Marbrume


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 La Descente (PV Clervie)

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Erasme RibadierCommerçant
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MessageSujet: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyJeu 23 Mar 2023 - 14:02
Marbrume
24 Mai 1167

Cela faisait à présent quelques jours que le vieux Jean était revenu au port après son incursion dans le Goulot. Comme le bon vieillard s'y attendait, son patron avait piqué une crise de colère comme personne ne lui en avait vu piquer depuis bien des années. Il avait passé le jour suivant enfermé dans son bureau dans sa maison, et tous ceux qui avaient eu l'idée de passer le voir ce jour-là avaient pu l'entendre pousser d'horribles imprécations à faire blêmir un prêtre et des jurons à hérisser les cheveux d'une catin des bas quartiers. Quand enfin, il avait remis le nez hors de son bureau, il avait rendu visite à quelques autres patrons de pêche de son quartier, des familles avec qui la sienne s'entendait depuis toujours.

Puis après quelques jours de préparatifs menés tambour battant, le bourgeois avait quitté le port pour se rendre dans le quartier de la Milice. Etonnamment, en demandant son chemin aux troufions en leur demandant s'ils ne connaissaient pas une brunette, plutôt jolie, mais à l'air pas aimable, flanquée d'un grand couillon, les doigts s'étaient à plusieurs reprises pointés vers un casernement bien particulier. Il avait donc suivi le chemin indiqué, jusqu'à arriver au pied du bâtiment en question. Décidément, les édifices militaires manquaient tout de même un peu de grâce. Sûr d'être devant le bon, il alpagua un milicien désœuvré qui semblait terriblement glandouiller.

"Hé mon brave!"

Pas de réponse. Evidemment, le garde faisait celui qui ne l'entendait pas... S'appuyant sur sa canne en marchant, le marchand n'insista pas, et alla se mettre derrière lui, avant de tapoter sur son épaulière du plat de la main par trois fois avant de lui montrer une piécette qu'il tint entre son pouce et son index en disant:

"Bien, maintenant que j'ai votre attention... L'on m'a dit qu'une milicienne se trouvait ici. Une jolie brune, joli châssis, vous voyez? Un air pas trop commode, qui a l'air de perpétuellement faire la gueule. Avec un grand type souvent... Je crois qu'ils ont pour officier un certain Ferblanc, ou un nom comme ça? Vous voyez?"

Le milicien avait fait oui de la tête en lorgnant la pièce, que le bourgeois n'avait toujours pas lâchée. Pas si vite... Non, d'abord, il tenait à s'assurer que le message passe bien, et qu'il soit on ne peut plus clair. Fier de la connerie qu'il allait faire, le patron de la Compagnie Ribadier se pencha avec un air de conspirateur et lui dit, le plus clairement et distinctement qu'il lui était possible:

"Alors, vous allez trouver cette brunette-là, et vous lui dites ceci: "Un homme t'attend en bas dehors, et il te fait dire: ma sardine argentée, c'est ton gros poisson chat préféré. J'ai trouvé un gros maquereau puant, et il embête des petits gardons." Clair?

Euh bah... Oui...

Répétez voir.

Euuuuuuh...

Ouais, je vois. Je répète, mais cette fois écoutez: Un homme t'attend en bas dehors, et il te fait dire: ma sardine argentée, c'est ton gros poisson chat préféré. J'ai trouvé un gros maquereau puant, et il embête des petits gardons. Répétez. Allez!


Un homme t'attend en bas dehors, et il te fait dire: ma sardine argentée, c'est ton gros poisson chat préféré. J'ai trouvé un gros maquereau puant, et il embête des petits gardons.


Ben voilà, allez donc répéter ça à qui de droit."

Il lui lança la pièce en ricanant déjà en imaginant la tête de la milicienne quand elle allait recevoir son message. Il regardait déjà la façade du bâtiment, prêt à faire coucou dès que la mine furibarde de la milicienne apparaîtrait.
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Clervie de SombreluneMilicienne
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 25 Mar 2023 - 0:16
- Allez, allez, prenez vot'tambouille et fichez-moi l'camp d'là !

Le soleil était à son zénith et il était donc l'heure du repas pour Clervie et ses camarades. Comme d'habitude, le contenu de l'écuelle promettait d'être infâme ; gruau d'avoine à l'eau et deux minuscules tranches de poisson séché pour l'accompagner. Mais depuis un an, la jeune femme avait appris à ne pas faire trop souvent la fine bouche, bien qu'elle songeât à regrets aux délicieux friands au fromage que vendait parfois une boulangère de Bourg-Levant. Ne pas boire sa solde comme les autres manteaux verts avait cet avantage ; de temps à autre, elle pouvait accomoder son ordinaire.
Julius et elle allèrent s'asseoir à l'une des tables de bois pourris, bientôt rejoints par Yvar, le Hendois à la lourde barbe rousse avec qui Clervie s'entendait un peu mieux depuis leur mission d'avril. Quelques autres tables commençaient également à se remplir et des bavardages et des rires commençaient à retentir.
- Quoi d'beau, Yvar ? demanda Julius alors que Clervie s'efforçait de mâchonner une bouchée de poisson séché.
- La belle Marjolaine, près de la rue Des feuilles, répondit Yvar d'un ton malicieux. J'crois qu'j'lui plais bien...
- Sans blague et qu'est-ce qui t'fait dire ça, hein ? Marjolaine est gentille avec tout le monde.
- Et en particulier quand on lui présente un bout de pain ou une pièce d'or, renchérit Clervie d'un ton cynique.
- Nan... Moi, c'est particulier... Elle m'aime bien. Elle n'est jamais pressée de me voir partir...
- T'fais pas d'fausses idées, Yvar, dit Julius. Y'a peu d'chances pour qu'elle arrête le tapin pour toi.
Les prunelles d'ordinaire bleu de glace d'Yvar brillaient d'une telle lueur d'espoir que Clervie en manqua de le trouver attendrissant lorsqu'il répondit :
- Non, vraiment, Julius... tu sais pas tout... elle...
Mais avant qu'il ne pût raconter la suite, le gros Joseph arrivait vers leur table. Clervie le fusilla du regard. Ce bâtard avait essayé de la faire pendre au début du mois et elle n'était nullement pressée d'avoir à nouveau affaire à lui. Visiblement, Julius avait lui aussi senti le danger.
- Qu'est-ce tu nous veux, Joseph, on peut savoir ? lança-t-il d'un ton aigre sans attendre que le milicien à la lourde armure naturelle de lard n'eût le temps de dire un mot. Si tu viens encore chercher des ennuis à la Corbac...
- En parlant d'elle, c'est justement à elle que son nouvel amant m'a d'mandé d'transmettre un message, répliqua-t-il d'un ton goguenard. Alors, après l'forgeron, un poissonnier ? Mais l'a l'air bien bourré d'oseille, c'la dit. T'espère qu'il t'épousera et t'sortira d'ta bourbe, hein ?
- Abrège, rétorqua Clervie d'un ton sec. Et ce n'est pas mon amant.
- Ben voyons ! A qui tu veux faire croire ça ? Il m'a demandé d'te dire... Attends...
- Quoi donc ?

"Ma sardine argentée, c'est ton gros poisson chat préféré. J'ai trouvé un gros maquereau puant, et il embête des petits gardons."

Evidemment, le Gros Joseph avait récité la phrase le plus fort possible, histoire de faire ricaner la moitié des tables alentours.

- Ton gros "poisson-chat préféré" ? commenta quelqu'un. Ouh, ça promet du lourd !
- Elle fait sa saint-nitouche avec les frères d'armes, mais dehors, c'est tout autre chose, Corbac, hein ? On savait pas qu't'aimais les pêcheurs !
- C'est pour ça qu'ça sent la morue autour d'elle ! lança quelqu'un d'autre. Et moi qui pensais qu'c'était à cause de ses colocataires...
- C'est toi qui empestes, Grodgang ! répliqua Clervie. Toi et tous tes petits camarades autour, vous empestez. Vous empestez le vin et la sueur et surtout le chien, à force d'aboyer comme des roquets ! Maintenant, restez sagement assis dans votre niche, moi, j'ai à faire.

Droite et fière comme une reine, elle se leva et passa devant le grand Joseph, sa longue natte noire se balançant derrière elle. Quelques miliciens s'esclaffèrent sur son passage, mais elle les ignora. Lorsqu'elle fut devant les bâtiments, elle aperçut alors un homme aux longues boucles brunes soigneusement arrangées, s'appuyant sur une canne. Elle Elle reconnut aussitôt ; c'était Erasme Ribadier, le bourgeois qui tenait une pêcherie à trois docks dans le port de Marbrume. Et un fichu casse-pied, visiblement.

- Eh bien ? Vous vouliez me voir ? Allons donc faire une promenade.

Elle l'entraîna dans le quartier de la milice jusqu'à une ruelle plus étroite. Puis soudain, elle se tourna vers lui avant de le plaquer contre le muret sans crier gare et de lui jeter un regard furibond, son visage à deux centimètres du sien.

- Lors que vous m'envoyez des messages codés, ayez, je vous prie, l'amabilité de mieux les choisir ! Vous avez fait se gausser la moitié de la caserne sur ma pomme ! Et dire que c'est vous qui l'autre jour, nous faisait la morale sur l'importance de la discrétion ? Eh, bien, voyez, je vous félicite !


elle le relâcha non sans avoir bien pris soin, elle l'espèrait, de lui laisser une légère marque sur l'épaule. Histoire qu'il se souvienne un peu qu'elle n'était pas une petite femmelette dont on pouvait se gausser impunément, mais Dame Corbac, celle que tous les miliciens avaient appris à éviter sous peine de se retrouver ou avec un coup dans les parties, ou carrément avec une dague sur le cou.

- Puisque vous êtes là, maintenant, expliquez-moi l'affaire. Qui est votre "maquereau puant" ?


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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 25 Mar 2023 - 2:15
Durant un instant, le marchand s'était demandé si le milicien à qui il avait remis son petit message avait bien rempli son office. Cela commençait presque à faire long. Et ça n'avait pas manqué. Bientôt, elle apparut enfin, dans toute son habituelle splendeur. Boudeuse et renfrognée comme dans son souvenir. Elle l'avait alpagué pour le mener vers une ruelle, et tout en cheminant, il n'avait pas pu s'empêcher de céder à la tentation en faisant absolument tout pour l'énerver encore un peu plus.

"Comment? Déjà une balade romantique? Mademoiselle, je suis un garçon sérieux! Ces choses ne se font point, voyons!"

Il n'avait pas particulièrement résisté jusqu'à ce qu'elle le plaque contre un mur de la ruelle avant de se mettre à quelques centimètres à peine de lui pour l'engueuler de plus belle. Il en était presque déçu... Seulement la moitié de la caserne s'était gaussée? L'autre moitié n'avait donc pas le sens de l'humour? Il sentait bien la pression sur son épaule, mais loin de se décontenancer, il leva le pommeau de sa canne entre leurs deux visages en déclarant avec le plus grand des sérieux:

"Teuteuteu! Je n'embrasse pas si vite, jeune fille! Que diraient vos collègues s'ils nous voyaient ainsi, je vous le demande?
Comment ça un code? Il était très bien mon message... Que lui reprochez-vous donc? Je suis dans le quartier de la Milice. A qui se fier si même les oreilles des miliciens ne sont pas fiables?"


Quand elle l'eut relâché, il rajusta son manteau afin qu'il tombe bien droit. Comme il l'aimait. Il gesticula un peu pour vérifier qu'il avait bien son aisance, et il se concentra ensuite un petit peu. Puisqu'elle voulait connaître le but de sa visite, il se pencha avec le même ton badin.

"Je venais vous inviter à un petit récital de vielle à roue. Vous connaissez peut-être Martin, qui travaille sur l'un de mes navires. C'est un vielleux extraordinaire pour son âge. Il n'a que seize printemps, et il va se produire cette après-midi dans le Goulot. On y fait des rencontres tout à fait étonnantes, vous savez...

C'est là que je recrute des réfugies de Hendoire, le plus souvent contre l'assurance d'un bon repas par jour, et de quelques sous à gagner. C'est une gamine, haute comme trois pommes qui m'a indiqué où aller. Une petite rouquine, mignonne et polie... Elle se disait native de Piana. Je lui ai donc fait manger un petit bout en faisant connaissance et elle m'a un peu parlé de Piana, et de son pauvre papa, devenu milicien, et mort le jour du couronnement. Une histoire assez triste...

Vous n'allez pas verser une larme, rassurez-moi? Si vous voulez un mouchoir, héhéhé... Non? Bon, d'accord. Cette gamine, je lui ai proposé de travailler avec Gros Louis, car elle savait lire. Pas que j'ai besoin de plus de main d'œuvre, mais mon bon cœur... Je suis un grand sentimental, vous verrez ma chère... Où en étais-je? Ah oui! Le travail... Elle m'a alors dit qu'elle travaillait déjà dans une auberge, avec un fameux nom: le Cochon qui pète, dans le Goulot. Elle est ensuite sortie, et un gars à la sale gueule l'a embarquée en lui disant de rentrer. Mais comme elle m'avait dit qu'il y avait des gens mauvais, qui vendaient des personnes, j'ai aussitôt repensé à votre histoire. On n'oublie pas une jolie brune comme vous, n'est-ce pas?

La gamine qui avait l'air de vouloir revenir, hé bien... Elle n'est jamais revenue. Passés quelques jours, j'ai envoyé un homme sûr au Goulot, voir à quoi ressemblait cette taverne. Un vrai trou à rat, détenu par des malfrats... Je n'irai pas consommer chez eux, si j'étais vous. Mon homme est revenu et... les informations qu'il m'a ramenées... sont plutôt... croustillantes, voyez vous?"


Non, elle n'allait certainement pas voir. Avec la piétaille de la Milice, le second degré, c'était l'incompréhension assurée. Se dirigeant vers le bout de la ruelle pour revenir sur la grande artère, il tournait le dos à la milicienne, et continuant de marcher, il déclara:

"Une putain de la taverne a craché le morceau pour huit sous. La petite Margaux était la fille d'un noble de Piana, sûrement le seigneur du bourg lui-même. Son frère, Louis, y était retenu. Mais quand je l'ai vue, et ce fut la seule fois, elle cherchait déjà son frère. Qui donc n'était déjà plus là. Probablement vendu à dieu sait qui...
La fille a aussi avoué que le père de la gamine, officier de la milice, et donc noble, avait été occis dans un règlement de compte. ON SE CALME!!!"


Dire à un milicien qu'un de ses officiers s'était fait refroidir de la sorte revenait à mettre la caserne en branle-bas de combat, et il pouvait déjà sentir la brunette fulminer derrière lui. Sans se retourner encore, il ajouta:

"La gamine n'était déjà plus à la taverne quand mon informateur y est allé. D'après la pute, elle a été cédée à de plus gros poissons."

Le marchand se retourna, et son visage ne reflétait plus du tout sa bonhomie habituelle. Il était froid, et réellement féroce. Son timbre de voix également avait changé du tout au tout en une fraction de seconde, se faisant grondant, et dénotant une rage froide très mal contenue. Son regard, lui, était devenu meurtrier.

"C'est pourquoi j'invite votre coutellerie au récital de vielle de Martin, dans le Goulot. Ca va se passer devant le Cochon qui pète. Ils sont venus chier sur mes plates-bandes au port. Ils vont voir comment on traite leur engeance dans le port. Gros Louis m'attend pour donner le coup d'envoi du récital. Vous avez dix minutes pour vous décider, rassembler des hommes, et me suivre.
Après ça, la Compagnie Ribadier va offrir un peu d'animation et de musique au Goulot et à la clientèle du Cochon qui pète."
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 25 Mar 2023 - 8:23
Un fichu casse-pied, le Erasme Ribadier. Clervie l'avait toujours su. Il aurait mérité d'être giflé dix fois pour son insolence, mais la jeune femme se contenta de prendre une profonde inspiration pour se calmer et de l'écouter. Même si elle eut le plus grand mal à se contenir, notamment quand il décrivit sa rencontre avec une petite fille rousse que la jeune femme connaissait très bien... Margaux ! La malheureuse petite Margaux de Piana, comme Clervie le soupçonnait déjà ! Erasme l'avait rencontrée, et pire, de ce qu'il racontait, l'enfant avait de sacrés ennuis. Son coeur se mit à battre si fort qu'elle en eut mal à la poitrine. Elle s'était toujours demandée ce qu'était devenue la petite après la manière dont elle lui avait faussé compagnie au temple.

- Ce sera avec plaisir que je vous aiderai, finit-elle donc par déclarer d'un ton vif. Je vais dire Julius de prévenir le coutilier Blancfer. Il sera ravi de donner assistance. Je vous retrouve là-bas.

Tout le monde dans la coutillerie de Clervie savait que Blancfer rêvait de devenir sergent, et par conséquent, il ne crachait jamais sur le travail en plus, surtout lorsqu'il promettait de serrer des criminels notoires. Aussi, quand Clervie retrouva Julius, elle eut un grand sourire :

- Mon Julius, tu as envie d'un peu d'action ?
- Ou est-ce que tu vas encore nous entraîner, dis-moi ? demanda-t-il d'un ton mi-rieur mi suspicieux.
- C'est cent pour cent réglo et sans risque, promis, vieux, répondit Clervie. Au contraire, je pense même que Blancfer va adorer ça. Le type du port, Erasme Ribadier, se plaint qu'une bande de trafiquants met le bazar à côté de l'endroit où il travaille. Ils se réunissent au cochon qui pète, un repaire à crapules déjà notoire. On a toutes les preuves, tout ce qu'il faut, alors nous devrions en parler à Blancfer. Ca nous fera au moins dix gibiers de potence pour les cachots ou la veuve à la jambe de bois. Il pourra crâner devant les sergents et parler avancement...
- Par les miches de Rikni, effectivement, t'as fait du bon, répondit Julius en ricanant. On va aller le trouver tout de suite et lui soumettre ça. Il va adorer, j'te confirme.

Le Coutillier Blancfer était assis sur un banc devant l'un des lavoirs, à profiter du soleil de cette fin mai. Néanmoins, il gardait un visage sérieux, songeant sans doute à la prochaine affectation de convoi. Lorsqu'il vit Julius et la Corbac venir vers lui, il les regarda d'un air suspicieux :

- Et quoi, Corbac, t'as pas encore été nous faire une sottise, hein ?
- Non, bien au contraire, coutillier, répondit Julius. Corbac vient encore d'nous pêcher un d'ses p'tits tuyaux qu'vous aimez bien. Et comme elle a bien compris à force qu'fallait pas garder les infos pour elle, on est v'nu vous trouver. Y'a une bande de trafiquants à aller choper aux alentours port, à la taverne du Cochon qui Pète, c'est un certain Erasme Ribadier qu'est venu nous les dénoncer.
- Oh, vraiment ? répondit-il un sourire éclairant soudain son visage. Ah bah félicitations, vous deux, en effet, c'est d'l'info ! Où sont les autres traînes-savates ? Toujours au refectoire ?
- Sans aucune doute...

Sans perdre un instant, le coutillier Blancfer se leva et fila vers le bâtiment où était servi la pitance. Il ne perdit pas un instant pour y entrer et tonner :

- Suffit les bavardages, bande de tocards ! J'vous veux tous à la porte est dans cinq minutes ! Y'a des gibiers d'potence d'la pire espèce à aller faire pendre au Cochon qui Pète ! Ils s'figurent qu'ils peuvent écouler du pavot rouge et d'autres s'lperies sous le nez de la milice ! Ils nous prennent vraiment pour des guignols, hein, z'allez pas laisser passer ça quand même ? Pas vrai ? Pas vrai ?
- J'suis votre homme, coutillier ! s'écria Yvar en se levant.
- Evidemment qu'j'viens, déclara Erin Bel Oeil.
- A vos ordres ! cria un autre.

Ce fut ainsi que le Erasme Ribadier eut le plaisir de voir débarquer une coutillerie d'une dizaine d'individus bien armés et impatients d'en découdre avec les crapules du cochon qui pète. Néanmoins, Clervie avait les mains moites et l'estomac noué. Qu'avait-il pu advenir de Margaux ? Elle espéra que quelqu'un saurait le lui dire...

Le coutillier Blancfer s'avança vers Erasme et son groupe de marins pour échanger avec le dirigeant de pêcherie une poignée de mains :

- Alors, mon bon m'sieur, c'est vous qui nous donnez des crapules à aller pendre ? On va y aller, mais oubliez pas d'me faire une p'tite déposition.
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 25 Mar 2023 - 15:11
Comme attendu, la milicienne avait démarré au quart de tour pour aller chercher du renfort, le plantant là. De son côté, il était reparti d'un pas vif, le bout ferré de sa canne battant le pavé. Ce n'était pas le jour pour venir l'emmerder. Cela se voyait à présent on ne peut plus clairement sur son visage, et ses yeux étaient aussi meurtriers que des poignards. Lorsqu'il arriva au Goulot, une charrette l'attendait, avec une quinzaine de marins, Gontran Vidaillet, et André Laban, deux autres chefs de pêcheries. C'étaient de vieux amis. Gontran avaient trois robustes gaillards avec lui, et André était venu avec deux hommes, et son chien, un énorme dogue qui gardait son entrepôt la nuit venu. Tous s'étaient salués d'une poignée de mains, et la charrette couverte d'un drap, entra dans le quartier où se trouvait la taverne du Cochon qui pète.

Sur la charrette se trouvait Martin, un bel adolescent de seize ans, aux longues boucles brunes, des yeux bleu et des taches de rousseur plein le museau. Ce petit salaud avait déjà du succès avec les filles, et il avait bien une vielle à roue. D'ordinaire, la charrette contenait quelques marmites de soupe, qui servaient à recruter des travailleurs. Mais ce jour-là, aucune odeur de soupe. Lorsque les Miliciens arrivèrent sur une petite place, le bourgeois alla saluer l'officier des miliciens.

"Bien le bonjour, milicien. C'est bien moi. Mais après notre petit récital, je crois que la déposition ne sera pas très nécessaire. Leur chef est un balafré. Celui-là, laissez-le nous cinq minutes quand on l'aura. "

Tournant le dos sans attendre de réponse, il alla à la charrette et ôta son manteau qu'il envoya sur le siège. Une ceinture de laine rouge était nouée à sa taille, et il sortit un foulard rouge, qu'il noua en couvrant le sommet de son crâne, à la façon des marins. Il passa derrière la charrette alors que les marins passaient tous le même foulard rouge, qui de toute évidence allait être le signe de reconnaissance. Il tira le drap sur l'arrière de la charrette, découvrant des manches de pioches, quelques gourdins, des hachoirs, et deux ou trois masses. Il en passa une à Gros Louis, et lança aux autres en saisissant un manche:

"Le vieux Jean est dedans avec une fille. Quand Gros Louis et André entreront avec le clébard, il montrera la table du tenancier. Lui, et les gars autour, vous les massacrez. Gardez-les juste assez en vie pour qu'ils puissent causer à nos amis de la Milice. Et si dans la salle, ça moufte, vous leur éclatez la tête."

Il passa devant le jeune Martin, et hocha la tête en lui ébouriffant la tignasse.

"Joue-nous une belle danse, mon gars. Et joue fort. N'aies pas peur. Surtout que personne n'en perde rien."

L'adolescent se mit à jouer les premières notes, lentes et plaintives, sur le bourdon de son instrument. La moitié des hommes parut se disperser en courant autour du bâtiment, mais ils étaient en train d'en cerner les sorties. Le patron de la Compagnie Ribadier tapa sur l'épaule de son second avant de frotter le crâne du molosse.

"-Allez mon Gros Louis... On va toquer à la lourde. Et c'est un bon toutou ça! T'as envie de jouer mon pépère? Oh oui tu vas jouer! Viens!
-Ci-fait M'sieur Erasme!"


Traversant la distance le séparant de la porte, il était déjà encadré de deux marins tout aussi imposants que Gros Louis, et le plus massif ouvrit la porte de la taverne en laissant passer Gros Louis et sa masse, suivi d'André et du chien surexcité qui commençait déjà à aboyer furieusement en tendant sa laisse, une courte chaîne de métal. Erasme entra en troisième position, et vit d'emblée, face à lui, le vieux Jean qui avait une blondasse collée au bras. Il tourna la tête vers une table où se trouvaient des joueurs de cartes. Et ce putain de balafré... Le marchand tapa sur l'épaule de Gros Louis, en montrant la table.

"-Là! Le balafré. Vas-y André!
-On y va!
-D'accord. Allez attaque!!!"


L'autre patron de pêcherie venait de lâcher son chien écumant droit sur la table des joueurs de cartes, et le molosse fila comme une flèche pour aller choper une jambe dans laquelle il planta profondément les crocs, faisait hurler sa proie. Leur arrivée avait jeté un froid dans la salle, mais le temps qui semblait s'être suspendu reprit son cours avec cette attaque.

"C'est quoi ces types?!"

Ca c'était le gars derrière le comptoir. Gros Louis alla à son tour droit vers la table, et un des sbires du balafré se leva en tirant un coutelas. Le second du marchand ne chercha pas à comprendre. La masse vola droit à travers les jambes du scélérat, et un bruit d'os brisés confirma que le coup avait fait mouche. Erasme, lui, s'était retourné comme un diable en entendant le type brailler derrière son comptoir.

"TOI, TA GUEULE!!!"

Se servant du manche de pioche comme d'une batte, il frappa sur le côté du crâne en n'y allant pas de mains mortes. Le gars s'écroula en crachant quelques dents et en braillant comme un goret qu'on égorge. Derrière, d'autres marins s'engouffraient dans la taverne, et les coups se mirent à pleuvoir tandis que la musique de vielle montait, toujours plus forte et rapide. Juste assez pour couvrir les grognements furieux du chien qui s'acharnait en mettant une jambe en lambeaux pendant que la victime tentait de se débattre. Dans la taverne, c'était la surprise et la panique. Les marins retournaient les tables, balançaient les chaises, et distribuaient les coups à tous ceux qui avaient la mauvaise idée d'ouvrir leur gueule.
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyDim 26 Mar 2023 - 16:30
"Bien le bonjour, milicien. C'est bien moi. Mais après notre petit récital, je crois que la déposition ne sera pas très nécessaire. Leur chef est un balafré. Celui-là, laissez-le nous cinq minutes quand on l'aura. "

Sur ce, Clervie et surtout, le brave coutillier Blancfer, eurent la stupeur de voir les marins du Ribadier se mettre des foulards rouges autour du coup avant d'attraper des pioches et maillets dans une charette près d'eux.
- Bons dieux de bordel de foutre, mais qu'est-ce qu'ils nous fabriquent, ces imbéciles ?!? Coutillerie, à vous de jouer ! aboya-t-il en direction de Clervie et de ses camarades. Laissez pas ces coqueberts déclencher la bagarre et rappelez à ce bon Sieur Ribadier que c'est à la milice de faire son travail, hein !
- Oui, coutillier ! répliqua aussitôt Clervie en tirant son épée, suivie de Julius.
- Ca y'est, la merdaille est de sortie ! cria un autre milicien.
En effet, ils eurent à peine franchi la porte de la taverne qu'Erasme lâchait son molosse sur un type balafré qui jouait aux cartes à une table voisine. Ce qui eut pour effet de faire tirer les armes à toutes les crapaudailles présente dans la taverne. Julius et Clervie échangèrent un bref regard :

- J'crois que c'est l'heure d's'amuser, ricana-t-il.
- Tu m'en laisseras quelques-uns, Julius ?
- T'as qu'à t'dépêcher ! YAAAAAH !

Le pommeau de l'épée courte de Clervie alla directement frapper l'un des bandits droit dans la tempe, le faisant s'écrouler. L'instant suivant, elle dût se baisser en vitesse pour éviter le tabourer qu'un colosse jeta droit sur elle. En guise de représailles, elle fonça sur lui et sa lame plongea droit dans son flanc. Il se retrouva épinglé au mur, beuglant comme un cochon.

- Eh, la salope !

Derrière elle, un autre bandit la prenait à partie, brandissant un énorme couteau. Elle se fendit, lui fit un croc-en-jambe. Le maraud tomba au sol, elle ne lui laissa pas le temps de se relever, l'assomma du tranchant de la main comme lui avait appris le sergent-instructeur. Ses veines flambaient, comme à chaque fois que la déesse Rikni lui accordait son baiser d'adrénaline. Plus loin, elle vit Erin Bel Oeil qui se battait avec un autre adversaire. D'un geste vif, elle le feinta avant de l'attraper par ses chevex long et graisseux et de lui fracasser la tête contre une table. Quand à Yvar, il avait sorti son marteau et fendu le crâne d'un autre pendard. L'une des serveuses se précipita hors de l'établissement en hurlant de toutes ses forces :

- Au secours ! A l'assassin !!!

Julius, quant à lui, était entré dans une mêlée avec deux ou trois adversaires à la fois, dans un tourbillon de poings et de pieds. Du coin de l'oeil, Clervie le vit finalement en ressortir triomphant, un grand sourire aux lèvres malgré le fait que l'inférieure fût fendue et en train de laisser s'échapper un flot de sang. Finalement, les bandits se retrouvèrent morts pour les uns, entravés pour les autres. Au milieu de tout ce bazar se tenait Erasme Ribadier, sa pioche à la main, avec une allure de tueur, mais surtout probablement satisfait de son coup de force. Clervie, quant à elle, avait envie de le tuer. En agissant comme il l'avait fait, il avait sapé l'autorité du coutilier Blancfer, et par-là, celle de la milice, même s'ils les avaient aidés ; il pouvait très bien finir au cachot pour cela. Et de plus, elle perdait toute possibilité d'interroger discrètement l'homme à la balafre à propos de Margaux ! Aussi, alors que le calme revenait, se rua-t-elle vers lui et lui administra-t-elle cette gifle retentissante qu'il méritait depuis qu'il était venu à la caserne.

- Espèce de coqueret ! cracha-t-elle. Comment osez-vous intervenir ainsi dans les affaires de la milice ? Les arrestations, c'est notre travail, pas le vôtre ! Vous mériteriez au moins deux jours de cachot pour votre...
- Tu as tout à fait raison, Corbac, intervint Blancfer à ce moment-là. Mais si M'sieur Ribadier nous présente ses excuses et paie une amende pour les dégâts, on dire qu'on est quitte. On va quand même pas arrêter les braves citoyens comme lui qui essaient de nous aider à maint'nir l'ordre, hein ? Mais ouais, ajouta-t-il en lui lançant un regard noir. Les marins, c'était pas la peine, M'sieur Ribadier, c'est pas dans vos attributions.
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyMar 28 Mar 2023 - 0:32
Foutus empêcheurs de tourner en rond! Le bourgeois était dans une de ses phases de colère noire où il aurait pu tuer quelqu'un. S'ils lui avaient laissé quelques minutes de plus... Le balafré aurait déjà crié grâce. Il prit une tarte de la brunette, ce qui le tira partiellement de cet état dans lequel il était plongé depuis qu'il avait fait incursion dans cette taverne. Lui? Intervenir dans les affaires de la milice? Une arrestation? A ces mots, il partit d'un grand éclat de rire, tout en se frottant la joue. Elle n'y avait pas été de main morte, la garce. Marchant vers le balafré, il posa consciencieusement sa botte sur sa main pour lui écraser les doigts, et possiblement en briser quelques-uns au passage avant de répondre.

"Je ne me mêle de rien du tout. Je faisais passer un message à ces sacs à merde qui sont venus au port rôder là où ils n'avaient absolument rien à faire. L'arrestation, ça, c'est votre boulot, pas le mien. Je leur fais juste passer l'envie de revenir du côté du port.
Mes excuses donc, si vous estimez que j'ai fait obstruction. Quant à l'amende, soit, mais parlons un peu de celui-là, là!"


Il tourna un peu le talon de sa botte sur la main du balafré, et il posa son manche au ras de sa tête. Il valait mieux que la milice le coffre pour de bon, car s'il ressortait, la taverne allait finir par cramer avec tous ses occupants. Essayant de garder un semblant de calme au prix d'un effort surhumain pour ne pas écrabouiller son crâne à coups de manche de pioche, il lui décocha un regard assassin en déclarant:

"Deux jours de cachot pour une rixe... Et pour le meurtre d'un sergent de la milice, de sa femme, l'incendie de sa maison, et l'enlèvement de ses deux enfants, ça va chercher combien?
Parce que la gamine était retenue ici il y a moins de deux semaines, avant d'être vendue à de plus gros poissons. Il a aussi vendu le fils cadet de votre sergent avant elle. Vendre un noble, et se servir d'une noble comme d'une esclave, ça vaut pas un petit nœud coulant autour du cou? Hein salopard? "


Nouveau tour de talon dans la main, et cette fois un bruit de craquement qui l'accompagne. S'il le pouvait, il l'aurait déjà buté, là, froidement. Mais comme pour donner plus de conviction à son propos, il leva le nez vers la salle avec le même regard de fou furieux, et il vit le vieux Jean au bras duquel était pendue la mocheté blonde qu'il lui avait décrit, et qui avait tout raconté dans la piaule à l'étage. Il la montra du bout de sa trique, et c'est Gros Louis qui alla l'attraper par le bras pour la tirer devant les miliciens.

"-C'est elle, patron?
-Ouais, la dénommée Line..."


Il leva sa botte de sur la main du balafré, mais il se pencha juste après en lui disant d'une voix qui tenait plus du grondement d'un animal que d'une voix humaine.

"Bouge d'ici, et je te rectifie la gueule pour de bon. Essaies, fais-moi ce plaisir."

Il se rapprocha du coutilier, et de Gros Louis qui poussait la blondasse devant lui. Le marchand se rapprocha d'elle en se frottant la joue et en lançant un regard de biais à la milicienne. Celle-là, elle l'emporterait pas au paradis. Il lui réservait un chien de sa chienne à l'occasion.
Mais arrivé devant la catin de l'auberge, il plaça son manche au sol, comme il le faisait si souvent avec sa canne, en joignant les deux mains dessus. Il se pencha vers la fille, et sur son ton de dément, il déclara:

"Je crois que tu te souviens très bien de la petite Margaux, la fille du milicien... Tu vas dire à nos bons miliciens ce que tu as dit au vieux Jean l'autre jour. Et tu ne vas rien omettre."

Et à voix plus basse, il lui glissa:

"Et ne m'embourbe pas, sinon je te retrouve et je te tranche les deux oreilles. Tu verras combien de queues tu suceras après ça."

D'une voix plus claire et plus distincte, il lui lança d'une voix encourageante:

"Allez Line! On raconte tout! Et tu nous dit bien qui fait quoi ici! Et j'essaie d'arranger tes papiers avec nos bons miliciens. Si j'étais toi, je traînerais pas trop."

Il se tourna vers le coutilier avant de lancer:

"Hein que vous serez arrangeants avec cette brave fille?"


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MessageSujet: A   La Descente (PV Clervie) EmptyMer 29 Mar 2023 - 23:37
"Deux jours de cachot pour une rixe... Et pour le meurtre d'un sergent de la milice, de sa femme, l'incendie de sa maison, et l'enlèvement de ses deux enfants, ça va chercher combien?
Parce que la gamine était retenue ici il y a moins de deux semaines, avant d'être vendue à de plus gros poissons. Il a aussi vendu le fils cadet de votre sergent avant elle. Vendre un noble, et se servir d'une noble comme d'une esclave, ça vaut pas un petit nœud coulant autour du cou? Hein salopard? "


Le bourgeois semblait décidément totalement hors de contrôle. Ses yeux noirs brillaient d'une telle fureur que Clervie le croyait bien capable de commettre un meurtre.

- Bon sang, mais pour l'amour des Trois, Monsieur Ribadier, mais calmez-vous...

Peine perdue bien sûr. Le Ribadier était visiblement décidé à mener son affaire jusqu'au bout et Clervie étouffa un juron lorsqu'il alla malmener l'une des ribaudes du troquet. Néanmoins, fort heureusement, le coutillier Blancfer ne tarda pas à récupérer la main et fit asseoir la malheureuse catin sur une chaise. Cependant, malgré qu'elle lui fît pitié, Clervie était déterminée à ne pas se laisser émouvoir, car, de ce qu'elle avait cru comprendre, la prostituée était parfaitement au courant de ce qui se passait par ici, et donc, savait potentiellement ce qui avait pu arriver à la malheureuse Margaux. Et cela, il fallait qu'elle l'éclaircisse et vite. D'ailleurs, le Ribadier lui donna quelques arguments de poids :

"Allez Line! On raconte tout! Et tu nous dit bien qui fait quoi ici! Et j'essaie d'arranger tes papiers avec nos bons miliciens. Si j'étais toi, je traînerais pas trop."
Et de se tourner vers le coutillier:
"Hein que vous serez arrangeants avec cette brave fille?"
- Pour sûr qu'on sera arrangeants, répondit Blancfer avec un ricanement. Pourvu qu'c'te ribaude ne s'amuse pas à nous mentir hein ?
- Oh que non, elle ne mentira pas, dit Clervie en s'approchant d'un air menaçant. Elle va tout nous dire à propos du Sergent de Piana et de sa fille. Et à son tour, elle lui glissa à l'oreille :
- Parce que si tu me mens, ma petite, je le saurai. Et crois-moi, si par ta faute, il arrive quelque chose à Margaux, je reviendrai ici, dans ce quartier, je te trouverai et je ne manquerai de te dessiner un second sourire en-dessous du menton. On s'est bien comprises, ma belle de nuit ?
La fleur de trottoir blêmit à cette menace. Puis soudain, elle se mordilla la lèvre et tourna la tête vers le balafré, à qui Erasme avait visiblement broyé quelques phalanges et peut-être bien un os de la paume. Mais visiblement, il était toujours bien conscient de ce qui se passait, car brusuement il se redressa :
- Espèce de sale traînée ! hurla-t-il à Line. Je te jure bien que j'vais t'étriller et te pendre sur l'enseigne de c'trou à rats si tu dis quoiqu'ce soit !
- Mais oui, c'est ça, ricana Clervie. Avec ta main en moins, maraud ? Je crois plutôt que l'on va te confier à un ou deux de nos gars et qu'ils vont te faire faire un petit tour sur la fille du boueur... A moins qu'on ne s'occupe de ton autre main... On a de si jolies tenailles !
- Ouais, toi, t'es bon pour le trou et l'interrogatoire privé, mon cochon, renchérit Blancfer. On verra bien c'que tu nous chanteras comme chanson quand on t'aura refait un peu les doigts et les orteils !
- Je dirai tout ! gémit Line à cet instant. Je dirai si vous m'jurez que je reverrai plus cet homme et que je n'aurai plus à retourner dans cet endroit horrible. Je... je risque ma vie, Mam'zelle !
- Soit, répliqua Clervie. J'aurai peut-être une adresse pour toi. Mais tes informations ont vraiment interêt à être fiable. Alors, tu sais quoi sur le meurtre du sergent de Piana ? Tu sais quoi sur la gamine ?
La prostituée hésita encore un bref instant, puis se lança :
- Elle... Je sais qu'ils sont allés ... chez eux pour ... tuer le sergent. Ils sont revenus avec deux gosses. Le Sanglier... et ses hommes.. ils voulaient venger la pendaison de trois hommes du gang. Je sais que c'est la fille du sergent. J'avais pas l'droit d'lui parler, mais j'sais qu'c'est une noble. Quand elle a perdu l'usage d'sa jambe, elle disait qu'elle aurait pu d'mari. Moi j'ai ricané, s'pas ici qu'elle aura un mari... Son petit frère était enfermé ailleurs. Les autres, les hommes, lui d'mandaient d'bosser pour les deux. Mais ça fait.. ça fait un mois qu'ils l'ont prise. La Guilde des Voleurs. Sont v'nus pasque l'gang a des dettes... z'ont pris les doigts d'Gros Robert, et la gosse. Elle les a supplié d'lui laisser ses doigts à elle. R'marque, pour bosser sans, s'vrai, pas facile.
- Oui, c'est évident... Et tu as une idée d'où ils sont partis, la guilde des Voleurs ? Tu sais quelque chose sur eux ?
- Sale petite puterelle ! Si tu dis un mot de plus, je...
- Toi ta gueule ! gronda Blancfer en donnant un coup de poing au balafré.
La prostituée eut un rire froid en réponse :
- Personne vous dira où y sont. La gamine, considérez qu'elle est crevée.
A cette réponse, Clervie sentit la fureur enflammer ses veines comme une étincelle sur une flaque d'huile. Margaux... Sa petite Margaux, morte... Et cette petite salope osait s'en gausser !
Une lueur froide et mortelle s'alluma alors dans les yeux de celle que tous connaissaient sous le nom de Dame Corbac.
- Crevée, vraiment ? Eh bien, j'ai des nouvelles pour toi, la ribaude. Toi et ton ami le sanglier, vous danserez avec la béquillarde d'ici la fin de cette huitaine.
- J'ai dit tout s'que j'savais, moi ! J'vous ai dit tout s'que s'sais ! Z'avez promis d'me filer une adresse !
Les prunelles d'obsidienne de Clervie parurent se durcir un peu plus.
- Tu avais promis du fiable et tu ne m'as même pas donné un petit lieu où la trouver... Alors, vu ton manque évident de coopération, ne t'attend pas à ce que je t'aide !
- ATTENDEZ ! J'ai une dernière info... On a revu la gosse, y'a pas longtemps !
Clervie ricana de nouveau, comme à une bonne plaisanterie, et tapota l'épaule de la fille des rues qui était devenue plus pâle que la chaux du toit.
- Ah bah voilà ! Tu vois, quand tu veux... Je crois qu'on va devenir de bonnes copines, hein ? Vas-y, vas-y ma belle, raconte-moi tout !
- Elle cherchait son frère, l'a pu sortir... L'autre l'a envoyé chier... moi j'ai vu, j'ai vu, ses bottines pleines d'boue... Pis où qu'on trouve d'la boue comme ça ici, hein ? Dans les égouts !
- Les égoûts ? Bon sang !
Elle lâcha un juron. Il pouvait arriver n'importe quoi à Margaux dans un endroit pareil. Jetant à la fleur de trottoir un dernier regard méprisant elle fit signe à son coutillier qu'elle en avait terminé.
- Près de l'Albatros, il y a un établissement tenu par une fille, Rosaline. Tu iras la voir en disant que tu viens de la part de Claire Corbac. Elle s'occupera de toi. C'est plus que ce que tu mérites, mais je n'ai qu'une parole...
La puterelle ramassa ses jupes et ne se fit pas prier pour disparaître aussitôt sous les yeux du dénommé Sanglier, il se lança dans une nouvelle harangue :
- Salope ! Puterelle, ribaude, suceuse d'Etiol ! Tu me paieras ça ! ARGH !
De nouveau, Blancfer lui donna un coup :
- Toi, vil sac à merde, grogna-t-il, je te jure bien qu'tu vas nous dire tout ce que tu sais. Car crois-moi, si tu n'dis rien, je te jure que je te ferai épouser la fille du boueur et que tu me supplieras vingt fois de te laisser plutôt danser avec la veuve à la jambe d'bois !


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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyJeu 30 Mar 2023 - 23:10
Les choses prenaient une tournure des plus intéressantes. Le patron de pêcherie avait fait ramener la blonde qui avait vendu la mèche au vieux Jean, et sa langue se déliait à un point que ça n'en finissait plus. Lorsque le balafré avait voulu la faire taire, il s'était retourné vers lui, et avait fait un geste de la tête en direction de son ami André, l'autre marchand, qui tenait son chien en laisse. Gigue, le molosse, s'était rapproché à moins d'un mètre de la sale trogne du balafré en grognant et en montrant les crocs. Il portait ce nom à cause de la façon dont se débattaient ceux qu'il attrapait, en s'agitant comme des pantins désarticulés pour lui échapper. De toute évidence, le bourgeois se disait qu'il aurait du lui écraser la gueule au lieu de la main. Cela l'aurait sans doute calmé un petit peu plus...

Mais durant le temps de l'interrogatoire, un nom sortit: celui de la Guilde des Voleurs. C'étaient donc eux, les fameux gros poissons... La réaction que cela suscita en lui fut plutôt complexe. D'un côté, il avait envie d'écorcher vif le balafré pour avoir vendu la gamine en échange de ses dettes, et accessoirement la catin avec. Même si elle n'avait été que spectatrice, la façon dont elle racontait les faits ne semblait pas en faire une victime du salopard au sol, mais une complice tacite, qui s'accommodait fort bien de toutes les exactions commises tant qu'elle gardait la tête hors de l'eau. 
D'un autre côté, la Guilde des Voleurs, c'était là une organisation criminelle autrement plus puissante et organisée que cette bande de minables. Le danger pour la petite rouquine était certainement d'autant plus grand. Mais de l'autre, il en était presque rassuré. Déjà, elle était en ville. Et qui disait organisation criminelle, disait règles. Si la gamine avait réellement de la valeur, ils n'allaient pas la sacrifier aussi sottement que les crétins de cette taverne.
Il se mit alors à penser à voix haute, comme pour rassurer la milicienne, et peut-être lui-même du même coup.

"Déjà, elle est en vie, et c'est une bonne nouvelle. La Guilde des Voleurs est sûrement moins bête que ce tas de merde ambulant."

Il lui cola un coup de botte dans les cotes pour ponctuer sa phrase, et il poursuivit dans la même veine.

"S'ils savent qui elle est réellement, ils ne s'en débarrasseront pas, car pour eux, elle représente potentiellement une valeur marchande. Ils ont leurs règles, et je ne pense vraiment pas qu'ils s'en déferont aussi bêtement que ce crétin a pu le faire. Crétin!!!
Tu leur a dit au moins qui elle est, hein?"


Rien de moins sûr, mais s'ils la voyaient comme un butin, ou le paiement d'une dette comme l'affirmait la catin, c'est bien qu'ils voyaient en elle quelque chose de valeur. Les aveux de la blonde pointaient du doigt les égouts de la ville comme un repaire de la Guilde des Voleurs. De la boue? Sur des bottes? Le marchand arqua un sourcil avec un air quelque peu perplexe. Qu'étaient-ils supposer faire de cette piste? 

"Rassurez-moi la milice... Vous n'allez pas aller gambader dans le cloaque des égouts? C'est un labyrinthe de galeries où plane une odeur pestilentielle, et je me demande même si des fangeux n'y traînent pas... Et pour trouver une piste dans une épaisseur de boue, ce n'est pas un bon pisteur qu'il faudra, mais de la chance. Une putain de chance..."

Disant cela, il avait fait taper nerveusement le bout de son manche de bois contre le sol de la taverne à plusieurs reprises, et son regard glissa immédiatement vers le bas. Puis vers le haut. Un sourire commença à éclairer son visage, puis il fixa le coutilier avant de dire:

"Si cette taverne a servi de quartier général à cette bande de rats, ils ont du cacher des choses. Et si j'en crois mon oreille..."

Il fit taper de nouveau le manche contre le plancher sous ses pieds avant de regarder Blancfer.

"Il y a une cave, comme dans bien des auberges. Ou des chambres à l'étage. Peut-être même un grenier... Vos miliciens veulent-ils un petit coup de main pour retourner ce bouge? Je pense que nous pourrions en apprendre plus que ce que cette vermine ne dira. Et maintenant que la pute est partie..."

Le marchand n'était pas dupe... La piste de la fillette allait être compliquée à suivre, mais quand de l'argent passait quelque part, même le plus petit boutiquier avait tendance à tenir des comptes. S'il y avait des dépenses, des dettes ou des créances, le nom des concernés n'était jamais bien loin non plus. Suivant sa logique de commerçant, il affirma:

"C'est une taverne, et eux des brigands. Là où il y a un flux d'argent, on tient des comptes. La mocheté a parlé de dettes. La gamine disait savoir lire et écrire. Elle travaillait à cela. Ils ont du avoir des comptes à tenir, ou des correspondances. Vous n'avez pas envie de savoir avec qui ces fils de pute sont en affaires? Moi ça m'intéresse."

Se tournant vers le coutilier et la milicienne, il ajouta:

"Le coup de filet pourrait ramener plus de poissons que ces quelques crabes de vase. La ville ne s'en portera que mieux si des têtes roulent. On part à la pêche pour lancer un plus gros filet?

Et j'ai quand même une autre question. Où est le frère de la fillette?"
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyVen 31 Mar 2023 - 18:56

"Déjà, elle est en vie, et c'est une bonne nouvelle. La Guilde des Voleurs est sûrement moins bête que ce tas de merde ambulant."

"S'ils savent qui elle est réellement, ils ne s'en débarrasseront pas, car pour eux, elle représente potentiellement une valeur marchande. Ils ont leurs règles, et je ne pense vraiment pas qu'ils s'en déferont aussi bêtement que ce crétin a pu le faire. Crétin!!!
Tu leur a dit au moins qui elle est, hein?"


Pour toute réponse, le Sanglier hocha la tête de manière affirmative. Clervie sentit une vague de soulagement l'envahir. Au moins, avec un peu de chance, la gamine serait vivante...

Mais déjà, le Erasme repartait dans les hypothèses et les explications, et une fois de plus, il se permettait de dire aux miliciens comment faire leur travail ! Blancfer tenta d'ailleurs bien de l'interrompre à plusieurs reprises, mais il parlait, parlait, ne leur laissant jamais le temps d'en placer une. Par les Trois, Clervie songea que décidément, elle avait du mal à supporter ce malotru.

Il mériterait une seconde gifle, je vous jure... Comme si Blancfer, Julius et moi, nous n'étions pas assez intelligents pour penser à fouiller les lieux ! Enfin, inutile de s'attarder là-dessus...

- Corbac, Julius, vous avez entendu not'brave Sieur Ribadier qui veut absolument faire notre travail à notre place ? Allez donc voir un peu dans la cave c'qui s'y trame ! Et quant à toi, gros porc, réponds donc à notre p'tite question. T'as fait quoi du gamin ? Hein, hein ?
- Ouais, qu'est-ce que t'en as fait, fils de pute ? tonna Yvar.
- On l'a vendu, cracha le Sanglier. Un d'tes compatriotes, j'pense bien, vu l'accent et l'gabarit, nous l'a acheté volontiers pour deux sacs ! J'crois savoir qu'à Hendoire, y avait un p'tit système de servage, non ?
- Espèce de sale ordure ! grogna Julius. Bons dieux de bons dieux, coutilier, dîtes-moi qu'vous le ferez bien crier sur la fille du boueur avant d'le pendre, hein ?
- Ca sera au Sergent Lelac de le décider, Julius, mais qu'est-ce que vous foutez encore là, toi et la Corbac, bon sang ? Je vous ai dit d'aller fouiller la cave ! Erin, accompagne-les.
- Viens, Julius ! l'encouragea Clervie. On aura tout le temps de cracher sur cet infâme plus tard.

Ils ouvrirent donc la petite trappe située au fond de la salle. Les marches de bois pourris craquèrent de telle façon qu'Erin s'en inquiéta :
- Eh bien, mes dieux... Imaginez qu'ça s'écroule... On pourra plus r'monter...
- J'espère que non...
Au premier abord, ils ne virent rien de particulier, à part un jambon pendu aux plafond, et des cadavres de rats, qui, visiblement, allaient participer à la confection du ragoût proposé à la clientèle. Le coeur au bord des lèvres, Clervie s'avança plus loin. Enfin, juste sous l'escalier, Julius remarqua une petite alcôve :
- Corbac ! Erin ! J'crois que c'est ici que la petite créchait !
Les deux miliciennes s'avancèrent prudemment et Clervie plissa les yeux. En effet, le grabat était minuscule. Incontestablement un lit d'enfant. La milicienne n'hésita pas à regarder dessous. Entre la poussière et les moutons, elle trouva des dessins d'enfants sur de vieux parchemins, ainsi qu'une robe complètement déchirée. Cependant, le tissu semblait avoir été d'excellente facture.
- Alors, Corbac, qu'est-ce que t'as picoré, cette fois ? lança Erin.
Clervie ne releva pas, se contentant d'exhiber sa trouvaille ; une chevalière légèrement rouillée.
- Regardez ça ! Cela ne se voit pas au premier coup d'oeil, mais cette robe était de belle facture ! Si cela, ce n'est pas une preuve que la gamine est bel et bien noble comme nous le supposions...
- Elle a très bien pu la voler, répliqua Erin Bel Oeil.
- Non, dit Clervie d'un ton ferme. J'ai rencontré cette petite, et je suis persuadée qu'elle est noble. Elle a appris non seulement à lire, mais également la broderie. Et sa façon de se tenir à table révèle une certaine éducation, même si celle-ci n'a pas été tout à fait achevée.
- Mais d'où tu la connais, au juste ?
- Parce que c'était elle qui m'avait rencardée à l'époque pour l'histoire du sectaire au masque de Jade. Je ferai tout pour l'aider.
- Il faut toujours que tu aides tout le monde, Corbac, c'est bien ça ton problème, rétorqua Erin. Un jour, faudra que tu apprennes à te contenter de faire ton travail. Fais gaffe, un jour, ta manie de fouiner, ça te vaudra la corde et rien de plus...
Clervie fusilla la milicienne borgne du regard :
- Et c'est moi que ça regarde, Erin. Occupe-toi de tes affaires, compris ?
- Toi Erin, on s'demande bien pourquoi t'as pris l'habit vert plutôt que d'faire le tapin, si tu peux tolérer qu'on kidnappe des mômes sans intervenir sous prétexte qu'on n'a pas qu'ça à foutre, lança Julius. M'étonne que les serpents d'Rikni t'aient pas mordue le jour de ton serment vu comme t'es mauvaise, tiens...
Erin se contenta de croiser les bras en jetant à Clervie un oeil mauvais. La jeune femme poussa un soupir. Rien ne valait une compagne comme Erin pour se rappeler à quel point Elisabeth lui manquait.
Ils remontèrent donc tous les trois de la cave. Pendant ce temps, visiblement Blancfer et le Ribadier n'avaient pas non plus perdu leur temps.

- Hey Corbac ! annonça Yvar. En fouinant les tiroirs du meuble derrière le comptoir, tu d'vineras jamais tout c'qu'on a trouvé. C'est un beau réseau d'usuriers qu'on a là ! D'après l'Ribadier, y a divers documents d'créances, mais je le laisse t'expliquer ça parce que moi j'sais pas lire !
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 1 Avr 2023 - 19:27
De mieux en mieux... Ces scélérats, non contents de vendre la fillette à la Guilde des Voleurs, avaient eu la très judicieuse idée de vendre son frère à un type venu de Hendoire. Le bourgeois avait le manche de pioche qui commençait à le démanger sévèrement. Il aurait volontiers roué de coups le salopard qui était cloué au sol... Mais s'il l'abîmait encore, il avait le sentiment que les miliciens allaient l'ouvrir pour le réprimander encore une fois. D'ailleurs, la petite réflexion de Blancfer lui fit répondre du tac au tac:

"Faire le boulot de la milice, certainement pas... Je m'en voudrais de mettre des mois à retrouver les gamins d'un collègue."

Ca, c'était un prêté pour un rendu... Les enfoirés de cette taverne étaient venus aux abords de sa pêcherie une fois. Cela avait suffi à le mécontenter suffisamment pour se renseigner d'avantage, envoyer un homme se rendre sur place pour espionner, et établir un plan d'action. Il était de ceux qui lorsqu'ils devaient traiter avec des bandits n'hésitaient pas à adopter des méthodes de bandits. Jamais ô grand jamais il n'aurait nuit à des honnêtes gens, mais face à de la vermine, tous les coups devenaient permis. Les rats de cette taverne étaient en train d'en faire l'expérience. Ils allaient certainement finir pendus, et loin d'en être chagriné, il se disait que sans eux, le cloaque qu'était la ville de Marbrume s'endormirait déjà un peu plus sûr. 

Avant de se mettre à rechercher quoi que ce soit, le marchand lança quelques ordres à ses marins. 

"Les gars, regardez dehors si ça lorgne vers la taverne. S'il y a des têtes de cons qui dénotent, ou des gens trop intéressés, repérez-les! On a peut-être pour spectateurs des types de la Guilde des Voleurs. Alors ouvrez l'œil."

Il avait en effet tout lieu de croire qu'une organisation comme la Guilde des Voleurs devait avoir des informateurs un peu partout. Il avait un sentiment assez déplaisant, et il resta silencieux un moment avant de dire avec une pointe de cynisme:

"A l'heure où la Milice a du débouler dans cette taverne, leurs informateurs ont du aller cavaler rapporter que c'en était fait de ce bouge... Si on avait su par avance que c'était la Guide des Voleurs, on aurait sûrement opéré différemment. Putain de..."

Il avait décidément une furieuse envie de défoncer le crâne du balafré. Mais bon, d'autres allaient s'en charger pour lui, certainement mieux entraînés que lui. Alors que les miliciens se dispersaient pour aller fouiller dans les recoins de la taverne, il passa derrière le comptoir, se gardant bien de se servir le moindre verre. Le niveau de crasse de l'endroit ne lui inspirait pas assez confiance pour cela. Le gars à qui il avait fracassé la mâchoire n'était plus là, et un de ses marins le tenait en respect avec un hachoir à quelques centimètres du visage. Ayant le champ libre, il se mit alors à fouiller. Outre la caisse, étonnamment bien garnie pour un endroit aussi miteux, il extirpa plusieurs liasses de parchemins plus ou moins chiffonnés, ainsi qu'un livre de comptes. Il aligna tout devant lui sur le comptoir, et se mit à tourner des pages.

"De l'usure, encore de l'usure... Ca serait pas un peu de l'extorsion tout ça? Combien ont du signer des reconnaissances de dettes avec un couteau posé sous la gorge? Par contre, pas beaucoup de noms qui sonnent natifs de Hendoire..."

Il continua de feuilleter, marmonnant à voix basse, avant de se mettre à retourner les parchemins dans tous les sens, et de se replonger dans le livre de compte, dont il examina les lignes, un doigt sur la page en le descendant au fil de sa lecture. Sur ce, les miliciens revinrent de la cave, et il releva le nez des documents avant de dire:

"Je crois qu'on a là une belle bande de receleurs, de racketteurs, et d'ordures de la pire espèce. Mais il y a trop de  noms pour savoir s'il y en a un ou plusieurs de la Guilde des Voleurs. Venez voir. Si vous en connaissez certains, peut-être cela aidera-t-il à comprendre."
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 1 Avr 2023 - 22:37
Le bon sieur Ribadier avait donc, sous l'oeil attentif de Blancfer, procédé visiblement à une perquisition en règles des lieux. Il avait extirpé une belle liasse de parchemins et un livre de compte empli visiblement de choses scandaleuses.

"Je crois qu'on a là une belle bande de receleurs, de racketteurs, et d'ordures de la pire espèce. Mais il y a trop de  noms pour savoir s'il y en a un ou plusieurs de la Guilde des Voleurs. Venez voir. Si vous en connaissez certains, peut-être cela aidera-t-il à comprendre."

Clervie s'approcha. Malheureusement, aucun des noms qu'elle put lire lui disait quelque chose. Le Coutilier Blancfer décida de prendre le relais.

- Laissez-moi zieuter ces papiers, demanda-t-il.

En tant que coutilier, il avait appris ses lettres dès que le décret royal était paru concernant les miliciens. Il parcourut la liste du regard, mais rien ne parut retenir son attention non plus. Pendant ce temps, Clervie faisait le tri des autres affaires trouvées par Erasme. Elle se mit notamment à compter avec Yvar la monnaie trouvé dans la caisse.

- Oh les salauds ! aboya le Hendois. Y'a au moins six ou sept écus là-dedans ! Pour sûr que ces bâtards faisaient pas ce compte avec les bières, hein ?
- Et il n'y a pas que ça...

En effet, en contemplant la caisse, Clervie eut une impression bizarre, comme si le fond était creux. Elle la saisit une fois vidée et la secoua.

- Par les Trois ! Il y a un double fond dans cette caisse !
- Lâchez ça ! hurla le Sanglier qui se tenait plus loin. Espèce de sales voleurs, elle est belle la milice, comment osez-vous me prendre mon argent si durement gagné.
- Gagné en vendant des moutards ! aboya Julius. Espèce de saligaud, va, lorsqu'on ira t'pendre à la place des chevaliers, j'peux t'jurer que je te regarderai te balancer avec ta corde au cou !

Pendant ce temps, la milicienne à la chevelure d'encre ne prêtait pas plus attention à la dispute qui venait de retentir. Elle avait en effet réussi à soulever le double fond pour y trouver une petite clé argenté.

- Tiens, tiens, tiens... Et si on allait voir ce que ça ouvre, ce truc-là ? Les amis ? dit-elle d'une voix plus forte. Est-ce que quelqu'un n'aurait pas trouvé une cassette quelque part en fouillant ce troquet ?
- Si, dit soudain Erin d'une voix triomphante. Moi, sous le pieu du proprio ! Mais bons dieux qu'elle est lourde ! J'me demande ben ce qu'elle contient !
- Eh bien, Erin, je crois que j'ai la clé. Attends, on va l'ouvrir. Oh, par les trois...

A l'intérieur du coffre, Clervie et Erin purent alors découvrir quelques bijoux appartenant au moins à des bourgeois fortunés ; une vraie collection de bracelets en pierres semi-précieuses, des grenats, des opalines, des onyx, voire un ou deux lapis-lazulis, deux ou trois colliers de perles d'huîtres et même un très joli pendentif en forme de goutte qui devait être taillé dans une topaze bleue. En fouillant un peu plus, Clervie découvrit quelque chose d'encore plus compromettant ; une élégante chevalière avec des armoiries bien visibles.

- Et ceci,
énonça-t-elle, c'est la chevalière d'un noble ! Celle du Sergent que toi et tes hommes avez tué, n'est-ce pas, vil maraud ? lança-t-elle d'un ton glacial en direction du balafré.
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptySam 1 Avr 2023 - 23:49
Cette descente à la taverne n'en finissait pas. Les découvertes non plus d'ailleurs. C'était une situation assez particulière pour le marchand. D'ordinaire, il aurait laissé tranquille les scélérats de cette taverne, mais ils avaient fait la grosse erreur de venir traîner sur ses plates-bandes au port. Ce qui n'avait pas manqué de le faire tiquer et d'éveiller son intérêt pour la gamine. D'autant que trouver une gamine en guenilles qui savait lire, ce n'était pas vraiment commun. La façon dont elle était partie du port l'avait singulièrement interpellé, et sachant où elle était susceptible de se trouver, il avait envoyé une paire d'yeux sur place se rendre compte. Même s'il avait compris que l'endroit était tenu par des vermines de la pire espèce, il était alors loin de se douter de la véritable nature des choses.

"Gros Louis, si ce sac à merde l'ouvre encore, explose-lui les couilles à la masse pour le calmer je te prie."

Le colosse chauve avait hoché la tête avec un sourire mauvais. De toute évidence, lui aussi avait une furieuse envie de crever cette ordure de ses propres mains. Il parlait d'argent durement gagné... Ca c'était la meilleure... Ce salopard n'avait jamais du exercer le moindre travail honnête de sa vie, et ce qu'il avait dans sa caisse avait du l'être en détroussant et en menaçant les autres. Sortant de derrière le comptoir où il n'avait plus grand chose à faire, le patron de pêcherie revint dans la salle en reprenant le manche de pioche qu'il avait laissé sur le comptoir. Une fois la cassette ouverte, il s'était approché pour voir par acquis de conscience,  mais bien évidemment, il était bien incapable de pouvoir dire à qui les bijoux avaient pu appartenir. Il secoua donc la tête négativement.

"C'est évident que ce type d'anneau vient de chez un noble. Il l'a au mieux détroussé. Mais si c'est celle du père de la gamine, on sait comment il a fait pour l'obtenir. Je ne connais pas leurs armoiries. Ce sont bien les leurs?"

Le plus irritant dans cette histoire était bien qu'il avait manqué la gamine de quelques jours seulement. Il avait sûrement été un peu trop long à vraiment s'inquiéter et à envoyer le vieux Jean sur place. Sa nature optimiste ne l'avait pas préparé à devoir se frotter à ce genre de cafards des bas-fonds. Et comment aurait-il pu un seul instant imaginer que la fillette serait vendue à la Guilde des Voleurs? D'un autre côté, ce n'était pas comme si elle lui avait textuellement dit que ces cancrelas vendaient des gens... Mais quelque chose le titillait. Ce balafré devait bien savoir qui était venu chercher la gamine. Et son frère aussi d'ailleurs...

"Dites voir... Je suis sûr que ce fils de putain ne nous dit pas tout. Il a vendu deux gamins, et il veut nous faire croire qu'il ne sait même pas à qui? Je n'en crois pas un mot!"

Il revint vers le comptoir, et attrapa à pleine main une liasse de parchemins qu'il brandit vers Blancfer et sa milicienne.

"Ce salopard consignait tout. Il sait précisément qui lui doit combien. Et soudainement, il lâche deux gamins, qui sont de belles monnaies d'échange, dans la nature, sans poser de questions? 
C'est sûr que tu devais être soulagé de te débarrasser de deux petits témoins de tes saloperies, hein ordure?"

Appuyé sur son manche de pioche comme il le faisait au quotidien sur sa canne, il posa l'autre main sur le pommeau de sa dague en fixant le balafré.

"Laissez-le moi cinq minutes, et je vous garantis qu'il va chanter comme un rossignol."

Le bourgeois était un honnête homme. Il l'avait toujours été, et le resterait. Mais comme tous les gens très ordinaires, en situation de crise, il n'hésitait pas à faire une seule seconde ce qui s'imposait d'être fait, même si ce devait être quelque chose de très sale. Dans le cas présent, il était prêt à découper le balafré petit morceau par petit morceau de ses propres mains si cela s'avérait nécessaire.
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MessageSujet: Re: La Descente (PV Clervie)   La Descente (PV Clervie) EmptyDim 2 Avr 2023 - 23:45
"C'est évident que ce type d'anneau vient de chez un noble. Il l'a au mieux détroussé. Mais si c'est celle du père de la gamine, on sait comment il a fait pour l'obtenir. Je ne connais pas leurs armoiries. Ce sont bien les leurs?"

L'infâme manant hocha affirmativement la tête à la question d'Erasme et de Clervie; ils avaient donc confirmation que c'était bien là la chevalière du malheureux Sergent de Piana qui était en leur possession. Le Erasme Ribadier ne contenait absolument plus son indignation à la vue de tous les crimes du Sanglier, et la jeune femme était bien forcée de reconnaître qu'elle partageait pleinement sa fureur. Comment aurait-il pu en être autrement. Il avait envoyé à l'esclavage, voire peut-être pire, deux malheureux enfants qui auraient dû être dorlotés, choyés. Aussi ne l'arrêta-t-elle pas lorsqu'il continua :


"Dites voir... Je suis sûr que ce fils de putain ne nous dit pas tout. Il a vendu deux gamins, et il veut nous faire croire qu'il ne sait même pas à qui? Je n'en crois pas un mot!"

Là-dessus, il attrapa à pleine main une liasse de parchemins qu'il exhiba à la vue de Clervie et de son coutilier. Alors que la jeune femme les prenait et commençait à les parcourir des yeux, il poursuivit :


"Ce salopard consignait tout. Il sait précisément qui lui doit combien. Et soudainement, il lâche deux gamins, qui sont de belles monnaies d'échange, dans la nature, sans poser de questions? 
C'est sûr que tu devais être soulagé de te débarrasser de deux petits témoins de tes saloperies, hein ordure?"
"Laissez-le moi cinq minutes, et je vous garantis qu'il va chanter comme un rossignol."

A la grande surprise de Clervie, Blancfer regarda un court instant Ribadier, comme s'il hésitait. Puis soudain, il déclara :

- Vous savez quoi ? Allez-y, faîtes-lui donc cracher où sont les mouflets, si toutefois y'a une chance qu'il le sache !
- Sérieusement, Coutilier ? fit Clervie d'un air presque admiratif.
- Tu sais, Corbac, tout n'est pas obligé de revenir aux oreilles du sergent, hein, répondit Blancfer en lui adressant un clin d'oeil.

En comprenant qu'il allait être laissé à la ire du bourgeois fou furieux et visiblement bien décidé à le couper en petits morceaux, le prisonnier perdit le peu de couleur qui lui restait sur le visage.

- Non ! Non, non, non, faîtes pas ça ! Faîtes pas ça, j'vous dire, je vous jure que je n'sais rien !
- Ben voyons ! répliqua Clervie d'un ton sarcastique. Tu ne sais pas à qui tu as vendu les enfants et moi je suis le roi Sylvur déguisé ! Allez-y Ribadier, coupez-lui donc un petit bout de quelque chose... Tiens, lui qui aime tellement prendre les bourses des autres, et si on lui coupait les siennes ?
- Oh, Corbac, t'es violente ! ricana Julius.
- NON ! NOOOOOOOOOOONNN, pas ça ! Je... JE VAIS PARLER ! JE VAIS PARLER !
- Bah alors accouche, sale petit tas de merde ! tonna Yvar. Sinon, quand l'Ribadier s'ra passé, moi j'veux bien te faire voir un bout d'ma hâche !
Le Sanglier leur livra donc plus complète confession :
- S'appelle Fulbert... L'aut'dégénéré m'a offert une belle somme... J'vais des dettes, mais j'voulais garder ces deux gosses, 'tain, la gamine rapportait bien, quand j'la louais... Mais l'mec a dit qu'l'en avait b'soin ... Chuis à peu près sûr qu'c'est la Guilde qu'les as tous les deux. L'Guilde a piqué la fille sans même d'mandé ou m'filer des sous, l'jour où y sont v'nus pour mes dettes ! La prochaine fois que j'la vois, s'moi qui lui tranche ses fichus doigts ! Mais 'tout cas, y sont v'nus d'mander où était l'gamin. J'pense qu'y doivent l'avoir maint'nant. On peut tout faire faire à cette débile quand on lui parle du morveux."
- Et on le trouve où, ton Fulbert ?
- J'en sais fichtre rien, moi !! C'est du riche, ça doit pas crécher ici, m'est avis...
- Du riche, hein ? Du bourgeois ? Erasme, vous connaissez un certain Fulbert, vous ?

Elle s'était tournée vers le directeur de pêcherie et croisait les doigts. S'il ne connaissait pas ledit Fulbert, Clervie savait qu'elle devrait probablement chercher des informations grâce à ses contacts de l'esplanade. Si encore, elle parvenait à les joindre...
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