Dans la brume une leçon tu donneras ( PV Sydonnie )[Terminé]

La journée avait été somme toute assez tranquille, la routine pour un milicien qui faisait les missions qu'on lui attribuait sans rechigner. Celle du jour en l’occurrence avait changé quelque peu de l'ordinaire. Ce n'était pas tout les jours qu'on rendait service aux prêtres. La rumeur, parce que ce n'était que ça au final, avait eu le mérite d'attirer l'attention du Temple, et pour cause : une soit dix ans manifestation divine avait été aperçue au large des côtes de la ville. En fin de compte cela n'avait rien à voir avec la Déesse Anür mais Barral ne savait toujours pas qu'elle aurait été sa réaction si tel avait été le cas. Heureusement en fait que rien n'était vrai. Car nul doute alors qu'ils auraient bien eu du mal à contenir la foule de curieux. Ce qui aurait sitôt fait d'attirer des problèmes. Déjà que sur le chemin la rencontre avec deux bannis s'était soldé par leur mort.

La suite avait été plus pénible pour lui. Décapiter les corps pour les empêcher de se transformer par prévention n'avait pas été une mince affaire et il en était encore retourné. Boucher ou bourreau ce n'était clairement pas sa vocation. Sur le coup il avait pris sur lui, parce que quelqu'un devait le faire, mais à présent il se sentait souillé, sali, sur ses vêtements mais pas que. De retour à la caserne, après avoir fait son rapport, il s'était éclipsé dans sa modeste chambre et avait ramassé tout ce qui nécessitait un lavage. Direction les termes du temple. Ce n'était pas les bassins qui manquaient. Il pourrait s'y récurer, nettoyer ses vêtements et s'y prélasser. Voir même faire quelque brasse.

Nu comme un ver il se glissa dans l'eau tiède avec délice. Il avait choisi un coin un peu à l'écart pour profiter d'un peu d'intimité n'étant pas du genre exhibitionniste. Abandonnant ses vêtements dans une cuvette prévue à cet effet. Il se trouvait dans une sorte de baignoire privative, pour se laver. L'eau d'ailleurs était en train de prendre une couleur douteuse virant au marron-grisâtre. Il ferma les yeux et s'immergea entièrement. A sa sortie il serait propre comme un sou neuf.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

Encore une déception, encore un sentiment d’amertume, encore une boucle qui se refait sans l’ombre d’une hésitation. La journée n’avait été basé que sur une rumeur, fondée sur la non véracité d’événements, la naïveté des êtres, mais surtout la croyance que tout à chacun laisse vivre au fond de son âme. J’ai abandonné le groupe formé des deux prêtres et de Barral à la porte du temple, repartant trouver dans une démarche nonchalante l’habitation de ma chère mère. Je suis rentrée sans aucune discrétion, refermant sans minutie la porte de la demeure familiale, j’ai évité tout échange avec elle. La déception me semblait trop important, trop insurmontable sur le moment pour que j’ai réellement envie de partager ce sentiment avec elle, ou qui que ce soit d’ailleurs. Comment avais-je pu réellement croire qu’Anür allait venir jusqu’à nous, nous montrer le droit chemin, nous sortir de cette situation dramatique. Mais non, pas de sirène, pas d’Anür, rien, voilà ce que nous avions récolté. Le néant. Je suis montée dans ma chambre, récupérant des affaires trop abîmé, trop couverte de sang, trop puante pour que je puisse les remettre. Au fond, ils me ressemblaient un peu ces bout de tissus, déformé, raccommodé, usé par le temps. Enfin, quoi qu’il en soit, ils méritaient bien de se retrouver propre, tout comme moi. Faisant une boule, déposant le tout dans un petit panier, je suis ensuite redescendue annonçant à ma génitrice mon départ pour les thermes.

- « Tu rentres pour le dîner j’espère ?! »
- « Je ne sais pas. »

Elle grogne, je fais de même et je claque la porte. Sur le chemin, je ne croise personne, pour mon plus grand plaisir, je n’ai pas envie d’échanger, de me forcer à entretenir des relations courtoises avec des individus que je n’apprécie pas. Mon pas est rapide, je veux faire vite. Aussi étrange que celui puisse paraître, je n’aime pas les thermes, pour une raison simple. Ma peur de l’eau. Je ne sais pas nager et l’idée même de me retrouver la tête sous l’eau m’angoisse, alors imaginer me retrouver dans un bassin, non, ce n’est pas envisageable. Mon objectif est simple, rendre un aspect propre à mes vêtements, rien de plus. Je passe l’entrée du temple avec un sourire courtois sur les lèvres, je représente tout de même la milice, je ne peux pas me permettre de montrer une mauvaise humeur ici. Comme à mon habitude, je me sens plus chez moi au temple, que dans l’habitation de ma génitrice, je connais la plupart des prêtresses que j’admire avec une réelle sincérité. Je prends les directions des thermes, m’arrêtant devant une nouvelle croyante qui m’interpelle.

- « Vous allez retrouver votre collègue, il est passé peu de temps avant vous.»
- « Mon collègue ? »
- « Oui le milicien de l’extérieur »
- « Hurmf… Certainement. »

Je me suis sentie dans l’obligation de la remercier pour l’indication, repoussant gentiment, mais fermement sa proposition de m’accompagner jusqu’à mon collègue. Je dépose sur le passage mes affaires dans le récipient, laissant le tout tremper, je devais à présent faire preuve de patience. Mes yeux se perdent un instant sur les différents passant, avec un sentiment d’incompréhension. Comment sont-ils capables de se baigner ainsi sans aucune crainte ? Si l’eau venait à infiltrer leurs respirations, c’est la noyade et donc la mort. Je grimace légèrement, prenant la décision de lever le mystère sur l’identité du collègue présent. J’esquive les bassins, prenant bien soin de ne pas tomber, quand une responsable m’interpelle vis-à-vis de ma tenue… Bah quoi.. Qu’est-ce qu’elle à ma tenue ?! Cette fois, je ne parviens à retenir un grognement, encore moins quand elle m’entraine dans un recoin pour me faire enfiler un tissu qu’elle juge adapté pour la « détente et la baignade ». Est-ce qu’elle m’a bien regardé ? J’ai vraiment l’air détendu et apte au grand plongeon ?! En plus c’est blanc, pour représenter la pureté de chacun… Je soupir, puis l’abandonne sur place, vêtu de ce qui me semblait être un déguisement. Je retourne ensuite à mon occupation, la recherche de l’inconnu pas si inconnu. Je reconnais rapidement au loin, une silhouette familière dans un bassin. Je m’y approche lentement, mais quand j’arrive enfin, celui-ci plonge la tête sous l’eau, provoquant une montagne de frissons désagréable sur ma peau. Il est FOU. Je m’installe au bord de l’eau, risquant même à plonger mes jambes jusqu’au mollets dans l’eau, c’est le maximum que je puisse faire et… J’attends. Sauf que voilà, le temps me semble particulièrement long comme ça et ma paranoïa refait rapidement surface. S’il était parvenu à se noyer sans que personne ne puisse le voir ?! Impossible. Je m’applique à me répéter le mot plusieurs fois, histoire de me convaincre qu’il est bien vivant, juste particulièrement inconscient. Heureusement, il n’est pas bien loin, alors je fini par retirer mes jambes de l’eau… Me rapprocher… Et… Me pencher au-dessus du liquide transparent, me penchant un peu plus, avant de glisser et de tomber PLOUF. Sans réellement comprendre enchaînement je me retrouve la tête la première sous le liquide, heureusement le premier impact c’est Barral. Le choc contre lui me permet de me retrouver sur le côté de remonter rapidement à la surface paniquant, m’agrippant au bord en hyper-ventilant. Je dois paraître pitoyable… Jusqu’à ce que je me rende compte que j’ai pied… Cependant, je ne parviens pas à diminuer mon angoisse, je me retrouve vers Barral, lui offrant un peu malgré moi ma colère.

- « CA VA PAS NON ?! J’ai cru que vous vous étiez noyé. Il ne faut pas faire des choses com-… »

Mes yeux descendent lentement du visage de Barral jusqu’à plus bas, constatant que l’homme en plus d’être stupide, est complétement nu… Mon visage s’empourpre immédiatement de rouge et de nouveau instinctivement, je me retourne pour ne plus lui faire face. Encore une soirée mouvementée qui s’annonçait.

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La tête sous l'eau, Barral s'amusait à faire des bulles comme un enfant loin de s'imaginer la catastrophe qui allait se produire. Il était si bien dans cette eau tiède qui dénouait les tensions et enlevait la fatigue accumulée ces dernières de son corps. Cela faisait une éternité qu'il ne s'était pas récurer de la sorte. D'habitude c'était fait assez sommairement histoire de ne pas sentir le chameau a des lieux à la ronde. Et puis de toute façon la plupart du temps ces missions se déroulaient dans les marais ce qui se traduisait par des vêtements maculés de vase ou de liquide d'origine douteuse.

Quand tout à coup un poids tomba sur lui. Il mit quelques secondes à réaliser que quelqu'un venait de chuter dans son bain. Son dos heurta le fond du bassin. Fatalement il ouvrit la bouche et but copieusement la tasse. Par réflexe il remonta à la surface qui ne se trouvait pas bien loin, mais la quantité d'eau était suffisante pour se noyer. Il n'eut pas le temps d'en placer une qu'il fut accueilli par les propos d'une hystérique.

« CA VA PAS NON ?! J’ai cru que vous vous étiez noyé. Il ne faut pas faire des choses com-… »

-C'est vous qui avez failli me noyer ! Oui.

Fit-il en toussant pour se débarrasser de l'eau ingurgité. Il n'avait pas pour habitude de s'emporter outre mesure, mais là, elle avait fait fort. Les maladresses arrivaient , il en savait quelque chose, mais ce n'était pas comme si il n'y avait qu'un seul bassin de disponible dans les termes. Et puis comment avait-elle fait pour ne pas voir qu'il était occupé avec le tas de vêtements qui était juste à côté. Il n'avait pas encore remarqué que c'était Sydonnie. Et pire encore debout l'eau ne lui arrivait guère plus qu'en haut des jambes ! Quand il s'aperçut qu'elle le regardait et que son visage vira à l'écarlate il baissa la tête à son tour constatant que l'eau ne dissimulait guère ses attribut.

- Mais allez-y rincer vous l'oeil aussi !

A son tour il se sentait dans l'embarras et par une réaction puéril il mit ses mains devant son anatomie pour tenter de cacher ce qui pouvait l'être. Il remarqua alors que la silhouette ne lui était pas si étrangère que ça. Il connaissait cette femme. C'était la milicienne qui l'avait accompagné dans la mission précédente. Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

- Vous ! Vous m'avez suivi ? Qu'est-ce que vous me voulez ?

Le ton était sec. iBarral quitta le bassin et chercha un linge pour se couvrir avant de se rassoir laissant juste ses jambes immergés.

- C'est bon il n'y a plus rien à voir, vous pouvez vous retourner. Et couvrez-vous s'il vous plait.

Bah oui, tremper le linge qu'elle portait ne dissimulait guère ses formes. Et il préférait la prévenir avant de recevoir encore une remarque cinglante.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

- « C'est vous qui avez failli me noyer ! Oui. »
- « Mais… Mais…Absolument pas ! » rétorquais-je sur un ton légèrement boudeur.

Mes yeux le décortiquent de haut en bas, sans aucune gêne, du moins apparente. Il tousse, encore et encore et après il ose me dire qu’il n’était pas en train de se noyer ?! La bonne blague. Je plisse légèrement le nez, adoptant une mine à la fois contrariée et boudeuse. Il n’est pas vraiment reconnaissant ce milicien, tout de même, sans moi, il serait mort, les poumons inondés j’en suis certaine. Peu de personnes prennent réellement conscience de la dangerosité du liquide transparent, mais moi, je le sais, j’en suis convaincue. Cette chose aussi courante doit provoquer beaucoup de mort. Enfin, peu importe, il est vivant et moi je me déplace jusqu’au rebord, pivotant pour ne plus lui faire face, afin de ne plus avoir dans mon champ de vision son mini-lui. Je ne comprendrais jamais ses personnes, qui osent la nudité alors que n’importe qui pourrait débarquer. Pas de chance pour moi, cette fois-ci, je suis ce n’importe qui.

- « Mais allez-y rincer vous l'œil aussi ! »
- « C’est proposé si gentiment. » répondis-je ironique. « Il faut avouer que vous n’avez pas grand-chose pour cacher votre corps, vous appréciez tant que ça vous montrer, monsieur Trell ? »

Je dépose mes mains sur le rebord et m’extirpe de l’eau. Une fois sur mes deux pieds, dans une zone de sécurité, j’agrippe ma chevelure que j’entortille pour l’essorer. La prochaine fois que me vient l’idée de sauver quelqu’un, je dois vraiment m’obliger à passer mon tour. Si l’eau avait été plus profonde, c’est ma petite bouille qui serait passé vers un autre monde. Je croise les bras sous ma poitrine, plus boudeuse que précédemment.

- « Vous ! Vous m'avez suivi ? Qu'est-ce que vous me voulez ? »
- « Vous pensez vraiment que je n’ai que ça à faire, suivre un simple milicien ?! » grognais-je, amère.

Ma remarque était pleine d’incompréhension, mais surtout faisait suite à une légère vexation. Comment pouvait-il sincèrement penser que j’étais venue ici, juste pour lui. Je grogne, lâche un soupir, perplexe. Au fond, je ne pensais sincèrement pas tomber sur lui, quand la jeune croyante était venue me trouver pour m’informer qu’un collègue était ici, j’avais l’espoir de tomber sur Dante, qui ne me donnait plus signe de vie depuis quelques jours… Mais, non. J’étais tombée sur Barral en plein acte de nudiste. Je n’étais pas certaine d’avoir gagné au change, enfin, j’étais là maintenant… Autant mettre de l’eau dans son vin. Au fond, Trell n’y était pour rien sur ma déception. Peut-être pourrais-je faire l’effort d’être un minimum agréable.

- « Excusez-moi… Pour être honnête, je ne pensais pas tomber sur vous. Navré de vous avoir fait peur. »

Ma voix cette fois est légèrement plus calme, moins piquante. Je n’avais pas pour habitude de me forcer à être agréable, le contact avec les autres n’étaient pas quelques choses que j’appréciais… Mais, j’acceptais de faire des efforts… Je n’étais pas si mauvaise que ça, si ? Je me retourne, quand il m’indique qu’il est couvert, sans réellement faire attention à la fin de sa phrase. J’hausse simplement les épaules, l’avisant une nouvelle fois.

- « Comment ça me couvrir, vous ne voyez pas que je porte la tenue du temple…. Adapté justement pour les baignades ? C’est une prêtresse qui m’a obligé à la porter. » avouais-je.

Mes yeux abandonnent mon interlocuteur, pour détailler ma propre silhouette. Ma bouche s’entrouvre et mes joues s’empourprent de nouveau de rose. Adapté hein qu’elle disait, non mais je rêve. Instinctivement je passe un bras devant ma poitrine et tire de l’autre sur le tissu qui colle à mon corps. A ce stade, ce n’est même plus un tissu mais une seconde peau. J’enrage.

- « Je.. Enfin… Ne me regardez pas Trell.. Vous allez passer pour un pervers ! » je fais une pause. « Vous permettez ?! »

Je regarde le linge par terre, il n’est pas à moi mais tant pis… J’attrape une chemise de Barral qui traine sur le sol et l’enfile. Propre ou pas, c’est le cadet de mes soucis, je veux simplement me couvrir. Ma petite taille joue en ma faveur plus que le tissu descend suffisamment bas pour que je me sente moins découvert. Je m’approche jusqu’à lui, pour m’installer à ses côtés, imitant son comportement, laissant juste mes pieds tremper dans l’eau. Cette fois, je suis décidée à être un peu plus agréable… Le pauvre homme a dû me prendre pour une hystérique, alors qu’au fond, je me suis simplement inquiétée pour lui. Je reprends la parole avec un peu plus de douceur.

- « Je suis sincèrement désolée Barral. J’ai une crainte importante de l’eau, alors quand j’ai vu que vous ne vous remontiez pas… J’ai cru que vous vous étiez noyé… C’est bête je sais. »

Mon aveu est particulièrement sincère, même si beaucoup me perçoive comme une femme peu agréable, il n’en est rien. Je ne suis pas qu’une râleuse, boudeuse, colérique et inconsciente… Je suis aussi douce et attentive. J’hausse les épaules, perplexe par tout ça, est-ce que mes explications vont suffirent, je ne sais pas vraiment m’excuser, je ne fais pas ça souvent, mais pour le coup, je dois bien admettre que j’ai peut-être un peu exagéré.

- « Je ne sais pas nager, je suppose que ça n’aide pas… A chaque fois que je me retrouve dans l’eau, c’est une véritable crise de panique » je lâche un petit rire nerveux. « C’est stupide je sais… On a tous nos craintes je suppose. »

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La discussion était houleuse et la tension palpable entre les deux miliciens. Heureusement ils se tenaient dans une zone peu fréquentée, cela éviterait des témoins gênants de la scène plutôt cocasse. Après un échange de propos assez virulents des deux côtés, il semblerait que le calme était en train de s'installer à nouveau. Chacun retrouvant un ton plus normal pour une discussion entre collègue. Pour combien de temps ?

-Je ne suis ni pervers ni exhibitionniste.

Et bien voilà une drôle de façon de faire une connaissance plus approfondie de sa collègue milicienne. Au moins ils étaient quitte tout les deux. Embarrassés aussi. Il lui avait fait simplement la remarque que le vêtement qu'elle portait ne masquer pratiquement plus rien justement pour ne pas se faire accuser de voyeurisme. Si seulement elle savait que les femmes ne lui faisait pas d'effet...Il se détourna le temps qu'elle trouve une tenue plus convenable.

« Excusez-moi… Pour être honnête, je ne pensais pas tomber sur vous. Navré de vous avoir fait peur. »

- Bah, vous êtes bel et bien tomber sur moi, même si ce n'est pas moi que vous cherchiez, le fait est que je ne m'attendais pas du tout à recevoir quelqu'un sur mes genoux...surtout en ayant choisi exprès une zone des termes un peu reculée.

Il avait incliné la tête en signe d'acceptation de sa demande, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle ramasse une de ses chemises pour l'enfiler. Là il grimaça légèrement, non pas qu'il ne voulait pas qu'elle la porte, mais si ces vêtements trainaient là c'est qu'ils avaient besoin d'être nettoyés. Comment lui dire sans la froisser à nouveau ? De toute façon elle s'en apercevrait bien vite à l'odeur.

« Je suis sincèrement désolée Barral. J’ai une crainte importante de l’eau, alors quand j’ai vu que vous ne vous remontiez pas… J’ai cru que vous vous étiez noyé… C’est bête je sais. »

Elle s'excusait à nouveau. Et il comprenait mieux maintenant sa réaction.

- J'ai passé plus de dix années en mer, alors il a bien fallu que je sache me tirer de là si jamais je passais par dessus bord. Mais en vérité j'ai appris quand je traînais encore gamin à vagabonder dehors. Mon...père...était pêcheur, alors penser donc un fils de pêcheur qui a peur de l'eau c’eût été un comble.

Barral se rappela alors de son attitude sur la côte quand ils avaient sorti l'imprudent pêcheur de sous sa barque. Tout s'expliquait à présent. Remuant les orteils dans l'eau, il avait envie de terminer son bain malgré tout, une idée lui vain. Mais c'était sous certaines conditions. Non négociables.

« Je ne sais pas nager… A chaque fois que je me retrouve dans l’eau, c’est une véritable crise de panique... C’est stupide je sais… On a tous nos craintes je suppose. »

Sa crainte à lui qu'est-ce que c'était ? Bonne question. Le fait qu'on découvre qu'il avait une attirance pour les personnes de son propre sexe ? Il y avait surement un peu de ça. Mais c'était avant tout qu'on découvre qu'il avait les yeux vairons. Oui c'était sa pire hantise. Et de fait qu'il était parfaitement capable de voir de ses deux yeux.

- Il y aurait bien une solution pour tenter d'y remédier.

Ses lèvres avaient esquissées un léger sourire, comme une invitation.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

Le problème avec les idées saugrenues c’est qu’elles repartent aussi vite qu’elles sont arrivés, et que au bout du compte, il ne reste que les conséquences des actes aussi rapide qu’irréfléchis. Je ne bouge pas, je reste dans cette chemise puante d’une odeur indescriptible et surtout inidentifiable. Il ne devrait même pas essayer de la laver, mais bien de directement la jeter. L’odeur ressemble à la fois à la mort, au sang, a la boue, aux excréments… Non… Je ne préfère pas savoir. Une grimace se fixe un instant sur les traits de mon visage, alors que je tente de faire abstraction au tissu de secours que j’ai enfilé et qui finalement…. N’était pas une si une bonne idée. Je reste un peu perplexe devant cette situation incongrue, comment en étais-je encore arrivée là. A croire que les divinités apprécies à me pousser vers l’improbable. Quoi qu’il en soit, j’étais bien là et j’allais devoir me dépatouiller pour me sortir de cette affaire. Dans l’ordre des choses la première étape, est une série d’excuse toutes plus convenables les unes que les autres, vint ensuite la justification soit l’objet, la pensée qui nous a amenés à réaliser cette action et pour terminer, un changement de sujet simple et efficace avec l’espoir que tout ceci appartiennent rapidement au passé. Qui dit changement de sujet, dis forcement dévoilage et ça, ce n’est pas forcement la chose que j’apprécie le plus. Connaitre, découvrir la vie d’un individu, c’est prendre un risque. Un gros risque même. S’apitoyer, apprécier la présence… Pire même, s’attacher, que ce soit d’un point de vu purement amical, ou plus. Mais, le plus, plus jamais. Enfin, la discussion était lancée, je n’allais pas lui demander courtoisement de se taire pour éviter tout risque de problème émotionnel. Après tout, il me prenait déjà pour une cinglée, inutile d’aggraver mon cas.

Je me sens de nouveau un peu bête, surtout quand j’apprends qu’il était un marin… J’ai tendance à oublier qu’avant la Fange… Nous, citoyens, avions eu une vie. Pire, une existence épanouie, sans crainte, ni désespoir. Étrangement, ce ne sont pas les révélations qui m’interpellent le plus, mais le bruit de mon estomac qui grogne à l’évocation de la pêche et donc des poissons, qu’est-ce que je ne donnerais pas pour avoir un BON et GROS poisson dans l’assiette. Je me promets de passer sur les ports après cette discussion, la miche de pain c’est bien, le poisson rare des mers, c’est mieux. C’est ma curiosité qui vient rapidement re-pointer le bout de son nez, pour le coup, je m’en serais bien passée. Surtout que, quand j’ai une question en tête, impossible de l’oublier. Sauf, que cette fois-ci c’est lui qui m’interpelle me coupant dans mon élan de questions non demandable. Une solution pour y remédier ? Je relève mon regard vers lui, abandonnant la couleur appréciable de l’eau des thermes.

- « C’est-à-dire ? » demandais-je curieuse.

Je prends le temps d’y réfléchir, cherchant une explication plausible à ce semblant de propositions. Que voulait-il dire par là ? Je ne connais pas de sorcière ou de reine des concoctions qui soit capable de faire disparaitre une crainte, une peur inexplicable. Alors, je relève de nouveau le nez vers lui, perplexe, c’est comme-ci quelqu’un lui proposait de faire revenir son œil, ce n’est pas possible. J’hausse simplement les épaules, attendant sagement la suite des événements. Pour lui, c’est simple, l’eau est sa vie, pour moi, ma vie, c’est la terre bien solide, bien dur qui ne risque pas de vous engloutir dans le plus profond des abysses. C’est vrai quoi, tu tombes sur sol, au mieux tu te fais une belle tache bleuté, au pire tu te casses quelque chose, mais tu ne te retrouves pas directement avec les divinités sans passer par la case départ.

- « Je ne suis pas certaine de saisir la proposition, en supposant que cela en soit une. » ajoutais-je, toujours aussi incertaine. « Vous me proposez une solution à ma crainte, cela serait comme faire revenir votre œil manquant, improbable. » complétais-je sans la moindre animosité.

Il n’y avait pas de jugement dans ma voix, pas la moindre agressivité non plus. J’évoquais une simple constations, sans penser à mal, sans même imaginer un seul instant que l’évocation de ce problème pouvait le mettre mal à l’aise ou le blesser. J’étais certaine qu’il avait dû se faire à l’idée, s’adapter à sa nouvelle condition… D’ailleurs, étais-ce de naissance, ou suite à un accidente ? Mes lèvres s’entrouvrirent une fraction de secondes, puis se refermèrent, particulièrement consciente que là, je rentrais dans de la curiosité malsaine.

- « Soit, je vous écoutes. » concluais-je une dernière fois.

Je me suis même autorisée à faire quelques mouvements de pieds dans l’eau, cherchant certainement inconsciemment à me réchauffer. L’eau ici était particulièrement agréable, enfin, agréable pour ceux l’appréciant à sa juste valeur. Pour moi, il ne s’agissait que et uniquement que d’un passage obligatoire et peu appréciable à la condition d’avoir pied.

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« C’est-à-dire ? »

Affolée mais curieuse? Barral était plutôt amusé de la situation. Et il allait devoir jouer finement le coup s'il ne voulait pas se recevoir une bonne gifle. Car sa proposition , si elle était sérieuse, n'était pas sans risque vu la réaction de Sydonnie et sa peur panique de l'eau. Il se devait donc de choisir les bons mots pour ne pas qu'elle se mette en rogne.

-J'aimerais sincèrement vous aider à surmonter votre crainte. L'eau est essentielle à la vie. Sans elle, il n'y a pas de vie. J'espère que vous ne buvez que du vin.

Il ne la traitait évidemment pas d'ivrogne bien que ces propos puissent dire le contraire. C'était tout lui ça, de lancer des phrases à double sens sans se rendre compte de l'effet désastreux que ça pouvait avoir sur l'autre. Il voulait juste lui faire comprendre que même si elle avait peur de l'eau, elle devait quand même s'en approcher pour boire.

« Je ne suis pas certaine de saisir la proposition, en supposant que cela en soit une. »

- Oh! Moi je crois que si , vous avez parfaitement saisi où je veux en venir.

Fit-il le ton enjoué. Elle devait simplement accepté l'idée. Et elle verrait qu'ensuite tout serait beaucoup plus simple. C'est alors qu'elle se mit à évoquer son œil et le fait d'avoir une solution pour le faire revenir. Il haussa les épaules. " Si seulement elle savait ". Mais il ne pouvait pas lui dire cette vérité là. Aussi sans toutefois lui mentir il répondit simplement :

- C'est un fait, on ne me rendra pas mon œil mais c'est mieux ainsi pour moi et pour tous. Ça fait tellement longtemps que c'est arrivé que je ne sais pas du tout si cela ne me gênerait pas plus qu'à l'heure actuelle.

Habillement il s'était changé, repassant l'habit de bain de terme qui serait plus adapté pour ce qu'il voulait faire. Et il se laissa glisser dans le bassin marchant jusqu'à Sydonnie et croisa les bras sur le rebord.

- Je vais vous apprendre à flotter. A une condition. Non négociable.

Il la regarda de son oeil marron et lui tendit la main.

- Vous devez accepter de me faire confiance. Je serais là à vos côtés vous ne craigniez rien c'est promis. Et vous avez pied ici. Mais par pitié évitez de crier je n'ai pas envie qu'on croit que je vous maltraite.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

Je tourne la tête vers mon interlocuteur avec une mine contrariée, ne boire uniquement du vin, en voilà une drôle d’idée. Il est rare de nos jours d’en trouver encore des bons d’ailleurs, maintenant il ne s’agit que pour la plupart, d’une goutte de vin pour plus d’un litre d’eau. J’hausse simplement les épaules en guise de réponse, ce n’est pas parce que je ne sais pas nager, que je ne me lave pas, ou que je ne bois pas d’eau, cela n’a absolument aucun rapport.

- « L’humour n’est pas votre plus grand atout mon cher Barral, ou bien est-ce vous qui avez une surconsommation de vin, peut-être ? » répondis-je dans un sourire en coin.

Bien que mon nouveau collègue était finalement de bonne compagnie, ses petits yeux pétillants et cette idée qui lui semblait lumineuse m’inquiétait. Que pouvait-il bien avoir derrière la tête pour avoir cet espoir de m’aider et pour oser croire que je saisissais parfaitement la subtilité de cette affaire. Il était déjà parti dans sa proposition pleine de sous-entendu, la voix enjouée, le regard entendu… Autant de signe qui me laissait supposer que je n’avais absolument aucune chance de m’en sortir indemne. Comment allais-je encore me sortir de cette affaire. La réponse au sujet de son œil m’interpella beaucoup plus, comment pouvait-il réellement avoir le d’œil de la vue complète, étais-ce de naissance ? Les divinités pouvaient-elles réellement infliger une telle souffrance à un nouveau-né ? Je ne pouvais pas le croire. Il devait forcement l’avoir perdu au cours de sa vie, peut-être au moment de l’arrivé de la Fange… Mais alors, comment pouvait-il être déjà aussi catégorique sur le fait que c’était mieux ainsi …. Et pour tout le monde ? Mes sourcils s’étaient légèrement froncés et alors que mes lèvres s’étaient entrouverte pour formuler une nouvelle question, son affirmation me fit presque aussitôt les refermer.

- « Je vais vous apprendre à flotter. A une condition. Non négociable. »

Qui a dit que je voulais apprendre à flotter ?! Avec une condition non négociable en plus, j’espère que c’est une mauvaise plaisanterie… Non ? Non. Il a l’air tout ce qu’il y a de plus sérieux et là, je ne vois pas du tout comment me sortir de cette situation. Hors de question qu’il pense que je suis une froussarde, il peut rêver. Je croise les bras sous ma poitrine, attendant la suite et donc, cette fameuse « condition ».

- « Vous devez accepter de me faire confiance. Je serais là à vos côtés vous ne craigniez rien c'est promis. Et vous avez pied ici. Mais par pitié évitez de crier je n'ai pas envie qu'on croit que je vous maltraite. »
- « … … … »

J’hausse un sourcil, puis le second dans la seconde. Il me laisse sans voix, je vacille entre envie de partir en courant, en rire, ou en sarcasme. Cela ne pouvait être qu’une mauvaise blague, celle qu’on fait quand on est encore jeune et insouciant, oui, cela ne pouvait être que ça… Sauf qu’il semble être tout ce qu’il y a de plus sérieux sur cette terre. Il pense sincèrement que la confiance est une chose que l’on décide sur un claquement de doigt ? Je retire sa chemise puante, son pantalon et me retrouve de nouveau en tenu de bain. Je m’appuis sur le rebord du bassin et me glisse dans l’eau, un frisson de malaise me parcoure immédiatement le dos. Je rêve, comme-ci ma crainte pouvait disparaitre comme ça, juste pour prouver à un type que je connais à peine, que je ne suis pas une personne faible.

- « Je n’ai jamais été une très bonne hurleuse de toute façon. » dis-je simplement.

Je me retourne lentement, laissant derrière moi le côté ‘sécurité’ du lieu, rien que ça, le fait de ne plus avoir dans mon champ de vision de quoi m’extirper de la substance liquide me donne une boule au ventre. Mes yeux restent fixes sur celui qui semble vouloir être mon maître de nage d’un soir, en voilà une drôle de danse, une étrange façon de nouer une nouvelle connaissance…. Apprendre. Pourquoi faisait-il ça ? Je n’avais pourtant pas été agréable pour trois sous.

- « Pourquoi faites-vous ça ? Pourquoi tenir tant à m’apprendre à flotter ? » j’émets un temps de réflexion puis je poursuis « Bien, que excusez-moi de vous remettre en cause, mais logiquement, un corps, ça coule. »

J’en avais entendu parler, de ces gens qui meurent noyés, qui ne parviennent pas à remonter… Alors si c’est aussi simple que ça, si nous sommes capables de flotter, pourquoi ils y a des morts de noyades hein ?! Je croise mes bras sous ma poitrine, perplexe… Avant d’admettre.

- « C’est d’accord. Mais, si je meurs… Croyez-moi, je reviendrais juste pour vous le faire payer. »

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-Je suis totalement sobre.

Fit-il pour la rassurer. Quand bien même il aurait bu il savait qu'il fallait plus qu'une simple chopine pour lui faire tourner la tête. Et puis il n'aimait pas particulièrement boire jusqu'à ne plus être maître de ses actions. La tête légèrement inclinée, Barral observait Sydonnie, amusé de la voir ouvrir et fermer la bouche presque aussitôt tel un poisson hors de son élément. Elle avait raison sur ce point là. La qualité de son humour était déplorable mais au moins il essayait d'en faire. Accepterait-elle sa proposition ? Rien ne lui permettait de l'affirmer. Il y avait même plus de chance qu'elle refuse. Sauf que voilà, il connaissait bien mal les femmes et comme elles sont en général imprévisibles il eut tout juste le temps de détourner le regard lorsqu'elle se changea à nouveau. Visiblement elle avait l'air bien de vouloir accepter son offre.

-Parce que j'en ai envie tout simplement. Vous verrez, vous ne regretterez pas après. On nage assez mal dans les marécages mais ça peut toujours servir.

Un sourire sincère, et Barral tendit les mains pour prendre les siennes afin de la guider dans une eau un peu plus profonde. Plus il y avait d'eau meilleur serait la sensation de flotter, à condition bien sur que la jeune femme arrive à surmonter sa peur.

-Détendez-vous.

Lui avait appris en ingurgitant un bon nombre de litres d'eau salée, aussi essayait-il de lui éviter de boire trop souvent la tasse en la ménageant. Inévitablement, elle finirait sans doute par en avaler un peu sauf s'il se révélait assez doué pour la rattraper à temps. Ils avaient à présent de l'eau bien au dessus de la ceinture. Barral estima que c'était suffisant pour tenter une première expérience. Qui n'était pas sans risque ni pour lui ni pour elle.

-Sydonnie je vais vous prendre dans mes bras...

Il déglutit. Il n'avait pas pensé que de lui apprendre à nager impliquer un certain contact entre leur corps.

-Je vais vous toucher, crut-il devoir lui préciser, elle s'apercevrait bien assez vite que ses mains ne cherchaient pas à l'effleurer plus que pour les besoins de l'exercice qu'il voulait effectuer, prête ?

Barral lui laissa quelques secondes le temps pour elle d'envisager la chose, avant d'exécuter ses dires. La prochaine étape était un peu plus délicate. Lentement il plia un genou, puis l'autre, pour se trouver avec de l'eau jusqu'en haut des épaules.

-Maintenant c'est à vous de jouer. Allongez-vous sur le dos. Je vous maintiendrais à la surface de l'eau avec mes bras.

Qui la toucheraient encore, il devrait s'en accommoder. Pour elle , comme pour lui, il ne devait rien laisser transparaître. Tenir une femme dans ses bras avec si peu de tissus pour lui cacher le corps ça devait être la première fois pour lui. Les rares fois où il avait tenu Gisèle ce n'était qu'une étreinte amicale.

-Écartez ensuite les bras, vous verrez ça aide pas mal pour flotter. Faites le quand vous sentirez que c'est le moment de le faire. Je suis là à côté de vous.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

Combattre ses peurs, voilà une idée qui ne m’emballait pas vraiment. Il faut dire que ma crainte de la précieux substance transparente était là depuis si longtemps, d’ailleurs, j’ignore même comment elle s’est déclarée. Cependant, j’avais bien conscience que Barral n’avait pas entièrement tords, de nos jours, nager est une chose à savoir faire. Après tout, le risque F avait débarqué si rapidement, rien ne pouvait donc affirmer qu’une inondation, ou pire, que l’eau n’allait pas apparaître partout en grande quantité, sans raison ou signe au préalable. Il était donc grand temps que j’affronte mon angoisse et que j’avance. Même si cela signifiait essayer de faire confiance à un collègue de travail, je l’avais déjà une fois, je me souvenais que trop bien du résultat. Un sourire forcée plus loin, je me retrouve à regarder d’un air perplexe les mains tendues de Barral, qu’est-ce qu’il attendait encore, j’étais déjà là dans l’eau, c’était à mon sens déjà largement suffisant. Mais non, lui ne le voyait pas de cet œil-ci, pire il me demandait de lui faire confiance, de lui donner les mains et d’avancer encore. Mes yeux avaient dû s’écarquiller sous la surprise et la totalité de mes muscles c’étaient soudainement contractés. Comment pouvais-je aller plus profondément dans l’eau, tout en tenant les mains à un presque encore inconnu.

- « Mh… »

Un simple mot, entre grognement et mauvaise articulation, difficile de définir si la réponse que je venais de donner était positive ou négative. Même moi au fond, je n’en savais rien, j’étais encore complètement hésitante. La sensation de non maîtrise de la situation était désagréable, j’avais cette impression d’aller tout droit vers la mort. Une boule au ventre douloureuse accompagnant le moindre de mes mouvements. N’étais-je pas censé être courageuse, intrépide ? Pas du tout… Mais, quand il faut y aller, il faut y aller. Après encore quelques secondes d’hésitation qui me paraissent interminable, me voilà mes mains dans celles de Barral.

- « Me détendre… » répétais-je visiblement pas très convaincue.

J’espérais que ce n’était qu’une mauvaise blague, que j’allais me réveiller en sursaut dans mon lit…. Mais non, mes pas avançaient plus profondément au rythme de ceux de mon collègue et moniteur ou assassin en fonction de la suite des événements. Mon rythme cardiaque s’emballait bruyamment et venait raisonner dans mon crane tel une cloche du temple qui annonce une catastrophe, une mort imminente ou immédiate. Par les trois, que tout ceci s’arrête rapidement. Ma respiration venait rejoindre ma mélodie cardiaque, se voulant à son tour particulièrement désagréable, irrégulière et perceptible. Niveau détente, je pouvais repasser, j’étais bonne pour prendre des cours aussi. La hauteur de l’eau me semblait horriblement haute, trop haute, bien trop haute… Je dévisageais Barral, retenant les tremblements que mon corps souhaitait m’imposer. C’est la voix de mon interlocuteur qui me fit réaliser une nouvelle chose, et cette fois, j’étais à deux doigts de la crise de nerf.

- « Sydonnie je vais vous prendre dans mes bras... »
- « C’est une plaisanterie ? » répondis-je au tac au tac.
- « Je vais vous toucher »

Eh bien, non, visiblement, là encore ce n’était pas une blagounette de mauvais goût, cette fois, j’allais faire marche arrière, demi-tour, retour vers le passé sans repasser par la case départ. Il était hors de question, qu’il me prenne dans ses bras, cela signifiait que sa peau allait toucher ma peau… A travers un tissu, mais, mais, NON. Je fronce les sourcils, qu’elle était encore cette technique d’approche lamentable, les hommes de la milice n’étaient-ils tous que des mauvais types à l’esprit déplacé ?! Prise dans mes pensées, je n’avais même perçu le « prête » qui aurait dû m’indiquer le moment de ma prise de fuite, si bien que je me retrouve dans ses bras, sans même avoir le temps de hurler à la très mauvaise idée. Je me crispe immédiatement, je me raidis telle une pierre, j’arrête de respirer, je deviens rouge, jusqu’à ce que la prise de respiration devienne obligatoire.

- « Lâchez moi immédiatement, monsieur le pro de la natation !! » ordonnais-je.

Je ferme les yeux en sentant l’eau m’effleurer plus que de raison, je vais mourir, cette fois, je vais passer dans l’autre monde. Adieu.

- « Non, non, finalement me lâchez pas !!! » suppliais-je précipitamment.

Bon, très bien, cette fois, je touche le fond, enfin peut-être pas physiquement, mais je suis certaine que ça ne va pas tarder, je vais mourir dans le temple dans les bras d’un plus tellement inconnu. Pitoyable fin. Tragique même. Le pire dans tout ça, c’est que lui, il ne semble pas vouloir s’arrêter là, ce type est un bourreau, un homme de torture, un obsédé psychotique de la souffrance, il est fou.

- « Maintenant c'est à vous de jouer. […]Écartez ensuite les bras, vous verrez ça aide pas mal pour flotter. »
- « Mais… Mais … non ! Je vais couler voyons, comme une pierre !!! »

Je n’étais pas détendue pour un poil, j’avais l’impression que ma vie allait m’échapper dans quelques secondes, pire j’espérais que Barral ne me lâche surtout pas, alors que quelques temps auparavant il n’était même pas imaginable qu’il m’effleure. Impossible pour moi d’envisager le fait de m’allonger, la crainte était bien trop grande, pourtant je ne voulais pas le décevoir, pas me décevoir plutôt. Bon, il fallait que je tente, au moins que je tente. Je prends une grande respiration, ouvre un œil, puis l’autre, lentement pour déjà constater l’évidence.

- « Je suis vivante ? »

La question étant posée, je ne m’attendais pas forcement à une réponse concrète, j’étais toujours dans l’eau, toujours dans les bras de Barral, toujours visiblement en vie… OUI, mais pour combien de temps, la question restait entière ? Une tentative d’allongement complètement raté plus loin, l’angoisse était encore bien trop importante. Je devais me résoudre, jamais je ne serais capable de m’allonger entièrement, mais tentative ressemblait plus à des équerres déformées qu’une véritable planche parfaitement droite. Énième tentative, me voilà finalement presque parfaitement parallèle au sol du bassin du temple, sauf qu’il m’est impossible de mettre mes cheveux dans l’eau, je redresse donc systématiquement la tête, mes bras sont largement en arrière pour éviter une chute qui me semble inévitable. Je me crispe une nouvelle fois, plus brusquement, violemment, la peur me prenant le ventre plus que de raison.

- « Je ne peux pas Barral… Je ne peux pas »

Je fais tout de même une nouvelle tentative prenant une grande respiration pour essayer de me détendre. Cette fois-ci, elle semble plus concluante, je me sens déjà moins noyée, moins future morte. J’écarte les bras pour avoir un semblant d’équilibre, même si l’eau me submerge à plusieurs reprises, provoquant à chaque fois une nouvelle angoisse et donc un recommencement de la mise en place. Après une dizaine de reprise pour réussir à m’allonger dans l’eau, je finis par y parvenir sans jamais m’y sentir entièrement à l’aise. Je ferme les yeux, cette fois, je n’ai pas le choix, je dois lui faire confiance.

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Evidemment elle n'avait pas apprécié le fait qu'il la touche. C'était obligé mais Barral n'avait pas le choix. Quand elle lui ordonna de la relâcher il faillit lui obéir, au lieu de cela il planta son œil dans le sien la regardant le plus sérieusement du monde avec une envie de rire.

- Comme madame veut...

Et il desserra légèrement ses bras. Juste ce qu'il faut pour qu'elle se sente tomber un peu dans l'eau. Sa réaction ne se fit pas attendre. Elle manqua d'ailleurs de l'étouffer. Heureusement pour elle il était solidement campé sur ses jambes.

- Vous n'allez pas couler mes mains vous soutiendrons, je vous l'ai déjà dit. L'eau ici ne doit pas vous arriver guère plus que sous la poitrine.

En deux mots elle avait pied si elle voulait arrêter.

-Prenez votre temps. Rien ne presse.

Heureusement dans l'eau elle ne pesait presque rien sinon il aurait eut les bras ankylosé. Elle fit plusieurs tentatives. A chaque fois il l'a récupéré un peu plus paniqué que la fois d'avant. Mais il ne pouvait pas dire qu'elle n'était pas courageuse bien que sa détermination semblait s'amoindrir au fur et à mesure de ses échecs.

" Je ne peux pas Barral… Je ne peux pas "

- Mais si. Vous y êtes presque. Encore un petit effort.

Enfin elle était parfaitement immergé. Barral déplaça ses mains lentement pour ne pas l'effrayer ou lui faire croire qu'il la laissait se débrouiller seule. C'était encore trop tot. Sa main droite se cala juste au niveau de ses reins pendant que l'autre restait au niveau de son cou. Il voulait à présent qu'elle sente qu'elle pouvait y arriver seule.

- C'est très bien. Maintenant essayer de bouger vos bras et vos jambes. Vous devriez sentir que vous pouvez vous déplacer ainsi. Quand vous serez prêtes vous essayerez de flotter et juste de flotter seule. Ensuite on passera sur le ventre, c’est plus simple vous verrez pour nager. On pourra faire une pause si vous voulez.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

Détermination. Unique mot qui me semblait bien me qualifier, du moins c’était l’illusion que j’avais de moi-même avant de me retrouver dans cette situation particulièrement déplaisante. Plus les secondes s’écoulaient, plus l’envie de tout abandonner se glissait dans mon esprit. Sortir de l’eau, de l’emprise de cet homme, de ce collègue que je ne connais finalement que trop peu. Si mère me voyait ainsi, elle manquerait de s’étouffer ou de venir m’étouffer, je ne sais pas trop. Enfin, quoi qu’il en soit je suis là et bien là en plus. Impossible d’avouer à Barral que je suis incapable d’affronter mes craintes, je dois trouver une solution, réussir à faire les gestes qu’il me demande. De me détendre. Bon, ok, je vais essayer le technique de détente numéro un. Compter. Un, deux, trois… Prendre une inspiration, laisser l’air se répandre dans l’abdomen, gonfler le thorax, remplir les poumons de la précieuse substance vitale. Non, ça ne fonctionne pas, j’ai juste la sensation de couler encore plus vite. Pourtant les mains de Barral au niveau de mes reins et derrière ma nuque me prouvent qu’il est bien présent et qu’il n’a pas l’intention de me laisser mourir ici. Il tient même à me préciser que j’ai pied, c’est censé me rassurer ? Non parce que moi je reste certaine que même dans une flaque il est possible de se noyer. Enfin, je flotte, grâce à l’aide de mon coéquipier de fortune, mais je flotte, je n’avale pas le liquide où les gens doivent se faire un plaisir d’uriner… L’idée même me donne la nausée… Beurk. Je fronce les sourcils, ouvre un œil, puis l’autre, perplexe devant la nouvelle demande du milicien. M’extirper de ses mains et rester à la surface sans lui ? Mais bien sûr !

- « Très drôle » murmurais-je en essayant de tester la profondeur de l’eau avec ma jambe droite.

Il n’a pas l’air d’avoir tort, la profondeur me permettrait de tenir debout facilement, c’est vrai. Sauf que l’eau elle-même m’inquiète, impossible de me résoudre à abandonner sa sécurité. Je réallonge doucement ma jambe testeuse, essayant de bouger l’autre sans me retrouver la tête dans l’eau… Premier échec, deuxième échec, troisième échec. Chaque tentative, chaque mouvement me ramène inévitablement à prendre l’eau.

- « Je suis trop grosse » concluais-je à voix honte.

Non pas que mon poids me complexe, loin de là, depuis la famine et le peu de ressource, je pense que je suis plus proche du cadavre, que réellement du surpoids morbide. Mais, c’est la seule conclusion logique qui me paraît convenable. Si je n’y parviens pas, ce n’est pas parce que je mets de la mauvaise volonté, non, c’est parce que mon corps ne me permet pas de flotter, CQFD. Monsieur évoque donc la possibilité de faire la même chose, mais sur le ventre, cette fois-ci ma réaction ne tarde pas à se faire attendre. Un geste brusque, un visage qui prend l’eau, je remonte hâtivement en me tenant bien droite, dégoulinante, les cheveux particulièrement frisés.

- « Il est hors de questions, que je m’allonge sur le ventre dans l’eau… C’est la noyade assurée ! La tasse. Je refuse d’avaler une seule gorgée d’une eau qui peut contenir les urines d’inconnus… Et.. Heu.. de pas inconnus d’ailleurs »

Mes yeux s’écarquillent, mes sourcils se froncent, aussi ridicule que cela puisse paraître je suis très sérieuse. Je lâche un soupir avant de finalement déclarer forfait. La nage ce n’est pas pour moi, je suis incapable de poursuivre, c’est au-dessus de mes forces.

- « Je ne vais pas arriver aujourd’hui à me mettre sur le ventre » admis-je à contrecœur. « C’est comme-ci je vous demande de voir avec votre l’œil sous votre cache-œil. Impossible »

La comparaison est bien trop forte, j’en suis consciente et d’ailleurs j’ai l’impression de me répéter, mais tant pis. J’ai bien trop conscience qu’une crainte ne disparaît pas du jour au lendemain, c’est déjà un véritable miracle que je sois là, dans l’eau, sans hurler à chaque seconde qui s’écoule.

- « Merci… Vous m’avez permis quand même de bien progresser… La preuve, je suis dans l’eau »

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Barral surveillait son "élève", attentif à ses moindres mouvements, il ne comptait pas la laisser couler à pic. Evidemment il ne pouvait lui éviter d'ingurgiter un peu d'eau mais ça faisait parti de l'apprentissage. Une fois qu'elle aurait compris que son corps était capable de flotter il n'aurait plus qu'à la guider pour qu'elle puisse se déplacer. Clairement, de ce qu'il voyait, malgré tout les efforts fournis par Sydonnie, c'était loin d'être gagner. Elle y mettait du sien c'était certain, mais il la trouvait encore trop tendu. Et forcément elle paniquait dès qu'un peu d'eau la submergeait.

-Je vous assure que vous ne l'êtes pas. Vous avez bien vu la barque, nous n'avons pas coulé. Je peux vous assurer que y'a des bateaux bien plus gros. Et bien avec votre corps c'est le même principe.

Barral aurait bien tenté de faire une expérience avec la milicienne mais vu la tête paniquée de Sydonnie il préféra s'en abstenir. C'était le genre de chose qui lui ferait détester l'eau à tout jamais. Et continuant sur sa lancée il poursuivit ses explications :

- La coque du bateau tant qu'elle n'est pas trouée lui permet de flotter. Inspirer profondément. Vous devriez sentir votre corps remonter légèrement.

Barral ne s'était pas aperçu de l'état de terreur dans laquelle se trouvait Sydonnie jusqu'à ce qu'elle lui répète, à plusieurs reprises, et d'une voix tendue, qu'elle ne se mettrait pas sur le ventre. Il comprit alors qu'elle avait fait de gros efforts pour essayer d'appliquer ses instructions mais qu'il lui était inutile à présent de lui demander plus. Elle n'était plus capable de voir autre chose que cette eau maléfique à ses yeux. Il s'abstient de tout commentaire concernant son œil. Pas encore prêt à assumer cette différence.

- C'est déjà bien pour une première fois. Venez je vous ramène au bord.

Elle pouvait le faire d'elle-même puisqu'elle avait pied, par sécurité, il lui tendit la main. Arrivé à bon port, Barral se laissa flotter sur le dos les bras reposant sur le rebord.

- Faites comme moi. Dites avez-vous déjà observer les grenouilles se déplacer ? Pour avancer dans l'eau il faut arriver à reproduire le mouvement de leur pattes. Essayer en vous tenant au bord. Après je vous invite à manger.

Spontanément. Sans arrière pensée. Sans même se dire qu'elle pourrait se sentir mal rien qu'à l'idée de parler nourriture dans l'eau.

Dans la brume une leçon tu donneras " Ce n’est pas parce que la vie est succession d’échec,
Qu’il faut l’abandonner."
( Barral & Sydonnie )

J’avais beau appliquer précisément les demandes de Barral, je ne parvenais pas à réussir l’exercice. Dès que l’eau passait au-dessus de mon visage, je paniquais, faisait des gestes brusques et je coulais inévitablement. J’avais fini par abandonner lâchement, cruellement même. C’était une évidence, je ne nagerais jamais comme un poisson dans l’eau, de toute manière moins je m’approche de l’eau, mieux je me porte. Barral avait l’air d’avoir finalement compris que ma peur était réelle, sincère. Ce n’était pas ce genre de crainte, qu’on avance comme un prétexte, comme un bouclier pour ne pas se dévoiler ou ne pas faire les choses qu’on nous demande. Non, l’eau me paniquait réellement. Le fait que je puisse rien qu’être dans l’eau était un miracle en soi. Je me suis redressée, profitant du fait que j’ai pied pour avancer jusqu’au rebord avec l’aide du milicien. Je ne craignais pas de couler, mais de glisser. Une main de plus pour m’aider à avancer jusqu’au bord ne serait pas de trop. Une fois au bord, l’espoir de sortir enfin du liquide s’envola une nouvelle fois, Barral me proposait un nouvel exercice. J’ai lâché un soupir, fais une petite moue un peu boudeuse. Bon, il a raison, il ne faut rien relâcher après tout, si je peux être capable d’avancer dans l’eau..

- « Bon d’accord, mais c’est juste pour essayer après ça sera bon. »

Au fond, je savais qu’il avait raison, que je devais me faire violence, qu’il n’y a qu’en faisant des exercices régulièrement que j’arrivais à m’améliorer, à pouvoir rentrer dans l’eau sans angoisse… Sauf que voilà, la difficulté me semblait insurmontable, vraiment insurmontable. Je repensais donc à sa comparaison avec le bateau, peut-être qu’il avait raison, peut-être qu’en me demandant au rebord et en me gonflant aussi gros qu’une grenouille je parviendrais à la fois à flotter –sans couler à pic- et même à faire un semblant de geste pour avancer.

- « Je n’ai pas vraiment le temps d’observer les grenouilles… Mais je vais essayer. »

Je m’agrippe sur le bord, tente de me laisser flotter, sans grande réussite. Je fais une deuxième tentative, toujours sans grand succès. J’avise Barral qui flotte sans aucun complexe, il devait être un animal de la mer lui avant, c’est évident. Je me redresse, légèrement en rogne, prends une énorme inspiration pour me gonfler autant que possible, agrippe le rebord du bassin et me laisse flotter sur le ventre, redressant particulièrement la tête pour ne pas mettre mon visage dans l’eau. Les joues gonflées d’air, je dois être ridicule à voir, mais je flotte. Et ça, c’est un grand pas en avant. Bon, la deuxième étape et pas la moindre, imiter la bestiole qui croasse… Je tente de plier les jambes, je recoule, je recommence les mouvements, jusqu’à parvenir à faire un semblant de battement jambe –chose très loin du déplacement de la bête-, mais ça ressemble enfin à quelque chose de convenable. Un sourire se dessine sur mes lèvres, alors que mes joues se dégonflent, j’en profite pour éclabousser Barral avec mes battements, avant d’abandonner pour me redresser. Piouuu, c’est que sa fatigue tout ça… Mon regard vient aussi se poser sur mon professeur, reconnaissant.

- « Merci beaucoup Barral… Hier encore, vous m’auriez dit que j’allais faire un semblant de nage, je vous aurais certainement ri au nez… Et encore je dois être loin de la vérité. Vous devriez donner des cours, je suis certaine qu’il doit y voir d’autre personne comme moi… »

J’affiche un nouveau sourire, plus calme, plus serein. Je commence même à me surprendre à apprécier le contact de l’eau sur ma peau. J’avise mes mains qui sont particulièrement fripées… Beurk… Il est largement le temps de sortir.

- « Je pense que c’est bon pour aujourd’hui, non ? Et puis, je suis certaine que vous avez d’autres choses à faire aussi… Pour l’invitation… Je ne peux pas refuser, mais ne vous sentez absolument pas obligé, c’est plutôt moi qui vous dois quelque chose… »

Je m’accroche au rebord, m’extirpe de l’eau pour m’asseoir. Je conserve les mollets dans le liquide, observant un peu autour de moi les personnes présentes. Elles semblent si calmes, si apaisées… J’en viens à me demander si elles viennent ici pour se baigner ou simplement pour avoir un moment de ‘pause’ dans un monde si changeant.

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Barral sourit en entendant ces paroles. Il était bien trop modeste et trop timide en public pour se lancer dans des cours de grandes envergures. On le prendrait surement pour un fou de vouloir apprendre aux gens à nager. Bien que les résultats de la milicienne ne soit en fin de compte pas si mauvais que ça pour quelqu'un qui avait une sainte horreur de l'eau. Il l'avait arrosé copieusement en réponse à ses petites éclaboussures.

- Je dois dire que j'ai bien cru que vous alliez renoncer à poursuivre l'expérience à plusieurs reprises. Mais vous avez tenu bon. Et je crois que vous êtes sur la bonne voie. Vous finirez par apprécier les bienfaits des thermes.

En vérité il venait ici pour profiter des bienfaits de l'eau de source chaude. C'était bien mieux que de se préparer une bassine chez soi. Quand il la vit examiner ses mains fripées un léger éclat de rire lui échappa. Il avait déjà constater ce phénomène mais il ne saurait l'expliquer.

- Oh! ne vous en faite pas pour ça. C'est juste signe qu'il est grand temps de quitter le bain. Cet état ne va pas durer n'ayez crainte.

Barral sortit à son tour de l'eau. Il était grand temps en effet de rentrer chez soi ou à la caserne. Enroulant la serviette autour de sa taille il regarda Sydonnie encore les pieds dans l'eau avec un sourire.

- Vous pouvez sortir je ne suis plus visible. Je vous laisse vous changer je vous attend dehors.

Le temps pour lui de récupérer son sac de linge et de se rhabiller. Il ferait sécher tout ça chez lui devant le feu de la cheminée. Il se dirigea ensuite vers le hall du temple, là où on servait un repas pour les nécessiteux. Barral se délesta de quelques pièces contre deux bols de soupes fumantes.

- Alors comment avez-vous trouver cette expérience de mission en extérieur ?