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 Petit cours d'espionnage industriel

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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyLun 27 Fév 2023 - 15:21


Margaux serra un peu ses lèvres.

Bien que l'adulte ne l'ait pas insulté et ne se soit pas moqué d'elle, elle comprit aussitôt qu'elle s'était montrée sotte. Évidemment, elles se trouvaient en sous-sol : il était donc logique qu'elles parviennent au niveau de la rue, en se hissant par l'ouverture.
Elle émit un soupir, regarda la rouquine ouvrir la lucarne, grimaça pour elle, tandis qu'un courant d'air rabattait la pluie et la poussière sur elle ; et l'enfant s'attela également à la tâche de trouver des caisses faciles à déplacer, afin qu'elles puissent s'échapper.

La petite fille ne put répondre. Etaient-ils au-dessus d'elle, ou bien tout près du bâtiment ? Elle se sentait un peu perdue, et elle commençait à chercher une cachette des yeux lorsqu'elle se figea devant l'ombre d'un adulte, qui se découpait sur la flamme de la bougie qu'il devait tenir en main. Elle chercha une arme des yeux, n'importe quoi ; mais déjà, Mélisende avait agit plus vite, et balançait un bâton sur la silhouette inconnue.

Son petit cœur battait si vite qu'elle avait l'impression d'étouffer - puis une voix masculine, légèrement familière, retentit à ses oreilles. Elle relâcha sa respiration, se mordit les lèvres, en dessinant un sourire plus joyeux - en tout cas soulagé.

Martin. Il s'agissait du complice de la jeune femme, qui l'aida à se hisser par la trappe. Elle lui adressa un sourire reconnaissant, s'adossa au mur trempé de pluie tandis qu'il aidait la rousse à sortir de l'entrepôt.
Elle ne fit guère attention aux caquètements du poulet, et, sans hésitation, se remit en route en suivant docilement les deux adultes, soulagée de s'éloigner du piège dans lequel elles s'étaient trouvées enfermées.
Bien sûr, c'était l'heure de rentrer à la taverne, mais, pour une fois, la gamine se sentait plutôt bien. Cela n'avait pas été une mauvaise soirée de travail ; en tout cas, cela n'avait rien été de difficile.

Elle boitilla aussi vite qu'elle put à la suite des deux personnes, avant de s'arrêter à un carrefour qui menait à la taverne.

- "Tu diras Au Sanglier que j'ai fait du bon travail, n'est-ce pas, Mélisende ? J'ai pas fait de bêtises. On se reverra la prochaine fois là-bas ?"
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Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyJeu 2 Mar 2023 - 17:35
La pluie aurait presque pu devenir agréable tellement j’étais heureuse d’être sortie. Martin s'occupait de fermer la trappe alors que je tirais désespérément mes vêtements dans une tentative désespérée de me protéger de la pluie.

J’avais sermonné Martin un petit moment avant que la discussion ne retrouve son calme, nous étions en train d’échanger sur la vie du port quand la petite voie de la jeune fille se fit entendre.

- "Tu diras Au Sanglier que j'ai fait du bon travail, n'est-ce pas, Mélisende ? J'ai pas fait de bêtises. On se reverra la prochaine fois là-bas ?"

La gamine se préparait à partir, je claquai mes bras le long de mon corps, complètement désabusée par l’idée.

«- Par les couilles d’un fangeux. J’payé une journée, ça fait à peine quelques heures. J’t’ai dit qu’on allait manger, alors on va manger. Maintenant, ramène tes fesses et arrête de tirer une tronche d’enterrement.»

Je lui fis un signe de main pour qu’elle revienne à notre hauteur, vraiment les gamins, comme si j’avais envie de discuter de son destin sous la pluie à cette heure-si. En plus, on était attendu, et déjà suffisamment en retard.

Martin finis par nous quitter alors que nos chemins se séparaient, nous prenions la direction des rues du Goulot, à cette heure-ci il valait mieux ne pas trop traîner, alors je pressais un peu plus l’enfant en la prenant par la main.

Une petite bicoque paumée dans le quartier nous attendait, de la lumière passait à travers les vitres crasseuses, la vision suffisait presque à nous réchauffer.
La pluie avait redoublé d’intensité, et je n’attendis pas longtemps pour frapper à la porte.
On pouvait toujours compter sur Hélène pour ouvrir la porte rapidement, elle fronça les sourcils à notre tenue, mais nous épargna ses commentaires sur le moment pour nous faire rentrer au sec au plus vite.

Hélène, depuis sa naissance les dieux n’avait pas été tendre avec elle, son physique disgracieux datait de sa naissance. Sa peau semblait presque tomber de ses os, particulièrement sa joue droite qui pendouillait, l’aspect de son corps la vieillissait terriblement.
Avec un tel physique repoussant, elle gagnait sa vie en gardant la marmaille des catins du coin, une sorte de nourrice du goulot.
L’ambiance de la bicoque avait quelque chose qui appelait à la tendresse, même chez moi. L’odeur d’un bon repas chaud qui nous attendait, les trois autres enfants présents ce soir qui s’occupaient sagement et l’attitude toujours bienfaisante d’Hélène, une belle peinture.

«- Z’êtes en retard. Feriez mieux d’vous sécher un peu. La p’tite se lavera après l’repas. Henri, va chercher d’quoi s’essuyer pour les invités.»

«-Oui ! M’dame Hélène !»

Henri était bien plus jeune que Margaux de quelques années, plutôt vif pour son âge tout de même. Le plus grand ici, ça devait être Gautier, onze ou douze ans d’après ce que m’avait dit sa mère et la dernière enfant, elle n’avait que trois ans et jouait sans bruit avec une poupée de chiffon.

«- Pardon… Les aléas du travail.»

Hélène était une de ces femmes qu'il valait mieux respecter, quand on est peu gâté par la nature comme elle, c’est que nos atouts sont bien plus dangereux que la simple beauté. Heureuse de m’entendre m’excuser, elle ne chercha pas plus loin et se contenta de retourner s’occuper du repas.

Henri était déjà revenu avec un tissu rêche mais propre pour chacune d’entre nous, il décocha un sourire auquel il manquait des dents à Margaux, il était heureux de pouvoir se rendre utile auprès d’une potentielle nouvelle camarade de jeux.

«- Gautier, rends toi utile et mets la table.»

Le garçon grogna un peu, mais il s'exécuta avec minutie. Je pris place à table, m’essuyant toujours les cheveux, j’offris un sourire à ma demi-sœur, l’invitant à faire ce qu’elle souhaitait de cette situation.

M'dame Hélène parle en #D1963E
Henri parle en #cccc00
Gautier parle en #cc6633
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyVen 3 Mar 2023 - 21:48


La petite fille fit attention à ne pas laisser paraitre ses émotions à la rouquine.

Elle se contenta d'acquiescer, intriguée à l'idée de la suite de la soirée. Que voulait-on lui faire faire, cette fois, et qui nécessitât une nuit entière ? Certes, Mélisende voulait lui offrir à manger ; mais ce n'était probablement que le début d'un travail qui devait être long et fastidieux. Brièvement, elle songea aux filles qu'on voyait la nuit avec des hommes, comme à la taverne du Cochon qui Pète, ou dans les rues du Goulot - et elle fixa, aussi discrètement que possible, des yeux méfiants sur sa nouvelle connaissance.

Poliment, Margaux salua l'homme qui partait ; hâta le pas sans se plaindre. Elle claquait des dents tant elle avait froid, n'arrivait plus à réfléchir à la direction qu'elles prenaient toutes deux, et resta plantée là, un peu sottement, à regarder la rouquine frapper, finalement, à la porte d'une petite maison.
Elle déglutit, sans trop savoir à quoi s'attendre, se gratta ses cheveux avec force, se débarrassa finalement d'un de ses poux en entrant dans la demeure, bon gré, mal gré, en saluant la vieille femme hideuse qui les invitait à entrer.

Sa méfiance était telle que l'enfant eut comme un choc en rentrant dans la pièce.
Il y régnait une agréable chaleur, tandis qu'un délicieux fumet lui montait aux narines. La vision d'une enfançonne dans un coin, jouant avec sa poupée, la laissa sans voix, et elle dévisagea en silence les deux gamins qui lui offrirent un sourire.

C'était un endroit paisible, chaleureux, d'où émanait une atmosphère paisible et douce. Etais-ce la maison de son employeuse du moment ? Il s'agissait peut-être de sa mère, et elle se trouvait peut-être avec ses frères et sœurs. Oui, c'était une hypothèse vraisemblable, qui la détendit un peu. Juste un petit peu.
Ledit Henri lui tendit un linge, qu'elle accepta avec plaisir. Un instant plus tard, elle se retrouvait à frotter sa tignasse couleur de carotte dans l'espoir vain de diminuer les terribles démangeaisons, se séchait les jambes en se dissimulant de son mieux avec sa jupe, après avoir enlevé sa cape dégoulinante avec un plaisir évident.

La jeune noble se sentait un peu mieux. Prises de légers vertiges et un peu somnolente, elle n'avait plus vraiment la force de se préoccuper de quoi que ce soit. Finalement, cela ne changerait rien du tout : désobéir n'était pas une option, et elle le savait mieux que personne. Elle s'obligea à laisser Louis loin de ses songes, en se concentrant sur la pensée plus agréable du diner à venir, imaginant d'avance le bon moment qui se préparait, mais ce fut la "m'dame Hélène" qui la fit sortir de sa torpeur.

Cette dernière avait ordonné audit Gauthier de mettre la table, et elle fit finalement un pas pour aider le gamin. Disposer les assiettes et les services, c'était un peu comme revenir à la maison, et elle dessina un timide sourire au garçon, qu'elle trouva peut-être légèrement plus âgé qu'elle. Clairement, les enfants n'étaient pas ceux d'Hélène ; peut-être était-elle simplement une nourrice... ou une mère maquerelle.

- "Est-ce qu'il y a d'autre chose à mettre sur la table ?"

Margaux se sentait terriblement gauche et timide, et se mordit la lèvre.

- "Je m'appelle Margaux."

L'enfant jeta un regard à Mélisende. Pourquoi l'avoir emmené ici ? Elle se sentait bien mieux avec des adultes - avec eux, sa place était claire et ses tâches compréhensibles, à défaut d'être légales, intéressantes ou faciles. Cette situation la dépassait un peu, comme si elle avait oublié son enfance dans les cendres de sa propre maison.
Il était si aisé d'imaginer son petit frère ici, au chaud, heureux et en sécurité !

Elle aurait été prête à tout pour que ça se produise...

- "Tu.. Tu connais Mélisende ? C'est ta sœur ?"

Peut-être qu'elle pourrait compter sur Gauthier pour lui donner un peu plus d'information...
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Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyMar 7 Mar 2023 - 23:13
Henri était retourné déposer les serviettes sur un paravent, pour les laisser sécher, j’observais de mon côté la petite Margaux qui tentait d’approcher Gautier.
Il se sentait grand le petit gars face à la timidité de la jeune fille, je voyais ses épaules se redresser alors qu’il se sentait en charge de la mise en place de la table.

«-D’accord. S’tu veux aider, t’peux prendre l’pichet. Mais va pas tout renverser ! C’sert à rien d’arroser l’sol ! On fait pas pousser l’plantes à l’intérieur.»

Il était fier de sa plaisanterie alors qu’il remettait le sort du dit pichet entre les mains de Margaux.

«-Moi c’Gautier, au cas où t’pas compris.»

Il l’accompagna jusqu’à la table continuant leur discussion en parallèle de celle que j’avais avec Hélène.

«-M’dame Perrault ? Non, c’t’une amie d’ma mère. Toi aussi c’t’une amie d’la tienne ? J’t’ai jamais vu par ici. ‘Fin j’crois pas.»

«-Paraît qu’la Jeanne attend un enfant.»

Elle avait posé la marmite sur le centre de la table avant d’aller récupérer la petite pour l’installer à son tour devant une écuelle. La nouvelle m’avait à peine surprise, avec cette écervelée de Jeanne, j’étais même étonnée qu’elle n’en soit qu’à son premier.

«-C’te fera du travail en plus.»

Hélène me décocha un regard sévère alors que ses mains à elle étaient occupées avec la petite, attendant très clairement de ma part que je serve le soupé. C’est vrai qu’elle n’aimait pas trop les potiches la Hélène. Alors je m’exécutai sans me faire prier, ce que j’avais horreur de l’image de femme de maison que ça donnait de moi.

«-P’t’être quand l’enfant sera plus grand. Pour l’instant elle parle de prendre son indépendance.»

Un souffle amusé s’échappa de mon nez alors que j’en étais déjà à la troisième écuelle de servie, Gautier en vrai gentilhomme me passait maintenant celle de Margaux.

«-M’fait pas rire, son maquereau est peut-être pas l’plus sympathique, mais elle survivrait pas quelques instants en solitaire.»

Pour seule réponse, elle haussa les épaules avant de prendre place à table. Pendant ce temps Gautier avait donné sa part à Margaux et Henri se sentait curieux.

«-C’ta m’man ou ta sœur ? Par c’que vous vous ressemblez drôlement !»

Il s’était penché vers Margaux avec toute l’innocence du monde, mais sa remarque me fit avaler de travers. Les enfants étaient parfois de dangereuses petites créatures dont le regard était bien plus affûté que celui de la plupart des adultes.

«-Soit pas stupide. M’dame Perrault à pas d’enfant.»

Le coupa sèchement Gautier, comme si ses quelques années de plus lui accordait tellement plus de sagesse que ça.

«-Qu’est c’que t’en sais d’abord ?! Et p’is c’est pas par c’qu’elle a pas d’enfant, qu’elle peut pas avoir de sœur !»

L’argument était valide. Pauvre Margaux qui se retrouvait entre leurs chamailleries.

«-C’ma mère qui m’la dit.»

Pour l’instant, Hélène se contentait d’observer d’un œil en coin, se préparant à intervenir si la dispute montait d’un ton.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyMer 8 Mar 2023 - 14:01


Elle prit le pichet dans les mains, en regardant ce garçon un peu plus âgé qu'elle, qui se permettait de lui donner des leçons. Comme si elle ne savait pas le faire, et qu'elle était une empotée !

Bon, Margaux devait concéder qu'elle était maladroite, et qu'elle avait toujours du mal, malgré l'habitude quotidienne, à porter les seaux emplis d'eau et les pichets d'alcool sans en renverser par terre. Elle ne comptait plus les taloches qu'elle s'était ramassé en échouant à l'exercice, et, tout en cheminant précautionneusement vers la table, sentit la colère l'envahir brusquement.

Pourquoi lui donner la carafe si ce n'était pour la regarder peiner ou échouer ? Elle eut peur d'être privée de diner, et ralentit encore sa marche, les lèvres serrées sous la concentration. Est-ce qu'il l'avait fait exprès, pour se payer sa tête, pour la voir punie ?
L'enfant se raisonna. N'étais-ce pas une pensée stupide ? Il la connaissait à peine. Simplement, il ne devait pas avoir réfléchi - ou s'en moquait - que cette tâche lui soit difficile. Pour le bien de tous, et dans la potentielle perspective de passer un bon moment, pour une fois, elle ravala ses doutes, se contenta de savoura la douce chaleur du foyer et les adorables gazouillis de l'enfançonne.

- "Je bosse pour Mélisende. Je savais pas qu'elle s’appelait madame Perrault."

La gamine haussa les épaules, s'installa à table, en écoutant distraitement les adultes. De ce qu'elle comprenait, la locataire de la maison et son employeuse du jour parlait d'une prostituée et de son gosse - peut-être que ladite Hélène était bien nourrice. En tout cas, ça semblait cohérent.

Elle reporta son attention sur les écuelles en train d'être servies, se mordit la lèvre inférieure avec gourmandise. Cette fois, elle adressa un grand sourire au petit Henri qui se penchait sur elle, écarquilla ses yeux de surprise, en les déposant sur la rouquine, alors que Gauthier répondait d'un ton docte. Les deux enfants commençaient à se disputer, et elle les examina sans trop savoir comment réagir.

Finalement, pour résoudre la question, elle prit la parole d'autorité, d'une voix forte et un peu aiguë.

- "Méli... M'dame Perrault, c'est pas ma mère. Ma mère, c'était..."

Margaux s'interrompit à la dernière seconde.

- "J'connais mes parents, tu sais, et puis j'ai un petit frère. Il s'appelle Louis ! Il a six ans. J'ai pas de grande sœur. Mélisende, c'est juste mon employeuse."

Qui l'emmenait manger chez ses amis ?
Peut-être qu'elle avait juste du travail pour elle après le repas ; mais elle coula un regard en direction de l'adulte, détaillant ses cheveux et ses traits avec une attention exacerbée. Mais comment serait-il possible qu'elle soit sa grande sœur ? Cela n'avait pas de sens - jamais sa mère n'aurait mis de côté l'un de ses enfants. C'était vrai qu'elle ressemblait un peu à Père, à bien la détailler, seulement il s'agissait d'un hasard.

Cela n'avait juste aucun sens.

- "Ça sert à rien d'se disputer, si c'était ma sœur, j'le saurais."

Le mot "bâtarde" lui vint à l'esprit. C'était parfaitement idiot, mais le doute s'était insinué dans son esprit. Peut-être étais-ce l'espoir idiot que quelqu'un la sortirait de l'enfer duquel elle ne savait comment sortir, qu'un autre être humain se souciait de sa situation ; et elle prit une bonne cuillerée de pitance bien chaude, avant de reprendre la parole.

- "D'ailleurs, c'est qui, tes parents, Mélisende ? Ils faisaient quoi ?"

Et puis, elle se souvint brusquement de la politesse.

- "C'est délicieux, m'dame Hélène. Je suis bien contente d'être là ce soir ! Les Trois bénissent vos talents de cuisinière."
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Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyLun 13 Mar 2023 - 15:00
- "Méli... M'dame Perrault, c'est pas ma mère. Ma mère, c'était..."

Margaux prit enfin la parole, ce qui coupa net les chamailleurs, le ton sérieux de la phrase qui laissait planer le doute sur un drame concernant la mère de l’enfant suffit à briser l’ambiance.

La peur de l’entendre en dire plus me fit serrer mon gobelet, je crus devoir intervenir, mais heureusement l’enfant fit preuve de sagesse et ne termina pas sa phrase. J’avais une terrible envie de la prendre à part et de la prévenir d’être plus prudente, mais comment faire quand je n’étais même pas supposé connaître ses origines ?

- "J'connais mes parents, tu sais, et puis j'ai un petit frère. Il s'appelle Louis ! Il a six ans. J'ai pas de grande sœur. Mélisende, c'est juste mon employeuse."

Le petit Louis, j’étais toujours incapable de mettre la main dessus, il fallait que je me ressaisisse à ce propos, pourtant, je dois avouer que son sort m'importait moins que celui de ma sœur. Peut-être n’était-il qu’un gamin pour le moment, mais comme tous les garçons, il finirait par devenir un homme et noble de plus. L’idée me fit grimacer discrètement, malgré tout si je voulais un jour avoir dans ma botte l'atout des Piana, c’était sur lui qu’il fallait que je me concentre.

Gautier arbora donc un sourire victorieux et satisfait à la réponse de Margaux qui allait dans son sens, Henri, lui, comme tous les enfants de son âge se contenta de répliquer avec un tirage de langue en bonne et due forme.

- "Ça sert à rien d'se disputer, si c'était ma sœur, j'le saurais."

«-Tu vois. Elle le saurait.»

Gautier récupéra un bout de pain pour saucer son écuelle, au vu de sa tête, la victoire l’aidait à apprécier la cuisine d’Hélène d’autant plus. La réaction fit soupirer Hélène qui échangea un regard fatigué avec moi.

Henri s’était muré dans le silence, préférant bouder et ne pas en rajouter, ce qui était d’autant plus sage et me permettait d’enfin me détendre. Finis, les questions curieuses et ce n’était pas trop tôt.

- "D'ailleurs, c'est qui, tes parents, Mélisende ? Ils faisaient quoi ?"

La question me prit par surprise, je venais d’abaisser ma garde et je ne m’attendais pas à ce que ce soit la principale intéressée qui relance le sujet.

- "C'est délicieux, m'dame Hélène. Je suis bien contente d'être là ce soir ! Les Trois bénissent vos talents de cuisinière."

Que les trois louent la politesse de la petite noble, son compliment évita d’attirer l’attention sur mon silence suspect face à sa question et le petit rire doux d’Hélène me fit gagner un peu plus de temps.

«-Ah ! Ça fait plaisir d’en avoir une de bien élever pour une fois.»

Bien que la plupart se serait attendu à ce que son regard se dirige à ce moment-là vers les jeunes garçons, il se posa au contraire sur moi, l’accusation me fit hausser un sourcil indigné. Moi ? Impolie ? C’était un peu exagéré.

«-Prend la p’tite, tu veux ? J’ai même pas encore touché à ma part.»

Ce n’était pas vraiment une question, plus un retour de manche pour me punir de mon supposé manque de manière. C’était à mon tour de tenir la plus petite sur le banc, la chose avait l’air en tout cas de distraire le bambin alors que ma mine à moi attira des rires étouffés du côté des garçons.

«-Rigolez bien. Bande de… »

Je n’osai pas terminer mon insulte sous le regard réprobateur de notre hôtesse et grommela simplement quelque chose à la place.

«-Alors… C’qui tes parents m’dame ?»

Et évidemment, Henri avait remis le couvert et Gautier ne perdit pas l’occasion d’étaler à nouveau sa science.

«-Sa mère c’t’une pute.»

«-Gautier !» Le prévint Hélène.

«-Quoi ? J’drois de l’dire ! Moi aussi ma mère c’t’une pute, j’en fais pas tout un plat !» Défendit-il son droit de manière offusquée devant une Hélène désabusée.

«-Oh ! Elle travaille où ?»

Il n’y avait qu’avec des fils de putes que la conversation pouvaient paraître aussi anodine.

«-Travaillait. L’est morte.»

Je l’avais corrigé sans laisser paraître une once d’affect, me concentrant plutôt sur la gamine à ma charge qui avait manqué de basculer si je ne l’avais pas retenu.

«-C’était y a longtemps ?»

Gautier était à son tour devenu très intéressé.

«-J’sais plus. Pas très longtemps après ma naissance.» Soupirais-je, ma peine passait pour de l’agacement, en vérité je me persuadais moi-même que mon malaise face à leurs questions n’était pas de la tristesse.

«-Arrêtez avec vos questions. C’pas des trucs qu’on demande.»

Hélène arriva à mon secours, elle avait vu mon agacement ou alors elle avait réussit à voir ce qu’il se cachait dessous. Enfin, pendant un instant, il y eut un silence reposant.

«-Et ton père ?»

Henri avait dû comprendre que madame Hélène parlait d’arrêter les questions sur ma mère, mais pas sur le reste, énervée elle frappa la table avec légèreté de la paume de sa main, mais le maigre bruit fut couvert par la voix de Gautier.

«-T’es vraiment débile ! Sa mère c’t’une pute ! Elle le connaît pas son père !»

«-Pas forcément ! Et puis comment qu’elle s’appelle M’dame Perrault alors ?»

«-MA-DAME Perrault ! Elle est mariée résidu d’pet !»

«-ET ALORS ?!»

«-ET ALORS T’AS D’LA MERDE A LA PLACE DE LA CERVELLE !»

«-BEN TOI TON PERE, L’DEVAIT ÊTRE PORTEUR DE MERDE PAR C’QUE-»

Les deux garçons n’avaient pas vu madame Hélène se lever pour se positionner derrière eux avant de leur tirer les oreilles.

«-Ah non hein ! On dîne au calme !»

Elle les envoya tous les deux, sans cérémonie, bouder dans un coin avant de revenir prendre sa place.

«-L’est mort aussi.»

Je n’eus pas le courage de regarder Margaux, bien que la réponse lui était adressée, j’avais comme peur que quelque chose ne se lise dans mon regard, et que cela puisse dévoiler mon identité.
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MessageSujet: Re: Petit cours d'espionnage industriel   Petit cours d'espionnage industriel - Page 2 EmptyVen 31 Mar 2023 - 19:49


Margaux se sentait de plus en plus à l'aise.

La tablée était joyeuse et les disputes des deux garçons lui fit oublier un instant son fastidieux quotidien. Son attention s'était détournée de Mélisende pour assister à l'altercation entre les deux gamins, et elle pouffa puérilement, tandis que les deux frères de lait se trouvaient punis par l'intervention vigoureuse de leur nourrice.

Elle lança un regard enjoué à Mélisende, finit de remplir son ventre avec la nourriture déposée devant elle, avec un appétit renouvelé, le coeur léger et le sourire aux lèvres.
La réponse de son employeuse lui fit néanmoins perdre un peu sa joie de vivre ; et elle se mordit la lèvre, en balançant son pied droit sous la table.

- "J'en suis bien désolée, Mélisende ! J'ai entendu dire les garçons que t'avais un mari ?"

Et probablement déjà des enfants. C'était bien les morts soient remplacés par les vivants - c'était l'ordre des choses, comme les Dieux en avaient décidé depuis la nuit des temps.

La petite fille croisa le regard de Gautier, qui lui fit un clin d'oeil bravache avant de grimacer devant le mur terne, se remit à rire tout bas. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien, et se cala sur sa chaise en baillant, sans pouvoir s'en empêcher. Vite, elle cacha sa bouche de sa main, adressa un grand sourire à son hôtesse.

- "Dis donc, vous avez bien du courage de vous occuper de ces deux larrons...! Ils ont le droit de sortir ?"

La petite noble rougit. Elle aurait bien aimé les revoir, peut-être même jouer avec eux un petit moment ; elle avait conscience qu'il n'en serait pas question le soir même.

- "Et tes enfants, Mélisende ? Est-ce que t'en as déjà ?"

A dire vrai, elle se souciait plus de savoir si les deux autres enfants allaient bientôt revenir à table. Elle avait envie de rigoler à nouveau, de dire des bêtises et de jouer. Du coin de l’œil, elle avait repéré la poupée du bébé, lui faisait envie. Peu importait qu'elle fut trop grande, que les adultes se moquent d'elle - ce ne serait pas tout à fait injustifié, mais elle aimait tant s'amuser !
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