissable. Consommé par la souffrance et la haine, il n’avait qu’un objectif : se venger de Philippe de Tourbière en l'assassinant. Aloys n’approuvait point la voie empruntée par le prêtre, il avait absolument besoin de son oncle en vie pour lui faire avouer ses crimes et rétablir son honneur. Pour cette raison, le noble héritier ne s’associa pas à l’individu. » ✦✦✦✦ Acte XVIII – Guet-apens Très tôt dans la matinée, la coutilerie de Vauquelin quitta Marbrume, tournant le dos aux colossales murailles. Vauquelin avait réussi, par ses connexions, à obtenir le droit de se rendre vers les terres du sud, prêter main forte au village de Lods. Bien entendu, il ne s’agissait que d’un prétexte pour récolter des preuves incriminantes contre Philippe de Tourbière, un plan dont seul le coutilier et toi en avaient connaissance. Le haut noble n’avait pas encore quitté la cité, et il fallait plus d’une nuit et d’un jour pour atteindre ton domaine familial. Tu espérais arriver avant lui, c’était la seule opportunité pour le prendre sur le fait, lui qui avait décidé, derrière le dos du Duc, de reprendre la forteresse et ainsi se couvrir de gloire. Urielle marchait à tes côtés dans le silence. La milicienne ne t’avait pas adressé la parole depuis votre rupture prématurée. Vous passâtes sur le même lieu où elle t’eut sauvé la vie autrefois, et tu en profitas pour essayer d’ouvrir de nouveau le dialogue entre vous deux. Elle aurait pu vendre le cheval sur lequel tu t’enfuis ce jour-là, disait-elle sur un ton dénué de sentiments. Enfin, elle pressa le pas, et tu te retrouvas à l’arrière, aux côtés de Janus. Il observait votre sœur d’arme, de dos, les yeux tellement froncés qu’il mit un certain temps avant de se rendre compte de ta présence. Tu n’avais pas eu l’opportunité d’échanger avec lui, ou plutôt de monologuer, depuis ton intégration au sein de la coutilerie de Vauquelin. De ce fait, lui demandas la raison pour laquelle il s’engagea dans la milice. Tu ne t’attendais pas à une réponse claire et précise de sa part, mais avec le temps, tu appris à lire sur ses lèvres. Tu eus le regard rivé sur celles-ci, quand tout à coup elles s’immobilisèrent. Tes yeux remontèrent pour croiser ceux de ton ami, et tu le vis regarder droit devant lui. Urielle marchait toujours devant vous, mais avait à présent réduit la distance. Essayait-elle de prêter oreille à votre discussion ? Tu l’eus presque aperçu tourner la tête. Janus serrait désormais les poings, comme s’il semblait frustré. Vous marchâtes alors dans le plus grand des mutismes pendant le reste du trajet. Après une journée de marche intensive, vous fîtes halte à Balazuc pour y passer la nuit. Au sud, deux routes s’offraient à vous, l’une menait vers le domaine des Sombrebois, une famille influente dans le duché, l’autre vers Lods, ton village natal. Vous n’empruntâtes aucun de ces chemins, Vauquelin annonça la veille que, par discrétion, il valait mieux s’aventurer hors sentier. Ce fut un peu à l’ouest du village, que vous descendîtes au sud, pour arriver à mi-chemin entre le domaine Tourbière et Lods. La boule au ventre, l’envie te prenait de revisiter ces deux lieux qui hantaient ta mémoire depuis le jour où t’enfuis, mais une mission bien plus importante devait être menée à bien, ton seul espoir de revoir un jour ton chez-toi. Vous marchâtes une dizaine de minutes, pendant lesquelles Gosse demanda sans cesse si vous fûtes arrivés à destination. Le pauvre garçon originaire du labret, n’avait guère l’habitude de se mouvoir des les marécages. Enfin, Vauquelin s’arrêta, ordonnant à ses hommes de se disperser et de monter la garde. Tu te retournais pour voir le jeune retardataire au loin te faire signe de la main, souriant à pleines dents. À peine eut-il le temps de baisser le bras, qu’un carreau d’arbalète vint se loger en travers de sa gorge. La seconde d’après, il s’effondra mort, la tête la première contre la boue. La panique se propagea dans les rangs de la coutilerie. Agités, les miliciens regardaient tout autour d’eux, mais il n’y avait personne en vue. Amée accourut vers Gosse, bien qu’il ne fût déjà trop tard pour le sauver. Tu tentas de retenir la milicienne par l’épaule, mais hors de portée, le bout de tes doigts agrippa l’air, et une pluie de projectiles s’abattit sur ta sœur d’arme, la clouant au sol. Le meurtrier venait de révéler sa position pendant un court instant, car tu levas les yeux et tu repéras, en hauteur, dans les arbres, une silhouette encapuchonnée. Tu alertas tes compagnons à vive voix, avant de décocher une flèche qui fit chuter mortellement l’assaillant de son perchoir. Vauquelin venait également de tomber, touché à plusieurs reprises. Tes yeux cherchaient à présent Urielle, son bras-droit, mais la sœur d’armes demeurait introuvable au beau milieu de ce massacre. Tu pris donc l’initiative d’ordonner aux hommes de battre en retraite. Le coutilier dont le pouls battait encore, respirait faiblement. Tu demandas l’aide de Janus, qui doté d’une nature robuste, souleva ce dernier pour le porter sur ses épaules. Les miliciens tombaient comme des mouches, et tu te retrouvais à présent aux côtés de Jehan, couvrant tant bien que mal les arrières de votre supérieur et de son transporteur. Alors que tu vins à bout d’un autre ennemi, d’une flèche au cœur, Jehan fléchit le genou, blessé d’un tir à l’estomac. Tu saisis ton vieux compagnon par-dessous les bras, et tu le tiras de toute tes forces en arrière, quitte à t’arracher les mains. Hurlant de douleur, ne pouvant marcher davantage, il supplia qu’on l’abandonne. Vous fûtes à présent sans couverture, un trait d’arbalète effleura ton épaule, et un second fit taire à tout ton frère d’armes. Lâchant le poids mort, tu t’enfuis à toutes jambes. Janus, Vauquelin et toi vous réfugiâtes derrière un rocher. Le géant déposa le coutilier au sol, toujours inconscient. « Pour Aloys, la vue de ses compagnons d’armes, noyés dans leur sang, resta à jamais gravée dans sa mémoire, venant le hanter de nuit comme de jour. » ✦✦✦✦ Acte XIX – Funérailles Maintenant que vous vous fûtes éloignés de la position initiale de vos agresseurs, ils ne leurs restaient plus qu’à descendre de leurs arbres pour finir le travail. Avec un blessé, il n’y avait aucun moyen pour que vous pussiez regagner Lods à temps. Tu jetas un coup d’œil hors de votre cachette, des hommes, au nombre de cinq, s’étaient dispersés pour fouiller la zone. Vous vous séparâtes, dans le but d’éliminer vos ennemis un par un, en toute discrétion. Dans ton parfait élément, tu parvins à te faufiler derrière l’un des assassins, tordant le cou de ce dernier. Tu ramassas son arbalète, encore chargée, et d’un tir précis, tu vins à bout de son allié. Plus loin tu aperçus Janus, deux cadavres à ses pieds. Vous regagnâtes le rocher derrière lequel Vauquelin eut été dissimulé, et à votre grande surprise, vous découvrîtes le cinquième homme gisant au sol, aux côtés du coutilier salement amoché, mais éveillé malgré tout. Tu confias l’homme qui t’eut sauvé la vie à ton ami, et tu restas en arrière pour investiguer la scène du guet-apens. Avec douleur et tristesse, tu contemplais les visages de tes compagnons tombés au combat. Tu fermais les yeux de chacun d’entre eux, la plupart de ceux-là étaient partis avec une indescriptible expression de souffrance au visage. Vous n’eûtes aucune chance, l’ennemi vous avait devancé, connaissait vos plans, à en juger par l’absence de Philippe et leur position en hauteur. Au total, six de vos hommes périrent dans l’attaque, et il ne restait plus que toi, Janus et Vauquelin, si ce dernier venait à guérir de ses blessures. Or, ta coutilerie était composé de dix soldats, et tu ne parvins à trouver le corps du dixième, n’étant d’autre qu’Urielle. Poussant un soupir de soulagement, tu examinas les corps des défunts assaillants. À ta grande déception, rien ne les reliait au haut noble et tu rebroussas donc le chemin vers Lods. Le village, encore debout, n’avait point changé depuis ton départ. Tu te rendis au Temple, là où Erembourc t’accueilli autrefois lors de ta grande escapade. D’atroces hurlements de douleur résonnaient dans la bâtisse. Vauquelin était allongé sur un lit de fortune, un jeune prêtre à ses côtés, cautérisant ses plaies par le feu. Il parvint à se redresser, mais l’homme de foi lui pria de rester couché. Le coutilier, d’une voix faible, demanda à ce que l’on rapatrie les corps de ses compagnons. Ayant désormais fini de panser les plaies du milicien, le soigneur se leva et partit chercher des volontaires. Ce qu’il resta de la coutilerie se terra dans le silence absolu. Ton regard se perdait sur le sceau ensanglanté, lequel contenait les projectiles retirés du corps de Vauquelin. L’un d’eux attira ton attention, et le saisissant du bout de tes doigts, tu découvris une simple flèche à plume violette. Comment un tel objet avait-il pu se retrouver là ? Si ta mémoire ne te faisait faux bond, ceux qui vous eurent attaqué ne portèrent que des arbalètes. La pluie commençait à s’abattre dehors, et tu priais pour que les villageois reviennent sains et sauf, avec les dépouilles de vos amis. Toujours l’objet en main, tu fis quelques pas à l’extérieur, histoire de te changer les idées, même si tu savais par avance, que tu reverrais les visages des défunts dans tes rêves. Cette pile de cadavre sur laquelle tu te tenais, et qui ne faisait que s’accroître au fil du temps, te tirait du sommeil depuis quelques années. Le visage trempé, tu observais la maison qui t’avait vu naître, là où tout eut commencé. Tu te revoyais pendant un instant sortir de la bâtisse, accompagné par ton père. À travers la fenêtre, tu aperçus une famille assise autour d’une table, en train de souper. Tu rebroussais le chemin vers le Temple, serrant la flèche au creux de ta main. Au seuil de la porte, tu regardais les plumes de celle-ci dégouliner, perdre leurs couleurs. À la lumière d’une bougie, tu réalisas que le duvet de la tige n’était pas orignellement violet, mais d’un bleu teinté de sang. Tu avais déjà vu un projectile de ce genre, loin dans tes souvenirs. Sans plus tarder, tu exposas l’objet à Vauquelin qui, n’émettant aucun doute, murmura le prénom de la portée disparue. Tu te souvins maintenant que par le passé, Urielle décocha une flèche à la plume de martin-pêcheur pour venir à bout de ton assaillant. Troublés, à l’exception de Janus au visage toujours aussi impassible, vous ne fîtes rien de cet élément. Après la crémation et l’enterrement de vos compagnons, une traque fut lancée, dans l’espoir de retrouver votre sœur d’armes, demeurant toujours introuvable au petit matin. Vous quittâtes alors Lods dans l’atmosphère la plus morne. Vauquelin, décidé à trouver des réponses et à rendre justice à ses compagnons, vous fit passer le reste de l’année à rechercher la milicienne. « Lods n’avait point changé depuis ton départ, le petit village qui persistant dans le temps insufflait en Aloys une profonde nostalgie. Plus tard, il s’engagera à le défendre, comme tes aïeux avant lui. » ✦✦✦✦ Acte XX – Ange gardien Malgré tout, la coutilerie, de nouveau renforcée par l’arrivée de nouvelles recrues, finit par être rappelée de force à Mabrume pour traquer les complices à la mutinerie et des sectaires en tout genre pouvant siéger au sein de la cité. Ce ne fut qu’en novembre, deux mois après la fin du couvre-feu mis en place par le Duc, que ta vie prit un nouveau tournant. En patrouillant dans le quartier de la Hanse, en fin de soirée de printemps, tu aperçus nul autre que Lycius, le serviteur de ton oncle. Reconnaissable à mille lieues par son accoutrement ridicule, il était entouré d’enfants ne le lâchant point d’une semelle. Se faisant entraîner dans une ruelle, tu suivis discrètement le fou. À ton arrivé, l’inattendue se produisit. Le drôle de personnage baignait dans son sang, devant lui, un garçon haut comme trois pommes, une dague en main. Ce dernier lâcha son arme à ta vue, avant de prendre ses jambes à son cou. Le bouffon eut été poignardé à l’estomac, et commençait à perdre du sang en abondance. Tu défis donc ton gambison pour venir déchirer ta tunique de lin, dans l’unique but de bander sa plaie. Toujours en vie, mais respirant faiblement, tu te mis à porter le blessé sur ton dos. Tu accourais en direction du Temple de Marbrume pour y trouver des guérisseurs, lorsque le bouffon te révéla être l’auteur des messages envoyés dans le passé. Cette confession te semblait cohérente, maintenant que tu y pensais. La fois où tu rencontras l’individu, celui-ci fût en possession d’un livre, suggérant qu’il savait lire et écrire. À l’époque, ces pages ne furent finalement pas destinées à son maître, mais bien à son serviteur. Les motivations de Lycius t’étaient inconnus, malgré cela il t’avait sauvé la vie à plusieurs reprises et il était maintenant logique de lui rendre la pareille. Quand ton regard croisa celui d’orphelins traînant devant le Temple, tu compris qu’il valut mieux faire demi-tour immédiatement. Erembourc était responsable de cette attaque, et tu pouvais en mettre ta main couper. Par ta faute, il eut réussi à trouver la seule personne savante, dans l’entourage proche de Philippe de Tourbière. Le serviteur, dont la prise autour de tes épaules faiblissait petit à petit, te confia que ses agresseurs parvinrent à lui soustraire une information importante avant de prendre la fuite, un itinéraire sous-terrain menant directement au domaine des Tourbière. À la fameuse porte des Anges, celle séparant les quartiers populaires du quartier noble, tu confias Lycius à tes frères miliciens. L’Obscurité recouvrait désormais la totalité de la cité, et tu rejoignis à pas pressés les barraques où tu logeais temporairement avec ta coutilerie. Erembourc n’allait pas tarder à frapper, et avec certitude, il passerait à l’offensive cette nuit. La survie du bouffon risquait de compromettre son plan, et ce fut pourquoi il avait désormais l’obligation d’agir au plus vite. Philippe de Tourbière ne devait mourir avant d’avoir confessé ses méfaits, ainsi tu t’exfiltras discrètement de tes quartiers pendant la nuit pour traverser Bourg-Levant. Tu remontas vers le nord, pour ensuite t’enfoncer dans des ruelles débouchant au quartier de Le Labourg, un endroit aussi peu recommandable que Le Goulot. « Lycius avait sauvé la vie d’Aloys tant de fois, pour des raisons inconnues. Ses qualités laissaient à penser qu’il était en réalité bien plus qu’un noble serviteur de la maison Tourbière. » ✦✦✦✦ Acte XXI – Indéfectible félonie Tout au nord, entre un logis laissé à l’abandon et la muraille de l’Esplanade, tu ôtas un regard de chaussée rouillé sans trop de difficulté, puis tu plongeas dans les entrailles de la cité. Si Lycius disait vrai, et selon toute logique, la prochaine sortie au Nord te mènerait tout droit vers les habitations nobles. Tu marchais dans l’obscurité la plus totale, munis d’une simple torche. Comme à l’époque, tu frémissais au moindre bruit. Tu te sentais épié, suivi, du moins, ce fut ce que ton intuition te soufflait à l’oreille à ce moment-là. Un fangeux, ou bien un scélérat, se terrait actuellement dans l’ombre. Tu agitais ton flambeau dans tous les sens, l’épée en main. Soudainement, une lame surgit de la pénombre pour presque atteindre ton visage. Le sang ruissela sur ta joue, une simple égratignure. Ton ennemi se dévoila sous la lueur de ta flamme. Urielle, ta sœur d’arme, tenta de te porter un second coup que tu esquivas de justesse, sous le choc de cette révélation. Le fracas des épées résonna dans le tunnel, au même titre que les mots. Malgré tout, tu parvins à prendre le dessus pendant un bref instant, désarmant ton adversaire d’un mouvement de lame, tranchant à la fois index, auriculaire et majeur. Tu supplias la milicienne d’abandonner ses intentions, mais t’aveuglant d’un crachat de salive et de sang dans les yeux, elle parvint à retourner ton arme contre toi-même. Ton regard rencontra de nouveau celui de la roublarde. Elle leva l’épée, et à ce moment, tu crus déceler de l’hésitation chez celle qui t’eut autrefois sauvé la vie. Surgissant de l’ombre et dans l’improbabilité la plus totale, un carreau d’arbalète vint transpercer le thorax d’Urielle. Une colossale silhouette s’approcha de la zone de lumière et de celle qui venait de tomber raide morte. La flamme de ta torche qui oscillait faiblement maintenant, et qui menaçait de s’éteindre à tout moment, éclairait le visage de Janus, dissimulé sous son chapeau distinctif. Il n’était point l’heure de faire le deuil, ainsi il te fit signe d’avancer. Tu le remercias, et tu t’éloignas du cadavre encore chaud de ton ancienne amie. Ce ne fut qu’au bout d’une dizaine de minutes de marche que tu parvins à trouver l’issue te permettant de remontrer à la surface. Laissant ta torche de côté, tu te mis à grimper l’échelle pour rejoindre l’Esplanade. À ton grand désarroi, tu fus accueilli par une dizaine d’hommes qui te rouèrent de coups. Enfin, on t’entraîna de force au manoir des Tourbière où tu fus accueilli pour la seconde fois par ton oncle en personne, assit devant de feu de bois. Le vieil homme dont le fils eut disparu quelques mois auparavant n’était guère heureux de te revoir. Les poches sous ses yeux étaient plus lourdes que par le passé, ses cernes plus foncés et ses joues plus creusées. D’un revers de la main et dans le silence, il t’envoya croupir dans une cage au sous-sol. « Urielle surprit Janus, le jour où celui-ci porta assistance à Aloys en dissimulant le cadavre de l’assassin par sa consommation. Elle extorqua des informations sur la véritable identité du noble héritier, menaçant l’homme de révéler à la milice ses tendances cannibales. Elle choisit de s’allier à Philippe de Tourbière, trahissant ses compagnons d’armes pour de l’or. » ✦✦✦✦ Acte XXII – Vengeance et Résilience Le vieil homme n’ordonna pas ton exécution dans l’immédiat, une abstention bien étrange pour un individu qui eut attenté tant de fois à ta vie au cours des derniers mois. Assis dans ta minuscule cage de fer, ton regardait se perdait sur les divers instruments de tortures présents dans la salle, alors qu’un crissement de porte retentit. Levant la tête, tu aperçus une silhouette féminine descendre les marches de pierre. Tu mis quelques temps avant de reconnaître ce visage du passé qui avait tant changé depuis, et si la personne ne t’eut pas rappelé son identité, tu ne l’aurais jamais devinée. Il s’agissait de Clélie de Tourbière, la sœur cadette d’Onfroi, une cousine bien plus jeune que toi. Munie d’un trousseau de clefs, elle tentait de trouver celle qui ouvrirait la serrure de ta cage. Tu demandas la raison pour laquelle elle te vint en aide, mais tu ne reçus aucune réponse de sa part, la jeune femme étant trop concentrée à essayer de déverrouiller la porte. Alors qu’elle tentait une ultime clef, un second crissement se fit entendre. Cette fois-ci, Philippe de Tourbière, accompagné de deux de ses hommes, pénétra dans la pièce. La première chose qu’il fit fut de donner une gifle à son enfant, avant d’ordonner à ses gardes qu’on la raccompagne dans sa chambre. Sans plus tarder, le vieillard vint saisir une pince de fer posée sur la table adjacente à ta cage, et il se mit à te poser la question que tu redoutais le plus. Il n’avait aucune idée du sort d’Onfroi, ou peut-être bien qu’il ne voulût se rendre à l’évidence. Face à cette interrogation, tu demeuras muet, attirant davantage les foudres du noble. Ce dernier fit appel à ses gardes, afin que l’on puisse te sortir de cette cage et sans aucun doute te torturer. Les secondes s’écoulèrent et personne ne se présenta à ses ordres donnés. En rogne, Philippe de Tourbière gravit les marches, et ce ne fut qu’une fois en haut, que tu le vis débouler l’escalier de pierre. Erembourc, couvert de ses distinctes bandelettes, descendait lentement les marches, savourant à chaque instant sa vengeance. Il se pencha sur le vieil homme pour prendre son pouls. Un rictus au coin des lèvres, il ramassa le trousseau de clef au sol et te libéra de ta cage. Philippe de Tourbière, inconscient, respirait encore, et le privilège de lui porter le coup final te revenait, selon le prêtre te présentant une lame. Tu haïssais ton oncle de toute ton âme, et tu levas ainsi l’arme sur lui. Respirant bruyamment, les mains tremblantes, tu ne parvenais à assener ce coup final. L’homme de foi ne manqua point de te rappeler ce qu’il t’eut fait subir, malgré tout, ta haine ne parvint à prendre le dessus sur ta raison. En effet, tu ne pouvais te permettre de mettre fin aux jours de Philippe de Tourbière ainsi, sans même lui avoir fait confesser ses crimes et ses pêchés. Sans ceux-là, tu ne pensais jamais pouvoir retrouver un jour ton titre et ton honneur. Tu lâchas ton épée et tu t’interposas entre le noble à terre et l’infirme voulant sa mort, tentant de raisonner ce dernier tant bien que mal. Alors que le ton haussait entre vous deux, la porte en bois vola soudainement en éclat. Un sergent, accompagné de ses subordonnés, se tenaient du haut des escaliers. Quand tu tournas la tête en direction d’Erembourc, celui-ci s’était volatilisé. Sur la scène, il ne restait plus que toi et le corps inanimé de ton oncle. Le milicien t’ordonna de te rendre, et tu te mis à genoux sans résister. Ligoté, on te conduisit à une nouvelle cellule où tu croupis pendant plusieurs semaines avant d’attendre ton jugement. Finalement, un jour d’automne, on te traîna hors de ta froide geôle, jusqu’à la place publique de l’Esplanade, où un bourreau à la lame aiguisée t’attendait. Alors que la foule se rassemblait petit à petit autour de l’évènement, on fit à voix haute le récapitulatif de tes crimes, en autres ton intrusion dans une demeure privée, l’assassinat de domestiques et l’attentat à la vie d’un haut noble. Ton cœur battait à cent à l’heure, tu transpirais de tout ton corps, indigné par cette fin injuste qui t’attendait. Tu vis également ta vie défiler devant toi, des souvenirs heureux en famille, comme des moments passés avec des visages amicaux en cette époque si misérable. L’ombre de l’épée de ton exécuteur planait au-dessus de toi, les injures à ton égard cessèrent. Ce fut comme si le temps s’était arrêté un instant. Dans ce silence le plus total, et dans cette atmosphère oppressante, tu crias à pleins poumons ta réelle identité. Quelques voix interrogatives s’élevèrent dans la foule, et tu ouvris de nouveau les yeux. Ta tête demeurait toujours sur tes épaules, l’ombre au sol avait battu en retraite. On te saisit brutalement par le bras, et on te renvoya derrière les barreaux. « Clélie ne côtoya que très rarement les héritiers d’Herbert dans leur jeunesse. Enfant à la santé fragile, elle ne fit que rarement le voyage jusqu’à la forteresse Tourbière. Paisible et réservée, à l’opposé de son frère Onfroi, elle eut passé ses journées, plongée dans les livres. »
Dernière édition par Aloys de Tourbière le Jeu 8 Juil 2021 - 18:53, édité 17 fois |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 19 Juin 2021 - 17:42 | | | ◈ Suite ◈ Acte XXIII – Jugement Quelques jours plus tard, tu te retrouvas en face de la cour du Duc. À tes côtés, Philippe de Tourbière se tenait debout, rétabli de ses blessures. En revanche, quelque chose en lui semblait différent. Son regard, autrefois plein de malices, avait laissé place à celui d’un homme perdu. Il observait ses environs, comme si ce fut la première fois qu’il mit les pieds ici. Quand il prit parole, en guise de défense, il nia les faits d’une manière si crédible, que toi-même tu l’eus presque cru, si tu n’en avais pas été la victime. Des applaudissements se firent même entendre dans la salle. Plusieurs témoins se mirent à parler, chacun à leur tour, louant la personne de Philippe, à travers de faits tout aussi exceptionnels les uns que les autres. Tes yeux se posaient cette fois sur Clélie de Tourbière, dont le moment était venu de s’exprimer. Ta mâchoire en tomba presque quand ta jeune cousine, le visage baissé, prétendit ne pas te connaître. Confus par cette situation, tu te perdais peu à peu dans tes pensées, quand la voix du Conseil s’éleva de nouveau dans la salle, pour cette fois te demander ta version des faits. De nouveau, tu racontas ton histoire, cette fois devant un bien plus grand nombre de personnes. Un vent de scepticisme balaya la pièce, et quand on te demanda de présenter des preuves, tu demeuras muet. La veille, l’on te fit passer plusieurs tests relatifs à l’éducation que tu reçus dans ton enfance. Tu savais lire, écrire, monter à cheval, mais cela suffisait-il vraiment à prouver que tu n’étais point un usurpateur ? Certainement pas. Le Duc de Slyvrur contemplait silencieusement ton visage du haut de son trône, un visage si lointain dans ses souvenirs tant il eut changé pour devenir mature. Après tout, tu n’étais qu’un enfant quand tu fus introduit à la famille ducale par ton propre père. Vauquelin, ton seul témoin dans la salle, un frère d’armes ayant prêté serment au Duc, ne semblait guère impressionné par la foule de noble défendant ton ennemi. Stoïque et sûr de lui, il se leva de sa chaise quand vint son tour de s’exprimer, puis il déclara d’une voix solennelle avoir été attaqué par l’armoirie Tourbière en juillet dernier. Pour preuve, il présenta un morceau de tissu, directement arraché de la cape de ton assaillant, ainsi la dague que tu lui transmis par le passé. Enfin, il fit part d’un cas de corruption au sein de sa coutilerie, rappelant la trahison d’Urielle, qui renonça à son devoir pour servir un homme plaçant ses desseins personnels avant la survie de l’humanité. Ce témoignage relança les ardeurs dans la pièce, cependant, Clélie, à présent contre toi, intervint pour tuer les éventuels soupçons. Elle indiqua qu’il n’y avait aucune preuve que ce morceau de cape appartenait à Onfroi de Tourbière, ce dernier étant porté disparu et le blason n’y figurant pas. Quant à la dague, il n’y avait aucun moyen d’établir sa provenance, les boutiques de Philippe ayant définitivement fermées leurs portes depuis quelques mois maintenant. Elle souligna également l’échec du milicien à capturer l’un de ces soi-disant assassins. Alors que le Conseil débattait à voix basse sur ton défavorable sort, les portes de la Cour grincèrent, laissant place un homme que tu connaissais depuis bien longtemps, Erembourc. L’infirme traîna sa carcasse brûlée, avec l’appui d’une canne en bois, jusqu’aux décisionnaires. Soudainement, il se mit à défaire ses bandelettes, pour montrer au public les blessures dont seul le haut noble était responsable. Il raconta maintenant son histoire au public, aux visages pleins de dégoût à la vue de la chair carbonisée. Les poursuivants de l’héritier qu’il vit grandir pour devenir aujourd’hui fugitif, l’eurent traîné, sa famille et lui, hors de son temple. On le laissa pour mort dans les marais, l’âme et le corps tout deux brisés, après avoir vu les vies ses êtres chers, leurs être arrachées sous ses propres yeux. Depuis, seul sa foi en la Trinité le maintenait en vie, affirma-t-il, et l’espoir de voir un jour la justice être rendue. Clélie bondit de sa chaise, accusant le prêtre d’être un charlatan et un assassin à haute voix. Elle prétendit avoir aperçu ce même homme la nuit où Philippe de Tourbière fut attaqué, et qu’il était l’individu responsable du massacre des hommes de mains de son père. Le Conseil, étonné par cette révélation si soudaine, refusa de croire qu’un tel invalide réussit à commettre un tel acte. Le public demeurait tout aussi dubitatif face à cette accusation. Un air de satisfaction sur le visage, elle agrippa son voisin pour le forcer à se lever. Tu reconnus Lycius, l’air effacé, comme à son habitude. Elle lui demanda, ou plutôt ordonna, de raconter à la foule ce que le prête lui fit subir. Ce fut la première fois que tu vis le bouffon lever le menton, lui qui contemplait sans cesse le sol. Allait-il lui aussi témoigner contre toi ? À ta grande surprise, il prit la défense d’Erembourc, affirmant que le prêtre n’avait aucun lien avec l’orphelin qui le poignarda. De plus, de toute sa vie, il n’avait jamais croisé le chemin de cet individu. Le domestique se fraya ensuite un passage au milieu de la scène. Regardant le conseil droit dans les yeux, il révéla sa véritable identité. De son vrai nom, Othon de Prisépine, était à l’origine le fils d’une famille de petite noblesse à Marbrume. Voué à devenir chevalier, il servit Philippe de Tourbière en tant qu’écuyer pendant un temps, quand il eut le malheur de tomber éperdument amoureux de Clélie. Le haut noble fit de sa vie un calvaire, asservissant le jeune homme et usant de son influence pour étouffer l’histoire. Lycius abandonna tout espoir de justice, jusqu’au jour où son chemin croisa le tiens. Il raconta ensuite dans les détails, comment son maître essaya de t’éliminer, toi, le jeune héritier du châtelain Tourbière. Ce témoignage fit tourner la situation en ta faveur, et les visages des présents dans la pièce affichèrent du dégoût pour les Tourbière. De colère et se sentant trahie, Clélie tenta d’atteindre le bouffon, mais fut arrêtée par les gardes ducaux. Avec des témoignages bien plus que suffisant pour incriminer Philippe de Tourbière, le Conseil demanda à ce dernier s’il reconnut les faits. Le vieillard demeura bouche-bée face à cette question, perdu, son regard se plongeait dans celui de sa fille, incapable de le défendre. Le Conseil se leva, et la sentence tomba. Le Duc venait de donner sa décision, soufflant quelques mots dans les oreilles de ses conseillers. Philippe fut condamné à mort par pendaison, et sa fille partagerait le même destin. Le bouffon se mit à genoux, implorant la pitié du Conseil, suppliant de ne pas exécuter celle qu’il eut aimé autrefois, car après tout, elle ne faisait que défendre un père amnésique. Le regard du Duc croisa le tiens, et à ce moment, tu sus que la décision t’appartint. Tu approuvas cette demande, d’un signe de la tête. Le sang avait tant coulé au sein de cette famille, et il fut temps d’y mettre fin. « À l’issue du jugement, Clélie fut épargnée malgré avoir recouru aux mensonges pour protéger son père amnésique. Déchue de son titre, elle fut enrôlée de force dans la milice. Quant à Philippe de Tourbière, le vieil homme marqué au fer fut envoyé à Lods pour y être exécuté et enterré selon les souhaits d’Aloys. Des rumeurs prétendent que l’ancien noble est toujours en vie, le convoi n’étant jamais arrivé à destination pour des raisons inconnues. » ✦✦✦✦ Acte XXIV – Conclusion (1er mai 1166) Te voilà quelques mois plus tard, assis dans les tribunes, admirant les joutes aux côtés de ton nouveau Roi. Toi, Aloys, baron d’une forteresse perdue, tu entends le cri de détresse des habitants de Marbrume comme en janvier 1165. Cette fois-ci, tu te lèves et tu prends les armes pour affronter ton destin, car tu ne sais que trop bien que ce monde, aussi cruel soit-il, mérite d’être défendu.◈ Derrière l'écran ◈ Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Je le certifie. Comment avez-vous trouvé le forum ? Topsites. Vos premières impressions ? R.A.S. Des questions ou des suggestions ? Éventuellement. Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Oui. Liens utiles ? Fiche de Victoriane de Tourbière (/!\ Victoriane ne portait pas le titre de châtelaine, mais celui de baronne) | Fiche de Thomas de Tourbière
Dernière édition par Aloys de Tourbière le Sam 10 Juil 2021 - 12:44, édité 5 fois |
| | | Théophile CastaingMilicien
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Mer 30 Juin 2021 - 18:59 | | | Bienvenue Aloys :)
Puisses-tu trouver un peu de paix parmi nous.
Au plaisir de te croiser InRP |
| | | Gudrun MercierPrêtresse
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Mer 30 Juin 2021 - 21:00 | | | Bienvenue Aloys !
Je viens de finir la lecture de ton histoire, impressionnée par le temps que ça a dû te prendre ! |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Mer 30 Juin 2021 - 21:10 | | | - Théophile Castaing a écrit:
- Bienvenue Aloys :)
Puisses-tu trouver un peu de paix parmi nous.
Au plaisir de te croiser InRP La paix n'est qu'une illusion. Le plaisir est partagé ! - Gudrun Mercier a écrit:
- Bienvenue Aloys !
Je viens de finir la lecture de ton histoire, impressionnée par le temps que ça a dû te prendre ! Super, je t'en remercie ! J'espère que cela t'a plu. En effet, le temps d'imaginer et de formuler le tout, assez long (et épuisant). |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Dim 4 Juil 2021 - 23:02 | | | Bonjour bonjour et rebienvenue ! Je vais m’occuper de faire un premier tour sur ta fiche :) voyons un peu tout ça. Rien à dire pour la personnalité et le physique. Pour le reste,j'ai pu passer à côté de quelques trucs étant donné la longueur de la fiche donc n'hésite pas à me le signaler. Je vais te demander si tu veux bien de faire des copier-collés de tes modifs au fur et à mesure. - Citation :
- Tu eus vent de récits de sorcelleries racontés autour de Victoriane, de sa fascination pour la Fange et de ses morbides expériences qu’elle eut mené sur ces créatures.
=> Attention, la sorcellerie et les expérimentations sur la fange sont interdites et hautement répréhensibles. Si une telle rumeur se propage, Victoriane, voire même la famille Tourbière au complet pourrait bien se retrouver exécutée. - Citation :
- ce fut par instinct de survie que tu chargeas l’individu, ton sac à dos en guise de bouclier
=> Il n’y a pas de sac à dos au moyen age, ce sont des besaces généralement. - Citation :
- Par miracle, Aloys survécu à cette nuit de terreur.
=> Attention, on ne peut pas survivre à la fange la nuit si l’on voyage dans les marais. Il faut se cacher dans un arbre, dans une grotte, etc. La fange est partout et il est impossible d’arpenter 15 km la nuit sans ne croiser aucune créature. Ce serait un peu comme se promener dehors sans croiser le moindre oiseau sur des kilomètres pour te donner une idée. C’est impossible. - Citation :
- De son vivant, il s’y sentait étranger, avec la forte croyance que sa place résidait au sein des marécages de l’Obliance
=> attention, je pinaille, mais ce sont les marécages de l’Oubliance ^^ - Citation :
- À son tour, Erembourc t’informa de l’état actuel du Royaume des Langres
=> Royaume de Langre (oui je pinaille aussi) - Citation :
- Tu espérais la survie de ta coutilerie, car celle-ci représentait ton dernier espoir. Sans l’appui de tes frères d’armes, tu serais qualifié de déserteur, et bien pire encore, de mutin
=> S’il est retrouvé grièvement blessé, il ne devrait pas être qualifié de déserteur. Il est normal pour un soldat de frôler la mort. - Citation :
- Or, toute coutilerie était composé de dix soldats, et tu ne parvins à trouver le corps du dixième, n’étant d’autre qu’Urielle.
⇒ En soit une coutillerie est composée approximativement d’une dizaine d’hommes, mais il n’y en a pas forcément 10. Il peut y avoir des morts, des restructurations, des recrues, etc. c’est donc entre 6 et 10 hommes en moyenne. - Citation :
- À la place, tu te présentas au sergent chargé de l’expansion de Najac, Louis Auvignac, avec l’intention ferme de rejoindre la milice.
Attention à ce petit détail. Il se trouve que si Aloys s'enrôle dans la milice, il doit abandonner titre et héritage et que du coup, sa sœur peut hériter en toute quiétude. A ce propos, pourquoi l'oncle cherche à tout prix à l'assassiner sachant que c'est Victoriane qui a hérité si j'ai bien compris ? Il serait bien de clarifier tout ça et de justifier pourquoi l'oncle cherche toujours à assassiner son neveu après cela. (Et pourquoi pas simplement la sœur qui semble donc déjà avoir hérité d'ailleurs ?) Tu me diras que Aloys s'enrôle de façon anonyme. Je te répondrai que de toute façon il est porté disparu depuis bien longtemps - si j'ai bien compris - et que l'oncle devrait plutôt chercher à éliminer la sœur pour avoir le titre et les possessions.
du coup peut-être que de simplement dévoiler que le neveu s'est enrôlé dans la milice serait plus simple pour pouvoir l'évincer de son titre et d'ensuite reporté ses tentatives d'assassinat envers l'héritière. (Et Aloys aurait probablement des ennuis.) Je te laisse voir comment tu souhaites développer ce point là du coup.
Je terminerai en disant qu'après une petite discussion avec Dame Corbeau, nous pensons que le titre de baron serait plus approprié que celui de châtelain qui est plus délicat étant donné leur rôle dans la hiérarchie de marbrume trouvable ici. (Je te laisse voir ce détail avec elle si tu le souhaites.) PS : Est-ce que tu as tout écrit dans l'ordre chronologique ? Car il y a au moins un passage qui n'est pas dans l'ordre, à moins que tu as fait une erreur dans les dates. Auquel cas je rejetterai un œil pour te dire. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Jeu 8 Juil 2021 - 19:30 | | | Bonjour Rosen, Je te remercie tout d'abord pour cette longue lecture, ainsi que pour la prise en charge de ma fiche. Allons-y pour les corrections ! - Citation :
- Tu eus vent de récits de sorcelleries racontés autour de Victoriane, de sa fascination pour la Fange et de ses morbides expériences qu’elle eut mené sur ces créatures.
=> Attention, la sorcellerie et les expérimentations sur la fange sont interdites et hautement répréhensibles. Si une telle rumeur se propage, Victoriane, voire même la famille Tourbière au complet pourrait bien se retrouver exécutée.En effet, si j'ai inclus cet élément, c'est parce qu'il s'agissait d'un passage validé sur la fiche de Victoriane. Je cite: - Victoriane de Tourbière a écrit:
- Victoriane a la réputation d'être sorcière et nécromancienne. Les heures qu'elle passe enfermée dans les catacombes de sa forteresse penchée sur des grimoires ou prenant des notes sur ses expériences ont fait naître de sombres légendes à son sujet. Certains prétendent qu'elle est capable de créer des Fangeux ou de le contrôler. Ce n'est bien évidemment pas le cas et elle ne possède aucun don magique mais elle n'a pas cru bon de démentir de telles rumeurs, car elles la rendent plus redoutables aux yeux de ses ennemis et adversaires politiques.
Pour rajouter du réalisme à cela et rendre le tout moins exagéré, (même si cet aspect n'a pas été reproché), j'ai modifié le passage sur ma fiche par: - Modification a écrit:
- Tu eus vent de récits de sorcelleries racontés autour de Victoriane, de sa fascination pour la Fange et de ses morbides expériences qu’elle eut mené sur l'une de ces créatures au prix de bon nombre de ses hommes.
Sinon, la solution, se trouve plus tard dans l'histoire par: - Solution a écrit:
- Des rumeurs de sorcellerie et de banditisme circulaient dans la cour, de soi-disant actes prenant place sur vos terres familiales.
Tout comme ton oncle, tu connaissais la véracité de ces propos et heureusement, Philippe de Tourbière travaillait sans relâche pour les faire taire. Il eut lancé une contre-rumeur, affirmant que la sorcière en question n’était qu’une usurpatrice au titre de baronne et à l’identité de Victoriane. Hélas, tu aurais aimé que cela soit vrai, mais il te fallait maintenant vivre dans le mensonge, supporter une fausse histoire, rien que pour sauver ton honneur et conserver ta place dans la haute société. Il eut également été rappelé au Duc la ferveur avec laquelle ton défunt père Herbert de Tourbière, eut combattu la présence de hors-la-loi sur ses terres, et que jamais il n’aurait toléré une telle menace au sein même de son foyer. L’opinion demeura toutefois divisée, certains ennemis préférant garder la première version de l’histoire pour ainsi faire du tort à votre famille. ____________________________________________________________________________________ - Citation :
- ce fut par instinct de survie que tu chargeas l’individu, ton sac à dos en guise de bouclier
=> Il n’y a pas de sac à dos au moyen age, ce sont des besaces généralement. Corrigé, tu peux vérifier par un simple CTRL+F. ____________________________________________________________________________________ - Citation :
- Par miracle, Aloys survécu à cette nuit de terreur.
=> Attention, on ne peut pas survivre à la fange la nuit si l’on voyage dans les marais. Il faut se cacher dans un arbre, dans une grotte, etc. La fange est partout et il est impossible d’arpenter 15 km la nuit sans ne croiser aucune créature. Ce serait un peu comme se promener dehors sans croiser le moindre oiseau sur des kilomètres pour te donner une idée. C’est impossible.Corrigé, j'ai modifié le passage par: - Correction a écrit:
- Tu connaissais le chemin par cœur, et tu aurais pu le faire les yeux bandés par le passé. La mort pouvait venir de nulle part, à tout instant, te contraignant à grimper à un arbre et à attendre les premières lueurs du jour.
____________________________________________________________________________________ - Citation :
- De son vivant, il s’y sentait étranger, avec la forte croyance que sa place résidait au sein des marécages de l’Obliance
=> attention, je pinaille, mais ce sont les marécages de l’Oubliance ^^Corrigé, tu peux vérifier par un simple CTRL+F. ____________________________________________________________________________________ - Citation :
- À son tour, Erembourc t’informa de l’état actuel du Royaume des Langres
=> Royaume de Langre (oui je pinaille aussi)Corrigé, tu peux vérifier par un simple CTRL+F. ____________________________________________________________________________________ - Citation :
- Tu espérais la survie de ta coutilerie, car celle-ci représentait ton dernier espoir. Sans l’appui de tes frères d’armes, tu serais qualifié de déserteur, et bien pire encore, de mutin
=> S’il est retrouvé grièvement blessé, il ne devrait pas être qualifié de déserteur. Il est normal pour un soldat de frôler la mort. Je disais cela dans le sens où, Aloys est loin du champ de bataille, de l'endroit où a eu lieu la mutinerie pour quelqu'un qui n'est pas censé (officiellement) savoir monter à cheval, cela pourrait être mal interpréter. J'ai donc ajouté cette précision: - Correction a écrit:
- Sans grande surprise, tu te retrouvas derrière les barreaux, en attendant la confirmation de ton témoignage. Tu espérais la survie de ta coutilerie, car celle-ci représentait ton dernier espoir. Si loin du champ de bataille, tu serais qualifié de déserteur sans l’appui de tes frères d’armes, et bien pire encore, de mutin.
____________________________________________________________________________________ - Citation :
- Or, toute coutilerie était composé de dix soldats, et tu ne parvins à trouver le corps du dixième, n’étant d’autre qu’Urielle.
⇒ En soit une coutillerie est composée approximativement d’une dizaine d’hommes, mais il n’y en a pas forcément 10. Il peut y avoir des morts, des restructurations, des recrues, etc. c’est donc entre 6 et 10 hommes en moyenne. Corrigé, au lieu d'écrire de manière à faire passer cela pour fait, j'ai modifié par: - Correction a écrit:
- Or, ta coutilerie était composé de dix soldats, et tu ne parvins à trouver le corps du dixième, n’étant d’autre qu’Urielle.
____________________________________________________________________________________ - Citation :
- À la place, tu te présentas au sergent chargé de l’expansion de Najac, Louis Auvignac, avec l’intention ferme de rejoindre la milice.
Attention à ce petit détail. Il se trouve que si Aloys s'enrôle dans la milice, il doit abandonner titre et héritage et que du coup, sa sœur peut hériter en toute quiétude. A ce propos, pourquoi l'oncle cherche à tout prix à l'assassiner sachant que c'est Victoriane qui a hérité si j'ai bien compris ? Il serait bien de clarifier tout ça et de justifier pourquoi l'oncle cherche toujours à assassiner son neveu après cela. (Et pourquoi pas simplement la sœur qui semble donc déjà avoir hérité d'ailleurs ?) Tu me diras que Aloys s'enrôle de façon anonyme. Je te répondrai que de toute façon il est porté disparu depuis bien longtemps - si j'ai bien compris - et que l'oncle devrait plutôt chercher à éliminer la sœur pour avoir le titre et les possessions.
du coup peut-être que de simplement dévoiler que le neveu s'est enrôlé dans la milice serait plus simple pour pouvoir l'évincer de son titre et d'ensuite reporté ses tentatives d'assassinat envers l'héritière. (Et Aloys aurait probablement des ennuis.) Je te laisse voir comment tu souhaites développer ce point là du coup.
J'ai ajouté comme précision que Victoriane est décédée entre temps dans ma fiche. Elle n'est par ailleurs plus une menace pour l'héritage depuis longtemps, vu les contre-rumeurs que Philippe a lancé, en la faisant passer pour une usurpatrice (voir ma citation plus haut). - Correction a écrit:
- Avec stupeur, ton regard se posa de nouveau sur Onfroi de Tourbière, doté d’une nouvelle monture. Les traces de sang l’eurent amené jusqu’à toi, de nouveau. Il appelait à la reddition, sur un ton amusé et sadique, se vantant qu’une fois ta mort passée, il hériterait du titre de baron, ainsi de la forteresse familiale, que son père reconquerrait d’ici quelques jours sans même l’ordre du Duc.
La forteresse n'était que ruine, Victoriane eut trépassé, laissant seulement toi, comme menace à la légitimité de l'héritage futur de Philippe si ta véritable identité venait un jour à faire surface. Pendant l' event de Janvier 1164, il est par ailleurs mentionné que la Forteresse Tourbière est bel et bien tombée. Ce qui laisse Aloys comme seul héritier légitime (depuis toujours d'ailleurs), danger pour l'héritage "légitime" de Philippe s'il venait à révéler sa véritable identité. L'Oncle ne révèle pas qu'Aloys s'est engagé dans la milice, car cela donnerait l'opportunité au bâtard de s'exprimer, de prendre de l'importance. Également, un autre joueur au personnage noble validé a quitté la milice par le passé pour reprendre son titre. ____________________________________________________________________________________ - Rosen a écrit:
- Je terminerai en disant qu'après une petite discussion avec Dame Corbeau, nous pensons que le titre de baron serait plus approprié que celui de châtelain qui est plus délicat étant donné leur rôle dans la hiérarchie de marbrume trouvable ici. (Je te laisse voir ce détail avec elle si tu le souhaites.)
Tout à fait d'accord avec vous, je n'avais pas vu cette annexe, pensant que le titre châtelain désignait tout simplement un noble possesseur d'un château (définition française et non du forum). De ce fait, j'ai remplacé le tout par le titre à hériter par celui de baron (sauf pour Herbert qui était châtelain, ancien baron). - Correction a écrit:
- Dernier enfant, bâtard ou fils hors mariage au comportement exemplaire et désintéressé, il te fut rarement venu à l’esprit de pouvoir un jour hériter du titre de baron, porté autrefois par votre père. Thomas, l’hériter premier, était un jeune homme brave, charismatique et en bonne santé. Malgré ses ardeurs impétueuses et son caractère buté, il avait su se bâtir une réputation auprès des hauts alliés de la Maison Tourbière, et on le voyait déjà marcher dans les pas de l'ex baron Herbert et éventuellement s'élever plus tard au titre de châtelain.
Ce dernier titre, gagné par votre Herbert Tourbière, impliquait que le seigneur était au service direct de la couronne et représentait sa voix dans les affaires relatives à la frontière sud du duché de Morguestanc. L'ancien noble baron eut été élevé à ce rôle spécifique par le passé. Titre non héritable et reçu par mérite, Thomas avait pour vocation de devenir baron, avant de pouvoir faire ses preuves auprès du Roi. Tu ne ressentais qu’admiration pour ton aîné, lequel tu servirais un jour le moment venu. ____________________________________________________________________________________ - Rosen a écrit:
- PS : Est-ce que tu as tout écrit dans l'ordre chronologique ? Car il y a au moins un passage qui n'est pas dans l'ordre, à moins que tu as fait une erreur dans les dates. Auquel cas je rejetterai un œil pour te dire.
Je veux bien le passage exact si c'est le cas, je me suis par ailleurs trompé dans la numérotation des actes/chapitres, mais c'est corrigé. Je reste à ta disposition si besoin ! |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 10 Juil 2021 - 0:43 | | | Bonjour Aloys, - Pour Victoriane ça va comme ça, mais fais juste attention à l’avenir d'éviter que ton perso soit concerné de près ou de loin par ce genre de rumeurs car il pourrait en pâtir. - Pour la désertion, n’importe qui peut ramasser un mourant dans les marais et le trimballer jusqu’à l’autre bout du Morguestanc pour lui prodiguer des soins Ceci dit ça reste sans doute délicat en effet en fonction du cas et tout dépend de la réputation du soldat j’imagine. Passons donc ce détail qui n'est pas bien important de toute façon. - En effet si Victoriane est morte entre temps cela règle le souci de l’héritage. (Au temps pour moi, j’ai dû oublier ou lire un peu trop vite par moment.) Pour l’ordre, javais confondu l’invasion de la hanse en 1165 et celle de mai 1166 au couronnement, je crois que la confusion vient de là ! Ceci dit, à la fin de la fiche si j’ai bien compris tu dis que c’est pendant le repas du nouveau Roi que l’invasion de mai 1166 se passe ? Si tel est le cas non, c’est pendant des joutes (tournois). Je te laisse me confirmer ou non pour ce dernier point ( et le corriger si c'est bien ça) et sinon, c’est bon pour moi |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 10 Juil 2021 - 12:49 | | | Bonjour Rosen, En effet, concernant la fin, il s'agit bien du 1er mai 1166 ! J'ai corrigé le passage pour modifier par les joutes: - Correction a écrit:
- Te voilà quelques mois plus tard, assis dans les tribunes, admirant les joutes aux côtés de ton nouveau Roi. Toi, Aloys, baron d’une forteresse perdue, tu entends le cri de détresse des habitants de Marbrume comme en janvier 1165. Cette fois-ci, tu te lèves et tu prends les armes pour affronter ton destin, car tu ne sais que trop bien que ce monde, aussi cruel soit-il, mérite d’être défendu.
Bon samedi à toi. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 10 Juil 2021 - 14:06 | | | Très bien c'est bon comme ça ! Par contre (mea culpa, je savais que j'avais encore oublié un truc) mais tu as choisi la compétence poison mais il n'y a absolument rien qui ne la justifie dans la fiche. Veux-tu faire un petit rajout quelque part pour le justifier ? Comme un pnj qui lui apprends à en fabriquer et leurs effets par exemple. En attendant tu peux trouver ta carrière ICI et ta couleur arrive :) |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage Sam 10 Juil 2021 - 14:42 | | | Rosen, Merci à toi ! La possession de la compétence poison est justifiée par la description de cette illustration: - Illustration a écrit:
« Les Tourbière ne faisaient qu’un avec les marécages, et Aloys apprit à connaître la faune et la flore sur le bout de ses doigts. Une tradition familiale consistait à extraire le poison de salamandre pour enduire ses flèches de toxine. » À bientôt. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
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| Sujet: Re: Aloys de Tourbière - Fiche de personnage | | | |
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