Marbrume


-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Partagez

 

 Le cabot aux oeufs d'or

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyLun 23 Jan 2023 - 15:41
1er Avril 1167
Le port de Marbrume
En pleine après-midi

Une rumeur des plus étranges avait pris place dans les bouches du port. On m’avait parlé depuis le début d'après-midi d’un rat poilu et énorme qui se baladait dans tout le quartier. Au début j’avais pris ça pour de simples légendes de poivrots, puis au fur et à mesure que le propos grossissait, il commença à vivement à me titiller, empiétant sur mes affaires à moi.
Un rat plus gros que la jambe d’un marin, un rat qui avait volé le jambon d’un innocent tavernier, un rat qui était passé entre les jambes d’une catin pendant qu’elle s’occupait d’un homme entre deux ruelles. Les conversations ne faisaient que tourner autour de ça, contaminant au passage tous les échanges que j’avais, ma journée de travail était bien mal barrée.

«-J’te l’jure sur ma tête, Méli !» Jules était un des enfants du port, un gamin de quatorze ans à qui j’avais trouvé un boulot d’aide dans une taverne. D’habitude il m’était pas mal utile, mais aujourd’hui lui aussi ne parlait que du rat. «L’était énorme ! Gros comme ça ! Même moi j’ai sursauté quand il m’est passé d’vant !»

Je me pinçai l’arrête du nez, agacée.

«-Bordel ! Mais qu’est c’que vous avez tous avec ce putain d’rat aujourd’hui ? Qu’est c’que vous voulez que j’foute d’un rat ?»

Je fis un peu peur au gamin en m’énervant ainsi, il était maintenant tout penaud le garçon, il était si déçu de m’avoir énervé. Je lui ébouriffai donc les cheveux, signe que je le pardonnais, forçant même un sourire pour le rassurer. Il retrouva rapidement meilleure mine, il commençait à me promettre que la prochaine fois, il aurait de meilleures informations à me transmettre.

«-C’pas un rat. C’est un chien. Un p’tit chien couvert d’poils. Honnêtement j’trouve qu’il fait presque plus peur qu’un molosse.» Nous interrompit une serveuse qui passait près de nous.

«-Un chien ?» Mon instinct avait tilté sur la révélation. Un petit chien, pas un molosse, une petite boule de poils qui se baladait dans les rues du port, ça y avait peut être quelque chose à en tirer. Je poussai pourtant l’idée au loin, je n’allai quand même pas perdre toute mon après-midi pour une chasse au dahut.

«-Ouais. Un chien.» Me confirma-t-elle, m’arrachant de mes pensées. J'avais complètement perdu Jules qui s’était empressé de défendre sa version auprès de la serveuse, le voilà en plein débat avec elle qui, elle, n’en avait pas grand chose à faire.

Je restai un peu, pour observer la scène tout de même amusante, puis je fis de brèves salutations avant de retourner à mes affaires. Une fois dehors, j’errai sans grand but dans les rues du port, il y avait des journées sans, et s’en était une. Je commençai à me demander si je ne ferais pas mieux de rentrer à ma chambre pour me reposer un peu.

En chemin, un bruit me fit sursauter, un aboiement aïgue qui venait de ma gauche. Là, terré derrière un tonneau vide, dans la ruelle déserte que je traversais, se cachait le petit “rat” apeuré.
C’était bien un chien, particulier comme chien d’ailleurs, pas vraiment le genre de chien qui a une quelconque utilité. Ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose, la bête appartenait à quelqu’un d’à l’aise financièrement, l’idée d’une potentielle récompense juteuse me fit saliver.

Je pris mon air le plus chaleureux, et commençai quelques pas vers la bestiole en m'accroupissant.

«-Bonjour petite bourse sur pattes… Viens voir tante Mélisende…»

Je fis ma voix la plus mielleuse, essayant d’être la moins menaçante possible. Si j’arrivai à me faire des connaissances chez les plus récalcitrants du goulot, c’était pas un petit chien qui allait me résister. Si ?
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyLun 23 Jan 2023 - 17:27
Moi, c'est Pétulia !

Aujourd'hui, mon Maître m'a emmené en ville pour une promenade. J'aime bien me promener. Y a plein d'humains et plein d'odeurs partout. Des fois, y a des drôles de chiens qui font "miaou" et qui sifflent quand ils me voient. Ils sont pas très gentils, si je m'approche pour jouer ils se sauvent. C'est bizarre ! Pourtant je suis gentille, mon Maître il me le dit tout le temps que je suis gentille.

J'aime bien mon Maître aussi. Il me donne à manger des biscuits à la viande et des biscuits aux fruits. Je connais pas le nom des fruits, mais qu'est-ce que c'est bon les fruits ! Mon Maître il me caresse et des fois, il me gratouille dans le bas du cou et ça chatouille un peu, du coup j'ai ma patte arrière qui bouge toute seule. Je sais pas trop comment ça marche, mais c'est rigolo ... Enfin je crois, parce que mon Maître, il rit quand ça arrive ... Alors c'est que ça doit être rigolo.

J'aime bien quand mon Maître il rigole. J'aime pas trop quand il crie par contre. Il fait la grosse voix comme ça, avec les sourcils froncés comme ça et il parle très vite. Tellement vite que je comprends pas tous les mots et ça fait un peu peur quand même. En tous cas, les humains qui se font crier dessus, ils font pas les malins. J'en ai même déjà vu pleurer. Moi, il me crie jamais dessus, parce que je suis gentille. Des fois, je suis tellement gentille, il me donne du saumon. C'est bon ça, le saumon ! Je sais pas ce que c'est, mais j'aime bien en manger.

Enfin bref, aujourd'hui, on se promène. Mon Maître, il est entouré de pleins de copains avec des chapeaux mous et des chemises blanches. Ils lui obéissent au doigt et à l'oeil. Comme moi. C'est des gentils eux aussi j'imagine. J'ai pas trop compris où on allait. La langue des humains, parfois, c'est mystérieux. Et puis de toutes façons, je fais pas trop la différence entre les rues. Il y en a bien qui sentent la pisse et d'autres qui sentent les fleurs, mais je suis pas sûr que c'est comme ça qu'on fait la différence. Moi, je fais comme ça !

D'ailleurs, elle sent sel et les algues cette rue. Mais ... Mais ... Je reconnais ! Y a une odeur de viande grillée aussi ! J'aime bien la viande grillée. C'est super bon la viande grillée. Mon Maître parle avec les autres humains, aucun risque de suivre cette délicieuse odeur. Juste quelques foulées. J'ai pas de très grandes pattes, j'irai pas très loin. Une fois à droite, une fois à gauche. C'est facile à retenir. Je vais juste jeter un coup de truffe et je reviens.

Bingo ! Il suffisait de suivre mon flair et me voilà devant une table qui déborde de viande. Et là ! ... Là ! ... LÀ !!!! Le plus gros jambon que j'ai jamais vu de ma vie. Il est posé là, à portée de patte. Personne autour comme il y a dans les cuisines de ma maison pour m'empêcher de goûter. Les humains peuvent être fourbes parfois, alors il fallait ruser. Allez Pépette ! Tu en es capable. C'est pas un jambon qui va te résister. Je me faufile au pied de la table en entendant mon ventre gronder à la simple vue de toute cette viande offerte. Un regard à gauche, un regard à droite. Personne. Je me hisse sur les pattes arrière en m'appuyant sur le rebord de cette table bizarre abandonnée en pleine rue. Trop court ! Un peu plus à droite ... Un petit bond, comme ceux qui font que mon Maïtre m'offre des biscuits. Je referme ma gueule sur l'os qui dépasse de la chair rose et je tire. J'avais pas prévu qu'il basculerait d'un coup sur moi mais je triomphe.

Et là, un cri ! Un cri d'humain semblable à ceux que mon Maître pousse quand un valet casse quelque chose. Vite ! Il faut fuir ! Mais pas sans mon jambon. C'est MON jambon ! C'est lourd ce truc. Mais je me dégonfle pas et je réusis à me glisser sur un côté de la maison pour dévorer ma proie. Je suis un limier, un chien de chasse, un PREDATEUR !

Il était un peu gros ce jambon, j'ai pas pu le finir en entier. Du coup, je l'ai caché derrière un tonneau, je le finirai plus tard et personne pourra me le voler puisqu'il est caché. Je suis intelligente quand même. Bon, c'est pas tout ça, mais il fallait retrouver mon Maître. Du coup, il fallait tourner ... euh ... par là.

Bon visiblement, c'est une rue qui sent l'urine au lieu de la poussière. Il me semble pas que ce soit la bonne. En plus, il y avait pas d'humains dedans tout à l'heure. C'est sûrement un raccourci. Et puis, ces humains ont l'air d'avoir besoin d'aide. Le monsieur est adossé au mur et tient la tête de la madame accroupi devant lui. Elle veut jouer ! Les humains qui veulent jouer avec moi, ils se mettent accroupis. Elle a l'air très gentille cette dame. Je vais aller la voir. Plus je m'approche, plus il y a des bruits bizarres. Des bruits qui ressemblent à quand les humains finissent les os de poulet. J'aime bien le poulet ! Peut-être qu'il y en aura un peu pour moi aussi.

Je m'approche. Le monsieur a les doigts crispés dans les cheveux de la dame en soufflant fort. Comme s'il venait de courir très vite. C'est qu'ils prennent toute la rue en plu, une seule solution pour avoir un morceau de poulet, passer entre les jambes de la dame qui me tourne le dos. Pffiou, ça sent pas très bon sous les jupons. On dirait presque celle des coquillages noires qui sont préparés en cuisine parfois. J'aime pas ces trucs. Je fronce la truffe pour passer la tête derrière la robe et lever les yeux. Pas de poulet à l'horizon. La dame était en train de manger une petite saucisse. Elle semblait avoir du mal à y arriver, mais c'est parce qu'elle essayait de la gober d'une traite. Il suffisait pourtant d'un coup de croc et ça aurait suffit. Ils étaient bêtes les humains des fois. Moi quand j'arrive pas à manger en une fois, je croque. J'étais un peu déçue quand même. Je voulais du poulet moi. Je poursuis mon chemin en trottinant. La dame se met à crier et ça fait peur alors je cours parce qu'il y a peut-être un danger. Vite !! Je tourne vers l'odeur d'algues !

Et là, un mur ! Ils étaient ennuyants ces humains à mettre des murs là où il y en avait pas avant. De rage, j'aboie sur le mur. Non mais ! Et du coup, je fais demi-tour et je tourne dans une autre rue. Et rebelote. Re un mur. C'est pénible. Comment je vais faire pour retrouver mon Maître avec tous ces murs moi ?

Et me voilà, à tourner dans les rues qui sentent toutes les algues et le sel. Pour tomber sur des cul-de-sacs à chaque fois. Je croise des chiens bizarres, plus petit que moi avec des museaux pointus et des longues queues sans poils. Il y en a même un, qui s'approche de moi en couinant. Bien campé sur mes pattes, je lui envoie un grognement et un aboiement féroce pour le faire fuir. S'il croyait faire peur à Pépette, il se trompait lourdement. Je suis un chien de garde, moi !

Et là, j'entends une voix de dame dans mon dos. C'est qui c'te flûte ? Je sais pas si c'est le bon mot, mais j'ai déjà entendu des humains dire quelque chose qui ressemble. Elle a les cheveux oranges et des tâches sur le visage. Je comprends pas trop ce qu'elle me dit, elle m'appelle pas par mon prénom. Je connais mon prénom, c'est Pétulia ! Elle s'approche. Si j'ai pas eu peur d'un petit chien à la queue nue, c'est pas une humaine aux cheveux citrouille qui allait me faire peur. Je grogne pour l'avertir. Elle continue d'avancer. Tant pis j'aurai prévenu. Je bondis et essaye de mordre la main qui s'approche beaucoup trop près de moi. Non mais ho !

*****

Un peu plus loin, à proximité du port

Pépin, entouré de quelques Cachalots réquisitionnés pour lui servir d'escorte, continuait de détailler l'itinéraire que devrait emprunter les chariots de livraison à domicile. Un gratte-papier, dont le nom lui avait échappé, notait scrupuleusement le moindre mot du Dauphin d'Or.

Bien donc, une fois arrivé ici, il est facile de remonter à travers Bourg-Levant pour gagner l'Esplanade. il faudra sûrment s'assurer que les ruelles ne seront pas bouch...

Le regard du Comte balaya les alentours, prit d'une inquiétude dévorante. Il toisa un des Cachalots d'un air mauvais.

Où est mon chien ?

Le type lui offrit un regard vide, témoin de l'imbélicité dans laquelle massérait son cerveau.

De ... De quoi ?

Dans un geste aussi vif que souple, que d'aucun auraient pu juger remarquable pour un homme de la stature de Pépin, son pied droit rencontra l'arrière-train du demeuré. Le coup fut puissant, faisant décoller le gaillard d'un demi-mètre au-dessus du sol.

MON CHIEN, SINISTRE CORNIAUD !

Ses entrailles se mirent à s'emmêler. Il sentit son coeur battre dans ses tempes et un goût métallique apparut sur sa langue. Ses yeux se mirent à briller alors que les images de Pépette, enlevée par quelques malandrins vinrent lui assaillir le cerveau. Il la voyait déjà, exsangue, dans une flaque de crasse comme il y en avait tant dans ce quartier merdique. La panique étrangla sa voix dans sa gorge.

TROUVEZ-LA !


Dernière édition par Pépin de Santenoque le Mar 14 Fév 2023 - 11:05, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyLun 23 Jan 2023 - 20:57
D’accord. J’aurai peut-être dû y réfléchir au premier grognement. La petite teigne bondit pour me croquer la main, me laissant peu de temps pour la retirer. Je tombai sur mon derrière laissant échapper un petit cri de douleur, l’écorchure des petits crocs encore présents sur ma main, heureusement pour moi que le monstre était plus petit qu’un bambin, sinon j’y aurai sûrement perdu un doigt.

«-Oh… La p’tite salope de mes deux…» Je soufflai vivement sur la blessure pour en atténuer la douleur, alors que le chien me regardait toujours en grognant. «On se calme le poilu ! Nom d’un chien…» C’était le cas de le dire.

Le chien profita de la distraction pour me filer entre les doigts, la saloperie, il était hors de question que je perde contre un animal dont la cervelle ne devait pas être plus grosse que mon poing. Je me précipitai à sa poursuite, j'avais juste oublié un petit détail, mon endurance.
A bout de souffle je perdis le chien au tournant d’une autre ruelle, je pris appui de la mauvaise main sur le mur pour me ressaisir, la douleur de la légère morsure se réveillant alors.
Je jurais comme un charretier, si bien que je ne fis pas tout de suite attention aux cris de joie appartenant à des enfants, qui provenaient de la ruelle dans laquelle le chien s’était précipité.

Doucement je m’approchai de l’origine du bruit, en posant enfin mes yeux sur la raison de tout ce vacarme, je ne pu que réagir qu'en posant une main sur la hanche, dégoûtée de voir trois gamins qui avaient réussi bien plus efficacement que moi à attrapper le chien.

Les trois garçons sautaient de joie autour d’un petit tonneau retourné qui devait m’arriver au genoux, comment je savais qu’ils avaient réussi à attraper le chien ? C’est simple, un tonneau ça n’aboie pas.

«-Hey ! T’veux quoi la brindille ?!» Demanda le premier à me repérer, il m’observait, méfiant.

«-Casse-toi. S’tu veux pas des ennuis.» Le rejoignit son deuxième camarade, c’était assez mignon de voir ces gamins jouer déjà les gros bras, l’ennui restait qu’ils seraient sûrement capable de me mettre une raclée.

«-Calmez vous l’gars ! J’la connais c’est m’dame Perrault. M’man travail avec elle.» Par les trois merci, je reconnaissai ce fils de pute. Le dernier des trois qui venait de parler, était le fils d’une des catins avec qui j’échangeais régulièrement. Que le monde est petit. «V’voulez quoi m’dame Perrault ?»

Les deux autres restaient sur la défensive mais au moins je ne les entendait plus me menacer.

«-Je cherchais ce chien justement.» Dis-je en montrant le tonneau du menton.

«-Tu vois. J’tavais dit qu’c’était pas un rat.» Commenta le deuxième au premier, il n’eut pour réponse qu’un tirage de langue en bon et dû forme.

«-Ben va falloir en chercher un autre. C’nous qu’on l’a attrapé, donc l’est à nous maintenant.» Me répondit le premier, ignorant son camarade.

«-Et vous comptez en faire quoi au juste ?»

«-Bah le manger pardi.» Me répondit le deuxième, accablé par mon manque de jugeote. Les deux autres hochèrent vivement la tête à sa réponse, et je me mis à me demander pourquoi j’avais même pris la peine de poser la question.

«-Y a rien à manger sur ce truc. Y a plus de poils que de chair.» Essayais-je de négocier.

Les trois enfants se firent signe pour se concerter, me jetant des regards par-dessus leurs épaules alors qu’ils essayaient de se mettre d’accord entre eux.
Je commençai à m'impatienter quand le premier m’adressa à nouveau la parole:

«-D’accord. Comme Gautier l’dit qu’on peut t’faire confiance, on veut bien écouter ton offre. Mais s’tu veux l’chien va falloir payer.»

Je ne rêvais pas, le sale gosse était en train de m’extorquer, il irait loin, lui. Je n’étais même pas sûre de vraiment obtenir une récompense pour le chien, mais on a rien sans rien.

«-Très bien. J’te propose six sous.»

«-Monte à huit et on pourra faire affaire.» Il me tendit sa main tel le grand marchand pour lequel il se prenait. Cette vision m’arracha un sourire.

«-J’accepte, mais dans c’cas là vous m’aidez à r’tourner l’tonneau sans que l’chien s’échappe.»

«-Marché conclu ma p’tite dame.» Il me serra vivement la main avant de se retourner vers ses deux compères. «Z’avez entendu la dame ?! R’tournez moi le tonneau sans faire sortir le rat !»

«-L’chien !» Le corrigea à nouveau son deuxième camarade mais en s'exécutant tout de même.

A peine les avais-je payé que les garnements s’empressèrent de partir, ils étaient bien trop excités de savoir comment ils allaient dépenser leur argent. J’en profitai pour me pencher sur le tonneau, où le fameux chien était piégé, j’espérai qu’il n’était pas trop rancunier. Au moins le tonneau était légèrement trop grand pour qu’il puisse simplement sauter et s’enfuir.

«-Comment qu’on s’retrouve boule de poils ? T’as pas l’air malin là hein… Pris au piège par des gosses. T’as intérêt à valoir plus que huit sous, s’non j’peux t’dire que t’vas finir en brochette.»

Il ne me restait plus qu’à me traîner le tonneau, le temps de retrouver le propriétaire.

«-Bordel ! Tu pèses ton poids !» A peine quelques mètres et j’étais déjà épuisée, il valait mieux faire une halte. Il fallait que je trouve un autre moyen, jamais je n’allais pouvoir me traîner le tonneau avec le chien tout en cherchant son propriétaire.

«-On n'est pas sorti de l’auberge, j’te l’dis. T’m’en veux toujours dit ? Oui c't'à toi que j’cause, p’tite bourse. Ah… Ce s’rait plus pratique s’ton maître décidait de nous tomber d’ssus.»

Est ce que les dieux m’avaient écouté ? J’en sais rien, quelques secondes après ma complainte, un grand imbécile, affublé d’une chemise blanche et d’un chapeau mou, fit son apparition. Il courait comme un fou, l’air paniqué, en criant un nom qui faisait réagir le chien.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyMer 25 Jan 2023 - 12:31
Je vole à travers les airs et j'attrape un bout de doigt entre mes crocs. Je suis dangereuse. Je suis une bête fauve. Je suis la Nuit. Je suis ... Pépette.

Retombant sur les pattes, je détale pour semer cette dame pas gentille. En voulant tourner au coi n de la rue, mes coussineets dérapent un peu sur le sol et je me retrouve à glisser un peu sur le côté. Mon Maître va pas être très content que je me sois sali. Du coup, je devrais prendre un bain. J'aime bien les bains. C'est un peu comme la pluie, mais chaud avec des bulles. En plus, on me fait des gratouilles, du coup j'aime bien.

Pas le temps de trop réfléchir, je tourne au coin de la rue suivante et je continue ma course effrénée. Oh des enfants ! Ils crient, ils courent. C'est sûr, ils jouent. J'aime bien jouer aussi. Du coup, je m'approche en secouant la queue, oubliant cette dame pas gentille qui a sûrement perdu ma trace maintenant. Je suis allé très vite quand même. Et puis, ces enfants ils ont l'air de bien s'amuser avec leur tonneau. Moi aussi, je joue. Hé ! Allez on joue ! ...

J'aime pas ce jeu ! C'est nul d'être dans le noir, dans un tonneau. En plus ça sent pas bon là-dedans. J'aboie pour leur faire comprendre que j'aime pas mais je comprends pas trop ce qu'ils disent à travers le bois. J'aboie plus fort. Peut-être qu'ils ont pas compris non plus. J'essaye de pousser le mur de bois qui m'entoure mais mes griffes ne font pas bouger le tonneau. C'est décidé, il est vraiment nul ce jeu. Du coup, je chouine un peu.

Les enfants discutent pendant ce qui semble être des heures et le tonneau se retourne. Au moins, je vois la lumière, mais le bord est trop haut pour moi. Il est vraiment nul ce jeu. Dès que je sors d'ici, je les mords aussi. Ils sont nuls ! Le premier qui passe à portée, je le défonce ! Ils vont voir qui c'est la descendante du Loup.

C'est le visage de la dame aux cheveux oranges qui apparaît au-dessus du tonneau. Quoi ?! Les enfants étaient ses complices ? La fourberie des humains n'a aucune limite. Engager des enfants pour jouer avec moi et me piéger, c'est vraiment pas gentil ! Elle m'appelle encore par un nom bizarre et elle traîne le tonneau à côté d'elle. Ah ! Elle sait que si elle met la main dedans, je la déchiquète entre mes canines acérées. Elle a peur, c'te flûte ! Elle fait bien !

******

Les yeux écarquillés de terreur, la sueur s'écoulant entre les bourrelets, Pépin scrutait chaque caisse, chaque caniveau qu'il croisait. Ses hommes bousculaient les badauds avec vigueur, en empoignant certains pour leur poser la terrible question, avec un sérieux presque hors de propos.

Vous auriez pas vu un p'tit chien avec des poils longs, couleur marron clair ?

Un jeune type osa s'esclaffer. Il perdit deux dents lorsque le poing d'un Cachalot s'écrasa en travers de son visage après un regard assassin du comte. Si les premiers appels du Dauphin d'Or étaient clairs et vigoureux, sa voix s'estompait au fil des recherches, témoignant d'une inquiétude dévorante qui lui paralysait les cordes vocales. Ces petits animaux avaient comblés le vide qu'avait créé le veuvage. Ils étaient le dernier souvenir de jours heureux où Berthe partageait la couche de Pépin. Perdre l'un d'eux était toujours un coup de dague en plein coeur. Perdre sa favorite serait l'équivalent d'une exécution en place publique. Il devait la retrouver et quiconque lui aurait fait le moindre mal, serait envoyé au fond du port avec les mains et les pieds lestés, avec toute sa famille.

Messire !

Un des Cachalots arriva en trottinant vers le comte. La barbe fleurie et la cicatrice sous l'oeil gauche étaient l'apanage de Renaud, un des rares hommes de main dont Pépin parvenait à se remémorer le prénom.

Vot'chien a été vu à côté du port !
Vous êtes sûr ?!
Petit, marron, tout poilu avec un p'tit nez pointu qui disent.

L'espoir naquit à nouveau. Cette petite aventurière était en réalité bien trop intelligente pour se laisser mourir.

En avant !

Le groupe se précipita (toute proportion gardée concernant Pépin qui marcha plus rapidement qu'à l'accoutumée) vers les quais. Enthousiasmé par la perspective de retrouver Pépette, le Comte vit naître un petit sourire sous sa moustache. Au loin, il entendit un de ses sbires hélait quelqu'un.

Hé toi ! T'aurais pas vu un p'tit chien marron ? Avec plein d'poils ?

Un aboiement aigü retentit pour répondre. L'écho de cette petite voix de chipie que Pépin aurait reonnu entre mille donna des ailes au Comte, qui dépassa les quelques Cachalots qui le séparait de sa chouchoute. Il atteint le coin de la rue pour tomber sur une rouquine débraillée qui trainait un tonneau. Les pauvres avaient de drôle de lubie. Peut-être était-ce là son seul ami ? un fût, vestige d'une cuite qui lui avait fait oublier sa triste condition de crève-la-faim. Un nouvel aboiement retentit depuis le dit-tonneau. Le regard de Pépin passa d'un instant du soulagement à la colère. Cette gueuse avait emprisonné Pépette dans un tonneau. La rombière ! La gueunon ! La ribaude ! Elle allait le payer.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyJeu 26 Jan 2023 - 12:43
Et merde. Merde. Merde. Merde et encore merde. J’avais bien chié mon coup. A l’instant où je vis le regard du messire se teinter de colère, je compris que les dieux m’avaient encore joué un mauvais tour. Vraiment quelle abrutie. Bravo Mélisende. J’étais en pleine rue, d’apparence négligée et le chien du gros noble coincé dans un tonneau. Un portrait qui prêtait à des conclusions hâtives.
Comme pour rien n’arranger, le chien continuait d’aboyer, autant je ne pouvais pas comprendre ce qu’il disait, autant j’étais sûre qu’il m’enfonçait. Rapidement il fallait que je m’innocente. Quelle stratégie adopter ?

«-Il est à vous ?» Demandais-je de mon air le plus surpris.

Ma question ne mit pas fin aux hostilités, il y avait même une chance pour que cela les ait aggravé.

«-Me voilà rassurée. J’avais bien peur de ne pas retrouver son propriétaire, messire.»

J’osai un soupir de soulagement, que je n’avais pas besoin de chercher très loin. Rarement je m’exprimais aussi bien, allant jusqu’à faire attention à mon articulation. J’aurai pu choisir de jouer les idiotes, mais il y en a que cela énervait plus qu’autre chose.

«-Je… Je comprends bien que la situation prête à confusion. Mais croyez-moi, pour un petit chien, il sait se défendre. Ça pour sûr, il m’a bien épaté. Il ne m’a pas laissé beaucoup d'aut’es choix. J’avais peur qu’il finisse par se blesser, vous savez, y en a qui mangent les chiens par ici. Quand j’l’ai vu je me suis bien dit qu’un chien comme ça… Ça devait appartenir à un messire, et son messire serait certainement pas content qu’il lui arrive quelque chose.»

Est ce que ça allait fonctionner ? Je n’en avais fichtrement aucune idée, de toute façon il était trop tard pour faire marche arrière. Je me faisais la plus docile qui soit, comme à mon habitude seul mon regard, pour ceux qui y prêtait de l’attention, trahissait mon égo.
Je jetai un œil aux hommes qui accompagnaient l’homme, je les connaissais, pas personnellement mais je les connaissais tout de même de réputation. Les cachalots, ce n’était pas le premier gang de merdeux du port, non, eux ils avaient quelque chose en plus, des moyens et je venais certainement d’en trouver la raison.

Je fit un simple pas en arrière pour m’éloigner du tonneau et laisser tout l’espace nécessaire au gros lard pour qu’il puisse récupérer son chien. Les gens comme lui n’aimaient pas trop quand les gens comme moi se tenaient près d’eux et puis, vu son tour de taille, il prenait vite de la place dans la petite ruelle.

J’avais potentiellement eu les yeux plus gros que le ventre sur cette affaire, si je réussissais à m’en sortir sans châtiment ce serait déjà une victoire.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyVen 27 Jan 2023 - 10:45
Les yeux de Pépin détaillaient sans ciller la jeune pouilleuse. Il avança vers elle, se réfrénant de courir à perdre haleine vers le donjon de bois qui enfermait la petite princesse poilue.

Il est à vous ? Me voilà rassurée. J’avais bien peur de ne pas retrouver son propriétaire, messire.

La rue resta silencieuse un court instant. Seul le bruit des bottines du comte qui raclaient le pavé et les aboiemenets exaltés de Pépette dans son tonneau retentirent avant que la gueuse ne surenchérisse.

Je… Je comprends bien que la situation prête à confusion. Mais croyez-moi, pour un petit chien, il sait se défendre. Ça pour sûr, il m’a bien épaté. Il ne m’a pas laissé beaucoup d'aut’es choix. J’avais peur qu’il finisse par se blesser, vous savez, y en a qui mangent les chiens par ici. Quand j’l’ai vu je me suis bien dit qu’un chien comme ça… Ça devait appartenir à un messire, et son messire serait certainement pas content qu’il lui arrive quelque chose.

Un sourcil s'arqua sur le visage de Pépin. Des pauvres mangeaient des chiens maintenant ? Les dégénérés ! La rouquine fit quelques pas de côté, laissant le champ libre au comte pour s'approcher du tonneau et venir délivrer la petite boule de poils. Il se pencha et découvrit Pépette au fond de sa cellule de bois. Elle avait posé une patte sur la paroi de lattes moisies, la seconde repliée comme un limier à l'arrêt débusquant une proie. Les jappements redoublèrent lorsqu'elle aperçut son maître. Pépin laissa échapper un soupir de soulagement, sentant un poids tomber de sa poitrine. De la main droite, il fit pencher la barrique et plongea la main gauche pour passer sous le ventre du petit chien. Il la souleva, toujours sans un mot et la plaça contre sa poitrine tandis qu'elle se mit à lapper frénétiquement le double menton du Dauphin d'Or.

Il se tourna enfin vers la femme, les mâchoires serrées et les sourcils froncés.

Il y en a ... Qui mangent des chiens ?

C'est alors qu'une voix surgit dans le dos de Pépin.

Hé ! Rends-nous l'rat ! C'est pas des vraies pièces que tu nous as r'filé espèce de salo...

Le comte s'était tourné vers le gamin qui vociférait en devançant un groupe de mômes crasseux. Il s'était interrompu en voyant l'obèse le regarder avec une moue furieuse qui déformait ses lipes. Aurait-elle dit la vérité ? Ces garnements étaient-ils ceux qui avaient enlevés et séquestrés la pauvre bête qui haletait, toujours sujette à l'excitation d'avoir retrouver son maître bien-aimé. La voix du Comte retentit, froide et déterminée.

Saisissez-les !!

Les Cachalots se ruèrent vers la troupe de mioches qui s'égaya comme une volée de moineaux. Certains furent assez vifs pour échapper à l'interrogatoire à venir. D'autres, dont celui qui s'était fait le porte-parole de la vindicte du groupe, virent de lourdes mains s'abattre sur leurs frêles épaules pour répondre de leurs actes.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptySam 28 Jan 2023 - 0:55
C’était bien ce qu’il me semblait, l’image de devoir manger un chien, c’était inconnu pour lui. En même temps quand on voyait son bide… Difficile d’imaginer que le noble avait dû un jour manquer de quoi que ce soit dans son assiette.

Le petit chien avait l’air en tout cas bien plus adorable une fois dans les bras de son maître, il pouvait donc être amical l’enfoiré. Je n’étais pas sûre de savoir si la situation allait en s’améliorant, le bonhomme semblait toujours aussi énervé.

Je me préparais à devoir en rajouter une couche pour paraître sympathique quand une petite voix qui m’avait agacé auparavant se fit entendre. Ma première pensée ? Quels abrutis.
Les gamins étaient revenus à la charge, me faisant le vieux coup de la fausse monnaie pour essayer d’en avoir toujours plus.
Sauf que le gang de bambins se retrouvaient cette fois-ci face à des vrais molosses, molosses… Rapport au chien ? Enfin, bref. Quelle bande d’abrutis, j’eus à peine le temps de lancer un regard noir au gamin pour l’interruption que le propriétaire du chien ordonna à son escorte de saisir les enfants.

Vous parlez d’un joyeux bordel. Le cabot que je pensais être une mine d’or, se retrouvait être un nid à emmerdes. J’aurai dû le voir venir, c’était bien la façon que les dieux avaient de jouer avec moi.
Certains réussirent à s’échapper, l’un d’eux passa même entre les jambes d’un Cachalot un peu trop lent, mais ce ne fut pas le cas de tous.
Alors que les autres étaient silencieux, figés sur place, le petit chef du groupe continuait de s’agiter, proférant des menaces sans aucun poid envers la brute qui le maintenait.

«-Que… va faire le messire ?» Demandais-je discrètement à l’un des cachalots sans occupations alors que son maître était concentré sur les enfants.

Je n’étais pas vraiment sereine, dans les enfants attrapés, il y avait Gautier, et sa mère ne me pardonnerait jamais s' il lui arrivait quelque chose à ce petit con.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyMar 31 Jan 2023 - 10:12
L'escarmouche avec les garnements ne dura que quelques instants. Pendant ce temps, Pépin laissait sa main glisser sur la fourrure duveteuse malgré la crasse de Pepette. Ses yeux plissés étaient fixés sur la trogne maladive de ces jeunes malandrins, ces criminels qui étaient allés trop loin. Il était temps de rendre compte face à la vindicte de leur pauvre victime à quatre pattes. Dans son dos, la rouquine s'était approché d'un Cachalot pour lui glisser quelques mots à mi-voix.

«-Que… va faire le messire ?» Demandais-je discrètement à l’un des cachalots sans occupations alors que son maître était concentré sur les enfants.

Le bonhomme, bourru et aux mains épaisses, croisa les bras sur son torse en haussant les sourcils.

Avec du bol, ils r'partent avec une main en moins. Si y a bien un truc qui rend l'patron énervé, c'est qu'on s'en prend à ses affaires, 'core plus à son chien.

Les mômes tentaient de s'extirper de la lourde étreinte des Cachalots dans dans un mélange de rage et de pleurs. Il était bien convénient de pleurer maintenant qu'ils allaient devoir assumer leurs actes honteux. Le Comte se tourna vers la gueuse au tonneau et déclara, suspicieux.

Pouvez-vous me répéter ce que vous m'avez dit avant que ces malotrus nous interrompent, je vous prie ? Des gens mal intentionnés ont capturés mon petit chien et souhaitaient le manger. C'est bien cela ?

Le Dauphin d'Or s'approcha lentement de la rousse en tenant toujours Pépette qui se léchait les coussinets en remuant doucement la queue, soulagée de retrouver la sécurité de l'étreinte de son cher maître.

Allons, ne soyez pas timide. Je vous écoute, ma chère.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyMer 1 Fév 2023 - 21:58
Une main, ce n’était pas si cher payé quand on y pensait, mais ça c’était apparemment si le messire était de bonne humeur. Est ce que j’étais vraiment prête à sacrifier des gamins là dessus ? Qu’en dirait les gens si ça s’apprenait ?

Le cabot qui battait la queue me distrayait de mon raisonnement, une bête si inutile, coupable de tout ce bordel, ou plutôt la lubie d’un homme encore une fois.

«-M’dame Perrault !» Supplia Gautier avant que l’homme de main qui le tenait ne le réprimande.

Je n’avais plus le temps de réfléchir, une semi-vérité ferait l’affaire. Je l’espérais.

«-C’est ça messire, ou presque. J’n’ai pas menti, mais les enfants n’ont rien fait. C’est des mômes que je connais, j’les ai engagé pour attraper votre chien, rien de plus. Faut juste croire que les marmots ont été trop avides et qu’ils ont décidé de me faire la vieille arnaque de la fausse pièce.» Je lançai un regard sévère aux enfants qui n’était pas exagéré. «J’ai simplement vu un chien qui ne devait pas appartenir à n’importe qui et j'espérais peut-être une récompense pour l’avoir ramené messire, rien de plus. J’vous assure.»

C’était bien ma veine, est-ce-que mon honnêteté sur mes intentions ferait l’affaire ? Je regardais l’atroce gras-double s’approcher de moi, si son chien pouvait et voulait témoigner en ma faveur, je suis sûre qu’il nous aurait déjà tous laissé repartir. Tel chien, tel maître après tout, le cabot de ne devait pas être mieux intentionné. Je pouvais certainement dire adieu à ma récompense, mais avec un peu de chance si on s’en sortait, j’aurai sauvé ma réputation par ici.
Quelle plaie, il aurait été plus facile d’envoyer les mioches en sacrifice et de juste la fermer, mais mes affaires en auraient prit un trop gros coup.
J’observais avec attention les têtes des molosses qui nous entouraient, pas un seul de présent que je connaissais. J’aurai vraiment mieux fait de rester couché aujourd’hui.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyJeu 2 Fév 2023 - 10:53
Attendant la sentence sous le regard courroucé du juge Pépin, un des mioches se lança dans un réquisitoire moisi.

M’dame Perrault !

Aucun argument, aucune verve rhétorique. Ce gamin ferait un mauvais procureur en plus d'être un criminel, kidnappeur de petit chien innocent, séquestrateur et peut-être même, les Trois nous en privaient, fomentait-il avec ses complices, quelques tortures immondes au creu de son cerveau de psychopathe. Le témoignage de Dame Roucmoute suffirait à confirmer le verdict. Coupable avec préméditation, seule issue possible, la mort. Pas l'temps d'niaiser comme disait un vieil ivrogne santenoquais dont le souvenir revint de façon incongru dans l'esprit du Dauphin d'Or. Elle fit un pas en avant pour enfoncer le dernier clou de leur futur cercueil.

«-C’est ça messire, ou presque. J’n’ai pas menti, mais les enfants n’ont rien fait. C’est des mômes que je connais, j’les ai engagé pour attraper votre chien, rien de plus. Faut juste croire que les marmots ont été trop avides et qu’ils ont décidé de me faire la vieille arnaque de la fausse pièce. J’ai simplement vu un chien qui ne devait pas appartenir à n’importe qui et j'espérais peut-être une récompense pour l’avoir ramené messire, rien de plus. J’vous assure.»

Il était bien tordu ce clou ... À moins qu'elle se refuse à continuer à vivre en avouant sa complicité dans ce crime ignoble. Il pouvait la comprendre. Vivre dans la boue et le froid, amassé à plus de dix dans des chambres dortoirs délabrés que les gueux affectionnés tant. Aucun goût ces pauvres. Qu'ils préfèraient vivre dans des taudis à moitié en ruine, sur des meubles bancaux au lieu de mobilier de maître artisan au coin d'un feu, voilà qui dépassait complètement le Comte. La patience de ce dernier commençait à s'effriter. Il passa sa main sous le ventre de Pépette et la souleva devant lui. Un rayon de soleil perça les nuages pour venir illuminé la truffe humide de la petite chienne tenu à bout de bras par son maître. L'image était presque sainte, le ton de Pépin en revanche, se rapprochait plus du blasphème.

Nous perdons du temps ! Qui ?! QUI A ENFERME MON CHIEN DANS CETTE BARRIQUE ??!!!

L'aboiement aigü du spitz vint ponctuer la vocifération du Comte. Il replaça Pépette sur sa bedaine et se tourna vers la rousse avec les sourcils fronés et la bouche tordue en un rictus mauvais.

Vous avouez donc être complice de maltraitance sur cet animal ? Ou vos "employés" se sont montrés trop zélés ?

Sa patience était à bout et il voulait savoir qui finirait dans ce même tonneau lesté dans les tréfonds du port.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyJeu 2 Fév 2023 - 12:54
Le gros lard était buté et la discussion difficile. “Non, messire, c’était un mal nécessaire que de foutre votre cabot déjanté dans un putain de tonneau”, n’était probablement pas la réponse qu’il attendait, pourtant elle me brulait les lèvres.

J’étais dans une impasse, voilà pourquoi je ne me mêlais pas des affaires des nobles en général, si t’es pas baron d’un trou du cul, tu peux dire tout ce que tu veux, ta parole n’aura aucune valeur. Il m’avait fait sursauter avec sa voix forte en plus ce gros con.

«-Votre chien était en panique messire… Quelqu’un avait peut-être essayé de s’en prendre à lui juste avant qu’on ne l’attrappe. On ne voulait pas qu’il se blesse, lui faire mal en l’attrapant, ou qu’il nous morde. Le tonneau c’est tout ce que les enfants ont trouvé pour le garder en sécurité sans que personne ne se blesse, rien de plus. J’vous demande pardon si la vue de votre chien dans c’te situation vous a inquiété. La vérité c’est que je n’ai pas de coupable à vous donner messire.»

Je baissais la tête en signe d’humilité, ce qui me permettait de cacher la frustration que je ressentais. C’était la dernière fois que je tentais de lui expliquer la chose à ma façon, après ça, il allait falloir passer à une toute autre stratégie ou espérer que les dieux en aient fini avec moi pour aujourd’hui.

«-C’vrai m’sieur ! On voulait pas qu’le chien s’blesse ! On aurait bien voulu jouer avec, nous ! Mais l’avait trop peur ! C’dommage… L’chiens du port sont pas amicaux par ici et ils sont pas aussi jolis !» Ajouta le petit chef de la bande de gamin.

Ah chouette petit menteur, regardez-le en appeler à l’égo du maître.

J’avais bien un dernier tour dans ma manche, après tout, si le maître voulait un coupable, je pouvais bien lui en trouver un. Quelqu’un que je pourrais lui jeter en pâture, quelqu’un qu’il m’arrangerait de voir écarté. Quand le garçon eut fini son petit discours larmoyant, ce fut à nouveau à moi.

«-Messire. J’ai peut être pas de coupable à vous donner tout de suite, mais y a bien quelqu’un qui a terrorisé, voir maltraité votre chien pour qu’il soit dans cet état. Et lui, j’suis sûre de pouvoir le trouver, j’ai même une petite idée de sa personne. Y a bien un gars par ici qui est connu pour attraper les chiens et revendre la viande comme si de rien n’était.»

André, n’était pas inventé, c’était un vrai gars, qui attrapait vraiment les chiens qui gardaient les entrepôts pour en vendre la viande au Goulot, et cet enfoiré me devait des sous. Maintenant il n'y avait plus qu'à espérer que le noble saute sur ma petite distraction.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyJeu 2 Fév 2023 - 13:36
Je comprends pas les humains. Ils sont là à gueuler les uns sur les autres sans raison, alors que moi j'ai le droit à des caresses. Ils ont pas le sens des priorités.

Et ils sont pas gentils, sinon ils auraient droit à des caresses aussi. J'aime pas trop quand mon Maître, il crie. Et visiblement, les enfants qui jouent à leur jeu nul avec un tonneau non plus. Même la dame avec les cheveux couleur carotte elle a pas l'air d'aimer ça. Du coup, j'aboie une fois quand même. Pour leur faire comprendre qu'il faut pas crier, c'est pas gentil.

Les enfants, on dirait ils vont pleurer. M'en fous je les aime pas trop. Ils sentent pas très bon et ils jouent à des jeux pas drôles. Je grogne un peu vers celui qui parle en me regardant. S'il veut encore m'enfermer dans un tonneau, je le mords. Fort, hein. Je suis sûre, je pourrais lui arracher la main tellement je suis forte. Il a qu'a demander à la dame quand j'ai failli lui bouffer le doigt tout à l'heure. Bon j'y suis peut-être allé un peu fort. Depuis tout à l'heure, elle parle gentiment à mon Maître. Peut-être que c'est une copine en fait. Et je l'ai mordu. C'est pas très gentil. Il faudrait que je me fasse pardonner.

*****

Votre chien était en panique messire… Quelqu’un avait peut-être essayé de s’en prendre à lui juste avant qu’on ne l’attrappe. On ne voulait pas qu’il se blesse, lui faire mal en l’attrapant, ou qu’il nous morde. Le tonneau c’est tout ce que les enfants ont trouvé pour le garder en sécurité sans que personne ne se blesse, rien de plus. J’vous demande pardon si la vue de votre chien dans c’te situation vous a inquiété. La vérité c’est que je n’ai pas de coupable à vous donner messire.

La roturière se voulait être l'avocate de ces gamins. Tout juste arrivait-elle à confesser qu'elle était non seulement leur complice, mais qui plus était, leur commanditaire. Un des mômes rala en réponse, des sanglots s'étranglant dans sa voix.

C’vrai m’sieur ! On voulait pas qu’le chien s’blesse ! On aurait bien voulu jouer avec, nous ! Mais l’avait trop peur ! C’dommage… L’chiens du port sont pas amicaux par ici et ils sont pas aussi jolis !

Pépette gronda dans les bras de Pépin. Visiblement, elle n'avalé pas les couleuvres que lui envoyait le mioche.

Silence, criminel ! Vois comme elle n'est pas dupe ! Et moi, encore moins !!
Messire. J’ai peut être pas de coupable à vous donner tout de suite, mais y a bien quelqu’un qui a terrorisé, voir maltraité votre chien pour qu’il soit dans cet état. Et lui, j’suis sûre de pouvoir le trouver, j’ai même une petite idée de sa personne. Y a bien un gars par ici qui est connu pour attraper les chiens et revendre la viande comme si de rien n’était.

Pépette se tortilla dans les bras du Comte avant de sauter à ses pieds et se dirigea vers la jeune femme en dandinnant de la croupe. Cette gueuse pouvait-elle dire la vérité ? N'était-elle que l'instigatrice d'un sauvetage, totalement pourri à cause de son intellect inférieur ? La petite chienne se mit sur ses pattes arrières et posa une patte avant sur le tibia maigrelet de la rousse. Elle l'observait en laissant la langue pendre, les oreilles baissées et le regard joueur. La chienne, pas la rouquine. Elle essayait probablement de l'absoudre de son péché. Après tout, pouvait-on en vouloir aux débiles d'être débiles ? Si Pépin se conformait à ce fait, les trois-quarts des Cachalots et son fils aîné aurait déjà connu une fin sinistre. Il observa la scène en arquant un sourcil dubitatif. Il concéda finalement.

Bien, nous avançons.

Il se tourna vers ses hommes de main qui entravaient toujours les mouvements des mioches.

Foutez-moi ces morveux dans ce tonneau.

Ils protestèrent, gueulèrent, hurlèrent même, comme l'avait probablement fait sa pauvre petite chienne sans défense. Un jute retour des choses estima Pépin.

Combien de temps pour atteindre le bord de la jetée ?
Euh ... Une bonne demi-heure, M'sieur l'Comte. P'tet trois quart d'heure.

Le gaillard se grattait l'arrière du crâne, peu sûr d'avoir effectué le bon calcul. On en revenait à la débilité qui était un fardeau suffisant des pauvres bougres pour ne pas leur en tenir rigueur. Il se tourna à nouveau vers Dame Roucmoute.

Bien ! Vous avez donc quarante-cinq minutes pour me présenter ce vil boucher au bout de la jetée. Passé ce délai, ces vauriens seront considérés comme coupable et devront répondre de leur torture envers ce délicieux petit animal innocent.

Un silence s'installa. Le Dauphin d'Or toisait la mégère sans ciller, les traits tendus sur son visage rubicond. Aujourd'hui, quelqu'un paierait pour s'en être pris aux affaires des Santenoque. Peu importe qui, mais sur le port, on oublierait plus qu'on ne jouait pas avec le maître des lieux. On s'y soumettait.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyVen 3 Fév 2023 - 21:44
Le silence pesant qui s’installait fut rapidement coupé par le petit chien qui s’avança vers moi. J’eu un instant d’hésitation, par peur qu’il me morde à nouveau. Au final, rien de tout ça, voilà que le cabot posait sa patte sur moi, m’offrant une expression des plus ado-... amicales.
Si la situation avait été différente je me serais baissée pour profiter de son pelage qui avait d’ailleurs l’air bien doux.

Le chien avait donc entendu mes pensées, il fallait croire, la vue semblait avoir apaisé le gros, mais pour combien de temps ?

«-Foutez-moi ces morveux dans ce tonneau.»

L'ordre avait été donné avec un calme terrifiant, l’homme avait donc prit sa décision ? Au moins on ne pourrait pas dire que je n’avais pas essayé, j’en prendrais du temps à m’en remettre mais c’était jouable, voilà ce que j’étais en train de me dire avant que le noble n’ajoute un petit quelque chose.

«-Bien ! Vous avez donc quarante-cinq minutes pour me présenter ce vil boucher au bout de la jetée. Passé ce délai, ces vauriens seront considérés comme coupable et devront répondre de leur torture envers ce délicieux petit animal innocent.»

Alors que les cris plaintifs des enfants se faisaient entendre depuis l’intérieur du tonneau, l’homme, lui, me lançait un défi. “Délicieux”, le choix de mots me fit perdre quelques précieuses secondes que je n’avais pas.

J’aurai pu tourner le dos, et laisser les enfants se noyer, malheureusement, il faut croire que tout n’était pas encore perdu chez moi, je me dégoutais. Ma “gentillesse” allait causer ma perte un jour.
Bref, reprenons, j'avais quarante-cinq minutes pour donner une victime à cet enfoiré.
La première solution aurait pu être de trouver du secours, mais contre un noble ?

«-Martin !» J’attrapai le jeune homme par l’oreille avant qu’il ne rentre dans la taverne que j’étais en train de passer.

«-C’va pas ? Il te prend quoi ?!» En me voyant essoufflée, la jeune aide d’entrepôt qu’il était commença à s’inquiéter.

«-Tu sais… Le… Le… Rah merde le gars qui tue les chiens.» Difficile de parler avec mon manque de souffle.

«-Quoi ? » Il m'attrapa les épaules pour m'aider un peu à me tenir.

«-Dit à Yves… Que j'sais où le trouver mais que j'ai besoin qu'il me le ramène à un endroit précis. Il aura sa vengeance. J'le jure. Il n'a qu'à me rejoindre dans la rue au flambeau.»

Yves aussi je pouvais pas l'encadrer, mais moins que André. Je m'étais bien gardé de lui dire qui lui avait pris ses chiens de gardes, jamais il ne m'aurait payé pour ça.
Vu la taille d'André, le gars était quand même capable de se faire des chiens entraînés, il me faudrait quelqu'un pour réussir à le ramener jusqu'à l'autre enfoiré.

Il fallait que je fasse confiance à Martin et Yves pour faire leur part du marché, j'avais si peu de temps devant moi et en vérité aucune idée de où se trouvait André exactement. Martin partit avec toutes les informations dont il avait besoin, je posais ma main sur mon cœur agité, essayant de le calmer avant de reprendre ma course.
Il allait me falloir de la chance, et l’aide de toutes les femmes que je connaissais pour le trouver vite ce corniaud.

De fil en fil, je remontais la piste, contrairement à d’habitude, j’enchaînais mes connaissances sans politesse, l’étau se resserrait autour de mon pantin, ce que j'aurais aimé savourer ce moment. Et enfin, après une énième demande, je le tenais.

Impossible de savoir combien de temps il me restait, autrement dit je n’avais plus qu’une chose à faire pour gagner du temps, déléguer encore une fois. J’envoyai en messager, une fille que j’avais croisé dans ma course, elle devait inviter André à rencontrer un nouveau marchand dans la rue des flambeaux. Un type plutôt louche qui existait vraiment, impossible pour André d’avoir des doutes.

Quant à moi, il était temps de retourner vers les quais. J'espérais fortement que les cachalots avaient bien pris tout leur temps, mais avec l’homme qui leur servait de maître c’était peu probable, avec ou sans conscience personne n’aime se prendre un coup de fouet.

Depuis ma course je distinguais, les silhouettes rassemblées sur la jetée. L’un des hommes, que je distinguais à peine tant ma vue était troublée par l’effort, se préparait à donner un coup de pied dans le tonneau.

«-Attendez !» M’écriais-je à bout de souffle, me rattrapant sur le premier objet à ma hauteur pour ne pas tomber de fatigue, ironiquement, c’était un autre tonneau.
Le coup était déjà partit, mais atténué par la surprise de mon avertissement il ne fit que faire basculer légèrement le tonneau sous les cris apeurés des enfants. Le tonneau bascula d’avant en arrière pendant ce qui parut être une éternité, avant d’enfin se stabiliser à nouveau comme si rien n’avait jamais été fait.

Je sentais les regards sur moi, pesant de jugement, attendant une suite à mon intervention, mais ma gorge brûlante et l’envie de vomir me retenait d’ajouter quoi que ce soit. Je voulais supplier pour quelques minutes de plus. Ces quelques minutes de plus pourraient me dire si mon plan avait fonctionné.
Pendant ma course jusqu’à ce point précis, j’avais eu en tête tout ce qui devait être en train de se passer parallèlement à nous et si tout s’était passé comme prévu, Yves n’avait besoin que de quelques minutes de plus pour arriver et jeter le misérable sacrifice au pied du noble.
Revenir en haut Aller en bas
Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptyVen 3 Fév 2023 - 22:39
La roturière aux cheveux de feu détala après une brève hésitation pendant laquelle elle avait jeté un regard vide au Comte. Cela devait être le temps de comprendre chacun des mots qu'il avait prononcé. Il avait entendu parlé de ces pauvres au cerveau mou qui avait un temps de retard pour comprendre même les concepts les plus simples. Elle devait faire parti de ces gens là.

Les protestations des mioches étaient désormais étouffés par les lattes du tonneau. Ils goutaient leur propre médecine. Pépin était sûr qu'ils n'appréciaient pas le traitement infligé à cette malheureuse Pépette. Il s'approcha, plaçant sa main en coupe autour de son oreille avant de s'écrier.

Comment ?! ... Navré, je ne comprends pas ! ... C'est pour éviter de me faire mordre !!

Il se redressa, ravi de ses remarques acerbes et pointa la barrique de l'index en regardant ses hommes.

Portez-moi ces chiards. Nous devons nous rendre au bout du port.

Ainsi fut fait. Après avoir pris la petite chienne dans ses bras, il devança les Cachalots qui transportaient les criminels, eux-même suivi par le reste des hommes de main. Le Comte traversa les quais, saluant quelques pêcheurs qu'il employait d'une signe de tête quand ceux-ci ôtaient leur chapeau en baissant la tête. Des "Bien le bonjour, Messire" et "Mes respects, M'sieur le Comte" ponctuèrent le voyage, et chacun de ces braves employés, affairés à faire fructifier son patrimoine, reçut de chaleureux sourires et de courtois signes de main, leur égayant probablement leur vie pourrie. Rencontrer un noble sang aussi puissant que lui leur ferait une histoire à raconter à leur marmaille le soir. De quoi changer des sempiternelles fables sur les femmes-poissons et les anecdotes de bottines prises dans un filet.

Le groupe arriva finalement à destination. Au bout de la jetée la plus éloignée des quais. Là où le courant tourbillonait assez pour aspirer vers le fond tout objet ou corps et le projeter contre les récifs sur lesquels s'appuyait l'entrée du port. Les gaillars aux bras épais soufflèrent de soulagement en posant leur fardeau au bord de la jetée. Pépin observa autour de lui et lorgna bien vite sur les galets qui formaient les prémisces des digues qui brisaient le courant. Il se pencha légèrement, jaugeant le meilleur endroit d'où balmancer ces malandrins à la flotte et s'écria sans adresser un regard derrière lui.

Lestez-moi ce machin. Je ne veux pas les voir remonter.

Une nouvelle bordée de chouinements émergea du tonneau, accrochant à peine l'oreille d'un Comte concentré sur les flots verdâtres qui faisaient nâitre l'écume à ses pieds. Les Cachalots exécutèrent les ordres, se relayant pour nouer les galets à l'aide d'une corde qu'ils enroulèrent rapidement autour du tonneau. Il en avait fini d'inspecter l'endroit idéal pour effectuer le grand plongeon.

Ici, ce sera parfait.

Tandis que les hommes installaient la prison de bois des bandits sans culottes, Pépin lança un regard vers le port. Aucun signe de la rouquine, même pas une tignasse orange qui flamboyaient au loin. Tant pis pour eux. Il avait déjà fait preuve d'une immense mansuétude en accordant un sursis à ses gosses pouilleux. Il se tourna vers le plus gros des Cachalots à sa droite en caressant sa chienne, blotti entre ses bras.

M ... Euh ... Maurice ?
Blaise ... Mon nom c'est Blaise, M'sieur l'Comte.
Voilà, très bien ... Blaise ! Envoyez ces criminels par le fond, que les Trois en fassent ce qu'ils souhaitent.

Le bonhomme leva le pied, prêt à l'abattre avec force contre la paroi pourrie, lorsque soudain.

«-Attendez !»

À moitié effondrée sur une barique, à l'entrée de la jetée, Dame Roucmoute beuglait. Le Comte se tourna vers la voix en arquant un sourcil. Elle était seule. Et vu son attitude, probablement saoule. Cette bonne femme avait profité de l'occasion pour se ravager la poire à la vinasse de mauvaise qualité et elle tenait à peine debout. Que la misère pouvait être cruelle parfois. Il l'aurait presque plaint. Tout était dans le "presque". Il se détourna de ce spectacle pathétique, par une pudeur dont il s'étonna lui-même pour découvrir le tonneau balancer sur le bord du quai mais toujours à son niveau. Il fronça les sourcils en toisant Blaise, entre circonspection et fureur.

Elle m'a surpris ...

Pépin souffla du nez, très fort, avant de s'écrier.

Il faut tout faire soi-même.

Il balança un grand coup de pied et envoya le tonneau basculer dans les flots dans un concert de cris aigüs et des pleurs déchirants. La douleur fut vive, saisissante, transperçante. Il s'était pété le pied. Par les Trois que ça faisait mal. Saloperie de mioche qui lui auraient rendus cette journée désagréable jusqu'au bout. Au moins, ils avaient finis à la flotte. Mais lui était en détresse, luttant contre pour ne pas perdre l'équilibre, il dut s'accrocher au gilet de Blaise. Comment cet homme pouvait sentir le chou et la sueur en même temps ? Pépette lui glissa des mains pendant sa demi-chute.

Ah, bordel de cong de pute borgne !!

Pendant ce temps, deux hommes avançaient au bout de la jetée. Et le tonneau ? Tout allait bien, il avait coulé.
Revenir en haut Aller en bas
Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or EmptySam 4 Fév 2023 - 23:53
Plouf.

Le gros à demi écroulé, se tenant au gilet de son homme de main, son plus gros regret de la journée ? Son pied pété.

Moi ? J’avais échoué. Qu’est-ce que j’avais espéré au juste ? Être l’héroïne que je n’avais jamais été ? Soyons sérieux un instant, le mauvais m’avait toujours habité.

Ma main tremblait de rage, le plan avait presque été parfait, mais il n’en restait pas moins caduc.

Je m’étais approché de plus près pour voir le tonneau disparaître.

En moi montait la peine de savoir les enfants en train de se noyer, hors de question de laisser ce sentiment m’atteindre. Pourtant, il reviendrait, chaque nuit où je me laisserai aller à la faiblesse de mes sentiments. En cet instant, mes ambitions me maintenaient à flot, contrairement au tonneau, qui lui, avait bien coulé.

« -C’quoi c’bordel…?» Demanda un Yves dépité qui débarquait tout juste sur cette situation incompréhensible. Sur son épaule, se débattait le fameux André dont je ne pouvais comprendre les paroles, un bâillon proprement fait l’empêchait d’être audible.

«-T’es en retard. C’ça l’bordel.» Bien sûr, c’était sa faute.

Je ne lui laissai pas le temps de se défendre, lançant un regard circonspect à la troupe inutile qui entourait le noble en souffrance.

«-V’voyez pas que votre maître est en train de souffrir ? Il serait pas l’temps de faire quelque chose ?»

Le pauvre petit chien, était le seul vraiment inquiet pour son maître ici-bas, les autres s’inquiétèrent plutôt de la punition qu’ils risquaient de recevoir si effectivement, ils ne réagissaient pas. Ils étaient des bras aussi cassés que le pied du noble.

Je récupérai le chien dans mes bras, apparemment, on avait fait copain-copain lui et moi, il avait même l’air rassuré de ne pas être oublié. En fait, c’était un peu comme avec le reste de mes connaissances, ce n'était pas le premier à avoir essayé de me mordre sur notre première rencontre.

Je relevai la tête pour m’apercevoir du triste spectacle que donnaient les gros bras autour du messire, les voilà à tourner autour sans trop savoir comment porter leur maître sans risquer de le faire souffrir. Je dois ajouter qu’avec son tour de ventre, il n’était pas non plus la masse la plus facile à transporter.

« -Bordel… Toi là le… Non pas toi, l’autre. Attrape-lui les jambes. Mais non-bougre d’idiot ! Pas comme ça ! Voilà. Mais prend lui les épaules toi ! Faites un effort, on va pas s’en sortir. Voilà !»

Si je n’essayais pas de repousser la lente agonie des enfants de l’intérieur de ma tête en dirigeant ce joyeux bordel, la vue aurait presque pu être comique.

Complètement perdus, les hommes écoutaient chacun de mes mots, je suis presque sûre qu’avec leur panique actuelle, j’aurais pu les faire danser.

«-Hey… Mais j’fais quoi de lui moi ?» Osa enfin demander Yves, alors que tout ce beau monde était prêt à partir.

«-J’en sais rien. Jette le à la flotte aussi. C’qu’un de tueur de chien. On va pas lui offrir une exécution digne de c’nom non plus.» Comme pour confirmer mes dires, le chien dans mes bras aboya, décidément, on devenait vraiment copains. Ma déclaration avait agité André, qui commençait à se tortiller dans tous les sens.

Je n’étais plus à une mort près aujourd’hui, celle des enfants ne me laissait pas indifférente, mais celle d’André, ce n’était pas comme si le gars m’avait déjà rapporté quoi que ce soit.

Yves se tourna quand même vers le noble, à ma grande surprise, il avait réussi à déduire que le patron ici, c’était lui. Par contre, il y avait de grandes chances que notre blessé n’en avait plus grand-chose à faire dans cet état, et qu’il se sente dérangé par la demande de confirmation. On verrait bien.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Le cabot aux oeufs d'or Empty
MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Le cabot aux oeufs d'or
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Port-
Sauter vers: