Nom : Boucher
Prénom : Gautier
Age : 21
Sexe : Mââââle
Situation : Garçon boucher
Rang : niet
Lieu de vie : La Hanse
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : +1 FOR
+1 END
+2 HAB
Compétences et objets choisis : Compétences :
AMBIDEXTRIE - Niveau 1
BAGARRE - Niveau 1
ÉQUARRISSAGE - Niveau 1
INDIFFÉRENCE - Niveau 1
CORIACE - Niveau 1
Objets :
Couteau de boucher
Esse de boucher
Sacoche
◈ Apparence ◈
Un grand échalas aux yeux tristes, humides, indolents étire sa jeune carcasse de noyer adolescent en glissant sous un rai de lumière grise. Le ciel est encore sale ce matin, et il teinte ses joues brunes de crayeuses marbrures. Gautier est trop grand pour son lit, ses genoux lui butent la poitrine quand il s’y assied. Il a poussé très vite, très fort et très tard : à ses seize ans, il avait encore la carrure d’une danseuse, et son père en grommelait quand il chargeait les carcasses de cochons sur ses épaules tremblantes.
Depuis, il lui a pris un front, et bien qu’encore assez étroit de torse, il promet de devenir le bœuf que son père rêvait devenir. Il n’a en revanche pas acquis l’assurance qui convient à sa stature : la poitrine creuse sous la voûte du dos, ses yeux de vache traînent au sol comme des algues mouillées, et la chair femelle de ses lèvres tend à frémir au moindre sursaut.
Il est brun de la tête au pied, de la poignée épaisse de cheveux qui lui chutent sur les sourcils, jusqu’aux dessus des mains et des pieds. Une barbe légère qu’il ne coupe qu’avec maladresse et irrégularité élargit son regard en lui étrécissant le visage. Sous ses ongles, du sang sèche qu’il n’ôte jamais.
◈ Personnalité ◈
Gautier était un enfant mou et taciturne. Une sensibilité trop frémissante lui donnait la larme aisée et la peur prégnante. Il est devenu sombre, lent, le sourire amer et rare. Il a durci son menton quand il a fallu commencer à défendre l'approvisionnement du magasin de son père. Il s'est comme enfoncé dedans de lui, et ses grands yeux de femme se sont creusés, comme ceux de beaucoup, avec la disparition brutale du monde et sa cohorte de drames.
◈ Histoire ◈
L’enfance de Gautier n’est qu’un brouillard rêveur et silencieux. Effacé et inquiet, il se tenait juste sous les genoux du père, ou derrière les fesses de la mère, à la boucherie ou à la maison qui en faisait l’arrière-cour. L’angoisse sourde qui suintait du regard de l’enfant s’était imprégnée d’un demi-silence glacé, sombre et solitaire, qui empesait l’air de la pièce unique qu’ils habitaient. Les seules fois où Gautier entendait parler son père, c’était qu’il avait franchi les murs de l’intimité. La mère ne s’éveillait jamais d’un sourire, prenait l’enfant comme l’on encaisse les charges, veillant à ce qu’il soit nourri, brossé et sage, comme elle veillait à l’immaculé de la nappe où le lisse du sol de terre nue.
Dans sa rue, les gamins n’étaient pas sauvages, fils et filles de commerçants ou d’artisans. Mais, trop prompt aux larmes muettes, Gautier n’avait jamais su se couler dans leur meute. Depuis l’ombre des porches, des avant-toits ou des marquises grossières, il les avait d’abord enviés avec toute son âme qui lui échappait de la bouche pour se nouer à leurs jeux. Avec les ans, l’envie s’aigrit, et il avait fini par sectionner amèrement ce bout de corde qui le serrait trop au cœur, et ne plus les suivre que d’un coin d’œil brumeux.
C’est un jour où il suivait le père pour une livraison, parce que rester dans le silence de cadavre maternel l’étouffait, qu’il avait rencontré celui qui est resté depuis la seule figure en relief et couleur de sa mémoire. Celui qui allait aspirer le monde en un siphon grisâtre jusqu’à le faire disparaître.
Antoine.
Un garçon à peine plus jeune, à peine plus mince, et dont le trait dominant était la brutalité aigue de son air de faucon, avec la même hargne, les mêmes serres, le même feu. Si Antoine n’était pas le genre silencieux, il était pourtant enferré dans une solitude aussi complète que celle de Gautier. Celle de la rage, de la haine bleue qui fait tourner le ciel au noir dans les yeux. Gautier avait juste pu, et sans comprendre, accrocher son regard à ces yeux-là, et n’avait plus lâché. Antoine était vite devenu son monde, le seul visage que Gautier pouvait regarder des heures, sans jamais se gêner, se voiler ou s’éteindre. Le seul rire grinçant et bravache qui ne le blessait jamais. Les seuls silences qui ne soient pas désespérés.
Mais la hargne l’avait tant rendu fou qu’elle le lui vola un jour. Les grands coups que ses mots, jetés comme des sanglots, voulaient lui mettre dans le ventre se sont racornis, affalés, écrasés avant de ne l’atteindre. Un énorme silence lui croissant du cœur les avait avalés. Antoine disparaissait, et avec lui, le monde. Gautier s’éteignit.
Quand la fange arriva, Gautier découvrit qu’il pouvait rester éteint avec la peur au ventre. Il était devenu l’ombre qui teintait son fantôme de mère quand il la surplombait, et qui charriait les caisses du père quand il travaillait. Les caisses qui se vidèrent d’un coup. Pendant la famine, le père avait transformé le magasin en sas de guerre, et les avait barricadés à l’intérieur. Il avait cessé les ventes très tôt, et il lui restait à saler ou à mettre à fumer.
Ils eurent faim en silence.
La tête de Gautier lui faisait de plus en plus mal, ses nuits se saccadaient de cauchemars où les murs s’écrasaient sur ses côtes en avalant tous les sons, ses mains commencèrent de trembler, sans raison, sans fin. Un matin, ouvrant les yeux, il vit les pieds de sa mère qui pendaient à quelques centimètres du sol. Il ne cilla pas, ne tourna pas la tête. Il resta sans bouger jusqu’au réveil du père. Pas un mot ne fut prononcé.
Elle fut jetée à la rue, et la porte refermée sur ses renforts aussi sec.
Etrangement, leurs visages s’étaient allégés. Au lendemain du suicide, ils se surprirent à se regarder en face, et à trouver ça tout naturel. Le père se mit à parler. D’abord, à raconter la mère, la jeunesse, puis à raconter la charcuterie, et puis l’enfant aussi, dont les yeux étaient si grands qu’ils en étaient inquiétants. Dans les rues, dehors, il n’y avait qu’une vie de rat, que des sons de glas et de dents qui s’entrechoquent. Eux, là, commençaient à renaître. Il ne faisait pas froid, à l’arrière du magasin. Ils mangeaient relativement dignement leurs lanières de viande séchée. Ils suçaient les stalagmites que l’unique fenêtre donnant sur une cour condamnée et aveugle cultivait pour eux. Gautier oublia un peu la couleur du ciel et le goût des embruns. Et son père parlait.
Quand l’hiver agonisant fit grincer les glaçons de la chambre, les portes s’étaient rouvertes, les cadavres gelés avaient été charriés. Mais le monde du dehors de la ville avait disparu, englouti par l’ennemi dont tout le monde parlait. Gautier et son père rouvrirent la boutique, mais ils n’avaient plus de stock, et ils restaient plantés devant, l’œil bas, attendant que s’allongent les jours. Gautier hésita à rejoindre les volontaires envoyés reconquérir le Labret. Sans trop en dire, son père l’en découragea. Il partit quand même, après l’annonce de la réussite, rôder aux abords de la ville pour rencontrer les nouveaux éleveurs, ou alpaguer les chasseurs qui revenaient chargés de cochons et de biches. Le père et lui reprirent du service.
La viande n’était encore que trop rare et se vendait à prix d’or. Le père grinçait un peu de ses dents quand se négociait la moindre livre d’abats. Gautier leur faisait, le soir, un brouet épais d’os à moelle et de feuilles fraîches, de raves molles, et même de baies quand il en trouvait sur les bords des chemins. Et puis vint le couronnement. Le père l’y envoya comme s’il y était attendu, et les poings serrés sur le ventre, il s’y traîna très en retard, et resta si loin qu’une grande arche de pierres sombres lui dissimulait la scène. Il fut parmi les premiers à hurler. Ses poumons voulurent bondir entre son palais et sa langue. L’horreur cisailla ses coudes et ses genoux. Une tête humaine fut arrachée par des dents plus aigues que des crocs de sangliers, vomissant du sang jusque par un de ses yeux. Le crâne éclata comme une poire gelée autour et pourrie dedans. De la cervelle bleuâtre s’étala sur l’arête de son nez. Il vomit, tombant contre le mur, dans une débandade de mulots devant une meute de renards. L’horreur à son paroxysme. Le corps étêté s’écroula sur sa nuque et les litres chauds lui inondèrent le col, le dos, le torse. Son trou, sa tanière, son nid. Un hurlement bestial le hissa sur ses pieds pour le jeter au hasard des rues, vers son chez lui. Sa grande carcasse couverte de sang jusque sous la ceinture tituba d’abord, un temps indéterminé, puis se plaqua comme un poisson contre un mur aveugle. Un fangeux déchirait sa victime dans une brume ricanante. Un bras venait de s’arracher du torse, et le hurlement fut tel que Gautier se mit à pleurer, en suffocant. Il repartit quand le monstre s’en alla. Les rues étaient hagardes, parfois pleines d’une masse saignante, geignante, rauque et suppliante. Parfois vides. Parfois juste peuplées d’ombres dont l’œil vide n’entendait plus l’égouttement du sang de leurs ventres arrachés.
Il se souvient avoir tambouriné des deux poings et de la tête, d’avoir hurlé « PAPA ! » d’une voix aigüe de goéland, et puis d’avoir été poussé par le bois, saisi d’une poigne de fauve, et jeté contre un mur intérieur du magasin. Et c’était tout.
Il s’était réveillé nu, la peau frottée, le front soigné. Son père, livide, était assis à la table. Gautier se souvient que son menton tremblait.
Ils se sont enfermés, à nouveau. Le silence du dehors résonnait de quelques cris, ou cavalcades de ferrailleurs. Si son père pointait, aux temps calmes, un regard à l’extérieur, Gautier se trouvait saisi de convulsions désordonnées, qui secouaient sa paillasse comme une charpie. Ils ont appris le celé du Chaudron assez tôt, par les murmures entre les échoppes. Le printemps bourdonnait de frais petits rayons, et le jeune soleil encore amaigri par un hiver pluvieux ne sourdait ses rires qu’avec la parcimonie timide d’une donzelle des champs. Implacable, son père l’envoya très tôt prospecter à l’extérieur. Il le harnacha de cuir, et de couteaux dans des fourreaux neufs, et lui frappa le dos, juste entre les omoplates, de son gros poing osseux, pour lui élargir les épaules. Il le coiffa d’un couvre-chef mou, en peau de chèvre, qui écrasait sa frange pour lui épaissir les sourcils. Il le battit abondamment, l’insultant comme on verse un baquet. « Tiens-toi ! Tu veux revenir entier avec tes cochons ? Tu veux qu’il te les ramène, le commis que tu vas aller trouver dehors ? Tiens-toi par les cornes d’Etiol ! »
Il découvrit, petit à petit, combien les clients de son père avaient changé de statut. Il découvrit très vite, en revanche, combien l’approvisionnement était devenu dangereux. Quand il prit sa première dérouillée, il comprit les coups de son père. Il l’avait bardé de couteau à désosser, et même d’une esse. Gautier s’en servit. Un trou comme son petit doigt dévoila un grumeau de cervelle quand il releva son bras, et que l’homme s’écroula. On essaya de le désarmer, mais sa détente était trop longue. Il se fit démettre une épaule, et boita des semaines. Mais la charrette à bras atteignit la boucherie.
Son œil s’était encore assombri. Sa candeur avait brûlé, noircie comme un brandon éteint par la pluie. Le poids de ses épaules n’était plus fait de torpeur mais d’une lourde amertume, d’une lancinante connaissance. Voilà le monde. Des fats en vitrine, des trous dans des crânes, plus bas au Goulot.
Et des monstres au Chaudron.
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