De l'autre côté [Rosen x Victor]

Milieu de matinée

Bon bah quand faut y’aller, faut y’aller !

De retour de mon entrevue avec l'ancien vagabond prénommé Eric, je me dirige vers le sous sol du fort. Ya plus qu’à me retrousser les manches et attaquer l’inventaire. Le programme de la journée est - pour ne pas changer - chargé, alors autant en finir au plus vite afin de pouvoir passer à la suite. Je descends donc dans la cave afin de vérifier les stocks de nourriture propres au fort et pose ma torche dans son support mural. La cave… le sous sol. Par là que toute une ribambelle de tueurs s’est infiltrée dans le fort pour tuer tout le monde le 24 mai dernier. Là où une mystérieuse brèche a été faite dans le mur et qui, depuis, a bien évidemment été colmatée et scellée. Mais revenons à nos moutons… ou plutôt à notre inventaire !

Parmi la multitude de caisses, il y a un peu de tout ce qui est un minimum conservable dans celles qui ne sont pas encore vides ; Pommes, poires, champignons, bouteilles d’alcool, farine, ail, charcuteries diverses… il reste même une caisse de poissons en saumure qu’avait porté le marchand en début de mois. Mais c’est à peu près tout et il n’y a pas de quoi tenir un siège, alors je me figure qu’il serait sans doute temps de trouver de la marchandise.

Après un long moment passé le nez dans les divers contenant – avec un soin tout particulier pris pour le stock de gnôle – je me relève, passe mon bras sur mon front en soufflant. J’ai chaud… c'est incroyable ce que je peux suer ! C'est épouvantable, je n'ai jamais autant dégoulinée de toute ma vie et j’ai une envie monumentale de m’attaquer à une bouteille. J’hésite un moment. Les quelques gorgées que j’ai pris au réveil ne suffisent déjà plus et je sens que je vais encore trembler comme une pauvre vieille si je ne bois pas quelque chose très vite, alors je cède à nouveau et attrape la première eau de vie qui me tombe sous la main pour m’en enfiler une bonne rasade. Je marque une pause, essayant de me retenir de ne pas enchaîner sur plusieurs autres longues gorgées, et alors que je finis par céder une seconde fois, je m’arrête à peine le goulot à mes lèvres en frôlant les sourcils.

Là, juste devant moi. J’étais sûre et certaine qu’il y avait une porte. Où est-elle donc passée ?! A la place, il y a un meuble étagère. Je réfléchis quelques secondes, mais mon esprit reste rivé sur la bouteille, alors j’ai du mal à me concentrer. Voyons… n’est-ce pas par là que l’infiltration ennemie avait eu lieu ? Cela expliquerait pourquoi la porte a été condamnée. Je reprends une rasade avant de m’approcher finalement du dit meuble où se trouvent entreposés quelques outils. Quelque chose me perturbe… A côté se trouve un support mural contenant une torche éteinte que j’attrape une fois que je suis allée chercher l’autre afin d’allumer depuis sa flamme pour mieux voir cette partie du sous sol.

Alors que revenue face à cette étagère massive je me saisie de la torche pour l’allumer, je perds un peu l’équilibre dans un vacillement – il faut vraiment que je me décide sérieusement à arrêter l’alcool - et en me rattrapant à cette torche pour ne pas basculer, j’ai la surprise de constater qu’elle s’enfonce dans le fond de son support sur bien un quart de la hauteur.

‘Gling !’

Un étrange mécanisme métallique vient de retentir à l’arrière du meuble qui semble avoir été ébranlé légèrement l’espace d’une seconde. Intriguée, je saisie d’une main presque fébrile le meuble pour le tirer vers moi, et je me rends compte qu’il vient, et qu’il était tout simplement fixé à la porte qui n‘a jamais disparue.

Au vu de la fatigue, je dois fournir un certain effort pour réussir à tirer le poids du meuble – d’une main qui plus est vu que l’autre est toujours occupée à tenir la bouteille - et une fois la porte assez ouverte, je passe d’abord la tête et mon bras libre pour éclairer derrière. Une fraîcheur et une odeur de renfermé – pourtant déjà présente au sous sol – se renforce subitement jusqu’à en devenir désagréable. Si la fraîcheur naturelle de la cave est particulièrement appréciable en plein été, là, elle en devient presque glaciale. Surtout que je ne suis qu’en simple robe. Je me trouve donc face à un autre mur, et je me rends compte que c’est un couloir perpendiculaire. A ma dextre se trouve un coffre de bois dans un cul-de-sac. A ma senestre se trouve alors un mur éventré, avec de grosses briques de pierres descellées. La brèche. Colmatée, hein ? Semblerait que non en fin de compte. Intriguée, je passe par l’embrasure de la porte que je lâche pour me diriger lentement vers l’ouverture.

 ‘Glong’

…

Merde !

…

Je me suis stupidement enfermée de l’autre côté ! Mais quelle idiote c’est pas possible ! Je me précipite en arrière pour chercher n’importe quel moyen d’ouvrir à nouveau la porte, mais j’ai beau tâtonner toute la surface et l’observer à la lueur de la flamme, il n’y a rien. Aucun bouton, aucune aspérité quelconque pouvant trahir un système d’ouverture extérieur. Tambouriner dessus ne servirait à rien car j’ai l’amer dépit de découvrir qu’elle a visiblement été changée car elle n’est plus en bois mais en pierre. Qui va bien pouvoir m’entendre maintenant ? Mais que s’est-il donc passé ici ?! La porte de roche semble avoir été lestée d’un poids afin de se refermer et de se verrouiller seule sitôt lâchée.

J’étais tellement occupée à juste survivre, aux abords de la mort, et à penser à mon bébé pour seulement me préoccuper personnellement de l’avancée des rénovations que j'avais pourtant sous mon entière responsabilité. Voyons… je me souviens avoir dit à un certain… c’était quoi déjà son nom ? Je ne sais plus… Je me souviens d’avoir touché deux mots à quelqu’un venu aider au sujet de ce passage, mais je me souviens clairement que cette personne a catégoriquement refusé. Pourquoi déjà ? Je ne sais même plus… l’a-t-elle fait quand même ? Ou est-ce quelqu’un d’autre ?? Et pourquoi ? Dans quel but ?!

Tant de questions… il va falloir rapidement tirer ça au clair. Enfin… Si j’arrive déjà à sortir de là.

Je soupire, tentant de terrer au plus profond de moi l’angoisse qui monte toujours plus à chaque seconde. Quelqu’un sait il seulement que je suis descendue là ?? Je réfléchis un instant, mais j’ai encore plus de mal à me concentrer avec la panique. Non, je ne suis pas sûre du tout. Peut-être ai-je croisé Pénélope, mais je ne lui ai pas dit que j’allais descendre au sous sol faire l’inventaire. Non, je ne l’ai dit à personne… Attendez une minute ! Si, je l’ai dit à Victor ! Mais j’ai aussi dit que j’avais à faire dans le bourg… alors où pourra-t-il bien me chercher ?

Mais va-t-il faire le rapprochement entre l’inventaire et le sous sol ? Et après ? Si personne ne m’a vu descendre sans remonter, on risque de me chercher ailleurs… J’imagine la panique si on me cherche dans tout le bourg et aux alentours… Et s’il y a bien quelque chose que j’aimerais éviter, c’est d’attirer l’attention sur moi à présent que je suis à peu près tranquille !

Je me tourne face au tunnel dévoré par les ténèbres qui ne semble avoir de fin. Pire, il semble même s’étrécir au loin, et j’ai l’impression que j’ai du mal à respirer. C’est vraiment pas le moment de paniquer ! Ma respiration s’emballe. Il n’y a pas le choix, il va falloir avancer… Parce que j’aimerais autant ne pas finir dans le noir complet lorsque ma torche s’éteindra, à mourir de faim, de soif, ou dévorée par je ne sais quelle créature improbable. Quoi que non. Je ne vais pas mourir de soif encore, parce que j’ai, au moins dans mon malheur, la chance d’avoir toujours ma putain d’eau de vie dans la main ! Pour le coup, j’en reprends quelque gorgées, les dernières avant longtemps car il va me falloir rationner mon carburant.

J’avance donc prudemment mais d’un pas rapide, bien décidée à trouver une issue afin de sortir d ‘ici au plus vite. Mentalement, je ne peux m’empêcher de me dire que Roxanne a emprunté très probablement ce même chemin avec mon fils, il y a quelques semaines à peine. Bien vite, une grille en fer me fait face. Je pose ma main sur la clenche pour l'ouvrir dans un grincement terrifiant et, une fois franchie, je peux constater que comme la porte précédente, celle-ci se referme définitivement derrière moi.

Contrôlant mon angoisse terrifiante, je réfléchis un instant à laisser une trace de mon passage. Je prends alors ma lame pour couper une mèche blonde de ma chevelure que je fais difficilement glisser entre les barreaux excessivement resserrés pour la nouer autour de l'un d'eux avant de poursuivre ma route, tremblante et grelottante. Maintenant, je suis gelée... Mais si quelqu'un se lance à ma recherche par ici, il aura au moins l'assurance que je suis bien passée par là.



15 minutes plus tard…


Claudin, sur le chemin de garde, est venu trouver Jürgen.

« T’as pas vu Goss’ c’matin ? J’arrive pas à la trouver et Gilles et Eve non plus. Y’a une certaine Laura qui est venue la voir…
- La couleur mon ami, la couleur… tu le sais, si tu veux trouver la gosseline, approche toi de ce qui brille… ou d’alcool. Dernièrement elle semble plus attirée par le fond d’une bouteille que par l’or…
- Bordel Jürgen, j’suis sérieux !
- Je ne l’ai pas vue aujourd’hui Claudin, l’informe son camarade en le gratifiant d’une tape amicale sur l’épaule. Peut-être que Pénélope sait où elle est ? J'ai cru comprendre qu'l'a p'tiote avait un truc à faire dans le bourg aujourd'hui. »

C’est ainsi que Claudin redescend se renseigner, croisant par la même la route de l’illustre gouverneur du Sud qu’il ne manque pas de saluer comme il se doit avec décence.

« Auriez-vous vu la Dame de Sombrebois votre Excellence ? questionne-t-il alors ce dernier, s’efforçant de prendre un certain soin dans sa façon de parler, chose qui n’est pas naturelle pour ce bougre bien plus habitué à côtoyer le goulot que l’esplanade. Elle a quelques affaires à s'occuper, mais personne ne semble l'avoir vue ce matin... » 

Débrief:

Tout est tellement silencieux. Je presse toujours le pas sans trop savoir depuis combien de temps je me suis mise à marcher. Un petit moment maintenant dans ce long boyaux qui va toujours tout droit même si le niveau monte et redescends des fois.

Le froid commence à me piquer sérieusement et mes pieds s’enfoncent par endroits dans un peu de vase, alors qu’à d’autre moments le sol est entièrement rocheux. L’odeur de renfermé a laissé place à une odeur nauséabonde marécageuse à présent et je jette un coup d’œil à ma torche, peu rassurée. Régulièrement, la flamme manquait d’air vacille, faibli, proche de s’éteindre dans les passages les plus resserrés et exigus. Mais au-delà de ça, je sens qu’elle ne va pas tarder à s’éteindre. J’ai encore un peu de temps devant moi, mais en fonction de la longueur du souterrain, je risque de me retrouver dans le noir avant d’en voir le bout.

Je presse encore plus le pas, presque en train de courir, jusqu’à arriver à un embranchement. Et maintenant ? Je m’arrête un instant pour réfléchir. Où aller ? A droite, à gauche ? Bon… allons à droite.

Au cas où quelqu’un arriverait ici rapidement – ce dont je doute fortement tout de même – je vais laisser à nouveau une trace de mon passage pour signaler le côté que je choisis, mais comme je n’ai pas vraiment envie de me retrouver chauve, il va falloir que je trouve une autre idée que de me couper encore une mèche de cheveux à chaque bifurcation. Observant autour de moi, je remarque quelques pierres et je me dis que je pourrais tracer avec quelques-unes une flèche juste avant le passage. Plaçant ma bouteille dans ma robe au niveau de la poitrine, je place donc 3 pierres alignées verticalement avant de faire une pointe en avant avec six autre.

Je me remets ensuite rapidement en route, cherchant du regard le moindre bout de bois qui pourrait me permettre de remplacer ma torche.



Claudin n’était pas tellement convaincu qu’il connaissait mieux les lieux que le Gouverneur du Sud, anciennement gouverneur de Sombrebois depuis de très nombreuses lunes. Après tout, lui n’est là que depuis celle-ci seulement. Mais il ne discute pas pour la simple et bonne raison que lui aussi tient à retrouver rapidement cette stupide Rosen qui n’est pas capable de tenir en place plus de trente secondes. Pour sûr, la gosseline l’aura fait énormément suer ces quatorze dernières années qu’il la connaît et c’est donc rapidement que Claudin accompagne Victor et l’homme de main de ce dernier.

Avant de descendre à leur suite dans le sous sol pour fouiller l’endroit de fond en comble avec eux, il voit Jürgen arriver pour lui demander des nouvelles.

« Va chercher du matériel et d’la bouffe. Semblerait que Goss’ se soit volatilisée dans la cave. J’crois avoir une p’tite idée de c’qui s’est passé… »

Sans plus attendre, il descend ensuite rejoindre les deux autres pour les aider pendant un certain temps. Une fois que toutes les caisses et tous les tonneaux ont été fouillés sans exception et déplacés, Il ne reste plus que les murs et quelques meubles. Les meubles ont alors été à leur tours vidés et déplacés, jusqu’à ce que l’un d’eux se trouve mystérieusement fixé et impossible à écarter.

De là, le mécanisme a rapidement été trouvé et la porte de roche ouverte. Jürgen lui, n’est toujours pas revenu avec ce qui a été demandé. Mais tout comme son camarade, il a bien compris pour avoir été présent pendant l’attaque que le sous sol a été réputé pour contenir un passage. Et c’est ainsi qu’il arrive dans la cave, accompagné d’Eve qui l’aide a porter les affaires. Les deux ont juste le temps de voir la porte – ou plutôt l’étagère – refermer le tunnel secret et le temps qu’ils trouvent à leur tour comment ouvrir la porte, Claudin se fait assez courtoisement placer en tête de file.

Loin de se laisser démonter face au rejet de son objection, l’homme qui a quand même connu la contrebande au sein des égouts infestés de fangeux de la capitale ouvre donc la marche.

« A vot’ guise, répond-il en passant devant. J’vous laisse volontiers la place du pleutre. » 

Mais à peine se sont-ils mis en marche que la porte s’ouvre à nouveau derrière eux, dévoilant les deux dernières personnes de l’expédition dans ce ‘glong’ caractéristique. Alors que le trio devient un groupe de cinq personnes et que Jürgen partage les affaires avec Claudin, Eve emboîte simplement le pas aux autres en se mettant en route sans attendre personne, torche à la main, prenant naturellement la tête jusqu’à arriver à la grille où chacun peut théoriquement apercevoir la mèche blonde nouée par Rosen...

Claudin et Jürgen se sont mis d’accord pour ne pas utiliser de torche par économie, se fiant à celle de la jeune femme qui suffit d'ailleurs largement à éclairer le petit groupe.

Je ralentis le pas, à bout de souffle et totalement titubante. Je ne sais pas depuis combien de temps je trottine comme ça, mais j’ai l’impression d’avoir couru sur des lieux. Un coup d’œil sur ma torche me signale qu’il faut que je trouve une solution de toute urgence ; cette dernière est en train de sérieusement se consumer, ayant presque donné tout ce qu’elle pouvait. Mais dans ce long tunnel angoissant, je ne trouve absolument rien qui pourrait remplacer ma torche. Par Etiol, non ! Quel cauchemar…

C’est comme ça que je vais finir ?! Enterrée vivante au plus profond des marais, dans le noir le plus total, sans eau ni nourri… je me souviens subitement que j’ai une bouteille d’alcool sur moi et l’ouvre sur le champ pour m’enfiler à nouveau une bonne rasade. Peut-être pas l’action la plus judicieuse, mais foutue pour foutue… autant crever sereinement. Si le corbac me veut aujourd’hui, que puis-je donc y faire ?

J’essuie ma bouche rapidement, replace la bouteille sur mon sein en réfléchissant. Pourrais-je rallumer cette torche avec l’alcool que j’ai là un morceau de ma robe ? A voir une fois qu’elle sera éteinte. Je ne suis pas sûre du tout que cela marche, le bois est quand même assez atteint. Une odeur presque nauséabonde se fait alors sentir, et finalement, à force de marcher, j’arrive à une grande salle spacieuse. La sensation d’oppression que je ressentais jusqu’ici s’estompe alors légèrement, me permettant de respirer un peu mieux malgré l’odeur.

Observant autour de moi, je remarque qu’il n’y a pas grand-chose ici. Par endroit depuis la voûte de cette caverne s’écoule un goutte à goutte étrange, comme si l’eau des marécages en surface s’infiltrait lentement, dégouttant le long de nombreuses racines. et au sol il y a de la terre de ci-de là sur le sol de roche, abritant de nombreux insectes comme des vers et araignées, et même des saloperies de moustiques. Assez vite, tout une nuée d’insectes variés vole autour de ma faible flamme qui commence à menacer de s’éteindre d’un instant à l’autre. Au loin devant moi, je vois une pente qui monte et qui doit sans doute mener à la suite des souterrains.

D’urgence, je cherche donc n’importe quel morceau de bois qui pourrait me servir de torche, paniquée. Mais disons que les arbres ne sont pas tellement la chose que l’on peut trouver par ici, et il n’y a pas grande trace d’activité humaine à première vue. Je finis toutefois par trouver une racine et, me hâtant d’arracher une demi manche pour l’enrouler autour et l’imbiber d’alcool, j’essaie de rapprocher ma torche de l’autre dans le but de tenter d’y transférer le feu.


Jet de réussite de la torche

Ma foi... ça semble s'allumer assez bien pour une racine aussi peu convenante, même si malheureusement, ça ne tiendra pas bien longtemps. Il faut à tout prix que je trouve du bois... et mon ancienne torche est à présent éteinte. Un peu plus et je me retrouvais définitivement dans le noir. Je me remets rapidement de mes émotions, puis j'essaie d'explorer rapidement l'endroit avant de me diriger vers la pente pour chercher rapidement une issue.






« Madame n’est jamais à court d’idées. » 

Eve continuait de marcher à un rythme soutenu, probablement du fait qu’elle n’a pas envie de prendre racine en l’endroit. Le petit groupe s’était alors arrêté un instant pour analyser les deux voies qui leur faisaient face, avant d’opter tout naturellement par celle indiquée. Quand la main du pleutre gouverneur se pose sur son bras, la jeune femme lui lance du coin de l’œil un regard inquisiteur, faisant très bien comprendre que ce contact non nécessaire ne lui plaît pas tellement.

« Qu’il est curieux de vous avoir trouvé en bout de file pour quelqu’un si pressé de la retrouver. »

La phrase claque, froide, cinglante. Pas des plus méprisantes, mais seulement révélatrice de faits concrets. Eve n’accorde plus grande attention à Victor, se contentant de reprendre la marche en regardant droit devant elle. Après tout, même s’il a finalement décidé de se placer avant dernier une fois la troupe partie, il a mis un certain temps avant de venir à sa hauteur en tête.

Eve, Attachée à Rosen ?

« Disons que c’est elle qui me paie, si vous voyez ce que je veux dire. Et vous, devrais-je en conclure qu’il y a une certaine forme d’attachement envers elle que vous vous inquiétez de sa sécurité ? », lui retourne-t-elle la question, continuant de fixer devant, attentive à ce qui se trouve sur son chemin.

Derrière, Claudin émet soudain un avis, arrêtant alors le groupe qui venait tout juste de repartir.

« Y’a p’t-être d’autres personnes dans ces souterrains. Espérons qu’elle soit tombé sur personne de mal intentionné qui chercherait à brouiller les pistes pour nous tendre un piège. »

Encore une fois, la notion de prudence est plus que jamais soulignée. Et même si l’idée est peu probable, qui sait ? Un instant, l’homme hésite a proposer de séparer le groupe en deux, mais étant donné que l’idée ne semble avoir traversé personne, il n’en fait rien et se contente de suivre le mouvement.