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 [Quête] L'espoir d'un temps de paix

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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptySam 7 Jan 2023 - 19:07


L'espoir d'un temps de paix
Rosen feat les volontaires




01 juin 1167

Sombrebois




J’ouvre les yeux. J’ai entendu du bruit. A côté de moi, Mérédith se redresse vivement en me fixant avec inquiétude, sa petite main lâchant brusquement la mienne. Les yeux presque écarquillés, elle cherche à comprendre ce qu’il se passe. Des coups à la porte.

« Entrez. »

Je prends doucement sa main une seconde avant de la tapoter pour la rassurer. La pauvre enfant réagit par un sursaut de frayeur au moindre bruit, à fleur de peau, et pleure régulièrement dans son sommeil, quand ce n’est pas au cours de la journée. Elle n’arrive plus à dormir seule et passe une grande partie de son temps à se reposer avec moi. Athanase lui, n’est pas dans la pièce, mais je sais que Pénélope veille sur lui le temps de mon repos. Il a tété il y a peu, d’ailleurs.

Un milicien pousse alors la porte défoncée qui ne ferme même plus, seulement maintenue fermée par une caisse. 

« Le convoi arrive, Baronne. Il sera sous peu à nos portes.
- Très bien, je vous remercie. Je me prépare. »

Je regarde la fillette qui, elle, me regarde avec ses petits yeux emplis d’angoisse.

« Veux-tu bien aller chercher Pénélope ma chérie ? 
- Oui maman. »

Elle se lève sagement pour prendre la porte qui mène à la chambre de mon fils, et quelque chose dans son regard et sa démarche me fait un véritable pincement au cœur.

Dire qu’il y a quelques jours, elle a failli se faire tuer. Elle qui est si jeune et qui n’a même pas dix ans. Elle qui a déjà réchappé au massacre de sa famille, à celui du bourg tout entier, même, par la fange. Elle qui a survécu à la maladie. C’est si terrible de se dire que la vie s’acharne autant sur ses frêles petites épaules d’enfants. Tout ce sang qu’elle a dû encore voir. Les éclaboussures sur le sol, les murs.

Celui du cadavre de Hilde – et sans doute même le cadavre lui même - morte pour avoir voulu les protéger. Il y en a eu tellement, dans tous les couloirs, que Pénélope n’a jamais vraiment réussi totalement encore à nettoyer, même aidée de ses amies et des filles. Les séquelles sont là pour tout le monde.

L’odeur de charogne persiste au détour de chaque couloir, à chaque étage. J’aurais aimé les aider à nettoyer tout ça. J’aurais aimé les protéger, moi aussi. J’aurais aimé me battre avec eux - au moins ai-je eu le plaisir exaltant d’occire moi même l’un des assaillants.

Mais je me suis stupidement laissée entraîner - piéger - là haut par Roxanne qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de me poignarder et m’arracher mon bébé. Ironiquement, c’est sans doute ce qui nous a sauvé la vie à Athanase et moi.

Si jamais l’autre cinglée nous avaient eu… je n’ose même pas imaginer ce qu’elle nous aurait fait. Mais Roxanne... ma belle Roxanne… Je me demande ce qu’elle est devenue. Roxanne n’est pas du genre à commettre d’impair. Est-elle seulement encore vivante ? A quel moment son plan cruel a-t-il échoué pour que l’on me ramène mon enfant ?

Il faut que je me la sorte de ma tête maintenant. Peut-être qu’un jour, elle recroisera ma route. J’aviserai si cela arrive, mais pour l’heure, il vaut mieux l’oublier.

Le milicien ressort, Pénélope ne tarde pas à arriver par l’autre porte.

Je me redresse doucement, même si la douleur a bien diminué en une semaine, j’ai encore énormément de vertiges. Je me suis déjà lavée de bonne heure aujourd’hui, alors Pénélope n’a pas grand-chose à faire pour m’apprêter à la visite. Je me rappelle encore quand j’ai reçu le courrier de la Couronne l’annonçant. A quel point j’ai dû serrer les dents en flattant ces ordures et en remerciant. Notre magnifique reine… Ah, je crois bien que j’ai failli cracher en écrivant ces mots.

Sales rats… Sale petite catin… faire massacrer mes gens ou les laisser se faire massacrer sans vergogne pour après venir m’offrir l’air de rien de l’aide pour reconstruire. Se faire passer pour les sauveurs… Non décidément, ils ont beau être opposés et la reine ma principale opposante, je n’aurais pas plus le Roi et sa clique à la bonne. Quant au gouverneur, il est reparti il y a quelques jours pour la capitale, le 28 mai il me semble.

Je soupire, Pénélope se dirige vers moi, brosse à la main.

« Comment ça va ? me demande-t-elle préoccupée. Athanase dort, il est pas mal agité... 
- Il l’est toujours… »

Elle ne répond rien, n’osant pas argumenter quoi que ce soit et commence à brosser lentement ma chevelure. Moi, je reste le regard absent à fixer un point devant moi.

« Veux-tu une coiffure particulière ? demande-t-elle, avant de demander plus précisément : des tresses autour du chignon ? »

Je hausse les épaules. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ma coiffure… tant que je suis présentable, c’est tout ce qui compte.

« Fais donc ce que tu veux. »

Elle s’affaire donc rapidement à réaliser une jolie coiffure, puis s’apprête à me maquiller.

« Est-ce vraiment utile ? je marmonne.
- Il faut avoir bonne mine Rosen ! Tu es pâle comme le ventre d’un poisson…
- C’est normal que je sois pâle… je me suis vidée de mon sang la semaine dernière… »

Je soupire lourdement. Je sais, le village s’inquiète, tout ça. Moi j’aimerais juste rester au lit et tout oublier, mais il faut encore que je doive accueillir les bonnes âmes venues aider. Et encore… Si ça se trouve, c’est un nouveau piège. Comment savoir ?

La Couronne est bien assez perfide pour cela, je ne me fais aucun doute et c’est avec une angoisse croissante que je prends sur moi. Pénélope m’applique du fond de teint sur le visage, un peu de couleur dorée sur les yeux, forçant sur les lourds cernes noires. Puis un baume hydratant après un gommage rapide sur mes lèvres qui sont complètement desséchées et serties de peaux mortes. Après avoir parlé rapidement de mon allaitement compliqué suite aux deux jours sans tétées et mon état, me voilà prête. Mérédith souhaite venir avec moi, et même si je redoute le pire, j’accepte qu’elle vienne, espérant ne pas faire une terrible erreur.

Je me fais descendre au rez de chaussé sans grande délicatesse par le milicien venu annoncer l’arrivée du convoi, puis une fois devant la porte, je me fais reposer par terre un peu promptement. Je serre les dents pour ne pas l’insulter. Je prends sur moi… D’accord, il n’y a pas beaucoup de miliciens qui m’ont à la bonne dans ce putain de bourg, mais quand même ! Ils pourraient faire un effort…

Ils croient que ça m’amuse à moi, qu’ils se fassent tous zigouiller les uns après les autres ?! C’est pas ma faute à moi si tout le monde s’acharne à essayer de me détruire ! Pis s’ils voulaient pas crever ces crétins, ils avaient qu’à faire autre chose que milicien ! Non mais franchement…

Je sors donc au dehors, entourée par une coutillerie de dix miliciens et Mérédith – une autre coutillerie est au fort pour la sécurité d’Athanase - et je fais quelques pas laborieux jusqu’à une chaise posée un peu plus loin. Là, j’attends les visiteurs tranquillement. Le temps est couvert et ma longue robe noire ne me tient pas trop chaud.

Déjà, j’aperçois la caravane s’approcher, composée de nombreuses charrettes redirigées par la milice vers le fort. Je me redresse un peu, essaie de me donner une contenance que j’imagine bien proche du néant au vu de mon état.

Finalement, les personnes se détachent du convoi et s’approchent de moi. Là, assise sur ma chaise dans la posture la plus digne possible – dos bien droit malgré la douleur et mains jointes sur les genoux - je les regarde s’avancer ou rester assis. Des gens épuisés, visiblement blessés pour certains.

« Mes salutations, dis-je le plus fort possible, inclinant la tête légèrement en signe de respect. Soyez les bienvenus à Sombrebois. »

Ma voix est trop faible. Il faut que je fasse un effort… mais j’ai l’impression que je vais défaillir à chaque respiration. Les villageois les plus proches se rassemblent alors autour de nous pour venir à la rencontre de nos visiteurs et écouter ce que j’ai à dire.

« J’ai reçu il y a trois jours une missive de la Couronne qui m’a annoncée votre venue et je tenais à venir vous remercier personnellement pour l’aide apportée malgré le danger. Le gîte et le couvert vous seront bien évidemment offerts toute la durée de votre séjour et vous pourrez aller recevoir des soins puis vous sustenter, vous délasser et vous reposer d’ici quelques minutes. »

Je marque une pause pour reprendre mon souffle et me redresser un peu. Sous le coup de la fatigue et de la douleur, je viens de remarquer que je me suis quelque peu affaissée sur ma chaise. Balayant enfin d’un coup d’œil rapide les arrivants en détail, je remarque alors le Baron de Tourbière que j’avais déjà reçu une nuit au château. Surprise, je souris alors chaleureusement en le regardant, même si mon regard reste certainement toujours assez vide.

« Baron de Tourbière… c’est pour moi un réel honneur que de vous revoir et de vous compter parmi les volontaires,
dis-je avec sincérité, touchée, en inclinant de nouveau la tête. Vous serez plus que bienvenu au château où vous pourrez vous reposez comme il se doit. »  

Le pauvre homme a l'air épuisé et blessé lui aussi. Je me souviens encore de son arrivée la première fois. Le mépris des hommes qui l’accompagnaient et surtout de son jeune acolyte, un prêtre il me semble… D’ailleurs, en parlant de prêtre…

« Prêtresses, vous serez bien entendu logées au temple de Sombrebois, auprès de votre consœur Gudrun Mercier avec qui vous pourrez avoir le plaisir d’é... euh… »

Merde.

Je me rends compte que le baron n’est pas la seule tête qui me revient. Parmi les volontaires, il y a un visage qui attire plus particulièrement mon attention. Je connais ce visage… le visage de cet abruti de mili… oh putain.

Mon cœur rate un battement. Je reconnais ce regard oui…

Son nom… c’est quoi déjà son nom ? Gae… Gaetan… non. Gaetic… Ah, je ne sais plus. C’était quoi déjà ? Un nom de village… de Piana, de Ménerbes ? Ah... non, c’est pas ça...

De Conques. C’est de Conques, c‘est ça !

Et alors que je suis complètement déstabilisée pendant deux-trois secondes, un bourdonnement succinct passe si près de mon oreille que je fais un bond et manque tomber à la renverse si le milicien à ma droite ne m’avait pas rattrapée.

Je peux sentir tout l’agacement dissimulé qu’il me témoigne dans sa façon presque bourrue de me remettre en place et je lui aurais volontiers envoyé mon coude dans les côtes si j’en avais l’occasion – et la force, aussi, ceci dit en passant. Je le regarde de biais une seconde, masquant difficilement mes nerfs qui commencent à monter.

Je regarde ensuite à nouveaux les arrivants pour reprendre la parole.

« Veuillez m’excuser… Je suis un peu… un peu… »

Ma phrase reste en suspend de longues secondes où je cherche désespérément un mot pour la finir. Mais rien ne vient.

« … Un peu… un peu ce que vous voulez, voilà. »

Oh ça ira bien comme ça. Tendue, fatiguée, sur les nerfs, le pied de guerre… ils choisiront. Derrière moi, j’entends un ‘pfff’ de dépit, très bref, suivi d’un rire contenu. Vous connaissez l’histoire de la bébête qui monte, qui monte, qui monte ? J’ai la même avec mes nerfs.

Bien sûr, personne devant n’a rien entendu, ces débiles n’étant pas assez débiles pour se faire remarquer. Ils sont juste derrière moi, alors forcément que moi, je les entends…

 Où en étais-je ? Je ne sais plus… Ah, oui.

« Pour les autres, vous serez logés à l’auberge. Sachez que ce fut une bataille difficile, reprends-je. Mais nous avons repoussé cet assaut et jamais je n’oublierais ceux qui sont tombés pour Sombrebois et qui se sont vaillamment battus pour nous défendre. Nous louons aussi la venue du prince qui nous a été salutaire. C’est grâce à lui et à ses troupes que nous avons pu résister. Et je vous annonce que mon fils, l’héritier de Sombrebois, a été retrouvé il y a quelques jours et qu’il se porte bien. Je serai reconnaissante toute ma vie aux miliciens qui l’ont retrouvé et ramené... la traque dans les marais n’a pas dû être facile. Voilà. Si vous avez la moindre question ou le moindre souci, n’hésitez pas à me faire solliciter. Si je ne puis me déplacer, je pourrais au moins faire quelque chose. Vous pouvez à présent aller vous reposer un peu. Demain, pour ceux qui le pourront, vous pourrez commencer à prêter main forte aux réparations qui vont débuter grâce aux fournitures que vous venez d’amener. »

Je prends une grande inspiration. Le souffle me manque, la tête me tourne. Puis je regarde la petite Mérédith et lui fais signe d’approcher pour lui demander discrètement - difficilement, même, car me pencher me fait terriblement mal - quelque chose à l’oreille. La fillette d'une demi dizaine d'années s’exécute alors brillamment, se faufilant aussi discrètement qu’une souris entre les miliciens pour apparaître quelques secondes plus tard au milieu des arrivants - qui la remarquent à peine pour la plupart. Là, elle se dirige vers l’homme d’arme, tirant timidement sur un bout de son gambison pour attirer son attention.

« Monsieur le milicien ? Ma maman elle aimerait vous loger au château vous aussi. Elle dit qu’il y a vraiment besoin de surveiller le fort parce qu’il y a une brèche dans le mur et qu’elle a besoin de vous… elle a ajouté qu’il y a du lait de chèvre, mais elle ne sait pas s’il y a des biscuits… ? » 

Je fixe le milicien malgré moi, un très léger sourire sur le visage. Je ressens un mélange d’émotions bizarre, et voir l’air peu sûr de Mérédith sur sa dernière phrase me ferait presque rire, s’il n’y avait pas tous ces gens autours. Sacrée Mérédith…

D’ailleurs, les gens commencent à se disperser pour la plupart et je vais m’apprêter à rentrer à l’intérieur, traînant un peu pour observer et attendre le trio qui s'approche déjà.




Citation :
SALUT A TOUS !

Déjà désolée pour le loooooooooong pavé……… pas su faire plus court mais j’espère que vous avez quand même apprécié sa lecture.

Donc !

Enfin nous y voilà bande de traînards ! Il était temps que vous arriviez !

Rosen vous a accueillis au mieux possible et s’efforcera de voir chacun de vous en privé à un moment ou à un autre du séjour pendant ces deux semaines. Aloys, Gaël, comme vous venez de voir, Rosen vous a invités directement au fort. Profitez bien de ses faveurs bande de coquins ! Vous serez les premiers jours affectés aux réparations du château (essentiellement portes et brèche dans le mur du sous sol à colmater.)


Pour les autres, Rosen vous loge au mieux quand même, les prêtresses au temple du bourg (logique) et Almère et Rudolf à l’auberge. Pour les pnjs miliciens s’il y en a bien, ce sera normalement à la caserne.

Nous pouvons commencer à ouvrir les rps privés pour ceux qui le souhaitent quand vous voulez ! Pour les invités au fort, ça sera le jour même. Pour les autres, je vous laisse choisir si vous souhaitez solliciter Rosen ou non à un moment donné. Le cas échéant, elle essaiera de venir jeter un œil aux réparations, mais cela sera sans doute vers la fin car elle se repose énormément. Disons à la deuxième semaine, le temps d’avoir récupéré encore un peu plus.

Le rp privé n’est bien entendu pas obligatoire si vous ne le souhaitez pas Wink

Je précise évidemment que la priorité est d’attaquer les réparations des portes du bourg car actuellement c'est carnage et il y a juste un tas de débris/troncs d'arbre pour combler le vide et éviter que des fangeux ne s'infiltre, ce qui est quand même assez peu fiable et encore moins pratique. Alors je vous saurai gré de commencer par là Razz



Bon courage et merci pour les réparations que vous pouvez attaquer sur ce topic même dès le lendemain irp, cœur sur vous ! ♥




Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Mar 31 Jan 2023 - 4:45, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyLun 30 Jan 2023 - 20:06
Les faibles rayons restants parvenaient à peine à traverser les hauts sapins du domaine de Sombrebois, quand le convoi arriva finalement à destination. Les convoyeurs laissaient déjà échapper des soupirs de soulagement, après trois jours et deux nuits passés dans l’insécurité la plus totale. La cour n’avait point exagéré les dégâts de l’attaque. Au-delà de la végétation qui eut noircie et des palissades aussi bien calcinées qu’ébréchées, l’on pouvait d’ores-et-déjà apercevoir de nombreuses bâtisses en ruines, ayant également été rongées par les flammes de l’incendie criminel.

Aloys eut passé le reste du voyage dans la dernière chariote, entre les quelques caisses de vivres qui eurent été éparpillées après l’effondrement du second véhicule. Dans le creux de ses mains reposaient l’étrange fiole, précédemment confisquée à la fillette. Le liquide, dont la couleur cireuse tirait sur le jaune, intriguait le jeune noble, lui faisant même oublier les nombreux picotements et courbatures dont il était victime à cet instant présent. D’où provenait-il ?, se répétait-il encore et encore, comme si la réponse allait finir par tomber du ciel. Et la question la plus importante : pourquoi une gamine possédait-elle une telle arme ?

En effet, il s’agissait incontestablement d’un poison selon les connaissances du Baron. Toutefois, il lui était impossible de déterminer sa provenance. Animal ? Végétal ? Peut-être animal... En temps de chasse et de guerre, les Tourbière eurent pour tradition d’attraper les salamandres à l’aide de feuilles. Ils frottaient ensuite contre l’amphibien, les têtes de flèches pour ainsi bénéficier de la toxine secrétée. Cependant, il pouvait affirmer avec certitude que la substance présente devant ses yeux inquisiteurs ne provenait pas de l’une de ces créatures.

L’arrêt des chariotes et le débarquement des hommes tira soudainement Aloys hors de ses pensées et de son analyse. Il rangea le récipient avec délicatesse dans sa giberne, avant de se frayer un chemin à travers la foule, comme attiré par une voix familière. Assise sur sa chaise, il découvrit la Baronne, dont la triste mine l’interpela. Ses yeux rencontrèrent les siens, et il retira son casque pour lui rendre pleinement son sourire. Était-ce réellement la même femme qu’il eut rencontré deux mois auparavant ? Avec un peu de discernement, les personnes l’ayant fréquenté antérieurement, pouvaient percevoir une différence.

Aloys s’avança vers la dame qui lui souhaitait la bienvenue à Sombrebois, puis posa le genou à terre, dans la boue encore fraîche. Voilà qui devrait l’aider davantage à affirmer sa position de maîtresse des lieux, pensa-t-il. Avec la permission de son interlocutrice, si celle-ci fut donnée, le noble déposa alors un tendre baiser sur la main féminine.
« Tout l’honneur est pour moi, Baronne. Votre vue est toujours aussi exquise pour mes yeux, votre hospitalité inégalée… Je me réjouis de vous savoir en vie. », dit-il avec aisance et charme.

Il se retira alors à ses côtés, laissant l’hôtesse s’adresser à ses autres invités, ceux au plus bas de l’échelle sociale. Quand elle eut fini son discours, et que les ploucs s’apprêtèrent à se disperser, le Baron de Tourbière leva la main pour les interpeller.

« HÂLTE ! », cria-t-il, suffisamment fort pour interrompre le mouvement de foule. « La milice va procéder à une fouille des voyageurs ! Blessés compris ! », ordonna-t-il ensuite avec autorité, désignant l’endroit et pointant du doigt les miliciens pour solliciter leur coopération. Il précisa aux soldats verts d’être vigilants vis-à-vis de tout objet suspect. « Formez deux lignes distinctes ! Une fois la fouille effectuée, vous serez libres de vaquer à vos occupations ! À l’exception de l’enfant... ».

Il demanda à deux miliciens bien robustes de lui amener la môme. Il fléchit les jambes pour se mettre à sa taille, les yeux effroyablement écarquillés. « Je sais ce que tu as fait, et tu vas nous dire pourquoi. », confessa-t-il, d’un ton à la fois sévère et grave. Son regard s’était à présent obscurci. Était-ce de manière à intimider le petit être, ou bien n’était-ce point du bluff ? Il se redressa. « Envoyez-moi donc croupir cette chose dans la geôle la plus obscure. Hors de ma vue ! ».

Alors que les miliciens procédaient minutieusement à la fouille auprès des râleurs, Aloys murmura ces quelques mots dans l’oreille de la Baronne.
« Votre vie pourrait belle et bien être en danger actuellement, Baronne. Je ne peux me permettre de vous perdre, je ne le supporterai pas. », mais conscient que la dame au grand cœur contesterait sa décision à l’égard de l’enfant, il lui fit cette confidence. « Détrompez-vous, cet enfant est un assassin. ».

Cependant, il n’en dit pas davantage, car ce ne fut ni l’endroit, ni le moment pour échanger à ce sujet. Il craignait que cette nouvelle ne retarde la reconstruction du bourg. Le Baron pria donc la maîtresse des lieux de réunir son cercle de confiance le plus tôt possible, afin qu’il puisse ainsi fournir plus de détails à propos de son inquiétante découverte.




HRP:
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Gaël de Conques
Gaël de Conques



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyLun 30 Jan 2023 - 23:39
Après toute cette route, et tous ces morts, les voilà qui passaient les faibles défenses de Sombrebois pour arriver enfin à destination.
Les renforts n’avaient pas été de trop sur le chemin restant, rassurant de par leur présence le convoi déjà bien épuisé par ses mésaventures.
Naturellement, le pas de tous, malgré la fatigue, s’accéléra quand l’arrivée fut en vue. La promesse d’une sécurité plus appuyée, d’un bon repas et de repos donna les forces suffisantes au convoi pour terminer sa route.

«-Gaël. Faites passer l’mot à vos collègues. Z’ont beau être fatigués, c’est pas une raison pour arriver dans le chaos. On va avoir l’air de quoi ?» Lui demanda le coutilier des renforts avant de lui passer devant.

«-A vos ordres.» Répondit-il.

C’est vrai que les miliciens s’étaient relâchés, qui aurait pu leur en vouloir ? Le coutilier s’était adressé à lui plus d’une fois sur le retour, il faut dire que Gaël s’était fait remarqué avec l’arrestation de Hubert. Celui-ci encadré par les renforts n’avait plus fait de vagues, il se contentait de garder le même air absent, il savait ce qui l’attendait, un conseil de discipline.
Ce n’était pas tant sa violence envers Margaux qui l’avait mit dans cette situation que les propos qu’il avait proféré à l’encontre des dieux et de la fange.
Après s’être donc occupé du fou, le coutilier des renforts était revenu vers Gaël, d’abord il avait simplement souhaiter son avis sur la situation et ses collègues, puis en se rendant compte que Gaël n’était pas des plus inutiles, il lui avait laissé le soin de prendre un peu d’autorité sur les hommes qui venaient de Marbrume.
Une autorité que le coutilier appuyait pour pallier au manque de la présence des supérieurs, l’un d’eux était mort durant l’attaque et les deux derniers se reposaient au fond d’un chariot, dans un état lamentable.

Moralement Gaël avait l’impression de profiter du malheur de ses collègues pour s’élever, mais en bon militaire, il devait de toute façon laisser ses inquiétudes à plus tard. Il était hors de question qu’une nouvelle catastrophe se produise sous ses directions.

Le jeune milicien commença à faire passer les ordres, demandant à deux jeunes collègues de les distribuer le long du convoi. Les renforts n’étaient pas en reste pour redonner un peu d'allure et de discipline à ce convoi avant de se retrouver devant la baronne.

Malgré leurs cernes qui décoraient leurs yeux, les miliciens essayaient avec honneur de se tenir fièrement. Certains peinaient à rester attentif au discours de la baronne. Gaël eut à donner un coup d’épaule discret à un collègue qui était en train de s’endormir debout à côté de lui.
Quand son attention revint sur la baronne, il se rendit compte que celle-ci le fixait. La panique l’envahit un instant, il se demandait si elle avait assisté à ce qu’il venait de se passer, il n’osait imaginer l’affront que cela devait être. Elle n’en dit rien sur le moment en tout cas, elle semblait trop fatiguée aussi, Gaël se rassura un peu en se disant que le hasard avait voulu qu’elle se perde dans ses pensées en le regardant, il n’avait été rien de plus qu’un point à fixer.
Pourtant la dame de Sombrebois lui disait quelque chose, l’avait-il déjà croisé au détour d’une soirée mondaine ?

Il regarda le cavalier de leur convoi s’approcher, faisant ses salutations les plus poussées à la baronne. Gaël n’eut pas le temps de voir comment se terminait la scène, une petite fille attira son attention avec une question des plus étranges.

«-Monsieur le milicien ? Ma maman elle aimerait vous loger au château vous aussi. Elle dit qu’il y a vraiment besoin de surveiller le fort parce qu’il y a une brèche dans le mur et qu’elle a besoin de vous… elle a ajouté qu’il y a du lait de chèvre, mais elle ne sait pas s’il y a des biscuits… ? »

Du lait de chèvre ? Des biscuits ? De quoi parlait cette enfant ? Le confondait-elle avec quelqu’un d’autre ? Il releva la tête vers la baronne, elle le regardait bien lui, puis soudainement le déclic se fit enfin dans sa tête. La jeune femme, cette baronne à l’article de la mort, c’était l'emmerdeuse qui l’avait cherché tout le long d’une soirée !
Un million de questions se posèrent dans sa tête, des questions auxquelles il n’eut pas plus le temps de réfléchir avant d’entendre le baron de Tourbière crier un ordre, attirant le regard de tous sur lui.

La milice resta surprise un instant face à la demande du jeune noble qui passait légèrement pour paranoïaque. Peu sûrs de savoir comment réagir, la plupart des miliciens se tournèrent vers leur supérieur direct. Pas besoin d’être un as de la déduction pour savoir qu’il se passait dans sa tête, l’ordre venait d’un noble, un guerrier, mais d’un autre côté le jeune homme n’avait pas d’autorité officielle sur la milice, encore moins pour demander une fouille hasardeuse.
Fallait-il s'aplatir et exécuter les ordres sans chipoter pour ne pas froisser le baron ? Personne parmi eux n’avait le statut nécessaire pour s’y opposer. La décision fut donc prise sans avoir à en parler.

«-Exécutez-vous, messieurs dames ! Allons donc ! Ne râlez pas ! Plus vite vous coopérerez, plus vite nous irons tous nous reposer.» Gueula d’un air las le coutilier en renfort pendant que le autres reste des miliciens organisaient la fouille. Gaël était loin d’approuver, il comprenait bien le ras de bol que certains pouvaient ressentir face à la noblesse quand ils se permettaient ce genre d’utilisation de la milice sans même en discuter au préalable. Après c’était eux, les miliciens qui se retrouvaient avec une mauvaise réputation auprès du peuple.

Les gens n’étaient pas des plus heureux de se faire fouiller leurs affaires pour d’obscures raisons, la fatigue en rendait certains plus irritables, et les miliciens plus impatients. Plusieurs fois la situation manqua de dégénérer, Gaël était trop occupé à naviguer dans la foule pour apaiser les tensions, pour remarquer deux de ses collègues embarquer l’enfant.

«-Putain… C’te gamin veut nous faire envoyer une môme dans les geôles ?» Commenta, blasé, le coutilier à côté de Gaël.

Perturbé par le commentaire, Gaël releva la tête pour enfin prendre conscience de ce qu’il se passait devant la baronne, il avait bien entendu l’ordre du baron au loin, mais ne savait pas qu’il concernait la petite Margaux. Le baron allait trop loin, ce devait être une erreur.

Il s’éloigna de ses collègues, prenant un pas décidé pour rejoindre l’enfant et les deux nobles. L’injustice profonde à laquelle il assistait le remplissait de colère, lui faisant oublier toute timidité. Son statut de milicien ne lui permettait pas d’intervenir, mais pendant cet instant, il avait oublié la perte de son titre.

«-Baronne, Baron. Milicien de l’intérieur, Gaël, pour vous servir.» Malgré sa colère, il n’oublia pas d'exécuter une parfaite courbette d’abord à la maîtresse des lieux avant de présenter la même au baron. «Veuillez me pardonner pour cette interruption. Ma dame, tout d’abord je tiens à vous remercier de votre accueil.»

Il reposa ensuite à nouveau son regard sur le baron, sa bienséance et le souvenir de son aide précieuse l’empêchait de lever le ton face à celui-ci, mais sa fureur se lisait tout de même dans ses yeux.

«-Baron, je ne tiens pas à discuter vos ordres, mais la jeune fille que vous condamnez ainsi est une amie chère à mon cœur. Vous comprendrez, je l’espère, ma confusion face à son arrestation. Margaux n’a cessé de démontrer durant tout le voyage une extrême gentillesse et de la compassion vis-à-vis de ses compagnons. J'aimerais comprendre ce qui vous pousse à la traiter comme une criminelle ? L’affaire du vol n’avait-elle pas déjà été résolue ?»

De sa petite stature, Gaël ne pouvait pas grand chose, il risquait même beaucoup en s’adressant ainsi à un baron. Il espérait que la baronne le soutiendrait, après tout, elle semblait se souvenir de lui amicalement.
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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyMar 31 Jan 2023 - 7:33
Du coin de l’œil, Louisa avait remarqué le mouvement violent du milicien à leur encontre, mais bien trop tard que pour faire quoi que ce soit, à genoux dans la boue avec la petite Margaux dans les bras. Elle n’eut heureusement pas à s’en inquiéter. Almère et Gaël s’interposèrent et réglèrent le problème, très efficacement d’ailleurs.

Elle avait refusé d’abandonner Margaux alors que des miliciens les escortaient vers le troisième chariot et s’y installa avec elle.

Les accusations de vol la travaillèrent alors qu’elle aidait encore une fois la petite à monter et qu’elle la serrait contre elle. Elle n’avait pas vraiment de mots pour rassurer l’enfant dans une telle situation mais elle était sûre d’une chose : Margaux n’avait pas volé quoi que ce soit dans ce convoi car elle n’avait pas quitté l’enfant depuis le départ de Marbrume.

La demande de la petite la surprit donc. Ses affaires ? Quelque chose qui se trouvait dans son sac la liait-t-elle à ce qui avait amené le Baron à l’accuser ? S’agissait-il de la fiole qu’elle l’avait vu ramasser plus tôt, pendant la bagarre ? Elle n’osa pas parler toutefois, pour interroger l’enfant ou la réconforter, de peur que les miliciens qui le entouraient ne l’entendent. La prêtresse se contenta donc d’acquiescer de la tête. Elle ferait son possible…

À leur arrivée à Sombrebois, Louisa était d’une humeur bien morose et ressassait sans cesse les précédents événements. Elle prêta peu d’attention aux alentours et descendit du chariot avec Margaux lorsqu’un milicien le leur demanda. En quelques pas, Louisa fit le tour du quatrième chariot pour aller rechercher ses affaires et, accessoirement, tenir sa promesse à l’enfant. Mais alors qu’elle trouva son paquetage sans aucun souci et passait la sangle à son épaule, ses yeux cherchèrent en vain celui de l’enfant. Il n’était tout simplement plus là. Mais qui…

Les yeux de la prêtresse se posèrent sur Almère et, sans un mot, elle se remit en route pour rejoindre Margaux. Elle garda celle-ci au plus près d’elle, la serrant contre ses jambes, les mains sur les épaules de l’enfant, tandis que la Baronne les accueillait.

Louisa pria pour qu’on en reste là, que le Baron ait compris son erreur, que la milice ait déjà oublié ce qui s’était passé… Aussi Lou ne put relâcher sa prise sur les frêles épaules. Elle avait un mauvais pressentiment. Cette horrible sensation qui lui retournait l’estomac lorsqu’un de ses gamins était en danger… Elle en fut à peine distraite lorsqu'une petite fille apparut dans la foule et invita Gaël au château. Voila qui était surprenant. Pourquoi isoler Gaël alors que d’autres miliciens avaient l’air en bien meilleur état que lui ?

Louisa eut une lueur d’espoir alors que la petite foule commençait à se disperser. Encore quelques instants et elle pourrait emmener discrètement Margaux au Temple du bourg. Tant pis pour l’invitation de la Baronne.
Les instructions du Baron résonnèrent alors dans la cour et Louisa sentit les cheveux de sa nuque se hérisser. Certainement, il n’ordonnerait pas l’arrestation d’une enfant pour une simple suspicion de vol ! Il devait y avoir autre chose. Mais qu’est-ce qu’il y avait dans cette fichue fiole ?

« Non ! », s’exclama-t-elle alors que deux miliciens lui arrachaient presque Margaux des mains et emmenaient l’enfant devant le Baron. « Baron, je vous en pri- »

Louisa avait suivi les deux miliciens tout en essayant d’adjoindre le Baron a plus de retenue mais un autre milicien l’arrêta, l'agrippant par le bras, et la fit reculer jusqu’à ce qu’elle soit dans l’une des files.

Si ses yeux avaient pu lancer des dagues en ce moment, à peu près tous les hommes sur cette place seraient morts. Les hommes et leur hubris… Pourquoi le Baron avait-il choisi de faire de cette affaire, qui n’était probablement qu’une incompréhension, un tel spectacle ?

Le jeune milicien qui fouilla ses affaires n’en menait pas large. Retourner les affaires d’une prêtresse n’était pas sans portée et Louisa était l’image même de la femme au bord de la crise, la colère et la tristesse irradiant de sa personne.

Il n’y avait plus qu’à espérer qu’un certain quelqu’un se serait débarrasser des affaires de la petite en route. Car s’il y a bien une chose dont la prêtresse était certaine, c’était que Margaux avait beaucoup de secrets, certes, mais qu’aucun d’eux n’impliquait de vouloir faire du mal à quelqu’un d’autre, seule raison qui, à ses yeux, pourrait justifier le comportement d’Aloys.

Dès que sa fouille fut terminée, Louisa contourna la file et rejoignit Gaël, à temps pour entendre la fin de sa demande. Le malotru qui l’avait déjà arrêtée précédemment tenta de l’intercepter mais la prêtresse força le passage. Elle salua respectueusement la Baronne - il n’était pas question de se la mettre à dos maintenant - et embraya sur les paroles de Gaël.

« S’il-vous plait, Baron, je suis certaine que nous pourrons éclairer cette situation mais je vous en conjure, n’envoyez pas cette enfant dans les geôles. Pas après tout ce que nous avons traversé pour arriver jusqu’ici. »

Il avait bien dû voir qu’elle n’avait pas quitté la gamine depuis le départ…

Le milicien était toujours à son coude, prêt à la faire reculer de nouveau, mais elle tenta de l’ignorer et de rester composée devant le Baron. Lou retenait ses larmes (et son envie de secouer Aloys comme un pommier) et fit de son mieux pour ne pas remettre en question les doutes du noble. Blesser sa fierté n’aurait pas été une bonne solution. Elle ne pouvait qu’en appeler à sa pitié. Et s’il le fallait, et si on la laissait faire, elle accompagnerait Margaux dans les geôles.
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyJeu 2 Fév 2023 - 10:06


Les murs de Sombrebois. Enfin.

Le voyage était terminé, pour l'instant, et elle soupira de soulagement, bien que les traces de la violence des derniers évènements marquaient profondément la bourgade. Bien à l'abri sur son chariot, auprès de la prêtresse, elle fut choquée d'apercevoir l'état de la porte principale et des maisons alentours ; néanmoins, elle ne s'inquiéta pas outre mesure. Après tout, ils étaient tous là pour travailler à la reconstruction, et bien que l'évènement de la perte de sa fiole de poison ait émoussé sa motivation au profit d'une peur plus profonde, la menace semblait s'être éloignée.
Il était facile de savoir qu'elle n'était pas une voleuse, ce qui devait plus simplement leur importer. Elle soupira, se cala brièvement un peu plus dans les bras amicaux de la jeune femme qui l'accompagnait, et que l'enfant admirait profondément par sa douceur et sa gentillesse.

Elle tâcha de se calmer, et de rassembler ses esprits. Ils fouilleraient sûrement le convoi ; mais elle n'avait rien volé. Alors, de quoi pourrait-on l'accuser ?
La jeune noble ne pouvait, cependant, s'empêcher de se sentir inquiète, de garder une boule au fond de sa gorge. Son cousin possédait toujours la fiole que lui avait donné le démon lui donnait des frissons de terreur ; mais que pouvait-elle y faire ?

Le chariot s'arrêta, coupant court à ses songes anxieux, et elle descendit docilement, les yeux attirés par la Baronne de Sombrebois, déjà au milieu d'un petit attroupement. L'enfant l'entrevit, assise, menue et l'air fragile dans ses beaux vêtements. Elle s'approcha, curieuse, oubliant presque la douleur diffuse de sa joue couverte d'un bel hématome violet, écouta le discours de l'administratrice de la baronnie - ou de ce qu'il en restait, du moins - et allait prendre la direction de la taverne, lorsque son parent ordonna aux soldats de procéder à une fouille. Elle s'écarta un peu, fixa le convoi dont les miliciens commençaient déjà leur office, lorsqu'elle se sentit saisie par une brusque poigne.
Elle gémit alors que les deux hommes l'entrainèrent sans pitié devant le baron de Tourbière, le fixa, toute pâle, tandis que ce dernier fléchissait le genou pour se mettre à sa hauteur.

Le souffle lui manqua. Elle n'avait, peut-être, jamais entendu de propos plus glaçants que ceux-là.

Son souffle devint chaotique, la bile remonta de son œsophage, lui donnant envie de vomir. Son cousin savait tout. Il savait pour tout ce qu'elle avait fait...

Margaux en oublia le démon, sa canne, la belle prêtresse. Elle vacilla, alors que la honte brûlait ses entrailles, et elle se laissa emmener sur quelques pas, silencieuse, chancelante, boitant aussi vite qu'elle pouvait pour suivre le rythme pourtant doux des deux hommes qui la maintenaient fermement ; et tourna la tête sur Gaël et la prêtresse qui parlait à la maitresse de Sombrebois, essayant désespérément de croiser leurs regards, sans pouvoir s'en empêcher.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyJeu 2 Fév 2023 - 21:33
Suivant les autres convoyés, Rudolf attendit patiemment que la Baronne de Sombrebois accueille le convoi. Elle n’avait pas bonne mine, et même un type des plus banal comme le convoyeur pouvait le remarquer. Malgré tout, malgré la pâleur de son teint, elle avait tenu bon jusqu’au bout.

Blablabla à droite, blablabla à gauche, pourquoi tenaient-ils tous à débattre pendant des heures là où un simple bonjour aurait suffit ? Sans parler du sens du spectacle de certains...Ils étaient sales, fatigués et pour quelques uns effrayés. Pourquoi c’était si urgent de foutre une gamine en cellule ? C’est sûr que ces petites choses avaient des mains agiles et qu’on les sous-estimait souvent...Mais Rudolf voulait juste décharger sa marchandise, manger un bon repas chaud et roupiller un coup.

Remonté comme une pendule lorsque les molosses vinrent fouiller les affaires, le petit homme montra avec humeur, mais obéissance, sa besace. Lorsque l’un d’entre eux s’approcha du contenu de la chariotte avec ses grands sabots, il lui balança quelques mots de prévention au visage.

« Si vous abîmez la marchandise, j’saurais faire remonter qui l’a fait. Et croyez moi c’est pas vot’ solde de milicien qui va pouvoir vous permettre de laver vot’ dette. »

Les tuniques vertes, déjà peu enclines à obéir aux ordres, finirent par seulement jeter un coup d’œil. Pendant ce temps, auprès de la baronne, se jouait toujours ce qui touchait à l’arrestation de la petite. Ces gens là se fichaient bien que Rudolf et ses comparses doivent encore vider les caisses, nettoyer les véhicules et s’occuper des bêtes. Nooon, tout cela était au-delà des considérations de ces grandes gens.

Pris d’un élan de courage, le conducteur s’avança vers la scène au centre de l’attention, prenant tout de même garde à gommer son mécontentement pour afficher sa face de parfait petit employé. Tout du moins ce qu’il était possible de faire lorsque l’on avait le physique peu gracieux du garçon.

« S’cusez-moi. Pas qu’le spectacle d’un...Baron ? »

Le petit homme eut l’air d’hésiter sur le titre de ce jeune noble qui avait traité cette affaire en plein milieu des marais, comme si c’était plus urgent qu’une possible quatrième attaque de fangeux. De plus près, le garçon respirait la noblesse et l’autorité, pas étonnants que ces poltrons de miliciens l’aient écoutés.

« Qui est d’venu Capitaine d’la milice du jour au lendemain, soit pas incroyable. J’vous assure qu’la fouille, l’intervention des tuniques vertes, la gentille p’tite fille qui va aller à l’ombre et qui tire la larme à l’oeil des prêtresses...tout ça c’est génial. Mais j’ai un pli important à vous donner M’dame la Baronne avant qu'on puisse enfin manger un truc chaud. »


Rudolf fouilla l’intérieur de sa sacoche pour en retirer un pli impeccable et le tendre vers la Baronne. Le sceau apposé sur le courrier, sans armoiries certes mais avec un P calligraphié, suffit à convaincre les gardes qu’il n’y avait à priori pas de danger pour la maîtresse des lieux et que l’information était sérieuse.

« Ma p...Dame Priost elle vous a donné des caisses d’armes de la famille Martel pour Sombrebois. Elle a une offre importante à vous faire, z ‘avez le détail là-dedans. Et elle a dit que j’suis à vot’ disposition le temps que j’suis là et pour lui ramener un courrier aussi si jamais. »


Rudolf attendait, le bras tendu, qu’on le déleste de sa mission, avant de pouvoir terminer son travail et enfin, finalement, il pourrait se reposer.

Lettre de Théodora:
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Almère
Almère



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyVen 3 Fév 2023 - 11:02
Installé à l'arrière d'un chariot cahotant, avec un sac désormais sien, Al' vit approcher Sombrebois d'un œil fatigué et teinté d'un soulagement encore hésitant. S'ils laissaient certainement les fangeux derrière eux, d'autres menaces pouvaient attendre ici. Alors que tombait doucement le jour et qu'un vent frais venait se marier au temps nuageux, ils franchirent le portail éventré du fort. Il vérifia le paquetage une dernière fois, avec une précaution qui ne lui était pas familière, et il se laissa tomber du chariot.

Les voyageurs s'avancèrent rapidement et il resta en arrière, dévisageant la femme qui les accueillait. Le visage pâlot, trop peu vêtue pour la saison, elle semblait physiquement mal assurée et mentalement proche de décréter une exécution qu'elle appliquerait elle-même. En la voyant jeter un regard qu'il imagina sombre à un milicien qui montait la garde à ses côtés, Almère ne put empêcher l'image de la Baronne soulevant une hache de bourreau de se frayer un chemin au cœur de son esprit. Il haussa un discret sourcil amusé, bien que son air reste sombre. Les circonstances se prêtaient mal à la légèreté, et il s'y prêtait encore moins.

Alors que le discours prenait fin et qu'il s'apprêtait à rejoindre la petite pour lui rendre ce qui restait de ses affaires, le nobliau qui s'était pompeusement installé à ses côtés se mit à beugler quelques ordres. Almère serra les dents, incrédule. Sale crevure. Il jeta un bref regard vers Gaël, mais comprit que ce dernier n'avait pas le pouvoir d'arrêter tout cela. Avoir assumé le rôle de meneur officieux des miliciens durant la fin de leur trajet n'y changerait sûrement rien. Les hommes, obéissants, se tournèrent vers les arrivants pour les fouiller, tandis que deux ordures s'emparaient de la gamine.

Quoi qu'il se passe avec elle, il ne pouvait pas l'abandonner. Malgré cette résolution, malgré le sale caractère dont les marques ornaient encore ses phalanges, il était bien conscient de la situation. Il ne gagnerait rien à déclencher une rixe et même s'il avait souhaité le faire, ses chances étaient inexistantes.

Sa carrure de buffle pourrait lui permettre, un bon jour, de passer deux verdâtres. Même s'ils étaient fatigués, il faisait aujourd'hui face à plusieurs dizaines d'entre eux Et le Baron. Nobliau ou pas, il lui donnait l'impression de savoir jouer de son épée. Sans l'avoir vraiment vu en action, dans le chaos de la lutte contre les fangeux, le scélérat restait méfiant. Ses tripes se tordaient, un nœud furieux écrasant son ventre alors que quelques tremblements nerveux, dus à la colère autant qu'à la fatigue, couraient à travers ses bras. Mais malgré toute cette discrète démonstration de colère, il ne fit rien.

Alors il regarda, tendu, la petite disparaître après que le riche bâtard lui eut vociféré quelques mots au visage. Gaël et Louisa se plantèrent devant la dame, sûrement dans une valeureuse tentative de négociation, pendant qu'Almère écrasait d'un regard noir le milicien qui était venu lui demander de rentrer dans la ligne. Les yeux qui lui répondirent balbutiaient simplement que le type faisait son travail, alors il trouva, avec difficulté, un peu de patience pour le vert et se rangea dans le rang.

Lorsque vint son tour, le responsable de sa fouille s'étonna à peine un instant du contenu sobre et inattendu de son sac, le laissant aussitôt passer. La journée avait été longue, et en l'absence d'armes ou de marchandises suspectes, un ruban de soie, un petit cheval de bois et un vieil anneau couvert de crasse et de boue ne marquèrent pas son esprit. Quelques instants après qu'Almère ait pris la direction de l'auberge, avec un regard assassin vers le Baron, il avait déjà été oublié par l'homme d'armes.


Dernière édition par Almère le Sam 4 Fév 2023 - 18:42, édité 1 fois
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Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyVen 3 Fév 2023 - 14:58


L'espoir d'un temps de paix
Rosen feat les volontaires



Il est parfois des moments étranges, troublants. Des moment déroutants où l’on peut passer du tout au tout en l’espace de quelques secondes. Alors que j’ai envoyé la petite Mérédith demander le jeune milicien, le baron de Tourbière s’est avancé rapidement, me rendant largement mon sourire et mettant un genou à terre devant moi, dans le sol boueux, pour me prodiguer un baise-main plus que gênant mais que je n’ai pas eu l’affront de refuser malgré tout.

Derrière moi, même le baron a pu entendre de discrets rires étouffés et l’agitation moqueuse difficilement contenus. Ces maudits miliciens… n’arrêteront-ils donc jamais ?! Le baron préféra les ignorer – nul doute qu’il les a entendu de si près – et poursuivre sur sa lancé en me flattant lourdement, nous faisant peut-être bien passer pour deux idiots. Mais qu’importe…

« Vos manières sont... toujours des plus charmantes… », ai-je soufflé d’une voix un peu trop faible, inclinant ensuite la tête comme le voudrait la bienséance.  

C’est là que tout a soudainement basculé.

D’une personne gracieuse et bienveillante, le voilà qui change soudain de visage, se muant sans crier gare en une personne inflexible et autoritaire. Un masque, deux visages.

Sacré contraste, et certainement un peu sensible à sa flatterie séductive, je me figure qu’il pourrait peut-être faire un bon baron pour Sombrebois. Mais ce n’est pas vraiment le moment de penser à ce genre de choses.

Le présent me rattrape rapidement. Fouiller les arrivants avec lesquels il a voyagé des jours durant ? Arrêter... une petite fille ?! La situation m’échappe complètement encore une fois – ce n’est après tout pas comme si je l’avais souvent eu en main – mais je commence à en avoir assez que tout le monde s’amuse à commander à ma barbe sur mon domaine. Le baron en fait trop. Beaucoup trop, certainement, dans la première facette comme dans la seconde.

Il va jusqu’à intimider la petite dans un regard féroce, sans la moindre pitié à son égard. La vraie question est de savoir ce qu’il a bien pu se passer pendant ce trajet. Devant mon incompréhension, il m’explique discrètement que cette fillette est un assassin et que je suis probablement encore en danger. Un assassin ?! Par Etiol ! C’est une petite fille…

« Cette enfant ?
réponds-je abasourdie. Mais ce n’est qu’une petite fille ! »

Le baron ne supporterait pas de me perdre. Mais depuis combien de temps nous connaissons nous ? Combien de fois nous sommes nous vus ? Un ? Deux mois ? Une fois ? Soit il abuse un peu trop de l’étiquette, soit quelque chose m’échappe réellement. Et cette gamine… Oh bien sûr, je suis bien placée pour savoir à quel point on peut facilement utiliser un enfant pour ce genre de besognes.

Vol, ruse, amadouage en tous genres. Mais ça ne reste qu’un instrument. Le vrai assassin serait au dessus. La main qui dirige. Je ressens une angoisse me saisir brutalement, mais je la refoule si vite que je n’ai pas le temps de la comprendre. Je ne veux pas la comprendre.

Le haut de ma poitrine me gratte horriblement, mais je fais de mon mieux pour l’ignorer. Les rougeurs suintantes sont revenues avec force depuis un bon moment et j’ai perdu tout espoir de les voir disparaître, même si les onguents de Marie-Ange ne marchaient pas trop mal au début.

C’est à ce moment là qu’un con de milicien s’approche à pas rapides et je manque de peu de le rembarrer, mais je remarque à la dernière seconde qu’il s’agit de mon invité. Il vient prendre part à l’histoire, prenant plus précisément la défense de l’enfant farouchement. Derrière lui, l’une des prêtresses fait de même.

Je regarde la petite fille qui se fait déjà entraîner par des miliciens et dont le regard effrayé cherche désespérément de l’aide. Je soupire, levant le regard vers le ciel comme si les Trois pouvaient subitement régler le problème.

Je suis tellement fatiguée…

« Pourquoi tout est-il toujours si compliqué... », marmonné-je sur un ton désespéré, presque inaudible.

J’aimerais juste fuir loin. Si loin ! Et ne plus rien avoir jamais à gérer.

« Stop », ordonné-je le plus fort possible.

Mais j’ai à peine le temps d’arrêter ces crétins de miliciens qu’un type s’approche à son tour. Allons bon ! Est-ce que tout le bourg va décider de s’en mêler ?! Comme les miliciens interpellés me regardent comme des idiots, je leur fait signe de l’index d’attendre.

« VOUS, vous restez-là. »

Le nouvel arrivant se permet carrément de faire du sarcasme à l’encontre du baron avant de s’adresser à moi pour me remettre une lettre en m’expliquant qu’une certaine Priost m’offre des armes venant des Martel. Bigre…

Je tends la main au prix d’un effort pénible afin de récupérer le courrier.

« Je vous conseille d’éviter le sarcasme envers un baron, mon brave,
dis-je avec le peu d’autorité dont je suis capable vu mon état. C’est juste une recommandation dans votre intérêt. Je vous ferai parvenir sous peu une lettre avec mes meilleurs remerciements pour Dame Priost. En attendant, vous pouvez disposer. »

Je me retourne finalement vers la ribambelle de miliciens qui se gausse toujours derrière moi.

« Vous, allez donc aider à décharger les caisses au lieu de vous marrer comme des godiches ! »
 

Ils s’exécutent donc de façon plus ou moins disciplinée et je range le parchemin dans un pli de ma robe et je prends une profonde inspiration lasse avant de me lever pour m’approcher à pas lent des deux miliciens qui tiennent toujours la petite fille.

« Je ne permettrai pas qu’une petite fille soit traitée de la sorte, à plus forte raison s’il se trouvait y avoir méprise quelque part. »


Mon regard se baisse sur la fillette qui n’a pas fière allure. Un assassin, ça ? J’en ai vu des assassins. J’ai vu cette lueur dans leurs yeux. Pas dans les siens.

« Elle est terrorisée... », fais-je signaler, indignée.

Non, décidément, elle n’a absolument rien d’un assassin. Cela dit, je ne peux pas prendre le risque de la laisser vadrouiller en liberté s’il se trouvait qu’elle avait effectivement pour mission de me tuer moi, mon fils, ou qui que ce soit dans ce bourg. Je n’ai pas le choix, et ce quel que puisse être mon envie. La sécurité du bourg avant tout.

Un coup d’œil à sa joue me laisse apercevoir qu’elle est enflée et qu’il y a un bleu énorme. Je sers la mâchoire.

« Et en plus, elle est blessée. » 

Mes jambes tremblent. La chaleur monte. La nausée aussi. Je ne vais pas pouvoir rester debout encore longtemps. J’aurais aimé avoir plus de temps et plus de force pour gérer cette situation, mais je vais devoir retourner à l’intérieur et essuyer probablement, encore, les diverses moqueries comme quoi je suis incapable de gérer quoi que ce soit. Bien évidemment.

« Qu’on l’amène au temple et qu’elle soit installée de façon décente dans une chambre. Qu’on lui permette de se laver, de se sustenter et d’être soignée. Elle restera sous l’étroite surveillance de la milice le temps que cette affaire soit tirée au clair, avec l’interdiction formelle de quitter la chambre. Deux gardes à sa porte suffiront. » 

Je demande ensuite discrètement à Mérédith revenue près de moi d’aller demander une robe à Nadia pour la captive. Sa robe me semble bien juste, et dans un piètre état. Au moins, Nadia est un peu plus grande qu’elle. Mérédith file rapidement donner suite à ma requête.

Je regarde la prêtresse qui se tient près de la petite rousse et qui semble contenir un élan protecteur envers elle.

« Prêtresse, vous pouvez rester avec elle et lui tenir compagnie si vous le souhaitez. »

Puis je regarde le milicien aux yeux bleus, commençant à éprouver des signes de plus en plus prononcés d’épuisement et de malaise.

« Souhaitez-vous aller quelques instants veiller sur votre amie avec un collègue ? »


Bon, ‘veiller’ sur elle… c’est idiot, ce n’est pas totalement ça et le mot est maladroit, presque hasardeux et je ressens une certaine culpabilité. Il y a une nuance entre veiller sur une personne et veiller à ce qu’elle ne quitte pas une pièce. Au fond de moi, je suis désolée de lui infliger ça et de l’inciter à repousser son repos de la sorte, mais quelque chose me fait penser que c’est ce qu’il doit préférer. De mon côté, je serais plus tranquille si je savais qu’elle ne serait pas laissée aux mains brutales de tous ces miliciens stupides et j’espère qu’il va accepter.

« Je vais essayer de régler ça au plus vite... l’informé-je doucement. Vous pouvez bien entendu venir vous reposer directement si vous le préférez. »

Je n’ai pas réellement le pouvoir de la tirer de son merdier s’il s’avère qu’elle a vraiment prévu un attentat. Tout ce que je peux faire si c’est le cas, c’est veiller à ce qu’elle soit bien traitée en attendant sa sentence.

Je me retourne vers le baron en lui adressant un fragile sourire, reprends une grande inspiration, lourde. Mais déjà, je peux sentir que je ne suis plus totalement là, que le monde qui m’entoure est en train de perdre sa consistance.

« Sombrebois a eu son lot de spectacles ces derniers temps. Allons parler de tout cela à l’intérieur. »


Ma vision vacille. J’ai un de ces vertiges... Ma voix est devenue pâteuse tout comme ma bouche. J’essaie de ne pas paniquer, de ne pas m’écrouler. Il faut que je tienne encore quelques secondes. Juste quelques secondes... le fort est juste à quelques pas. Une fois en tête à tête l’intérieur, je pourrais me permettre de m’allonger quelques minutes sur le canapé. J’ai chaud… si chaud…
Cette bouffée de chaleur est insupportable. Et si jamais je gerbe devant tout le monde, je ne vous raconte pas…

Je me permets d’envoyer lentement la main pour lui prendre le bras dans un geste presque hésitant, mais je pense pouvoir me le permettre au vu de toute la galanterie dont il a fait montre à mon égard. L’ombre d’un instant, j'aperçois un homme nous regarder de travers avant de s’éloigner.

« Cet homme barbu, là-bas…
demandé-je. Était-il avec vous ? Son regard m’a paru… hostile… »

Si ça se trouve, c’est la personne qui s’occupe de la gamine dans l’ombre et qui devait s’assurer qu’elle m’ait bien assassinée. Le malaise s’intensifie et je me hâte d’avancer malgré ma faiblesse pour me mettre à l’abri dans la relative sécurité du fort. Si ça se trouve aussi, il n’est juste pas d’accord lui non plus avec la décision du noble.

Mais je n’ai rien à voir. J'ai même fait au mieux pour la petite...


Spoiler:




Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Sam 4 Fév 2023 - 22:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptySam 4 Fév 2023 - 21:14
Un grand nombre de miliciens avait obéi au Seigneur, malgré l’agacement et la fatigue qui gagnait les deux côtés, à savoir les gens d’armes et le petit peuple. Aloys savait donner les ordres, et hormis le fait qu’il fut né et élevé pour émettre ceux-ci, lui-même les avait reçus par le passé sous un autre alias. Toutefois, bien peu de personnes le savait parmi la milice, car ceux qui eurent connaissance de cette histoire n’étaient pour la plupart plus de ce monde.

Ces mêmes miliciens qui pouffaient de rire précédemment, s’activaient à la tâche pour s’en débarrasser au plus vite. Ce jeu auquel il s’était prêté quelques minutes plus tôt avait fait son effet, créant un semblant de proximité et de complicité avec la maîtresse des lieux aux yeux de tous. Ils n’étaient en vérité aucunement proche, mais aucun n’était assez informé sur leur relation, pour voir à travers la duperie. Peut-être étaient-ils plus effrayés à l’idée de ce que cette dernière leur réserverait en cas de plainte. Qui sait…

Au-delà de cette habile ruse, le jeune noble était honnêtement heureux de voir la Baronne saine et sauve. Lorsqu’ils s’étaient tous les deux rencontrés pour la première fois, il était reparti avec conviction qu’aucune autre personne n’était capable de mener Sombrebois vers la prospérité. Sans doute eut-il été impressionné par la bonne tenue des lieux à l’époque. Depuis, il associa le prénom de la Baronne à celui de son bourg, comme s’il ne s’adressait à qu’une seule et unique entité. De ce fait, ses paroles, bien qu’enjôleuses en apparence et possiblement source d’ambiguïtés, étaient en réalité à prendre avec du recul : en (bourg de) Sombrebois, il voyait (forteresse de) Tourbière ; en Rosen ou son défunt mari, il voyait lui-même. Autrement dit, l’accomplissement de la récupération d’un bien perdu. Cet espoir de récupérer un jour le reste de son héritage… Il ne pouvait pas se permettre de le perdre, il ne le supporterait pas.

L’opinion d’Aloys, concernant la capacité de la Baronne à gouverner Sombrebois, avait-elle changée en raison des récents évènements ? Pas vraiment, du moins, avec l’information limitée qu’il eut reçue. Malgré la bataille, l’endroit demeurait toujours debout, l’espoir et la motivation prévalaient dans le cœur des hommes. Cependant, le jeune noble espérait en savoir davantage sur la manière dont la maîtresse des lieux allait gérer cette situation de crise. Cette détresse était pour lui l’opportunité de découvrir la réelle personne se cachant derrière la Veuve, et de se faire ainsi sa propre opinion.

Aloys haussa le sourcil lorsque la Baronne souligna le fait qu’il ne s’agissait qu’une enfant, lui qui avait jadis vu des moutards poignarder pour quelques sous dans les sombres ruelles de la capitale. Allait-elle oser contester sa décision devant tous, sans la moindre discrétion ? Lui, qui venait pourtant de lui donner de la crédibilité dans son moment de faiblesse ? Tout semblait indiquer le contraire, jusqu’à ce que l’un des miliciens au visage familier décida à pointer le bout de son nez dans cette affaire.

Le Baron de Tourbière reconnaissait visiblement le petit homme qui avait voyagé, combattu bravement à ses côtés et dont la fureur se lisait dans les yeux. À sa surprise, le nabot aux yeux bleus s’adressa à lui avec contenance et politesse. Il faisait part d’un professionnalisme exceptionnel, une qualité rare de nos jours. Toutefois, Aloys demeurait inflexible face à ce discours, qui selon lui, débordait d’hypocrisie.

« Et pourtant, vous le faites en ce moment-même. » (discuter les ordres), répondit-il sèchement à son interlocuteur, le regardant pleinement de haut. « La gentillesse, n’est-elle pas une arme redoutable ? », suggéra-t-il ensuite pour le faire méditer. « Quoi qu’il en soit, vous avez tort, l’affaire vient juste de commencer. ». Le garçon était bien trop crédule pour être complice, selon Aloys. Maintenant qu’il y pensait, celui-ci ne semblait pas non plus connaître l’enfant avant leur départ de la cité.

Il remarqua ensuite la présence d’une prêtresse aux côtés du milicien. Celle-ci le regardait avec insistance depuis un moment, le suppliant avec ses yeux. Évidemment, la femme de foi allait ouvrir le bec pour implorer le seigneur, une réaction attendue, considérant la proximité des deux individus pendant le trajet. Était-ce la nourrice de l’enfant ?

« Exactement, il serait inintelligent d’agir imprudemment, après tout ce que nous avons traversé. Ne soyez point inquiète, prêtresse, l’enfant sera libérée le plus rapidement possible. En partant du principe qu’elle coop-… », répondit Aloys, avant d’être interrompu par la Baronne qui ordonna l’interruption de l’arrestation.

Allait-elle remettre en question son autorité, ses ordres, devant tous ? Lui qui agissait dans le meilleur intérêt de la Couronne et de Sombrebois. Ingrate. Il s’apprêtait à protester, lorsqu’un gueux l’approcha, le coupant dans son élan. Aloys reconnut l’homme, il s’agissait de l’un des conducteurs de chariotes. Il mit du temps à déchiffrer le baragouin du petit homme, qui s’empressa de remettre un pli à la Baronne. Il ne comprit que pleinement la situation quand cette dernière lui recommanda de cesser son sarcasme à l’avenir. Sa réponse suffit, et le jeune noble préféra garder le silence pour ne pas s’abaisser à cette beauferie qui fit rire quelques miliciens. Pendant ce temps d’arrêt, son regard croisa notamment celui d’un individu barbu particulièrement haineux qui l’observait dans l’ombre, mais il décida d’en faire abstraction pour le moment.

Sous l’attitude désapprobatrice d’Aloys qui croisait désormais les bras, la Baronne de Sombrebois se mit à plaider à haute voix la défense de la détenue, sacquant la crédibilité du seigneur. Méprise quelque part ? Sous-entendait-elle que le Baron pouvait s’être trompé dans cette affaire ? Qu’il n’était pas digne de confiance ? Que les paroles d’un seigneur ne valaient plus rien face à la populace ? La terreur était le seul moyen de lui faire cracher la vérité, et maintenant la Baronne s’apprêtait à traiter l’enfant comme une invitée d’honneur. Il n’était pas étonnant que Sombrebois ait brûlé, que les hommes sous le prétendu joug de la bonne femme lui riaient au nez. Décidemment, cette décision lui resterait au travers de la gorge. Son sang bouillonnait face à cette humiliation, mais il décida de briser le silence pour ne point s’écraser et montrer par la même occasion quelconque faiblesse.

« C’est votre jour de chance, semblerait-il. Remerciez donc la Baronne pour sa clémence. », dit-il d’une voix dure, la déception lisible sur son visage. « Ce collègue sera celui-ci. », poursuivit-il en pointant du doigt un milicien (Hubert) qui s’approcha d’eux. Il s’agissait de l’homme au crâne rasé qui s’en était pris à l’enfant quelques heures plus tôt. Le Baron de Tourbière désigna cet individu spécifique, car il était peu probable que celui-ci ne fasse partie du coup monté se préparant dans l’ombre. « Et ce n’est point négociable. », finis-tu, adressant un regard insistant et grave à la maîtresse des lieux.

La Baronne de Sombrebois invita ensuite le seigneur à échanger en privé à l’intérieur du fort et ils s’éloignèrent donc de la foule. Pourquoi n’avait-elle pas fait cela avant ? Avant de discuter ses ordres devant tous. Le noble avait désormais adopté une attitude plus défensive et plus distante à l’égard de la dame. Il ne lui rendait plus le sourire, et lorsque celle-ci tenta de lui attraper le bras pour l’inviter sur le canapé, il dissimula ses mains derrière son dos pour lui refuser cet honneur. Lorsqu’elle le sonda à propos de l’individu barbu qui lui avait précédemment jeté des regards assassins, il lui répondit néanmoins avec la même gravité.

« Cet homme est suspect, potentiellement dangereux et armé. Cela dit, je ne sais point quelle relation il entretient avec cet enfant qu’il défend avec véhémence depuis le début du convoyage. Il est tout à fait possible que celui-ci tire-t-il les ficelles dans l’ombre, ou bien il peut tout simplement s’agir d’un détraqué sexuel. », spécula-t-il, debout, refusant toujours de s’asseoir aux côtés de son interlocutrice. « Pour votre information, il a abattu un milicien mordu à mains nues, vous auriez dû voir son visage... Ce fut d’une extrême violence. Peut-être devriez-vous l’envoyer dans les geôles pour cette nuit. Il ne doit pas nous échapper, ni être en contact avec l’enfant, car s'il s'avère effectivement coupable, il pourrait vouloir s'en prendre à vous, ou faire taire notre détenue maintenant que son plan est compromis. Si vous préférez dormir sur les deux oreilles… Bien entendu. ». Aloys sortit de sa giberne la fiole pour la présenter à la Baronne de Sombrebois. « Ce poison faisait partie des possessions de l’enfant. Toutefois n’ayez crainte, vous ne risquez rien tant qu’il est entre mes bonnes mains. À moins qu’il n’existe d’autres exemplaires… dans les mains d’un second individu moins bien intentionné, présent ici, À Sombrebois… », dit-il en rangeant l’objet.

« Doublez les gardes, interceptez l’individu pour cette nuit... La décision vous appartient bien évidemment. Une chose est sûre, nous devrions interroger l’enfant au petit matin. », suggéra-t-il habilement. « Si vous voulez bien m’excuser… Je suis épuisé. Que l’on me dirige vers ma chambre, et que l’on m’envoie cette prêtresse pour traiter mes blessures et m'apporter le souper. ». Il avait enduré les douleurs depuis un moment maintenant, et il espérait pouvoir prendre un peu de repos avant de se replonger dans cette affaire.



Hubert:


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Gaël de Conques
Gaël de Conques



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyDim 5 Fév 2023 - 23:58
La servante des trois qui prit place à ses côtés conforta Gaël dans sa décision. Qui de mieux qu’une femme qui voue sa vie aux Trois pour prouver le bon comme le mauvais ?

Le baron le regardait de haut, seul son titre le distinguait de lui, certes, il était d’une noblesse plus grande que l’avait été Gaël, mais si la perte de son titre lui avait bien fait réaliser quelque chose, c’est que nombre de sang-bleu avait depuis longtemps perdu toute noblesse d’âme.

Il n’allait pas s’écraser devant cet homme qui portait son titre en guise de bouclier, un bouclier qu’il ne levait pas à la défense des faibles. Gaël, lui, méprisait la suffisance du Baron, il resta silencieux, porté par l’idée qu’il défendait le serment du chevalier et la volonté des dieux.

La baronne exténuée finit par soulager l’angoisse qui commençait à creuser son cœur, d’un ordre ferme, mais avec peu de voix, elle ordonna à l’escorte de Margaux de s’arrêter.

Impatiemment, Gaël attendait son verdict, malheureusement une nouvelle personne vint les interrompre. Bien que le bougre ne semblait pas penser à mal, il avait l’air de simplement avoir hâte de retrouver un peu de confort comme eux tous, il usa de sa présence la patience déjà bien érodée de tous.

Gaël ne retint pas grand-chose de la conversation, une histoire de commerce, d’armes et de Priost. Rien dont il avait à se mêler de toute façon, cela concernait la baronne.

Quand elle en eut fini avec le nouvel arrivant, elle se leva de sa chaise pour aller à l’encontre de Margaux. Elle ne laissa pas paraître la douleur qui la traversait, Gaël s’en doutait à peine et s’il avait su, il n’aurait certainement éprouvé que du respect.

Rosen ne le désappointa pas, il aurait préféré que l’on écarte la jeune fille de tout soupçon, mais il n’était pas aussi naïf qu’on voulait le croire, les accusations étaient bien trop graves. Il se plia sans rien dire à la décision mesurée de la baronne.

Il fut rassuré par ailleurs d’entendre Louisa se faire offrir une place aux côtés de Margaux, et enfin la demande suivante de la baronne, le surprit d’autant plus.

Il était si fatigué, il comprenait que Rosen lui faisait là un cadeau, et même si elle n’avait pas donner d’ordre en tant que baronne, il était difficile de refuser sans passer pour un idiot. Après tout, il était lui-même intervenu en faveur de Margaux.

Il jeta un œil à la petite fille, se préparant mentalement à ce que les prochaines heures soient pénibles.

«-Me reposer ? Non, baronne. J’apprécie votre offre, mais j’accepte volontiers de garder l’enfant comme vous me l’avez proposé. Je ne vous décevrais pas.» Il salua son ordre, comme tout milicien.

C’est ce moment que choisit le baron pour montrer encore une fois sa vile nature. Il désigna Hubert pour seconder Gaël dans sa tâche. Il observa le baron, se demandant si celui-ci était bien sérieux, et il n’était pas le seul, les deux autres miliciens, toujours autour de la petite fille, se demandaient la même chose.

Le baron espérait-il le punir de cette façon d’avoir osé contredire sa petite démonstration de pouvoir ?

À vrai dire, Gaël n’en avait cure, avec le conseil de discipline qui attendait Hubert, celui-ci se tiendrait certainement à carreau, plus que n’importe quel milicien ici.

«-Hubert. Vous avez entendu les ordres?» S’assura Gaël en voyant le chauve avancer.

«-Bien sûr. À vos’ordres messire.» Lécha-t-il les bottes du baron, espérant certainement que celui-ci pourrait témoigner en sa faveur plus tard, le plus triste, c’était sa voix quasi éteinte pendant qu’il confirmait l’ordre.

«-Ne vous inquiétez donc point, baron. Vous pouvez vous reposer sans craintes. Malgré la marche et la fatigue du combat, nous surveillerons de près la jeune fille sans faillir.»

Les paroles étaient sorties avec un tel professionnalisme qu’il était difficile de reconnaître si la pique était vraiment présente et voulue. Un reste des rencontres mondaines qu’il avait tant fréquenté à une époque avait possiblement refait surface sans qu’il ne s'en rende compte.

En-tout-cas, il ne laissa que peu de temps pour y réfléchir. Il salua le baron, puis la baronne, malgré sa rapidité d’exécution pour ne point les retenir, il essaya de glisser un sourire amical et reconnaissant à l'intention de Rosen.

«-Nous vous relevons, camarades.» Dit-il alors qu’il s’éloignait du beau monde pour rejoindre Margaux.

Les miliciens ne discutèrent pas, trop heureux d’échapper à la corvée.

Soucieux de bien faire, il plaça tout de même fermement sa main autour du bras de Margaux, juste en dessous de son épaule. Les ordres étaient les ordres, au moins cette façon de faire lui permit d’aider l’enfant à marcher pour l’emmener jusqu’à ce qui serait, nouvellement, sa cellule.

«-Allons-y, mademoiselle.»

La douceur de sa voix contrastait avec la fermeté de son visage, le ton trahissait un pardon déguisé, que personne à part Hubert et Margaux ne purent entendre.

Il jeta rapidement un œil en arrière, pour s’assurer que Louisa les suivait et n’attendit pas plus longtemps pour exécuter la demande des nobles.
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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyLun 6 Fév 2023 - 20:09
Louisa serra les poings dans les plis de sa robe. Les paroles de Gaël ne semblaient pas avoir atteint le Baron, que du contraire. Le milicien pensait qu’il était toujours question d’un vol mais plus la scène se déroulait devant ses yeux, plus elle était persuadée qu’il y avait quelque chose d’autre derrière les accusations d’Aloys.

Les quelques mots que le Baron lui adressèrent étaient presque rassurants et elle était pendue à ses lèvres, pleine d’espoir, quand il fut interrompu par la Baronne. Oh… Peut-être que son espoir était ailleurs. Elle avait craint que la Baronne si fatiguée ne soit pas en état d’intervenir ou que, si elle l’était, elle prenne le parti de l’autre sang bleu.

L’un des conducteurs de chariots intervint alors et la jeune prêtresse dut se retenir de s’offusquer à voix haute. Le malotru était parvenu à insulter à peu près toutes les personnes présentes en quelques phrases… Elle ne pleurait pas ! Enfin, pas encore… L’expression du Baron ne lui échappa pas, pas plus que celle de la Baronne qui remit l’employé des Priost à sa place.

L’intervention de la Baronne de Sombrebois était providentielle. Enfin quelqu’un avec un peu de bon sens. Louisa commençait certes à se dire que qu’il y avait quelque chose de louche avec Margaux et sa fiole mais de là à envoyer une petite fille en prison ?

La prêtresse se trouva satisfaite des instructions de Rosen. Margaux serait mise aux arrêts mais elle serait au moins traitée correctement.

« Merci, Madame la Baronne. Merci beaucoup… », fit-elle, sans insister toutefois. L’état de la Baronne paraissait se dégrader de minute en minute et elle ne souhaitait pas s’imposer plus que nécessaire. Elle trouvait pourtant important de manifester sa gratitude. Margaux serait peut-être enfermée mais Gaël et elle pourraient lui tenir compagnie et s’assurer qu’elle récupère un peu du voyage.

Et puis, il avait fallu qu’il en rajoute ! Elle s’apprêtait à se diriger vers le Temple et faillit se faire mal à la nuque en tournant brusquement la tête vers le Baron de Tourbière pour voir qui il désignait. Mais était-il fou ? Ce cinglé de milicien avait frappé Margaux, clairement proféré des menaces de mort à son encontre et les aurait certainement attaquées toutes les deux sans l’intervention d’Almère ! Louisa ouvrit la bouche pour protester mais quelque chose dans l’expression du Baron l’arrêta. Il paraissait encore plus inflexible que lorsqu’il avait ordonné l’arrestation de l’enfant. Son indignation et la peur que lui inspirait cette décision devaient se voir sur son visage, mais Lou tenta de le masquer le plus vite possible pour Margaux. La pointe de soulagement qui avait fait son apparition aux précédents mots d’Aloys et suite à l’intervention de la Baronne s’était évanouie et un poing se serra autour de son estomac.

La jeune prêtresse tenta d’accrocher le regard de la petite Margaux alors que Gaël l’attrapait par le bras, essayant de masquer sa nervosité et de lui adresser un sourire rassurant. C’est tout sauf l’esprit tranquille qu’elle emboita le pas des miliciens qui emmenaient l’enfant au Temple, en bordure de la place.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyMar 7 Fév 2023 - 23:49


L'espoir d'un temps de paix
Rosen feat les volontaires



Alors que j’ai tenté de lui prendre le bras en me figurant qu’il en faudrait bien un deuxième, le baron l’a refusé sans un mot. Bien… ce n’est pas grave. Je souris toujours. Il peut bien bouder s’il le souhaite, je ne suis pas là pour me faire apprécier mais pour faire ce que j’ai à faire, et cela passe par appliquer la justice quand il le faut.

C’est ce que faisait Hector chaque fois qu’il en avait l’occasion, de faire que les choses soient justes. Et préserver ses terres et son peuple, c’est ce que je continuerai à faire tant que j’en aurai le devoir. Certes l’enfant n’est pas Sombreboisienne, mais vous avez suivi l’idée… Je n’ai jamais permis que l’on fasse de mal à un enfant par ailleurs, devoir ou pas.

C’est aussi ce qu’Alaric aurait voulu. Et pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’avoir vraiment bien fait. J’ai pu voir l’extrême reconnaissance dans les remerciements de la prêtresse, j’ai pu voir la reconnaissance dans le bref sourire de Gaël. Un jour peut-être, un pas devant l’autre, j’arriverai à tout changer, à m’extraire de cette influence maléfique et à avoir un peu de considération.

Pour sûr, le petit noble impétueux a encore bien du chemin à faire. Je ne me suis pas opposé à son désir de choisir le second milicien évidemment, même s’il l’a imposé d’une façon peu courtoise et que celui-ci a une sale trogne. Je fais confiance à Gaël.

Ainsi donc, j’avance lentement vers le fort, laissant mon invité me devancer rapidement.

« Je vous en prie… c’est juste à droite. J’arrive. »

Je vais y arriver, je dois juste respirer profondément… le regardant disparaître vers le petit espace aménagé en salon, je prends appui sur le mur de l’entrée quelques secondes. J’ai envie de m’asseoir par terre… mais si je fais ça, je ne me relèverai pas. Je dois avancer.Je peux le faire, du nerf ! Je reprends l’avancée à pas lents, mais chaque pas me fait dire que je ne vais pas y arriver. Que je vais m’écrouler…

Je vais y arriver ! Je suis Rosen, une battante ! Rien ne me mettra jamais à terre !

Non, je ne vais pas y arriver… la main cherchant un appui à ma droite pour me permettre de tenir, je finis finalement par m’écrouler en avant sur le canapé pour me vautrer de tout mon long.

« Ah, ce maudit tapis… je me prends toujours les pieds dedans. »


Aucune crédibilité, mais probablement un restant ridicule de fierté mal placée. Je me redresse pour m’asseoir convenablement, espérant que je n’ai pas fait sauter les points dans la chute. Bordel, ça fait mal. Le baron de Tourbière lui, reste debout un peu plus loin et commence à me raconter les faits en me renseignant sur le bougre nous ayant regardé de travers. Moi, j’essaie de récupérer mon souffle.

« Et lui, n’avez-vous donc pas pensé à le faire arrêter ? Vous venez de parler d’un meurtre concret, tout de même. »

Épatant. Bien sûr, il est toujours plus facile de faire arrêter une petite fille sans défense qu’un homme dangereux.

« Et aucun milicien ne l’a arrêté pendant le convoi ? Peut-être n’a-t-il fait qu’abréger les souffrances d’un camarade voué à une mort certaine ? Je n’ai pas l’identité de votre brute, baron, alors je vous laisserai le soin de demander vous même son arrestation à la milice sans plus tarder pour ce meurtre s’il s’agit bien d’un meurtre. Si ce n’est point le cas, alors je vous demanderai juste de le faire surveiller. On n’arrête pas quelqu’un pour un simple regard de travers, malgré des suspicions à l’égard de la personne. »

J’ai l’impression d’avoir beaucoup de choses à lui expliquer… c’est usant. Ça reste mignon, mais usant. Je n’ai juste pas le temps d’éduquer un garçon belliqueux.

Lorsqu’il sort soudain un flacon de poison pour me le montrer, mon visage se fige l’ombre d’un instant et mon sourire s’atténue fortement. Du poison, encore… combien de fois va-t-on me brandir du poison sous le nez ? Une angoisse incompréhensible remonte à nouveau. Ah, juste une petite gorgée et tout serait enfin terminé. Si Edwige ne m’avait pas arrêtée la dernière fois, ce serait déjà réglé. Mon sourire finit tout de même par revenir.

Doubler la garde ? Il est mignon. Tous les effectifs sont déjà en alerte et en fonction.

« Sans même vous laver ? demandé-je en haussant un sourcil amusé lorsqu’il demande à aller dans sa chambre. Vous êtes… plein de boue. »

C’est à ce moment là que Pénélope arrive avec deux plateaux d’amuse-bouche.

« Vous pouvez ramener cela en cuisine Pénélope. Un invité est retenu au temple et le baron de Tourbière souhaite aller dans sa chambre se reposer sans plus attendre.

- Mais il doit d’abord se laver ! s’exclame Pénélope de son air toujours aussi maternel. Je vais lui faire couler un bain tout de suite ! »

J’ai un petit rire trop faible pour s’exprimer, mais non moins décelable.

« Bien sûr qu’il souhaite prendre un bain avant ! Il a beau être plein de boue, ce n’est quand même pas un cochon ! »

Pénélope repart comme je reporte à nouveau mon attention sur lui, mon amusement toujours visible. Lui, il n’est pas le moins du monde amusé. Toujours aussi mignon cet air sauvage...

« Veuillez me pardonner si je vous ai offensé en tempérant votre décision. Vos inquiétudes concernant Sombrebois me touchent et je vous en remercie sincèrement. Je gage qu'un bon bain vous fera du bien, vous avez passé des jours difficiles et avez bien besoin de vous détendre un peu. J’espère tout de même que vous mangerez avec nous. »

La barbe, il serait bien drôle que la baronne qui s’est fait planter la semaine dernière fasse l’effort de manger à table et que l’invité aille bouffer tout seul dans son lit.  

« Je vous propose d’aller en cuisine vous sustenter avec ce qu’a préparé notre gouvernante en attendant que votre bain soit prêt. Pour la chambre, vous pouvez prendre la même que la dernière fois, à moins que vous ne préfériez la chambre d’ami attenante à la mienne. Elle est sans nul doute plus confortable, mais les pleurs de mon fils risquent de troubler quelque peu votre sommeil. Je vous laisse choisir celle que vous préférez et vous souhaite une excellente fin de journée. Dès l’aube, nous irons interroger cette enfant. »

Je prends une grande inspiration avant de me lever. Si Pénélope me voit, elle va encore m’engueuler pour tous les efforts physiques que je fais.

« Baron ? l’interpellé-je comme il quitte le petit salon. Quand on a fini d’écraser tout le monde, à la fin, on se retrouve seul. Soyez bienveillant. »

J’incline poliment la tête pour ponctuer mon conseil. Libre à lui d’en faire ce qu’il veut.  


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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: [Quête] L'espoir d'un temps de paix    [Quête] L'espoir d'un temps de paix  EmptyMer 8 Fév 2023 - 10:25


Margaux de Piana, un peu à l'écart de l'attroupement, sursauta de surprise, tandis qu'un ordre retentissant figeait son escorte sur place. Ils se retournèrent, s'approchèrent d'un pas, assez pour capter des bribes de conversation.

L'enfant sentit son cœur bondir d'espoir tandis que la prêtresse et le milicien la défendait, mais baissa bien vite les yeux. Ses épaules se mirent à trembler toutes seules sous l'effet de la tension, et elle dut retenir une envie si violente de faire pipi qu'elle manqua une bonne partie de la décision de la baronne.
Mais elle ne fut pas étonnée de voir s'approcher Gaël et Dame Louisa. Le premier remplaça une de ses escortes ; la deuxième lui offrit un sourire de commisération, alors que le redoutable enfoiré, Hubert, lui prenait l'autre bras avec plus de violence, lui écrasant la main sans pitié au passage. Il fallut alors reprendre la route, non plus en direction des geôles, mais du Temple cette fois.

Mais elle savait bien que ça ne voulait rien dire. Une prison restait une prison, mais elle se fit la réflexion ironique le seigneur Aloys devrait certainement payer lui-même plus cher les conditions de détention de sa propre cousine.

Ce fut cependant fort bref. Elle se sentait si épuisée, si confuse dans ses pensées qu'elle avait plus de mal encore à marcher ; avant qu'elle ne s'arrête brusquement en chemin, frappée d'une pensée subite. Elle manqua de tomber, car les deux adultes continuaient de marcher, et l'entrainaient malgré tout, trottina maladroitement entre leurs bras solides.

Le mercenaire allait-il donner ses affaires à la garde ? Allait-on découvrir la deuxième fiole de poison, le ruban de soie qu'elle gardait précieusement depuis si longtemps ? Nul doute que le malandrin allait s'enfuir avec - ce qui, malgré la perte sentimentale et pécuniaire, ne manquait pas de la soulager un peu. Ce serait autant d'armes que son cousin n'aurait pas contre elle, et qui ne les conforteraient pas dans l'idée qu'elle était une voleuse.

Allait-elle mourir ? D'une certaine manière, Margaux s'en trouvait presque soulagée. La petite fille n'en pouvait plus, autant mentalement que physiquement ; et trouvait réconfortante, d'une certaine manière, l'idée que son âme ne puisse être mangée par le démon. Alors, elle trouverait la paix près de papa et de maman...
Une grosse larme emplie de souffrance roula sur sa joue hâve, alors qu'elle jetait de brefs coups d'oeil à Gaël. L'ami de sa famille. Son ami.

L'étendu de ses pêchés l'emplit d'une honte écrasante, et elle se laissa entrainer à l'intérieur du bâtiment dans un silence soumis et hébété.

Les Dieux accepteraient-ils son âme malgré tout ?
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