Con-fesse-fion [PV Xandra Erkal][Terminé]

Sans le savoir, la jeune femme était dans le sillage du borgne. Ils ne s’étaient guère reparlé depuis l’épisode “Arnold”, un moyen conscient ou non, d’oublier cette soirée désastreuse, probablement. Pas vraiment de raisons non plus d'engager une conversation. La rousse, pour sa part, était surtout restée sur l’épisode “Angélo”, rasant les murs et l’évitant de son mieux, ce qu'elle, jusque là, faisait à la perfection. Avec le temps, il passerait à autre chose, avec un peu de chance, s’était même déjà fait. Restait à voir si celui qu’elle avait à peine esquinté, avait lui aussi la mémoire courte...

Xandra décida de dormir à la caserne, elle n’aimait pas ça, elle se méfiait trop de ses petits camarades pour ça, mais la mission avait été éprouvante et la fatigue l’emporta sur la volonté. Aussi, au lieu de quitter le bâtiment comme à son habitude, elle était la dans le couloir, à se traîner, lâchant un bâillement à s’en décrocher la mâchoire, caché derrière sa main encore couverte de boue. Soudain elle s’arrêta, tendit l’oreille, fronçant les sourcils.

Merde, elle connaissait ses voix et leurs éclats n’inauguraient rien de bons. Elle fixa le couloir longuement, tiraillée entre deux choix, faire la sourde oreille, ou sa spécialité, se mêler de ce qui ne la regardait pas. Sans surprise et en jurant, la rouquine fit volte face et entra dans le couloir pour voir de quoi il retournait.

-Enfoiré !

Barral lui sembla si en colère, qu’elle estimait qu'il avait presque ses chances si le combat s’engageait, mais il était évident que c’était ce qu’Angelo voulait, le pousser à bout. Le borgne aurait des ennuis s’il cédait à l’envie de lui en coller en une. Sans faire de bruit, sa grande spécialité, après tout, la rousse continua d’avancer vers eux. Ils étaient ou les petits chiens ? Elle balaya des yeux le couloir, les portes sur son chemin, toutes fermées, à la recherche des deux acolytes d’Angelo. Rien, pour le moment.

-Tu n'en vaut pas la peine...

La rousse laissa échapper un soupire de soulagement avant…

Oh non...

Elle fut rapidement bousculée et rattrapée par d’autres miliciens venus assister au spectacle, au combat qui s’engageait. Ça piaillait, ça s’agitait. Il aurait été bienvenue que Barral gagne le combat et l’étale devant tout le monde, mais son regard croisa celui d’un des dit chien d’Angelo, on ne lui en laissera jamais l’opportunité, juste celle de prendre un blâme. Se glissant avec agilité et en jouant des coudes, elle gagna...la première ligne. Barrant le passage à celui qu’elle avait blessé quelques temps plus tôt.

- N’y pense même pas…

S’il s’avançait, c’est que Barral devait avoir l’avantage, ou tout du moins, que ni l’un ni l’autre ne le prenait. Elle n’osait pas se retourner pour voir l’état des deux hommes, pour ne pas laisser une opportunité à celui qui n’attendait qu’une faiblesse pour lui envoyer son poing dans les dents. D’autres miliciens, qu’elle connaissait pour certains, décidèrent de se montrer un peu plus malin et de calmer le conflit au lieu de l’encourager. Les encouragements, la plupart pour ne pas dire tous, destinés à Angelo cessèrent et le calme revint d’un coup après une magistrale beuglante.

Un supérieur était en effet venu gueuler que ça l'emmerdait pas mal, le grabuge là, il entendait ça depuis son bureau, il avait autre chose à foutre que de gérer ça le coutiller, alors tout le monde dégage, si ça voulait régler ses conflits comme des chiens, que ça aille aboyer hors de la caserne.

Bien vite, le petit attroupement se dispersa, laissant Angelo, ses deux camarades et de toujours, Barral et elle, seuls. Xandra avança vers Barral découvrant son état plus avant par la même occasion. Angelo, souriant, la fixa un long moment, si elle ne baissa pas les yeux, ça n'empêcha pas un frisson de terreur pur parcourir son dos, faire trembler ses mains. Elle n’aimait pas se regard, elle l’avait déjà vu, elle le connaissait trop bien.

Xandra ne dormirait pas ici ce soir, finalement la panique l’avait emporté sur la fatigue.

La rousse s'interrogeait, peut être que c’était le moment de tout balancer, de faire remonter le tout à la hiérarchie. Il était un homme après tout, si l’idée lui venait à elle de se plaindre d’un collègue, on lui rirait au nez, mais Barral ? Non, il lui en voulait surement déjà assez de son intervention et de la petite réflexion qui avait suivit. Une petite partie d’elle même lui murmurait que ça n'arrangerait rien, au contraire. Parce que si Angelo “ne faisait rien de mal”, il était le mal incarné. Au fond, est-ce que tout ça se finirait un jour ?

Le geste du concerné à son attention avait répondu à sa question, Xandra n’était pas peureuse, loin de là, ce qui lui valait d’ailleurs un “certain” respect, parce que bosser avec quelqu’un qui ne se laissait pas envahir par ses émotions, c’était pratique, mais ce type là, elle avait palit...Elle venait de sauter dans le piège à pieds joints.
Ses yeux pâles quittèrent le regard d’Angelo pour se poser sur ses deux acolytes jusqu’à ce que la voix de Barral ne la tire de ses pensées.

-Xandra...pourquoi ?

Elle perçut son état, son mal être avec une certaine empathie et se sentit un peu coupable, un peu plus inquiète.

- Calme toi. C’est fini.

Pour l’instant…

Elle avait envie de lui tapoter l’épaule mais ça aurait surement été la pire chose qu’elle aurait put faire, une nouvelle source d’humiliation pour le borgne, alors la rousse se contenta de le regarder, un vague sourire qu’elle voulait apaisant sur les lèvres.

- Pourquoi ? Parce qu’ils allaient te tomber à trois sur le râble, Barral. Parce qu’on revient des marais je te rappelle, on est pas en état pour ses conneries ! J’allais pas les regarder faire les bras croisés.

-Il s'agit de mon honneur.

- Ton honneur ne risque rien va ! Il n’en possède pas une once…

Elle avait craché ça avec colère, tournant son visage vers le couloir par lequel ils étaient partit quelques secondes plus tôt. Elle se rendit compte qu’elle tremblait un peu elle aussi, pas pour les mêmes raisons, à cause de ce relent de peur, ce mauvais pressentiment. Il fallait qu’elle rentre, maintenant, avant qu’Angelo ne termine son service.

- Je vais rentrer maintenant, je suis fatigué. Tu..

Tu peux le faire toute seule Xandra, comme toujours. Ne lui demande pas ça, fais toi oublier.

- Sois prudent.

A ses mots, la rousse avait volte face pour s'engager vers l'escalier d'un bon pas, bien décidé à retrouver la sécurité de son grenier au plus tôt. Là ou personne ne pouvait l'atteindre. Seulement, il manquait un petit détail à sa connaissance, la fin du service de la brigade de l'intérieur c'était pas plus tard, c'était maintenant.

Elle n'avait rien perçu, rien vu d’inhabituelle en quittant la caserne, ni sur la première partie du trajet, alors finalement, la rousse s'était dit qu'aller prendre un verre pour se vider la tête n'était peut être une mauvaise idée, se dirigeant finalement vers Goulot, histoire de changer un peu d'air, inconsciente de se jeter dans la gueule du loup.

Une main se referma brusquement sur son épaule, une autre sur sa bouche, étouffant son cri de surprise.

Parfois, la vengeance n'attendait pas.

Les aspérités du mur lui eraflèrent la joue quand le milicien l’y poussa violemment. La rousse s’exprima dans un nouveau gémissement, étouffé par la main d’Angelo qui écrasait sa bouche, son nez, sa liberté. Aussi sûrement qu’elle avait ardemment désiré le mercenaire, chaque parcelle de son corps rejetait celui de l’homme qui venait peser de tout son poids sur elle avec une violence excessive. Nouveau gémissement, presque un grognement. Douleur, frustration, peur...

Comme beaucoup d’autres, il était plus large, elle ne pouvait plus rien sentir d’autre que lui, sa chaleur, son odeur étouffante.

« Tu peux pas t'empêcher de fourrer ta petite tronche dans ce qui te regarde pas hein ? »

Il retira la main de son visage, à peine, pour serrer sa nuque, la dissuadant de répondre à cette question qui n’en était pas une. Xandra le fixait du coin de l’oeil, elle avait envie de l’insulter, de lui cracher au visage puisque c’était les seuls armes qui lui restait et pourtant elle ne dit rien, se contentant d’essayer de déglutir, de permettre à l’air d'entrer davantage dans ses poumons.

Ta fierté...

C’était bien beau, mais à quoi lui servirait sa fierté si elle mourait entre ses mains, sous sa lame, là, dans cette impasse ? Alors elle s'était assise dessus, elle avait obéit à la peur que provoquait les mouvements explicites d’Angelo contre ses reins. Une larme roula même sur sa joue quand il évoqua la suite, ce qu’il attendait et auquel elle ne pouvait se dérober.

« Puisque t'aimes ça, j'ai quelque chose qui aimerait bien qu'on s'occupe de lui... »

Il la retourna face à lui, lui tordant à nouveau le poignet, elle pouvait sentir chacun de ses doigts comprimés sa peau. Un cliquetis métallique retentit, celui de l’épaulette de soldat aux lanières mals ajustés qu’elle portait toujours. Comme un signal dans son esprit.

Une fois Xandra, tu peux le refaire...

Et la victime, bien qu’elle en resta toujours une, décida de lui compliquer les choses, de se débattre avec autant de hargne que les chiens de la milice au bout de leurs chaînes, comme elle l’avait déjà fait, une fois. Un pointu dans le genoux lui valu une gifle magistrale qui la sonna un peu. Angelo appuya sur son épaule, l’obligeant à s’agenouiller devant lui malgré tout ses efforts pour se dérober.

C’est à ce moment là qu’elle perçut un mouvement, un vague espoir brilla dans son regard, mais personne n’allait la sauver, bien au contraire. Car ce que son regard croisa était la silhouette trop familière d’un de ses sbires.

Pour la premières depuis bien longtemps, elle implora les Dieux.

« Plus tu résisteras plus tu auras mal, à toi de voir.»

Son cou et sa pommette, brûlantes et douloureuses ne lui laissaient aucun doute quant à cette sombre réalité. Ils avaient joués au chat et à la souris trop longtemps, l’attente et la frustration du milicien allait certainement rendre les choses encore plus empressées qu’elles ne l’auraient été s’il l’avait fait sienne ce soir là dans cette fichu taverne.

« Tu croyais quoi ? Un miracle. On est pas dans un conte de fée ma jolie »

Bien incapable de maintenir la rousse en place seul, le second milicien était venu, cette silhouette dont elle espérait tant, un miracle...Il s’approcha, épée tiré, la pointe contre son dos, pour venir rappeler à Xandra qu’un écart pourrait lui coûter cher. Pour le plus grand plaisir d’Angelo, ce fut suffisant pour qu’elle la ferme enfin. Elle ne put s'empêcher de détourner les yeux quand il déboucla sa ceinture et libéra un sexe déjà dressé, avide du plaisir et de l’humiliation en devenir. La main d’Angelo lui broya à nouveau la nuque, lui interdisant de se dérober à son contact et à sa vue plus longtemps.

La tirant par la gorge violemment, lui arrachant un hoquet de surprise et de détresse, il ne lâcha sa gorge déjà douloureuse que pour mieux se saisir violemment de sa chevelure rousse et attendre, tout sourire, qu’elle se décide à lui offrir la petite gâterie qu’il avait bien mérité.

« T'as pas besoin que je te fasse un dessin je crois »

Dernier élan de courage, dernière tentative vaine de s’échapper. La lame s'enfonça un peu plus contre sa colonne, le genoux d’Angelo heurta violemment son épaule, alors qu’il enfonçait son érection dans sa bouche sans plus de cérémonie. Au ricanement satisfait d’Angelo répondit un gémissement de douleur et de frustration de la rousse.

Les yeux rivés sur elle, tenant toujours ses cheveux d’une poigne de fer, il allait et venait sans la moindre retenue, c’est que l’occasion ne s’était pas présenté depuis un moment et qu’il la voulait depuis des mois. D’un signe du menton il signifia à son acolyte qu’il méritait bien de s’amuser un peu lui aussi. La femme se remit à se débattre, mais Angélo n’eut qu’à s’enfoncer un peu plus dans sa bouche, tordre d'avantage ses doigts dans ses cheveux pour qu’elle abandonne le combat. Xandra se mit à pleurer à gros bouillons, non plus à cause des coups d’Angélo mais du fait de cette résignation douloureuse à laquelle elle se pliait alors que les mains de l’autre homme, se glissaient sous vêtements, qu’elle sentait son corps répugnant se coller contre le sien.

Elle croisa le regard d’Angelo, satisfait, répugnant, elle se mit à penser au Capitaine avec l’horrible impression de le trahir, lui, elle, de ne pas avoir été à la hauteur, puis elle se mit à penser aux autres, ceux qu’elle appréciait, ceux qu’elle aurait voulu voir apparaître maintenant, qu’ils fassent cesser la douleur, le dégoût. Qu'ils la sauvent. Le mercenaire, encore, toujours.

Quand la main du milicien se referma avec violence sur sa poitrine à nouveau, la rousse abandonna la lutte, c’était fini. Après Angélo, ce serait l’autre, le troisième peut être, qu’elle avait oublié. Plutôt mourir avait songé la rousse que de les sentir entre ses cuisses. Xandra ne se sauverait pas cette fois, personne ne le ferait. Mais il y eut une lueur dans l’obscurité, cette voix, connue, amie, Barral, le bruit de son épaulette qui heurtait le sol alors que le second milicien l’avait laissé tombé, surpris. Xandra rouvrit les yeux, releva le visage avec la même hâte qu’un noyé qui essaie de sortir la tête de l’eau. Elle cracha la salive, les envies d’Angélo au sol, toussant, inspirant une grande bouffée d’air, une bouffée de son absence.

« Vous faites une belle paire tous les deux, un joli petit couple. Et je vais vous briser tous les deux ! »

Elle frémit, dans ses entrailles se battait l’envie de vivre, de combattre, celle de se terrer, de s’enfuir. L’autre l’avait lâché, s’était écarté pour faire face à Barral, Angélo s'était détourné. Ses mains tremblantes, dans un geste douloureux, saisirent son épaulette, seule chose dont il avait eu le temps de la priver.

Reprend toi, Xandra...

« Oh mais on dirait qu'il va se faire dessus le... »

Reculant, toujours au sol, comme Barral bondissait sur Angelo, elle essuya les larmes qui lui brouillaient la vue d’une main, se releva lentement et avec une haine bien rare chez elle, balança son pied à l’arrière du genoux du second milicien qui ne lui avait pas prêté attention. Il avait sous estimé la menace qu’elle pouvait encore représenter. A deux mains dans un cri de rage, la rousse écrasa la pièce de métal sur la tête du malheureux qui s’était vue déséquilibré.

Presque à l’heure, lâcha la rousse qui tentait de faire cesser ses tremblements, de reprendre son souffle, d’oublier les dernières minutes. L’autre se relevait déjà, la partie était loin d’être gagnée...

Comme la rouquine l’avais pressenti, son adversaire actuel, bien qu’un peu sonné, s’était remis sur pied pour lui faire face. Les poings serrés et le visage déformé par la colère, il hésitait sur la marche à suivre, Xandra put le percevoir, mais il se ressaisit avant de lui donner l’occasion de saisir cette opportunité. Il l’avait mauvaise, parce qu’il savait qu’Angelo l’aurait laissé la baiser, parce que là il n’était pas sûr qu’ils puissent gagner et qu’il savait pertinemment que s’il ne venait pas filer un coup de main à Angelo, les prochains jours allait être pénible, très pénible pour lui. La jeune femme ne lui donnerait pas l’occasion de le faire, il l’avait bien comprit ce matin à la caserne, elle protégerait l’autre con jusqu’à ce qu’il la laisse la gueule en sang sur le sol. Il ne l'aimait pas des masses, elle le mettait mal à l’aise, trop forte, trop faible, impossible de savoir sur quel pied danser avec Erkal.

Le fait est qu’elle n’avait pas sorti ses armes, lui n’avait pas ramassé sa lame. La situation n’avait pas encore déparée, peut être que cela n’arriverait pas ? Xandra se retenait, l’idée de lui couper les mains la tiraillait, celle de briser Angelo encore plus mais étonnement, elle se contrôlait. En réalité c’était la peur irraisonné que ce dernier la touche, mais surtout l’attitude de Barral qui l’inquiétaient suffisamment pour qu’elle se reprenne, laissant couler les dernières larmes sur ses joues avant de se ruer sur l’autre. Il avait besoin d’elle et elle avait besoin de la milice. De toute façon à part sa mort, rien n’effacerait ce qui venait de se passer, comme rien n’avait jamais effacer l’odeur ni les gestes de celui qui avait voulu abuser d’elle par le passé, presque une autre vie, si ce n’est une nuit d’orage.

Comme presque toujours lorsque la rousse affrontait un homme, plus précisément un homme d’arme, elle était plus vive mais bien moins forte et si elle avait ses chances, il ne fallait pas que ça s'éternise. Le coup de genou d'Angelo, bénin, était encore trop récent et l’handicapait clairement. Elle évita un coup, puis deux, mais pas le troisième. Oh elle avait réussi à l’atteindre aussi, mais l’homme s’il n’était pas aussi costaud qu’elle l'avait pensé, avait visé le sternum. Le souffle coupé, la rouquine avait fini un genou à terre, cherchant à reprendre son souffle tant bien que mal et à ignorer cette énième douleur supplémentaire qui lui serrait les poumons.

Sa vision, à peine troublée, lui fit deviner que les deux autres avaient reculés jusqu’à eux et que le sbire d’Angelo était à porté. Avec un grand effort accompagné, enfin, d’une réelle inspiration Xandra se remit sur pied pour voir son adversaire frapper Barral dans le dos, le faisant tomber, juste là, devant elle. Xandra croisa son regard, comprit que si elle ne l’arrétait pas, rien ne le ferait. Aussi sans chercher plus loin, elle se jeta dans le tas, allant rouler au sol avec l’autre, décidément.
Parce que la vie est une pute, ou parce qu’elle n’avait pas assuré, un peu des deux peut être, Xandra se retrouva sous son adversaire, qui armait déjà son bras. Un rapide coup d’oeil sur la gauche, rien, sur la droite, encore cette épaulette. Tout se joua à quelques secondes, le poing à quelques centimètres de son visage quand elle parvint enfin, à force d’étirer son bras dans une grimace, à se saisir de la pièce d’armure et de l'abattre à nouveau sur la tête du milicien, qui cette fois, eut la décence de rester sonner au sol.

A ce moment là, Xandra entendit un gémissement dans son dos, oh il y en avait eu bien d’autres mais à présent qu’elle n’était plus en plein combat, elle y prêta attention. Xandra fit donc volte face pour voir Angélo, par terre, dans un état peu glorieux et Barral, aussi rouge de sang, penché au dessus de ses parties, son couteau à la main. Le visage d’Angelo respirait la peur, comme le sien, quelques minutes plus tôt. La rousse se demanda s’il comptait mettre sa menace muette à exécution mais elle ne pouvait pas le laisser prendre se risque, ruiner sa vie, par vengeance, pour lui, pour...elle.

Son bras, fatigué, tremblant, se posa sur celui de Barral, elle pâlit un peu en voyant l’état du milicien, bien incapable de dire à qui appartenait le sang sur son visage, son torse.

- Barral.

Il ne l’entendit pas d’abord, son souffle rendu court par l’effort, la colère aveugle qui tenait le couteau.

Barral, hé !

Cette fois le borgne prit conscience de sa présence. Sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi, la proximité d’Angélo, l’état de Barral, ce qu’il avait fait pour elle, la honte, la fatigue, la douleur, elle se remit doucement à pleurer ce qui sembla ramener son collègue à la raison, ses pupilles reprenant lentement une taille plus raisonnable.

- Tu as lavé ton honneur...C’est fini. Rentrons, viens.

Elle baisse les yeux sur Angélo, frémit.

- Tu as lavé le mien aussi.

En partit.

- Allez ! Viens.

Elle lui tendit la main, doutant qu’il soit, tout comme le bourreau devenu victime, en état de marcher seul.

-Pourquoi tu pleures ?

Cet homme était sérieux ? Encore un pour qui contraindre une femme était tout naturel ? Non, ça ne collait pas, il était toujours toujours dans un état second. Surement incapable de raisonner de manière cohérente, si bien qu’elle ne lui répondit pas.

-Qu'est-ce que j'ai fait ? Mais qu'est-ce que j'ai fait Xandra?

- Tout le monde va bien, Barral, du moins autant que possible. Tu n’as rien fait de mal, à personne, d’accord ? Personne. Tu nous a protégés, tu as mis un terme à tout ça. Je l'espère en tout cas.

Dernier regard apeuré sur Angelo.

- Allez, viens.

Elle l’avait répété. Au font elle ignorait si c'était possible ou pas pour lui, là c’est elle qui n’arrivait pas à se montrer réfléchi, la rousse continuait d’avoir peur, d’avoir mal, surtout peur. Elle ne voulait pas que les autres se rélève avant qu’ils soient loin d’ici. Enfermée, seule, ailleurs. A moins que...Xandra ne le quittait pas des yeux alors qu’elle s'efforçait de l'entraîner dans les rues. Non, pas seule. Fort heureusement, ils n’avaient croisés personne, vu leur état respectif ils transpiraient la défaire, ils ressemblaient à deux proies faciles et ils l’étaient, sans aucun doute.

Quand Barral s’appuya contre le mur, qu’elle se fut écarté, esquivant en partie la bile qui souillait à présent le sol, et le bout de sa botte, le ton jusque là rassurant de la rousse se fit plus glacial. Plus encore que l’air froid porté par le vent qui sifflait en se précipitant entre les bâtiments. Elle ne pouvait se permettre de lui donner le choix, hors de question de se faire égorger dans une ruelle qui sentait la pisse.

- On continue, je sais ou on va aller. C’est pas très loin, un dernier effort. On ne peut pas rester dehors, c’est trop risquée.

Glissant sous son épaule, une main sur son torse, la rouquine l’obligea à avancer, l’aidant de son mieux. Sans sa volonté, la reconnaissance qu’elle éprouvait pour lui et la trouille qui faisait son boulot, elle n’y serait probablement pas arrivé. Quand le corps meurtris du borgne s’appuyait un peu trop contre son épaule, un rictus douloureux déformait les traits doux de son visage.

Ils arrivèrent bientôt en vue d’une auberge. A peine entrée, Xandra le fit asseoir à la première table qui se présentait à eux.

- Pas un mot.

Elle doutait qu’il soit en état de l’ouvrir, surtout d'en avoir envie mais elle ne savait trop que penser des mots qui pourraient s’échapper de ses lèvres ce soir. D’un pas fatigué mais décidé, la rousse réussi à gagner la confiance du tavernier après l’avoir convaincu qu’elle et son ami étaient bien des miliciens et qu’il avait plus besoin de repos que de soin. Une histoire de groupe, d’interception de marchandise volé, un baratin un peu capillotracté mais qui avait convaincu l’homme, ça et surtout le double du prix d’une chambre pour une nuit qu’elle venait de payer. Décidément, le confort resterait une utopie un peu plus longtemps.

Bientôt, les deux compagnons étaient dans une chambre, seuls, au calme. Par réflexe paranoïaque et bien qu’elle ait commandé un repas pour deux, la rouquine plaça la barre contre la porte pour la verrouiller avant de se précipiter contre le mur de la fenêtre pour voir dehors. Elle ne vit pas grand chose si ce n'est l'obscurité.

Ridicule, il n’allait pas venir, il ne pouvait pas savoir. Oui mais s’il a suivi les traces de sang ? Tu crois pas qu’il a assez affaire avec le sien de sang ? Chaos totale dans son esprit avant qu’elle ne se décide à lâcher l’extérieur des yeux. Trempant le linge propre prévue à cet effet dans la bassine, elle traîna la chaise de sa main libre jusqu’au lit pour l’aider à nettoyer ce qu’il ne pouvait voir seul et se faire une idée de l’étendue des dégâts.

- J’ai pas faim, j'pense que toi non plus mais j’ai pris un repas pour nous. J’pense qu’on devrait faire un effort.


Alors qu’elle essuyait sa joue d’une main tremblante, douce, presque maternelle, Xandra l’interrogea enfin sur ce qu’il lui semblait avoir remarqué quelques instant plus tôt.

- Pourquoi tu porte ça ? Le cache-œil. Il me semble bien que tu m’as fixé de tes deux yeux, je me trompes ?

-Je ne sais pas si je serais capable d'avaler quelque chose...fit-il d'une voix lasse, plus tard peut-être...

-J’y compte bien, il faut qu’on reprenne des forces. J’te rassure, ça m’enchante pas plus que toi.

La rouquine n’avait pas relevé le geste un peu vif de son collègue, du moins ne lui avait elle rien dit verbalement, mais tout ses muscles s’étaient crispés un instant et elle avait eu un mouvement de recul. Pas maintenant, pas ce soir, la rousse avait assez enduré de gestes rudes pour le restant de sa vie, au moins. Elle qui aimait bien la bagarre ne se sentait plus les tripes pour ça. Elle aurait trop peur que...Il fallait qu’elle arrive à oublier.

-Excuse-moi.

Elle lui aurait bien répondu à cet instant qu’elle comprenait mais ce n’était pas le cas, elle n’avait jamais fait que l’aider depuis qu’il s’était rencontré chaque fois que l’occasion s'était présenté. Peut être qu’il lui en voulait toujours d’avoir fourrer son nez dans ses affaires ? Peut être qu’il ne l’appréciait pas, tout simplement Peut être aussi que le contact d’une rousse le dégoûtait. Ca arrivait, parfois. Xandra n’en savait rien, elle ne savait plus rien à vrai dire, elle n’avait qu’une envie le planter là lui et son petit air dégoûté mais il lui avait évité le pire et Xandra n’était pas du genre à oublier ou à se vexer.

- Je fais ça pour toi tu sais, je sais pas ce que tu crois mais…

Est-ce qu’il pensait vraiment ça ?

- Tu sais ce qui s’est passé ce soir c’était pas une partie de plaisir pour moi, j’ai aucune arrière pensées, si c’est ce que tu penses. Me faire toucher par un homme est bien la dernière chose dont j’ai envie.

C’est pile à cet instant qu’elle avait vu ses deux yeux se poser sur elle, avec certitude. Cet homme voyait parfaitement et pourtant il se privait de l’un d’entre eux...Alors elle lui avait posé la question.

-C'est mieux ainsi crois-moi.

- Si tu le dis...

Penchée au dessus de lui, achevant de nettoyer son cou elle n’avait eu aucun mal à le voir hocher la tête, visiblement perturbé par le fait d’aborder le sujet. Si tel était le cas, c’était qu’il méritait, justement, d’être abordé.

Permet moi d’en douter, quand même.

-Xandra je ne tiens pas à ce que cela se sache…

- Pourquoi ?

Xandra chercha à capter son regard fuyant, se baissant, la tête presque à l’envers à présent, avec un maigre sourire.

- Tu as des yeux magnifiques. Tu es assez grand pour rembarrer ceux qui diraient le contraire, non ?

Se redressant, la rouquine se détourna de lui un instant, feignant d’avoir besoin d’essorer le linge imbibé de sang, en vérité, elle lui laissait un peu de répit, après s’être montré si intrusive. Elle avait une petite idée du problème, mais voulait l'entendre le dire.

- Tu es toujours aussi dur envers toi même, Barral ? A tout les niveaux ?