J’avais, avec l’accord de la Baronne, élu domicile dans cette maison depuis la veille. Je dirais même une grosse maison !
Comprenez moi bien.
Je n’ai jamais vécu ailleurs qu’en caserne ou dans les bois, alors avoir, pour mon usage seul, une maison avec une pièce à vivre, une cuisine, une remise et trois chambres à l’étage, je suis déjà dans un château !
Percé, le château !
Oui, bon, il y a un peu de travail !
Aussitôt arrivé, la veille donc, j’avais attaqué le chantier jusqu’à ce que l’obscurité m’empêche d’aller plus loin, pour reprendre aux premières lueur du jour.
Pour le moment, sans outils autres que mon couteau et mon épée, j’avais entrepris de retirer les planches âbimées et inutilisables.
Il y avait du boulot, c’était peu dire mais, pour la première fois depuis bien longtemps, je me sentais utile à la société.
Accessoirement, cela m’évitait de trop penser à Gudrun, ce qui me peinait fortement en même temps.
Je m’en voulais de l’avoir blessé, même si j’épprouvais des difficultés à regretter ce que j’avais fait.
Je fus tiré de mes pensées par mon nom, qui fut prononcé avec force depuis les rez-de chaussé. A la suite de quoi, quelques coups furent frappés, immédiatements suivi du fracas de la porte d’entrée, ou bien était-ce un mur ?
En tous cas, c’était maintenant par-terre.
Je m’arrêtais à mi-chemin dans l’escalier branlant pour découvrir l’architecte boiteux qui avait accompagné l’expédition de Sire Desmond à Balazuc. Un homme cultivé et intelligent mais ivrogne et aux phrases compliquées.
C’est du chêne, non du pin ! Rétorquais-je à la phrase qu’il venait de marmonner. Je pointais du doigt mon couchage de fortune avant d’ajouter.
Si vous voulez, en cherchant là-bas, sans doute trouverez vous du pain sur la planche en revanche !
Je finis de descendre pour venir à sa rencontre.
Maître Duval ! Où en êtes-vous dans votre enquête sur le Kolaque ?