Elle était tout pour moi…… Mais ils me l’ont prise…
… Et avec elle ? Ma bonté et ma compassion.Ce fut une grave erreur.
Car à présent, il ne me reste plus qu’un cœur gelé…Ils se nourissent du doute.
Ils se repaissent de la peur !Ces abominations empoisonnent notre monde !
Mais je les éliminerai tous jusqu’ai dernier !De mes propres mains !
… Et si quelqu’un s’interpose…?
JE L’ENVOIE SIX PIEDS SOUS TERRE !
Lucian, League of Legends
---
Les Alderman sont réputés pour être des orfèvres de père en fils depuis plus d’une demi-douzaine de générations.
Cela suffit à justifier que Éon naquit, par un joyeux jour de printemps, dans des conditions inouïes, voire bénies des dieux.
Deuxième d’une fratrie de quatre frères et sœurs, il n’est pas pressenti pour reprendre l’affaire familiale. Très tôt, il se défait de possibles désillusions et nourrit d’autres desseins, guidé par son propre instinct.
Éon était quelqu’un d’intelligent, qui savait encaisser les coups, mais qui n’était pas le meilleur pour en donner. Son tempérament pugnace le mena à essayer de rejoindre l’armée, par plus d’une fois, sans jamais voir sa requête aboutir, malgré ses excellents présentiments et son patriotisme prononcé. Parfois, malgré le fait de se démarquer haut la main parmi ses concurrents aux concours divers et variés, il ne figurait pas en haut du panier. Il accusa très tôt un soupçon de connivence pour ne recruter que les gens gauches et malléables plutôt que les éléments pour le moins chauvins. Il comprit très vite qu’il fallait paraître plus bête que ceux qui avaient plus de pouvoir que soi afin de rester dans leurs bonnes grâces. Mais malgré cette leçon de vie, il fut interdit de reconcourir aux examens. La sentence était formelle : on ne voulait pas de lui.
Heureusement, sa présence était tout de même appréciée, voire souhaitée, dans des milieux plus réjouissants. De par son éducation prisée, il avait appris à se comporter dignement lors de soirée mondaines, à se mélanger parmi les gens « de la haute », voire à s’accorder les faveurs de certaines femmes qui, par moment, s’arrachaient sa présence. Les mauvaises langues véhiculaient la rumeur selon laquelle Éon aurait été un gigolo parfait.
Mais sa seule volonté étant de rejoindre l’armée, constatant qu’elle lui est interdite, il finit par se donner une raison et de rester à sa place de bon fils à papa qui conserve sa cuillère en or dans la bouche. S’il n’avait aucun pouvoir sur les militaires, il s’avérait qu’il était plus facile pour lui de faire ployer des civils sous ses désirs. D’une certaine manière, il goûta très vite au pouvoir, comprenant celui de l’argent et du statut social. Certaines dirent même de lui qu’il était un inflexible bourreau des cœurs avec la gente féminine. Après tout, les femmes pardonnaient au trous du cul, mais jamais aux cocus. Il l’avait compris bien assez tôt.
L’émergence du fléau de la Fange en 1164 le déstabilise au même titre que ses concitoyens. Il insiste de plus belle pour rejoindre les rangs de l’armée, mais rien n’y fait : on le refuse même pour éplucher des patates. Ce n’est qu’après que le roi eut envoyé son armée au suicide face aux goules qu’il réussi à se faire une place dans une milice en sous-nombre et féminisée. Malgré la situation de crise, son sang-froid est apprécié de ses pairs et de ses supérieurs, notamment lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions de sang-froid lors d’interventions. Il ne tarde pas à être promu coutiller, succédant à son supérieur.
Se révélant davantage doué pour les manœuvres que le combat brut, il s’illustra lors de la prise du Labret sur le plan tactique, alors qu’il avait conseillé son propre Sergent sur la marche à suivre. Sa promotion sera acceptée par le Capitaine de la milice extérieure.
Le Sergent Alderman aura la réputation d’être un despote, allant jusqu’à effectuer des inspections surprises dans toutes ses coutelleries, fomentant des exécutions au moindre soupçon de trahison de la part de ses subordonnés. Un rapport mal produit était selon lui sujet à une sanction ; tout devait être impeccable et fournir une transparence totale à sa prise de décision. Sa réputation devint détestable.
Le couronnement du Duc eut un effet profond sur lui. Il se rendit compte que malgré tout le travail qu’était capable de mener la milice, elle s’était retrouvée lourdement incompétente ce jour-là à protéger efficacement Marbrume. Il blâma publiquement un des sergents de la milice intérieure pour ingérence sur la sécurité de la ville.
Il fit la rencontre de Marcelle lors d’une soirée mondaine organisée sur l’esplanade, où un comité réduit de personnes externes à la noblesse étaient convié, en outre l’État-Major du roi. Marcelle était une haute-prêtresse très appréciée pour son érudition et sa prestance. Les deux personnages, aux langues déliées par l’alcool, trouvèrent un sujet de conversation commun sur lequel ils discutèrent des heures : Serus. Sans qu’il ne se l’expliquât, il tomba éperdument amoureux d’elle – les plaisirs de l’esprit l’ayant emporté sur les plaisirs de la chair. Il finit par l’épouser.
Dans son besoin aversif de contrôle, observant que Marcelle faisait souvent défection à certaines entrevues et en reportaient d’autres, il la fit espionner et découvrit qu’elle s’entretenait avec des gens louches. Il lui fit avouer par la force qu’elle était une personne haut placée parmi la secte des purificateurs et que sa femme était en fait la Purgatrice affiliée à la divinité de Serus. Il en apprit davantage sur cette secte. Il réussit à la convaincre de lui livrer les deux autres Purgateurs sur un plateau d’argent – Marcelle ne connaissant pas son propre supérieur, l’Épurateur. En échange de la collaboration de Marcelle, il lui promettait de l’épargner contre la peine capitale. En échange, Éon aurait contribué à porter un grand coup à l’un des plus grands groupuscules de Marbrume connus à ce jour, et sa notoriété n’en serait que renforcée.
Malheureusement la secte était bien plus puissante que ce qu’Éon avait pu croire. Il avait sous-estimé de très loin ses adversaires et en paya le prix fort. Un soir, sa résidence fut prise d’assaut. Il se réveilla le lendemain, le poignet ensanglanté, sa femme égorgée, avec une lettre stipulant qu’il était l’auteur de l’attentat lors du couronnement du Roi. Son écriture avait été imitée à la perfection. Cette lettre stipulait qu’il s’était fait manipuler par Marcelle pour avoir commandité l’attentat lors du couronnement du roi, et que le mieux qu’il pût faire était d’assassiner sa propre épouse et de se donner la mort, par acquit de conscience.
Il fut rapidement tiré d’affaire alors qu’on entendit du tapage dans ses appartements. La plaie au poignet fut pansée juste à temps. Marcelle fut décapitée afin de ne pas se réveiller sous l’empire de la Fange. On lut la lettre et on en conclut que Éon était un félon.
Il réussit de justesse à éviter l’échafaud après avoir vendu trois planques des Purificateurs qu’il avait obtenues de Marcelle. Il dût avouer que sa femme avait fait partie de la secte des Purificateurs, malgré leur volonté à eux de retourner Marcelle contre les siens. Le risque, d’après la milice, que Éon ait divulgué des informations classifiées à l’ennemi était grand.
S’il ne connut pas de sentence expéditive, puisqu’il avait essayé de protéger Marcelle contre une sentence expéditive qui l’attendait, en guise de punition, il fut rétrogradé au rang de milicien, dans la milice intérieure, cette fois.
Quant au sergent de l’intérieur qui avait été insulté par Éon, lui, il n’avait pas oublié. Et sa sergenterie non plus. Sans parler des rumeurs qui allaient bon train au sujet de l’ex Sergent Alderman, impitoyable, devenu dorénavant la risée de la milice, insulté de Félon, sur lesquels les collègues se vengent à cœur joie.
Lui s’en foutait. Serus lui avait donné la vie, Anür ne l’avait pas reprise.
Les dieux étaient de son côté.
Si lui ne dort que d’un œil, c’est pour mieux guetter l’Épurateur et lui faire subir le centuple des horreurs qu’il a vécues.