La moitié du toit était encore à refaire, ainsi que tout l’étage, sans parler de l’escalier.
“Ma” maison ressemblait à un squelette avec cet échafaudage branlant qui l’entourait sur trois côtés, mais c’était nécessaire pour avance dans les travaux.
Malheureusement, j’avais dû tout interrompre après avoir seulement nettoyé le rez-de-chaussée et remplacés portes et volets. En effet, la baronne m’avait chargé de rejoindre un groupe partie en quête de preuves visant à innocenter une fillette. Puisque c’était elle qui m’avait donné cette maison, que je lui avais moi-même offert mes services quelques jours plus tôt et, surtout, qu’il s’agissait d’épargner une gamine, j’étais bien obligé de répondre présent.
Beaucoup me trouvent bizarre, étrange, effrayant et encore tout un tas d’adjectifs déplaisant, ce qui ne m’atteint guère, mais il est une chose sur mon compte qu’il faut savoir.
Vous en prendre à un enfant est le moyen le plus efficace que je connaisse pour vous attirer des ennuis.
C’est quelque chose que je ne tolère pas et, c’est probablement la seule chose qui peut me faire sortir de mes gonds. Ça et s’en prendre aux très rares personnes que j’estime. Gudrun en tête, évidemment, mais également la baronne et quelques rares autres personnes… Du moins, pour celles n’ayant pas déjà péris ces derniers jours où ces dernières semaines.
J’avais donc rejoints le convoi et tout c’était relativement bien passé…Jusqu’à ce que tout parte en vrille. Des fangeux nous étaient tombés dessus alors que je m’étais éloigné pour effectuer des recherches dans un coin que je connaissais bien. Nous cherchions un homme, seul dans la forêt, autant dire que, connaissant parfaitement le secteur, j’allais plus vite seul.
C’est une fois au point de rendez-vous que j’avais découvert l’état du convoi, le nombre de morts, de disparus et de blessés.
Par la force des choses et, de façon naturelle, devant l’urgence, j’avais pris la direction du groupe restant.
J’avais envoyé un homme chercher des renforts et, nous avions malgré tout réussi à rejoindre Sombrebois. Une poignée de répugnants individus nous sont tombés dessus mais le problème avait été rapidement réglé sans trop de dégâts, si ce n’est une flèche perdue que j’avais pris dans l’épaule.
C’est donc un bras en écharpe et torse-nu que j’ouvrais à la baronne.
Ma Dame ! La saluais-je avant de m’écarter pour la laisser entrer. Je vous en prie, nous serons mieux à l’intérieur.
Je la guidais jusqu’à un coin dans lequel j’avais installé une banquette avec quelques vieux coussins et lambeaux de tissus. Une petite table supportait un vase en terre cuite vide et, à côté de la cheminée, la grande table et les deux bancs étaient occupés par mes affaires. Mes vêtements antédiluviens, ma cuirasse en cuir usée, mes bottes en cuir lustrées par la route… Seule ma cape était récente, cadeau d’une vieille femme d’un convoi que j’avais escorté.
Installez-vous baronne ! L’invitais-je en indiquant la banquette.
Vous savez, avoir un toit au-dessus de la tête me suffit en soi pour considérer être bien installé, donc oui, je peux dire que je le suis. Affirmais-je de mon éternelle ton monocorde. Pour le reste, si l’on met de côté une blessure évitable, mais non évitée, à titre personnel, je me porte plutôt bien, oui. Je me posais à côté d’elle, à distance respectable.
Je vous écoute, que voulez-vous savoir ?