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 Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]

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Grâce de BraseyBaronne
Grâce de Brasey



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MessageSujet: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyMar 2 Aoû 2016 - 12:15
Dans deux jours.

Deux jours avant de se faire ferrer au doigt le symbole d’une alliance aussi désastreuse que non consentie. L’étau se resserrait. Sichède était un chien de garde des plus redoutables, filtrant, les visites, les sorties et jusqu’aux billets que pourrait recevoir la fiancée. Pourtant cela n’avait pas empêché un fortuit désagrément des plus important. En effet, l’après-midi était entamée, la couturière avait été mandée pour faire les toutes dernières retouches de la robe pour la cérémonie.

Dans sa tête ça tournait, ça s’enflammait, dans ses entrailles, ça se tordait. Tout pour faire bonne figure, il fallait jouer la comédie, mais le teint aussi blanc que sa robe ne trompait pas. Elle avait fini par s’effondrer, entendant simplement le cri paniqué de la couturière.

Grâce venait de s’évanouir, sous l’air dubitatif de sa génitrice.

_________________

Son ainée était étendue dans le lit, sa poitrine se soulevant à un rythme régulier. La cadette s’était portée volontaire pour la veillée, pendant son inconscience. Cependant, si elle gardait bien un œil sur elle, ce n’était pas son principal intérêt, elle profitait surtout d’être seule dans sa chambre pour fouiner, ouvrir tous les tiroirs, toutes les boîtes, chercher toutes informations compromettantes.

La malade s’était vaguement agitée, mais elle ne semblait encore pas sur le point de se réveiller. La nuit était bien entamée désormais et ce malaise remettait complètement en question le mariage. Même si elle se réveillait maintenant il était tout sauf évident qu’elle serait assez remise le jour dit pour échanger ses vœux. La tension était palpable dans la demeure de Restellie.

La fouille n’avait pas été très fructueuse. Avec un soupire Victoire s’assit à la coiffeuse de sa sœur. Elle observa un instant son reflet vacillant à une la lumière des chandelles, avant de laisser couler son regarde sur les pots et les fioles qui s’y trouvaient. Se saisissant d’un petit récipient émaillé, elle l’ouvrit, découvrant une pâte pigmentée d’un noir profond. Elle fit la moue en refermant le contenant et le replaçant avec un grand soin, il fallait qu’il soit quasiment dans l’exacte position où elle l’avait trouvé.
Ouvrant les tiroirs, elle en sortir une boîte à bijoux qui la fit sourire. Elles avaient la même, cadeau de Dame Anelyse. Plus amusée que réellement poussée par l’indiscrétion, la jeune femme vida le coffret avec soin pour avoir accès au double fond. Des vieilles lettres, des petites choses sans importance oubliée là et une fiole. Une petite bouteille de terre cuite qui faisait à peine plus que la main de la jeune fille de forme vaguement aplatie. Victoire secoua la bouteille qui semblait vide à l’absence de bruit de liquide à l’intérieur. Ôtant le bouchon de liège qui la scellait une discrète odeur douteuse s’en dégagea, il semblait évident qu’elle était aisée à dissimuler.

Elle avait déjà fouillé dans cette cassette avant, certes, cela faisait un certain temps, mais elle pouvait assurer avec certitude que cette flasque n’y était pas avant aujourd’hui. Une idée débuta de prendre racine dans l’esprit de la cadette. Elle regarda sa sœur inconsciente ou endormie tentant de jauger si elle était capable de ceci. Bien évidemment.

Par la suite elle remit tout en place dans le coffret à bijoux avant de replacer l’écrin dans le tiroir de la coiffeuse. Bien entendu elle avait subtilisé la fiole, elle n’allait pas laisser une telle preuve ainsi cachée, toujours aux mains de Grâce et si vulnérable, si facilement destructible.

Il était tard, ce soir elle ne ferait rien de son soupçon, d’autant plus qu’il lui fallait attendre le retour d’Azhim pour qu’il veille la souffrante.

_________________

Le matin était à peine entamé lorsque la demoiselle Victoire de Brasey se présenta à la demeure des d’Alchas, demandant à voir le fils, Adalman et prétextant lui apporter des nouvelles de sa promise. En soi ce n’était pas réellement une fabulation éhontée, cependant, il n’allait sûrement pas être déçu par la nouvelle.

« Monsieur d’Alchas »

Une révérence courtoise et l’attente de son approbation qui l’invite à lui révéler l’objet de sa présence.

« Soyez assuré que je regrette cette façon importune de prendre contact avec vous, cependant, j’ai bien peur d’avoir quelques éclaircissements quant au foudroyant mal qui semble s’être emparée de Grâce il y a de cela quelques jours… Il se trouve qu’en cherchant dans sa chambre, j’y ai trouvé une sorte de flasque vide dans le double fond d’un écrin à Bijou. Il ne me semblerait guère étonnant qu’elle est ingérée le produit qu’il contenait pour se rendre souffrante.
Je peux concevoir que cela semble étrange, ou inconcevable, mais j’atteste que ma sœur pourrait parfaitement être capable d’une telle manigance. »


Laissant la preuve de ce qu’elle avançait au bâtard, elle n’avait pas traîné et pris congé, après tout, elle était censée n’être passé que pour informer l’homme de l’état de santé de sa si chère sœur. Il était évident que cela ne devait pas être long, si attirer des ennuis à son ainée était parfaitement dans ses intentions, s’en attiré à elle n’était guère souhaité et il était assuré qu’elle en aurait si leurs géniteurs s’apercevait qu’elle avait dissimulé telle information sur le pourquoi de cette soudaine maladie.

D’ailleurs, elle avait pensé à leur révéler ce qu’elle avait déduit, toutefois l’idée lui était bien vite passée. Sûrement auraient-ils simplement étouffé l’affaire, détruisant la fiole et continuant à clamer le malheur de leur fille chérie. Certes Grâce aurait dû essuyer quelques représailles, mais rien d’aussi jouissif qu’être discréditer aux yeux de son futur époux.

_________________

Dur de définir l’heure qu’il était, ces dernières heures, possiblement ces derniers jours s’étaient tous ressemblés pour Grâce. La souffrance, les crampes, la fièvre… Combien de fois avait-elle douté de son choix ? Souvient, bien trop souvent, cependant il avait été trop tard, bien trop tard. Au moins avait-elle réussi à repousser l’échéance, gagnant au moins un peu de temps, elle l’espérait quelques semaines pour trouver une échappatoire officielle à cette union avant qu’elle ne soit prononcée.

« N’ouvre pas plus. »

Ce n’était pas réellement une demande, cela se sentait dans le ton sec utilisé, du moins plutôt la sécheresse du chuchotement. Mademoiselle de Brasey, souffrait de son petit stratagème et la lumière ne faisait qu’accentuer la migraine. La main de la demoiselle effleura à peine le velours épais du rideau alors qu’il poussait un soupire. Grâce resterait toujours Grâce, même malade à en mourir. Il revint s’assoir sur le bord du lit où la jeune femme se tenait assise non sans un certain inconfort. Elle s’y tenait droite, comme à son habitude, un livre entre les mains qui ne lui servaient qu’à occuper ses dernières, trop mal en point pour espérer lire correctement quelques lignes.

« - Je crois n'avoir eu le … privilège ? ... de te connaître autrement que comme cette petite chose neutre, un peu distante, un peu incisive derrière un sourire angélique parfaitement maîtrise. Alors ma question semble légitime ; pourquoi, au nom des Dieux, as-tu été assez folle pour prendre un tel risque ? Et par pitié épargne-moi le discours officiel, tu ne me feras pas croire que ceci n’est qu’une fortuite maladie. Questionna Eugénie avec un air grave.

- Parce qu’il le fallait. Déclara simplement Grâce, en faisant tourner le livre dans ses mains.

- Tout ça pour ton image, c’est si inconcevable que cela d’envisager qu’épouser d’Alchas ne soit pas si une grande honte.

- Eugénie, ce n’est pas une futile et banale affaire de réputation, de toute façon je crains que la mienne ne puisse être pire qu’en ce moment. Je ne peux juste pas, Adalman n’est pas comme l’était Hector, ce n’est pas une loque qui ne veut voir ce que qu’elle veut bien voir. Adalman est un chien enragé sous une apparence calme.

- C’est ça qui te fait peur, un rustre ? Allons Grâce, je t’ai vu, de mes propre yeux, amadouer des hommes qui n’avaient rien de charmant.

- Ce n’est pas la même chose … D’Alchas, je ne sais pas, tu n’étais pas là quand je l’ai vu, il avait toute cette haine, toute cette rage froide. Sans compter cette impression qu’il ne loupera nullement une occasion de me faire payer mon sexe. S'il met son intelligence au profil de sa hargne à mon égard, j’ai peur de ne pouvoir résister de me faire broyer. Eugénie il faut vraiment que je trouve un moyen d’empêcher ce mariage. »

Le masque s’était fissuré quelque peu comme cela pouvait arriver avec Eugénie. La jeune femme avait confiance en elle, du moins, plus que la moyenne des gens qu’on lui considérait comme proche. Elle ne lui confierait pas tous ces secrets, tous ses desseins, cela ce n’était réservé qu’à Azhim, il n’y avait que lui qui s’était montré digne de cela. Son suivant était parfait, du moins parfait pour elle, mais il y avait des choses qu’il était plus facile de laisser apparaître auprès de quelqu’un de son sexe.

Son interlocutrice sembla entendre, ou plutôt comprendre, du moins en partie, son désarroi en venant doucement poser ses mains sur celles qui tenaient le livre. Un signe d’empathie à défaut de pouvoir faire mieux. Puis elle reprit avec un petit sourire en coin, comme pour changer les idées de Grâce.

« - J’ai croisé Victoire ce matin en arrivant, elle semblait étonnamment enjouée pourtant m’a-t-elle dit qu’elle avait passé une partie de la nuit à ton chevet, je me serais attendue à plus de mauvais esprit de sa part. Ce n’est pas le fort de ta chère sœur d’être serviable et inconditionnellement optimiste.

- Ce matin, d'après Audric, elle a annoncé aller voir Henri, possible qu’elle a été heureuse de voir ton frère, de parler à quelqu’un de moins névrosé que tous ceux qui se trouvent ici. Avec un peu de malchance se remémoreront-ils leur petit coup au mariage des Ventfroids.

- Mais elle n’allait pas chez nous… Ou alors prenait-elle un étrange chemin. »

La phrase resta en suspens un instant. Si Victoire n’allait pas chez les Linerac, où allait-elle ? Une déplaisante idée germa dans l’esprit de Grâce. Quelque peu sèchement elle demanda à son interlocutrice d’ouvrir les tiroirs de la coiffeuse pour lui donner le coffret à bijoux. Cette dernière s’exécuta perplexe, puis regarde tout aussi perplexe la jeune femme le vider pour en dévoiler le double fond.

La fiole avait disparu. Diantre qu’elle savait qu’elle aurait dû s’en débarrasser plus vite, mais elle n’en avait guère eu le temps.

« La garce. »

Les mots avaient été soufflés avec une hargne retenue. Victoire avait pris position et comme attendu ce n’était nullement en faveur de sa sœur.

Mademoiselle de Linerac remit les bijoux dans la cassette qu’elle rangea avec délicatesse tandis que Grâce contrarié se glissait un peu plus dans son lit. Sa tête la faisait souffrir. Elle se massa les tempes, cherchant tant bien que mal ce qu’elle pourrait faire pour éviter le courroux du promis, espérant sans y croire que ce n’était pas Victoire qui avait pris la fiole.

Alors qu’Eugénie venait de se rassoir sur le bord du lit qu’elle avait doucement posé une main compatissante sur le bras de Mademoiselle de Brasey on frappa à la porte. Un domestique l’ouvrit une fois qu’il y fut invité, découvrant la pire prévision de la malade. Cette dernière se raidit immédiatement, reprenant son maintien habituel.

« Monsieur d’Alchas. Pardonnez de ne pas me lever, vous devez savoir que je ne suis guère dans mes meilleurs jours. Cependant laissez-moi vous présenter Mademoiselle Eugénie de Linerac. Elle avait l’amabilité de me tenir compagnie. »

L’autre individu de sexe féminin de la pièce se leva pour saluer selon les usages le Baron.
Grâce passa une main quelque peu fébrile dans les cheveux comme pour les ordonner. Il serait facile de mettre son léger manque d’assurance sur le compte de ses maux, cependant il était plus question ici de sa situation délicate. Elle n’était pas en état d’affronter le courroux d’Adalman et tous deux le savaient. Il faudrait faire illusion.

« Veuillez m'excuser, je vais prendre congé. Ravie d'avoir pu vous croiser Monsieur d'Alchas.»

Eugénie préféra opérer un replie stratégique plutôt que risquer de finir entre les promis et de pâtir de leurs querelles qui, finalement, ne la concernait nullement. Elle se glissa hors de la chambre de Grâce sans plus attendre.

Quelle détestable surprise cette visite.


Dernière édition par Grâce de Brasey le Sam 3 Sep 2016 - 17:49, édité 1 fois
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Adalman d'AlchasBaron
Adalman d'Alchas



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyJeu 4 Aoû 2016 - 20:15


Contrat prénuptial

with Grâce



A le voir ainsi sourire, avançant d’un pas conquérant et fier au sein du manoir des Brasey, nombre de ses serviteurs auraient pu reculer de surprise et d’effroi. Il était extrêmement rare de voir Adalman d’Alchas vivoter de bonne humeur, excellant à en faire la démonstration, très souvent aux dépends des petits gens. C’était généralement un signe avant-coureur de railleries, de décisions cruelles ou pire, d’une nouvelle saute d’humeur l’amenant à passer ses nerfs sur qui se trouvait sur son chemin. Fort heureusement pour eux, les gens de cette grande demeure ignoraient encore à qui ils avaient affaire. Et se trouvèrent désappointés mais tout de même enchantés d’observer un profil si guilleret de bon matin.

Suivant le dos arrondi d’un serviteur personnel de sa dame, Adalman serrait entre ses mains le coffret cadeau volé à l’alchimiste. Il venait tout juste de revenir de sa quête, avait pris le temps de surveiller la venue d’Azhim au sein de ses écuries ainsi que ses gestes, avant de se décrotter pour apparaître dans sa plus glorieuse virilité. Habillé de blanc et d’or, malgré le fait que cela rehaussait le teint hâlé de ses traits, il était correctement coiffé, exhalait une fragrance discrète mais agréable de musc et de menthe poivrée – un parfum réservé aux grandes occasions. Il était apprêté comme tout jeune damoiseau avant sa première danse et pour une fois, faisait fi des rumeurs sur son attitude maniérée pour mieux couler un regard à son reflet distordu à chaque bouclier accroché aux murs.

Il aurait pu siffloter, mais l’éclat glacé de ses yeux renvoyait quelque chose d’encore trop animal pour mettre tout le monde en confiance. Ainsi, quand le serviteur frappa à la porte de l’étage, et se tourna vers lui, l’angoisse vrilla ses traits de faible avant que son ton, un peu étouffé, n’annonce son identité.

Adalman manqua presque de le pousser en entrant dans la chambre. Et n’eut pas une seule hésitation avant de le chasser d’un geste vif de la main.

Hélas, Grâce n’était pas seule. Enfoncée sous ses couvertures, les traits tirés, un peu trop pâlotte et faiblarde pour être agréable à lorgner, elle le fixait avec une telle expression de stupeur que son sourire s’élargit.

Nul doute qu’elle n’était en aucun cas heureuse de le voir ainsi à son chevet. Et après sa piètre tentative, cela n’avait rien de surprenant.

Elle fit tout de même honneur aux usages, en présentant l’identité de celle dont il n’avait que foutre. Mais inclinant la tête, en tout bon fils de baron, il salua la dame de compagnie, au nom trahissant son rang, presque du bout des lèvres.

« Mademoiselle. Je suis bien aise de voir ma fiancée en agréable compagnie. Cela ne peut que la distraire dans ces heures infâmes de maladie. » Masque en place, sourire blanc, le bâtard en paraissait presque honnête. Mais le malaise entre les deux jeunes gens ainsi que la présence du coffret rendait la scène trop intimiste pour que la dame de compagnie n’insiste de sa présence. Ce fut donc avec plaisir qu’il s’écarta de la porte pour la laisser s’en aller. Sans chercher le moins du monde à la retenir. « Au plaisir, mademoiselle de Linerac, sans doute même au mariage ! La bonne journée à vous. »

Et laissant la porte claquer sourdement dans son dos, il laissa l’atmosphère s’imprégner de sa furieuse présence.

« Grâce… Grâce vous semblez avoir vieilli de vingt ans. Cela ne vous convient pas au teint, un trouble aussi pressent. Etes-vous seulement allée à la selle ? » Puis devinant d’avance la réponse. « A me rencontrer aujourd'hui, cela ne tardera pas, j’en suis certain. Mais quelle obscurité malfaisante ! »

Calmement, il vint déposer la boite sur un boudoir à proximité du lit. Et traversant la pièce, tira les rideaux à laisser la pièce s’illuminer, d’une force telle qu’il manqua de les arracher à leurs tringles. « Là, que je puisse observer votre visage – mes Dieux, vous n’avez pas été épargnée ! C’est encore pire que ce que j’entrapercevais. Et cela donne une raison de plus à nos parents de nous marier. Pauvre petite… fanée avant l’heure. Gorgez-vous de soleil, cela vous fera redevenir fleur. »

Un tas de chiendent dans ses écuries. Et le rire fit trembler sa gorge d’un velours rauque, un peu grondant.

« Mais au mariage nous vous couvrirons la tête pour épargner nos invités. C’est d’une tristesse … enfin. Je ne suis pas venu vous railler – pas entièrement. J’espérais même enterrer la hache de guerre. La nouvelle de votre maladie m’a troublé, plus que je ne le pensais. »

Et revenant au lit, Adalman vint s’asseoir à son flanc. Se foutant bien des biens-pensants, et l’imitant peut-être dans son attitude si peu conventionnelle. Elle qui n’avait pas hésité à franchir son interdiction pour venir le retrouver au sein de ses écuries. A y semer le chaos partout.

Partout.

« Je vous ai apporté un cadeau, en traité de paix. Et j’espère même qu’après cela, vous m’offrirez votre amitié. Après tout. Nous avons encore quelques années à passer ensemble, une fois notre union déclamée. Voulez-vous réellement que cela se passe sous des aboiements impulsifs de ma part et sous vos fugues insensées ? »

Puis en douce plaisanterie, sa voix se fit de velours. Charmante, ondulante, au pétillement d’acier de ses yeux d’ambres.

« J’ai même sympathisé avec Azhim ! Que dites vous de cela ?! »







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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyJeu 4 Aoû 2016 - 21:47
Il souriait, diantre il souriait et il était aimable en plus de cela. Si Grâce ne pouvait nullement se targuer de connaître d’Alchas, elle pouvait au moins se fier à ses pressentiments et pour ce qui concernait la risette de son promis ils n'étaient guère rassurants. Adalman ne s’était pas montré prompt à être agréable surtout en la compagnie d’une femme, il y avait de quoi être suspicieux, qui à l’être quelque peu trop.

La familiarité de l’homme ne choqua guère la jeune femme, elle n’était pas à cheval sur l’étiquette dans l’intimité d’une pièce fermée. Elle l’écouta patiemment se moquer, railler sa mine et sa condition de malade avec un demi-sourire de circonstance. Il pouvait était acide, dans ses mots, mais également dans ses gestes, il y avait nul doute qu’il sache et qu’il avait le désir de marquer le coup.

La lumière, la lumière si blanche, si aveuglante, chaque rayon imperceptible était comme une aiguille qu’on plantait dans la tête de Grâce, foutue fièvre, foutu fiancé. Il fallut tant de contrôle sur elle-même la mademoiselle de Brasey pour ne pas exiger à ce qu’Adalman referme les lourds pans de rideau avant de le chasser. C’était tout ce qu’elle désirait. Pourtant, elle mit seulement une main devant ses yeux pour limiter tant bien que mal la migraine le temps que ses prunelles s’habituent à la luminosité, respirant longuement profondément pour gérer, canaliser la douleur, le mal-être, la frustration.

Elle aurait raison de leurs fiançailles, elle le voulait, il le fallait.
Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, il pourrait bien apporter un prétendu présent. Lorsqu’il avait posé sa dernière question, Grâce n’eut qu’un sourire en coin vaguement amusé. C’était donc là qu’était passé Azhim. Il voulait marquer son territoire en montrant qu’il pouvait prendre ce qu’il voulait et même son domestique personnel, celui qui était à ses côtés dans tous ses plans. S’était pathétique, pathétiquement rageant. Azhim était à elle, à elle seule. Mais soit, il était trop tôt pour montrer son agacement, elle attendrait de savoir ce qu’il avait fait subir à son homme de confiance.

« Que vous auriez fait un bon intrigant. »

Se contenta-t-elle de déclarer d’une voix douce et basse même si quelque peu éraillée. La demoiselle avait en même temps passé une main sur son front qu’elle-même trouvait chaud puis dans ses cheveux rompant les boucles désordonnées leur donnant un peu plus de discipline.

« Pour ma part, et contre toutes les apparences, j’ai obtenu ce que je désirais, du temps. »

Rien ne servait de nier, de s’enfoncer dans le mensonge, autant assumer pleinement. Après tout n’étaient-ils que deux dans cette chambre.

« Je savais ce que je risquais et j’ai tout de même joué. Il est certain que ma victoire n’est pas éclatante aux vues de votre présence ici et de vos mots si aimables. Je ne suis pas Azhim, je ne suis pas une de vos domestiques. Je ne suis pas votre chienne. Alors aboyez Adalman, aboyez, tant qu’il vous plaira, aboyez comme un chien enragé, extériorisez si cela vous aide à supporter la situation. »

Il était dur, très dur de garder son calme, de garder le masque alors qu’on avait l’impression que sa tête était prise dans un étau et qu’on pressait, on pressait si fort. Pourtant Grâce percevra, elle s’obstina même en risquant une raillerie.

« Pour ce qui est de votre trouble lors de la nouvelle de ma maladie, c’est très urbain de votre part et un peu inattendu je le confesse volontiers. Toutefois, ne vous inquiétez pas, mes vingt ans, je les retrouverais sous peu, plus éclatant que jamais. Soyez assuré qu’alors voiler mon visage ne fera qu’attrister les invités à nos noces… La jeune femme s’approcha pour qu’Adalman puisse l’entendre alors qu’elle chuchotait … surtout les hommes. Beaucoup aiment mes grands yeux de biche savamment soulignés et ma bouche pleine peinturée de rouge arborant une risette amusée, railleuse, narquoise … carnassière. »

Ses paroles n’étaient qu’un souffle.
Oh oui, d’Alchas n’allait nullement être déçue quand elle serait remise. Grâce les voyait bien ces regards sur elle, cette pointe d’appréciation, parfois d’envie, exceptionnellement de frustration et lui, cet homme en face d’elle il ne pensait qu’à rabaisser son physique.
Son sourire s’élargit alors qu’elle retournait s’appuyer contre la tête du lit.

« C’est tellement ironique que cela pourrait être interprété comme une pénalité divine pour mes précédentes noces. Vous devez être l’un des rares hommes que ma vue, au mieux laisse indifférent, au pire dégoûte, et c’est vous qui allez me ferrer une bague à l’annulaire. »

Les Dieux avaient un sens de l’humour cynique. Du moins l’auraient-ils si elle Grâce n’arrivait pas au bout de ses idées, qu’elle était à court d’options, de plans, de temps. Doutant que cela fonctionne, elle pouvait au moins essayer de jouer la carte de la raison.

« Vous seriez tellement mieux avec une pauvre petite chose insignifiante, soumise. Une femme qui ne vous dirait jamais non, qui ne passerait jamais outre vos directives, une femme qui vous craindrait et ferait vos quatre volontés sans jamais rien dire, jamais se plaindre. »

Le promis ne semblait guère être un homme de raison, mais savait-on jamais.

« Je peux vous la trouver cette épouse parfaite, Adalman. Je pourrais même y mettre de la bonne volonté et vous en trouver une belle, ou du moins agréable à regarder, si seulement vous cessiez de vous obstiner à préparer quelque chose que vous ne désirez nullement. »

Et qu’elle ne désirait nullement.
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Adalman d'AlchasBaron
Adalman d'Alchas



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyMar 16 Aoû 2016 - 19:59


Contrat prénuptial

with Grâce



Ah ça – elle pouvait s’en vanter, de ce corps de jouvencelle à user. Et user, c’était bien ce que les hommes en faisaient, autour d’elle. Sans s’inquiéter de son âme, prompts à l’écarter une fois la bassesse commise. Que les Dieux en soient témoins, il en était enragé, proprement furieux de cet état de fait, de cette séduction qu’elle osait arborer comme de secrètes armoiries. Ce n’était pas de la jalousie qu’une envie, meurtrière, de lui briser le visage à coups de tesson de bouteille. De lui racler sa chair à vif pour en dessiner de nouvelles lignes. De la faire se couvrir de honte d’avoir perdu son bien le plus précieux – son unique, certainement, tant elle était dépourvue de cervelle. Et une femme laide, défrichée de tout vice, ne pouvait que lui donner de beaux héritiers.

Mais pour l’instant, il ne le pouvait pas. Souriait, implacablement. La laissant se rapprocher et flairant la sueur de sa maladie. Croisant son regard étouffé et rebelle. Écoutant ses menaces comme ses promesses. Une femme plus belle, plus docile ? Ce n’était pas cela qu’on lui avait choisi. C’était bien elle, que son père voulait. Une femme déshonorée pour un bâtard au nom honorable. Aucune promise possible ne la remplacerait, de grès ou de force. Et que Grâce puisse se croire capable d’inverser la donne le fit doucement rire.

Adalman observa ses mains, tandis qu’elle se repeignait. Et comme pris d’une idée subite, leva l’index en l’air, l’agitant, grondant comme un père.

« Vous êtes délicieuse quand vous êtes frustrée. Vous voudriez sans doute palabrer comme dans mes écuries mais, ma pauvre jument… » Le terme avait toute son importance mais lui-même ne le remarqua pas. « … vous n’êtes pas en état de discourir et de me tenir tête. Je viens en ami, vous me repoussez comme une créature abjecte. Vous souhaitez gagner du temps quand je me hâte déjà à la noce. Mais enfin, ma douce, ma belle fiancée… ma promise… n’imaginez vous pas le délice que sera notre nuit de noce ? »

Lui en cauchemardait déjà. De venir entre ces cuisses déjà souillées pour creuser un chemin préparé par un autre. Il lui aurait causé l’humiliation suprême de se faire tringler devant son bâtard de serviteur s’il avait eu le vice d’en avoir les reins en feu. Mais elle ne lui causait aucun frémissement de l’échine, uniquement celui de sa main. Prête à la battre comme plâtre.

« A ce sujet, des hommes j’entends, je crois comprendre l’origine de votre souffrance. Il est vrai que nous n’avons pas fait les choses convenablement. A vous inviter dans mes écuries et à semer votre pestilence, vous m’avez fait perdre de vue les traditions. Mais il est bon de s’en rappeler au moment opportun et voilà, que ce moment se présente enfin. »

Tranquillement, Adalman se leva. Et retournant près du boudoir, il reprit le coffret précédemment déposé. Pour le lui apporter, tel un gentilhomme s’offrant le luxe de ramener à sa dulcinée un plateau repas.

« J’ai visité de nombreuses orfèvreries pour vous offrir une alliance digne de votre nom. Mais on m’a imposé ce chef d’œuvre de mon aïeul. Mathile-Rosée d’Alchas, première du nom. Mon arrière-arrière-grand-mère, si je ne m’abuse. Elle lui fut offerte pour un mariage de sentiment, l’un des rares. Sa beauté, d’après les livres, aurait enchanté son époux, Henriot d’Alchas, qui l’arracha à son nom de jeune fille et à sa maison, les Beranas. Je crois comprendre, selon vos dires, que vous êtes du goût de plus d’un homme. Si les sentiments amoureux sont absents, nous partageons tout de même assez de passion pour rendre hommage à cette alliance. Alors… »

Son sourire lui découpa la figure en une tranche ravie, presque infantile d’excitation mal contenue.

« Trouvez quelques forces, ma brave et future épouse. Ouvrez ce coffret. Et contemplez ce que je vous dois. »








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Grâce de BraseyBaronne
Grâce de Brasey



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyMar 16 Aoû 2016 - 22:43
Toujours aussi charmant, toujours aussi prévisible, toujours aussi douloureux et pour cette dernière affirmation ce n’était nullement D’Alchas qui était mis en cause mais bien sa tête, sa tête qui semblait cuire doucement, à l’étouffé. Cette lumière, toute cette lumière. Un instant Grâce se perdit à regretter de n’avoir demandé, exiger, d’Eugénie qu’elle ne reste, en sous nombre possible que l’odieux promis se soit senti moins à son aise pour se montrer cruel et d’une belle hypocrisie. Les rôles en semblaient presque inversés, si ce n’était que Mademoiselle de Brasey n’avait jamais eu l’audace, ou la bêtise, de parler de passion. La passion était une notion trop enflammée, trop positive pour un homme comme celui qui devait lui passer la bague à l’annulaire.

Il semblait si calme si heureux de lui-même, si empressé. Qu’avait-il bien pu faire pour se mettre dans de si agréables conditions ?

Il avait rencontré Azhim seul… Et si … Oh non, non… il n’aurait pas été si cruellement stupide. Adalman était un enfant à qui on avait donné bien plus qu’il ne le méritait et qui s’accommodait de la frustration de la contrainte en rudoyant doucement cette dernière plutôt que de s’en prendre à sa source, le saint est intouchable paternel, toutefois, il n’était pas simplet. Il ne pouvait pas tuer la seule personne qui semblait avoir l’oreille de cette promise qu’il voulait amadouer, dompter. Cette seule personne qui avait un tant soit peu de prise sur elle, qui pouvait la convaincre de faire quelque chose au lieu de lui imposer. Il n’était pas assez fou pour vouloir avoir affaire à une femme acculée en colère et qui n’avait plus rien à perdre, ni réputation, ni avenir radieux…
Grâce voulait s’en convaincre, du moins, du mieux que son esprit enfiévré le pouvait, pourtant, cette sourde angoisse s’était bien installée. Il fallait qu’elle le voie, il fallait qu’elle voie qu’il n’avait rien.

Il semblait trop heureux de lui tendre ce satané coffret. Que pouvait-il bien contenir ? Une bague visiblement, un bijou de famille.

La jeune femme tourna le contenant dans tous les sens, le trouvant bien imposant pour une simple alliance et le trouvant bien quelconque pour un écrin devant contenir un bien qui devait être précieux à la famille d’Alchas. Au moins était-il trop petit pour contenir Azhim…

Grâce laissa ses doigts enserrés l’objet, prêt à l’ouvrir, puis s’arrêta, regardant cet enthousiasme tout puéril que manifestait l’homme à côté d’elle. Même réduite à se cacher derrière ses rideaux et ses draps, elle ne pouvait passer à côté de l’étrangeté du comportement de ce dernier.

« Ne m’en veillez guère, j’aimerais seulement comprendre parfaitement. »

Déclara-t-elle calmement en posant l’objet sur ses genoux, toujours parfaitement fermé. Elle ne rêvait que d’une chose, qu’il s’en aille aussi abruptement qu’il était arrivé.

« Vous affirmez venir m’offrir votre amitié, réellement ? Après m’avoir si élégamment qualifié de jument ? Évoqué ma pestilence ? Avoir refusé tout net et très désagréablement toute tentative de bonne foi, de conciliation, de ma part, qui soit dit en passant étaient faites à un moment mieux choisi ? Avoir essayé, sans succès, de comprendre ma souffrance ? Si tant est qu’elle ait un jour existé. De plus, permettez-moi de trouver formidable d’entendre le mot passion sortir de votre bouche. »

Elle était sarcastique, horriblement sarcastique, de la même manière que lui s’était montré odieuse dans les écuries. De son point de vue, son amitié était un présent empoisonné, comme cet écrin qu’il semblait si impatient de voir ouvrir.
Mademoiselle de Brasey ne voulait ni de l’un, ni de l’autre. D’ailleurs elle se permit une petite pique, certes moins déguisée que celles qui avaient précédé, pour lui faire comprendre un peu plus.

«Puis-je vous conseillé d’oublier le délice que sera notre nuit de noce. Qui fera la différence de toute façon ? Vous comptiez présenter la peau de bête souillée de la perte de ma virginité à votre père, comme signe du passage de vieux garçon à homme parfaitement accompli avec la bénédiction de Serus ? »

Un petit sourire sale, narquois, avait orné ses lèvres légèrement sèches, tandis qu’elle se saisissait à nouveau de la maudite boîte, cette fois pour la lui tendre, toujours sans avoir touché outre mesure à son couvercle pour en dévoiler le contenu.

« Trouvez quelques raisons, mon brave Adalman. Prenez ce coffret. Et sortez de ma chambre, c’est tout ce que vous me devez. »
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Adalman d'Alchas



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyDim 21 Aoû 2016 - 20:49


Contrat prénuptial

with Grâce



Encore une fois, elle se jouait de lui. Tantôt menaçante, sitôt moqueuse, usant de sarcasmes pour mieux le rendre fébrile à chasser la boite convoitée de son regard de traîtresse. Elle la lui tendait, maintenant une distance réglementaire entre sa silhouette de malade et son promis. Soutenant son regard malgré le tremblement de son bras éreinté. A le repousser, toujours le repousser. A être infoutue de pouvoir le contenter. Le combler.

Adalman, toujours assit sur le lit, reprit le coffret sans trop traîner. Gardant un sourire implacablement vissé à son masque, baissant simplement ses yeux d’ambre sur le cadeau en mesurant chacune de ses pensées. Quoiqu’il soit sincère dans son incompréhension quant à la vexation causée par le terme de « jument » (qu’avait-elle bien à leur reprocher, ces bêtes avaient tout de magnifiques et Grâce ne méritait pas une telle comparaison), le bâtard n’en demeurait pas moins insensible à son sort comme à sa piquerie.

Tout du moins s’efforçait-il de le croire courageusement.

« Vos tentatives pitoyables de porter atteinte à ma virilité ne sont que des gargarismes inutiles au lit de votre bouche épuisée. Je me fous bien des rumeurs comme de votre avis sur la question. Et prendrait mon dû puisque la Loi m’y oblige. De gré ou de force. Et à ce sujet, discutons d’un dernier point. Celui de votre constance. »

Sa langue vint humecter sa bouche sèche et tournant le coffre vers son propre visage, il entreprit de l’ouvrir, dissimulant son contenu à la vue de la jeune femme.

« Votre constance a toujours vous mettre dans un guêpier pas possible, par fierté et par croyance. La croyance de votre supposée intelligence. Hélas, ma pauvre enfant, vous en êtes dépourvue. Et si je ne suis pas un génie en ce monde, au moins ai-je le plaisir de constater mes efforts quotidiens pour mieux vous surprendre. Vous, par contre, ne vous donnez pas cette peine. Alors voyons voir quelle tragique histoire vais-je vous conter à présent… »

Le rire ronfla dans sa gorge, ronronnement de félin repût. Et extirpant le doigt de son écrin, le leva à la lumière, faisant miroiter le diamant de l’aïeule avec un déplaisir certain. Tâchant le drap ainsi que son pantalon de quelques gouttes de sang épais, pas encore tout à fait coagulé mais déjà presque brun de vieillesse.

« Celle de votre sœur et de votre idée merveilleuse de vous empoisonner. Celle d’Azhim et de sa lâcheté. Celle de l’apothicaire chez qui vous avez passé commande… » Son ton se rembrunit, non pas sous la colère mais sous une profonde réflexion. « Il nous a fallu faire un effort pour ne pas réveiller sa descendance mais il a crié à un point… »

Puis un sourire.

« Maintenant vous vous demandez, à observer ce que je vous offre, à qui appartient ce doigt. Bien trop clair pour être rattaché à la main de votre basané, il ne peut provenir que de ce Vincent. Et c’est vrai. J’ai dû lui trancher les quatre pour vous ramener ce présent mais cela valait le coup, croyez moi… »

Calmement, il fit glisser la bague de l’annulaire décapité. Et agitant le second d’en l’air, présenta le premier, paume ouverte, en offrande.

« Attention. Avant de frapper mon bras à en faire voler ce trésor dont je me contrefous éperdument, songez simplement que la tête de votre serviteur est encore accrochée à ses maudites épaules. Mais ce fait peut changer bien plus rapidement que n’importe quelle tentative de meurtre à mon encontre, Grâce. Croyez moi. »

Puis plus bas.

« Vous devez sans doute en vouloir à votre sœur – une petite lèche-vit comme il en court dans cette famille et je dois bien admettre que je vous rejoins dans votre mépris pour votre cadette. Elle est aussi stupide qu’infantile et ne sait pas ce qu’elle fait quand elle a eu l’idée de le faire. Mais même sans son aide, je l’aurais deviné. Je sais beaucoup de choses. Et j’apprends très vite. »

Lâchant le doigt sur les genoux de sa fiancée, ce fut avec fermeté mais sans mal inutile qu’il vint lui saisir la nuque. A en rapprocher leurs fronts. Goûtant l’odeur de sa sueur comme de la moiteur de sa peau quand il vint s’y adosser. L’emprisonnant dans son regard.

« Plus jamais Grâce. Plus jamais. Où je découperai Azhim en petits morceaux précis. Ou toute autre personne un peu trop précieuse à votre goût. Et permettez-moi de vous dire que si le premier est encore en vie, ce sera lui qui vous fera le service à table quand je vous les ferais bouffer. »

Sa dentition illumina son regard d’un bref éclair d’humanité.

« Alors chérie ? Heureuse ? »







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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyDim 21 Aoû 2016 - 22:28
Grâce observa ses gestes, en apparence froide à ce qu’il pouvait bien dire. En apparence seulement. Un autre moment, dans un autre état, elle aurait pu garder la tête froide, garder ses pensées sous contrôle, ne pas s’enflammer à certaine odieuse mention, comme celle qui insinuait à peine que si le soir de leur nuit de noce, s'il arrivait un jour, elle n’aurait guère le choix, il irait jusqu’à la forcer sous ce couvert de la loi. Ou encore celle-ci, plus du tout voilée, qui disait qu’elle n’était qu’une idiote, une petite dinde comme il y en avait des dizaines et des dizaines. Son cœur accéléra, elle avait du mal à garder sa quiétude feinte. Pour maintenir l’artifice, elle se concentrait sur des choses anodines, des choses qui n’avaient pas changé depuis des années, comme jeter distraitement un coup d’œil à l’ordre des pots sur sa coiffeuse, toujours le même depuis des années. En réalité n’importe quel détail de la chambre était bon, pour se rassurer assez, pour maintenir, sur le fils du rasoir, la mascarade.

Pourtant, elle ne pouvait pas fuir éternellement dû regarde son insupportable promis, d’autant plus qu’il agissait, ouvrant la boîte qu’elle-même avait refusé d’ouvrir.

La vue du doigt coupé fut rude, très rude ayant un haut-le-coeur qui avait failli lui faire jeter ce dernier sur le carreau. Il avait fallu, cesser de le regarder, fermer les yeux, respirer profondément, longtemps. Une main devant la bouche elle tentait de calmer son ventre, ses nerfs, sa tête, tout, tout ce qui s’emballait. Elle n’avait pas bien vu, juste vu un doigt. Si c'était celui d’Azhim ?
Cette idée la révolta, l’enrage au même titre qu’elle faisait naître une crainte sourde dans son cœur, qui ne s’en alla nullement lorsque le fait que l’annulaire ne vienne pas de son homme de confiance lui arriva. Grâce aurait aimé exploser, hurler, frapper, jeter tout ce qui lui venait sous la main sur cet homme, cet intrus qui voulait la faire plier par la menace, la brutalité et la peur. Elle aurait voulu tout cela contre lui, mais aussi contre elle-même, elle-même qui sentait qu’elle aurait peut-être pu craquer s'il était arrivé plus tôt, alors qu’elle était plus malade, plus faible.
Pourquoi ? Pourquoi s’obstinait-il ? Cela n’avait aucun, aucun, sens !

Ce doigt, au fond, elle n’en avait que faire. Ce Vincent, elle n’en avait que faire, des comme lui il y en avait des dizaines dans cette cité de malheur. Peut-être que s'il y avait perdu la vie elle s’en serait senti un peu coupable, mais il n’y avait perdu que des doigts, des doigts précieux en ces temps troubles.

C’était passé, laborieusement passé, ou du moins sous contrôle, elle avait pu rouvrir les yeux, à contre cœur au vu de la luminosité de la pièce.

Elle n’avait jamais eu l’intention de l’éliminer, jamais, ça aurait été trop compliqué, trop évident, trop peu intelligent. Il était paranoïaque de penser qu’elle aurait pu s’abêtir à ce niveau. Puis il fit une allusion, une allusion juste à propos de Victoire, de ce qu’elle avait fait et de ce qu’elle était.

« Victoire, se punira seule, elle est une petite idiote vaine qui ne comprend pas la portée ses actes. Elle ne comprend pas qu’hors de cette famille il y a un monde avec d’autres enjeux que quelques bribes rachitiques d’amour et d’attention parentale. C’est une chienne bien dressée à rapporter. »

Le doigt tomba lourdement sur le tissu du couvre lit le tâchant un peu plus de son fluide abject à la teinte non moins répugnante. Toutefois sa main ne retourna pas près du corps à qui elle appartenait, elle vint attraper fermement la nuque de Grâce qui s’en raidit d’autant plus. Le toucher de sa peau était une insulte aussi intolérable que toute celle que sa bouche pouvait proférer.

D’Alchas n’avait pas seulement fissuré le masque, il l’avait fait voler en éclat. Sûrement pensait-il la faire se prostrer de terreur, pourtant, ce ne fut pas tout à fait l’effet obtenu. La jeune femme avait peur, c'était un fait, elle avait peur pour ceux dont il menaçait la vie, elle avait peur pour elle-même, mais cette crainte n’était pas paralysante, cette crainte était un catalyseur, un réactif, qui alimentait sa colère et sa détermination. Si elle faiblissait maintenant, tout était perdu, elle lui laisserait même un semblant d’ascendant sur elle et cette idée était inenvisageable. Attaquer, il fallait répondre, répondre pour qu’il voit, qu’il constate que même si il pouvait faire naître la crainte, il ne l’impressionnait pas.

« Faites dont Adalman. Faite dont. Mettez donc vos menaces à exécutions, tuer toutes personnes pouvant me raisonner, capable de ne persuader de faire comme il vous plaira sans faire de vagues. Je vous en fournis la liste si cela vous facilite la tâche. Éradiquez ce qui me retient de me consumer en consumant tout autour de moi. Faites-moi sombrer et je jure sur la vie de votre précieuse monture que vous sombrerez avec moi. »

Une brève pause vint ponctuer son discours.

« N’oubliez jamais qu’en dehors d’eux, je n’ai rien à perdre. Ils sont votre meilleurs moyen de pression sur ma personne. Merci, le jugement de mon cher Père et de cet abrutit de Sombrebois, grâce à eux, je n’ai plus de situation sociale et comme toute personne entre ces maudits murs, plus d’avenir. »

Elle ne hurlait pas, pourtant elle en avait toujours aussi envie, comme le jour où on lui avait appris qu’on avait vendu sa main au bâtard. Mais son visage, le reflet dans ses yeux fatigués disait tout, appuyait tout. Grâce ne jouait jamais carte sur table, avec personne et pourtant là, c'était le cas, tout ce qui franchissait ses lèvres pour aller aux oreilles d’Adalman n’était que la pure et stricte vérité.

« Je jetterais l’opprobre sur votre nom. Je vous rendrais tellement indigne aux yeux de ce père que vous redoutez tant de contredire que vous vous obstinez à préparer un mariage qui vous rebute, qu’il vous reniera. Je ferais empoisonner vos bêtes pour en distribuer la viande malsaine au peuple. »

S'il ne le savait pas, elle en avait les moyens, elle pourrait faire tout ce qu’elle lui promettait. Il ne serait pas tout le temps derrière elle, il ne pourrait la surveiller tout le temps. Il pouvait lui retirer Azhim, lui mettre une suivante toute dévouée sa cause, elle trouverait un moyen, elle trouverait toujours.

Elle voulait ponctuer tout cela de quelque chose de fort de quelque chose de parlant, quelque chose qui marquerait le bâtard. Bravant toute l’aversion qu’il lui inspirait ses lèvres vinrent se poser sur cette de l’odieux homme. C’était un baiser sans tendresse, sans sentiment, sans rien à part de l’audace et de la volonté.

« Je suis comblée, mon Amour. »

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Adalman d'Alchas



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyDim 28 Aoû 2016 - 20:59


Contrat prénuptial

with Grâce



Cette petite moue écœurée, cette grimace faible mais bien présente lui emplit le cœur d’une sérénité aussi infantile qu’outrageusement brûlante. Cela lui traça un sillon à ses émotions trop ternes, de feu et de rouge, à le marquer plus que n’importe quel coup d'estoc. Et de lui faire ressentir cela, Adalman la haït un peu plus, tout en ne pouvant détacher le regard de cette petite putain qui, osant affronter ses pupilles, s’amusait à dresser la tête et à le menacer.

Elle avait du cran, à ne pas douter – une inconscience aussi stupide qu’inutile. Alors pourquoi s’en fasciner ? Pourquoi lui porter crédit, elle qui ne valait pas même la salive gâchée de ses remontrances. Peut-être parce qu’elle lui offrait autre chose que le profil taciturne de sa mère, ou le discret témoignage honteux de l’autre, la blonde, qui n’avait jamais daigné être autre chose qu’une présence lointaine entièrement dévouée à sa sœur aînée.

Grâce de Brasey n’était pas toutes les femmes – mais comme bon nombre de femelles, elle n’avait encore rien compris. Et ce fut à rire qu’il fut brusquement coupé par son baiser.

L’impact de ses lèvres, là encore, fut une secousse assez mémorable pour le réduire au silence. Et tandis que sa sauvagerie tentait de le mordre et de lui faire comprendre à quel point son mépris d’elle lui était renvoyé, Adalman resta immobile. Sans lui rendre sans profiter. Incapable de s’avouer que c’était là son premier et que pour un premier, le frisson qu’il en ressentait était assez pertinent pour être remonté à ses pensées.

Pour ne pas être ni décrié, ni renié, ni dénié.

« Vous êtes une somptueuse salope. » Chuchota-t-il enfin, sans s’éloigner. Ses lèvres épousant les siennes à chaque mot formulé. Et son front contre le sien, son nez se glissant à la droite ou à la gauche de ses ailettes palpitant furieusement, il finit par chuchoter tout bas, sans menace. Sans tristesse.

Implacable.

« Exercez donc votre vengeance, chérie, oh faites moi ce plaisir. Que mon père me crache au visage comme vous le faites. Que mon nom soit ridiculisé, que mon héritage finisse dans le cuissage de ma sœur et que tout me soit retiré. Armure, écuries. Me laissant seul avec moi-même, avec mes poings pour me battre et vous battre. Au fond, je ne peux même pas vous promettre d'en faire de même avec vous. Sur ce terrain là, ma dulcinée, vous avez du terrain gagné d’avance. Ma pauvre répudiée... »

Et à sa nuque, ses doigts cherchèrent les mèches filandreuses et graissées de sa chevelure. Pour les caresser à peine, comme s’il flattait l’une de ses montures. Lui évitant toutefois une gifle pouvant malmener ses os de femme fragile. Avec tous les coups de poings et les griffes qu’elle se laissait pousser, Grâce ne pouvait prétendre à lui faire grand mal. Ses mots étaient son seul pouvoir. Cela, son ventre souillé et ses actes maladroits, comme ce baiser en coup porté à la moelle de ses os.

Qu’Adalman lui rendit. Faible piqure, bouche à bouche. Claquement sinistre dans cette chambre. Avant de se rassoir sur le lit plus que convenablement. Portant son regard vers la fenêtre et sourire. Loin de la haine, tout cela l’enchantait. Et presque pensivement, il vint caresser sa lèvre inférieure, épaisse et rebondie comme celle de tous métis.

« Continuez donc de vous battre et de m’égayer. Finalement, c’est beaucoup moins ennuyeux que ce que j’entrevoyais. J’y trouverai même mon plaisir, au risque de vous décevoir. Couchez avec qui vous semblera, j’aurais toujours le fil de ma lame pour corriger ces faux-pas. Je suis au regret de devoir statuer par avance sur ma propre fidélité. Je n’ai point le cul en brasier comme vous autres femelles désespérées. Comme vous avez du vous languir de ma venue… N’ayez crainte. »

Et se levant dans un craquement d’articulation et de cuir, il éclata de rire.

« Adalman est là ! »

Ramassant le doigt pour le ranger à sa poche, comme un artefact quelconque et non un membre obscène de terreur. Tournoyant dans la pièce, comme un futur départ. Si elle ne cherchait pas encore à le retenir. Si ce n’était pas que la première partie d’un tout nouveau combat. S’il n’y avait pas autre chose à laisser derrière cette porte soigneusement fermée. Pour le bien-être de tous. Leur secret.







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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyLun 29 Aoû 2016 - 2:08
La violence, le mépris, la passion, le dégoût, tout ceci était quelques-unes des réactions qu’aurait pu avoir Adalman face à ce contact plus qu’audacieux, quelque peu dédaigneux, sur ses lèvres. Finalement une sorte de mépris avait remporté la faveur du bâtard, traitant doucereusement sa promise comme une catin qui ne demandait aucun salaire pour sa peine.

Il ne s’était nullement éloigné, il ne s’était nullement emporté. Grâce avait pu sentir le souffle de chaque mot ainsi que la carasse de ses lèvres. Elle avait cette impression fraiche, presque froide de son font contre le sien brûlant. Puis sa voix, son murmure calme, trop calme. Elle avait mal, si mal et ça n’avait rien à voir avec la pique de piètre qualité qu’elle ne perçut qu’à moitié et milieux de cette impression lancinante d’avoir la tête comprimée. Et ses doigts, ses doigts qu’elle aurait aimé enlever, mais qu’elle ne voulait pas. Pour rien au monde elle aurait admis que sa présence et ses gestes, si ténus soient-ils, avait quelque chose de physiquement apaisant. N’importe qui d’autre aurait fait l’affaire, cependant, il n’y avait que lui pour l’instant.

Le mal lui donnait envie de se blottir contre quelque chose, quelqu’un et de s’endormir bercé par le doux rythme d’une respiration. Les Dieux merci Adalaman avait décidé de rompre le contact. Mademoiselle de Brasey était éprouvée par leur échange, par sa simple présence, par cette lumière. Appuyée contre sa tête de lit, elle l’avait regardé faire sa moue, et son monologue dans lequel il n’avait, bien entendu, pas oublier de glisser une petite douceur pour le genre féminin.

Reprenant le doigt, il s’était mis à rôder dans la pièce semblant attendre quelque chose, être incertain sur son départ prochain. L’occasion était là il ne fallait pas la laisser partir ou lui ne le ferait jamais. Commençant à parler d’un ton le plus calme possible, la jeune femme avait commencé à défaire ses draps découvrant ses jambes, longue, fines aux courbes délicates.

« Vous serez tellement déçu. La somptueuse salope au cul en brasier que je suis n’a nullement l’intention de vous êtes infidèle. Vous me prenez pour une idiote, mais je ne le serais assez pour vous donner un illégitime, un bâtard. Cela sera vous ou personne jusqu’à la venue d’un héritier digne de ce nom. J’espère que votre patience sera à la hauteur, même si j’en doute aux vues de vos précédentes déclarations, car la mienne sait tromper l’ennui, la monotonie et l’envie. »

Se lever n’avait pas été une partie de plaisir. Il avait parlé de se battre, où se débattre elle ne savait guère plus, tout ce qu’elle savait était que se tenir debout dans son État relevait plutôt d’une marque volonté. Son corps courbaturé n’était pas d’accord d’avoir quitté le confort de la couche.
Grâce ne s’était pas seulement contenté à se lever, elle avait également fait les quelques pas qui la séparaient d’Adalman, s’aidant du support de son lit. Une fois face à lui elle s’était mise à rajuster son habit d’une main la plus assurée possible. Laissant cette dernière vagabonder où il était opportun qu’elle aille ; le cou pour remettre le col, les épaule pour rajuster le tombé du vêtement, le torse pour lisser les plis, pas plus bas.

« J’imagine déjà que vous me traiter de vaine affabulatrice dans votre esprit si … particulier. Nous verrons bien lequel de nous deux avait raison. »

Un petit souffle amusé et un sourire en coin presque provocateur avaient accompagné cette déclaration alors que ses mains le quittaient, non sans être passé tout d’abord par sa poche pour en extraire le doigt.

« Il me semble que ceci était à mon intention. »

Le toucher était froid, un peu rigide, mais en même temps mou, presque flasque. C’était répugnant, diantre que s’était affreux. Ce n’était pas envie de garder cette chose qu’elle le réclamait seulement par défi. Il était venu pour lui montrer lui donner qu’il assume son choix jusqu’au bout. De plus elle aurait une preuve, une preuve de l’esprit douteux de son promis. Certes pas pour ses géniteurs, mais pour les autres, pour ceux qui voudraient l’aider, l’écouter.

« Je ne vous retiens nullement mon aimé, comprenez que dans la situation, le repos est plus que recommandé. Et il malheureux de constater que votre présence est trop troublante. »

Troublante, était un bon mot, assurément pas le meilleurs. Désagréable possiblement ? Non, pas réellement. Tant-pis, elle ne pouvait trouver le bon terme, tout ce qu’elle voulait trouver, c'était son lit et le sommeil, ce moment où elle souffrait moins.

« Au plaisir de vous revoir. Espérons seulement que ce ne soit que pour nos noces. »

Elle lui montrait la porte de sa main qui ne tenait pas l’annulaire tranché, celui-là même qui suintait encore un peu de sang coaguler dans sa paume. Puis elle sembla se rappeler de quelque chose, quelque chose d’important.

« Oh, à ce propos, il est de coutume que vous me fassiez un cadeau lors de la cérémonie au Temple, si vous pouviez éviter de reproduire la surprise d’aujourd’hui cela serait fort aimable pour nos familles respectives et nos invités. Si vous n’avez encore rien trouvé, j’ai toujours rêvé d’un animal de compagnie, vivant, bien entendu. Mais si cela vous semble trop audacieux, contentez-vous d’un bijou, cela fera l’affaire à défaut de faire impression. »

Ce n’était pas la stricte vérité, elle n’avait pas toujours rêvé d’une boule de poils à elle, cependant, elle était curieuse de voir comment le grand admirateur des bêtes que semblait être Adalman accueillerait cette nouvelle. Pour sa part, la Baronne s’attendait au pire, un pire qu’elle découvrirait lors de ses épousailles si elle n’arrivait nullement à les annuler, car il allait de soi qu’après un tel entretient son envie de trouver une échappatoire était encore plus vive qu’avant.

Elle se languissait de son départ, une fois qu’il aurait franchi cette porte elle pourrait faire demander Azhim. Son ordre serait sûrement un claquement sec. Mais elle avait besoin de la voir, elle avait besoin de se rassurer.
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Adalman d'AlchasBaron
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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptyJeu 1 Sep 2016 - 21:35


Contrat prénuptial

with Grâce



Comme si cela allait changer quelque chose, qu’elle ne le trompe qu’après la venue au monde de son potentiel héritier. Figé dans la pièce, sans plus hésiter à partir, entièrement dévoué à ses propos comme à cet acte misérable qui la commandait de se lever pour mieux lui tenir tête, Adalman la regarda s’avancer à son corps, tendre les mains vers lui – craignant un instant qu’elle ne lui tombe dans les bras. Et remettre en place son costume, comme toute femme envers son mari, dans une attitude presque digne qui tarit son mépris pour le remplacer par un scepticisme aussi colérique qu’incrédule. Elle soufflait le chaud et le froid par ses propos, lui promettait la fidélité pour mieux le trahir à sa suite. Et venir fouiller sa poche pour lui reprendre le doigt, clamant avec ardeur que le crime lui appartenait.

« Si le repos était votre refuge, ma dame, vous ne vous seriez pas ratée. » Annonça-t-il froidement sans réellement le penser. Conscient de sa possessivité en matière de propriété, déjà maintes et maintes fois déclamée. « Et votre stupidité vous pousse encore à quitter votre lit tout en me narguant – ah Grâce. Grâce, quand allez-vous réfléchir ? » Il y avait un ronronnement subtile à ses « r » de métis. Un accent qui ne pouvait pas lui venir de son père et qu’il ne s’expliquait certainement pas. Il avait grandis dans un cadre riche de trinité et de blancheur. Pas dans les bourgs insalubres dans lesquels naissaient les bâtards comme Azhim.

La faute devait venir à ces influences extérieures, comme celle du serviteur. Il se promit de le punir pour cela.

« Vous serez fière du cadeau. Je n’en doute pas. »
Répondit-il à sa demande avant de lever les yeux au ciel. Il lui était impensable d’avoir à dépenser un sous pour lui offrir la compagnie d’un animal – la bestiole ne méritait pas cela. Mais son amour des compagnons à poils lui fit gagner un point d’estime en son cœur. Chose qu’il s’amusa à refuser avec ferveur. N’y voyant que l’orgueil d’une femme aimant à soumettre et commander.

Puis farouchement, sans lui laisser le temps de protester, il s’avança à nouveau vers elle pour la saisir, d’un bras dans son dos moite et de l’autre sous ses genoux, l’emportant d’un geste ferme et sans effort vers le lit. Laissant sa nuque reposer sur son épaule, quitte à ce qu’elle s’y avachisse.

« Vous braillez au calme mais vous vous obligez à des actes inconscients. Vous lever fut une erreur. Je vais commander au médecin de venir procéder à la saignée. A la vue de vos rides, de votre teint, et de vos yeux ensanglantés, votre mal de crâne doit vous faire tellement souffrir... » Et cruellement, il haussa le ton. « J’en suis tellement désolé pour vous. »

« Gardez le doigt mais ne vous en occupez à des affaires salaces, je vous prie. » D’un geste, il lui remonta le drap jusqu’à la taille. Gonfla le coussin, tout en lui relevant la nuque pour mieux l’y reposer. Et recula d’un pas, la chose faite, le contentement dans son regard ambré. « Au mariage donc. Moi, contrairement à vous, je sais respecter la demande que l’on me fait. Et j’avoue que profiter de votre faiblesse ne m’amusera qu’un temps très court. Les chevaux ont plus d’attrait à mes sens et il me targue de retrouver leur saine compagnie. Reposez vous bien, ma belle dame. Soyez en forme pour ce jour béni des dieux. Je vous laisse le soin de choisir le prêtre. »

Sa langue humectant une nouvelle fois ses lèvres, Adalman tâcha de corriger – ou plutôt, de préciser – ce troublant aveux.

« Vous m’avez donné assez de peine ces jours-ci pour que je m’occupe encore de ces noces. Puis, vous aimez diriger. Alors autant vous faire plaisir sur ce point. »

Au moins si son choix venait à salir la noce de quelques propos malencontreux, serait-elle la seule à blâmer.







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Grâce de Brasey



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MessageSujet: Re: Contrat prénuptial [Adalman - Terminé]   Contrat prénuptial [Adalman - Terminé] EmptySam 3 Sep 2016 - 17:49
Réfléchir, elle ne faisait que cela tandis que lui se complaisait et l’enfonçait dans son inconfort qu’il semblait se prendre à apprécier, ce qui n’était nullement pour aider la demoiselle. S'il se prenait d’affection, non pas pour elle, elle n’avait nullement cette prétention ni réellement l’envie qu’il s’attache réellement, mais pour l’amusement que lui procurait cette situation, tout semblait compromis.

Lui pouvait ne pas en douter, cependant, elle restait sur la réserve. Après, Grâce se refusait à admettre qu’elle songeait très fortement que le bâtard soit plus intelligent que cela. Un coup d’éclat comme celui du doigt on pouvait se le permettre en privé, toutefois pas en public et il devait parfaitement en être au courant.

Mademoiselle de Brassey et un mouvement de recul quand Adalman s’approcha, mais pas assez, pas assez pour qu’il ne puisse la saisir, une main dans son dos, une main sous ses jambes. Elle en lâcha une brève exclamation de surprise. Le mouvement brusque avait déjà ébranlé l’esprit de la jeune femme et la voix forte de l’infect promis tout proche de son oreille l’acheva. Ce n’était plus supportable, elle avait l’impression que sa tête allait se déchirer, explosée, se liquéfier, n’importe quoi qui attenterait à son intégrité.

Qu’il devait être fier de lui le goujat à la voir essayer de rendre la douleur supportable en se massant les tempes tandis qu’il faisait de répugnant sous-entendu et la bordait comme une enfant.
Qu’il parte, qu’il parte simplement, peu importe ce qu’il voulait lui céder, de toute façon cela serait forcément un présent empoisonné.

Entendre les pas d’Alchas s’éloigner dans le couloir, de l’autre côté de la porte close, tout sembla se clamer, sa tête, toujours douloureux semblant moins intenable. Toujours cette lumière cette affreuse clarté blanchâtre. Fermant les yeux, Grâce respira profondément, dans quel tas de lisier infâme son père l’avait-il lâché sans même prendre la peine de lui en dire un mot, un unique mot, avant.

Une femme de chambre frappa timidement à la porte avant d’entrer. L’occupante des lieux n’ouvrit même pas les paupières.

« Fermez ces rideaux et trouvez Azhim. Tout de suite. »

Nullement d’humeur à être cordiale, son ton était grondant. Dans sa main la chaire froide et flasque du doigt.

« Et trouvez-moi de l’alcool, de l’alcool fort, j’ai un présent à mettre en conservation. »

La domestique eut un moment d’hésitation, se demandant si elle avait bien entendu, puis bredouilla une approbation et s’éclipsa comme si elle n’avait jamais été là.
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