La justice au Moyen Age est loin d’être à l’image de notre justice actuelle et du juge qui tape sa sentence d’un coup de marteau.
Lorsqu’un voleur est attrapé par la milice ou qu’un assassin est enfin capturé, ces derniers ne voient aucunement le visage d’un magistrat. La milice est habilitée à exécuter la loi et à engeôler qui de droit, tout comme pendre qui de droit selon les lois en vigueur, sans forcément attendre l’an 40 qu’un héraut pointe le bout de son nez pour valider la sentence. Ces agissements peuvent être mal considérés mais depuis le Fléau les lois et les coutumes perdent de leur splendeur, surtout lorsqu’un criminel doit attendre son tour pour son procès dans un cachot, nourri aux bons soins d’une milice qui n’a déjà que peu de moyens pour nourrir ses propres soldats. Aussi légalement les miliciens ont les droits de juger un homme coupable d’une petite frappe. Le crime est devenu si monnaie courante qu’on ne prend plus la peine d’élever des procès tous les deux jours ; l’on se contente souvent des ordalies (voir ci-dessous).
Concrètement comment cela se déroule ?
- La coutilerie fait son enquête, puis remet son rapport au coutilier
- Le coutilier transmet sa conclusion et sa proposition à son sergent
- Le sergent valide ou modifie la sanction et le transmet à son supérieur qui ordonne la condamnation.
Les ordalies
Sur Marbrume, les ordalies sont quotidiennes et constituent dans les faits le seul réel « procès » accordé au peuple, comme dit ci-dessus. Pour décider si un homme ou une femme est coupable, on le met à l’épreuve des dieux. Les épreuves sont surveillées et approuvées par un ou plusieurs membres du clergé, qui rendent donc la sentence de l’ordalie. Divers moyens existent :
- L’on jette l’accusé dans l’eau. S’il flotte, c’est que l’eau, considérée pure et élément d’Anür, le repousse. Anür ne l’accueille pas : il est donc coupable. A l’inverse, s’il coule, c’est qu’Anür l’accepte en son sein : il est innocent. Malheureusement pour les concernés, la plupart desdits innocents acceptés par l’eau finissent donc noyés. Au moins seront-ils accueillis dignement par la sirène.
Une autre variante très prisée consiste à jeter l'accusé loin au large : s'il réussit à regagner la terre, c'est qu'il possède les faveurs de la déesse. S'il ne les possède pas, il rejoindra les fonds marins.
- L’on met l’accusé à l’épreuve des armes. Si l’accusé remporte son duel, il possède les faveurs de Rikni. Le duel devra être itéré contre un adversaire jugé digne d’être représentant de Rikni, souvent il est nécessaire qu’il soit approuvé par un prêtre. Ce n'est pas un duel à mort, même si quelques accidents arrivent parfois.
Concernant les ordalies tournant autour de la déesse Rikni, l’on retrouve aussi souvent l’essai du serpent. Si la morsure du reptile entraîne la mort, l’homme était coupable. S’il survit, il est absout de ses accusations.
- Pour Serus, symbole de la nature, la coutume voulait qu'on lâche l'accusé dans la nature, sans arme aucune, et qu'il réussisse à ramener sous un délai de quinze jours des poils de cerf. Tuer un cerf étant interdit, s'approcher assez de la bête pour lui subtiliser des poils constitue un exploit. Ceci étant, dans le contexte actuel de la Fange et des mordeurs qui traînent partout, cette ordalie n'est actuellement plus vraiment d'actualité, à moins de tomber sur des clercs vraiment sadiques.
Nb : Les ordalies ne sont donc exécutées que lorsqu'il n'existe pas de preuve concrète contre l'accusé et qu'il faut tout de même décider de son innocence ou non. Dans le cas où l'accusé a perpétué son crime devant témoins ou que des preuves solides sont contre lui, il est bien évidemment coupable et il n'y a nul besoin de le mettre à l'épreuve des dieux ; la milice est alors habilitée à le condamner pour ses actes.Le volLe vol est un crime puni sévèrement, à l’inverse de notre époque actuelle irl où il est devenu bien plus acceptable et moins condamnable. Contraire au code d’honneur et méprisé par la foi de la Trinité, il est passible de lourdes peines (mutilations, engeôlement ad-vitae, voire même la pendaison). À noter que le degré de sévérité de la peine va aller en augmentant s'il y a récidive ou selon la cible du larcin. Voler un noble n'a pas les mêmes conséquences que de détrousser un miséreux. Encore plus si le mondain n'est aucunement arrangeant dans l'affaire.
Le meurtreA l’inverse, le meurtre est beaucoup moins puni, tout aussi étonnant que ce soit. Il est courant de voir des hommes, pour laver un honneur bafoué ou une insulte itérée par un rival, de s’entretuer pour des « motifs honorables ». Duel, coup en traître, embuscade, tout est bon pour asseoir sa domination. Ainsi, l’assassinat d’un homme est courant - voire même encouragé dans certains cas extrêmes – lorsqu’il y a eu atteinte à la personne (attaques et insultes envers la famille, viol d’une mère/sœur/fille, vol, provocations, etc etc). Le meurtrier, par ce fait, satisfait la volonté de Rikni en exécutant celui qui a bafoué les coutumes. Tous les meurtres sont ainsi loin d’amener à conséquences quand bien même ils ont été itérés publiquement et devant témoins – la coutume veut que Rikni rappelle à elle ceux qui ont trébuché et trépassé par la lame.
En revanche, le parricide est sévèrement puni ; tout comme l’assassinat d’une femme qui elle n’a pas les moyens de se défendre honorablement. Les « meurtres entre amis » sont ainsi surtout une affaire d’hommes.
Le violAvant on ne parle pas de viol mais « d’efforcement » ou de « défloration » si le viol a lieu sur une femme vierge. Le viol est très courant sur Marbrume, cependant peu de plaintes sont à noter : peur des représailles, honte sur la famille… Ces viols sont souvent le fait des jeunes hommes. En bande, ces jeunes citadins « chassent la garce ».
L’affirmation de la virilité entraîne fréquemment un déchaînement de violence et se traduit par des viols collectifs commis sur des femmes isolées et faibles, réputées communes. Soucieuses d’éviter ces dérapages, les autorités encouragent l’essor d’une prostitution officielle. La prostitution est un phénomène de sécurité publique et donne satisfaction aux pulsions les plus enfouies.
Les femmes victimes de viols sont rarement des fillettes car l’homme sera réprimé très sévèrement, ni des femmes de milieu aisé pour les mêmes raisons : toucher à une femme de haute société (noblesse ou bourgeoisie) est puni de mort.
Le plus souvent, les victimes sont des femmes célibataires, des veuves ou des épouses délaissées, des femmes qualifiées de déshonnêtes car elles n’ont plus de maris. Seul le statut d’épouse ou de mère est valorisé et reconnu. Ces femmes sont souvent issues de milieux démunis, servante ou épouse d’ouvrier car la sanction sera faible voire inexistante. Par conséquence, la femme est diffamée par le viol, elle y perd son honneur. Ainsi, une femme célibataire aura des difficultés à trouver un époux et une femme sera vraisemblablement abandonnée par son mari.
Nb : Ce passage sur le viol est tiré d’un article, résumant très bien la situation à Marbrume nous n’avons pas pris la peine de reformuler.La peine de mortLa peine de mort est un spectacle autant qu’une sentence. Les condamnés sont amenés sur la place de la potence sur une charrette qui remonte lentement la Grande Rue des Hytres devant une foule avide de sang et de justice.
Parfois, lorsque la corde casse ou que le bourreau rate son office, l’on considère que c’est un message divin. La Trinité s’oppose à l’exécution du condamné ; le peuple crie alors pour la pitié et l’absolution. Il est même possible pour une femme de s’offrir en mariage à un homme pour le sauver d’une exécution, lui permettant de retrouver le droit chemin.
Le fou, la femme enceinte et l’enfant mineur ne peuvent être condamnés à mort. Du moins était-ce ce qui était en vigueur avant le Fléau, depuis la milice fait quelques abus mais dans l’immédiat cela ne reste pas légal. Condamner un prêtre de la Trinité est également peu courant et rare, mais cela ne reste pas interdit dans l’immédiat de l’exécuter s’il a commis une lourde faute.
Le mariage
Pour lier les mariés, entre deux citations des livres sacrés, le prêtre entrelace les mains et doigts des mariés selon un rituel assez complexe avec un ruban. De manière générale, l’on lie la main gauche de la femme, main du cœur, avec la main droite de l’homme, main du labeur. Le ruban lie les mains qui ont déjà reçu les alliances, scellant ainsi de façon symbolique leur union.
Pour les roturiers le ruban est le plus souvent beige ou gris, couleur simple et naturelle, mais aussi surtout parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir des rubans colorés ; les pigments pour garnir une étoffe, ne serait-ce qu’un simple ruban, étant très chers. Mais certains économisent toute leur vie durant rien que pour s’offrir ce fameux ruban de mariage. Chez les nobles, le ruban porte la plupart du temps les couleurs des maisons concernées sur chacune de ses faces.
Les mariés restent ensuite les mains liées (une main chacun) tout le long de la cérémonie, et sont censés rester ainsi toute la fête et la nuit de noces durant, même si pour plus de praticité et pour accueillir leurs invités, le ruban est souvent - voire tout le temps - délassé et alors précautionneusement laissé autour du poignet de la mariée.
Durant la cérémonie, le prêtre fait aussi couler de l’eau salée sur le front du couple, les liant à jamais sous les bons auspices d’Anür, dans la vie comme dans la mort. On leur souhaite également prospérité et une bonne descendance en évoquant Serus, et de faire face aux épreuves de la vie en puisant dans la force de Rikni.
Enfin, le mari offre un cadeau à sa femme qui sera le symbole de leur union, tandis que lui gardera le ruban une fois la nuit de noces terminée, pour y veiller jusqu’à la fin.
Dans le cas d’un veuvage, où un homme (ou une femme) prend un(e) nouvel(le) époux/se, le ruban du premier mariage est redonné au prêtre qui fera l’échange et procèdera à l’ajout du nouveau ruban dans un rituel un peu différent où il faut défaire les liens du premier mariage, souhaitant prospérité à l’âme du défunt.
Pour la nuit de noces, après les festivités qui font suite à la cérémonie, il est de coutume que les parents des mariés accompagnent ces derniers jusqu’à leur chambre. Lorsque les parents ne sont déjà plus, c’est alors une sœur, un frère, ou une figure très proche du couple qui les accompagne.
Une fois seuls dans la chambre, le couple peut alors honorer Serus. Il est de coutume que leur union se déroule dans une couche où est étalée une peau de bête pour invoquer la fertilité du dieu. Les plus fervents et plus zélés pour posséder une descendance rapidement vont même jusqu’à s’emmitoufler eux-mêmes dans des peaux comme tenue de nuit. Les plus riches pourront s’unir sur une peau de cerf, mais ces dernières étant extrêmement rares de par le côté sacré de l’animal, même les nobles n’en possèdent pas forcément (voir coutumes en vrac pour le cerf).
Une fois la nuit passée, le mari devra revenir vers le témoin qui avait mené le couple à la chambre pour confirmer la virginité de sa promise en assurant que cette dernière était digne des dieux et que le mariage aura été consommé dans les normes.