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 Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]

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MalachiteMiséreux
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MessageSujet: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 8 Oct 2015 - 20:03
J'aime ce bar. Je suis tombé assez vite dessus à mon arrivée à Marbrume, comme attiré - par le prix réduit, surtout. Je sais que j'y croiserais personne que je connais, c'est le rendez-vous d'une population plus vieille que mes copains habituels, ceux qui boivent en espérant pas se réveiller le lendemain. Ouais OK ces derniers temps on est plus nombreux à boire seul, trop, et jusque dans le mal, rapport à la fin du monde et tout, mais faut quand même se sentir salement acculé pour en arriver au niveau des clients locaux. Le gérant a eu la bonne idée d'avoir une salle pour fumer l'opium, histoire de vraiment détruire jusqu'au dernier soupçon de lucidité qui pourrait survivre dans le chaos chimique. Moi j'touche pas à ça parce que ça me fait tousser et me rend malade, mais la compagnie des grosses loques en train de piquer du nez me gêne pas. En plus j'me fais payer plein de coups à boire rapport que je suis jeune et que certains déchets du coin aime bien voir quelque chose qui suinte pas le désespoir par tous les pores. Un genre de mascotte de la loose quoi.

Avant les... événements récents, j'abusais pas de ce lieu, parce que la compagnie de mecs capable d'ânonner pendant des heures tous les malheurs horribles qui leur sont arrivé dans la vie peut démonter même le plus optimiste. Maintenant j'ai absolument besoin d'un QG d'arsouillage où personne ne me reconnaîtra, ne se souviendra de mon visage. Puis j'aime l'odeur, jamais j'ai été dans une autre taverne avec un fumet comme celui là. On peut à la fois sentir la brise marine et les poissons en train de crever sur le port, les exhalaisons des clients, l'odeur des corps en train de crever d'abus de toxines, la fumée d'opium, la bile vomie en grande quantité dans la ruelle juste à coté et, bien sûr, l'alcool rance. Le plafond est bas et il y a peu d'ouverture, pour bien garder l'ambiance mortifère à l'intérieur. Me demande pas pourquoi mais je m'y sens bien, habituellement.
La perspective de crever bientôt fout un peu la pression, et j'ai les boules de mourir avant d'avoir vécu. D'ailleurs, ces deux derniers mois ça a pas vraiment été une vie, plus une course contre la mort par inanition, par rencontre de Fangeux ou de milicien. J'suis fatigué, j'ai faim et j'ai mal à la main et au pied, là où on m'a tabassé bien comme il faut à m'en faire perdre des morceaux. Du coup j'suis assis et j'picole comme il faut pas : trop vite, dans un quasi silence. Jusqu'à ce que tu te rendes compte que tu tient plus vraiment debout - et c'est trop tard. Mes compagnons de beuverie excellent bien mieux que moi dans le sport de "boire-tout-seul-en-groupe", et ils sont capables d'aller se laisser mourir dans un coin sans emmerder le monde. J'ai pas encore l'expérience de faire ça. Des fois je parle avec les gens assis près de moi, des fois ils me répondent, et même qu'on rigole, mais en fait on est tous monté en boucle dans nos petits enfers personnels et on en a rien à branler de ce que raconte les autres. Surtout moi. Qu'est ce que j'en ai à foutre des problèmes maritaux d'une bande de quarantenaires ? On va tous mourir de toute façon, bientôt. Surtout moi. Je suis fatigué. J'pense à mon bled où je m'ennuyais tellement, à ma mère. J'crois que j'ai pleuré à un moment - au moins ça permettrait de dégager un peu de crasse de mon visage. J'ai vomi deux fois et j'en ai encore dans les cheveux.


Dernière édition par Ambre de Mirail le Jeu 26 Nov 2015 - 23:35, édité 2 fois (Raison : Anton fait sa diva.)
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 8 Oct 2015 - 20:53
Il faisait un froid à ne pas faire tapiner ses putains, mais ça n'expliquait pas le silence qui s'était emparé des rues désertes du Goulot. C'était au couvre-feu imposé par le duché qu'incombait l'exploit d'avoir dépeuplé la cité et ses créatures de la nuit. Bien sûr, l'exploit était de papier, et chaque venelle du quartier vous rappelait à quel point la victoire de l'ordre sur la nuit était illusoire. Ce n'était pas tant qu'on pouvait le voir. On l'entendait. Chacune de ces rues boueuses, encombrées de coins, de tournants, de constructions provisoires, s'était constituée en un labyrinthe dont il était impossible de se dépêtrer aisément. Et là où, dans la journée, les pénates vomissaient une masse d'individus pour se frayer un chemin à travers les méandres d'une ville devenu refuge de l'humanité, la nuit, elle, abritait un monde plus diffus mais présent, constitué de silhouettes inquiétantes, de conversations murmurés et de feux follets.

Les bonnes gens, cependant, étaient couchées, ou du moins calfeutrées au sein de leur foyer, et quand les trois hommes fendaient l'obscurité avec un aplomb tout relatif, les murmures se taisaient. Ces trois individus qui battaient le pavé, à leur tour, avaient repris la coutume, et deux d'entre eux chuchotaient. Mais d'une façon telle que, dans le contexte, ils devaient crier. Et ce qu'ils criaient, c'était des récriminations au troisième, qui s'orientait sans mal à travers les routes enténébrées du taudis, bien que les vapeurs de l'alcool semblaient le faire un peu tanguer. Les deux comparses n'étaient pas vraiment bien sobres non plus, mais Anton, lui, était véritablement ivre, ou plutôt, il agissait de façon à ce que les deux autres deviennent les suppôts de la raison. Car ils essayaient de le raisonner, notre bon garde. Le soleil était mort depuis des heures, et pourtant, il les tractait à travers la ville avec l'entrain d'un âne. Trois tripots, ils avaient déjà arpenté, et s'ils étaient partis douze, ils n'étaient maintenant plus qu'une demi-demi-douzaine, dont un seul irréductible.

Notre homme avait bu, et si, dans un premier temps, les libations l'avaient mis en joie, au dernier rade, la pisse qu'il ingérait depuis des heures semblaient avoir eu les influences les plus mélancoliques sur Gunof, qui s'était enfermé dans un mutisme pensif qui ne présageait rien de bon. Déjà, au deuxième débit de vin, il avait commencé à s'intéresser à la faune locale, suggérant un nom, celui de Gerolf Wulf, dit Gros-Ger, maçon de profession. Le nom était tombé dans des oreilles de sourds, mais le milicien avait persisté. Et à mesure que la dive bouteille l'eut possédé, notre balafré ne semblait avoir qu'une idée fixe : tout le monde savait à propos de Gerolf Wulf et de sa disparition, et tout le monde lui mentait.

Gerolf Wulf, pour les curieux, c'était un homme du cru. Un homme, que dis-je, un mastodonte, compagnon de jeux de l'Anton enfant, qui avait depuis quelques semaines disparu du monde des hommes, ou du moins des vivants. Cela n'avait pas l'air de travailler notre soldat plus que ça dans la journée, mais il semblerait que son surmoi d'enquêteur, aidé par la boisson, fasse de cette mystérieuse fugue un sujet capital pour Anton, qui se découvrait comme une obligation envers les amis d'enfance. Ainsi donc, le voilà la poursuite du fantôme Wulf, traînant dans sa queue deux gardes désespérés mais incapable de raisonner l'âne, qui poursuit sa tournée des grands ducs en inquisiteur infatigable.

"Allez viens Anton, on se rentre, on se meule."
"Ouais et puis demain on a rafle, Anton. Regarde, en plus il y a la patrouille qui arrive."
"REHOUL" répliqua un Anton dégurgitant, mais bien indifférent aux supplications des deux verts qui l'avaient suivi jusqu'ici. Il en avait à peine fini avec un litre de vin et d'acides digestifs qu'une patrouille et son dizainier passait.
"Servus, Gunof. Restez pas là, ça donne pas le bon exemple à la population." admonesta le dizainier sagement, qui connaissait le balafré.
"J'v... merdre, 'vous enfile tous, un par un qu'j'v'z'enfile, à la queul... à la qu... REHOUL!... 'file tous..." répartit notre enquêteur agacé par les leçons de son collègue, qui haussa les épaules et fouta le camp.

Ses acolytes conclurent qu'ils eurent son comptant, ce qui fit la plus mauvaise impression sur Anton, qui se souvint avec une force morale qu'il ne se serait jamais deviné de Gerolf, de sa disparition, de sa mère éplorée et de son épouse insatisfaite. Mû par cette volonté nouvelle, invulnérable et irraisonnable, le garde, sans plus attendre, passant un coin, piqua sur une ruelle et s'enfonça dans une taverne.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 8 Oct 2015 - 21:37
- Oh bordel de... oh bordel. PUTAIN.

Je me lève de ma chaise, en arrivant à osciller alors que je me tiens à la table. J'ai été comme frappé par la foudre. Ce visage là... je m'en souviens très bien. En fait, la mémoire me saute à la gorge avec violence. Je me souviens de tout. Ils portaient tous l'uniforme comme si ils étaient nés dedans et que ça s'était soudé à eux par la crasse. Je me souviens de l'odeur d'urine dans la cellule - disons plutôt qu'à cet instant, c'est comme si j'étais en direct live vautré dans la pisse. Ils ont ri à un moment, et je me souviens de la voix de chacun d'entre eux. Je me souviens m'être écorché l'arrière du crâne en tombant contre sa ceinture d'arme à cause d'une droite bien placée. Je me souviens de la texture de sa semelle contre mes doigts brisés. Des tas de fragments de douleur qui me remontent à la gueule, l'humiliation avec.
C'est un gros flashback qui me jaillit à la gueule, et j'suis beaucoup trop bourré pour supporter des conneries pareilles.

Mes compagnons d'arsouille prennent l'air un peu inquiet en me voyant si plein de détermination d'un seul coup. Détermination à quoi ? Je sais pas, tout détruire sous la haine, bouffer un nouveau né en rigolant, courir à poil dans la rue et violer sauvagement le premier humain qui passe, brûler la ville jusque dans ses soubassements et cracher sur les cendres. Quelque chose comme ça. J'avais le choix entre une terreur sans nom et une fureur sans limite, j'ai embrayé sur le second. Ca s'est probablement joué à rien. Peu importe.
Je me déplace vers le sale connard, relativement vite vu l'état de délabrement. Ma démarche pue l'alcool, mon regard pue l'alcool, même ma respiration est une annonce au coma éthylique. Je lutte à toute force pour pas tomber. Si je perds l'équilibre, j'le retrouverais pas avant cinq ou six heures. J'vais me planter devant le milicien, raide de rage - j'en ai même les yeux qui se révulsent un peu, l'alcool aidant - je le pointe du doigt et... j'suis trop en colère pour dire des mots. Je respire beaucoup trop fort, je grince des dents, j'arrive pas à parler. Je gargouille dans mes glaires. Me faut quelques secondes pour arriver à desserrer les mâchoires.

- 'culé de... 'culé. J'reprends ma respiration. On dirait que j'viens de démouler le bronze de l'année. J'vais t'buter sale pute. R'garde ! R'garde un peu ! Je veux lui montrer mon doigt manquant et celui qui peut plus se plier, mais j'montre rien du tout parce que ma manche est trop longue et j'ai pas assez de dextérité pour la dégager. Alors, à cours de mot - et parce que dans le fond y a rien à dire - je ramasse ce qui me tombe sous la main - c'est-à-dire une chaise - et j'essaye de le tuer avec. Droit dans sa gueule. J'crache un peu dessus aussi, et sur moi même en passant.


Dernière édition par Malachite le Jeu 8 Oct 2015 - 21:43, édité 1 fois (Raison : Anton fait encore sa diva et j'comprends rien à ce qu'il veut.)
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 8 Oct 2015 - 22:10
"Céans, le sieur Anton vous dira qu'il se rappelle de plus rien au moment où il a passé l'embrasure de ce boui-boui dégueulasse."
"Ouais."
"A la vérité, c'est la honte qui lui fait dire ça. Et pourtant il y pas honte à ressentir, hein ?"
"Ouais."
"On arrive donc dans la tenure la plus crasseuse qu'on n'a jamais vu, hein ?"
"Ouais."
"La plus crasseuse ?"
"Ouais."
"Vraiment, un dépotoir, vraiment, la place pas bien, le lieu de toutes les dérélictions."
"Ouais, ouais !"
"Bref, voilà notre gaillard qui, à peine arrivé, jette un regard de tueur sur l'assemblée ainsi réunie. Il suinte la haine, vraiment, le Gunof. Hein, il suinte la haine ?"
"Ouais ouais..."
"Alors il les regarde tous comme ça, comme un loup affamé, et puis il concentre les yeux sur le plus balaises de la bande, le type, un géant, une masse, une montagne, un..."
"Ouais, bon, ouais !"
"Bref, alors il le regarde comme ça, comme je vous regarde, et il commence à lui parler d'un maçon, mais dans des termes, vous avez pas idée, dans des termes ! Y dit qu'y sait tout, y dit qu'ils ont des informations, qu'y faut le renseigner. Il le prend même par le bras, l'animal, à défaut de pouvoir lui attraper le col, et il le secoue comme un fou furieux. Vraiment, comme un fou furieux, il est comme fou-..."
"Ouais abrège ouais."
"Oui... Bref, il fait de l'esclandre, mais personne réagit beaucoup. Y a même un murmure qui s'échappe d'où je n'sais, et moi j'entends le nom "Gunof". Les filous, ils savent à qui ils ont affaire. C'est moins la noce, d'un coup ! Gunof, lui, il s'acharne, il secoue le gorille comem si c'était du chiffon, mais l'autre bouge pas. Y baisse même les yeux, ah ! le couard. Alors Gunof, ben il crie à la cantonade qu'il veut les renseignements, que c'est vital. Que c'est de vie et de mort."
"D'une importance capitale, une question de vie ou de mort. Mais ouais."
"Voilà. Du côté de ces loufiats, c'est le silence de plomb. Il parlerait à un mur que ce serait pareille ! Alors ni une ni deux, il jette un regard, le Gunof, sur toute la foule de badauds qui mouftent pas, et il commence à te les insulter, mais vraiment, des injures que j'oserais même pas répéter ici. Des miracles de dégueulasseries que j'aurais même pas idée, hein, que c'est vraiment, hein ?"
"Ouais, ah putain, ouais !"
"Mais la masse, ces mufles là, ils bronchent pas. Gunof il est colère. Je croyais même qu'il allait s'en faire un, tien, juste à la rage, mais non. Il se distingue par son contrôle, pour cette fois-ci, il se penche sur une table qui servait de servoir, et demande à consommer. L'ambiance, là, elle se détend, naturellement. On boit, on boit, on retient le garde Gunof, qui a comme des fulgurations de haine envers et contre tout le monde, en somme on demande rien à personne."
"Ouais."
"Et voilà pas ce qui se ramène, un pécore de la dernière classe, le genre sans dent, pas un poil au menton, plus désinhibé que l'aurait voulu sa santé, le tout enveloppé dans trentre livre de mauvais vin."
"Le genre louche. Ouais, ouais."
"Le genre louche, donc. Enfin pas clair, le gars. Y se plante devant nous, qu'on n'a rien demandé !, et commence à maugréer des choses pas possibles, pas compréhensibles. Des enculés par ci, des fils de pute par çà. Jamais j'ai vu une grimace pareil sur la tête à Gunof. Comme le gars en avait visiblement après lui, moi je me tourne à son adresse, 'cas où c'est un vieux copain ou quoi. Et là son visage : déjà bien injecté par le sang, j'vois l'oeil qui s'écarquille lentement, inexorablement, avec la gueule qui suit. D'un coup, c'est comme s'il était mort : y pâlit cadavre, y se décompose sous mes yeux. Juste après, il a les joues, - ces joues tudiable ! -, qui rougissent plus que de raison."
"Rouge, les joues, ouais."
"Il allait broncher un mot, comme pour lui donner une dernière chance, au badaud, quand là BADABOUM, une chaise, - elle sort de nulle part ! - vient agripper la face au garde Gunof. Là. Juste là !"
le vert montre le côté de sa mâchoire, à gauche, en bas.
"Ouais." opine son frère d'armes.
"Et même pas qu'il a finit de lui jeter le meuble à la face que le mec crache de concert, du style le glaviot de haine, vous me suivez."
"Ouais."
"Je sais pas comment ça s'est fait, peut-être qu'il l'a juste effleuré, peut-être que c'est l'alcool qu'a passé sa pommade, mais Gunof, ni une ni deux, il pousse un grand cri, comme un fauve ! il se jette sur l'intrus et commence à lui travailler les côtes. Ils sont à terre, déjà, et là c'est le chaos. Je dégaine sans plus tarder, et je crie à mon tour, mais un gars me bouscule et me jette à terre. Là c'est l'orage de coups, j'en ai au moins six sur moi. J'en poinçonne un, un autre, du poing, je l'assomme incontinent puis me débats avec le reste de la bande, qui est sacrément étonnée."
"Ouais..."
"Autour c'est le chaos, et moi pendant bien dix minutes, je suis tout à mes affaires, alors je laisse la parole, vu que l'autre, il a vu. Hein, que t'as vu ?"
"Ouais."
"Ben vas-y, décris, l'autre, hein, ce que t'as vu, hein ?"
"Ouais. Ben Gunof, y mettait des gnons au jeune, et vice versa."
"Ouais !"
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 8 Oct 2015 - 22:58
Le gros bordel.

L'impact au sol me coupe le souffle, mais la panique d'être battu à mort m'empêche de juste laisser les coups passer. Puis j'ai une vengeance à accomplir, ça me brûle le cerveau, faut que j'le défonce. J'ai jamais autant eu envie de faire du mal à quelque chose. Puis l'alcool c'est analgésique, donc je sens pas une de mes canines se déloger lentement de ma mâchoire au fur et à mesure des droites dans la gueule. Je referme les mains autour du cou du sale connard, pour l'étrangler à lui en faire gicler les yeux, mais c'est dur d'assurer ma prise avec des doigts en moins. En plus ça glisse. Il a pas trop de mal à se tortiller pour se dégager. En plus il est plus grand que moi, et au dessus, j'arrive pas à à rendre les coups bien, putain...
Heureusement, il fait l'erreur de déplacer son poids pour mieux me cogner, ça me laisse la marge de lui foutre mon genou dans ce que j'espère être son entrejambe. J'profite de la confusion pour attraper un truc en bois à portée de main - une petit table - et lui en mettre un grand coup dans la gueule. J'essuie le sang et la morve que j'ai sur la gueule pour lui ressauter dessus juste après. J'voudrais... j'voudrais tellement voir sa tête exploser, j'ai pas assez de force dans les bras pour toute la colère que j'ai à exprimer. C'est soit il meurt soit je me tue en essayant. Je lui mets même des coups de boule alors que j'ai jamais su mettre de coup de boule proprement. C'est un miracle si je me suis pas cassé le nez.

On me tire en arrière, je décolle de terre. Quelqu'un me met une droite pour me calmer, mais ça marche pas du tout. Y a quelqu'un qui me braille des trucs, et c'est pas celui que j'ai envie de massacrer. Je lui mords le visage de toutes mes forces, avec mes dents cassés. Il se met à hurler à la mort. Pendant une brève seconde, je ressens que moi aussi j'ai pris beaucoup de coups, que mon corps hurle à la défaite par KO, mais j'en ai rien à foutre. Les mecs qui essayent de me dégager savent pas comment prendre un petit fou furieux qui se débat comme une anguille. J'crois qu'ils étaient pas trop préparé à ça, plutôt sur le point d'aller se coucher. Mais dans la taverne c'est devenue la folie, notre crise de violence a encouragé celle des autres à s'exprimer. Mais tout ça c'est que de la merde complètement négligeable, moi j'ai un type à massacrer.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyVen 9 Oct 2015 - 13:06
L'atmosphère morose, apathique, du logis avait été contaminée par l'accès de violence de notre demi-manchot. L'effet boule de neige avait fait le reste, et maintenant, c'était la foire d'empoigne. L'explication virile qu'avait décidé de donner le jeune banni à un homme de la garde avait activé un monde de forces différentes et opposées. Un compagnon de beuverie du malfrat s'était naturellement porté à la rencontre des conscrits qui accompagnaient Anton, la gueule de l'un d'entre eux ne lui revenant vraiment pas. L'élan avait été contrecarré par deux bestiaux moins imbibés ou plus aux faits du sort réservé aux individus portant la main sur un homme de Sylvrur, et l'interaction aurait pu se désamorcer tranquillement si un des apprentis miliciens, trop concentré à défourailler son poignard, n'avait pas enfoncé un demi-pied de ferraille dans la panse d'un des deux pacificateurs.

Son râle, aussi long que plaintif, résonna comme un tocsin, et une panique bruyante s'ensuivit. Le blessé s'affaissa sans un bruit, au milieu des cris et des bruits de chaises qui crissent le parquet sale. Un poing tomba sur la gueule d'un des conscrits, un tabouret se prit à voler, et chacun, enivré par les appels aux meurtres et les insultes, choisissait son camp plus ou moins consciemment. Et au milieu de ce chaos, le spectacle d'un Gunof furieux pilonnant de ses poings le rictus haineux de ce petit strangulateur de merde semblait exciter une furie mystique parmi les hommes ici assemblés.

Ils étaient, il faut dire, un digne épicentre de cette énergie malsaine qui inondait la taverne. Maintenu au sol par la masse du milicien, le rufian griffait plus qu'il n'arrivait à enserrer le cou qui pulsait d'Anton, dont la gueule furibonde tournait cramoisie sous l'effet combiné de la colère, de la suffocation et e de l'effort qu'il déployait. Il tentait tant bien que mal d’assommer la bête à coup de paluches quand le manque d'air fit parvenir l'information à son cerveau brumeux. Il se mit à jouer des coudes, à se rejeter en arrière, se cabrer. L'entrave s'est déliée, l'air revient. Il s'étaient désormais relevés. D'une main, Anton soufflait le chaud et le froid, feintant, parant, frappant tandis que l'autre cherchait parmi le fatras de son manteau la garde de sa katzbalger, sans y parvenir.

Le voilà agacé, Anton, incapable de remédier plus définitivement à la situation de ce chien galeux. Son cou mal en point le renseigna timidement sur son état, sa mâchoire et son visage, un peu tuméfié, envoyèrent également une douleur, légère mais lancinante, à son esprit, ce qui le piqua un peu plus à vif. Abandonnant son projet d'éviscération à la lame, il opta pour l'étranglement, pour lui montrer comment faisaient les professionnels. Mais comme il balançait sa carcasse sur l'enragé, celui-ci contrecarra l'assaut avec le choc de son genou au niveau des génitoires de notre héros. Le rembourrage textile de sa braguette atténua les dégâts, alliant en cet instant mauvais goût et utilité avec succès, mais laissa Gunof pantois. L'initiative était perdue, et notre garde tint plus lieu de mannequin que d'adversaire par la suite, encaissant, sans broncher mais sans arriver à se dégager la moindre ouverture. Il esquissa bien quelques coups, mais l'énergie était du côté de la jeunesse.

Le ballet se compliqua, d'autres gars intervenant en faveur de Gunof. Il n'arrivait pas à les distinguer : son œil droit contusionné n'était plus qu'une plissure, son œil gauche était gêné par le sang qui sourdait de son arcade. Sa tête scandait un martelage infernal, et comme un malheur n'arrive jamais seul, des gars gueulaient bien trop près des oreilles du garde. La bagarre prenait des allures de bousculade. On distrayait le jeune diable pour une poignée de précieuse secondes, pendant au moins deux inspirations. L'air survole sa langue au goût de fer, s'enfonce dans sa trachée endolorie, infiltre chaque parcelle de son corps. Il cligne de l’œil. Ses poings se ferment, ils passent sur son front. Il revit.

Il avait dégrisé.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 15 Oct 2015 - 13:50
Les mecs qui me tiennent, je les bourre de coups de pied et de morsures comme c'est pas possible. Ces cons me tiennent les bras alors que j'ai encore plein de parties du corps à disposition pour faire mal. J'profite d'un léger relâchement survenu après avoir mordu le visage d'un gars pour arquer le dos et me dégager de ces connards qui font le double de mon poids. Je m'écroule sur du mobilier vétuste pour finir sur un plancher couvert de bière de sang et de bave. Ensuite je me faufile entre les jambes histoire de prendre un peu de recul. Faut dire que je suis bien motivé. J'suis pas sûr que les miliciens soient très préoccupés par l'ordre public, mais moi même si j'avais pas un connard à tuer, maintenant j'ai ma vie à sauver. J'doute qu'on me laisse tranquillement gambader après ça. Je prends pas le large hein ! Je réfléchis à la suite des événements. Ivre mort.

Si moi j'ai temporairement arrêté de foutre la merde, c'est pas le cas de mes compagnons de beuverie. J'vois un type qu'on a poussé du pied contre un mur, et... y a du sang partout. J'le connais ce type, il m'a raconté sa vie plusieurs fois. Marin ou un truc comme ça, puis une maladie des poumons l'a empêché de bosser alors il se bourre la gueule jusqu'à l'inconscience en attendant de mourir. P'tète une femme qui l'a quitté, je sais plus - c'est toujours une histoire de femme qui s'est tirée de toute façon. Puis j'prends conscience...
C'est le bordel quoi. La grosse bagarre de taverne de tout le monde contre tout le monde. Avec des miliciens dans le tas.

Dans un surprenant moment de lucidité, j'comprends la dynamique sociale qui a poussé à ce que tout se barre en couille comme ça. Y a eu la bagarre entre moi et le connard, mais les autres étaient trop bourré pour voir de quoi il s'agissait. Ils ont juste vu la violence. Et comme ce type de public est toujours à un jet de pierre de la paranoïa bah... voilà. Et l'uniforme des miliciens n'a rien arrangé du tout, en fait on voit que ça si on est pas très tranquille avec les autorités. Et quelqu'un s'est pris un coup de couteau. Autant de sang, ça peut rendre nerveux. Y a même un mec qui a glissé dedans et ça a éclaboussé partout.
Je chope le blessé sous les aisselles pour le tirer dehors, là où y a les gogues. C'est pas par philanthropie hein, sois pas con, c'est juste deux neurones un peu moins imbibés que les autres qui ont tilté. Comme je t'ai dit, j'ai pillé des cadavres sur les champs de bataille et ce réflexe de survie m'est revenu dans l'urgence. Dès que j'vois un cadavre j'ai envie de lui faucher ses bottes, le pur réflexe qui passe à aucun moment par la raison. J'ai financé mon voyage jusqu'à Marbrume avec ces conneries là. Puis j'ai vraiment besoin de grolles, là j'ai que des morceaux de cuir enroulés autour de mes pieds ça ressemble à rien. Enfin... là c'est pas un choix rationnel, même si j'essaye de le présenter comme ça, c'est juste que ça me fait vriller de voir de la tripaille partout.

C'est assez surréaliste de me retrouver dehors, au calme, avec les étoiles au dessus de moi, accroupi en train d'enfiler des bottes trop grandes avec des gestes d'automates. Le type a à peine gémit quand je lui ai retiré. C'est pas que la perte de sang, j'dois dire qu'il pue la merde aussi : les intestins ont été percé. Il est foutu. J'ai déjà vu ça, c'est horrible comme mort. Heureusement qu'il est bourré. J'lui fait bien sûr les poches. il est pauvre, mais il a... un couteau. Pas vraiment une arme, vu qu'il sent encore la rillettes et qu'il est pas si aiguisé que ça. Mais assez pointu quand même, et relativement long histoire de flatter la virilité du possesseur.
Le stress.

C'est une chose de mettre des droites, c'en est une autre de se dire qu'on va froidement enfoncer du métal dans ses contemporains. J'ai jamais eu les nerfs pour ça. Quand tu sors un couteau dans une bagarre, ça met tout de suite les enjeux beaucoup plus haut. J'ai trop chaud d'un coup. J'essaye d'essuyer le sang et la sueur de mon visage, mais vu que ma manche est aussi crado que le reste j'fais qu'étaler de la crasse. J'essaye de réfléchir, accroupi à coté d'un mec qui est de moins en moins vivant. Le connard porte des pièces d'armure, du coup il faudrait que je vise. En rajoutant aussi que j'ai pas une très bonne prise sur le manche rapport à mon doigt manquant et à l'autre qui ne se plie plus. Et j'suis bourré. Il pue la merde ce plan.
Un bruit dont j'avais pas conscience a soudain cessé, celui d'une respiration lente et douloureuse. Le mec est mort.

Bon, je sais pas ce que je vais faire, mais j'sais ce dont j'ai envie maintenant : faire un p'tit pipi trouille. Voire même un caca trouille. 'tombe bien j'suis à coté des gogues - c'est juste un trou dans le sol avec une cabane de jardin autour, qui pue comme la porte des enfers. Donc bah j'fais ça et...
j'entends des pas derrière la porte. Le bruit de quelqu'un qui se relève. Qui s'approche. Mais j'ai entendu personne sortir de la taverne. Y avait qu'une personne dans la ruelle avec moi et elle est morte. Et tu sais comme moi quelle sorte de créature peut se réveiller après la mort.
Oh putain. Putain putain putain. Si j'meurs pas mangé, j'vais mourir de trouille dans les chiottes.

Les pas s'éloignent parce que je suis en train de maintenant la porte fermées comme si ma vie en dépendait - et c'est le cas. Pourquoi me harceler moi quand y a une taverne pleine de gens en train de se bagarrer qui vont rien voir venir hein ? C'est très méthodique dans le meurtre ces bêtes là. Et là me vient le plan le plus horrible du monde. Si j'bloque les portes, le connard finira bien par mourir à cause du Fangeux. Mais j'peux pas faire ça ! ... ou juste bloquer la porte d'entrée, laisser un maximum de gens sortir par celle de derrière et enfermer les miliciens ?
Bah viens on fait ça, c'est quand même beaucoup plus jouable qu'un coup de couteau.
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Anton GunofBoucher
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyDim 25 Oct 2015 - 14:40
"GENUG DAMIT!" La voix du garde Gunof était enrouée et mal assurée, les relents d'alcool résistant encore à sa volonté renouvelée, mais son regard, tout colère, avait dissipé la brume qui l'habitait auparavant. Plus que ce cri rauque appelant à l'ordre et l'autorité naturelle très relative de notre soldat alcoolisé aux habits déchirés et froissés, c'était la katzbalger dégainée, reflétant les lueurs de bougies timides qui venaient s'accrocher sur l'acier acéré, qui portait vraiment le message.

La bagarre, sans être devenue bon enfant, avait perdu en intensité. Beaucoup des malentendus avaient été conclus ou dissipés, et au sol, allongés sur un parquet grumeleux d'une terre gorgé de sang, des corps glougloutaient discrètement leurs affres. Les poignards des deux apprentis miliciens d'Anton Gunof, plus que n'importe quelle autre arme de fortune qui avaient été usées dans l'algarade générale, avaient fait le gros du dégât. La crainte de se faire poiçonner avait vite pris place dans l'équation de vengeance et de rage alcoolique qui soutenaient jusque là la violence des habitués. Les plus mauvais voulurent donner de nouveau cour à la force, se faire justice de ces soldats en goguettes qui avaient provoqué mort et blessure, mais le gros de la clientèle remuaient sans trop savoir que faire, tempérant, passivement ou activement, les accès des inconscients.

Leurs positions respectives n'aidaient cependant pas à calmer la tension qui existait. Nos soldats s'étaient retrouvés, éducation militaire oblige, côté à côté, dos à un mur, les lames tendues à l'horizontal en direction de la masse. L'idée de la confrontation planait dans l'espace, mais on réfléchissait sérieusement à la trêve que semblait commander Anton. C'était sans compter sur les surprises de l'agresseur primitif. Ce dernier, qui avait disparu de la pièce, Anton en était persuadé, reparut. Le culot de ce garçon ne s'arrêta pas là, et avant que le garde put reprendre ses esprits, Malachite gueula à la cantonnade de foutre le camp d'ici. Cela aurait pu en rester là, et l'affaire aurait été réglé en un coup de katzbalger à travers les côtes, ce que notre héros à la gueule tuméfiée s'apprêtait à faire, quand un cri, trop connu par celui-ci pour qu'il n'y prêtât pas garde, perça le silence relatif à l'arrière du groupe des habitués. L'un d'entre eux se débattit comme un fou, esquissa un hurlement de stupeur et de douleur avant que la grosse boule chevelue d'une tête vint s'enrouler sur sa gorge dans une fulguration. La voix de la victime fut aspirer par la gueule du revenant qui le maintint entièrement. Un temps de flottement passa, long d'une demi-seconde, et la panique se susbstitua à la tension. Déjà tous se jetaient en direction du banni, vers la sortie, sous le nouveau cri du Fangeux victorieux qui, une fois la vie certaine de s'échapper de sa première victime, se jeta dans la cohue, sous les yeux atterrés d'un Anton partagé entre le meurtre de Malachite et son devoir.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyLun 26 Oct 2015 - 14:48
Evidemment, je n'avais pas prévu le gros mouvement de panique qui m'arriva droit dans la gueule. Cinq cents kilos de mecs bourrés me foncèrent dessus, vu que j'étais bêtement dans le passage. J'ai vu du sang voler, mais c'était pas le mien, puis le ciel étoilé vu que j'étais en train de me casser la gueule. La foule se coinça dans la ruelle dans un cas typique de "personne peut bouger parce que tout le monde coince tout le monde". Quelqu'un me marcha sur la main, puis carrément sur le torse. J'ai soudain réalisé que j'pouvais parfaitement mourir dans un mouvement de foule de la façon la plus conne du monde : piétiné par des mecs bourrés, entre les gogues et un tas d'ordure. Dans un élan de panique je me suis accroché à une jambe pour revenir parmi les vivants.

Pendant ce temps, le Fangeux avait toute latitude pour assassiner des gens. Très agile ces bêtes là. De son vivant, le mec avait sans doute jamais fait preuve d'autant de vivacité. Il sautait en arrière pour esquiver les coups de lame et envoya son bras tellement fort dans la gueule d'un mec bourré que sa mâchoire s'en décrocha à moitié. Mais vraiment. Genre la gueule déchirée, la langue qui pend beaucoup trop. C'était sale à voir. Je crois que l'image s'est imprimé dans mon cerveau et que j'y repenserai encore dans quarante ans - si je suis toujours vivant à ce moment là. Déjà faudrait que j'arrive à tenir sur mes jambes dans cette troupe en panique qui essaye de s'enfuir par cinq directions en même temps - c'est comme être coincé dans un pogo avec des rugbymen. Je me retrouve projeté contre un mur en brique, je sais pas lequel je sais pas où. Y a une gouttière à coté. Je m'y accroche comme une moule à son rocher pendant une tempête. Pendant ce temps le Fangeux s'amuse bien et saute partout pour bloquer la fuite des gens, et foutre sa merde.

J'escalade la gouttière pour grimper sur le toit de la taverne. J'suis obligé de foutre un coup de pied dans le visage d'un ex-compagnon de beuverie parce qu'il s'accroche à ma jambe pour essayer de me suivre, comme un con. Comme si j'étais capable de tracter un mec avec un bide à bière digne d'une citerne. Ca m'a pas fait plaisir de lui péter le nez, mais j'étais bien obligé. Pour essayer de me racheter, j'arrache une tuile du toit pour la balancer à la gueule du Fangeux. 'fin j'essaye. En fait c'est un milicien qui se prend 5kg de terre cuite en pleine face. Il s'écroule, et le monstre lui saute dessus. Merde. Je me sens un peu con. Et c'est pas le connard que j'voulais buter qui l'a prise ! C'est un autre que je connais pas. Ouais, on en a pas parlé du connard, mais là... ben un Fangeux en pleine ville ça reste une priorité. Puis j'ai failli me faire piétiner quand même. Si j'ai l'occasion je le planterais, mais ça me semble un peu compromis.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyJeu 29 Oct 2015 - 18:33
La précédente cohue, celle qui était née de cette fameuse bagarre initiatrice entre le quasi-manchot et notre héros éméché, avait déjà profondément révolutionné la décoration de cette mansarde interlope, pourtant déjà pas piquée des hanetons. Les rares bougies qui n'avaient pas été éteintes ou tordues par la mêlée générale, c'est la fuite éperdue de la clientèle locale, poussée au cul dehors par l'apparition aussi subite que désastreuse d'une de ces monstruosités nocturnes qui faisaient le quotidien de l'humanité (comprendre le royaume de Langres), qui les faucha.

A l'ambiance tamisée d'autrefois, de ce naguère d'il y a quelques minutes, à cette pièce à jouer et à boire qui enserrait une soixantaine de fesses silencieuses et endolories par le bois dur des tabourets et des bancs, il ne restait plus qu'un fatras de meubles renversés, cassés, plaqués sur le parquet grumeleux du sang de ceux qui, confrontés à la milice en goguette ou l'intrus fangeux, n'avaient pas su, dans le chaos, s'épargner un espace sûr de tout coup mortel. Une bougie irréductible, plantée parmi une mare de cire froide ayant fait sienne le comptoir du malheureux propriétaire, projetait une faible lumière et mille ombres. Enfin, nichée à un clou, dans un recoin d'un plafond bas et irrégulier, une lampe crachotait, elle aussi, un peu de son huile faite flamme, maigre éclairage. Maigre éclairage dans cette pièce jonchée d'obstacles scabreux, de cadavres traîtres et de d'hémoglobines en flaque. Sans oublier, bien sûr, notre Fangeux qui, dans une noirceur plus obscure qu'au dehors, se campaient dans les points d'ombres comme une anguille sous roche.

Ce spectacle horrifiant, tant par le décor qu'il offrait que les nombreux refuges qu'il donnait à la bête vicieuse, il n'était donné qu'à une poignée. Au loin, vers la ruelle, vers l'échappatoire, la rumeur des habitués pantelants sourdait sans arriver tout à fait à étrangler le silence délétère qui hantait le logis transformé en mortuaire. Il ne restait, de la joyeuse assemblée, que trois hommes, et non des moindres ! Ces héros par la force des circonstances, ici Anton et un de ses verts ainsi que le tenancier, un homme d'un certain embonpoint qui ne s'était pas senti à se risquer hors de la palissade de tonneaux presque pleins qui composait son comptoir, par avarice ou par peur, prenaient peu à peu conscience de leur isolement, leur hébétude renforcée par les grognements rauques que la goule amusée faisait naître de nulle part et partout à la fois.

Etait-ce le courage, une soudaine envie de risquer une vie qu'il n'estimait plus guère ou bien la conviction d'entendre dans la respiration lourde et entrecoupée de borborygmes peu ragoûtants d'un moribond étalé au milieu de la pièce la voix de son compagnon de beuverie et subalterne qui dissuada Anton de vider les lieux ? On ne sait pas, mais sa décision fit celle de son autre conscrit, qui resta à ses côtés avec une certaine bravoure. Ainsi les deux hommes, ayant pris la mesure de leur situation, s'avancèrent comme un seul vers le centre de la pièce, d'un pas prudent, l'épée levée jusqu'au torse. Le propriétaire avait quant à lui sortit de sous son cathèdre, une magnifique pièce d'art échangé contre un tonnelet de pisse à quelque grand-prêtre depuis disparu, une arbalète aussi volumineuse qu'archaïque. Mais chargée. Il mirait aux alentours, l'oreille en alerte, près à faire cracher l'arme au premier bruit, au premier mouvement.

Un genre de feulement guttural parvint d'un coin de la pièce, dans la pénombre, et les regards se tournèrent incontinent en ce sens. On aurait presque prêté de l'arrogance à la créature tant la feinte avait été vicieuse : se propulsant d'un décombre de table, de l'autre côté de la pièce et dans un hurlement terrible, surgit la goule, fonçant sus au vert d'Anton, qui, comme lui, n'y vit que du feu. Les bras puissants du pestiféré s'attachaient déjà aux épaules de sa victime, et c'en fût fait de sa gorge chaude si un cliquetis, suivi d'un nouveau cri de la bête, mais de douleur cette fois (ou de surprise), ne lui avait pas fait lâchéer prise sous l'effet du choc du carreau que, dans un tir parfait, notre aubergiste avait décoché instinctivement.

Il n'y eut cependant pas de répit. Au sol, la bête, d'un coup de paluche à la jambe, fit mettre genou à terre à sa victime, qui sentit deux rangées de traverser la manche et la chair qui recouvrait son bras de poignard. Déjà remis du carreau qui s'était enfoncé dans une de ses hanches, le Fangeux jetait à terre le conscrit neutralisé tout en se redressant. C'était sans compter sur le bras qui l'attrapa au cou. Sans parvenir à l'immobiliser complètement le monstre, Anton était passé à l'offensive. Elle voulut crier, la bête, mais la clef-de-bras l'étouffa, tandis que la lame du garde, dans un mouvement tremblant, brisait plus qu'elle ne tranchait son tibia, multipliant les coups tant qu'il put avant d'être dégagé violemment jusqu'au mur par la goule furieuse. Celle-ci déclara forfait pour le moment, trop exposée à la chiche lueur de la lampe et aux invectives d'un tavernier qui avait décidé de troquer son arbalète pour divers récipients en terre qu'il jetait à son adresse. Une patte folle, le carreau la faisant saigner abondamment, la créature trouva cependant la force de décamper prestement de la pièce pour rejoindre le dehors, et un garde inconscient, qui semblait comme offert à sa voracité.
[Fiou. Fait. Je me relis pas, c'est pour les fillettes. Tu me diras ce que t'en penses. Et oublie pas que les deux potes à Anton ne doivent pas crever ! (Ils sont les élus de la Prophétie.)]
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyMar 3 Nov 2015 - 14:49
Je suis fatigué, et trop bourré. Mine de rien j'ai pris pas mal dans la gueule, et l'air froid sur le toit de la taverne brûle les plaies sur mon visage. Mes phalanges sont râpées par les coups que j'ai mis. J'appuie sur mes pieds pour me caler de façon plus stable sur les tuiles. Comme c'est une taverne merdique, la toiture est pas très bien entretenue. Y a des endroits où on voit la charpente. Le tenancier s'est pas senti obligé d'engager un couvreur après les dernières pluies de grêle. Il me reste quand même pas mal de munition pour viser le Fangeux avec mes petits bras tremblant. Je me casse les ongles à arracher de la terre cuite.

Pendant ce temps, la foule parvient peu à peu à avancer dans la ruelle pour s'enfuir. On entend des cris de douleur quand quelqu'un se fait piétiner. C'est le problème quand plusieurs dizaines de personnes veulent aller au même endroit en même temps. J'ai failli me faire broyer aussi, alors je les envie pas. Ils peuvent pas escalader comme moi parce qu'ils sont vieux et gros.
Mais je vois pas le Fangeux.

J'suis là, comme un con, ma tuile à la main, prêt à lui envoyer en travers du buffet, et j'le vois pas. Il est passé où ? Il fait sombre dans la ruelle. Putain. Comment il a pu disparaître le temps que j'arrache une tuile ? Je vois un milicien dans les vapes, et les deux autres aux aguets, du sang sur leurs armes, le tavernier est avec eux avec sa fameuse arbalète qu'il a ramené de sa brève carrière militaire, je vois les gens continuer à pousser dans la cohue. Pas de Fangeux. Je jette des regards paniqués autour de moi. Non, il n'a pas escaladé, il n'est pas juste derrière moi à prendre son élan pour me tuer. Je vois rien dans le noir ! Et cette saloperie peut rester immobile dans un coin comme une pierre. Les Fangeux les plus dangereux sont ceux qu'on voit pas. Voyons voir, il y a les toilettes, un tas d'ordure... pas un million d'endroit où se cacher. J'reste tendu, prêt à envoyer cinq kilos de terre cuite dans sa gueule de connard de cadavre.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyMar 3 Nov 2015 - 16:31
"A MOI ! A MOI ! LA GARDE, A MOI !"

L'aubergiste et son compagnon d'armes avaient porté Anton Gunof jusqu'à la porte. Le souvenir de la paluche du mangeur de morts lui comprimait encore la cage thoracique, et des bougies évasives virevoltaient à la périphérie de sa vision mal en point. Mais quand ils furent dehors, l'air glacé fouetta ses sangs, lesquels lui accordèrent un nouvel instant de conscience. Ses yeux piqués pleurèrent même un peu, ajoutant un autre petit souci à ses rétines mises à mal par les gnons et le sang qui se déversait dessus. Une fois sur ses bottes, il jeta un regard à la pénombre alentour. Au loin, s'égaillait un troupeau de mecs imbibés avec la grâce d'un auroch, laissant une poignée de blessés et de survivants seuls avec le silence de la rue. Apercevant un de ses verts à terre, de la poussière rouge sur le crâne ouvert et giflé par son collègue, le milicien se cramponna à sa katzbalger avant de jeter des coups d'œil de toutes parts. "Où est-il ? Vous le voyez ? Où ? A MOI ! A MOI ! LA GARDE, A MOI !"

"A NOUS ! A NOUS LA GARDE !" Son vert conscient se joignit à l'appel, toujours un genou à terre près de son frère d'armes comateux. Anton le releva vertement, réactivant cent muscles en souffrance par la même occasion. "T'es debout et dans mon dos, klar ?" ordonna-t-il sèchement sans parvenir à débarrasser son timbre du trémolo du gars qui a les foies. "Tu l'as vu ?" Ils jetaient le regard partout, mais il fallut que tout leur champ de vision horizontal soit passé au crible deux fois avant que Gunof ne décide de lever les yeux et apercevoir une ombre tapie contre la toiture. "Là ! Il est là !" cria-t-il nerveusement en imaginant trouver le nécrophage dans la silhouette de Malachite.


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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyMar 3 Nov 2015 - 19:14
Comment ça il est là ? Il est où de qui ? On me veut du mal, ou le Fangeux est tout près de moi et je le vois pas ? Dans les deux cas je lâche ma tuile, qui vient exploser sur le toit et en déloger quelques autres, et je me barre vers la direction opposée. Très vite. Trop. Comme j'ai dit, le tavernier s'est pas senti obligé d'appeler un couvreur depuis un bail, et la toiture part en couille depuis un moment. Y a des éléments qui glissent sous mes pieds pendant que je saute dessus, et du coup moi avec. Je me casse la gueule de tout mon long et commence à rouler vers le bord, à moitié assommé. Heureusement je dégringole pas dans la ruelle en contrebas, des éléments vermoulus de la charpente ont cédé sous le choc et je me contente de passer à travers le toit à mi-parcours.
Je suis de retour dans la taverne donc.

Un morceau de bois brisé me déchire un peu la cuisse au passage, et mes omoplates rencontre avec violence une très grosse poutre en cours de chute - ça fait mal, mais comme j'évite à dix centimètres près le coup du lapin, on va pas trop se plaindre non plus. Ensuite j'atterris en plein sur du mobilier antique, qui cède sous l'impact. Je cris un peu de douleur une fois que j'ai retrouvé mon souffle - mais pas trop non plus, vu l'environnement hostile. Ensuite, dans la confusion du choc, du sang partout, d'une de mes côtes que j'ai probablement cassé, de la douleur et de la peur de la milice et du Fangeux, je rampe vers la direction qui me semble la plus sûre dans le brouillard, la sortie principale de la taverne. Je veux juste rentrer dans mes marais ! Sortir des débris de table et de chaises c'est comme escalader une montagne. J'ai des vertiges, j'suis un peu sonné et je fais n'importe quoi, à gestes lents et tremblant.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyMer 4 Nov 2015 - 12:40
"Là ! Il est là !" s'était lourdement fourvoyé Anton. Là haut, à s'amuser sur les tuiles du boui-boui avant de s'y casser la gueule dans un fracas à réveiller les plus durs de la feuille du pâté d'habitations, ce n'était que le paria, qui subissait les conséquences d'un faisceau de décisions douteuses. En bas, les trois survivants, c’est-à-dire nos deux miliciens et le taulier, faisaient encore du vacarme, l'un appelant le Guet à la rescousse, l'autre criant n'avoir aucun visuel. Et comme ça gueulait, concentré là haut, sur le toit, comme ça admirait la gravité faire son effet sur Malachite dans un ballet de verticalité, de poutrelles et de tuiles, l'attraction de la soirée se faisait la malle. Est-ce que ça apprenait, les Fangeux ? En tout cas celui-ci avait décidé de trouver un gibier moins nombreux et plus désarmé. Pendant le tapage, l'homoncule alla se perdre dans les venelles, escaladant les colombages des maisons à la recherche d'une fenêtre mal barricadée. Il jeta des coups d'œil affamés à travers les fentes et les trous, apercevant parfois des familles en grappes réveillées par le chahut à l'extérieur, acculées dans un coin, le père de famille armé d'un bâton ou d'un poignard. Il n'était pas vu, et quand même on l'eût découvert, on préférait prier en silence de peur qu'un cri d'alarme ne provoquât la bête à entrer et dévorer femme et enfants.

Nos compagnons, ignorant ce fait, se regardaient en chien de faïence. Ils savaient où leur devoir se trouvait (dans la taverne enténébrée), mais aucun ne se sentit de l'exprimer à haute voix. Ils se prenaient à fantasmer la rumeur des bottes de miliciens débarquant au triple galop, à patienter dans l'attente d'un renfort salvateur. Ce fut l'un des deux conscrits, celui conscient évidemment, qui rompit le charme. "Je m'occupe de celui-là," annonça-t-il à propos de son copain dans les vapeurs et en se mettant à la tâche sans attendre de réponse. Quoi on ne peut pas en débattre ? pensa Anton. Pourquoi que c'est lui, l'infirmière ? Les reproches mentaux ne firent qu'un temps et se dissipèrent vite pour laisser place à l'idée peu ragoûtante de faire ce qu'on devait, de remettre les pieds dans le bouge, avec ses cadavres, sa pénombre et son fangeux en colère. "Arbalète devant," finit-il par dire au tavernier, lequel se contenta d'un hochement de tête très philosophe qui donna quelque raison au garde Gunof d'avoir honte. L'arc de fer en joue et Gunof collé derrière lui, le tenancier retourna, un pas après l'autre, dans le lieu du massacre, le cœur battant la chamade. La faible lumière, à l'intérieur, éclairait un spectacle inanimé où une chose, une seule, au milieu du carnage, perçait le tableau en se traînant laborieusement vers eux. L'aubergiste voulut tirer mais s'en garda ; il plissa les yeux pour y mieux voir, vit mieux et souffla un grand coup. "C'est juste Malachite." dit-il dans un soupir d'aise.
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MessageSujet: Re: Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé]   Ad orgasmum aeternum. [Anton] [Terminé] EmptyDim 8 Nov 2015 - 13:29
Comme je me remets du choc, le film redémarre peu à peu. Tavernier droit devant, milicien juste derrière. Tavernier pointe arbalète vers ma direction, dit des trucs. S'avance vers moi. Un p'tit jet d'adrénaline juste comme il faut vient m'aiguiller. Je me relève en serrant les dents. Le bonhomme semble plus inquiété par des Fangeux tapis dans l'ombre que par moi. Après tout, il m'a vu glandouiller chez lui depuis mes seize ans, comme qui dirait aussi proche qu'un oncle quoi. Puis on attend pas beaucoup de violence d'un mec qui vient de traverser le toit, j'ai du sang partout et l'air un peu sonné, sans parler des débris de maçonnerie dans les cheveux. Mais le sang n'est pas qu'à moi et j'suis étrangement... concentré. J'vois ce que j'ai à faire, je le fais, c'est tout.
J'ai qu'à avancer d'un pas pour coller une énorme droite au tavernier par dessus son arbalète. Il s'y attendait pas, il regardait par dessus son comptoir voir si le Fangeux faisait pas un pique-nique derrière. J'sens tous les os de mon bras résonner contre sa pommette, mon épaule encaisser ce bordel et mes phalanges... bah j'vais pas en parler. J'vais encore mon plaindre, ça va être chiant. Une grosse droite dans sa gueule quoi !

Bon je colle pas des pains à un tavernier qui m'a rien fait pour le plaisir de la gratuité. C'était pour piquer l'arbalète surtout. Me demande pas pourquoi, mais dans l'urgence des fois y a des souvenirs qui remontent, en l'occurrence un reste d'éducation militaire : comment tenir une saloperie d'arbalète par le bon bout, où qu'il faut bidouiller pour que le carreau parte. Dans mon pays, elles étaient plus petites, plus légères, mais ça reste un con d'arc en fer tendu sur un bout de bois. Bon, je suis pas un expert de ces trucs là, vu que ma formation en la matière a dû durer une grosse matinée. J'me souviens surtout comme c'était chiant de réarmer cette connerie, surtout avec des p'tits bras de gosse. Mais j'arrive à prendre quand même la position de base du manuel. Merci l'adrénaline. J'encaisse la douleur de faire des grands mouvements pareils après avoir visité toute la maçonnerie du tavernier. Ca me fait prendre une petite seconde de retard sur mon plan : faire un second trou de balle au milicien.

Je tire dans ce que j'espère être les viscères du connard. Une mort bien douloureuse pour cause de boyaux percés me semble être une bonne fin, bien thématique, même si toucher un bras ou une jambe ça serait déjà un bon souvenir. Cette saloperie d'arbalète a dévié vers le bras pendant le tir ! On peut pas attendre non plus d'un mec qui a un toit aussi pourri d'être propriétaire d'un armement de compet'. Enfin j'ai pas le temps de constater les dégâts, faut que je me casse, vite.

Je garde l'arbalète pour pas donner la chance à quelqu'un de me tirer dans le dos. Puis on sait jamais, si je croise les autres abrutis dehors, j'pourrais les menacer au cas où ils voudraient foutre la zone. Pas obligé de calculer qu'il y a pas de carreau armé dans le bidule. 'fait sombre. 'fin, j'aimerais bien sortir de la taverne... mais la porte qui est la plus proche de moi, c'est celle que j'ai bloqué de l'extérieur tout à l'heure, bravo champion ! C'était vraiment une belle idée de merde.

La fenêtre. Y a une fenêtre juste à coté. Et t'attend pas à du double-vitrage dans ce genre d'endroit. C'est un cadre en bois avec du cuir huilé tendu dessus. Le dit-cuir est le seul article de tannerie au monde capable d'être mangé aux mites. Ca se défonce bien quoi. J'vais m'enfuir par la fenêtre.
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