Marbrume


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 Qu'il jette la première pierre [Satine]

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Philippe de Tourres
Philippe de Tourres



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MessageSujet: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyDim 28 Fév 2016 - 23:29
Ne pas sortir la nuit. C'était ça la règle, qu'on dit à tout le monde depuis toujours. La nuit c'est quand les truands viennent hanter les ruelles, où ils attendent au détour d'un coupe-gorge, pour venir opposer un dilemme aux passants : La bourse ou la vie. Personne n'aime la nuit. La nuit il y a que ça : Des criminels, des ivrognes et des ribaudes. C'est tout un autre monde qui commence lorsque le soleil se couche et où les gens honnêtes partent dans leurs lits faire voyager leur imagination dans les bras de Rikni.
Rikni, en cela, incarnait parfaitement la nuit. Elle n'était pas glorieuse comme Anür, elle ne resplendissait pas, on ne lui dédierait jamais des cathédrales flambant neuves qui iraient gratter le ciel. Et pourtant, elle ne faisait pas simplement partie du décor. Elle avait une présence, peut-être même beaucoup plus importante que les 2 autres divinités. Elle était, sans hésiter, la plus « humaine » de la Trinité. Un peu comme l'ombre qui de toute façon, existera tant qu'il y aura de la lumière.

Mais bizarrement, à Bourg-Levant, cette règle ne s'appliquait pas. Peut-être étais-ce la présence accrue de miliciens, ou du moins d'hommes du guet qui patrouillaient. Peut-être étais-ce l'odeur, qui était quand même sacrément moins nauséabonde qu'un peu plus bas, près des murailles. Dans tous les cas, on avait plus de mal à distinguer la différence entre la nuit et le jour. Surtout que nombre d'établissements avec pignon-sur-rue continuaient d'ouvrir, parce qu'une autre clientèle venait, refusant d'accepter le saint-sommeil de la déesse.

Contrairement à quasiment tous les hommes, Philippe de Tourres était sacrément mal à l'aise alors qu'il arpentait la rue du quartier. Il affichait un regard inquiet, ou du moins à cran. Ses sourcils étaient bien marqués sur son front, les arcades levées. Il avait la mâchoire verrouillée, ses molaires écrasées entre elles, ses poings fermés au fond de ses poches. Il ne portait pas, comme il en avait normalement l'habitude, sa belle soutane rouge et ample de prêtre. Il était habillé comme un noble, avec sa tunique de lin, son surcot à ceinture, et son long mantel pourpre fixé à l'épaule droite. Il avait même poussé le délire jusqu'à mettre à son flanc une épée et son fourreau. Pas pour se battre : Il n'avait aucune pièce de protection sur lui, même un gamin avec une fronde aurait pu lui faire mal... Mais il ne devait pas se montrer comme un homme des Dieux ici, surtout vu l'endroit où il devait aller.

C'était une situation assez folle, il n'aurait jamais imaginer un jour se retrouver à traquer un lupanar. Est-ce qu'il avait une tête de maquereau ? De truand ? De ribaud ? C'était une question purement rhétorique, mais enfin bref...
Il y avait des ribaudes qui priaient les Dieux. Et pourquoi pas ? Elles faisaient partie de la société, elles étaient des enfants de Serus comme tous les autres humains. Bien sûr, elles n'assistaient pas aux mêmes messes que tout le monde, souvent, elles venaient le soir ou très tôt le matin, pour éviter de venir importuner les « bonnes gens », pour rester dans le décor. Mais elles avaient tout autant droit de vénérer les Trois que les autres. Et, comme tous les habitants de cette cité, elles venaient se confier, pour essayer de trouver un peu de force pour surmonter le bordel qu'était devenu Marbrume depuis que des morts-vivants s'étaient mis en tête de tuer quiconque arpentait les routes là-dehors.
De plus en plus de ces filles se plaignaient. De violences, d'agressions, de comment faire leur métier devenait de plus en plus dangereux. Le prêtre n'y pouvait pas grand chose. C'était un problème pour la Milice, qu'est-ce qu'il pouvait bien y faire ? Et puis, secrètement, au fond de lui, Philippe était assez content d'entendre ça. En bon noble qu'il était, il n'avait jamais supporté de voir des prostituées arpenter les rues, ce n'était pas pieux et même carrément intolérable. Alors, si deux-trois heurts les forçaient à se conduire de façon plus respectable, il en était assez réjouis.

Le problème, c'est que la situation a assez vite dégénéré. Déjà parce que, maintenant, même les filles qui « exerçaient » dans des maisons closes, à l'écart, se retrouvaient menacées. Cela arrivait. Ils venaient en bandes, des hommes qui se comportaient comme des routiers, parfois avec quelques armes, pour se mettre à s'installer où il leur plaisait, à faire des menaces à peine voilées, à extorquer des écus... Voire-même carrément agresser les femmes.
Ce genre de choses pourrait dégénérer sur des querelles de maquereaux, avec des coupes-jarrets qui s'attaqueraient entre eux au détour d'une ruelle. Et puis, au final, la plupart de ces maisons closes obtenaient assez rapidement la « protection » de criminels, qui au passage extorquaient les pièces.
Sauf que maintenant, les hommes en charge d'exercer la loi s'étaient mis en tête d'eux-même toucher de l'argent. Dans leurs esprits, ça devait être un peu normal : Leur solde ne suffisait même plus à se nourrir, alors que dans un certain sens c'était leur boulot de protéger toutes ces sales putains et ces marchands qui profitaient bien de la crise. Le désespoir c'est le premier pas vers le crime.

On se retrouvait donc avec des petites bandes de miliciens qui s'improvisaient criminels. Et le problème du milicien, c'est que, contrairement à un truand, on peut pas lui faire peur. Au fond, risquer la corde ou sa jugulaire, qu'est-ce que ça voulait dire ? La plupart d'entre eux risquaient d'être envoyés dehors, sur les routes, à se faire étripés vivants par un Fangeux. Qu'est-ce qu'on pouvait leur faire de pire que ça ?
Philippe de Tourres avait en sa possession la seule chose qui puisse terrifier un être humain : la foi. Ça paraissait faible et con, surtout pour les renégats qui, au fond du gouffre, avaient l'âme tellement crasse qu'ils ne se préoccupaient même plus d'un jour aller fréquenter Anür tout là-haut. Mais si on avait plus peur de mourir, au moins, on pouvait craindre de souffrir éternellement après notre vie.

C'était une excuse faible, et un peu débile, et au fond alors que Philippe vagabondait, en pleine nuit, dans le Bourg-Levant, il n'arrêtait pas de se demander ce qu'il était en train de foutre ici. Il était habitué aux lieux mal famés, mais il y venait juste pour donner des sermons, parler aux gens, les rassurer puis remonter vers le Temple ou l'Esplanade pour aller continuer sa vie.
Peut-être qu'il en avait marre de juste être un spectateur du désastre de la Cité, et qu'il pensait que, s'il pouvait aider quelques personnes, même des ribaudes, le jeu en vaudrait la chandelle.

Il jeta un œil derrière lui. Il n'était pas seul. Il était accompagné de son diacre. Le vieux Gilles avait caché son affreux visage déformé sous une capuche. Il était habillé en haillons, et portait nerveusement sous son surcot un gros gourdin. Il n'était même pas un habitué du quartier ; C'était un pauvre. Mais, étrangement, Philippe se sentait rassuré par sa présence. Cela en disait long sur lui de le savoir rassuré par la présence d'un ancien routier qui avait probablement égorgé son lot de garçons avant de soudainement chercher la rédemption.

« Monseigneur, céti qu'on arrive là ?! Brailla-t-il en postillonnant.
- Silence, Gilles. »

Ce n'était pas pour autant qu'il aimait lui parler. Gilles était un gars sympa et obéissant, mais malheureusement débile, et souvent en proie à des accès de rage. Encore une fois, un vestige de son ancienne vie de routier.

La rue était assez animée. On entendait des ivrognes chanter des chants paillards, et puis les voisins qui dormaient leur hurlaient dessus. Mais on était pas dans le bas-quartier. Il n'y avait pas de rixes ou de vieilles folles qui jetaient leurs excréments par les fenêtres. Au moins, ici, dès qu'un alcoolique commençait à faire un peu le fou, il était souvent saisi par des miliciens qui passaient, et on ne l'entendait plus. Il devait recevoir une bonne correction, parfois même assez forte pour lui ôter la vie.

C'était un endroit précis, que Philippe cherchait, pas le premier lupanar venu. C'était une jeune ribaude qui était venue le voir en pleurant. Une minuscule gamine, assez chétive, qui devait être âgée de 14 ou 15 ans. Elle avait l'air assez remuée et faible d'esprit, Marbrume la forgerait très rapidement. Elle n'avait pas le choix, il fallait s'y faire ou bien mourir. Elle appartenait à une maison de passe, qui avait été victime de ces agressions. Qui, elle-même, avait été victime d'une telle agression. Philippe n'était pas sûr de quelle bande en avait été l'auteur, ou bien tout simplement de si c'était sa place de s'en mêler, mais il s'était mis en tête d'aller voir.
La gamine lui avait donné une description assez sommaire. Le prêtre traquait les lanternes rouges des maisons de passe. Il cherchait une décoration, des fleurs particulières qui ornaient le bâtiment. Il crut apercevoir ce qu'il cherchait.

S'arrêtant devant, il attendit une bonne minute, avant de soupirer et de se tourner vers le diacre.

« Gilles, attend dans le coin. Essaye de surveiller, et de venir me prévenir s'il y en a besoin.
- Oué, m'seigneur. »

Le vieux Gilles pencha la tête deux fois, avant de s'éloigner dans la nuit. Philippe ne perdit pas de temps. Il tourna les talons et s'engouffra d'un pas décidé à l'intérieur.

Il n'était, en fait, jamais entré dans une maison close de toute sa vie. Il ne savait même pas à quoi ça ressemblait à l'intérieur. Il avait passé son enfance dans une abbaye, son adolescence à la campagne, ses dernières années au Temple. Une éducation ultra-zélote et un père traditionaliste lui avaient inculqué des valeurs telles qu'il n'avait jamais imaginé partager sa couche avec une fille quelconque, même pour une seule nuit, même payée. Ce n'était même pas par une sorte d'honneur chevaleresque ou romantisme mal placé, mais simplement par devoir.
Alors donc, on se retrouvait avec ce noble de la quarantaine qui arpentait, le regard inquiet, l'entrée de la baraque. Il entendait quelques gémissements à l'étage, et puis des rires, et puis quelques personnes qui braillaient un peu. Il faisait chaud et le monseigneur de Tourres se sentait légèrement oppressé.

Une femme, assez vieille, s'approcha de lui. Sûrement la maquerelle, ou, du moins, une maîtresse de l'établissement. Il ne prit même pas la peine de montrer un peu de politesse, ou de s'expliquer, et lui dit, avec un ton sévère et froid, le seul nom que la jeune ribaude lui avait donné :

« Je cherche Satine ».
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyMar 1 Mar 2016 - 10:58
Satine était préoccupée en ce moment. Les récents événements qui avaient secoué Marbrume rendaient le monde encore plus fou. Les Miliciens semblaient avoir abandonné leur mission protectrice et préféraient piller les bordels pour forniquer à l'oeil. Ceux de la Hanse, plus cossus, étaient moins touchés que ceux des quartiers pauvres. Mais les plus touchées des victimes, à ce qu'on disait, étaient les indépendantes qui traînaient sous les portes cochères à la nuit tombée.

La maison close dans laquelle elle officiait n'avait pas encore été touchée, grâce à la protection de Théodemar. Quelques menaces superficielles tout au plus. Cependant la maison avait été obligée d'arrêter les rencontres à l'extérieur de l'enceinte après qu'une jeune novice se soit faite agresser. La pauvre s'était rendue chez les prêtres pour la confesse et refusait de sortir de sa chambre. Satine comprenait. Mais cette petite devrait vite reprendre le boulot où elle serait mise à la porte. Cela ne lui plaisait pas mais c'était la loi de la survie. Travaille et tu vis, abandonne et tu meurs. La place n'était plus aux sentiments.

Satine repensa à Théodemar. Il lui avait sauvé la vie, récemment. Bien qu'elle ne portait pas l'homme dans son coeur, ce geste l'avait touchée. Enfin, c'était sans doute purement intéressé. Elle morte, une bonne partie de ses bénéfices partaient en fumée.
Elle voulait parler à Bôdan de cette alliance qu'elle avait formé. Mais où était-il ? Elle n'avait aucune nouvelle depuis un moment. elle avait beau scruter les toits, jamais sa silhouette ne s'était détachée sur le ciel nocturne. Même après sa blessure il n'était pas venu. Quelle idée aussi, de s'être attachée à cet espèce de voleur égoïste ! De rage, Satine envoya valser le peigne avec lequel elle brossait ses cheveux.

- Mais qu'il aille crever ! La seule chose qu'il voulait c'était baiser à l'oeil. Ah le... L'enfoiré !

La main de Satine se serra à en faire blanchir ses phalanges.

- Je te jure Bôdan si un jour j'entends encore parler de toi ou de ta satané guilde des voleurs...

Elle commença à tourner dans tous les sens.

- Espèce de profiteur, sale égoïste, beau parleur, voleur de pacotille !

Comme pour expulser toute sa colère, tout ce qu'elle avait accumulé ces dernières semaines, elle donna un grand coup de poing sur sa table de chevet, s'arrachant un cri de douleur. Les cicatrices... Elle les avait oubliées celles là. Alors qu'elle soupirait pour ne pas se mettre à hurler de colère, sa maquerelle entra. Un homme l'attendait en bas apparemment.
La jeune femme intriguée s'habilla d'une robe en velours vert bouteille, enfila sa sempiternelle parure en argent et se coiffa avec un chignon dont les boucles sensuelles ornèrent sa nuque avec un air de noblesse frappant.

Lorsqu'elle entra dans le salon où l'homme l'attendait, elle devina tout de suite que celui-ci n'était pas venu consommer. Bien qu'il n'avait rien dans sa mise qui le dépareillait d'un noble, elle sentait chez lui une distance peu commune et ne décelait aucune lueur de lubricité dans son regard.

- Vous m'avez fait mander Sire. Je suis celle que l'on appelle Satine. Que puis-je pour vous ?

Avant qu'il ne réponde, elle se souvint des paroles que Myrtille, entre deux crises de panique, lui avait confiées. Elle était allée voir un prêtre après son agression pour lui confier son désarroi et avait glissé le nom de la jeune femme dans la conversation, la présentant comme la seule prostituée capable de gérer cette crise.

- Avez-vous par hasard été contacté par une novice de cet établissement ?
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyMar 1 Mar 2016 - 19:48
- « Novice ». C'est comme ça que vous l'appelez ?

Il avait dit ça subitement, avec un ton froid. Un peu comme un reproche, mais en fait c'était surtout une réflexion envers lui-même.

Il observa la jeune femme un moment, avec un regard inquisiteur, comme il savait en faire. Elle était très richement habillée et mise en beauté. Elle avait une cicatrice très visible sur l’œil, mais a part cela, elle avait l'air convenablement nourrie et gardée à l'abri. Du moins, elle avait l'air bien plus en forme que la plupart des ribaudes qu'il croisait ces derniers temps.

Après un court silence, il parla.

- Oui. Myrtille m'envoie.
Je suis Philippe de Tourres. J'officie au Temple des Trois. Plus particulièrement, je dédie ma vie à la déesse Rikni. J'adoube les chevaliers, je bénis les armes de nos soldats, je distribue les sacrements aux Miliciens avant qu'ils ne partent là-dehors, combattre la Fange.
Je pense que c'est justement de ces miliciens-là que nous devions parler.


Il s'approcha d'elle d'un pas lourd et lent. Son regard scruta rapidement derrière lui pour observer la rue, même s'il ne pouvait pas voir grand chose, la nuit ayant dévoré Marbrume.

- Myrtille avait l'air terrifiée. Mais si elle m'a donné votre nom, je suppose qu'il y a une raison. Qu'elle vous juge plus... Capable que d'autres.
Pourrions-nous parler de tout ça en privé ?


Sa voix était particulièrement monotone, peut-être même assez hautaine. Il ne s'était pas vraiment attendu à une personne en particulier, mais la jolie jeune femme ne semblait pas être le genre de personne capable de tenir tête à une bande de miliciens. Peut-être étais-ce sa politesse, sa prestance... Elle ne ressemblait pas à une prostituée « normale », on aurait plus dit une noble de cour. Mais, aux yeux de Philippe, cela n'était nullement un compliment.

- C'est un bel endroit ici. Je n'ai pas l'impression que votre lupanar ait été attaqué. Je suppose que quelqu'un vous protège...
Cependant ce n'est pas le cas de la plupart de vos « amies », non ?
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptySam 12 Mar 2016 - 21:27
La jeune femme fronça les sourcils. Oui, les apprenties étaient appelées novices. C'était un mot qui n'était pas l'apanage exclusif du clergé aux dernières nouvelles. Néanmoins elle se tut et planta ses yeux de chat dans ceux de l'homme d'église. S'il espérait la prendre de haut, il se rendrait vite compte qu'on ne badinait pas avec elle.

Elle le laissa se présenter et ne dit rien quant au fait qu'elle savait déjà les domaines sur lesquels les prêtres de Rikni avaient de l'influence. Il ne pouvait pas savoir qu'elle était moins bête que les autres et elle n'avait aucunement envie de perdre son temps en palabres inutiles avec un vieillard rêche. Enfin... Vieillard peut être pas. Elle n'avait aucune idée de son âge à vrai dire. Il avait quelque chose de puissant mais aussi de très ancien dans sa physionomie.

- Evidemment qu'elle vous a contacté pour une bonne raison. Myrtille est une brave fille, et futée. Ce n'est pas le genre à aller se plaindre auprès d'une haute autorité pour des histoires de pacotilles.

Comme en réponse à sa demande de discussion privée, la prostituée alla fermer les portes du salon à clé et tira les rideaux des fenêtres. Ils étaient seuls et protégés d'une quelconque intrusion indiscrète.
Elle le laissa la toiser avec un sourire en coin. Elle riait beaucoup de ces gens qui se permettaient de la dévisager de haut en bas, de mettre des mots sur elle alors qu'ils ne connaissaient pas la plus petite miette de sa personnalité. Satine se laissa regarder, froide comme un rocher.

- Finement observé Monseigneur. Nous sommes sous la tutelle du Sieur Ecuviel. Je ne dirais pas que cet homme m'inspire une sympathie sans limites mais au moins sommes nous à l'abri du besoin. Cependant, certaines de mes collègues souffrent de ces miliciens qui se pensent au dessus des lois.

Elle tapota un peu le rebord d'un meuble en soupirant.

- Je pourrais faire comme les autres et dire que les problèmes de la concurrence ne me regardent pas. Mais je ne peux pas. Les bordels de La Hanse sont relativement à l'abri car il s'agit d'un quartier bourgeois mais beaucoup de maisons de passes des quartiers pauvres sont victimes de ses attaques. Et plus encore pour les prostituées indépendantes. Ce ne sont pas mes amies, je ne les connais pas. Mais je vois en elles des femmes, des êtres vivants et pas du bétail.

Soudain, le regard de Satine s'était mis à briller d'une lueur violente, rageuse.

- Cette ville a suffisamment à faire entre les fangeux et les épidémies dans les quartiers populaires. Si même les Miliciens se mettent à verser dans la criminalité, c'en est fini de Marbrume.

Elle commença à arborer un air beaucoup plus pensif.

- J'ai déjà réfléchi. Je suis très habile dans l'obtention de renseignements et il ne me faudrait pas plus d'une journée ou deux pour avoir les noms ou, au moins une description de chaque enfant de cochon impliqué dans ces viols. Mais que vaudrait ma parole contre la leur ? Peut-être serait-il plus efficace de les prendre sur le fait...

Elle replongea ses yeux dans les siens.

- Je n'en ai pas l'air mais j'ai déjà vécu quelques histoires plus déplaisantes. Je n'ai pas peur de prendre des coups ou de me confronter à eux si cela permet de les piéger à leur propre jeu.
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyDim 13 Mar 2016 - 0:43
Philippe était légèrement étonné. Certes, il ne s'attendait pas à voir une vieille chienne qui profite de la crise, mais entendre la ribaude vouloir défendre ses « consœurs » de la rue, c'était très surprenant. Pour autant, il continuait de prendre des pincettes avec elle. Il connaissait beaucoup de gens qui savaient parler de bonnes intentions sans pour autant les exercer.

La jeune fille, en tout cas, n'avait pas vraiment froid aux yeux, Elle commençait à plus ou moins sous-entendre qu'elle était prête à aller elle-même chercher qui s'attaquait aux filles. « Si elle commence à poser des questions, elle risque juste de se mettre en danger. Elle se dit prête à les confronter, mais qu'est-ce qu'elle peut bien faire face à une douzaine de brigands ? » Pensa-t-il.

Il y avait quelque chose chez elle. Une certaine force, ou une maturité au moins. Elle le regardait droit dans les yeux, s'exprimait clairement, à peine dérangée par le statut de son interlocuteur. C'était très bien, le prêtre aimait les gens comme ça.
Néanmoins, il l'écouta attentivement, et ne put s'empêcher de pester. Il croisa les bras et arrêta de la regarder droit dans les yeux, préférant marcher un peu dans le salon.

« Ce n'est pas les renseignements le problème. Je sais qui sont les fauteurs de trouble. Je le sais parce que eux, ou les hommes sous leurs ordres, me l'ont déjà dis.
Mais la confession est un sacrement. Je ne peux pas le briser simplement, personne ne ferait confiance à un religieux qui va calomnier sur d'autres. »


Il posa une main sur son menton, alors qu'il se retournait pour à nouveau observer la ribaude.

« Et puis, les prendre sur le fait, ça ne nous avancera pas non plus. A qui voulez-vous donc les dénoncer ? Les capitaines n'ont pas envie de commencer à pendre leurs propres hommes. Ça risquerait de créer de la sédition. La loyauté est plus importante que quelques putains. »

Il s'en était rendu compte qu'après, mais il avait dit ça sur un ton tellement froid qu'on aurait pas dit que ça lui déplaisait. Il ne semblait pas navré, il faisait juste un constat froid, comme s'il récitait une maxime.
Pourtant, lui aussi voulait faire quelque chose pour aider les ribaudes. Sinon il se retrouverait pas là.

Il lâcha son menton, leva ses épaules en arrière et lia ses poings dans son dos avant de continuer.

« Les miliciens, comme tous les jeunes hommes, ont un esprit un peu moutonneux. Ils suivent l'exemple de ceux qui ont plus d'expérience qu'eux. Ils sont entraînés dans la violence. Si on veut qu'ils arrêtent, il faut mettre hors d'état de nuire ceux qui ont une influence sur eux.
Je pensais à deux sergents en particulier. Vincent Räzell, un fils de bourgeois qui à une époque était modérément fidèle à mon office, même si je l'ai toujours connu pour avoir un comportement très auto-destructeur... Le genre de garçon qui veut vivre en se laissant guider par ses pulsions. Et puis, un indigent, qu'on connaît par le seul prénom de « Lazare ». Je ne le connais pas, mais quelques-uns de ses soldats m'ont dit des choses sur lui. Apparemment, même eux sont terrifiés par cet homme, il serait un gigantesque pervers sadique, qui sait imposer le respect. »


Il resta silencieux un moment, avant de déglutir de façon audible et continuer son exposé.

« Je connais leurs noms, et le visage d'un d'eux. Mais je ne sais pas comment les empêcher d'agir. Je pourrais bien sûr aller dans leurs casernes et me mettre à faire un beau sermon, mais c'est pas des paroles qui vont les stopper.
Il faut trouver un moyen. Mais c'est là que je suis à court d'idées.
Si j'étais un coupe-jarret comme votre sieur Ecuviel, je songerais à les tuer. Mais ce ne serait pas très ''orthodoxe'' de ma part. Et de toute façon, ce ne serait que repousser le problème. Qu'est-ce qui empêcherait d'autres miliciens de plus tard faire comme eux ?
Non, ce qu'il faudrait c'est... Trouver un moyen de leur faire peur. De les terrifier. Peut-être avec du chantage, ou en les dénonçant, mais alors il va falloir plus que la voix d'un prêtre qui abjure du sacrement de la confession et de ribaudes. Il va falloir trouver quelque chose de matériel.
Ou bien on pourrait leur donner une correction. Les humilier, leur tendre un piège... Mais ça risquerait aussi de se retourner contre vous, de les radicaliser.
Enfin, si on commence à être très optimiste, on peut essayer de les calmer. Avec nos jolies voix et nos belles paroles. »

Il n'avait pas vraiment fait avancé l'histoire. Il avait juste donner des idées en l'air, sans même chercher à concrétiser quoi que ce soit. Il soupira par le nez comme un cheval, avant d'à nouveau ouvrir son clapet.

« Vincent, Lazare et leur bande travaillent la journée. Mais ils doivent avoir un endroit où se réunir la nuit. Une taverne, un bar, un endroit qu'ils squattent. Peut-être même sans l'autorisation du taulier. Il faudrait qu'on trouve cet endroit tout d'abord, pour qu'on puisse les approcher.
Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée que vous alliez interroger des gens toute seule dans la rue. Je n'ai pas envie de vous retrouver dans le caniveau, ou au fond d'une geôle entourée de ces gens. »


Il eut alors une idée un peu idiote, mais on a rien sans rien dans la vie.

« Si vous avez des vêtements qui cachent plus votre peau, vous pourrez vous faire passer pour ma servante au Temple. Comme ça, personne sera choqué de nous voir ennuyer les gens avec des questions et rôder autour des miliciens... »
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyLun 4 Avr 2016 - 18:41
Satine tiqua devant la réflexion du prêtre. De simples putains... Avant tout, elles étaient des êtres humains. En quoi leurs vies et leurs déboires seraient moins importants que les autres ?
En soupirant elle lâcha :

- Oui je suppose que nous aurions eu le même genre de dilemme si des bourgeoises ou quelques nobles avaient subi ces agressions. Enfin passons.

Si le sarcasme avait pu tuer, Philippe serait certainement mort sur le coup. Elle l'écouta ensuite palabrer. Il fallait être plus rusé... Le plan devrait être plus concis, plus précis, plus vicieux pour parvenir à les atteindre. Soudain, le nom de Räzell évoqua en elle des souvenirs et un sourire éclaira son visage. Elle semblait rire d'avance du plan qui s'échafaudait dans sa petite tête.
Effectivement, elle n'aurait pas pu les interroger incognito... Le déguisement que lui proposait le prêtre la tentait plutôt !

- Vous avez raison, je pourrais me faire passer pour votre servante... Cependant, il faudrait me procurer une poudre suffisamment masquante pour camoufler ma cicatrice. C'est un signe que les gens reconnaissent facilement et je ne veut pas prendre le risque d'être reconnue par un client éventuel.

Elle commença elle aussi à tourner dans la pièce.

- Ce ne sont que des rumeurs qu'il me faudrait confirmer mais... Il me semble avoir entendu que ce cher Vincent aurait, en plus des femmes, des penchants parfois... Comment diriez-vous au Temple ? Ah oui. "Contre Nature."

A Marbrume, l'homosexualité était évidemment fortement réprimandée. Mais pour la prostituée, il y avait des hommes et des femmes attirés par les personnes de leur sexe depuis l'aube des temps et ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

- Bien que cette pratique ne soit clairement pas bien vue, vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe quelques hommes qui s'offrent à d'autres pour pouvoir survivre. Si nous avions suffisamment d'indices pour confirmer cette rumeur, je pourrais entrer en contact avec une connaissance qui pourrait l'approcher et le séduire. De là, nous n'aurions plus qu'à le prendre sur le fait et menacer de témoigner contre lui s'il ne cesse pas tout de suite. Ou alors, nous arranger pour qu'une tierce personne ne vienne les surprendre...

La jeune femme fronça ensuite les sourcils et planta ses yeux dans ceux du sévère prêtre.

- Pour un milicen, un flagrant délit de pédérastie serait la dernière des hontes. Nous aurions ce point de pression à notre avantage et quand bien même il arriverait à s'en tirer au cours d'un procès, la rumeur se serait déjà répandue, avec d'un côté, ceux qui choisiront de la croire et ceux qui choisiront de le défendre... Une fois le groupe destabilisé, il sera beaucoup plus facile à démanteler.
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyLun 4 Avr 2016 - 23:25
La jeune femme ne manquait pas d'audace. Elle accepta le plan du prêtre, et trouva même une idée, pas franchement orthodoxe, pour tenter de piéger Vincent Räzell.

- Oui... Je vois. Je pense que ce serait aussi simple.

Les ragots ça va vite. On a même pas besoin de les vérifier. Philippe savait d'expérience le pouvoir d'une simple rumeur. C'est une rumeur qui l'avait contraint à rejoindre les ordres il y a au moins 20 ans de cela.

- Nous n'avons même pas besoin de nous forcer, de chercher à confirmer une rumeur à l'aide de quelconque investigation.
Le problème c'est que je me demande ce que vous entendez par « séduire ». Ce genre d'homme, les pédérastes je veux dire, ils ne sont pas du genre à le crier sur tous les toits... Et Vincent n'est pas quelqu'un qui aime s'afficher. Je pense même que ça pourrait anéantir sa vie si on le découvrait.


Cela ne le réjouissait pas tellement. Mais Vincent Räzell le méritait.

- Écoutez... Räzell a de la famille qui vit ici, à Bourg-Levant. Comme tout bon croyant qu'il est, il se rend au Temple pour prier les jours saints. Je pense que je pourrais peut-être le faire suivre, savoir quelles sont ses habitudes en dehors du travail et de ses rondes sur les murailles. Il ne passe pas toutes ses journées à s'attaquer aux femmes avec ses brigands.
Je pense même que ce serait une occasion de s'approcher de lui, vous ne pensez pas ? Vous et moi, nous pourrions l'aborder comme ça, lui demander d'accomplir un service pour les Trois, un truc quelconque, comme...
Ouais... Comme une récolte de fonds. Et nous pourrions présenter votre « ami » à Räzell.


Il leva légèrement ses sourcils. Son visage semblait soudain éclairé, le visage de quelqu'un qui vient d'avoir une illumination, comme s'il avait découvert une théorie scientifique incroyable.
D'ailleurs, il se mit même à soudainement la tutoyer.

- Oui, oui, je sais que ça a l'air débile dis comme ça, mais...
Imagine, ma fille. Je connais son père, c'est un moyen facile de l'approcher, de lui demander de faire un boulot pour qu'il reste sous notre main. On le ballade dans la ville pour lui demander de nous aider à récolter des fonds pour un truc quelconque, ça arrive souvent ça. On pourra agir de la façon qu'on veut après cela.
Procurez vous des vêtements, et une poudre, et il faudrait que nous nous retrouvions au Temple avant la messe à Rikni, dans deux jours. D'ici là, mon diacre, Gilles, m'aura peut-être appris un peu plus de choses sur les allers-et-venues des miliciens.
Enfin je ne sais pas du tout si cette idée vous va. Oui ?
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MessageSujet: Re: Qu'il jette la première pierre [Satine]   Qu'il jette la première pierre [Satine] EmptyVen 22 Avr 2016 - 0:04
La jeune femme en profita pour enrichir ses idées des suggestions de l'homme d'église. En effet, faire séduire ouvertement le milicien n'était pas la meilleure chose qui puisse être... Mais le tenir sous le joug de la pression familiale et sacerdotale paraissait une bien meilleure idée. Il ne manquerait plus à Satine que de se déguiser et se maquiller pour passer pour la servante idéale.

- Parfait. Je me présenterai au temple en temps voulu.

La jeune femme revint vers la porte, un air intelligent et malicieux dans les yeux.

- Je n'ai malheureusement rien de plus à vous dire et je suppose qu'un homme tel que vous ne devrait pas rester trop longtemps dans un établissement comme celui-ci. Comme nous l'avons dit, les ragots se répandent bien vite...

Elle lui sourit respectueusement en le raccompagnant et s'inclina légèrement.

- Je vous remercie de me prêter main forte.

[HRP/ Fin du RP, suite ici !/HRP]
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