Cube par-dessus tête

1er juin 1167,
Auberge de Sombrebois,
Almère,

La porte se clôt en frappant son cadre, sous la pression lourde de sa main. Une sécurité, relative et temporaire. Le souffle court, il balaya la petite pièce du regard. Le paquetage était en sécurité, pour l'instant, ne lui restait plus que les possessions de la petite et...

Une toux agita son torse. Sa plaie ne s’arrangeait pas. Il laissa glisser le sac au sol, près de son lit et ôta son capuchon d’un geste vif. Il devait trouver un endroit où masquer ses effets, ainsi que récupérer l’objet de leur mission. En attendant de pouvoir plus concrètement aider Margaux, la priorité était de se débarrasser de la dette qui pesait sur la petite.

Combien de temps avant qu’il n’attire trop d’attention ? Il avait tué sous les yeux de trop de gens pour qu’on ne lui demande pas à tout le moins des comptes.

Il s’approcha de la fenêtre, un œil méfiant détaillant la rue et, plus loin, la place du bourg. Rien de suspect ne lui sautait au visage. Peut-être était-il passé plus inaperçu qu’il ne le pensait ? Imprudente pensée, il avait vu des types comme lui retourner à la terre pour des présomptions moins naïves. L’esprit enflammé, il détaillait les planches de sa chambre, s’efforçant de démêler sa situation. Il réalisait lentement qu’il n’éviterait pas ce qui était à venir. Il allait devoir conclure rapidement sa tâche, avant qu’on ne puisse le confronter à quoi que ce s-

Près d’un des pieds du lit, presque masquée, une étrangeté avait happé son regard. C’était un simple trait noir comme la nuit, et alors qu’il s’approchait d’un pas hésitant, il se révéla être la tranche d’un petit cube uniforme. C’est avec fascination qu’il ferma sa grande poigne sur la curiosité, la soupesant. C’était étrangement léger, sans aspérité.

Il le détailla, et la pause infligée à son esprit par la vue inattendue lui fit profitable. L’anomalie enserrée entre ses doigts, il s’assit sur le lit. Le paquetage devait trouver son destinataire.

Peu importe l'âge, peu importe le lieu, peu importe l'heure ... La curiosité dévore toujours l'Humain.

Quand une chose ne semble pas à sa place, elle attire l'oeil, la main, la réflexion ...

Et pourtant, rien ne semble plus anodin que ce petit cube sans poids aux reflets variant du vert au rouge selon comment on le tourne face à la lumière.

La rue est calme, l'auberge presqu'autant, seuls quelques bruissements de conversation entre les derniers clients et l'aubergiste filtrent au travers de la porte de la modeste chambre.

Est-ce un simple jouet ? Oublié par l'enfant du précédent locataire peut-être ... À moins que ce ne soit que le début d'un jeu dont tu es le pion ? Qui sait ?

Le monde se mit à tanguer ...

HRP:

Il ne fallut qu’une poignée de minutes avant qu’il ne décide d’un plan d’action. Quittant le lit, il s’élança vers la porte.

Ce fut néanmoins l’intention. Son genou frappa violemment le plancher et il manqua de peu de voir son torse suivre au sol. Son poing, appuyé contre le bois, tremblait. Le vertige s’était abattu et une chaleur pénible dansait au creux de sa chair, une moiteur fiévreuse. Une volée de pensées défila au creux de son esprit. Empoisonné ? Il n’avait pas mangé depuis son arrivée, à peine bu. Sa plaie s’infectait-elle trop ? Il avait été idiot de repousser les soins. Et déjà, de nouveaux tremblements naissaient au creux de son torse. Une fraicheur l’étreignait, comme pour faire face à la brûlure de son front.

Ce n’était pas l’instant pour faillir, c’était même le pire moment qui puisse être pour cela. Et une torpeur commençait à peser sur ses larges épaules. Il poussa avec force sur ses jambes pour se redresser, lentement, péniblement, laborieusement. Le monde balançait sous ses yeux et son esprit étouffé supposa que ce devait être similaire aux sensations que connaissaient les grands marins par le passé. Il aurait aimé naviguer. Partir loin d’ici, et peut-être pas seul.

Alors que faiblissait sa jambe, son corps déjà loin de la conscience s’effondra doucement contre un meuble proche.

Même un solide gaillard n'est que peu de choses face à la défaillance du corps.

Le vertige, puis le noir ...

Puis les vociférations de la foule ...

Un légume pourri vint heurter la tête du boiteux. Un réveil douloureux.

Debout sur le gibet, la corde enserrant son cou, les silhouettes se découpaient à travers les mailles épaisses de la cagoule qui recouvraient son visage. Ses mains étaient fermement attachés dans son dos. Une odeur de pourriture et de merde flottait dans l'air.

COUPABLE !

La voix grave retentit, implacable. Le grincement d'une poignée et le claquement d'une trappe qui s'ouvrait répondirent à la sentence. tac La corde avait fouetté dans l'air et le condamné pouvait sentir plus que voir le malheureux qui se débattait en vain avant de se raidir définitvement.

AU SUIVANT !

Des mains épaisses et lourdes s'abattirent sur les épaules de l'homme à la sale trogne. L'auberge semblait si lointaine désormais.

HRP:

Le choc l'arracha à sa torpeur. Sa propre respiration résonnait à ses oreilles. Une cagoule lourde l'étouffait, des cris résonnaient à ses oreilles, un liquide froid et puant dévalait et imbibait le tissu contre sa tempe. Ses bras, tordus dans son dos, étaient liés aux poignets. Une corde épaisse enserrait sa gorge, contraignant la déglutition bruyante qui suivit la réalisation.

Avec peine, il distingua les silhouettes qui s'agitaient autour de lui. L'une, tremblante, bascula soudainement avec un claquement sec. Et le corps se balança avec un grincement sinistre. Des cris et des rires éclatèrent, un second fruit le frappa à la cuisse.

Son regard fou se balançait de droite à gauche, s'efforçant de percer le sac pour discerner un visage, un ennemi, un allié, une échappatoire. Il faillit plaider l'innocence. Un mensonge ridicule, le plus absurde qu'il ait jamais proféré, mais qui aurait pu surgir de ses lèvres sèches en un battement de cœur. L'instinct l'emporterait sur la raison, en fin de compte, il l'avait vu dans tant d'yeux qu'il avait éteint.

Non. Non, non, NON. Est-ce que c'était sa fin ? Impossible. Pas maintenant. Comment est-ce qu'il avait été arrêté ? Est-ce que la gamine était là ?

Un râle sourd parcourut sa gorge, deux mains s'abattirent sur ses épaules, et il devina le sourire plus qu'il ne le vit. Il était temps de régler la dette qu'il avait envers le monde.

Que Rikni le pardonne.

La foule se mit à conspuer lorsque la vilaine ganache du condamné fut révélé au grand jour. Les flammes crépitaient au bout des torches et faisaient luire les fourches et les faux qui dépassaient de la meute enragée qui lançait des insultes.

Le ciel avait pris une teinte maladive, entre le jaune et l'orange. Les nuages étaient semblables à des cloques purulentes qui se déplaçaient lentement dans ce torrent de miel peu ragoûtant.

Derrière le condamné, le bourreau, portant une tenue rouge vif, respirait fortement sous sa cagoule. Plus loin sur l'échafaud, une silhouette longiligne à la longue barbe grise levait les mains pour calmer la foule et réclamer le silence. La voix grave s'éleva dans l'air alors que le vieux prêtre se tournait vers lui.

Cet homme a renié tout ce qu'il avait promis d'incarner. Il est coupable d'avoir tué. Il est coupable d'avoir volé. Il est coupable de s'être acoquiné avec les répugnants nobles qui spolient sa classe et son sang. Coupable d'avoir renié les Dieux qui le renient à leur tour ...

Le prêtre continuait son réquisitoire en s'avançant vers lui. Un "R" majuscule et doré était brodé sur la robe noire que ce dernier portait. Il avait quitté la foule des yeux, laquelle huait de plus belle à chaque nouveau crime énoncé.

Coupable de s'être parjuré ! Coupable d'avoir préféré fuir que de faire face ! Coupable ! Coupable ... COUPABLE !!

Il écarta la bras en hurlant le dernier mot. La foule hurla son approbation. Un concert de chuchotements s'éleva de la place publique qui faisait face au gibet.

Coupable ! Coupable ! Coupable ! Coupable !

Le prêtre approcha son visage de celui du condamné, plongeant son regard bleu acier dans celui du coupable reconnu.

Tu m'as terriblement déçu, mon fils !

La poignée grinça et la trappe s'ouvrit.

HRP:

La cagoule lui fut arrachée, et la lumière faiblissante le frappa de plein fouet. Des torches innombrables éclairaient la foule de lueurs tremblantes, et des armes de fortune émergeaient de toutes parts. Et le Père Gauhar éleva ses mains pour abattre le silence.

Almère écarquilla les yeux. Que faisait le prêtre ici ? Qu'est-ce qui prenait place devant lui ? Le bois de la trappe craquait sous ses pieds fébriles, et son regard paniqué chercha celui de l'homme de foi. Alors commença sa déclamation funeste.

Cet homme a renié tout ce qu'il avait promis d'incarner. Il est coupable d'avoir tué. Il est coupable d'avoir volé. Il est coupable de s'être acoquiné avec les répugnants nobles qui spolient sa classe et son sang. Coupable d'avoir renié les Dieux qui le renient à leur tour ...

Non, impossible. De quoi parlait-il ? L'esprit fiévreux du criminel essayait péniblement de démêler la suite d'événements qui avaient pu mener à tout cela, mais aucune explication, aucune solution, aucune logique à cette folie ne lui venait. Il n'avait pas trahi le Père, il n'avait pas trahi Rikni, il n'avait jamais servi ces enflures de nobliaux ! Il avait tout à leur reprocher, et aucun amour pour eux !

Coupable de s'être parjuré ! Coupable d'avoir préféré fuir que de faire face ! Coupable ! Coupable ... COUPABLE !!

La foule hurla, en cœur, ce mot brutal. Le scanda, le répéta, l'épousa. Ils étaient enragés, il était devenu l'ennemi. Ses lèvres serrées, la gorge trop écrasée par la corde pour parler, Almère regarda avec autant de rage que de peine le Prêtre s'approcher et le frapper de son regard aiguisé.

Tu m'as terriblement déçu, mon fils !

Avec un grincement lugubre, la trappe se déroba sous ses pieds et il bascula.
La corde ne claqua pas.
Les hurlements virèrent aux murmures.
Sa chuta se poursuivit.
Ses yeux écarquillés se plongèrent dans les ténèbres qui l'avalaient.
Quel crime immonde avait-il commis pour telle sentence ?

Il dégringola ...

Plongé dans le noir absolu. Les échos de la foule furibonde s'estompèrent ainsi que les invectives de la voix de stentor du vieux prêtre.

Quelques grondements surgirent des ténèbres, sourds et féroces, laissant l'imagination du malheureux former les gueules des bêtes qui éméttaient ces sons.

Un bruissement d'aile siffla aux oreilles de l'homme qui culbutait dans le vide. Il tournoyait, basculait, vrillait ...

La chute prit fin lorsqu'il heurta un sol spongieux et moite. Les ténèbres se dissipèrent lentement, révélant un plafond de pierres noires. Une odeur nauséabonde de chair pourrie flottait dans l'air. Une pulpe carmin couvrait le sol et des rangées de stalacmites ocres faisaient le tour de cette caverne hors du temps.

Un nouveau grondement retentit, plus fort et plus menaçant que précédemment.

Le sol se mit alors à trembler ...

HRP:

Tout s'effaça, dévoré par l'ombre. L'air fouettait son visage, ses tripes flottaient au creux de ses côtes, et il hurlait. Il chutait et tournait dans le néant, incapable de distinguer ciel ou sol, dans une absence angoissante qui assaillait son esprit. Les grognements bestiaux de quelques horreurs indicibles retentissaient, résonnant contre les supposées parois qu'Almère imaginait défiler autour de lui.

Le choc vint. Écrasé au sol, mais vivant. La surface était... Moite ? Malléable, presque fuyante. Il amena une main à son visage et éructa violemment. Une odeur de chair pourrie avait frappé son nez, creusé ses boyaux, soulevé son cœur. Elle était omniprésente, dans l'enfer cramoisi qui l'entourait, mais plus que tout, elle imprégnait le cauchemar spongieux sur lequel il se tenait.

Il leva un regard incrédule et enfin, véritablement, la terreur prit place dans son esprit. Quelque délire que ça soit, ce n'était aucun lieu que nature ou homme ait pu forger. Le quatrième devait exister pour qu'il en soit de même de cet endroit. Son esprit épuisé et glacé commença lentement à basculer. Il était mort. Il était mort, et dans sa déception, Rikni l'avait offert à Étiol.

Des pics orangés surgissaient de la masse qu'il foulait, et au-dessus de lui, des roches noires masquaient tout ciel. Alors vint le grondement, plus puissant qu'auparavant, plus grave, plus obscur. Il déglutit, chercha sottement sa dague à sa ceinture. Et le cauchemar qui tenait lieu de terre se mit à trembler, à gronder.

Le souffle court, paniqué, il s'élança vers la plus grosse stalagmite qu'il puisse voir. Se cacher, s'accrocher, grimper... Toutes ces pensées lui traversèrent l'esprit simultanément. Il manqua de glisser, de basculer, par deux fois. Finalement ses mains se refermèrent sur son seul refuge, si tant est qu'on puisse le qualifier ainsi. Sauf ? Certainement pas, mais pouvait-il y avoir une autre réponse ? Son regard balaya tout autour de lui, à la recherche de quelque ouverture, quelque lumière ou ombre, une salvation ou une cachette.

Il avait l'horrible sensation qu'il était livré à quelque gargantuesque gueule. Qu'Étiol soit maudit. Il tremblait, suait, clignait abondamment des yeux. Quoi qui approche, il ignorait s'il avait la moindre chance de faire face, mais il savait qu'il n'aurait certainement pas d'alternative. Si tant est qu'il puisse esquisser le moindre geste avant de perdre la vie... Si elle était encore sienne.

Un nouveau grondement retentit, accompagné d'un nouveau relans de cette odeur immonde et pugnace qui assaillait les narines.

La grotte mystérieuse tremblait alors que l'homme tentait de s'accrocher à un de ces stalagmites.

Le sol mou et spongieux suintait d'un liquide transparent et visqueux tandis que le sol s'inclinait lentement.

Au-delà des rangées de stalagmites, le sol s'enfonçait dans les ténèbres.

Un trou de forma au centre du sol rose en mou, lâchant une nouvelle fois cette odeur de chair putréfié. Une substance blanche et presque gélatineuse suinta de la base des stalgm...

Des crocs ... Il était évident que ces choses étaient des crocs. L'air vicié semblait vibrer alors que la gueule béante se refermait.

L'homme pensait avoir échappé à la pendaison mais il n'avait pas fini de lutter pour sa survie. Bientôt, il serait dévoré ...

HRP:

Une gueule, un antre immense et cerclé de dents acérées. Voilà ce qui le menaçait à présent. La puanteur le frappa, émanant du trou affamé et, déjà, une bave étrange recouvrait l'immondice rose et escaladait son refuge.

Almère inspira, observa le gouffre puis la frontière obscure au-delà des crocs. Qu'Étiol soit maudit. Est-ce qu'un piège quelconque l'attendait, est-ce qu'une menace se terrait au-delà de la chair immonde ?

À mi-voix, tiraillé, il implora Rikni, encore et encore. Et se décida. L'inclinaison commençait à le faire basculer et il s'arracha au dernier moment à la dent, l'escaladant avec peine pour se jeter au-delà de la gueule.

En un instant, les ténèbres le dévorèrent. Ses jambes s'abattirent avec force sur la pierre et il s'étala de tout son long, prenant aussitôt appui pour se redresser, son regard alarmé s'efforçant de balayer les environs.

Dernière édition par Murmure le Ven 10 Mar 2023 - 11:33, édité 1 fois

Les crocs claquèrent alors que la gueule se refermait.

Sur sa petite corniche de pierre, le jadis condamné à la pendaison pu voir cette tête de serpent géant s'enfoncer dans le sol. Les écailles brillaient d'une lueur perlée, allant du jaune au vert en passant par le bleu. La gueule disparaissait en vrillant lentement. L'espace d'un instant, l'homme crut apercevoir quelque chose briller au-dessus du nez de la créature. Etrange ...

La pupille verticale de la bête gigantesque se darda un bref instant vers la silhouette de la proie qui venait de lui échapper avant de disparaître dans le précipice que le corps démesuré dissimulé. Les écailles crissaient doucement sur la paroi de pierre du puits qui semblaient sans fond. Sur le bord, l'homme haletait, échappant pour la deuxième fois à une mort qui lui était promise.

Au-delà de la corniche salavatrice, un couloir naturelle de pierre s'enfonçait dans la noirceur. Bien vite un son retenti. Rauque, profond, effrayant et fascinant à la fois.

Il était presque certain d'avoir déjà entendu ce son, mais en moins puissant, moins menaçant.

On aurait dit le brame d'un cerf. Déjà le claquement de sabots raclant la pierre se mit à retentir.

Sujet: Re: Cube par-dessus tête Jeu 9 Mar 2023 - 17:18

Une lueur fugace, fuyante, lui apparut un bref instant alors que la gueule s'enfonçait dans les profondeurs. Almère se laisse presque aller à un soulagement, avant que l'œil monstrueux ne le foudroie d'un dernier regard. Il tremblait de tous ses membres, respirant lourdement.

Ce cauchemar semblait infini, chaque horreur ne s'effaçant que pour en laisser venir une autre. Mais la pensée lui vint, sur sa corniche inquiétante mais stable, qu'il pourrait en être autrement. Il était, peut-être, venu à bout de ses périls pour un temps.

Un couloir unique offrait une continuité à son voyage sinistre. Et comme pour répondre à son espoir ridicule, un son infâme en surgit aussitôt. Un cri bas, puissant et envoûtant. Et les sabots suivirent.

De nouveau, sa main atteint sa ceinture dans un vague réflexe, et l'absence de son arme le frappa une seconde fois. Ses pieds tâtonnant sur la corniche, ses poings fébriles et crispés en guise d'armes, il fixa les ténèbres d'un regard écarquillé, presque fou.

Sujet: Re: Cube par-dessus tête Mar 14 Mar 2023 - 11:52

Le martèlement des sabots contre la pierre s'échappait des ténèbres qui faisait face à l'homme à la sale trogne. Etait-ce la peur ? Etait-ce l'incompréhension ? Etait-ce l'impuissance face au destin qui l'avait mené là ? L'homme semblait tétanisé, démuni face au grondement et à la cavalcade qui surgissait des ombres.

Emergeant de la noirceur, un cervidé immense aux bois entremêlés dans des circonvolutions aussi hypnotiques que menaçantes apparut. La tête baissée, la bête -le monstre- se ruait en avant, crachant une écume blanche et glaireuse. Entre la stature démesurée de l'animal et la largeur qu'occupait sa couronne de bois, il semblait qu'il n'y avait aucun échappatoire.

L'impact était immuable, incontournable, inévitable ... À peine l'homme eut-il le temps de remarquer l'éclat doré qui luisait au milieu du front de l'atrocité que le choc eut lieu ...

Il n'y eut ni son, ni douleur ... Les pieds de l'homme quittèrent le sol pierreux lorsque la tête du cerf heurta son torse. Le temps parut se suspendre tandis qu'il volait en arrière avant de tomber dans la faille qui était dissimulé par l'immense gueule quelques instants auparavant.

Il chuta ... Chuta ... Chuta ... Au sommet de la gorge qu'il dévalait, l'énorme cervidé grattait le sol du bout des sabots en observant sa proie dégringoler dans le vide.

Finalement, l'homme plongea, fesses les premières dans une eau noire ... Il n'en avait pas fini ...

Sujet: Re: Cube par-dessus tête Jeu 16 Mar 2023 - 18:36

Une créature à la stature aberrante s'arracha aux ténèbres dans une charge folle, ses bois démesurés s'entremêlant dans une forme qui frappa l'esprit d'Almère, avant de frapper sa chair. Un souffle sec, rauque, échappa à l'homme face à la bête, et le choc vint. Non. Était-il venu ?

Le temps se figea un instant, marqué d'un silence assourdissant, et il disparut dans le gouffre. La chute se poursuivit, encore et encore, et son esprit paniqué essaya de se raccrocher à la moindre idée, au moindre recours ou à la moindre explication, sans grand succès, alors que s'éloignait le son infâme des sabots grattant la pierre.

Il percuta l'eau noire dans un choc sourd, et batailla pour rejoindre la surface, paniqué, ses bras s'agitant comme ceux d'un pantin désarticulé. Le cauchemar se poursuivait.