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 Le cabot aux oeufs d'or

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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyDim 5 Fév 2023 - 10:52
Un homme meurtri, blessé, peut-être même estropié à vie et qui devrait porter les tigmates éternellement de cette journée désagréable qui avait pourtant commencé sous des augures favorables. Tout ça à cause de petits péquins dévoreurs de chien. Foutus morveux. Dans une chorégraphie pataude, Pépin tentait de garder l'équilibre en se maintenant aux larges épaules de Blaise qui fut rejoint par ses collègues après quelques instants d'hésitation. Les hommes tentèrent un à un de soutenir leur patron qui sautillait sur un pied en maintenant le second dans les airs en poussant des petits cris de douleurs. L'image d'une meneuse de revue obèse passant des bras d'un danseur à l'autre pour longer la scène était aussi adéquate que dérangeante. Il sembla un instant au Comte entendre la voix de Dame Roucmoute qui vociférait des instructions, tentant d'organiser le pas de danse pour le faire gagner en fluidité.

Cependant, on était pas sur la scène d'un cabaret et le ballet n'avait ni grâce, ni souplesse dans ses déplacements. Entre les larmes et les souffles courts qui étouffaient un peu la douleur, le Dauphin d'Or remarqua Pépette qui avait pris la gueuse comme nouveau perchoir. Cette ribaude essayait-elle de lui voler son chien ?!! Il voulut hurler avant de se raviser, jugeant qu'il n'aurait alors plus de béquilles humaines et qu'il finirait par s'étaler de tout son long sur cette fichue jetée. Et puis à y regarder de plus près, elle ne courait pas et Pépette semblait à l'aise dans ces bras maigrelets et couvert de tâches de son.

Le groupe trouva enfin sa coordination -incertaine, toujours, mais existante- et parvint à diriger Pépin et ses bourrelets vers un poteau qui dépassait de bord et était assez large pour accueillir son large céans. Il tendit la jambe meurtrie devant lui, soufflant comme une femme sur le point d'accoucher à chaque centimètre qui rapprochait son pied du sol. Les dents crispés, il déglutit bruyamment avant de redresser le nez pour voir les deux nouveaux venus qui échangeaient avec la rouquine. Du moins, l'un d'eux discutait, l'autre était saucissonné sur son épaule et se tortillait comme un ver au bout de son hameçon. Les pauvres avaient décidément des passe-temps qui l'étonneraient toujours.

Un chapelet de bulles bouillonna à la surface de l'eau, là où avait coulé le tonneau, créant un cercle d'écume qui brisait le vert. L'homme qui tenait son camarade sur l'épaule observait le Comte avec un air dubitatif. Ce dernier échangea un regard équivalent avec le bonhomme avant de s'écrier.

C'est pour quoi ?!

Il tourna ses petits yeux porcins vers la roturière qui tenait Pépette dans ses bras avant d'ajouter.

Qu'est-ce qu'il me veut votre ami ?
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyLun 6 Fév 2023 - 13:27
Je me retenais de ne pas plonger ma tête dans la douce fourrure du petit chien, heureusement la crasse m’y aidait bien.

L’animal m’aidait à tenir la face, alors que le tonneau, lui, devait être en train de toucher le fond désormais. J'imaginais mal le messire, demander à ses hommes de le repêcher, y en avait même-t-il un qui savaient nager ?

Le pourceau enfin assis, gueula contre Yves, qui commençait à regretter d’être venu. Il s’adressa ensuite à moi pour obtenir des réponses, c’était satisfaisant de savoir qu’il se tournait vers moi pour cette tâche.

«-C’est Yves, messire. Il vous apporte le tueur d’chien.»

Sur mes mots, Yves jeta André à terre, comme si l’homme n’avait été qu’une vulgaire cargaison de port. Il osa même s’incliner devant le noble, d’une courbette peu élégante. Il cherchait à se faire bien voir de l’homme riche.

Yves était une sacrée masse, il se fondait parfaitement dans le groupe de mastodontes qui m’entourait. Il ne lui manquait plus que le petit chapeau mou, ça lui aurait fait une drôle de tête.

«-Il voudrait savoir, c’que vous souhaitez faire de lui.»

Yves confirma d’un hochement de tête et d’un léger grognement, il ne souhaitait pas parler, par respect pour le gros. Craignant le courroux de celui-ci s'il prenait la parole sans qu’il ne l'y ait invité.

André se tortillait désormais comme un misérable ver les yeux implorant le seigneur qui était juge de son sort, il commençait à ramper vers lui.

«-Yves.» Dis-je simplement pour que l’homme réagisse, il écrasa le misérable André, de son gros pied, sur le sol pour l’empêcher d'avancer plus et de déranger le messire. «Surveille un peu ta saucisse, t’veux ?» Osais-je lui dire pour le réprimander un peu, il n’appréciait pas trop que je profite de la situation pour le commander, mais il était bien content que ce soit moi qui m’occupe de converser avec le noble.

Une fois ce petit inconvénient réglé, je commençais à approcher le messire, avec l’intention de lui rendre son chien. Il semblait être de bien meilleure composition avec son cabot dans les bras. Je me préparais à m’arrêter à la moindre réaction qui trahirait son mécontentement à mon approche.

«-Messire. Votre chien à l’air d’vouloir retourner dans vos bras.» Dis-je pour le prévenir de ce que j’avais en tête, le chien était loin de se débattre dans les miens néanmoins il commençait à peser. Je pouvais en tout cas sentir sa queue battre dans tous les sens, et voir sa langue qui pendait bien, il était de plus en plus excité au fur et à mesure que je le rapprochais de son maître.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyLun 6 Fév 2023 - 14:47
C’est Yves, messire. Il vous apporte le tueur d’chien. Il voudrait savoir, c’que vous souhaitez faire de lui.
Ah !

Pépin tourna les yeux vers les dernières bulles qui éclataient à la surface des vaguelettes. Ces mômes n'étaient probablement pas si coupables que ça finalement.

Voilà qui est fâcheux.

L'espace d'un instant, un voile attristé passa devant les petits yeux ronds du Comte. Il observa les ronds d'écumes qui s'élargissaient mollement.

Meh !

Il haussa les épaules en revenant vers le bonhomme qui venait de jeter son colis par terre. Devant lui, rampant comme le serpent sans foi, ni loi qu'il était, le criminel qui mangeait du chien. Aux vociférations de Dame Roucmoute, le geôlier répondit par un talon qui vint arrêter l'immonde personnage. Les yeux du Comte se perdirent quelques instants dans le vague, cherchant le châtiment idoine pour cet énergumène qui ne méritait pas de vivre. Il repéra un mouvement du coin de l'oeil, revenant immédiatement à la réalité pour observer la gueuse. Qu'est-ce qu'elle lui voulait à s'approcher si près ? Heureusement qu'on attrapait pas la pauvreté comme des poux car elle était à distance de transmission. Entre ses mains, Pépette paraissait heureuse, la queue fouettant l'air et les yeux pétillants de sa malice habituelle.

Messire. Votre chien à l’air d’vouloir retourner dans vos bras.
Oh ... Oh oui, bien sûr. Viens là, ma Pépette !

Il tendit les bras avec un sourire qui allait grandissant. Il se concentra sur l'animal au cas où la rousse ait pris l'invitation pour elle. On ne savait jamais avec ces gens au cerveau atrophié. Bien vite, la petite chienne retrouva l'étreinte rassurante de son maître adoré. Il tourna instantanément la tête vers ses hommes non loin, restaient coi des évènements qui venaient de se dérouler. Eux non plus n'était pas les couteaux les plus aiguisés du tiroir.

Molestez-moi ce manant ! Pas de quartier pour ce genre de barbare. Et ensuite, comme le tonneau ! lesté et coulé.
À vos ordres, M'sieur l'Comte !

Voilà ! Braves gens que ces Cachalots ! Cons comme des portes mais dociles et efficaces et même très capables lorsqu'ils suffisaient d'obéir aux ordres. Que demandaer de mieux ? Il tourna à nouveau les yeux vers la rousse tandis que les cris étouffés par un baillon commençaient à retentir en réponse aux coups de ses gens.

Eh bien, je vous remercie ... Euh ... Madame ? J'ignore votre prénom, quel est-il ?

Il désigna un poteau, jumeau de celui qui lui servait de siège pour inviter la jeune femme à s'asseoir.

Je vous en prie.

Il caressait le ventre de Pépette qui avait basculé en arrière, les pattes recroquevillées sur elle, la langue pendouillante sur le côté en se délectant de l'attention qu'on lui apportait.

Grâce à vous, j'ai récupéré mon chien et le port est plus sûr avec cette bande de brigands en moins. Cela mérite récompense. Y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez en remerciement ? Vous et votre ami là-bas.

Il fit signe au type massif d'approcher pour les rejoindre dans la discussion, tandis que des craquements d'os retentissaient lorsque les coups au visage de l'homme saucissonné firent céder une arcade.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyLun 6 Fév 2023 - 23:12
Un comte ! C’était un comte ! Et certainement pas un pauvre en plus de ça ! Il fallait que je me retienne de jubiler, je commençais à peine à rentrer dans ses bonnes grâces.

Avec un comte, il y avait tellement de possibilités qui s’ouvraient enfin à moi, et je ne parle même pas de celles qui me permettraient enfin d’utiliser ma demi-sœur à bon escient.

«-Eh bien, je vous remercie ... Euh ... Madame ? J'ignore votre prénom, quel est-il ?»

«-Mélisende Perrault, Monsieur le comte.»

Je devais donner l’image la plus professionnelle qui soit. Avec un comte, je ne pouvais pas utiliser ma familiarité habituelle pour m’en faire un ami. Le poteau qu’il me proposait un guise de siège était un signe positif, je devais faire attention à ne pas paraître trop ridicule en m’asseyant.

Je pris donc mon temps pour m’y percher, essayant d'y mettre un peu de grâce. Le point fort de mon corps, c’est que fin comme il était, il en avait toujours disposé naturellement, ou potentiellement, le sang-bleu en moi me donnait naturellement quelques manières.

«-Tout l’plaisir est pour moi. Et pour Yves.»

Yves regardait le spectacle avec un sourire sadique, je ne lui avais pas menti en lui disant qu’il serait satisfait de ce qui attendait le tueur de ses chiens. Tant mieux, nous allions pouvoir maintenant enfin nous entendre. Si le comte n’avait pas été là, certainement qu’il aurait déjà pris part au tabassage en règle qui se déroulait non loin de nous.

«-Grâce à vous, j'ai récupéré mon chien et le port est plus sûr avec cette bande de brigands en moins. Cela mérite récompense. Y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez en remerciement ? Vous et votre ami là-bas.»

La bande de brigands en moins ? Le pensait-il vraiment ? S’il était de ce genre d’idiot, cela était à mon avantage, mais valait mieux rester sur ses gardes tout de même. C’était bien la première fois que j’avais l’occasion de me rapprocher d’une telle noblesse. Le jeu était dangereux, mais pas sans récompense.

À l’invitation du comte, Yves approcha, une pointe de déception apparut sur son visage, à l’idée de délaisser la vue qu’il avait sur la justice rendue, puis c’est le stress de devoir se présenter devant le comte qui le gagna. Bon point pour lui, Yves était une bien trop grande force de la nature, sa peur apparaissait comme du respect plutôt qu’autre chose.

«-Oh ! J’n’oserais pas vous demander un quel’qu’chose messire. J’suis déjà bien servi de voir c’t’enfoiré enfin payer pour c’qu’il a fait à mes chiens. Toute une portée messire ! Qu’j’ai élevé et éduqué moi-même. Z’auriez dut voir ça. Au doigt et à l'œil qu’ils m’obéissaient. D’braves bêtes, et d’bons gardes. Maintenant j’ai plus qu’des corniauds déjà bien vieux.»

Il se tût enfin, réalisant qu’il avait sûrement trop parlé. Moi j’y entrevoyais une opportunité, après tout, le comte paraissait être un amoureux des chiens. Il fallait que j'enchérisse, ce qui était apparu comme une maladresse aux yeux de Yves, pouvait au contraire être un tremplin. Je jetai un œil aux fameux cachalots, une milice privée aussi bien entretenue, devait servir à garder des choses.

«-Monsieur le comte, il fallait voir avant la fange et qu’les chiens deviennent trop chers à entretenir. Yves était l’premier qu’on engageait pour entraîner les chiens qui gardaient les entrepôts. En-tout-cas, tous ceux qu’voulaient une sécurité de première qualité. Le voilà maintenant réduit comme les autres glan-, les autres, à décharger des caisses, quelle perte d’talent. »

J’aurai pu jurer que Yves rougissait presque à mes propos. Ah les hommes, flatter la grandeur de leur travail est toujours plus efficace que de flatter celle de leur queue. Bien que les deux ne soient pas incompatibles.

«-M’enfin. Si vous voulez en revenir à la mienne de récompense, monsieur le comte.» Je posai mes yeux sur la chienne, qui me regardait avec un air si adorable qu’il me déconcentra un instant.

«-Je me dis, qu’au lieu de vous demander vulgairement de l’argent. Vous pourriez me laisser me rendre utile ? J’connais bien les environs et ses gens. Et sans vouloir me vanter… Si on peut appeler ça se vanter…» Je regardai les débiles qui étaient en train de galérer pour tout simplement trouver une manière de lester André. «J’pense pouvoir vous offrir plus de cervelle que ces gars-là.»

Comme s’ils voulaient prouver mon point de vue, l’un deux leva André, près à le jeter, ils s’arrêtèrent soudainement tous en se rendant compte que les pierres n’avaient pas été attachées et restaient donc sans utilités au sol. Le comte pouvait bien mieux faire, c’était certain.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyMar 7 Fév 2023 - 12:32
Mélisende Perrault, Monsieur le comte.Tout l’plaisir est pour moi. Et pour Yves.»

Ces noms en valaient bien des autres. Le solide gaillard, Yves donc, s'approcha du duo assis sur les poteaux. Il rougissait, une réaction aussi commune qu'étrange chez les humbles gens. À croire que parler à une personne mieux né équivalait à faire la cour à une belle dame. Aussi cocasse que prévisible ces rotuirers.

Oh ! J’n’oserais pas vous demander un quel’qu’chose messire. J’suis déjà bien servi de voir c’t’enfoiré enfin payer pour c’qu’il a fait à mes chiens. Toute une portée messire ! Qu’j’ai élevé et éduqué moi-même. Z’auriez dut voir ça. Au doigt et à l'œil qu’ils m’obéissaient. D’braves bêtes, et d’bons gardes. Maintenant j’ai plus qu’des corniauds déjà bien vieux.
Monsieur le comte, il fallait voir avant la fange et qu’les chiens deviennent trop chers à entretenir. Yves était l’premier qu’on engageait pour entraîner les chiens qui gardaient les entrepôts. En-tout-cas, tous ceux qu’voulaient une sécurité de première qualité. Le voilà maintenant réduit comme les autres glan-, les autres, à décharger des caisses, quelle perte d’talent.

Leur façon de manger la moitié des mots rendait parfois difficile la compréhension de ces gens. On sentait qu'ils essayaient de faire des efforts pour être compréhensible, mais Pépin devait se concentrer pour donner un sens à leurs phrasés parfois plus proche du grognement que du discours intelligible. Les cris et les pleurs de l'homme en train de se faire démolir à quelques mètres n'aidaient clairement pas mais il devait faire avec.

M’enfin. Si vous voulez en revenir à la mienne de récompense, monsieur le comte. Je me dis, qu’au lieu de vous demander vulgairement de l’argent. Vous pourriez me laisser me rendre utile ? J’connais bien les environs et ses gens. Et sans vouloir me vanter… Si on peut appeler ça se vanter… J’pense pouvoir vous offrir plus de cervelle que ces gars-là.

Il jeta un oeil vers les Cachalots qui découvraient qu'on ne pouvait pas lester un corps sans y attacher les pierres. Le comte soupira en secouant la tête.

Il n'est pas très compliqué d'avoir un peu plus de cervelle. Je leur demande surtout d'être efficace dans leur besogne, pas de résoudre des problèmes complexes.

Il leva l'index pour marquer une pause dans son échange avec la rouquine, puis se tourna vers les hommes qui regardaient autour d'eux sans trop savoir quoi faire.

Sous la corde, Messieurs. Dans les poches. Au besoin, rajoutez-en une, mais ces pierres ont besoin d'être attachés. D'ailleurs, il me semble qu'il bouge encore ce bougre. Faites les choses bien, je vous prie.

Les coups plurent à nouveau sur le corps à demi-inconscient du tueur de chien. Il tourna de nouveau son regard vers le type aux bras épais et son amie menue. Il s'apprêtait à railler un peu plus ses hommes lorsqu'il réalisa une évidence qui lui avait échapper jusqu'à maintenant. Il passait probablement trop de temps en compagnie de ces crétins. Il devait être en train de voir son cerveau ramolir à leur contact.

Vous n'avez aucune idée de qui je suis, n'est-ce pas ?

Evidemment ! Bien sûr ! Ni Dame Roucmoute, ni son ami n'avait réalisé à qui ils avaient affaire. La pauvreté n'était peut-être pas contagieuse, mais la stupidité l'était peut-être bien. Pépin pointa l'entrepôt qui dominait le bout de la jetée.

Vous voyez ce bâtiment ? Et les autres avec un Dauphin d'Or sur le fronton ? C'est à moi.

Il se tourna vers le large, observant les voiles qui se gonflaient à l'horizon.

Et ces bateaux là-bas ... Ils travaillent pour moi. Je suis le Comte Pépin de Santenoque.

Il marqua une petite pause théâtrale, laissant le temps aux petites gens de se remettre de leurs émotions suite à une révélation aussi surprenante. Un petit sourire plissa ses bas-joues, pleinement satisfait de son petit effet dramatique. Il poursuivit.

Que diriez-vous, mon brave Yves, de rejoindre les Cachalots ? Un homme bien bâti, capable de ce que j'en ai vu. La solde est régulière et si vous êtes un éleveur capable comme vous le prétendez je suis prêt à prendre en charge les frais nécessaires pour relancer votre activité. Quelques compagnons à quatre pattes seraient des plus utiles pour surveiller mes possessions sur le port.

Il coula son regard vers la rousse maigrichonne, passant sa langue sur ses lèvres asséchés par l'iode ambiant.

Et vous, ma chère. Vous me proposez vos services ... Votre vivacité d'esprit. Fort bien. Mais en quoi pourraient-ils m'être utile ? Ce n'est pas vous faire offense, je pense, de remarquer que votre physique ne suffira pas à intégrer cette bande. Alors que proposez-vous ? De l'espionnage ? Du recrutement ? En quoi notre collaboration prévaudrait sur quelques pièces sonnantes et trébuchantes que vous pourriez recevoir immédiatement ?

La question fut ponctué d'un plouf retentissant. Les Cacahlots en avaient probablement fini avec le boucher ignoble.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyMer 8 Fév 2023 - 1:48
J’observais chacune des richesses qu’il me pointait du doigt, il en était fier, il y avait de quoi. J’étais aussi abasourdie qu'Yves sur ce coup-là, et je ne le cachai pas. Cet enfoiré de Santenoque, le beau salopiot, j’avais entendu son nom plus d’une fois.

C’était bien mieux encore qu’un simple comte, c’était un véritable homme d'affaires. J’en étais admirative, pas besoin de mentir, jamais une fille comme moi, pourrait atteindre un jour ce genre de trésor.

Mon ambition se trouvait ailleurs, je ne crachais pas sur l’argent, mais c’était bien d’autres choses qui m’attiraient. Je regardais encore les bateaux au loin, écoutant d’une oreille sa proposition d’emploi à Yves. Je devinais déjà la tête de celui-ci sans avoir besoin de la voir.

«-Vraiment m’sieur l’comte ? Oh… Ben ça. ça c’t’un honneur m’sieur l’comte. Si vous m’faites c’t’honneur, j’me vois pas refuser. Et puis qu’en plus vous m’proposer d’dresser des chiens pour vous… Bah ça. C’ma femme qu’va être contente. Elle va pas en revenir quand j’vais lui dire qu’un aussi grand messire m’a offert du travail ! »

Il était certainement sur le point de lui baiser les pieds, heureusement pour tout le monde qu'Yves avait quand même un peu de tenue. Je m’étais retournée vers eux à la fin de leur échange, et je dois dire, que même moi, le sourire jusqu’aux oreilles de Yves, ça me faisait un petit quelque chose. Un bonheur si sincère, c’est difficile de l’ignorer.

«-Et vous, ma chère. Vous me proposez vos services ... Votre vivacité d'esprit. Fort bien. Mais en quoi pourraient-ils m'être utile ? Ce n'est pas vous faire offense, je pense, de remarquer que votre physique ne suffira pas à intégrer cette bande. Alors que proposez-vous ? De l'espionnage ? Du recrutement ? En quoi notre collaboration prévaudrait sur quelques pièces sonnantes et trébuchantes que vous pourriez recevoir immédiatement ?»

Il n’était donc vraiment pas bête, Monsieur le Comte, et il ne prenait pas de détour. C’était d’un autre niveau que les hommes que j’avais l’habitude de côtoyer, une occasion d’apprendre un peu plus et d'étoffer mes connaissances pour le bien de mes affaires.

«-Non. C’est certain. Je n’irai pas vous contredire sur ma forme physique. Intégrer votre bande, je ne suis pas sûre que ça m’sied vraiment. L’espionnage, le recrutement… Par contre.»

Je regardai Yves un instant, faisant comprendre au noble que j’avais bien quelque chose à faire avec la présence de sa nouvelle recrue ici.

«-Un paiement immédiat… C’est sûr, ça appâte toujours l’premier venu. Pour ma part, j’suis plutôt des gens qui préfèrent l’investissement. Allez savoir ce que je pourrais bien y gagner en vous rendant de multiples services à l’avenir. Certainement bien plus que quelque sous immédiats, messire. Mais pour ça, m’faudrait que vous m’laissiez une chance de vous l’prouver. Des informations en tout genre, je peux vous en offrir. Et j’vous parle pas du vulgaire ragot. Non messire, moi je vérifie mes sources, j’enquête et je sais où creuser pour vous trouver une belle pépite.»

Le dernier mot qui ressemblait un peu trop à son nom, fit réagir le chien.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyMer 8 Fév 2023 - 10:14
Ce grand cornichon n'allait tout de même pas pleurer. Si ?

Vraiment m’sieur l’comte ? Oh… Ben ça. ça c’t’un honneur m’sieur l’comte. Si vous m’faites c’t’honneur, j’me vois pas refuser. Et puis qu’en plus vous m’proposer d’dresser des chiens pour vous… Bah ça. C’ma femme qu’va être contente. Elle va pas en revenir quand j’vais lui dire qu’un aussi grand messire m’a offert du travail !

Le Comte agita la main pour calmer les émotions débordantes du bonhomme. À croire que donner un peu d'argent aux pauvres suffisait à les combler de joie. C'est vrai qu'il était lui-même ravi de posséder tant et d'aspirer à posséder plus. Pour ces crèves-la-faim, posséder un peu semblait suffire. Il se tourna alors vers la rousse qui ne tarda pas à répondre à ces interrogations.

Non. C’est certain. Je n’irai pas vous contredire sur ma forme physique. Intégrer votre bande, je ne suis pas sûre que ça m’sied vraiment. L’espionnage, le recrutement… Par contre.Un paiement immédiat… C’est sûr, ça appâte toujours l’premier venu. Pour ma part, j’suis plutôt des gens qui préfèrent l’investissement. Allez savoir ce que je pourrais bien y gagner en vous rendant de multiples services à l’avenir. Certainement bien plus que quelque sous immédiats, messire. Mais pour ça, m’faudrait que vous m’laissiez une chance de vous l’prouver. Des informations en tout genre, je peux vous en offrir. Et j’vous parle pas du vulgaire ragot. Non messire, moi je vérifie mes sources, j’enquête et je sais où creuser pour vous trouver une belle pépite.

Un petit aboiement vint ponctuer la parole de Melissende, attirant le regard de Pépin, attendri.

Elle semble d'accord.

La petite chienne enfouit sa truffe dans le creu du coude de son maître, presque gênée d'avoir interrompue la discussion des humains. Elle reçut quelques gratouilles sur l'arrière du crâne ce qui lui fit fermer les yeux en baissant les oreilles. Pépin observa la rouquine en silence pendant quelques instants, pesant le pour et le contre de sa proposition. La douleur s'estompait lentement dans son pied, si bien qu'il parvenait dorénavant à bouger légèrement sa cheville. Ce n'était pas casser finalement, même s'il serait bon pour un bon bleu et probablement une énorme bosse. Sa canne servirait à autre chose qu'à l'allure que cela donnait à un gentilhomme. Il brisa le silence sans décrocher son regard perçant du visage maigrichon de son interlocutrice.

Eh bien pourquoi pas ?! Dites-moi qui peine en affaire. Informez-moi sur qui serait prêt à revendre son commerce. Renseignez-vous sur qui souhaite menacer mes biens. Donnez-moi quelque chose d'utile et vous verrez que vous aurez fait un bon "investissement" comme vous le dites.

Il désigna les loques de la jeune femme d'un coup de menton avant de poursuivre.

De quoi améliorer votre garde-robe, remplir d'un peu de chair cette même garde-robe et ne plus connaître la faim. Cependant ...

Il se redressa en prononçant ce dernier mot. Il grimaça face à la douleur qui le saisit de nouveau, vacilla légèrement mais parvint à maintenir son équilibre en serrant les dents. Il souffla un bon coup avant de poursuivre.

J'attends de mes collaborateurs qu'ils soient pertinents et utiles. Je ne passerai pas mes journées à supprimer des dévoreurs de chien.

Il glissa sa main vers sa ceinture et la plongea dans une petite bourse pour en sortir une pièce d'argent qu'il lança en diretion de la femme aux cheveux oranges.

Pour votre peine du jour.
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MessageSujet: Re: Le cabot aux oeufs d'or   Le cabot aux oeufs d'or - Page 2 EmptyMer 8 Fév 2023 - 22:55
Je rattrapais la petite pièce d’argent entre mes mains de justesse. Grand prince, ce comte. Malgré ma proposition de refuser un paiement, il me l’avait tout de même offert. Je commençais à me dire qu’il n’était pas si terrible de faire affaire avec la noblesse après tout.

L’heureux dénouement m’avait fait oublier son commentaire sur mon apparence, qu’importe, l’homme n’avait certainement pas l’habitude de devoir s’apprêter avec le peu de ce que moi je possédais. Nous n’avions clairement pas les mêmes aides financières.

«-Merci messire, c’est digne d’un prince c’que vous faites là.» Il ne coûtait rien de le flatter un peu, je fis sauter la pièce entre mes doigts agiles, voilà qui irait rapidement rejoindre mes économies. «J’peux vous assurer que j’ne vous dérangerai pas pour rien. J’aime pas qu’on me fasse perdre mon temps non plus, alors un homme important comme vous. J’imagine même pas. L’temps c’est d’l’argent après tout.»

On avait perdu Yves depuis un moment avec notre conversation qui ne le concernait pas, il regardait la tenue des cachalots, s’imaginant certainement déjà en train de se pavaner sur le port avec la même tenue.

«-J’crains que j’ai à vous quitter, Monsieur le Comte. L’honneur et l’plaisir furent pour moi, malgré les circonstances.» Je jetai un oeil à la chienne, bien plus apaisée désormais. Sa morsure me piquait toujours, la trace de ses petits crocs sur mon doigt, sera à jamais visible.

«-Vous aurez d’mes nouvelles, dès que j’aurai quelque chose pour vous. N’hésitez pas à m’faire chercher, si vous pensez que j’peux vous être utile. J’travail pas gratuitement mais la négociation est pas payante. Yves saura comment m’trouver. Monsieur le Comte, Pépette.» Je tentai une légère courbette au Comte, et un léger hochement de tête à la chienne qui me répondit d’un aboiement.

Un petit coup d'œil autour de moi, pour voir où chacun en était, et me voilà partie. Dans ma main, se tenait toujours la petite piécette, avant d’arriver au milieu de la foule et donc de me heurter à des voleurs en tout genre, j’avais un peu de temps pour l’admirer.

Rarement, j’avais connu pareille récompense pour un travail aussi bâclé. Ne pas m’intéresser plus tôt à la noblesse avait sûrement été une erreur que je me devais de rectifier. Cette conversation construite, cette aisance chez le comte, cette fierté dans la possession… Mon père, avait-il été comme ça lui aussi ? Je n’en savais rien. Pourtant, il naissait en moi l’envie de comprendre ces ambitions qui me dépassaient, d’un jour m’en inspirer. Pour une pièce d’argent, la mort de trois enfants, pour une pièce d’argent, le début d’une inspiration.

M’enfin. Il fallait encore que j’annonce à la mère de Gautier la mort de son fils, quand j’en eu fini avec mes états d’âmes, il fût temps de se mettre à planifier.
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