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 Petit cours d'espionnage industriel

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Mélisende Perrault



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MessageSujet: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyLun 23 Jan 2023 - 14:14
21 décembre 1166
Soirée
Taverne du cochon qui pète, le Goulot

«-Vingt pièces de cuivre ?! On m’avait dit qu’c’était l’tarif pour la journée ça!» M’écriais-je outrée par le prix.

La brute qui surveillait notre négociation fit un pas en avant, je retirai donc mes mains de la table qui servait de bureau au Sanglier, le chef des rabatteurs, et me raclai la gorge pour me montrer calmée. Le Sanglier fit un petit signe à son subalterne qui reprit sa place comme le bon chien-chien qu’il était.

«-Une fin après-midi entière c’long Mélisende. Et j’fais pas d’prix à l’heure.» Répondit-il en fermant toute possibilité à la négociation.

J’aurai eu tellement de moyens de trouver quelqu’un pour remplacer la petite, sûrement quelqu’un de plus pratique, mais fréquenter Margaux était une part essentielle de mes plans. Déjà, j’avais toujours une promesse à tenir vis-à-vis de mon père, et de plus si tout allait bien, d’ici quelques années l’enfant pourrait devenir une ressource intéressante pour mes affaires.

«-D’accord. Mais dans c’cas là j’la ramènerai pas avant le lendemain après-midi. Si j’paye pour une journée, j’compte bien la garder une journée.»

«-Tant qu’tu m’l’abimes pas.» Répondit cet arnaqueur, quel hypocrite quand on voyait dans quel état était la petite noble par sa faute. Avant de faire la leçon aux autres, il devrait déjà commencer par prendre soin de ses affaires lui-même.

«-Ç’va. C’qu’une môme. J’pense encore être capable d’en prendre soin.»

«-C’t’intéressant. J’te voyais pas vraiment mère poule. C’ton mari qu’est chanceux.» Dit-il avec une pointe d’ironie dans la voix qui m’irrita au plus au point.

Il pouvait bien aller se faire foutre avec son petit commentaire, comme si j’en avais quelque chose à faire de pas être mère. J’étais fière moi de pas être une poule pondeuse aux mamelles tombantes, comme si il allait m’atteindre avec si peu. Ça n’empêchait pas pour autant une petite boule d’angoisse de faire son apparition au niveau de mon estomac.

«-Bon marché conclu alors. Envoie la moi au port, pour la fin d’après-midi, après-demain. Et qu'elle soit pas en retard, je l’attendrai l’endroit convenu dont je t’ai parlé.»

Je déposai mon paiement sur la table, qu’il se mit à compter avec lenteur. Je n’allais pas me faire une aussi grosse marge que je l’avais espéré avec cette dépense, je me rassurai en voyant cela comme un investissement. Quand il eut terminé de compter, il me serra la main avant de me faire escorter par sa brute dehors.

23 décembre 1166
Fin d’après-midi
Du côté des entrepôts du port

J’étais arrivée en avance, prête à retrouver Margaux. Je me demandais bien dans quel état elle pouvait être après être restée si longtemps seule entourée de mufles. Le port commençait doucement à se vider de ses travailleurs, les tavernes commençaient à prendre vie, et les catins en tout genre pointaient le bout de leur nez.
Nerveusement, je commençais à me dire que j'aurais dû aller chercher la gamine moi-même. Une petite comme elle, élevée dans la sécurité de son foyer noble, elle n’avait sûrement pas la débrouillardise des enfants des rues. Enfin, la sécurité de son foyer, quand on voit comment ça a fini.

Petit à petit, la lumière du jour faiblissait, bientôt l’entrepôt que je visais serait désert, ou presque. Un des travailleurs nous y attendrait pour nous faire rentrer, à partir de là c’était à nous de jouer, surtout à la gamine en vrai, j’espérais qu’elle serait dégourdie. On allait pas pouvoir traîner longtemps, pour que l’opération soit rentable, il faudrait rapidement trouver des informations croustillantes. J’espérai que ses “nourrices” l’avaient informé de la mission, ça ferait ça en moins.

Me sortant de mes calculs en tout genre, la petite se montrait enfin. Avant qu’elle n’ai à me chercher du regard, je lui fis un signe avant de m’avancer vers elle.

«-B’soir gamine. Tu t’souviens d’moi ?» Lui laissant le temps de répondre, j’en profitai pour juger de son état.

«-T’sais ce que tu as à faire ?» Plus tard les politesses, on avait déjà pas beaucoup de temps devant nous, si elle me répondait que non, je profiterai du petit trajet vers l’entrepôt pour lui expliquer.


Dernière édition par Mélisende Perrault le Lun 17 Avr 2023 - 17:02, édité 1 fois
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyMar 24 Jan 2023 - 21:15


Tous les jours se ressemblaient pour la jeune Margaux de Piana.

Le matin, il fallait se réveiller tôt, aider à préparer le déjeuner, nettoyer la salle de fond en comble, avec les chambres des hommes du gang et celles de leurs catins ; et elle passait ensuite le reste de sa journée à faire des courses ou servir à la taverne.
Quoi qu'il en soit, ce jour-là n'y faisait pas exception, et elle ne pouvait s'empêcher de se trouver heureuse de voir enfin la soirée arriver. Les odeurs de nourriture qui émanaient de la cuisine lui mettaient l'eau à la bouche, et elle allait s'esquiver pour grignoter un quignon de pain, lorsqu'un des bandits la retint par l'épaule, la poussa sans ménagement vers la porte.

Encore une course !

Mais pouvait-elle faire ? La petite fille était bien consciente de sa faiblesse, du pouvoir qu'ils avaient sur elle ; elle prit donc la porte, bien heureuse de n'avoir récolté qu'un coup de pied décoché dans sa hanche pour la faire avancer plus vite.
Peu importait qu'elle ne sache rien de ce qu'elle devait faire - les adultes ne disaient jamais rien, de toute façon. Alors l'enfant se contenta de boiter fébrilement jusqu'au port, se frayant un chemin à travers la populace qui commençait déjà à s'enivrer, alors que le soleil baissait à l'horizon, et arriva finalement à destination, les yeux un peu hagards, sa peau striée de crasse qu'encadrait sa chevelure fauve et emmêlée.

Elle reconnut aussitôt Mélisende, une fille qu'elle voyait parfois au Cochon-qui-Pète, qui l'autorisait parfois à boire un peu de bière en sa compagnie. Bien qu'elle fut comme tous impolie, insolente et inculte, Margaux l'aimait beaucoup pour sa grande gentillesse et les conversations qu'elles partageaient - et elle lui fit un signe de la main, tandis que l'adulte s'avançait dans sa direction.
La gamine se blottit dans sa mince cape grisâtre de laine, lui offrit un grand sourire résolu malgré son épuisement, haussa les épaules.

- "J'me souviens de toi, oui. Mais ils me disent pas toujours s'que je dois faire. Mais t'inquiète pas, je comprends vite, moi. C'est quoi, le travail ?"

La jeune noble déchue savait d'avance qu'il s'agissait d'un travail illégal, potentiellement dangereux, dont elle ne verrait jamais la couleur d'un sou en remerciement de ses services ; mais voulait-elle vraiment être payée comme un membre de ce gang qu'elle haïssait si fort ?
Sans peur, sans espoir d'être prise en pitié, elle dévisagea la jeune femme dans les yeux, en tâchant d'oublier dans un coin de sa tête la douleur lancinante de sa jambe tremblante de fatigue.

Plus tard, elle pourrait se reposer. Maintenant, il fallait rester concentrée, et surtout ne pas flancher.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyJeu 26 Jan 2023 - 2:35
Pas foutu de faire quoi que ce soit correctement. La gamine était dans un pire état que la dernière fois que j’étais allé la voir, c’était à peine si je distinguais la couleur de cheveux qu’elle partageait avec moi sous la crasse qui recouvrait sa tignasse. C’était affligeant, elle devait crever de froid, son apparence était plus terrible que la plupart des gamins des rues que je connaissais. En plus ils n’avaient même pas pris la peine de lui résumer le boulot, quel manque de professionnalisme, à quoi je m’attendais ? Si ce n’était pas pour elle, j’aurais déjà arrêté de traiter avec eux.
Je défis mon propre châle pour le lui poser autour des épaules, une maigre protection en plus contre le froid mais c’était déjà ça, et si la gamine mourrait d’une fièvre je n’aurai pas été plus avancée.

«-Allons-y, j’vais t’expliquer en chemin.» Je posai une main sur son épaule, mon bras dans son dos en guise de vulgaire barrage au froid.

«-On aura pas beaucoup d’temps d’vant nous. F’dra pas trop faire de bordel aussi, tout c’que tu trouves tu le remets à sa place. Tout c’que t’as à faire c’est lire et m’faire signe quand t’trouves un truc intéressant. J’cherche des rapports d’échanges commerciaux, des papiers d’dettes, voir des mots doux s’y en a, quoi qu’ce soit qui vaut l’peine d’être retenu. T’comprends c’que c’est ? T’sauras r’connaitre ? D’toute façon je chercherai aussi, si j’repère un quelque chose qui m’plaît j’te l’passerai.»

Je m’arrêtai devant la porte arrière de l’entrepôt qui m’intéressait pour lui laisser le temps de répondre. Elle n’eut pas beaucoup de temps pour ce faire, quelques instants après la porte s’ouvrit sur un jeune homme.

«-T’es à la bourre Méli. C’fait un moment que j’t’attend.» Commença-t-il la conversation, il semblait plus nerveux que agacé. Il leva un sourcil en repérant la gamine. «Elle fout quoi ici la gamine ?»

«-Tu t’attendais à c’que j’fasse la lecture par l'œuvre des trois ? P’t’être qu’ils m’auraient fait pousser un troisième œil p’dant la nuit.» Ma blague le détendit un peu, il rit même légèrement.

«-C’pas faux. ‘près j’serais pas étonné d’voir qu’t’en cache un dans ton cul.»

Je protégeai les oreilles sensibles de la petite noble en plaquant mes mains sur les côtés de sa tête.
«-Ç’va pas d’dire des trucs pareils devant la ‘tite ? T’veux mon pied aux fesses ?» Je voyais bien qu’à son regard il se demandait depuis quand j’en avais quelque à faire de la politesse devant les enfants. Au lieu de questionner mon attitude, il préféra nous laisser entrer.

«-On a l'entrepôt pour nous. Par contre j’vous préviens les filles, dès que j’viens vous chercher vous virez.»

Avec la luminosité de l’hiver et le peu d’ouvertures sur l’extérieur, l’entrepôt était plongé dans une obscurité lugubre. L’activité bruyante qui y prenait place dans la journée avait laissé place à un calme oppressant. Seule la petite bougie qu’avait allumé notre guide éclairait légèrement l’endroit, faisant prendre forme à des ombres étranges dès que la flamme passait devant l’un des objets entreposés. Notre accompagnateur s’arrêta enfin dans un coin de l’entrepôt qui devait servir de bureau, ici nombre de papiers trainaient, il valait mieux faire attention à ne pas renverser la bougie.

«-Amusez-vous bien.» Dit-il en posant notre seule source de lumière sur une table. Tellement habitué aux lieux, il disparut sans en avoir besoin dans l’obscurité.

«-Prend une chaise p’tite. S’tu dois lire autant qu’tu sois confortablement assise.»

Déjà je m’activais, je n’avais pas beaucoup de temps à perdre et il fallait toujours que je rende ce caprice de ma part rentable. Premièrement je trouvai une deuxième bougie sur l’un des meubles, je l’allumai à l’aide de la première avant de l’enfoncer sur la petite pointe d’un autre bougeoir.
Grâce à cette deuxième source de lumière, j’allais pouvoir fouiller de mon côté, certes je ne savais pas lire mais j’en avais vu assez des papiers de commerce, quand j’avais encore une étale, pour les reconnaître.

Au fur et à mesure, je posais ce qui retenait mon attention, sur la table pour que Margaux puisse le décrypter. Quand j’étais concentrée, je ne parlais pas beaucoup, après un petit temps de recherche je commençai donc à m’inquiéter de savoir si cela pesait à la gamine.

«-Tu trouves des trucs ?» Dis-je entre deux feuilles brouillonnes, surtout pour briser le silence.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyMar 31 Jan 2023 - 11:24


Margaux darda un regard en coin sur la jeune femme tandis qu'elle lui déposait un châle sur les épaules, à la fois surprise et un peu méfiante ; mais le froid mordant la dissuada aussitôt de regimber par fierté mal placée.

En cheminant, son interlocutrice lui expliqua ce qu'elle attendait d'elle. L'enfant n'en fut pas surprise, car elle savait qu'on ne louait pas ses service sans raisons mercantiles derrière : cependant, elle fut rapidement intriguée par ce que Mélisende lui demandait. Ainsi, elle devait servir d'espionne ? Il s'agissait aujourd'hui de lire des lettres et des tas de papiers, même si elle ne savait pas trop ce qu'entendait son employeuse du jour au sujet des mots doux.

- "Je... je sais pas ce que c'est, des mots doux, mais si c'est bizarre ou intéressant, j'vous donnerai tout. Je sais bien lire, alors ce sera facile !"

A peine avait-elle prononcé ces mots que la porte de l'entrepôt auquel elle avait été conduite s'ouvrit, et, comme à l'ordinaire, elle se fit plus petite encore, se plaçant un peu en retrait pour mieux observer le malandrin. Ce dernier ne semblait pas au courant de sa présence, et elle s'avança d'un pas pour tenter de distinguer l'intérieur du bâtiment, quand la jeune femme la saisit, plaquant brièvement ses mains sur ses oreilles. La noble déchue sursauta, surprise, et, une fois libérée, se frotta sa tignasse couverte de poux avec perplexité.
Si le geste avait été bizarre, au moins, elle n'avait pas été frappée, et ce fut sur ces bonnes pensées que la petite fille pénétra à son tour dans l'entrepôt, en réprimant un élan de nervosité.

Les lieux étaient sombres, effrayants, emplis de recoins et de zones d'ombres. Avec la nuit tombante, c'était comme si des fantômes avaient pris possession des lieux, en se terrant derrière les caisses éparses. Sagement, elle grimpa sur sa chaise, près d'une table branlante ; et commença à parcourir les feuillets que l'adulte lui transmettait, en plissant les yeux pour mieux lire, à la lueur de la lune qui se levait et de la bougie.

- "Je... il y a plusieurs reconnaissances de dettes. Apparemment, je crois que c'était un gros parieur. Ils font des jeux d'argent. Y'a une lettre de sa maitresse qui dit qu'elle est enceinte et qu'il doit l'épouser. Euh..."

L'enfant se saisit d'un papier couvert de chiffres. Elle dû mettre quelques minutes à comprendre de quoi il retournait, et, finalement, elle agita la feuille triomphalement.

- "Ils font dans le marché noir. Y'a une réserve de farine et d'autres céréales quelque part, c'est ce qu'ils ont acheté, regarde... tu vois, il y a même des poulets. Ils doivent vouloir vendre la nourriture plus cher. C'est ça que vous cherchiez ?"

Elle avait froid. La nuit s'avançant, la gamine tombait aussi de sommeil, et elle bailla bruyamment, en mettant une main un peu maniérée devant sa bouche, dernier reliquat d'une éducation stricte et attentive.
Espérons que ce soit bientôt fini !

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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyMer 1 Fév 2023 - 23:08
Les mots doux, elle ne savait pas ce que c’était, je ris intérieurement en entendant sa surprise, je lui expliquerai un jour. Une fois où y aura moins de boulot, peut être ce soir si elle n’était pas trop fatiguée après tout ça.



Ma demi-sœur faisait un travail des plus corrects, j’en étais agréablement surprise. C’était un vrai avantage d’avoir quelqu’un qui savait lire, et qui n’avait pas la demie-cervelle de Jean ou de mes autres lecteurs.

«-Des histoires d’grands. C’est comme ça que sont les hommes, dès qu’ils voient une femme à leur goût faut toujours qu’ils y fourrent leur qu-... Qu’ils la séduisent quel que soit les conséquences. Des porcs ma p’tite, méfie toi des hommes.» Essayais-je de l’éclairer sur sa visible hésitation sans me détourner de mes propres affaires. Je reservai pour moi le commentaire que je voulais me permettre à l’égard de notre père, ce n’était pas le moment.

Le bruit du papier agité me fit me retourner, la voilà si fière d’elle d’avoir trouvé une information en or. Ah Margaux, on avait plus en commun elle et moi que le sang semblait-il. Sans même y penser, je lui ébouriffai les cheveux, fière de sa trouvaille.

«-Ahah ! Regarde-toi donc. On peut certainement faire quelqu’chose de toi petiote.»

La pauvre enfant était morte de fatigue, il était temps de rentrer, et j’avais trouvé de quoi déjà largement rembourser sa location.

«-Allons. Rangeons tout ça. J’ai c’qu’il me faut. Pas besoin de tirer sur la corde.»

Je rangeais le dernier papier à sa place dans un soupir, après l’effort, le réconfort et j’avais prévu quelques activités pour Margaux ce soir, non pas que je me souciais particulièrement d’elle, c’était simplement dans le contrat passé avec son père.

«-Y a quelqu’un ?»

La voix à l’autre bout de l'entrepôt me fit me figer sur place, ce n’était pas celle du jeune homme qui nous avait accueilli. Je soufflai les bougies en un tour de main, attrapant Margaux par le poignet pour l’entraîner avec moi. Doucement, avec prudence, je me dirigeai entre les silhouettes sombres des caisses.
Au loin, depuis l’endroit par lequel on était entré, une silhouette promenait une torche, l’homme n’allait pas tarder à nous passer devant. Je récupérai la petiote contre moi en réflexe, m’accroupissant pour me cacher derrière les gros cubes de bois avant de lui couvrir la bouche.

«-Ne dit rien, d’accord ?»

Ma voix était si faible qu’elle n’était qu’un souffle, j’avais plus peur que d’habitude. Quelle horreur, j’avais peur pour la petite. Ce n’était pas une bonne chose pour moi, il fallait vraiment que je travaille sur cette faiblesse.

L’homme commençait son tour, s’attardant sur des endroits de l’entrepôt, si on se faisait suffisamment discrètes, il finirait simplement par repartir.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyVen 3 Fév 2023 - 10:54


Margaux ne put s'empêcher de rougir sous le compliment de son employeuse du jour. Malgré elle, elle aimait bien cette jeune femme vulgaire et au franc-parler plutôt cru ; malgré ses défauts, elle la traitait bien, et l'enfant devinait en elle une profonde gentillesse.

Aussi lui donna t-elle consciencieusement les papiers du truand afin que Mélisende les range à leur place, en se permettant de rêvasser un peu. Mais une idée lui traversa brusquement l'esprit. Pourquoi se fier seulement à sa mémoire pour incriminer un truand ?

Ainsi, elle allait proposer de tout recopier quand un bruit de porte la fit sursauter. Dans la semi-obscurité, la petite fille dévisagea l'adulte dans un regard interrogateur ; mais l'attitude même de cette dernière lui fit plisser le front, tandis qu'elle comprenait qu'il y avait un problème. Elle n'eut pas le temps de souffler sa bougie, et se laissa entrainer par sa demi-soeur derrière un tas de caisse. Les pas se rapprochaient de façon alarmante, et s'il n'y avait eu la main froide sur sa bouche pour étouffer son souffle, il aurait été possible que l'enfant lâche un petit jappement de terreur.

Il approchait encore, et, malgré elle, son petit corps se blottissait contre la seule personne amicale qui se trouvait de son côté, tout en réfléchissant à ce qui se passerait si elles se trouvaient attrapées. Que faire ? Quel mensonge inventer ?

Il fallait obéir. Ne rien dire, ne pas bouger. Elle se tassa plus encore contre Mélisende, se mordit la lèvre pour rester tranquille, faire taire les tremblements qui l'agitaient, sous la terreur - et puis, aussi brusquement qu'il était arrivé, les pas semblèrent s'éloigner. Finalement, un bruit de porte qui se fermait la fit pousser un soupir de soulagement ; et elle se détendit, sans entendre la chaine disposée à l'extérieur afin de sceller l'ouverture face aux intrus.

L'enferma rouvrit les yeux, se redressa un peu, tourna sa tête pour fixer son interlocutrice, avant de murmurer :

- "C'est terminé, il est parti, tu crois ? On va pouvoir partir maintenant...?"

En vérité, la jeune noble déchue était curieuse de savoir ce que la jeune femme désirait faire des informations récoltées - mais ce n'était pas le moment, et elle le savait.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyVen 3 Fév 2023 - 23:44
Tous mes maigres muscles se relachèrent à leur tour, je sentais maintenant la petite fille qui s’était blottie contre moi, comme si j’avais pu la protéger de quoi que ce soit, cela m’arracha un léger sourire tendre, caché par l’obscurité.

Avec douceur je me mis à caresser ses cheveux, un geste qui m’apaisait sûrement plus moi qu’elle.

«-Ouais… On y va. Martin va m’entendre je peux te le dire.»

Il ne perdait rien pour attendre celui-là, il était supposé faire en sorte que la voie soit libre.

Je n’aimais pas particulièrement les imprévus, et je n’étais pas au bout de mes surprises. Me voilà à essayer de tirer vainement sur la porte, mon action ne faisait que produire un son désagréable de grelots. L’enfoiré avait bloqué la porte avec une chaîne.

Martin était supposé repasser nous chercher, mais un doute commençait à s’installer en moi, cet idiot avait intérêt à ne pas nous avoir oublié.

«-Putain de bordel à couilles ! J’vais l'étriper ce-… » Pas besoin de plus de grossièreté devant la petite noble. «Bon… On dirait bien qu’on est là pour un p’tit moment. On va attendre Martin. Pas b’soin d’se faire du mouron.»

Je commençai ma recherche d’un coin où se poser, mon pied butta par la même occasion dans une caisse que je n’avais pas remarqué, ce qui m’arracha un nouveau juron. Avec un peu de colère, suite à la douleur, je récupérai un drap avant de me caler entre deux caisses et de m’en couvrir.

«-T’viens ou tu comptes te geler les miches ?» Dis-je en ouvrant ma couverture improvisée en guise d’invitation. J’attendais qu’elle se soit bien installée à son aise avant de reparler. «T’peux dormir un peu s’tu veux. J’suis pas l’oreiller l’plus confortable qu’t’auras connu d’ta vie mais c’mieux qu’d’bois.»

Ce n’était pas du tout ce que j’avais imaginé pour la suite de la soirée, j’étais obligée de faire taire mon empathie à gros coup de serrage de dents. C’était le sang qui nous liait qui me donnait cette envie de la dorloter ? Il fallait que je me ressaisisse un peu, avant que quelque chose ne me blesse à nouveau.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyVen 10 Fév 2023 - 19:24


Les caresses dans les cheveux fit fermer brièvement les yeux de l'enfant, en soupirant de bien-être.
Les mains douces lui rappelaient celles de maman, et elle s'abandonna à la sensation apaisante, faute de sentir la peur quitter ses entrailles, tant que l'intrus se trouvait encore dans l'entrepôt.

Puis enfin, il partit, les laissant à nouveau seules, et Margaux émit un petit rire bref et nerveux, collant sa comparse en trottant tandis qu'elles se dirigeaient, elles aussi, vers la sortie.
Mais en lieu de place de décamper de cet endroit empuanti, le bruit de chaine et l'obstination de la porte a rester dans sa position actuelle la fit se mordre la lèvre. Oubliée, le petit moment de confort ; sa nervosité refaisait surface, et elle regarda l'adulte, dans l'espérance que celle-ci ait une bonne idée.

Hélas, Mélisende était dans le même état qu'elle. Elle poussa une bordée de jurons fleuris, qui arracha un rire un peu chevrotant à la gamine, qui la regarda se prendre le pied dans une caisse avant de saisir un drap épars pour s'en couvrir les épaules.

La nobliote rougit devant l'invitation.

Elle se sentait un peu gênée d'exposer ainsi ses faiblesses, et se demanda soudain ce que désirait la jeune femme.
Pourquoi la convier à dormir sur elle ? Pourquoi partager une source de chaleur ? De ce qu'elle en savait, les drôlesses n'étaient pas les plus accueillantes, ni les plus généreuses - mais elle ne savait pourquoi, l'enfant se sentait en confiance en sa présence.

Alors, après un instant d'hésitation aisément perceptible, elle finit par se rapprocher de la bâtarde aux cheveux de feu, s'installant sur ses genoux, après avoir déposé ses sabots, pour bien couvrir ses genoux et ses pieds nus.

- "Je n'ai plus vraiment envie de dormir, Mélisende."

Et c'était vrai. Toute cette aventure lui avait donné un coup de fouet ; et elle se sentait présentement bien réveillée.
Elle se rongea un ongle, regarda pensivement autour d'elle, alors que son ventre grondait sourdement sous sa cape.

- "Et si ton ami était mort , Ou qu'il s'était enfuit ? On ferait quoi, alors ? J'veux dire, faudrait pas prévoir... un genre de plan ?"

Elle se mit à y réfléchir, elle aussi. Il y avait bien un genre de grillage, minuscule et en hauteur, de chaque côté du bâtiment, certainement pour l'aération ; mais même si elles arrivaient à l'atteindre, comment faire sauter le cerclage de fer ?

- "On pourrait manger un petit truc, si on trouve quelque chose. Ils penseront peut-être que c'est les rats qui ont tout grignoté..."

L'enfant se cala un peu plus contre l'épaule de sa demi-sœur, lui offrant un sourire timide, et un peu méfiant. Elle restait toujours sur ses gardes, si d'aventure son "employeuse" du moment trouvait son idée trop sotte et décidait de lui en coller une ; mais elle n'avait pas vraiment l'impression que c'était le genre de son interlocutrice.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptySam 11 Fév 2023 - 23:19
Je l’accueillis du mieux que je pus contre moi, elle était une vraie petite boule de chaleur. D’abord gênée, elle avait fini par se laisser aller, je pense même que la situation commençait à lui plaire. Brave petite.

«-Je n'ai plus vraiment envie de dormir, Mélisende.»

Mon nom dans sa bouche, cette commande plaintive mais élégante, ça me fit un quelque chose, une réalisation brève qu'entre mes bras, se tenait mon sang, ma noble de demi-sœur.

«-Oh ? Vraiment ?» Dis-je d’un air taquin en l’encourageant à continuer.

«-Et si ton ami était mort , Ou qu'il s'était enfuit ? On ferait quoi, alors ? J'veux dire, faudrait pas prévoir... un genre de plan ?»

Elle se faisait un peu trop de soucis, partant tout de suite dans des possibilités plus que dramatique, je n’arrivais plus à cacher mon amusement.

«-On pourrait manger un petit truc, si on trouve quelque chose. Ils penseront peut-être que c'est les rats qui ont tout grignoté...»

Mon rire m’échappa cette fois-ci, elle semblait soudainement s’inquiéter plus de son petit creux que de la mort potentielle de mon “ami”.
Profitant de ses pieds sans sabots, j’attrapai avec vivacité l’un de ses orteils pour la surprendre.

«-Miam ! Les rats vont s’régaler.» Après avoir ri un instant à ma farce, je repris une voix plus rassurante. «On va s’en sortir ma grande. T’en fais pas va, soit c’t’abrutit revient, soit j’trouverai bien un truc pour sortir. En c’qui concerne la bouffe… On ira manger un bon repas chaud, une fois sorties d’ici.»

Je la laissai se reposer un peu plus contre moi et après un soupir d’impatience, je lui fis signe de se relever. Bon, la gamine voulait qu’on sorte et j’allais pas attendre après l’autre abruti. Casser une des hautes fenêtres pour sortir, ce n’était pas une bonne idée.

«-T’as parlé d’une planque de contrebande tout à l’heure, non ? Y aura peut-être une sortie. Vient m’aider à chercher.»

En même temps, je rallumais une bougie, voyons, si j’étais une planque de contrebande, où est ce que je me cacherai ?
Certainement en dessous de nous, mais où ?

Je commençais à frapper le sol de mon pied, cherchant au hasard un endroit qui sonnerait différemment.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyDim 12 Fév 2023 - 11:09


Le rire de son employeuse du moment la surprit. Plus encore, la petite fille sursauta lorsque cette dernière lui saisit les orteils, pouffa, gênée, avec un temps de retard, alors que l'adulte faisait semblant les manger.

C'était si doux, si bon de s'adonner aux plaisanteries, à la bonne humeur ! Les yeux clairs de l'enfant brillèrent d'une joie inattendue à la lueur de la lune, rosit à la perspective d'un bon repas chaud. Elle la trouvait si douce, gentille et généreuse qu'elle se détendait petit à petit, et que, malgré la situation, elle arrivait à envisager que ce n'était peut-être pas si grave.
Après tout, l'adulte semblait avoir la situation bien en main - aussi Margaux se redressa docilement, remit ses sabots, et courut à la suite de sa demi-sœur, pour rester à son niveau.

Elle l'observa quelques secondes tâter le sol pour le faire résonner, parcourut l'entrepôt du regard, en essayant de réfléchir.

- "Tu penses qu'il y a un sous-sol..."

C'était même plutôt logique. Il fallait cacher les marchandises illégales, mais pour y accéder, il fallait un endroit à la fois discret et pratique. Tester chaque latte semblait long et vain ; même si c'était une solution qui donnerait forcément des résultats.
Elle s'assit par terre, en tailleur, continua de regarder autour d'elle pensivement.

Qu'aurait-elle fait si elle était un des membre de cette organisation ? Où aurait-elle placé leur planque ?

D'un pas plutôt lent, malaisé, la petite fille revint au bureau, testa les lattes en se servant d'une de ses chaussures ; sortit du petit espace, considéra les caisses et le mur plâtré à la va-vite. Elle se mit à quatre pattes, chercha à soulever le tissu sale qui recouvrait la caisse. Découvrit la rainure, en écarquillant ses yeux.

Un profond sentiment de victoire l'envahit, un peu irrationnel, et elle se percha douloureusement sur ses genoux pour crier, dans la direction de la jeune femme :

- "Je crois que j'ai trouvé une ouverture !"

La noble se remit debout, essaya de pousser la caisse, ne réussit à la faire bouger que de quelques centimètres. Elle était déjà en nage, le souffle court - clairement, elles n'étaient pas prêtes de partir, en admettant seulement qu'il y ait véritablement une issue au sous-sol de l'entrepôt, bien entendu...
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyDim 12 Fév 2023 - 23:36
«- Tu penses qu'il y a un sous-sol...»

Elle captait vite la petite, ça me faisait ressentir une pointe de fierté à l’idée que quelqu’un qui partageait mon sang soit au moins à demi aussi malin que moi. Je lui adressai donc, éclairée par la lueur de la bougie, un clin d'œil accompagné d’un sourire.

«-T’as tout compris, p’tiote.»

Margaux s’était mise à réfléchir, et elle échappa à ma vue rapidement, comme si elle avait eu une idée lumineuse, curieuse de voir où cela la mènerait je la suivais.

Ce n’était pas une mauvaise idée du tout de chercher près du bureau, tel un maître observant son élève, je la regardai mener son initiative à bien.

«- Je crois que j'ai trouvé une ouverture !»

La soudaine trouvaille me surprit tout de même, elle avait été rapide, je m’approchai et lui ébouriffai les cheveux.

«- Ah ! Je savais que j’pouvais faire quelque chose de toi !»

Le compliment m’échappa, il n’avait rien de suspect et pourtant sa raison d’être n’était pas innocente. J’avais si souvent pensé à l’enfant et imaginé quel genre de personne pouvait être ma petite sœur dont j’avais maintenant la charge, et je n’étais pas déçue. Elle était vive, courageuse et méfiante. Elle me ressemblait, petite.

«- Bien… J’vais essayer.»

Je lui tendit notre source de lumière pour avoir les mains libres. Malheureusement, la caisse était bien trop lourde pour moi aussi, à quoi je m'attendais ? J’avais ici la preuve que j’avais littéralement la force d’une fillette mal nourrie.

«- Bon… Aide-moi un peu. À deux, on devrait finir par y arriver.»

J’attendis qu’elle soit prête avant de donner le compte à rebours, après plusieurs poussées à l’unisson, nous avions enfin dégagé la trappe.
Nous étions en train d’essayer de récupérer notre souffle à deux, mais j’avais du mal à contenir un petit rire d’amusement.

«-On fait la paire, toi et moi. Pas vrai ? R’garde ça. J’suis sûre qu’à nous seules, on pourrait s’faire un fangeux.»

Allons bon, il ne nous restait plus qu’un dernier effort, soulever la trappe. L’opération fut plus facile, bien qu’elle nous obligea à respirer un nuage de poussière.
Je toussais encore un peu alors que je reprenais la bougie en main pour descendre le raide escalier qui menait tout droit vers le sous-sol sombre de l’entrepôt.

«-F’bien attention à tes pieds, va pas tomber.»

Je m'étais presque habituée à l’ambiance lugubre de l’entrepôt vide, le sous-sol lui, c’était une autre histoire.
D’une superficie bien plus petite que son étage supérieur, il contenait aussi bien moins de choses. Même le marché noir était aujourd’hui affecté par le manque de produit.
Je continuais ma marche prudente dans le couloir de marchandise, attrapant au passage la main de ma petite sœur pour la rassurer.
Je ne tins pas longtemps le beau rôle de la brave grande sœur, un bruit de cliquetis sur du bois suivit d’un cri inhumain me fit sursauter vivement, m’arrachant un petit cri de surprise.

«-Côôôôôt ! Côôôôôôt !»

J’avais placé Margaux dans mon dos pour la protéger, un instinct qui ne me ressemblait pas, et comme si je ne me sentais pas déjà suffisamment honteuse de ma réaction, le monstre qui l’avait causé rendait la chose encore plus ridicule.
Putain de poulet. Il agitait sa tête entre les barreaux de sa cage de bois à la lueur de la flamme de la bougie, nous observant de ses yeux d’animal stupide.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyLun 13 Fév 2023 - 15:52


Margaux dessina un grand sourire fier sur sa bouille enfantine.

Elle n'avait pas eu autant de compliments depuis si longtemps qu'elle se tortilla de plaisir, rougit, détailla brièvement des yeux son employeuse. Cette dernière semblait quelqu'un de sympathique malgré ses activités, qu'elle appréciait de plus en plus.

La lanterne dans les mains, l'enfant attendit patiemment que l'adulte ait d'ailleurs poussé la caisse. Mais cette dernière semblait terriblement lourde, et elle vint docilement se placer à côté de Mélisende pour faire sa part. Après avoir déposé la source de lumière sur le côté, elle tente de donner toute sa force, et s'étala de tout son long lorsque l'objet cubique glissa enfin, révélant la trappe. Celle-ci s'avérait être bien visible, désormais ; et en se redressant, la gamine fit soigneusement la place, afin que l'adulte puisse l'ouvrir.

Elle s'y aventura avec précaution. La main dans celle de la rouquine, elle découvrit une pièce lugubre, emplie de ténèbres que même leur lampe avait du mal à percer. Dans l'ombre, la petite fille devinait des rats, des insectes répugnants - toute une vie gluante et silencieuse qui devait s'épanouir à l'abri des regards. Elle frissonna, et ne put s'empêcher de pousser un petit cri suraigu, tandis que le plancher craquait, et que la protectrice improvisée la poussait sans ménagement derrière elle.

Un bruit animal explosa presque à leurs oreilles.

Un poulet !

Son chant fit monter, instinctivement, un rire de soulagement, libérateur ; gai et cristallin, empli d'une innocence où résonnait son soulagement.

- "Ce n'est qu'un joli petit coq... On pourrait... "

Hm. Il serait délicieux en diner. Un bon bouillon, de quoi manger plusieurs jours avec sa chair délicieuse, et même des plumes à vendre, pour les chapeaux des dames... Et s'il y avait une poule, elle pourrait manger des œufs. Tous les jours...
Elle en eut l'eau à la bouche, et tenta d'approcher tout doucement l'animal, avant de se figer. Et si le gardien revenait ? Et si quelqu'un se trouvait caché ici, dans l'ombre ? Et si le Démon...

Le sourire de l'enfant disparut, et elle souleva la lanterne avec plus de gravité.

- "On doit sortir. Oh, attend, il faut fermer la trappe !"

Sinon, ils sauraient que d'autres s'étaient introduits dans leur repaire, et une enquête minutieuse pourrait bien les conduire jusqu'à elles ...

- "Attends-moi, hein, Mélisende..."

Vite, la gosse revint sur ses pas, grimpa l'escalier à plus moins quatre pattes, après avoir grimacé sous le fracas de la trappe qui semblait sceller leur passage, regagna sa place auprès de la bâtarde de son père.

- "Bon... je suis prête. Tu penses que s'il y a une sortie, ce sera encore caché ? Ils doivent avoir peur de la milice, mais si j'en étais au point de fuir par ici, je ne voudrais pas avoir à faire trop d'efforts pour m'en sortir plus vite. T'en penses quoi ?"
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyJeu 16 Fév 2023 - 19:11
Il était bon de rire dans ce genre d’instant et bien que je me retenai un peu plus qu’elle, son rire était contagieux.

- "Ce n'est qu'un joli petit coq... On pourrait... "

Pauvre petite, son estomac devait crier famine pour lancer ce genre de regard à un poulet, c’était bien loin d’être digne de son sang de noble. Je lui posai une main sur l’épaule pour l’inciter à patienter.

«-Bientôt Margaux. J’t’ai promis un repas et j’compte pas te la faire à l’envers.»

Décidément, cette enfant pensait bien. J’allai pour fermer la trappe moi-même avant qu’elle ne me coupe l’herbe sous le pied. On avait peut-être un avenir ensemble elle et moi.

- "Attends-moi, hein, Mélisende..."

«-Mais oui ! J’vais pas partir sans toi.» Je lui répondis d’une voix faussement exaspérée.

Une fois de retour à mes côtés, je repris sa main dans la mienne, anxieuse à l’idée de la perdre dans tout ce bazar.

- "Bon... je suis prête. Tu penses que s'il y a une sortie, ce sera encore caché ? Ils doivent avoir peur de la milice, mais si j'en étais au point de fuir par ici, je ne voudrais pas avoir à faire trop d'efforts pour m'en sortir plus vite. T'en penses quoi ?"

Je pensais exactement à la même chose, je restai silencieuse le temps de prendre en compte tous les éléments dans ma réflexion.

«-C’est une bonne piste…»

Il valait mieux que j’évite d’ajouter le fait qu’il n’y avait potentiellement aucune sortie, je n’avais pas envie que la gamine se remette à paniquer. Une sortie pour échapper à la milice, c’était possible, mais pas seulement. Je fermai les yeux pour me rappeler les alentours de l’entrepôt. Qu’est-ce qui dans ma mémoire sortait de l’ordinaire ?

Les images qui parcouraient ma tête, s'arrêtèrent sur une charrette. Pourquoi une charrette ? C’était bien la question que je me posais, pourquoi une charrette serait-elle disposée à cet endroit-là, alors qu’il n’y avait aucun moyen de sortir des marchandises de ce côté-ci de l’entrepôt. Ou peut-être au contraire, y en avait-il un.

Je me mis à regarder autour de moi, essayant de me repérer dans l’espace, refaisant notre trajet depuis que nous étions entrées dans le bâtiment. Je commençai à avoir une idée plus ou moins précise de là où pouvait se trouver notre potentielle sortie.

«-Par là-bas.»

Je ne pressai pas la marche, la laissant se faire à son rythme à elle, la pauvre devait souffrir avec son genou. Nous avions délaissé notre ami le poulet pour se mettre à chercher la fameuse sortie.

Finalement, la délivrance, une trappe servant à accueillir des marchandises et à les sortir se trouvait juste au-dessus de notre tête. Il ne restait plus qu’à trouver un moyen de l’ouvrir.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyLun 20 Fév 2023 - 11:53


L'adulte approuva son idée.

La petite fille en éprouva un sentiment de fierté un peu étrange, comme si se voir reconnue pour une fois, ouvrait une petite porte sur son passé. c'était un peu idiot ; mais sa mère, bien que sévère, lui souriait toujours quand elle faisait quelque chose de bien. Père aussi la félicitait, et c'était alors des instants qui illuminaient toujours sa journée.
Aujourd'hui, c'était un peu pareil. Malgré sa tension, elle offrit un sourire à la rouquine à travers l'obscurité, hâta son pas branlant pour trouver plus vite la sortie, se laissa guider jusqu'à une paroi, où l'adulte s'arrêta.
Comment cette dernière avait-elle trouvé la sortie si facilement ? Impossible à dire, bien que l'enfant fut prise d'un accès de curiosité ; car elle savait bien que ce n'était pas vraiment le moment de poser des questions.

Il fallait résoudre le dernier problème : comment ouvrir cette trappe en hauteur ?

la jeune noble regarda autour d'elle. Elle s'approcha d'une caisse, la poussa contre le mur, grimpa dessus et tendit la main ; mais elle se trouvait seulement, en gros, à la hauteur de Mélisende. Elle descendit alors avec précaution, fit glisser une autre caisse, avec difficulté, en ignorant son genou qui criait grâce, essaya de soulever la charge, y parvint avec l'aide précieuse de l'adulte.
Désormais, elle se sentait toute essouflée ; mais ce n'était pas terminé.
Elle se plaça sur la pointe des pieds pour atteindre l'ouverture ; fit glisser maladroitement le loquet de bois sur lui-même, regarda l'ouverture s'ouvrir.

- "Mélisende, il faudrait encore une caisse de plus. Mais je me demande pourquoi c'est si haut. Ce n'est pas très pratique, pour faire transiter les marchandises. J'ai peur qu'on se fasse mal en retombant derrière, dans la rue. Peut-être qu'il y a une charrette... Tu veux y aller d'abord ?"

Il pleuvait doucement à l'extérieur, de ces bruines douces, chaudes et parfumées d'été - même si celle-ci charriait surtout l'odeur du crottin, des déjections humaines et de la crasse des passants.

Malgré tout, elle était soulagée de quitter l'entrepôt, quand un bruit, en haut, la fit sursauter. Aussitôt, elle vint saisir la main de sa grande sœur, retint son souffle, s'obligea à la lâcher, pour ne pas sembler faible. Néanmoins, la petite fille ne put s'empêcher de murmurer :

- "Je crois qu'il y a quelqu'un en haut. Mélisende... il faut y aller. Tout de suite. S'ils nous voient..."

Que pourrait-il bien se passer ? Elle ne tenait aucunement à le savoir !
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel EmptyJeu 23 Fév 2023 - 20:05
J’en avais marre de tous ces efforts, ce n'était pas pour moi le travail physique. Au moins, maintenant, on pouvait atteindre notre sortie sans trop de soucis, le pire ça restait qu’on allait devoir se hisser par la trappe.

- "Mélisende, il faudrait encore une caisse de plus. Mais je me demande pourquoi c'est si haut. Ce n'est pas très pratique, pour faire transiter les marchandises. J'ai peur qu'on se fasse mal en retombant derrière, dans la rue. Peut-être qu'il y a une charrette... Tu veux y aller d'abord ?"

J’attrappai un long bâton pour pousser sur la trappe afin qu’elle s’ouvre, maintenant que Margaux avait poussé le loquet, c’était une opération des plus faciles. La pluie commençait à nous arriver dessus accompagné d’un nuage de poussière provenant du sol, ce qui me provoqua une quinte de toux.

«- J’suis assez grande pour passer, à deux ça l’fera. Bordel p’tiote, on est en dessous du sol là… On va rien sauter du tout, l’trappe est dans l’sol d’la rue. T’connais pas les poulies non plus ?»

À quoi ça lui servait de savoir lire si elle ne pouvait même pas faire une simple déduction d'notre position dans l’espace ? Ah les nobles, même les plus malins ne le sont pas vraiment, il faut croire. Je pris place à ses côtés sur la petite caisse. Ma tête était juste à la bonne hauteur pour pouvoir enfin apprécier l’air frais de l’extérieur, je pouvais voir à un mètre ou moins de nous la fameuse charrette qui m’avait donné cette idée. Par contre j’avais parlé trop vite, il allait nous falloir effectivement une autre caisse, j’aurai trop de mal à me hisser.

La petite main me sortit de mes pensées avant le bruit, elle n’avait pas tort, il fallait qu’on se dépêche.

«- J’vais trouver un truc, attends-moi là.»

Me voilà à chercher dans les environs tout ce qui pourrait nous faire gagner un petit peu de hauteur, je pense que je n’étais même pas capable de soulever la petite s’il le fallait.
Je cherchais désespérément, un putain de tabouret auquel il manque un pied, les bruits de pas se rapprochaient pendant ce temps, une caisse trop lourde et trop grosse, toujours plus près…

À nouveau des bruits de pas, mais cette fois, ils étaient tout près, une silhouette projetait son ombre sur Margaux depuis le haut de la trappe. Je récupérai le long bâton alors que le visage se penchait pour nous regarder, je manquai de peu son œil, lui arrachant un “Aïe putain de merde !”.
Je reconnaissais la voix, et sûrement que si la gamine n'avait pas des fuites de mémoire, elle avait dû reconnaître sa tête que j’avais manqué d’éborgner de peu.

«- Bordel de merde Martin ! T’étais où ?! Aides nous à sortir abruti !»

L’homme qui nous avait fait rentrer auparavant s’exécuta, offrant son bras à Margaux pour la hisser, elle d’abord hors de cet entrepôt sinistre.

«- J’ai eu un empêchement, p’is quand j’suis re’vnu j’vu qu’la porte avait été bloquée… J’pas pensé à ça. D’habitude l’gars il revient pas vérifier à c’t’heure là…»

J’en aurais eu des choses à dire, heureusement pour lui ce n'était pas le moment, je voulais juste me casser avec la petiote avant que les inconnus d’en haut ne décident de venir fouiller leur planque de contrebande.

«-Côôôôôt ! Côôôôôôt !»

Cria ce satané emplumé alors qu’on le laissait à son triste sort, c’était peut-être un au revoir, ou peut être bien des insultes. Bref, je n'allais pas rester tailler le bout de gras avec un poulet, il était temps de prendre la fuite.
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Petit cours d'espionnage industriel
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