Marbrume


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 Le Goupil [Validée]

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Le GoupilContrebandier
Le Goupil



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MessageSujet: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyDim 29 Aoû 2021 - 21:27



Le Goupil, Renard fourbe, perfide et hypocrite



Illustration d’une fable intitulée « Le Renard et le tambour », la bannière représente un renard attiré par les vibrations d’un tambour suspendu. Affamée, la bête se saisit de l’objet, pensant y trouver un animal prisonnier, aux abois, à l’origine du vacarme. Lorsque le goupil découvre que l’instrument est vide, il comprend avoir été dupé par les tambourinements produits par le souffle du vent.

La morale ? Les apparences sont parfois trompeuses.


Identité

Surnom : Le Goupil

Nom : Rosélia, mais il ne se fait plus appeler comme tel depuis fort longtemps

Prénom : Arsène, bien qu’il exècre l’entendre de la bouche des rares personnes qui le connaissent

Âge : 30 ans (en 1167)

Sexe : Masculin

Situation : Théoriquement, marié, mais rien ne le laisse croire. D’aucuns le pensent célibataire ou veuf

Rang : Ancien marchand, bourgeois ruiné, actuel contrebandier

Lieu de vie : Marbrume, Port

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Carrière du contrebandier
+2 END, +2 INT

Compétences et objets choisis :
Compétences :

- Alphabétisation - Niveau 1
Unique héritier mâle d’un riche bourgeois de Marbrume, Arsène était prédestiné à reprendre les rênes d’un commerce florissant. Son administration n’aurait su être envisagée sans une maîtrise de l’écriture et du calcul.
- Baratin - Niveau 1
Séducteur invétéré et commerçant redoutable depuis son adolescence, l’art du boniment n’a plus aucun secret pour lui.
- Commerce - Niveau 1
Parcourir les terres pour y découvrir et récupérer les plus belles marchandises contribua longtemps à la pérennisation de la boutique de son père. L’abondance de clients qui s’ensuivait se chargea, quant à elle, de parfaire les qualités professionnelles d’Arsène.
- Discernement - Niveau 1
La fréquentation d’innombrables personnes et les erreurs qu’il put commettre dans sa jeunesse, en accordant indûment sa confiance à autrui, lui permirent, au fil du temps, de ne plus se laisser duper par les sourires et belles promesses.
- Évaluation – Niveau 1
Étendue à toutes sortes d’articles, la boutique de son père fut un terrain de jeu idéal pour apprendre à apprécier la valeur de tout bibelot.

Objets :

Ce qu’Arsène n’a pas perdu au jeu, il l’a abandonné à sa femme au lendemain de sa mort présumée. Hormis les frusques qu’il porte, il ne lui reste donc plus aucune possession, sinon le ruban de ses noces, usé, dépassé, délavé, abîmé, constamment noué à son poignet droit.

Apparence

Fantôme du passé. Vestige d’une vie oubliée. Écho d’un homme d’antan.

Il y a fort longtemps, Arsène était l’archétype même du bourgeois fier de sa réussite, propre sur lui, toujours tiré à quatre épingles et apprêté. Il prenait plaisir à se vêtir coquettement, à profiter d’une certaine aisance financière pour se ménager une apparence plus qu’acceptable.

La Fange, un séjour prolongé chez les Bannis et quelques épreuves difficilement surmontées suffirent à le métamorphoser.

L’élégance qu’il tirait jadis de sa haute taille et d’une corpulence athlétique relève désormais du burlesque. Amaigris à l’excès, ses membres filiformes paraissent à présent trop grands, affinent davantage une carcasse balafrée dont il ne supporte plus la vue.

Difficile de discerner son port altier et ses traits gracieux derrière une barbe rêche, épaisse, inégale et non entretenue, qui dévore ses joues creusées par la faim et le chagrin jusqu’à entamer ses pommettes saillantes.
Difficile de trouver une trace du petit bourgeois sous ses cheveux trop longs, mal coiffés, emmêlés, tantôt laissés lâches, tantôt grossièrement noués en un ersatz de chignon.

En vérité, il ne subsiste plus de lui que ses bésicles rondes, un ruban méconnaissable à son poignet, son regard azuré et ses sourires enjôleurs, quoique pleins d’une hypocrisie et d’une fausseté qu’ils ne possédaient pas, avant.

Personnalité

Cassure. Mensonge. Déni.

Avant, Arsène n’était pas non plus ce condensé d’ambiguïtés. Ses sourires ravageurs trahissaient l’envie de plaire et l’insouciance tenaces de son adolescence ; ses rires, une joie de vivre et un épanouissement remarquables ; ses yeux, une espièglerie et une passion insatiables.

Désormais, ses sourires paraissent insidieux, ses rires creux, ses yeux vides. Ils demeurent sans plus être pensés, comme la manifestation persistante d’une habitude trop ancrée.

Le Goupil ment aux autres comme il se ment à lui-même. Tout, sur lui, n’est que façade et faux-semblants. Tout, en lui, n’est que ruines et désespoir.

Pour entretenir un déni devenu vital, l’homme s’adonne aux vices qui le rongent et ne se laisse parfois plus guider que par ses plus bas instincts. Jeu, argent, sexe, alcool.

Convaincu de ne plus rien avoir à perdre, Arsène ne connaît que peu de limites et ne recule devant rien pour se soustraire à des responsabilités qu’il fuit, au cœur d’une intolérable réalité.
Alors, il s’amuse, charme, séduit, embobine, fanfaronne, baratine, amadoue, berne, travestit, trompe, manipule, raille, jure, blasphème. Quel intérêt porter aux autres dans cet océan d’égoïsme qu’a éveillé la Fange ? Quel intérêt porter aux dieux lorsqu’ils font indistinctement montre d’une telle cruauté ?

Arsène priait les Trois, jadis. Son métier l’amenait à côtoyer d’innombrables cultures, sa curiosité, à étudier de nouvelles religions, et pourtant sa foi demeurait intacte. Ironiquement, c’est en Marbrume qu’elle se brisa, lorsque la Fange emporta son fils.

Depuis, plus d’oraisons.

Seulement des invectives à l’égard de déités à qui il voue une haine féroce.

Histoire

Chap. I – Ambre

— Arsène, mon garçon. À l’âge de raison, tu reprendras mon commerce et le rendras plus prospère encore !
— Oui, père.

Qui aurait pu prédire que cet enfançon propre sur lui, obéissant et poli, deviendrait, à l’adolescence, un infatigable coureur de jupons, collectionneur d’autant d’objets que de conquêtes ?

Probablement induit par le métier auquel sa naissance le destinait, Arsène a toujours apprécié les belles choses. Les femmes ne faisaient pas exception. Peu lui importait leur caste, l’essentiel étant qu’elles soient jolies.
Alors, il séduisait, courtisait, mais jamais, ne se risquait à un engagement. Se fiancer, c’était tirer un trait sur cette jeunesse qu’il croquait à pleines dents, c’était délaisser cette liberté qui lui était si chère, c’était s’enchaîner pieds et poings à une vie rangée qui, n’en déplaise aux mœurs et à son père, le rebutait au plus haut point.

Il y en eut pourtant une pour bousculer ce qui lui semblait immuable.

Bien que vulgaire paysanne, Ambre avait tout d’une noble en apparence et suscitait la convoitise de nombreux hommes par ses attraits irréels.

Belle et désirée.

Il n’en fallait pas plus pour qu’Arsène souhaite se l’approprier. Celle que tous dévoraient des yeux, il la posséderait, quitte à renoncer à son insouciance pour y parvenir.

Face au commerce florissant cédé par son père et à sa fortune familiale, l’arrangement du mariage fut une formalité.


Chap. II – Norbert

— Norbert, mon fils. À l’âge de raison, tu reprendras mon commerce et le rendras plus prospère encore !

Trop petit pour répondre autrement que par un babillement joyeux à ce père qui le tenait à bout de bras, le digne héritier de la famille Rosélia vit le jour à peine trois ans après le mariage d’Ambre et Arsène.

Prétexte à la fête, cette naissance amorça le retour de vices que le charme, la douceur et la patience de la belle avaient longtemps suffi à étouffer.

Un verre d’alcool. Un jeu de dés. Quelques paris. Quel mal à ça ? [...]

Quel idiot s’arrêterait à une victoire ou deux ? Tant que l’or coule à flot, tant que les succès s’enchaînent, pourquoi s’interrompre ! Et qu’est-ce donc qu’une modeste défaite – de si peu de points, qui plus est ? Rien qu’un coup de malchance. [...]

Repartir ni plus riche, ni plus pauvre, ça arrive. Mais quelle importance, lorsque la soirée a été pleine de rires et de camaraderies !

À quand la revanche ? [...]

Non, ce jour, les Trois étaient de méchante humeur ; toutes ces défaites ne peuvent pas compter. Le lendemain s’annonce incontestablement sous de meilleurs auspices, et dans le pire des cas, ce sera le surlendemain !

D’ici là, un crédit pour combler les coffres ? [...]

Plongé dans le déni, persuadé que la fortune lui sourirait de nouveau, Arsène s’endetta, multiplia les emprunts auprès d’amis, puis, lorsqu’il n’en eut plus, auprès d’inconnus peu recommandables, mais prompts à se montrer généreux moyennant arrangement.

Du temps, c’est tout ce dont il avait besoin. Alors, pour en gagner, il céda la riche boutique de son père dès 1162, au profit d’un commerce plus modeste à la frontière du Bourg-Levant et du Goulot. Une bouffée d’air, un souffle retrouvé. Momentanément.

Même si l’amour ne les a probablement jamais unis, Ambre et Arsène se sont rapidement habitués et accommodés l’un à l’autre. À l’instar de leur complémentarité professionnelle – elle créait, lui vendait –, le calme de la belle tempérait son époux, quand l’assurance de celui-ci incitait sa femme à oser davantage. Pas de dispute, peu de désaccords.

Du jour où la déchéance familiale fut certaine, cette entente sereine, sans heurts, devint source de tensions. Jamais Ambre ne lui reprochait quoi que ce soit, mais elle l’observait. Longtemps. Interminablement. Et dans ses grands yeux clairs, il devinait ce que ses lèvres gardaient tu, redoutait l’aveu d’une confiance trompée, brisée.

Lorsque le silence fut plus insupportable que les mots, Arsène ne trouva d’autre échappatoire que l’ivresse. Consommé en quantité suffisante pour altérer, disloquer, annihiler sa perception du monde, pour que le poids d’un regard ne suffise plus à l’agresser en malmenant ses espoirs et sa patience, l’alcool exacerba ses pires défauts.

Acculé sans l’admettre, Arsène avortait toute tentative d’approche amorcée par Ambre. Déjà peu démonstratif à son égard, peu habile dans l’extériorisation de ses sentiments, de son attachement ou de son affection, l’homme en devenait méchant pour être certain de la repousser. Violent, en cas d’insistance.

Autant d’arguments favorables au délitement et à la perversion progressifs d’un lien jusque-là complice, que les voyages répétés du commerçant, de plus en plus longs, de plus en plus lointains, accrurent considérablement.


Chap. III – Lucain

— Non, ce n’est vraiment pas loin et, avant que tu ne le demandes une énième fois : oui, Norbert doit vraiment venir. Il est plus que temps que je lui enseigne mon métier.

Cette discussion stérile durait depuis plusieurs jours. Désireux de profiter d’une opportunité commerciale relativement proche pour former son fils, Arsène avait suggéré de l’emmener à ses côtés. Trop maternelle, trop aimante, trop fusionnelle, Ambre avait eu les plus grandes peines du monde à concéder cette séparation. Sans s’y opposer clairement, elle n’avait eu de cesse de poser les mêmes questions, probablement dans l’espoir de dissuader son mari.

Têtu, Arsène avait résisté. Il avait par ailleurs avancé le départ, au détriment d’une bonne préparation. Il fallait néanmoins admettre que la venue de leur dernière née, Élisabeth, n’était pas tout à fait étrangère à cette précipitation. Bien que distendus depuis au moins deux ans, les liens entre les deux époux ne le furent pas assez pour qu’ils n’engendrent pas un deuxième enfant. Loin de les rapprocher, la petite, non-désirée par l’homme, ne fut qu’un prétexte de plus à l’élargissement d’un gouffre déjà béant. Froid avec Ambre, Arsène était proprement glacial avec le nourrisson, à qui il accordait tout juste des regards.

Leur situation financière, les geignements d’Élisabeth, l’insistance de sa femme et ses embrassades interminables à l’endroit de leur fils achevèrent d’attiser l’impatience du commerçant. Pressant, il coupa court aux adieux en enjoignant à Norbert de le suivre.

Contrairement à ce qu’Arsène avait affirmé à son épouse, l’opportunité professionnelle évoquée ne se trouvait pas aussi proche de Marbrume qu’il l’avait laissé entendre, puisque sise à Ventfroid. Conscient de la jeunesse de son aîné, alors âgé de cinq ans, le marchand envisageait un voyage de dix jours – sept pour l’aller, à pied, et trois pour le retour, à cheval –, entrecoupé de nombreuses escales au gré des bourgs rencontrés. De son avis, ces villages constitueraient un excellent entraînement pour son digne héritier et lui permettraient de commencer à comprendre les rouages de la négociation.

Les quatre premiers jours se déroulèrent sans encombre, en dépit de geignements ponctuels de l’enfant, réclamant sa mère.

Le cinquième marqua un tournant.

Père et fils avaient quitté Sarrant depuis quelques heures seulement, lorsqu’un groupe d’individus leur barra la route. Ce qui aurait dû se résoudre en un choix évident entre la bourse ou la vie prit néanmoins une ampleur démesurée quand le nom « Rosélia » fut prononcé.

Arsène fut assommé avant même de s’inquiéter du sort de Norbert.

Ce fut l’insupportable impression d'être gelé au plus profond de ses entrailles, qui le sortit de l’inconscient, tard, bien plus tard dans la journée. Délesté de ses bésicles, bientôt assailli de douleurs multiples, le marchand peina à s’extirper du flou dans lequel il se trouvait plongé. Peu à peu, des sensations plus précises s’éveillèrent cependant. Celle d’être trempée jusqu’aux os, d’abord, celle d’être assis, manifestement à l’abri, et entravé aux poignets et aux chevilles, ensuite, celle d’être observé, enfin.

Des contours troubles qu’il discernait, Arsène devinait un homme massif face à lui, à quelque toise. Bien vite, la voix caverneuse de la silhouette l’éclaira davantage.

Il prétendait s’appeler Lucain, se présentait comme un ami, dans le probable espoir d’obtenir des informations que le commerçant garda tues. Sans l’avoir jamais soupçonné, Arsène se découvrit une résistance physique accrue, dans les jours qui suivirent : peu importaient les coups, les entailles, les blessures, la faim, la soif, la privation de sommeil. Tel un marchand borné, arrêté sur un prix fixe, il se complaisait dans un silence insolent et ne vacilla que lorsqu’on lui amena son fils.

Lucain n’explicita aucune menace, ce jour-là. Il se contentait de maintenir l’enfant contre lui, par les épaules, en l’empêchant de rejoindre un père marbré de sang. Cette seule présence suffit pourtant à convaincre Arsène de livrer ce que l’on attendait de lui, sans emporter la certitude du bandit. Après tout, à quoi bon endurer les tortures s’il n’y avait rien à cacher, si la fortune jadis associée aux Rosélia n’était effectivement plus ? Lucain n’en crut mot.

Ce soir-là, il abandonna une fois de plus Arsène à sa solitude, sans lui octroyer autre chose qu’un demi-gobelet d’eau en pleine figure.


Chap. IV – Philibert

— Arsène Rosélia ?

Affaibli par l’écoulement d’un temps dont il avait perdu le fil, le marchand tressaillit sur sa chaise. Il se sentait épuisé, proche de ses limites, tandis que son corps amaigri ne tenait plus assis que par ses poings liés au dossier du siège. Alors, évidemment, lorsque les cordes de chanvre cédèrent, sa carcasse s’effondra sur le sol dans un bruit sourd.

Le commerçant se sentit soulevé, supporté, il perçut à peine des encouragements murmurés tandis qu’on le forçait à avancer vers une destination dont il ignorait tout. Délesté de ses forces, rongé par la crainte qu’il ait pu être fait du mal à Norbert, le marchand oscilla entre conscience et ténèbres jusqu’au lieu d’arrivée, où il sombra définitivement.

Plusieurs jours passèrent avant qu’Arsène s’éveille enfin, et lorsqu’il ouvrit les yeux, il se trouva assailli par un fils aux abois. Le plaisir de ces retrouvailles resta cependant éphémère : dans la pièce, un homme les observait. Cette scène, pareille à celle qu’il avait vécue au campement de bandits, excita la méfiance du père. Les révélations qui s’ensuivirent les soufflèrent toutes.

En quelques minutes, Arsène dut assimiler l’écoulement d’une vingtaine de jours depuis son enlèvement, l’invasion de créatures dont il n’avait entendu que des rumeurs jusqu’alors, le retranchement de Marbrume derrière ses hauts remparts et l’existence de « Bannis », réfugiés au sein d’un village de fortune dans lequel il se trouvait.

À partir de ce moment, les pensées du marchand se précipitèrent. Il songea aux brigands qui, en les ravissant, son fils et lui, leur avaient probablement sauvé la vie sans le savoir, les préservant ainsi d’une vague d’abominations qui les aurait fauchés, en d’autres circonstances. Il songea à Ambre, a priori saine et sauve à l’abri des fortifications marbrumiennes, et à ce qu’elle s’imaginait sur leur compte. Il songea aux sentiments de Norbert et à ce que les bandits lui avaient infligé pendant sa séquestration, quand bien même il ne discernait manifestement aucune séquelle physique, pour l’heure. Il songea aux raisons qui avaient conduit ce Banni – un dénommé Philibert – à venir le récupérer dans ce campement.

Toutes ces pensées ne connurent qu’une réponse.

— Je t’ai sauvé la vie, en te soustrayant à ces truands. J’ai également sauvé ton fils… Mais tu sais sans doute plus que quiconque que rien n’est gratuit, en ce monde. N’est-ce pas, Rosélia ?

Mieux traité parmi les Bannis qu’il ne l’avait été chez les bandits, Arsène n’en fut pas pour autant accepté et dut mériter leur confiance. Il ne ménagea pas sa peine pour parfaire les barricades du village, réhabiliter d’anciennes cabanes en ruine, creuser d’innombrables fosses alentour, disposer des pièges dans les environs ou reconnaître de nouveaux chemins à baliser, en se nourrissant toujours plus de techniques – voire d'un mode de vie à part entière – qu'il ignorait jusqu'alors. C’est toutefois dans le troc que le commerçant se révéla le plus utile, ne serait-ce que parce qu’il pouvait gagner les proches bourgades sans en effrayer les habitants – privilège dont les Bannis, marqués au fer, ne jouissaient plus.

Des conditions difficiles, loin de l’aisance qu’il avait pu connaître jadis, loin de la sécurité des remparts qui l’avaient toujours protégé, dans lesquelles Arsène s’épanouit pourtant, en éduquant Norbert du mieux qu’il le pouvait.

En dépit de ses efforts, une question revenait cependant souvent. De plus en plus fréquente au fil des semaines, des mois, des années. À laquelle il finit par ne plus répondre, feignant de ne plus même l’entendre.

« Père ? Quand irons-nous retrouver Maman ? »


Chap. ??? - [ L’innommé ]

[ L’innommé ] ?

La bouche pâteuse, Arsène tâtonna les alentours en quête de ses bésicles, les chaussa, et ne distingua de son modeste cabanon qu’un océan de solitude. Personne sur la paillasse, à ses côtés. Personne attablé, sur l’un des deux tabourets bancals. Personne. Nulle part.

Pris à la gorge par une sinistre intuition, Arsène se rua hors de sa cahute sans même revêtir une tunique. Malgré ce début d’année 1166 particulièrement rude, l’homme ne sentit pas la morsure du froid sur sa peau tandis qu’il avalait, les unes à la suite des autres, les passerelles suspendues au sommet des arbres.

Et à mesure qu’il cherchait sans trouver, à mesure qu’il hurlait « [ L’innommé ] » sans réponse, l’hiver, le monde, avait de moins en moins d’emprise sur lui.

À mi-chemin entre détresse et folie, Arsène se précipita par-delà les enceintes protectrices du village des Bannis, abandonna les sentiers balisés pour s’enliser dans les marais, sans jamais cesser de crier son prénom.

Il ne s’interrompit pas davantage lorsque des mains le bâillonnèrent pour l’astreindre au silence, gémit, faute de pouvoir articuler, arc-bouta son corps décharné pour se soustraire aux poignes qui le retenaient, avec une force et une hargne propres au désespoir. Rien n’y fit.

Ni Arsène ne parvint à reprendre sa recherche. Ni [ L’innommé ] ne lui répondit jamais.

Barricadé, seul, dans son cabanon déserté, Arsène se trouva face à face avec lui-même.

La colère lui arracha un râle, s’écrasa sur le modeste mobilier puis, quand il n’y eut plus rien à briser ou renverser, se retourna contre le ruban ceignant son poignet, tirant, griffant, tiraillant sans qu’il ne cède jamais, comme une ultime bravade. Peut-être un signe.

La tristesse lui arracha un cri, profond, déchirant, qui se répercuta en écho contre les murs de sa prison. C’est dans cet instant de faiblesse que toutes ses erreurs le rattrapèrent, le submergèrent, l’accablèrent, l’ensevelirent.

L’une d’elles, pourtant, fut plus douloureuse que toutes les autres.

Père ? Quand irons-nous retrouver Maman ?


Chap. I – Le Goupil

— Bats les pattes, Le Goupil !
— Mais en voilà un bien vilain accueil, pour un si gentil client !

Arrivé de nulle part au lendemain du couronnement du Duc, Le Goupil s’est rapidement fait connaître des petites gens au moyen de trocs en tout genre. De sa vie réelle, personne ne sait pourtant rien, sinon ce que murmuraient les rumeurs accompagnant son sillage.

D’aucuns le prétendent héritier d’une obscure famille noble, quand d’autres le rêvent criminel, voire assassin, quoiqu’ils s’accordent tous sur une supposée cavale.

D’aucuns le disent veuf, quand d’autres le pensent célibataire, quoiqu’ils lui concèdent tous de nombreuses conquêtes féminines avec lesquelles il ne se pavane pas longtemps.

D’aucuns lui attribuent de sinistres arrangements et une moralité douteuse, quand d’autres l’imaginent pris à la gorge par des dettes et engagements qui le dépassent, quoi qu’ils s’accordent tous sur ses mauvaises fréquentations.

D’aucuns affirment qu’il fraye avec les Bannis, quand d’autres l’affilient aux mouvements sectaires de Marbrume, quoiqu’ils lui concèdent tous une discrétion remarquable empêchant l’émergence de toute preuve.

Mais qui irait donc prêter oreille à ces ragots ?


Derrière l'écran

DC : Morgred Pêcheur

Des questions ou des suggestions ? Une précision (encore) : Arsène est un prédéfini (encore) ; plus exactement, celui d’Ambre. Pourrez-vous le passer en « pris », après la validation, s’il vous plaît ? Wink

Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? S’il vous plaît Beau goss



Dernière édition par Le Goupil le Dim 5 Sep 2021 - 17:14, édité 11 fois
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Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyDim 29 Aoû 2021 - 22:13
Ça y est, t’en as plein le fion de la vie d’homme marié qui doit se faire rabibocher la barque chez un unijambiste ?

Amuse-toi bien avec ce personnage (avec ou sans Edgar Naval², d’ailleurs).

² : nouveau nom donné par une aimable personne que je laisserai se dénoncer.

Mes respects,

E.D.
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Cécilia ValclairChasseuse
Cécilia Valclair



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyDim 29 Aoû 2021 - 22:22
LE GOUPIX !
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyDim 29 Aoû 2021 - 22:42
Bienvenue Le Goupil [Validée] 2133643690
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyDim 29 Aoû 2021 - 23:30
Salut,

Bienvenue à ce nouveau personnage !
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https://marbrume.forumactif.com/t5332-desmond-de-rochemont-carri
Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyLun 30 Aoû 2021 - 0:51
Rebienvenue parmi nous ! cheers
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En ligne
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyLun 30 Aoû 2021 - 8:28
AAAAAH, depuis le temps que j'en entends parler, vile créature ! Bon courage pour le reste !
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Le GoupilContrebandier
Le Goupil



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyLun 30 Aoû 2021 - 22:42
@Edgar : jamais de la vie, Morgred ne renoncera à cette partie de pêche promise ! D'autant qu'il a des questions existentielles auxquelles seul Edgar peut répondre :D En tous les cas, merci, Ed' !

@Céc' : attrape-moi si tu peux :prout:

@Ambre : merci, ma chère. Prépare-toi, parce que... tu n'es pas prête Twisted Evil

@Desmond : merci, colosse !

@Rosen : merci, Baronne Sourire

@Gudy : merci ! Depuis le temps que tu attends, tu peux enfin lire (l'interminable) histoire :D
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] EmptyMar 7 Sep 2021 - 20:42
Encore désolée pour le retard !

Bon officiellement re-bienvenue et désolée de t'infliger ce prélien avec moi :D Souffrons ensemble Twisted Evil

Comme vu ensemble un peu plus tôt, je te valide :) Je n'ai pas grand chose à dire à part que j'aime beaucoup ce que tu as fait de ce prédef, et que j'ai hâte de voir son évolution (et pas seulement avec moi héhé). Tu connais le chemin mon petit, je n'ai pas grand chose d'autre à te dire, à part que je te souhaites tous les malheurs possible inRP <3.

Tu trouveras ta carrière juste ici :)

Bisous sur le pétou
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MessageSujet: Re: Le Goupil [Validée]   Le Goupil [Validée] Empty
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