Marbrume


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 Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)

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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyLun 13 Mar 2023 - 11:24


Un peu rassurée à la première affirmation de son interlocuteur, Margaux hocha la tête avec vigueur.

Elle aimait passer du temps paisiblement. Le marchand ne semblait pas malintentionné, et elle détendait un peu, finalement. Ce fut ainsi qu'elle se permit de boire une nouvelle gorgée de cidre, et qu'elle offrit un sourire fier à l'homme qui lui posait tant de questions.

- "Mon père nous a conduit à Marbrume. Il s'est engagé dans la milice car il désirait protéger la population. Celle de Piana, qui est venue avec nous, et tous les habitants de Marbrume. C'était un homme de bien."

Ses yeux étincelaient de fierté. C'était pour son souvenir qu'elle idolâtrait son petit frère, qu'elle respectait tant le titre de Louis. C'était en mémoire de ses parents, de ce que Louis devait perpétuer, de ce qu'il incarnait, qu'elle était si préoccupée de lui. Il était tout ce qui restait des Piana, et elle aurait bravé tous les dangers pour lui venir en aide.
Néanmoins, pouvait-elle risquer l'âme d'un autre ?

La réponse était négative, bien entendu.

Aussi, ce fut presque rassérénée que la noble déchue pouffa de rire aux propos gênants d'Erasme, les joues toutes rougies d'une pudeur bienséante. Bien qu'elle n'ait aucune idée de ce qu'étaient des "morpions", les rumeurs sur ce genre de maladie étaient courante. Les hommes l'attrapaient en vivant une existence de débauche, ce qui était tout à la fois choquant et incroyablement malséant. Et si elle n'était plus assez naïve au point d'ignorer les vices des hommes, cela ne l'empêchait pas de désapprouver en silence.

- "Je n'ai jamais vu ça, non. Mais c'est dégoûtant !"

Elle se sentait fatiguée. Elle se rendait bien compte que c'était sa faute si le sieur Ribadier posait beaucoup de questions, mais la boiteuse eut soudain peur des représailles du gang si elle parlait trop. La Guilde des Voleurs ne la protègerait pas forcément contre eux - ils était tous des malfrats, après tout.
De toute façon, il ne pouvait pas l'aider : et la gamine se demandait si elle ne ferait pas mieux de décamper.

Elle se redressa, en lissant sa robe sombre du bout des doigts, offrit un sourire plus maladroit à son interlocuteur.

- "Ce n'était pas à la taverne qu'il y avait des sacrifices, il n'y a que des prostituées. Après... ce sont... des bandits. QuaNt à la milicienne, elle cherchait un homme avec un masque vert. Ça me disait quelque chose, et je l'ai guidé. Je voulais faire quelque chose pour la milice, et pour la justice. Écoutez, je vais devoir partir. Allez à la place ventrale du Goulot, c'est à peu près sûr parce qu'il y a beaucoup de monde. Mais vous devrez bien vous protéger, les gens sont prêts à tout pour manger. Je f'rai passer le message que vous cherchez des hommes pour du travail. Ils viendront se présenter ici."

L'enfant avait désormais envie de fuir, et recula vers la porte.

- "Je voudrais sortir d'ici."
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Erasme RibadierCommerçant
Erasme Ribadier



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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyLun 13 Mar 2023 - 19:19
Le marchand se retrouva soudain perplexe. Il s'était attendu à ce que la fillette lui dise que son père était tombé en tentant de rejoindre la ville, devenue depuis capitale d'un semblant de pays. Au lieu de ça, elle venait de lui dire qu'il avait rejoint la Milice à Marbrume. C'était une information des plus inattendues. Même si Marbrume était loin d'être un ville très sûre, les miliciens n'y tombaient pas non plus comme des mouches. Cependant, il y avait bien un épisode qui avait marqué les esprits, advenu depuis plus récemment, et c'est tout naturellement qu'il demanda:

"Désolé si mes questions te peinent en remuant de douloureux souvenirs. Mais... S'il était dans la Milice, comment a-t-il disparu? Etait-il au nombre de ceux qui ont été envoyés dans le Chaudron pour contenir les Fangeux? Vous n'habitiez pas par là-bas au moins?"

Au vu de la réputation qu'avait jadis pu connaître ce quartier, il avait du mal à imaginer qu'un honnête homme ait voulu résider avec sa famille si près des bas quartiers. Mais il avait aussi remarqué que la gamine avait évacué la question de sa mère, comme si elle ne faisait plus partie de l'équation depuis longtemps. Il se demanda donc si ces gens, apparemment sans histoire d'après ce qu'elle lui racontait, n'avait pas un peu de famille réfugiée à Marbrume. Lui-même avait bien une sœur, partie vivre avec son époux avant la Fange dans le quartier voisin de Bourg Levant. Il avait également des oncles, des tantes, et des cousins, la plupart du côté du port. Une famille entière de bourgeois ou de gros fermiers ne pouvait pas avoir été éradiquée dans son entièreté aussi facilement.

"Tu sais, ici, je n'ai pas toute ma famille. J'ai une sœur à Bourg Levant, qui vit avec son mari. Et une belle tripotée de cousins ici ou là que je croise parfois en ville. Ton père n'avait pas de parents? Comme un frère, ou une sœur. Plus de gens se sont sauvés que ce que l'on croyait au début. Si ça se trouve, tu as peut-être un oncle ou une tante qui serait ravi de te donner un lit bien meilleur que celui de cette taverne où tu travailles. Si tu me dis un nom, je te l'ai dit, il m'est facile de me renseigner."

Il avait plaisanté sur les morpions, et la gamine avait pris un air dégoûté. De toute évidence, elle voyait à peu près la zone dans laquelle devait se situer le problème. Il renchérit un petit peu sur le sujet pour détendre l'atmosphère, qui pouvait être pesante avec tous les souvenirs qui devaient remonter dans la tête de la fillette, qui de toute évidence, ne disait pas tout. Mais il enfonça le clou avec la même légèreté apparente.

"Tu vois comment c'est, des poux? Bien... Ben imagine ça là où faut surtout pas que ça soit, avec l'envie de te gratter jour et nuit. J'aurais l'air distingué pour recevoir mes clients, nan?"

Cette histoire de masque vert lui apparut soudain plus fantasque dans la conversation. Comme en décalage avec tout le reste en somme. En revanche, la partie sur les brigands, ça, il n'avait aucun mal à le croire. La ville en était tout bonnement infestée. Quand un malheur advenait, il n'arrivait jamais seul. La Fange avait provoqué un mouvement de foule, et une famine dans une ville saturée à l'extrême. Immanquablement, l'absence de denrées avait suscité les trafics, et tout le brigandage qui allait avec. Et plus le manque était palpable, plus les gens malhonnêtes se multipliaient. 

"Place centrale dans le Goulot, c'est noté. Et ne t'inquiètes pas, je ne manque pas de gros bras. Remonter des filets pleins de poissons dans un navire, ça fait vraiment les muscles. 
C'est précisément parce que les gens sont prêts à tout pour manger que je vais leur offrir un repas. J'ai besoin de travailleurs. Comme toi. Je dirai à Gros Louis qu'il aura du renfort de temps en temps. Et tu n'es aucunement prisonnière si tu veux sortir."

La fillette avait soudain l'air en détresse. Ou très empressé. Il ne situait pas trop l'origine de son inconfort. Avait-elle vraiment peur qu'il n'aille se créer des ennuis au Goulot? Entretenait-elle des mystères? Ou craignait elle d'avoir elle-même des soucis.

"On va voir si les femmes on finit la soupe?"
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyLun 13 Mar 2023 - 22:14


Margaux fixait le marchand un peu stupidement.

Tous ces souvenirs étaient trop douloureux. Les questions devenaient trop précises, et elle-même ne savait plus trop ce qu'elle pouvait dire et ce qu'elle devait taire. Tout semblait si clair, seulement quelques minutes auparavant ! Et maintenant, elle se demandait ce qu'elle faisait là, et ce qui allait se passer. Elle avait presque envie de courir à la Guilde des Voleurs et de se réfugier dans les bras de la Sorcière - mais elle se sentait bien dans cette cuisine, avec du poisson devant elle, avec de quoi boire, et un bon feu pour donner chaud.

L'enfant aurait dû se montrer plus méfiante ; mais bien qu'il s'agisse d'un marchand, l'homme semblait plutôt honnête et sympathique, et elle resta les bras ballants, en mordant sa lèvre inférieure.

- "On habitait aussi.. Bourg-Levant. Mais ce soir-là, enfin, la veille, il était à la cérémonie du Roy. Je crois qu'il était rentré dans la nuit. Avec Mère, on était resté à la maison parce que Louis était malade. On a eu de la chance, les Trois ont veillé sur nous."

Elle songea brusquement à sa famille de Sabran, aux Tourbières à qui ils étaient affiliés. Ils ne les avaient pas cherché ; et elle n'avait jamais osé leur demander de l'aide, car qui sait ce qui aurait pu arriver à son petit frère ?
La gamine se frotta le front. Décidément, cette conversation devenait insupportable, difficile à gérer, tout comme ses émotions. Alors elle se concentra sur les propos orduriers de l'adulte, ricana bêtement comme seule une petite fille pouvait le faire, avec un rire haut perché, et ouvrit la porte avec détermination.

- "Oui, oui, c'est une bonne idée ! Mais d'puis quand vous avez vouluez établir votre commerce ? Vos parents étaient pêcheurs ? C'est pas rien d'avoir deux bateaux. Vous devez être drôlm'ent riche. Votre épouse n'est pas là pour vous aider, m'sire Ribadier ?"

Elle le fixa de ses yeux clairs, la curiosité se lisant dans son expression un peu malicieuse, tout en lui tenant la porte afin qu'il passe avant elle, puis le suivit à petits pas.

- "En tout cas, vous devriez avoir une taverne. Ça augmenterait sacrément vos affaires ! Vous feriez boire et manger les gens, et vous pourriez même vous acheter une belle maison, à Bourg-Levant, ou à la Rue des Hytres. Ce serait une belle réussite !"

La petite fille n'avait pas oublié qu'elle s'était résolue à partir ; néanmoins, elle ne pouvait cacher qu'elle se sentait plutôt bien, dès lors qu'on pouvait sortir des questions trop pressantes et trop personnelles. Qu'elle avait été sotte, aussi ! Mélisende se serait moqué d'elle - à coups sûrs.

Et elle n'aurait pas eu tord !
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Erasme RibadierCommerçant
Erasme Ribadier



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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyMar 14 Mar 2023 - 13:55
Le petit cadre intime de la cuisine avec une soupe et quelques rasades de cidre avait réussi à délier un peu la langue de la fillette, qui de toute évidence avait profité de l'occasion pour vider son sac. Elle devait en avoir gros sur le cœur, et depuis un bon moment. Dans la tête du marchand, une gamine aussi jeune n'aurait jamais du avoir à endurer tout ça. Mais le monde était ce qu'il était, et de toute évidence, plus rien ne tournait rond depuis un bon moment déjà. Avec la profession du père, et le quartier où la famille vivait, à savoir Bourg Levant, il comprit très vite qu'il y avait eu une déchéance sans fin pour sa petite invitée.

"Bourg Levant, c'est un joli quartier. A la Cérémonie du Roy? Il faisait le service de sécurité pendant le couronnement? Moi, tu vois, ce jour-là, j'étais ici, à jouer aux cartes avec Gros Louis. Et je crois bien que j'ai perdu. J'ai horreur des grands rassemblements... On voit rien, on n'entend rien, et les gens repartent souvent aussi bêtes qu'ils sont venus."

Mais même si cela n'avait pas de prime abord sauté aux yeux du bourgeois, ne venait-elle pas de prononcer le prénom de Louis? S'il avait bien retenu que son père se prénommait Philibert, il s'agissait donc d'une autre personne. Une autre personne qui pouvait tout à fait être un petit garçon, disparu, qu'elle devait rechercher. Tentant le tout pour le tout, il finit par demander:

"Et comment va Louis? Serait-ce lui que tu voulais retrouver? Depuis quand ne l'as-tu pas vu?"

Si elle avait voulu le renvoyer dans ses pénates, elle venait peut-être de réussir en évoquant l'épouse du marchand. Elle la dernière fois qu'il l'avait vue... Curieusement, ce souvenir sinistre finit par faire naître un début de sourire en coin. Terminant son verre de cidre d'un trait, il s'essuya la bouche avec le dos de son index, et reposa sa tasse, imperturbable.

"Ah non, ma petite Margaux... Madame Ribadier n'est plus de ce monde depuis bien longtemps. Elle, elle n'a pas eu la chance d'atteindre Marbrume pour se mettre à l'abri. Nous secourions un des mes navires en perdition qui s'était échoué sur la côte lorsque la fange me l'a prise. Mais bon... Ainsi en a voulu le destin, et comme tu peux le voir, la vie a continué.
Alors si d'aventure, tu as envie de baisser les bras, et de te laisser couler, et si je n'ai qu'une chose à te dire surtout, n'écoute jamais la paresse ou la lâcheté qui pourraient t'inciter à subir la vie et ses coups durs avec fatalité."


Puisque la fillette s'était levée, il fit de même et se dirigea vers la porte qu'elle tenait ouverte. Il la passa, et se dirigea vers celle qui menait au dehors, et ce faisant son regard, alors qu'il lui tournait le dos en marchant, se fit soudain plus dur, pour ne pas dire glacial. Son ton, ordinairement jovial, se fit beaucoup plus neutre alors qu'il articulait ses mots.

"Le monde s'est effondré sur lui-même. Compter sur les autres pour que les choses aillent mieux est illusoire. Il faut prendre les choses à bras le corps, renverser l'échiquier, et se reconstruire soi-même, en se réinventant. Ne laisse jamais personne se moquer de toi ou t'utiliser. Il faut rendre à la vie coup pour coup. C'est ce que le temps passé à Marbrume depuis la Fange m'a enseigné."

Il grinçait presque des dents, mais lorsqu'il se retourna, il avait retrouvé son air souriant et aimable, et il était en train d'attraper sa canne, qu'il laissait toujours à côté de l'entrée. Se refaisant taquin, il fixa la fillette avant de hausser les sourcils en disant:

"Tu te trompes, Margaux... La Compagnie Ribadier n'a pas deux navires, mais trois! Il y a les deux miens, et celui de mon père. Nous nous sommes associés quand je suis revenu ici. Riche, je n'irais pas jusqu'à le dire, mais pas à plaindre. Et si tu viens travailler avec nous, tu verras bientôt notre expansion, et notre diversification Comme je t'ai dit à l'instant... Quand tout à l'air d'aller mal, il faut sortir les crocs et les griffes, et se battre de toutes ses forces pour reprendre le dessus. Médite ton projet quand il se fera jour, et ensuite, exécute-le quoi qu'il en coûte."

L'idée d'ouvrir une taverne le fit sourire. C'est sûr qu'à Marbrume, dans une cité littéralement assiégée sur tous les fronts, boire pouvait être le divertissement préféré des gens du peuple. Quant à la perspective d'aller dans les quartiers bourgeois de la ville... Une nouvelle fois, et non sans malice, il ébouriffa la chevelure de la fillette en lui disant:

"Les tavernes, ce ne sont pas des endroits bien, tu l'as toi-même dit. En sortant de Marbrume, j'espère gagner bien plus qu'avec une taverne.
Et quant à m'éloigner du port... Ma foi, pour quoi faire? Je suis très bien ici. Ma compagnie est ici, ma famille est ici, mes amis et mes employés sont ici... Si tu le pouvais, ne voudrais-tu pas revenir chez toi? Moi, ce que je veux, c'est étendre mon chez moi. Le monde est bien assez grand pour que je ne veuille pas aller m'entasser sur les autres. Si je dois avoir un nouveau chez moi en plus d'ici, c'est moi qui en choisirai l'emplacement. Souviens-toi bien: même si des choses t'échappent, ta vie t'appartient. Le regard des autres ne te rendra pas plus heureux, ni leur approbation."


Une fois sur le pas de sa porte, il demanda:

"On va voir Gros Louis? La soupe est peut-être prête après tout..."

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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyMar 14 Mar 2023 - 15:58


La gamine fixa le marchand assez brusquement. Durant quelques secondes, tout sourire disparut de son visage, avant qu'elle n'arrive à reprendre, en tout cas un minimum, le contrôle d'elle-même.
Décidément, son interlocuteur semblait très vif - quant à la petite fille, elle se montrait vraiment très sotte.

Il posait beaucoup de questions, donnait beaucoup de conseils, et elle se demanda, un instant, s'il ne désirait pas la piéger. Comment un marchand aussi important ne pouvait-il pas être lié à la Guilde des Voleurs ? Il était peut-être même un serviteur de la Bête, auquel cas, Margaux venait de mettre son petit frère plus en danger qu'il ne l'avait jamais été.
Elle n'avait aucune idée des personnes auxquelles se fier, et la sensation familière de se trouver acculée l'envahit.

Que répondre ? La vérité ?

Les propos de l'homme emplissait son cœur d'amertume et de désespoir. Ni elle, ni son frère ne contrôlaient rien du tout. Elle avait eu beau se démener, persister encore et encore, rien n'avait changé. Au contraire, leur situation était pire que jamais, et il se permettait de lui donner des leçons ?
Il ne savait pas à quel point elle s'était battue ! A quelle point elle n'avait pas lâché, jour après jour !

Elle se mordit la lèvre un peu plus fort, pour se contenir, et continua de croiser son regard. Mais ses yeux ne reflétait plus la colère ; seulement une certaine gravité, étrangement adulte.

- "Je suis désolée pour vot'femme. Ça a été compliqué pour beaucoup de monde. Et... et j'espère que vous réussirez en dehors de Marbrume, mais faites attention.. Je veux dire, ne risquez pas votre vie pour de l'argent. Les fangeux, il parait qu'ils sont très dangereux..."

Elle secoua la tête. Ce n'était pas à elle de donner des conseils à un homme fait. Il savait sans doute ce qu'il faisait, n'était pas embarqué dans des histoires compliquées dont il ne savait se dépêtrer ; et sa famille veillerait sur lui.
Alors Margaux lui adressa un sourire plus chaleureux, fit mine de respirer l'odeur exquise de la soupe de poisson, puis s'empressa de gagner la porte.

- "J'vous attends dehors, messire, parce que je dois faire vite, maintenant. On va m'attendre."

Elle savait bien qu'elle avait ignorée la question sur son petit frère, mais l'évoquer encore devenait trop douloureux. La jeune noble en avait assez de se faire piéger - et elle ne referait plus jamais, plus jamais la même erreur !
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Erasme RibadierCommerçant
Erasme Ribadier



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MessageSujet: Re: Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux)   Une charité, mais bien ordonnée ( PV Margaux) - Page 2 EmptyJeu 16 Mar 2023 - 1:07
La porte de la maison était encore ouverte, et le marchand se trouvait devant elle à l'extérieur avec sa petite invitée d'un jour. Le sujet de sa femme était venu sur le tapis comme si de rien était, et il avait répondu avec une certaine froideur. A présent, il avait cessé de ruminer comme il avait pu le faire durant les premiers mois de son exil forcé dans le port de Marbrume. Il parvenait encore à donner le change à quiconque lui en parlait. Parfois, il lui arrivait même de s'en convaincre lui-même. Puis la réalité revenait toujours, et il se rappelait ce qui s'était passé sur cette plage, quand il était revenu seul à son navire.

"Il n'y a pas à être désolé. Ainsi va la vie. Tout n'est pas toujours rose. Chacun dans cette ville a vécu bien des choses qu'il n'aurait même pas du avoir à imaginer un jour. C'est en grande partie pour cette raison que je veux en sortir. Il n'y a nul bien à attendre dans cet enfer."

Sinistre constat s'il en était que de se dire que ce que beaucoup voyaient comme le dernier bastion de l'humanité était peut-être leur piège à ciel ouvert, où les attendaient tant de tourments qu'ils pourraient finir par regretter de ne pas être tombés dans les premiers temps de la fange. Le bourgeois l'avait pourtant fait, et il s'était mis en tête de briser ce cercle vicieux d'une façon ou d'une autre. Pour lui, cela passait par un retour à des valeurs plus anciennes que celles auxquelles la population voulait se raccrocher dans Marbrume. Et il fallait faire preuve d'un esprit d'initiative que la plupart semblaient avoir bel et bien perdu. 

Qu'on le veuille croire ou non, Erasme Ribadier ne courait plus après l'argent depuis des mois déjà. Il en amassait tant et plus, et ne savait quoi en faire, tant la ville ne présentait plus de réelle opportunité à ses yeux. Si la fillette s'inquiétait des fangeux qui pouvaient l'attendre au dehors, lui était bien plus inquiet de ses propres semblables, toujours prompts à s'entre-dévorer. Pourtant, il garda bonne figure, et tapota le dos de la gamine avec bienveillance avant de lui répondre.

"Ne t'en fais pas. Je suis bien plus roublard que tous les périls qui m'attendent hors de Marbrume. Et je ne serai jamais tout seul. J'ai Gros Louis, et trois équipages de marins pour m'aider. Si un fangeux veut me croquer, il devra d'abord grignoter Gros Louis, et vu son volume, j'aurai le temps de faire deux aller-retours d'ici au Labret avant qu'il ne l'ait fini.
Pas vrai Gros Louis?"

Le colosse chauve venait à leur rencontre et l'ayant entendu, il bougonna:

"Z'êtes pas drôle patron! La soupe sera prête dans une heure environ. Les femmes peuvent pas aller plus vite."

La fillette s'était dite attendue, et c'était bel et bien le cas. Un homme, tout ce qu'il y avait de louche, s'était avancé en descendant la rue vers eux pour saisir la gamine par le bras et la tirer en lui disant quelque chose comme:

"On rentre! Maintenant!"

Le patron de la pêcherie ainsi que le grand chauve bedonnant avaient regardé la scène depuis le pas de la porte de la maison familiale des Ribadier, et le regard du marchand était devenu glacial, alors que le mastodonte demandait:

"-C'est quoi c'te crevure encore? Vous l'connaissez? 
-Pas le moins du monde.
-J'le cogne? 
-Nenni, Gros Louis... Mais si jamais tu le revois traîner autour de l'entrepôt, invite-le à discuter sur l'un de nos navires ou dans l'entrepôt en lui pétant les deux genoux à la masse. J'aurai quelques petites questions à lui poser si d'aventure il avait la mauvaise idée de revenir par ici. 
Passe le mot aux gars. Oh... Et à l'occasion, envoie le vieux Pierre voir ce qui se passe autour d'une auberge. Le Cochon qui pète. 

-Charmant comme nom!
-Moins charmante doit être la compagnie à l'intérieur."

Il regarda la fillette s'éloigner avec le grand escogriffe. Quelque chose lui disait qu'il risquait bien de ne jamais revoir sa sale trogne, et quelque part, c'était peut-être ce qui l'inquiétait le plus dans l'histoire. En revanche, il regrettait déjà d'avoir laissé la gamine faire selon son idée. Elle semblait bien engluée dans de sacrés ennuis.
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