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 Tomber sur un os [Xandra & Marwen].

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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyJeu 6 Oct 2016 - 0:41
La Vieille Science, margouillis hautement réputé pour sa débauche, ses excès de boisson, et pour son insécurité certaine. Connu de tous dans le quartier du Goulot, l’on ne s’y arrêtait jamais par hasard sous le coup d’une soif aussi soudaine qu’impérieuse. Par ailleurs, en dépit de son nom savant, le lieu n’était pas encensé de sapience et d’esprit ; la mauvaise boisson y coulait à flots, les galimafrées conglutineuses se servaient dans ses auges poisseuses, et la seule prestesse que l’on pouvait y trouver ne tenait pas de la réflexion mais plutôt de la dague que l’on dégainait suite à un jet de dés outrageusement bien astré.

S’il avait coutume que de fréquenter les bauges en quête d’une entreprise affaireuse, Marwen, là, jouait le rôle du parfait badouillard qui s’en allait souvent vaquer à quelques garouages nocturnes, papillonnant de taverne en taverne. Adossé nonchalamment contre un mur par souci de précaution, évitant les coups traîtreux en provenance de derrière, il s’enfilait allégrement un sacré débit de pisse d’âne qu’il payait parfois à crédit, d’autre temps en balançant quelques pauvres piécettes au tenancier, et les deux hommes savaient pertinemment que l’un ou l’autre ne tarderait pas à se faire abuser lorsque viendrait l’addition finale.

Souvent, la porte de l’établissement s’ouvrait afin de laisser entrer une poignée de clients à l’allure patibulaire, et Marwen, bien qu’à moitié imbriaque, se félicitait d’avoir veiller à assurer ses arrières alors qu’il avait encore été assez sobre pour ce faire, attitude guère partagée par son vis-à-vis. Dans cette étrange folie qui régnait dans l’établissement, dans cette joyeuse crapaudière où l’on faisait gogaille à coup de ripopée, de chasse-cousin, et de vinasse, le bougre, assis en face de lui, s’avérait au moins aussi bêtifié par ce concours de tord-boyaux qu’ils s’étaient tacitement lancé.

En vérité, tous deux n’étaient pas différents de la chalandise de céans ; des cascarets à l’étique silhouette gisaient çà et là en travers des bancs de bois, des maroufles aux manières égrillardes se complaisaient franchement, une main sous les jupons souillés d’une genuche, et d’autres pacants chantaient à tue-tête d’une voix éraillée des chants populaires dont les pauvres paroles se perdaient dans le charivari ambiant. Changeant de position sans même s’en rendre compte, Marwen se fendit d’une tape aussi amicale qu’aléatoire en direction du gus qu’il avait en face, s’amusant d’une bonne farce. Mais ce dont il fut bien conscient, en revanche, ce fut la fange dans laquelle il colla l’une de ses mains ; le bois non poncé était strié de sillons dans lesquels pourrissaient des restants de viande avariée et de sauce gluante, ce qui formait un verni blanchâtre, luisant, et poisseux sur la table. Cet échantillon précis permettait de dépeindre la totalité de l’établissement.

Le sol se couvrait d’une lie épaisse issue des divers contenus de gobelets et de chopes présentement renversées, et si le silence avait imprégné la salle, nul doute que l’on eût entendu des bruits de succion émis à chaque pas des serveuses. Le mobilier grossier et les rares banquettes défoncées se maculaient de traces de doigts, là où les clients, en l’absence de couvert ou de mie de pain, s’étaient initiés à des cours de peinture culinaire. Même le feu semblait se prêter nonchalamment au jeu, et l’âtre ronflant paresseusement dans la cheminée se dispersait dans l’air en une épaisse fumée qui tapissait le haut plafond d’une opacité fuligineuse, là où le regard ne pouvait discerner s’il s’agissait d’obscurité ou de suie grasse.

Et l’Esbigneur, au milieu de tout ceci, se sentait presque comme chez lui, haussant la voix pour couvrir le tohu-bohu qui résonnait sur les murs nus. La boisson lui montait doucement mais sûrement au cerveau, et l’euphorie se frayait doucement un chemin dans son esprit, occultant la sagesse et les précautions. Là, le sujet abordé s’avérait des plus sérieux, et, entre les deux hommes, l’on s’était lancés avec déterminations dans ces discours politiques de sagouin, avec aussi peu d’ouverture d’esprit que ne l’étaient les cuisses d’une prêtresse. Et Marwen commençait à gueuler ribon-ribaine son opinion sur tous les toits.

« C’est n’importe quoi, s’emportait-il, tout ce merdier dans lequel on patauge. Tiens, d’ailleurs, ça n’a jamais été autant la merde puis que l’on a foutu des putains de bonnes femmes dans la milice, là. Du jamais vu depuis… Depuis la nuit des temps, bordel de merde. Genre quoi, ça y est, ça manie le balai, alors ça pense pouvoir manier une arme ? Ça n’a pas de gonades, mais ça se dit capable de les substituer de par leurs miches ? Jamais entendu pareille connerie, crédieu ! Je te le dis, mon gars ; la seule chose que ça devrait prendre en main, si ce ne sont leurs ustensiles de cuisine, ce sont nos queues, putain, mais uniquement au plumard. T’es pas d’accord avec moi, vieux ?! »
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Xandra ErkalMilicienne
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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyJeu 6 Oct 2016 - 14:42
Dans ce qu’elle considérait, probablement à raison, comme le fond..du fond, la rousse trouva ce qu’elle était venu chercher dans ce trou à rats. Du moins, en avait-elle la conviction et dans l’hypothèse ou elle se trompait, ça ne changerait rien, l’envie de jouer la démangeait déjà.

Un brun qui ressemblait à la description de son vieil ami, l’Albert, entouré de cinq bonhommes à l’air un peu moins nodocéphale que la moyenne, un peu gros pour un hazard. Il n’avait jamais perdu au jeux, soit disant, une sorte de légende local dans cet univers, celui qui était encore un peu le sien. On allait voir ça ! Un léger sourire s’était esquissé sous la capuche de la rouquine qui pressa un peu le pas pour le rejoindre, refermant la porte derrière elle.

Bon sang, mais personne ne nettoyait jamais rien ici ? Elle s'efforça de ne pas regarder dans quoi elle venait de mettre le pied, un peu plus épais, un peu moins collant. Du vomis, probablement. Xandra écoutait distraitement les bribes de conversations qui parvenaient jusqu’à ses oreilles. Rien, de passionnant, des bavardages de poivrots, ça collait à l’ambiance. Ses yeux allaient de tables en tables. Elle réajusta un peu plus sa capeline, touchant à son but, mais...

«...la milice, là. Du jamais vu depuis… Depuis la nuit des temps, bordel de merde. Genre quoi, ça y est, ça manie le balai, alors ça pense pouvoir manier une arme ? Ça n’a pas de gonades, mais ça se dit capable de les substituer de par leurs miches ? Jamais entendu pareille connerie, crédieu ! Je te le dis, mon gars ; la seule chose que ça devrait prendre en main, si ce ne sont leurs ustensiles de cuisine, ce sont nos queues, putain, mais uniquement au plumard. T’es pas d’accord avec moi, vieux ?! »

Elle se tourna alors dans la direction de la voix, ce qui n’était pas bien difficile puisqu’il semblait vouloir partager son opinion avec le bouge entier ! Xandra aurait préféré qu’il soit assit, par sécurité mais aussi et surtout parce qu’il était toujours plus difficile d’être crédible quand on était minuscule. Tans pis. Ignorant le vieux assis à la table prêt de l’inconnu, la rousse se planta devant lui, levant le nez pour le regarder dans les yeux, ce qui eu pour effet immédiat de faire retomber le tissus qui couvrait sa tête, libérant sa tignasse rousse rebelle. Pour la discrétion, on repasserait.

- Huit. C’est le nombre d’hommes encore capable de se servir de leurs queues au plumard, comme tu dis, parce que j’étais là pour sauver leurs culs, avec des armes ! Tu sais, de l’autre côté des murs, pendant que toi et tes petits copains étiez sûrement là à boire votre pisse.

Huit, c’était un peu être un peu excessif, mais peu importe, Elle se hissa un peu plus vers lui, perçu les relents d’alcool, son regard courroucé cherchant le sien.

- Penses ce que tu veux, je doute que tu sois capable de réfléchir, mais que je ne t’entende plus aboyer, c’est clair ?

Ils n'aimaient pas ça qu’on remette en question leurs petites certitudes faciles, acquises, mais ça, là tout de suite, elle s’en fichait éperdument, parfois ça faisait du bien de ne pas encaisser les réflexions en silence. Les choses avait changé oui, c’était trop demandé un peu de reconnaissance ?

La rousse jeta un regard au coin à l'autre, par sécurité, bien sur qu’il était d’accord, elle n’en doutait pas une seconde.
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyJeu 6 Oct 2016 - 16:54
Il y mettait du cœur, avec sa tronche de bagnard, scandant chaque syllabe de sa voix rauque, se laissant emporter par l’euphorie de l’alcool. C’était de la provocation pure et dure, bien qu’elle se fondât sur un ressenti qui n’était que trop bien ancré en lui. Il avait le mouvement violent, la gestuelle ample, s’emparant de l’espace à grands coups de bras et de mains qui accompagnaient chacun de ses propos. Tout naturellement, il en venait à occuper ce quartier de taverne de sa présence comme de ses palabres, sans même s’en rendre compte, et il discourait si aveuglément que ses propres mots occultaient ceux des autres et qu’un certain silence s’était installé dans ses plus proches environs. Cela jusqu’à ce qu’une nouvelle présence vienne se planter devant lui.

La femme, car s’en était une, s’était fendue d’une réplique au tac au tac, se dressant devant lui, s’opiniâtrant de son importance et de sa situation. Elle venait de lui couper la parole, ni plus ni moins, et son regard cérulé le défiait de la contredire vis-à-vis de ce qu’elle avait avancé. Allons donc, qui était-elle pour se donner subitement tant d’importance ? La réponse n’était assurément pas compliquée à trouver, et Marwen, quand bien même était-il passablement saoul, mit sans souci aucun le doigt sur sa fonction. Il s’en était délibérément pris aux femmes qui se disaient miliciennes, car cela l’agaçait plus que de raison, et s’était fendu de brocards et d’offenses à leur encontre, tant et si bien qu’elle s’en était trouvée agressée. Son esprit revanchard aussi bien que son caractère n’avaient pu faire preuve de prudence et de bon sens dans un tel lieu, et elle s’était empressée de vouloir le remettre à sa place, se rengorgeant d’avoir sauvé d’autres soldats.
Ouais, sans aucun doute, c’était justement l’une de ces miliciennes qu’il avait fustigées.

L’Esbigneur, entendant cela, s’était arrêté tout net dans sa logorrhée, et avait pivoté d’un quart pour faire face à la petite effrontée. Il la fixa, la dévisagea longuement de son regard gris acier qui semblait ne jamais ciller, mais ce ne fut aucunement de cette expression débile et abrutie que pouvaient parfois affecter les ivrognes ainsi coupés dans leur beuverie, non. C’était au contraire, en dépit de son état imbriaque, une auscultation méthodique de sa vis-à-vis, comme lorsqu’il rencontrait pour la première fois quelques petits caïds des bas-fonds qui s’estimaient bien trop eux-mêmes. Il la jaugeait, comme pour prendre la pleine mesure de ce qu’elle valait véritablement, afin de statuer si elle demeurait digne de considération ou non.

A n’en pas douter, elle avait pour elle cette fougueuse impulsivité capable de l’embourber dans des situations difficiles, ainsi qu’un visage bien dessiné, ce qui étonna le contrebandier. Il s’étonnait qu’elle n’eût pas déjà reçu une bonne baigne dans la tronche, nette et brutale, ce qui lui aurait immanquablement brisé le nez tout en lui remembrant sa condition de femme. Car, ouais, il en mettait sa main au feu, cette béjaune n’en était pas à son premier coup d’essai.

Ce n’était pas dit, pour autant, qu’elle s’en trouvait immunisée, loin de là. En vérité, elle risquait plus que jamais de s’en manger une céans même, que ce soit par lui comme par le restant de la chalandise qui commençait à se rassembler autour d’eux. Effectivement, dans une telle bauge, les pensées phallocrates avaient le vent en poupe, et c’était assurément pour cet état d’esprit-là que Marwen avait su en imposer dès son arrivée, dès ses premières paroles. Là, la gent féminine n’était admise que pour apporter ces chasse-cousins tout à fait aptes à vous retourner les entrailles et à vous faire salement conchier le lendemain, ou encore pour servir de déversoir en tout genre, vidant les bourses de ces messieurs pour remplir l’escarcelle du tavernier qui les exploitait sans vergogne. Aussi la rumeur avait-elle enflé dès lors que la rouquine avait osé tenir pareils propos, et les quolibets fusaient de part et autres, rendus inintelligibles par ces bouches qui, molasses à cause des effets de l’alcool, mâchaient à moitié les mots. Et dans le même temps, pourtant, l’on n’était pas insensible à ce courage qui frôlait la témérité, à ce brin de jeune femme qui osait sortir du lot pour se dresser ainsi face à la pensée commune. En fin de compte, l’on profitait du spectacle, et l’on attendait, l’on avisait.
Marwen ne put retenir un torve sourire.

« Ah ouais ? Et tu les as sauvés comment, du coup ? Laisse-moi deviner ; t’as servi de diversion, n’est-ce pas ? Mais encore faut-il découvrir comment. T’as poussé de petits couinements de bachelette en voyant les fangeux, et tu t’es enfuie en courant, poussant des hurlements éplorés dans la nature, ce qui n’aura pas manqué de rameuter toutes ces bestioles de merde capable de t’en prendre à tes p’tits copains ? Ou bien as-tu carrément donné ton cul à ces monstruosités, qu’ils te prennent en levrette comme la chienne que tu es, laissant assez de temps à tes camarades pour qu’ils s’esbignent ? Je ne sais pas, mais je penserai pour la seconde option, vu comment t’as l’air d’être vachement au courant sur le bon fonctionnement de huit queues différentes. »
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyJeu 6 Oct 2016 - 21:33
Elle l’avait laissé dire, rien d’étonnant à sa réplique, c'eût été trop beau qu’il la ferme et peu probable de parvenir à lui couper la chique tant il était content de pouvoir vomir son excès de dégoût pour les femmes qui ne restaient pas à leurs places. Il savait causer pour un sale type, la rousse devait bien admettre qu’elle ne s’était pas attendu à ça, surtout ici. Xandra le quitta des yeux un instant pour surveiller le tas de bestiaux qui s’était rapproché, formant presque un bel arc de cercle parfait autour d’eux. C’était facile, extérieurement, de ne pas presque rien montrer, si ce n’est une mâchoire un peu trop serré et un poing crispé mais intérieurement se mêlait la colère et l’humiliation. Se faire huer par la moitié, pour ne pas dire plus, d’une taverne, c’était une première, quand à la fin de sa petite tirade...
La rousse tenta de contrôler sa respiration, de se contrôler tout court, le succès était tout relatif tant l’envie de lui rentrer dedans était grande. Son oeil avisa le verre du vieux sur la table qui tanguait dangereusement face à l’agitation qui faisait trembler la table, laissant à l’occasion s’échapper quelques gouttes d’alcool.

- C’est récurent le mot queue chez toi, t’as pas l’occasion de t’en servir assez ? Les femmes préfèrent pas y toucher ? Si c’est aussi agréable que ton haleine ça m'étonne pas. Ou alors t’as peut être besoin que je t’explique comment ça fonctionne ?

Elle resta silencieuse quelques secondes à continuer de le fixer d’un oeil mauvais.

- C’était pas mieux pour toi avant l'apparition des fangeux et l'infime partie de femmes qui composent la milice, pas vrai ? On est frustré le poivrot ?

C’était petit, c’était tomber aussi bas que le tas de mâles qui l’entourait mais c’était un peu sortit tout seul, alors qu’elle avait fixé brièvement son entrejambe d’un air narquois. Son regard balaya la taverne avant de se reposer sur lui, dans un soupire agacé.

- Quand je pense qu’on risque nos vies pour que des déchets comme vous puissiez rester là, à l’abris, vivant, à nous salir. C’est qui, qui à le plus de couilles hein ?! T'es en âge de t’engager, t’as l’air bien portant, viens avec moi dehors, j’aimerais bien entendre le son de ta voix quand tu couineras comme une fillette en voyant ce qu’on affronte tous les jours.

Elle avait saisi le fameux verre, ça la démangeait trop, pour lui jeter le contenu restant au visage.

- Pour ta gouverne, même si j’ai pas a me justifier auprès de quelqu’un comme toi, je ne me défile pas et je ne me donne pas non plus. Je me sers des armes que tu ne voudrais pas que je porte pour assurer ta sécurité, la mienne, la vôtre et celle des hommes qui travaillent avec moi.

Xandra avait tapoté les fourreaux à sa ceinture, c’était surtout un moyen de rappeler qu’elle était prête à en découdre si d’aventure un d’entres eux ne restait pas à sa place. Si elle ne faiblissait pas à un regard, à défaut de répliquer aux insultes, en réalité, elle n’en menait pas large la milicienne, mais c’était trop tard pour reculer et si c’était à refaire, elle n’aurait pas agi différemment.
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyVen 7 Oct 2016 - 0:24
Il avait bu, certes, et pas qu’un peu, mais Marwen avait pour lui qu’il savait nonobstant garder la tête sur les épaules dès lors que le moment se faisait sentir. Oui, il s’était lancé avec véhémence dans une diatribe à l’encontre des miliciennes qui polluaient les rangs de la soldatesque, oui, il l’avait fait à l’improvisade, et avait parlé non pas avec son cœur, mais sous la fièvre de l’alcool. En revanche, sitôt que la nouvelle venue s’était dressée face à lui pour tenter de s’opposer à sa catilinaire, il avait su rassembler ses esprits pour mettre sa réflexion au service de son persiflage. Et, eu égard à la réaction de l’assemblée qui s’était formée autour d’eux, dans l’expectative de l’algarade, le contrebandier avait assurément réussi son tour de force.

L’on s’était esclaffé de part et d’autre de la taverne, et aux rires graveleux avait fait écho le bruit mat des mains tapant contre les épaules d’un camarade de beuverie. Les expressions s’étaient faites grivoises, et l’on esquissait çà et là de petits rictus moqueurs tout en dardant un regard égrillard sur la frêle jeune femme qui avait ainsi osé s’affranchir du joug masculin. Tout le monde attendait, non seulement avec patience, mais également avec beaucoup de sarcasme, la prochaine réplique de la rouquine. Et la riposte ne tarda pas à venir.

Elle avait décidé d’aborder le thème de la virilité, auquel tenaient si fortement les hommes. Que, peut-être, il ne pouvait pas en user aussi fréquemment qu’il l’eût véritablement, que, peut-être, elle n’était pas très probante, ou, encore, qu’il ne savait possiblement pas s’en servir. Puis elle continua avec même fougue qui l’avait assaillie sur une prétendue solitude, ce qui rejoignait, en fin de compte, le premier point sur lequel elle avait déjà statué. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire face à tout cela, et préféra laisser tomber cette première partie que pour mieux y revenir par la suite.

Car la jeune femme n’en avait pas terminé. A l’instar de Marwen, elle affectait elle aussi un petit air nonchalant, comme si elle ne se trouvait aucunement touchée par la virulence des propos et l’estime que pouvait bien lui témoigner la clientèle de ce repaire de brigands. Toutefois, l’Esbigneur doutait quelque peu qu’il en fût vraiment ainsi ; la hargne avec laquelle elle lui avait fait front trahissait un endêvement certain. Lui, de son côté, adoptait véritablement un air de toute quiétude, aucunement dérangé par les insultes qui pleuvaient sur son dos. Peu lui en chalait la sensibilité de son interlocutrice ; pour lui, il s’agissait d’un jeu, rien de plus, qu’il était déjà certain de pouvoir remporter, en sus d’avoir possiblement l’appui de ce public aussi primitif que stipendié. Le contrebandier eut un détestable revers de la main, chassant sans même lever le coude tous les arguments de l’hommasse.

« Je ne doute pas que tu ne ressentes nullement le besoin de te justifier, et c’est d’ailleurs pourquoi tu es justement en train de le faire présentement, non pas ? »

Tout comme ledit revers, son sourire se fit aussi détestable comme il regardait posément la jeune femme, avec une expression presque attristée pour elle.

« C’est bien vrai, ça. Quand je pense qu’il y en a qui sont assez cons pour risquer leur au-dehors, ah, ça ! Et tu crois me sauver ainsi la vie comme ça, en tuant une dizaine de fangeux sur les milliers qui ne peuvent être éradiqués ? Arharharh. A la bonne heure, alors. Va donc à l’extérieur de l’enceinte pour faire ton petit manège, et crève donc la bouche en cœur, si cela te fait plaisir, en ayant pour dernière pensée que tu t’es sacrifiée pour le bien commun. Putain, une telle naïveté dégoulinante, une telle ingénuité débilitante, ça me sort par la tête. Sache juste une chose, cocotte. T’es pas la seule à en avoir bousillé quelques-uns. »

Il s’était calmement levé du fauteuil défoncé dans lequel il s’était avachi jusque-là, et avait avancé à pas lent jusqu’à la jeune femme. Il n’avait cessé de la contempler du regard, de la défier de ses prunelles grises au même titre qu’elle l’avait fait des siennes. Ce n’était pas de la haine ou de la colère qu’il ressentait, juste de la certitude. Avoir un insigne de milicien ne lui donnait aucunement le droit de parler au nom de tous, surtout lorsque cela concernait un mal que tous les pécores ici réunis connaissaient bien. En fin de compte, la fange faisait son lot quotidien de victime, que ce soit par la famine, la maladie, le manque de place, ou, le plus crûment du monde, par leurs morsures et leurs crocs. Mais il n’était pas là pour s’engager dans ce discours aux allures philosophique. A la place, alors qu’il la dominait de toute sa carrure, et qu’elle paraissait presque étique en comparaison, son sourire ne s’accentua que plus encore, ironique, railleur.

« Mais avant que t’ailles te faire éventrer à l’extérieur pour - je n’en ai jamais douté ! me sauver la vie, revenons sur tes premiers points. »

Il se tourna vers la foule agglutinée autour d’eux, avec l’air bravache de celui qui a déjà gagné, avec cette expression fanfaronne accrochée aux traits. Et ce fut à eux, en bon démagogue qu’il pouvait être, qu’il s’adressa.

« Mais ouais, la gamine a raison. J’avoue, je confesse ! Je pâtis d’un cruel défaut depuis des années, et je ne puis passer outre. Qu’est-ce que je raconte ; je souffre d’une outrageante impéritie, comme le disent ces nobles qui foutent de nous, en matière de virilité. Oui, mes bons seigneurs, je ne suis pas comme vous. Mais heureusement, heureusement… »

Il se tourna de nouveau en direction de la rousse, goguenard, matois et cauteleux, ne lui cachant pas sa satisfaction.

« … Elle est là, et elle s’est proposée de m’expliquer comment ça fonctionne, n’est-ce pas ? Nous n’avons pas rêvé, mes frères, hein ? Alors vas-y, chérie. Eclaire-moi de tes lumières, montre-moi comment tu t’en servirais », termina-t-il avec contentement en posant sa lourde carcasse sur la table et en se penchant en arrière en s’appuyant sur ses coudes après avoir imperceptiblement écarté les genoux. Son regard couturé et narquois fixait continuellement la jeune femme.

Dans la taverne, en la présence de cette véritable cour des miracles, là où l’on avait coutume de battre sa femme, de vendre sa fille et de dépenser tout le saint-frusquin ainsi récolté aux putes ou en boisson, l’hystérie était à son comble en la faveur de ce bougre qui prêchait à sa manière le faux pour savoir le vrai.
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptySam 8 Oct 2016 - 1:50
Cette fois, plus encore que précédemment, il s’agissait de garder son sang froid et son calme, ce qui, parce que ce n’était plus du tout le cas, si ça l’avait été plus de quelques minutes, lui donnait un petit air hautain et condescendant. En effet a l’intérieur ça bouillonnait toujours, toujours plus et son petit rire narquois avait franchement menacé de faire déborder la marmite. Mais elle tenait bon, là, planté comme un I entouré d’hommes trop heureux de voir son “rival” la remettre à “sa place” parce qu’elle avait ce petit côté teigneux qui en ces lieux lui donnait sûrement l’air d’un roquet.

Par réflexe, plus que par volonté et pendant qu’elle écoutait la répartie, efficace, malheureusement, sur la meute affamée, la rousse avisait toute les issues possibles, parce que même si pour le moment l’ambiance était presque bon enfant, les choses risquaient de mal tourner. Alors en réalité et toujours masquée derrière son inutile masque de fierté, Xandra se chiait dessus. Sa taille ne l’aidait pas beaucoup et elle avait beau lever le menton elle se sentait trop petite, trop toute seule et vraiment trop mal partit.

« Je ne doute pas que tu ne ressentes nullement le besoin de te justifier, et c’est d’ailleurs pourquoi tu es justement en train de le faire présentement, non pas ? »

Il marquait un point, pourquoi diable prenait- elle la peine de discutailler ? Par fierté ? Parce qu’une petite partie d’elle espérait qu’on ne la juge pas aussi mal ?

- J’ai toujours l’espoir vain que les hommes de ton espèce soient capables d’entendre et de comprendre autres choses que les conneries qu’on leurs martèle depuis toujours.

C’était déjà pas terrible comme réplique, la suite s'annonçait guère plus facile. Bon sang le coup de la naïveté ça lui en avait mit un coup, parce qu’elle y croyait pas une seconde non plus à la possibilité de s’en sortir, parce que pour elle c’était les Dieux qui leurs tournaient le dos, parce qu’au fond elle sauvait la vie de personne, elle se contentait de les regarder mourir un à un et que ce serait comme ça jusqu’à ce que soit son tour…
Alors, l’espace d’une demi seconde, la rouquine avait baissé les yeux face à son adversaire à la langue acerbe avant de se reprendre.

- Oui, je crois te sauver la vie, mieux que ça, je le fais, chaque milicien le fait pour vos gueules, tous les jours. Parce que si les fangeux restent de l’autre côté des murs c’pas par politesse. On est pas aussi con que tu le penses, personne n’éradiquera ce fléau, mais tant qu’on se bougera pour qu’ils ne mettent pas les pieds ici, pour les repousser, tu pourras continuer à venir ouvrir ta gueule. Quand à ce que tu as sois disant fait, tu serais pas le premier ni le dernier à te vanter. Mais si c’est vrai et que tu n’abandonnes pas véritablement, t’en as peut être effectivement un peu plus dans le pantalon que ce que je pensais.

Pourquoi est-ce qu’elle venait de dire ça ? Il trouvait ridicule de se battre contre la fange et elle venait de sous entendre le contraire. Tans pis, trop tard. L’homme s’était levé, son instinct lui hurlait de foutre le camp mais la rousse restait encore et toujours campée là, obstinément, à le fixer, jetant de temps à autres un regard à un poivrot qui l’insultait trop fort, en bon roquet qui grognait mais qui n’osait pas mordre parce que s’il le faisait, le reste de la meute se ferait un malin plaisir de lui ouvrir la gorge. Ce qui, au fond, n’était qu’une question de temps...

Brièvement, ils avaient cessés de parler, le duel s’était poursuivi, muet, son regard bleu contre le sien, gris, tranchant comme l’acier. Ne pas céder, ni l’un ni l’autre ne le ferait et pourtant, l’un des deux tomberaient le premier.

« Mais avant que t’ailles te faire éventrer à l’extérieur pour - je n’en ai jamais douté ! me sauver la vie, revenons sur tes premiers points. »

A cet instant précis, Xandra comprit qu’elle avait perdu la partie, qu’elle s’était embourbée toute seule dans une situation insoluble. La ramener sur le cul dans un bouge remplit de mâles. Elle s’en serait collé une...

« … Elle est là, et elle s’est proposée de m’expliquer comment ça fonctionne, n’est-ce pas ?»

La rousse avait à peine entendu la suite de sa petite tirade, ses oreilles s’étaient mises à bourdonner, le sang de battre à ses temps, les rires gras lui parvenaient comme étouffés, la tête lui tournait un peu. Trouver une solution, se tirer de là. Ou pas, gagner du temps, se battre encore un peu...

Elle lui avait sourit, un sourire trop timide pour le leurrer, à celui qui ne semblait pas vouloir laisser de répit à son regard. A nouveau elle baissa les yeux sur son entrejambe, comme il s’installait là, en terrain conquis, déjà victorieux. Elle rêva un court instant de la lui couper, comme la chique, mais au lieu de ça elle inspira un peu d’air, vicié, pour se donner du courage. On ne lui avait pas encore sauter dessus, rester positif.

- Au vue de la situation, le fait que je sois la seule femme, vous comprendrez bien que je ne vais pas vous faire une petite démonstration moi même. Ce serait, par ailleurs, un peu compliqué de lui expliquer quelque chose la bouche pleine. Mais ! Mais ! Loin de moi, loin de nous, l’idée de laisser ce pauvre homme dans le besoin plus longtemps. Vous ne feriez pas à ça à celui que vous acclamez avant tant d’ardeur depuis toute à l’heure. Il n’y a qu’une seule solution, qu’un de vous se dévoue pour cette noble cause !


L’air de rien, Xandra avait commencé à reculer, jusqu’à toucher le mur à son tour, se rappelant combien de pas de côtés la séparaient de la fenêtre. Bordel, maintenant il fallait qu’elle réussisse à se tirer d'ici et vite !
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptySam 8 Oct 2016 - 21:44
La milicienne aurait pu batailler corps et âme pour lui tenir la dragée haute tout autant qu’elle aurait pu s’escrimer à chercher dans les tréfonds de son esprit les plus belles phrases et les répliques les plus mordantes, elle avait tout perdu dès le moment où Marwen s’était nonchalamment assis sur la table en l’observant mesquinement. La matoiserie cynique du contrebandier avait produit son petit effet sur l’entourage composé de brutes et de miséreux, lesquels ne pouvaient que trop rarement s’offrir une putain pour assouvir leurs plus bas instincts. Si fait, le spectacle de la jeune femme, capable de servir de moyen de substitution, attisait leur convoitise et leur besoin de chair, et dans l’air vibrait une impatience aussi bestiale que perceptible.

L’Esbigneur comme la rouquine ne l’avaient que trop bien sentie, permettant au premier de se gargariser de sa victoire comme à la seconde de prendre peur et d’évaluer ses chances de s’en sortir. Elle avait beau singé avoir conservé une mine fière et arrogante de celle que rien n’effraie, son visage n’en était pas moins devenu livide tandis que ses yeux, rompant le contact de ceux de Marwen, balayaient l’espace environnant en quête d’un secours inattendu, d’une échappatoire soudaine. Mais devant elle ne se découpaient que des mines grimaçantes, des joues vérolées et des pupilles concupiscentes. Alors, il y eut ce petit sourire qui ne suffisait aucunement à faire face à la situation, cette dernière retraite, pauvre salut, que suivit une maigre tirade, un aveu de faiblesse.

Non, elle ne pouvait aucunement se pencher sur son cas pour pallier l’impéritie qu’il pouvait ressentir, non, lui expliquer cela la bouche pleine ne pouvait décemment se faire, rendant l’opération bien trop délicate. Par ailleurs, il se trouvait assurément dans la pièce quelque bougre capable de lui prodiguer cette expérience qu’il affirmait ne point possédait, n’était-il pas ?
Ce fut sur ces mots qu’elle tenta de tirer sa révérence.

Face à pareils discours, Marwen eut très bien pu se ruer sur l’adversité en usant d’un ton aussi acerbe que tranchant, reprenant ses paroles tout en les corrigeant à sa sauce. Mais il préféra attendre un petit moment, sans jamais se départir de son sourire mesquin qui vint embrasser l’assistance. Il se releva dans cette même nonchalance victorieuse qui l’avait caractérisé jusque-là, et son regard s’accrocha çà et là aux faciès déformés de ses compères qui commençaient à s’écrier devant la fuite inopinée de la rouquine. Toujours sans piper mot, il les prit à partie de ses prunelles grises, et on lui rendit bien volontiers ce regard de connivence où se mêlaient à la fois l’incompréhension et l’indignation. Elle qui avait tant ouvert sa gueule, voilà qu’elle ne parvenait plus à assumer l’exactitude de ses dires ? Cela prouvait assurément que le contrebandier avait eu raison ; les bonnes femmes ne valaient rien, et l’on ne pouvait pas même compter sur elle afin d’effectuer cette tâche pour laquelle Anür les avait créées.
Et ne cherchait-elle pas à s’esbigner de là, aussi simplement et facilement que cela ? Son regard perdu fouillait la pièce, en quête d'une sortie, et elle s'efforçait malencontreusement de se fondre dans la foule, à pas lents, à reculons, pendant que ces mêmes gens refusaient à la laisser entrer dans leur cercle. Pire, on la dévisageait maintenant avec une certaine hargne, avec cet esprit revanchard et cassant que pouvaient parfois ressentir les butors lorsque le sexe faible avait l’outrecuidance de leur tenir tête.

Alors y avait-il eu l’appel de la fenêtre, assurément, dans la mesure où la porte lui était interdite ; trop de fieffés coquins s’étaient massés devant pour lui faire obstruction. Les légères et craintives enjambées de la jeune femme la conduisaient justement vers cet objectif, les muscles plus tendus que jamais. Face à pareil tableau, Marwen, qui avait su jusque-là contenir un silence éloquent, ne put se retenir d’en rajouter une couche.

« Je sais bien que la politesse comme l’entregent t’interdiraient de parler la bouche pleine, mais qui te parle de sucer ? »

En dépit de l’alcool qu’il avait ingurgité, Marwen avait bien en tête la proximité de la lucarne par laquelle la jeune effrontée pouvait éventuellement prendre la fuite ; ce petit jeu, ce duel ô combien intéressant mais bien trop facile lui avait ramené les idées au clair, et, désormais, il se comportait presque comme un abstème. Suite à sa réplique, bon nombre de maroufles acquiescèrent du chef, et il y en eut même pour mimer de la main une gestuelle obscène qui en disait long sur l’activité à laquelle aurait dû se livrer la milicienne. L’Esbigneur avança résolument vers elle.

« Ouais, il y a beaucoup de gars ici-bas, des types bien je t’assure. Mais, je te prie, un peu de respect pour ces pauvres servantes que voilà ! fit-il en désignant quelques femmes que l’on faisait rebondir sur les genoux lorsqu’elles n’apportaient pas les chopes mal rincées à leurs commanditaires. Elles ont beau être discrètes, elles n’en existent pas moins, en plus d’être très utiles, je te le garantis. »

Sans aucune manière, il harpa la rouquine par la main, l’entravant pour de bon d’une poigne ferme et assurée.

« J’ai bien noté ton petit manège ; tu ne penses quand même pas déjà me quitter ? »

Ni une, ni deux, il tira brusquement sur ce poignet qu’il tenait toujours, et la milicienne, déstabilisée, se retrouva pathétiquement dans ses bras.

« Fais ce que je te dis ou ils vont te faire le cul », lui murmura-t-il au passage au creux de l’oreille, si rapidement que ses propos, au milieu de toute cette agitation, en devinrent presque inintelligibles. Et comme s’il ne s’était rien passé, il la fit tournoyer sur elle-même, et la jeune femme se trouva devant Marwen, face à toute cette horde de malandrins, de cul-de-jatte et de borgnes.

« C’est que compte bien consommer ce que j’ai dûment gagné, ma jolie ! » continua-t-il, plus fortement, afin que tous pussent l’entendre. Se penchant par-dessus son épaule alors qu’il la tenait par la taille, tout contre lui, il ne se fit pas prier pour se rincer l’œil, avant de lui administrer une petite claque sur les fesses. « C’est que t’as l’air correctement roulé, en plus de ça. Je m’en voudrais que de passer à côté de ça. Mais t’es du genre timide, toi, c’est ça ? Ah, ça n’hésite pas à ouvrir sa gueule, mais dès qu’il faut passer à l’action, ça court se réfugier chez sa mère, ça se décharge de toute responsabilité. Ne me dis pas, quand même, que c’est moi qui vais devoir te montrer comment ça fonctionne, en fin de compte ! »

A l’aise dans sa petite comédie, il n’hésita pas à lever les yeux au ciel, une expression presque abasourdie plaquée sur le visage. Mais il n’avait pas oublié à quel genre de public il s’adressait, un public qui, jusque-là, avait été nourri par la promesse de pouvoir se rincer l’œil à son tour. Et cela n’était pas dans ses projets les plus immédiats. Peut-être même que cela pourrait se retourner contre lui.

« Les gars, je vous aurais bien volontiers fait profiter du spectacle, mais il me semble que la damoiselle ne semble pas des plus enclines à s’exhiber devant vous. L’on va devoir faire ça en tête-à-tête, mais je ne vous oublie pas, je vous raconterai tout. Et qui sait, peut-être même que lorsqu’elle aura compris la valeur des gens d’ici, à jouir jusqu’à briser les fenêtres, elle repassera céans même toute seule ! »

Il était plus prudent de se fendre de quelques rodomontades pour endormir leurs esprits libidineux. Mais s’il y eut quelques rires gras et d’autres gestes obscènes comme il s’en faisait tant dans une telle bauge, d’autres vauriens, plus revendicatifs, n’apprécièrent pas d’être ainsi occultés de l’affaire. Ça commença à grommeler çà et là dans le fond de la taverne, jusqu’à ce que Marwen déclare la phrase qui fit la différence.

« Pour me faire pardonner… Eh, patron, c’est ma tournée ! Fous ça sur mon ardoise ! »

Ce même jeu de dupe, entre lui et le tenancier quant au fait de savoir qui se ferait avoir lorsque viendrait l’addition finale, n’était pas prêt de s’arrêter. En fin de compte, peut-être que là aussi, Marwen s’en retirerait vainqueur, et pour cause ; il y eut un hourra généralisé, et la charpente branlante de la gargote se mit à trembler comme tout le monde tapait du poing sur la table. L’homme dut s’incliner, peut-être de mauvaise grâce. Certes, des esprits chagrins et revanchards bien désireux de contempler quelque acte obscène, il y en eut toujours, mais ceux-là furent happés par leurs camarades de beuverie qui les incitèrent à laisser tomber l’affaire pour se prendre une murge.

« On se barre de là », lança-t-il à la rouquine en la poussant droit devant lui tout en accélérant le pas jusqu’à sortir à l’air libre. Il ne la lâcha pas pour autant, la ballottant dans tous les sens comme une poupée de chiffon. Assurément, la soldatesque, ce n’était plus ce que c’était.

Enfin certain que personne de vindicatif n’avait pu les suivre, il arrêta la milicienne dans une vieille cour encadrée de hauts bâtiments en mauvais états, si mitoyens que leurs toits en venaient presque à se toucher. Dans cette lourde obscurité, Marwen barrait le passage à sa compagne, mais finit par la lâcher. Et avec cette même nonchalance qu’il avait toujours affectée, il s’appuya délibérément d’une épaule contre le mur, croisant les bras, fixant la jeune femme. Et il ne se départit pas de son petit sourire moqueur tandis qu’il conservait le silence.
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Xandra ErkalMilicienne
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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyMer 12 Oct 2016 - 2:43
« Je sais bien que la politesse comme l’entregent t’interdiraient de parler la bouche pleine, mais qui te parle de sucer ? »

Tes pattes écartées sur la table ?


Inutile, il avait sut tourner ses propos à son avantage, éludé ce qui l’arrangeait. Ca ne servait à rien d’insister, la seule chose importante était de se tirer d’ici, entière et sans boiter. Au point ou elle en était rendus, la rouquine n’avait guère envie de s’emmerder à argumenter, plutôt de se faire rentrer dans le crâne de ne plus remettre les pieds dans ce genre d’endroit et de ravaler sa fierté. Ce soir était une sorte de leçon d’humilité scabreuse.

En le voyant avancer vers elle, quittant la table avec une souplesse toute féline, Xandra avait soupiré. Il n’allait pas la laisser filer, bon sang qu’est ce qu’il lui voulait à la fin ? Juste l’humilier ou se faire mousser ? Vu le personnage, ces raisons lui semblaient un peu légère. Trop facile.

Voilà qu’il se préoccupait de ne pas heurter les catins. Comme s’il n'avait pas comprit ou elle voulait en venir. Bon sang ce que ce type suffisant lui tapait sur les nerfs.
Avant qu’elle n’ait le temps de vainement protester, par principe, la main de l’homme s’était refermé sur son poignet.

« J’ai bien noté ton petit manège ; tu ne penses quand même pas déjà me quitter ? »

- A vrai dire, j'ai connu meilleure compagnie ! Lâches-moi.

Raté, une fois de plus. Il y eut quelque chose de rassurant dans le murmure de cet inconnu, une intonation qui dénotait un peu de ce qu’elle avait entendu jusque là, si bien qu’elle lui fit confiance, de toute façon, elle n’avait plus vraiment le choix. Xandra savait se défendre, la jeune femme aurait put lui compliquer la tâche au lieu de jouer les poupées dociles, mais ce n’était pas vraiment le moment de lui faire une petite démonstration de ses aptitudes. Toutefois, si l’occasion se présentait, elle ne s’en priverait pas.

Bordel, il l’avait fessé. Il avait osé. La rousse avait sentit le rouge lui monter aux joues en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire le mot. Alors ça, il le lui paierait. Elle avait serré les dents, n’avait rien répondu au prix d’un grand effort, se contentant de ressasser sa promesse de sauver son conet si elle était sage...

« Les gars, je vous aurais bien volontiers fait profiter du spectacle, mais il me semble que la damoiselle ne semble pas des plus enclines à s’exhiber devant vous. L’on va devoir faire ça en tête-à-tête, mais je ne vous oublie pas, je vous raconterai tout. Et qui sait, peut-être même que lorsqu’elle aura compris la valeur des gens d’ici, à jouir jusqu’à briser les fenêtres, elle repassera céans même toute seule ! »

- N’en fais pas trop…

C’était sortit tout seul, dans un murmure entre des dents serrés à s’en faire mal, à peine audible, peut être ne l’avait-il même pas entendu. Mais peu importait au fond, parce qu’elle sentait que la fin de ce sale moment touchait à sa fin. D’une manière ou d’une autre...
La rousse sentait occasionnellement le souffle alcoolisé de l’inconnu alors que son regard allait et venait au grès des gestes salaces, des ricanements et des sobriquets.

« Pour me faire pardonner… Eh, patron, c’est ma tournée ! Fous ça sur mon ardoise ! »

La rousse, oubliant à qui elle avait affaire, se laissa presque aller en arrière contre lui dans un profond soupire de soulagement. Le sexe et l’alcool, y avait que ça de vrai dans les bas fonds et c’était des bières qui valaient, pour le coup, plus que l'intérêt qu’on lui portait. Parfait ! S’il ne s’était pas agi d’elle, la rousse aurait presque eut un sourire amusé. Mais là, la peur descendait d’un cran, les brouhaha et toute cette agitation lui donnaient presque le tournis.

« On se barre de là »

- Plutôt deux fois qu’une…

Une fois dehors, son poignet toujours emprisonné, la rousse leva les yeux au ciel, s’autorisant à reprendre un peu d’assurance.

- Tu peux me lâcher, je sais marcher toute seule et je ne compte pas m’enfuir.

Étonnement, fuir ne faisait pas parti de ses projets. La curiosité excessive de la renarde la poussait à en savoir plus, sur lui, sur ce qu’il voulait vraiment, si bien qu’elle ne se débattit pas. Oui, qu’est ce qu’un type comme lui faisait au milieu de déchets ? Peut être se posait-il la même question à son sujet ?

Finalement, pas très loin mais à l’écart de l’agitation nocturne, l’homme se décida à la lâcher. La rouquine remua son poignet et ses doigts, le massant un instant, plissant un peu les yeux pour dévisager son partenaire dans l’obscurité, pour repérer un peu les lieux qui lui étaient parfaitement inconnus.

Puis, sans le moindre signe avant coureur, Xandra s’avança et lui envoya son genoux, non pas dans les valseuses, mais un peu à côté, dans l’aine, avec la précision d’une habituée de la bagarre, une main gentiment posé sur son épaule.

- Ça, c’est pour t'être bien amusée à mes dépends.

"Ça" aurait pu lui coûter cher. Elle avait reculé immédiatement, une main sur le pommeau d’une de ses dagues, juste au cas ou, laissant échapper un souffle agacé, son regard noir planté dans le sien.

- Pourquoi tu m’as tiré de ce mauvais pas après m’y avoir poussé ? Ne me dis pas que c’est juste pour tirer ton coup ou jouer les sauveurs, j’y crois pas. A moins que ce ne soit pour essayer de me faire croire que j’avais BESOIN de toi pour m’en sortir ? Quelque chose me dit que tu ne fais rien pour rien et que tu ne peux pas être simplement aussi...détestable. Tu veux quelque chose de moi. Quoi ?
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyMer 12 Oct 2016 - 17:24
Marwen n’avait pas lâché la rouquine tout au long de leur fuite, car il n’était point décidé à la laisser partir aussi librement que cela. La bonne femme, de son côté, l’avait assurément ressenti, et bougonnait à la simple idée de se trouver toujours autant entravée par la poigne d’un opiniâtre contrebandier.

« Tu ne comptes pas t’enfuir ? T’as pas arrêté de chercher à te barrer de là depuis le début, que ce soit physiquement comme moralement », lui balança-t-il, faisant référence à sa nolonté d’assumer les conséquences de ses actes et de ses paroles. Mais si la milicienne maugréa quelque peu, elle ne chercha plus à se débattre, se laissant conduire comme un âne, ce qu’appréciait tout particulièrement l’Esbigneur. Enfin avait-elle peut-être compris où se trouvait sa place, et il en connaissait bien d’autres qui devraient en prendre de la graine.

Ce fut donc dans cette vieille cour qu’il la libéra finalement avant de s’appuyer contre un mur en bien mauvais état. Toujours aussi joueur, que trop désireux de masquer ses émotions et d’affecter une tranquille nonchalance, il la laissa agir la première. Car, assurément, après tout ce qu’ils venaient de vivre tous les deux, cette soudaine quiétude s’avérait bien lourde à supporter. Lorsque le calme refaisait surface, il fallait toujours trouver un moyen comme un autre d’évacuer le trop-plein. Et c’était justement dans ces moments-là que se révélait la véritable nature de la personne opposée. Et pour cause, la rouquine ne tarda pas à exploser.

Elle le dévisagea fermement, et se fendit d’un brusque coup de genou qui vint l’atteindre dans l’aine. Marwen s’attendait certes à quelque chose, mais, bien qu’il eût amorcé un petit mouvement en guise de défense, il fut pris au dépourvu, et le choc l’atteignit bel et bien. Il se plia en deux l’espace d’un instant, avant de se redresser bien droit, de tousser un coup, et de la considérer de ce même regard aussi insistant que narquois qui ne l’avait jamais quitté. Il se massa doucement l’endroit endolori, puis lui explicita son ressenti sur la question.

« Voilà l’effet que cela me donne. La dernière esbroufe d’une bonne femme, bien maigre en comparaison de tout ce qu’elle a subi, ou tout ce dont elle aurait pu souffrir, mais qui, eu égard à sa position, ne peut aspirer à meilleures représailles. En fait, ce n’est rien d’autre qu’une pathétique tentative afin d’espérer voler le dernier mot. »

Grimaçant nonobstant, il s’appuya de nouveau contre le mur, croisant les bras, puis se remit à sourire matoisement. C’était là le fond de sa pensée. En vérité, son petit mouvement visant à obvier l’attaque de la milicienne avait été purement instinctif, et commencer à amorcer pareille parade représentait son échec le plus cuisant de la soirée. Il s’était attendu à une baffe, une gifle, qu’il aurait bien volontiers recueillie. Après tout, il estimait, grand joueur et grand seigneur, qu’il l’avait mérité, et une bonne torgnole, au fond, valait bien la peine en comparaison du spectacle auquel il avait participé comme assisté. Dans tous les cas, la milicienne n’avait pas fini de vider son sac, et il l’écouta avec grand intérêt.

Cette logorrhée-ci, il devait avouer qu’il ne s’y attendait pas, car elle s’entourait de nuances que l’on eût presque pu qualifier de dithyrambiques, à leur façon. C’était qu’elle semblait avoir soudainement une haute opinion de lui-même, en fin de compte. La bonne femme l’assurait ; non, elle ne croyait vraiment pas qu’il fût du genre à profiter de leur petite escapade pour la bataculer aussi simplement que ces soubrettes qu’ils avaient rencontrées dans la taverne malfamée. Certes, par la suite, il y avait toujours un ou deux adjectifs fâcheux, mais peu lui en chalait. En conclusion, il ne savait s’il devait en sortir flatté ou blessé.

« Ah ouais ? Et pourquoi pas, finalement ? Je pourrais bien vouloir ton cul, en tête-à-tête, après t’avoir tirée de là. Peut-être que je me dis que tu seras bien plus à l’aise à l’abri des regards, parce que les étoiles de mer, putain, c’est chiant, à la longue. Ou même que je suis, en vérité, un grand timide, et que je préfère que l’on ne soit que tous les deux. Ou encore que je suis des plus égoïstes, et que je n’aime pas partager, qui sait. Parce que t’as quand même plus d’arguments et de conversations que les putains du Goulot, ce qui, fondamentalement, n’est pas trop difficile », acheva-t-il de dire tout en enfonçant le clou, la déshabillant presque du regard.

Il la laissa méditer et sur ses paroles, et sur son attitude, avant d’enchaîner.

« Mais, ouais, ce n’est effectivement pas pour te forcer les cuisses que je t’ai sortie de là. En fait, j’ai un peu du mal à statuer sur ton compte. Tu fais la forte tête, mais t’es pas trop dure à briser. T’es courageuse, vu à quel point tu t’es aheurtée de tes idéaux féminins, mais avec ta façon de les défendre, et à quel point il est aisé de les démonter, cela tourne à la témérité. Tu saisis la nuance ? Je dois confesser que t’en as dans le ventre, à défaut, disons, d’en avoir, ce qui a été notre menu débat tout au long de la soirée, mais si tu n’as pas quelqu’un pour te couvrir -moi en l’occurrence-, t’es directement dans la merde. »

De nouveau, il fit une petite pose, attendant une possible réaction, un changement d’attitude ou d’expression qui viendrait confirmer ou infirmer son avis.

« Alors voilà, je vais être franc. J’aurais besoin de quelqu’un de courageux -téméraire-, même, qui n’a pas froid aux yeux, à tel point que cela peut virer à la belle connerie. Toi, quoi. Car pour couronner le tout, tu es milicienne, me semble-t-il. Bref, le parfait partenaire.Sauf que, tu t’en doutes, tout ce que je projette de faire n’est pas des plus légaux. Mais bon, c’est la merde partout, je ne t’apprends rien ; on galère tous à joindre les deux bouts, à se loger, à se nourrir, et même à se faire plaisir. La mort rôde à chaque coin de rue, et chaque instant de notre vie peut être le dernier, sans même pouvoir en profiter. Du coup, je voudrais savoir. Toi, ès qualité de milicienne, t’es du genre véritablement débile -pas le profil que je cherche, à défendre coûte que coûte la loi et à t’y fixer sans même réfléchir, ou bien… Un peu de folie et quelques écarts peuvent t’intéresser, pourvu que cela puisse te rapporter quelques richesses ? Tiens, d’ailleurs, t’es peut-être dans le genre none ou prêtresse àlakon ; ce que je prévois n’implique aucunement la douleur ou la morte de quiconque. Pas de sang, pas de vol, ni rien. »

Puis il ajouta, dans un dernier sourire.

« Tu vois, quand je t'expliquais que je recherchais un partenaire dans le genre con-con… Ça ne le serait pas un peu, que de déballer tout ce que je te dis à un milicien, comme je le fais actuellement ? L’on est peut-être faits pour s’entendre comme cochons, chérie. »
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Xandra ErkalMilicienne
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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyMer 12 Oct 2016 - 20:02
La rouquine prit un air -de la pure comédie- je m’en foutiste. Bien sur que la consolation était bien maigre, même si le voir plier un instant, avait été particulièrement jouissif. Elle décida de se focaliser uniquement sur ce moment, le seul, agréable de le soirée.

- J’aurais pu faire mieux, j’aurais pu te broyer l’entrejambe, te regarder pleurer et te ridiculiser devant tout tes petits amis, estimes toi heureux de mes maigres représailles...

Xandra avait été bien incapable d’interpréter ensuite le regard de l’inconnu en réponse à sa petite tirade mais le fait est, que quelque chose, d’infime, avait subtilement changé dans leur ébauche de relation. La jeune femme espérait que cet état de fait, à défaut de faciliter leur échange, accélère un peu les choses et nourrisse sa trop grande curiosité.

Elle l’écouta lui expliquer par le menu les raisons qui auraient pu le pousser à ne vouloir la prendre qu’ici. Un franc sourire, un peu amusé, avait permit à cet inconnu qui ne l’était plus tout à fait, d’avoir un vague aperçu du côté jovial qui pouvait égayer le doux visage de la jeune femme quand on la brossait dans le sens du poil ou tout du moins, quand la situation lui convenait. Avec une étonnante sincérité, quand on ne la connaissait pas, Xandra lui répondit simplement :

- Pour les arguments, un point, pour la conversation j’ai encore des progrès à faire, mais je me défend…

Fanfaronnade. A vrai dire, elle était plutôt du genre à la mettre en veilleuse pour avoir la paix. Là, ce soir, c’était une petite erreur, la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, parce qu’il n’était pas avec elle, dehors, à risquer sa vie, parce qu’il n’était rien à ses yeux qu’une belle gueule avec des œillères et qui l’ouvrait beaucoup trop. Il était temps que les gens comprennent à quel point le monde et ses règles avaient changés et comme il devrait continuer à évoluer, pour la survie de ce qui restait de l’humanité.

Puis il y avait été de sa petite analyse, entre critiques et compliments. Il était peut être content finalement d’être tombé sur une grande gueule ce soir, au delà du plaisir de l’humilier, eut-elle besoin de s'entraîner encore, de se heurter davantage.

- Un point pour moi, j’avais vu juste. Un point pour toi, tu m’as sortit de là en bon état. Pas besoin de couilles pour tout ce que tu évoques, au fond, tu le sais non ?

La rouquine était jeune, impulsive et ses capacités de réflexions et ses occasions de joutes verbales restaient limitées. Alors ce soir, il n’y avait pas eu de miracle. Elle était salement vexée, Xandra, mais un peu ragaillardi par ses propos à lui. Fallait le faire...

Elle avait grimacé en écoutant la suite, les conneries ça la connaissait et si ce n’était pas elle qui allait au devant de ces dernières, ça lui tombait dessus, de tout façon. C’était déjà trop tard, elle s'en escusait. La jeune femme avait le don pour se mêler de ce qui ne la regardait pas, farfouiller au mauvais endroit, ce genre de choses... A vrai dire, jusque là, elle s’était montrée plutôt droite dans ses bottes, mais elle avait ce goût du jeu, du défi et le petit frisson du risque commençait déjà à lui chatouiller la colonne. Pas de morts, pas de blessés, il l’avait bien dit, non ? Aussi, l'oeilla-elle de biais, tentant de masquer son trop grand intérêt pour ses propos.

- Je n’ai jamais douté que tu sois, pas certains aspects, assez limité. On peut s’entendre, en effet, comme larrons en foire, mon loup.

Son sourire moqueur céda la place à une expression plus neutre, son regard soudain plus sérieux, alors qu’elle pesait le pour et le contre. Finalement, avec une petite moue contrariée, hésitante, la rousse lui tendit la main.

- Xandra, je n’irais pas jusqu’à dire enchantée.

Elle s’appuya contre le mur à son tour, à côté de lui levant le nez vers la lune.

- J’en suis, dis m’en plus.

Tu vas le regretter Xandra...
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyJeu 13 Oct 2016 - 15:06
Rien de très difficile à deviner ; il la tenait par le simple fait de sa curiosité. Elle avait beau être milicienne, avec des droits comme ses devoirs, Marwen avait bien compris qu’elle rangerait au placard tous ces probants principes de respect de la loi et d’autres conneries du même acabit. Cela se percevait rien qu’en étant attentif à la soudaine posture de la jeune femme, qui dardait sur lui un œil intéressé, bien loin de ces œillades noires qu’elle lui avait décochées jusque-là. Sans compter, là encore le plus étrangement du monde, toutes ces fois où elle s’était fendue d’une sorte de compliment à son égard. Il ne put s’empêcher.

« Tant de bons points pour ma personne… Ça ne vaut pas une petite récompense, ça ? lui lança-t-il en lui décochant un léger clin d’œil qui se voulait ostensiblement égrillard. Carrément même que tu m’appelles mon loup, ma grosse ! »

Eh bien, il en fallait peu pour vous retourner le cœur d’une donzelle. Toutefois, dans la milice, elle devait se faire souvent retourner tout court, aussi l’Esbigneur gageait qu’il s’agissait là d’une question d’habitude. Après tout, l’Homme avait pour lui de particulier qu’il était capable de s’adapter à presque toutes les situations. Bien entendu, pour se donner une certaine prestance qu’elle avait perdue bien longtemps auparavant, la rouquine fit mine de pourpenser sur le bien-fondé de pareille entreprise. Fais-toi mousser, ma grande, songea l’Esbigneur en souriant, alors qu’il la contemplait en train d’hésiter. Puis, de manière évidente, elle lui tendit la main, dont s’empara le contrebandier.

« Marché conclu. Marwen l’Esbigneur. »

Usant de mimétisme, la dénommée Xandra s’appuya à son tour sur le mur, déclarant d’un air intéressé qu’elle l’écoutait avec grande attention.

« Non, tu découvriras ça sur le tas. Viens donc que je te montre », lui fit-il tout en souriant.
Dans le fond de cette petite cour insalubre qu’il n’avait pas choisie au hasard, Marwen leur dégota plusieurs sacs de bure qui contenaient plusieurs outils ; burins, marteaux, pioches et pelles. Il en tendit un à la milicienne.

« Tiens, voilà pour toi. A la base, l’on devait être plusieurs, mais, en fait, rien qu’avec toi, ça devrait faire l’affaire. Bon, maintenant, il s’agit de ne pas se faire choper dans les rues, avec le couvre-feu. On doit sortir un peu du Goulot. »

Le contrebandier s’empara à son tour d’une toile avant de tourner les talons et de s’engager dans les ruelles malfamées du pire quartier de la capitale. Ils avançaient en même temps, dans l’ombre des murs racornis, sous les encorbellements déchiquetés par le temps. Les charpentes des masures s’affaissaient de guingois, se touchant les unes les autres au niveau de leur toit, ne laissant presque aucun espace pour deviner la voûte céleste enténébrée de lourds nuages. Si fait, la lune ne dispensait aucunement sa lueur argentée sur le monde alors baigné d'obscurité, ce qui les arrangeait bigrement.

« A ton avis, quel est le plan, avec tout ce matériel ? »

Ils ne croisèrent que de pauvres hères dans ces venelles oubliées de Marbrume, et pas assez de types patibulaires qui furent en assez grand nombre pour leur chercher des noises. Dans le Goulot, là où la soldatesque n’osait s’aventurer, l’on pouvait de temps à autre y croiser quelques personnes, et cela même après la tombée de la nuit. Toutefois, lorsque le duo parvint à la frontière du quartier, là où les ruelles se firent légèrement plus éclairées et les maisons en meilleur état, Marwen fit une pose.

« On arrive au Bourg-Levant. C’est là qu’il faut faire gaffe, même si la patrouille que j’ai en vue devrait arriver plus tard. »

Effectivement, dans ce quartier où les gens avaient davantage tendance à respecter la loi et où les miliciens s’y frayaient plus facilement un chemin, il n’y avait pas âme qui vive, et ce fut sans rémora qu’ils parvinrent à la destination souhaitée. Se découpa devant eux un bas muret de vieilles pierres blanches piqué d’une clôture en fer forgé, qui entourait un aître aux tombes séculaires. De petits amas brumeux flottaient entre les sépultures, apportant ce brin de rosée vespérale qui humidifierait l’herbe haute au matin. Cela faisait bien longtemps que l’on n’enterrait plus les morts, dans le Morguestanc, et cela depuis que les macchabées avaient une fâcheuse tendance à se relever. Ainsi préférait-on brûler les corps, par pure précaution, et tous ces caveaux étaient restés intouchés. Ou presque.

L’Esbigneur se dirigea en direction de l’entrée, un simple portillon en fer forgé lui aussi, qui s’ouvrit en grinçant sous la pression de l’homme. A l’intérieur du cimetière, les deux visiteurs nocturnes pouvaient facilement être aperçus, s’ils ne prêtaient pas attention, par les gens circulant à l’extérieur, lesquels pouvaient regarder au travers des grilles dont les minces barreaux s’avéraient largement espacés.

« Xandra, faut que l’on trouve cette tombe », expliqua Marwen en dépliant un parchemin où l'on pouvait lire l'inscription Anémone de Conques. Il se garda bien de révéler qu’il ne savait pas ses lettres, préférant retenir la forme géométrique du nom pour tenter de découvrir son jumeau sur une stèle.
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyDim 16 Oct 2016 - 21:42
- Ma grosse ? Ta récompense c’est ma reconnaissance, ce qui, vu le début de notre petite soirée, est déjà beaucoup...trop.

Ma grosse ! Comme tout le monde, ou presque, Xandra était sensible à la critique, bonne ou mauvaise. Toutefois, elle n’était pas aveugle, une nourriture presque correcte, une activité physique plus que suffisante, la milicienne était loin d’être grassouillette et laissa couler la petite boutade de son partenaire.

- L’esbigneur…Original. On t'appelle comme ça depuis longtemps ?

Cette fichue curiosité ! Sans rien ajouter, qu’il lui réponde ou non, elle s’écarta du mur pour le suivre. Rien ne lui prouvait, en plus, que cet homme lui disait ou lui dirait la vérité, sa confiance en sa personne était pour le moment presque inexistante et elle regrettait un peu d’avoir accepté si rapidement. Ceci dit, elle pouvait faire marche arrière n’importe quand, du moins elle ressentait le besoin de s’en persuader.

Il avait tout prévue ce Marwen. Xandra prit le temps d’ouvrir son sac et de jeter un oeil à l’intérieur. C’était quoi le plan ? Jouer les fossoyeurs ? Il lui apprit qu’elle seule ferait l’affaire, dans un sens ça l’arrangeait bien, surtout si ces petits copains ressemblaient à ceux dont elle était enfin débarrassée.

- Pas se faire prendre, c’est ma spécialité. Disons que...Comme tu t’en doutes, je n’ai pas toujours été milicienne.

Avant il n’y avait pas les fangeux, avant il n’y avait pas de femmes soldats et encore avant, les gens avaient bien plus de richesses. A ces mots elle sentit à nouveau la culpabilité lui malmené les boyaux. Elle s’était pourtant juré de ne plus jouer à ça, de ne plus titiller la corde de la légalité. Il y avait eu ces mensonges pour couvrir Lore et Jehan, maintenant ce qu’elle s'apprêtait à faire. Cette soirée prenait un tournant inattendu, qui puait l’embrouille et pourtant, Xandra ne comptait pas reculer. Qu’est ce qui tournait pas rond chez elle ce soir ?

Si la rouquine aurait été plus à l’aise au Labourg pour évoluer et disparaître en cas de faux pas, elle connaissait un peu le goulot, elle y avait quelques contacts à la belle...la mauvaise époque. Voilà qu’elle avait un petit coup de nostalgie ! Peut être qu’elle aurait dû demander sa mutation à l’intérieur, peut être que ça avait un rapport avec ce qui la prenait aux tripes quand il fallait crapahuter à l’extérieur. Pourtant, elle aimait ce qu’elle faisait, c’était indispensable. C’est perdu dans ses pensées embrouillées que la jeune femme releva le nez vers Marwen.

- On va jouer les taupes et déterrer ce qui ne devrait pas l’être, récupérer ce qui ne sert plus à personne ?

Creuser pour gagner trois sous ? Pourquoi pas, à moins qu’il sache exactement où taper de la pelle ? Bah, elle ne tarderait pas à le savoir et Xandra se retint de poser d’avantage de questions, concentré sur la route, tendant l’oreille aux éventuelles voix, au bruits de pas, à tout ce qui pourrait briser le calme de la nuit et compromettre leurs petites escapades.

Si Xandra avait eu un doute, il se serait évanoui rapidement, la jeune femme reconnaissant la route conduisant au cimetière délaissée, à présent de jours comme de nuits. A l’heure où l’on brûlait les cadavres, seuls ceux venant se recueillir devait en fouler le sol abimé. Pour sa part, ne reposait ici personne à pleurer.

Ils entrèrent. Le grincement du portillon au contact de l’Esbigneur fit frissonner la rouquine qui jeta un oeil par dessus son épaule mais rien n’avait changé autour d’eux. Habituée à être invisible, la jeune femme tâchait d’évoluer dans les ombres des stèles, s’arrêtant derrière un arbre rabougris pour écouter son partenaire.

« Xandra, faut que l’on trouve cette tombe »

La jeune femme lui aurait bien demandé de la laisser jeter un œil plus longtemps puisqu’il ne s’agissait, pour elle, que d’un amas de courbes et de lignes, mais elle se contenta d’hocher la tête de peur d’avoir l’air ridicule en avouant être incapable de lire. Aussi, s’était-elle évertuer à ne retenir que le début du premier mot, en l'occurrence un nom puisqu’on cherchait une sépulture. Cela devrait être suffisant. Xandra n’était pas vraiment étonnée qu’il sache exactement ce qu’il cherchait. Il faudrait faire un petit topo sur le pourcentage, puisqu’il était l’instigateur de tout ça, elle avait un peu peur qu’il rafle le plus gros mais était bien contente qu’il ne soit que deux.

Peu importe qui était cet A N E M et malgré la petite culpabilité qui pointait à nouveau le bout de son nez, la jeune femme était bien décidé à lui mettre la main dessus, du moins ce qu’il en restait. A quoi pouvait bien lui servir...Lui servir quoi d’ailleurs ? Allant de tombe en tombe, de caveau en caveau, la rouquine se figea. Il lui semblait bien que les lettres correspondaient même si elle n’en était pas certaine.
Roh et puis tans pis.

- Marwen ? murmura Xandra, brisant soudain le silence presque religieux et cruellement moralisateur du cimetière. - Je crois que c’est ici !
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyMar 18 Oct 2016 - 17:40
Oui, cela faisait désormais un petit bout de temps que Marwen se faisait appeler de la sorte.

« Depuis que l’on s’est habitué à ce que je ne me fasse jamais choper, ce qui est somme toute assez rare, dans le métier », lui expliqua-t-il.
En tout cas, non, il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait bien pu faire auparavant, la Xandra. En fait, il n’y avait jamais véritablement pensé. C’était une milicienne, et, pour entrer dans la soldatesque par les temps qui couraient, à l’aube de cette putain de révolution des genres, c’était assez incroyable, assez imbécile. Plus encore, elle avait été assez sotte pour traîner dans une bauge comme celle où elle avait rencontré le contrebandier, ce qui diminuait que plus encore l’intelligence qu’elle prétendait posséder. Pour toutes ces raisons, elle avait dû être, par le passé, assurément pauvre, et beaucoup dans le besoin. L’Esbigneur ne voyait qu’un corps de métier :

« J’y ai jamais pensé, mais maintenant, ouais, j’imagine. T’étais une pute, avant ? Même que t’as tellement dû en sucer que t’as juré de ne plus y goûter, désormais. »
Ce qui expliquait ses réticences. Après tout, la jeune femme n’était pas déplaisante, elle avait encore toutes ses dents, et disposait d’une peau lisse, aucunement endommagée, contrairement à celle vérolée qu’arboraient souvent les lutineuses.

Encore que, si la milicienne n’avait pas paru des plus fute-fute, elle était malgré tout parvenue à comprendre ce qu’ils foutaient là, tous les deux, à la seule vue des outils qu’ils transportaient.

« Tout à fait. J’espère que tu n’y vois pas d’inconvénient. Moi, les hypocrites et les fragiles, ça me casse les couilles façon violente. Les morts sont morts, aussi tout ce qu’ils peuvent détenir dans leur dernière demeure ne sert strictement plus à rien. Tiens, même le duc touche rien là-dessus, pas d’impôt ni rien ! Des putains de voleurs, je te le dis, moi, les macchabées. »

Et là, les voilà qui erraient entre les tombes, parcourant ces petits sentiers sinueux qui louvoyaient dans l’ombre. Certaines stèles remontaient à des périodes antiques, tant et si bien qu’il était impossible de déchiffrer les caractères gravés, et Marwen se demandait s’il s’agissait du même alphabet que celui actuellement utilisé. Certains caveaux demeuraient richement ornés, et régulièrement visités, comme en témoignait la présence de fleurs et de petites intentions abandonnées en bordure du parterre. Rien qui ne valût la peine, toutefois, d’être piqué, malheureusement. Et même pour les sépultures les plus récentes, ce déchiffrage, plus qu’une lecture, s’avérait des plus difficiles en l’absence de la lumière lunaire. L’avantage, cela dit, c’était que ça les couvrirait lorsqu’en viendrait le besoin.

Et Marwen continuait à arpenter le cimetière, mais toujours cette Anémone se refusait à lui. Ce fut Xandra qui l’appela, pensant avoir finalement trouvé la stèle. Intrigué et pas fâché que ce fût peut-être le cas, il s’approcha de la milicienne avant de braquer le regard sur la magnifique tombe qu’elle lui désignait. Il ressortit le parchemin, pour être certain que cet ensemble de traits partant dans tous les sens s’y apparentait bien.

« Bravo, c’est bien ça, je crois. Bha, on va creuser pour voir, hein. »
Lâchant les sacs à côté, ils en sortirent les outils et s’emparèrent des pelles. A l’unisson, ils les plantèrent dans le sol, et en retirèrent de lourdes mottes. Un travail chiant et laborieux, fatigant, qui vous créait des ampoules aux mains sitôt que votre cal n’était pas assez consistant. Afin de passer le temps un peu plus rapidement, l’Esbigneur expliqua ce qu’il savait là-dessus.

« T’as toujours un connard pour parler plus que de raison quand il est ivre, toujours un pour péter plus haut que son cul. Là, en l’occurrence, c’était un pauvre type qui se la racontait en disant qu’une de ses tantes était riche comme pas possible, quoique fortement avare, à sa manière. Tant et si bien qu’elle aurait été enterrée avec une belle fortune, ne désirant pas la céder au Temple. Quant à une éventuelle progéniture, elle n’en possédait pas. Alors, comme on le fait si bien, là, j’ai creusé la question. Avec un verre ou deux, l’on en apprend toujours davantage. En fait, la Anémone de Conques, là, elle n’a pas de progéniture parce qu’elle s’est défoncé le ventre à coup de produits pas très très nets. Et pourquoi ? Parce que c’était une pute, tout simplement, qui venait d’ailleurs du petit village de Conques, et qu’elle ne pouvait pas se permettre d’avoir des gosses. Ça la fout mal, dans le métier. Mais je dis ça, t’es peut-être au courant, cela dit. Enfin, voilà, toujours est-il qu’elle était magnifique, à ce que l’on dit, et qu’elle rencontrait pas mal de succès auprès des hommes, tant et si bien qu’elle aurait eu sa propre maison à l’Esplanade, qu’il m’a dit, l’imbriaque. Mais j’ai un peu du mal à le croire, sur ce point-là ; pourquoi aurait-elle été enterrée céans même, si tel était le cas ? Quoique, peut-être qu’avec l’âge et tout, elle est devenue forte comme un bœuf, grosse de partout, avec les mamelles aussi tombantes que ses dents. Bref, le sort de toutes les femmes, quoi. Ah, toucherait-on au but ? »

Un petit bruit bien rassurant, bien plaisant, s’était rendu audible à leur oreille ; celui du fer qui cognait quelque chose de dur. Ragaillardis par cette douce musique, ils creusèrent de plus belle, avec davantage de force et d’entrain.

« Tu sais pourquoi je suis bien content que, malgré tout, tu sois une milicienne ? Parce que, le truc, c’est que j’ai déjà surveillé l’endroit, histoire de ne pas m’y rendre et d’y trouver une mésaventure àlakon que j’aurais pu éviter. Et voilà le souci ; toutes les heures, environ, il y a une patrouille des tiens qui passe par ici. Et qui vient même dans ! le cimetière. Genre vous n’êtes pas assez brise-burnes comme cela, faut que vous jouiez les zélotes. Si fait, impossible de pouvoir opérer tranquille en une heure, et pas non plus le temps de ranger les affaires et de déguerpir ni vu ni connu. Une belle motte de terre, c’est bien trop repérable. Donc sitôt qu’ils arriveront, ce qui s’entendra bien vu le bruit de leurs bottes sur le pavé –ouais, j’ai fait gaffe à ça aussi, tu courras vers eux, tu leur feras ce que tu veux, ma belle, je m’en contrefous, s’il faut que tu fasses ce que tu m’as refusé et que tu donnes ton cul, que tu leur chantes un opéra ou que tu leur racontes le pire bobard du Morguestanc, mais il n’y a pas intérêt à ce qu’ils viennent pas ici. Capich ? »

Vint le moment d’user du marteau et du burin. Contrairement à ce qu’avait pu croire l’Esbigneur, il demeurait impossible de remonter le cercueil pour l’exploser sur la terre ferme, non. Car plutôt que du bois, voilà qu’il était en marbre, l’engin, ce qui le rendait passablement plus lourd. Il avait pensé à beaucoup de choses, mais pas à cela, et s’en trouvait bien con. Maugréant, il s’empara de ses outils, sauta dans le trou, et chercha à briser le tombeau plus qu’à l’ouvrir proprement.

Marwen fit la tronche, là aussi ; si creuser dans le sol demeurait relativement silencieux tant que l’on vidait la terre, le burin heurtant le marbre, lui, causait définitivement un tout autre bruit, bien plus retentissant, et ce qui avait sonné comme une douce mélodie jusque-là menaçait de lui provoquer une crise d’apoplexie. Il grinçait des dents, tapait quelques coups, puis arrêtait immédiatement, tendant l’oreille dans la crainte de percevoir la venue du guet. D’ailleurs, alors même qu’ils étaient sur le point de percer pour de bon la couche de marbre, L’Esbigneur se félicita d’avoir été si bien inspiré ; le bruit de pas ferrés se répercuta sur les murs avoisinants, montant bien haut dans l’air vespéral.

« Putain, dire qu’on y est presque, bordel de merde. Te loupe pas, discute pas, y’a plus le temps, vas-y, vas-y, faut pas qu’ils entrent ! »

Effectivement, à travers les barreaux fortement espacés de la grille surplombant ce petit muret de pierre, lequel s’arrêtait à hauteur de la taille, l’on percevait comme un feu qui illuminait une ruelle adjacente. Et ce feu grossissait de seconde en seconde à mesure que la patrouille se rapprochait et que les pas devenaient de plus en plus audibles. Plutôt qu’un incendie, il s’agissait bien évidemment des oupilles que portaient haut les miliciens, et Marwen se dit que cette patrouille avait un caractère plus dissuasif qu’autre chose, vu à quel point il était facile que de la repérer.

Pour Xandra, le temps passa, et sûrement courut-elle à la rencontre des gus. Ce qui était certain, en revanche, c’est que lorsqu’elle revint, avec ou sans la patrouille, Marwen avait disparu, et la sépulture avait été violée de ses richesses.
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyLun 24 Oct 2016 - 19:36
Le fils de pute…. avait lâché la rouquine en revenant sur les lieux de leurs...profanation. Sa petite entrevue avec la milice ducal n’avait pas duré bien longtemps, pour deux raisons, l’une, c’était bientôt la fin du service et crapahuter là dedans ça les enthousiasmait jamais. Raymond, il répétait toujours, qu’une fois, il avait vu quelques chose, un fantôme, en l'occurrence et même si personne n’avait envie de le croire, parce que passer pour le crédule de la brigade c’était pas terrible, bah il donnait suffisamment de détails pour qu’ils aient quand même un peu la trouille. La seconde, c’est que des bonnes femmes y en avait pas cinquante et qu’on l’avait reconnu la Xandra. Elle avait entendu du bruit, mais en fait c’était qu’un chat ? Bah tant mieux, on aurait pas à vérifier ce soir. Ce qu’elle foutait là ? Elle était allé dans un bar qu’on connaissait de réputation, personne était assez con pour y aller dans la milice. D’ailleurs, on s’était bien foutu de sa gueule. Qu’elle file, c’pas comme si on pouvait pas la retrouver si elle avait menti. Pour une fois donc, on avait fait une exception, on était allé vérifier la véracité de ses dires. Quelle conne avait dit l’un, elle a peut être pas tout à fait tort avait dit l’autre.

Quoi qu’il en soit, à présent, Xandra était seule devant une tombe vide à essayer de contrôler la rage qui lui faisait serrer les dents et imaginer toute sorte de tortures et d’insultes réservées à son petit camarade. Mais ce serait bien idiot que de courir après l’Esbigneur. Idiot mais...Xandra voulait savoir ce qui se trouvait dans la tombe de cette malheureuse Anémone, filer une bonne leçon à ce Marwen et récupérer ce qui lui revenait, un peu plus, pour dédommagement. Même s’il mériterait qu’elle lui prenne tout et qu’elle le laisse derrière à ramasser ses doigts. La prudence criait à Xandra de rentrer chez elle, sa logique aussi. Après tout, elle n’avait rien perdu si ce n’est du temps et de l’huile de coude, c’était le bon moment pour enterrer toute cette histoire. Oh oui.

Accroupie entre les dalles, la jeune femme effleura le sol, caressant de l’index la terre pour mettre davantage en valeur la trace que la semelle de Marwen avait laissé. Parce que sa curiosité et sa colère, elles, lui dictaient de le retrouver. Se présenter à lui en personne pour lui montrer que la milice, qu’une FEMME pouvait remettre en question son habitude de ne jamais se faire avoir ? Ou bien, elle pouvait simplement lui voler son petit trésor. Histoire de lui rappeler pourquoi on l’appelait l’Ombre, autrefois. Xandra n’avait pas été pute non, mais tout ça, là, l’excitait terriblement en réalité et elle ne fermerait pas l’oeil tant qu’elle ne lui aurait pas mit la main dessus. Pour certaines choses, la jeune femme pouvait se montrer très patiente.

- Bonne nuit, Anémome. Désolé du...dérangement.

C’est comme ça qu’elle partit en chasse, suivant traces et empreintes laissés dans la poussières,, se fiant à son instinct parfois, à sa connaissance de la rue, souvent. Il faisait sombre et c’est presque le nez collé au sol qu’elle tentait parfois de ne pas passer à coté de ce qui se voyait à peine. D’autres empreintes, d’autres histoires venaient parfois lui corser les choses, se mêler à sa progression laborieuse. Une tâche sombre attira son attention, du sang, fort heureusement sec depuis longtemps et qui s’effrita sous ses doigts. Par chance, par détermination, elle finit par retrouver, avec certitude celui qu’elle cherchait. D’abord tapit sur un toit, retrouvant des sensations oubliées, puis, certaine qu’il n’allait pas disparaître à nouveau, Xandra retrouva la ruelle, s’y fondit pour l’observer plus avant. S’approchant si l’occasion de le faire sans risquer d’être vu ne se présentait. Ensuite la rouquine aviserait.
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Marwen l'EsbigneurContrebandier
Marwen l'Esbigneur



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MessageSujet: Re: Tomber sur un os [Xandra & Marwen].   Tomber sur un os [Xandra & Marwen]. EmptyMar 25 Oct 2016 - 17:58
Xandra semblait passablement excédée que de s’être fait berner de la sorte, et la colère autant que l’indignation se lisaient sur son visage. Elle demeurait immobile devant la tombe violée, dépossédée de toutes ses richesses d’antan, et songeait assurément à quelque revanche que ce fût. Alors elle se mit à suivre les traces de pas du contrebandier, mais, rapidement, elle se rendit compte qu’il s’agissait là d’une tâche plus ardue que prévu ; l’homme n’était pas bête, contrairement à ce que pouvait éventuellement supposer son visage, et, avec les rondes interminables de la milice dans le cimetière, il avait scrupuleusement marché dans leur sillage, sur ce même chemin qu’ils empruntaient toujours. Ainsi, ses traces de semelles se mêlaient à celles des bottes ferrées, presque de manière indissociable, et il devenait très compliqué que de déterminer à qui appartenaient ces pas. Toutefois, la rouquine put tout de même parvenir jusqu’en bordure de l’aître, passer un autre petit portillon en fer forgé noir sur lequel le temps avait laissé de nombreuses traces de rouille, et ce même sinistre grincement à son ouverture.

Là, en revanche, une fois dans la rue, c’était une tout autre paire de manches. Les traces, s’il y en avait toujours dans cette petite allée aux quelques pavés encore incrustés dans la boue, se démultipliaient en centaine, après que la fange spongieuse se fût vu marcher dessus par des passants et des chalands plus ou moins pressés d’accourir à leurs activités journalières. La milice, les tombereaux, les très rares bêtes de bâts, les pelletiers et les ramasseurs d’ordures, tout cela formait une masse compacte et volumineuse de pieds pétrissant la gadoue, y marquant leurs empreintes.
De plus, non, Xandra ne grimpa pas sur les toits, d’aucune façon, pas plus qu’elle ne joua les acrobates à s'accrocher aux ancres des murs ou à faire le funambule sur quelques fils où l’on étendait le linge, à quelques toises au-dessus de la tête des gens. En vérité, à peine s’était-elle dressée face au mur qu’elle n’eut pas d’autre choix que de s’interrompre immédiatement.

« Eh bien, t’en tires, une tronche. J’aimerais pas être le gus que tu t’en vas écharper, Xandra. Quelqu’un t’aurait-il volé ? Arharharh. »

Marwen se tenait juste derrière elle, en dehors du cimetière, et il était aisé de deviner l’expression de la milicienne. Stupéfaite, ou bien encore plus hargneuse. Ou un savant mélange des deux, peut-être. C’était compréhensible, surtout lorsque l’on partait en chasse d’une proie que pour mieux devenir la cible elle-même de cette dernière. Mais l’Esbigneur n’était pas du genre braconnier, non, il appartenait plutôt à la caste des prudents, des roués. Et son sourire se fit que plus narquois encore en dévisageant la milicienne.

« Sacrée toi. Sans déconner, tu crois vraiment que j’allais prendre le pari de te voir te ramener, toi et tes petits copains, et que je me fasse choper comme une merde en train de dépouiller une tombe ? Putain, je vaux mieux que ça, eh. Bha ouais, il demeurait toujours le risque que, après notre charmant tête-à-tête dans cette taverne, tu en aurais pris ombrage, tu m’aurais pris en grippe, et que tu aurais décidé de me mettre un coup de couteau dans le dos en allant aussitôt me dénoncer à tes soldats, là. C’était une hypothèse, une conjecture, et je suis du genre à prendre mes précautions. Alors sois pas fâchée, chérie. J’ai bien vu que t’avais fait ce que je t’avais demandé, que tu avais éloigné cette racaille de miliciens, ce qui m’a ainsi donné le champ libre pour compléter mes disquisitions. Et regarde donc ce que j’ai trouvé ici-bas. »

Joignant le geste à la parole, Marwen fit passer son sac de bure, qu’il avait récupéré, par-dessus son épaule, et lorsque celui-ci heurta le sol, l’on put ouïr, en sus de tous ces bruits de ferraille caractéristiques des burins et des pelles, des petits cliquètements bien sympathiques. De ceux que produisent les pièces lorsqu’on les entrechoque les unes contre les autres, ou qu’on les laisse couler entre ses doigts pour les verser dans un coffre qui en contenait déjà.

Regardant à droite à gauche, toujours aussi prudent, afin d’être certain que personne ne leur mettrait le grappin dessus en compagnie de ces objets anciens et volés, le contrebandier fit béer le sac. Xandra put dès lors y voir bien des objets miroiter devant ses yeux, une nitescence particulière, jaunâtre, ancienne, mais indubitablement précieuse.

« Bon, notre Anémone n’était peut-être pas aussi riche que prévu -ouais, t’as ma promesse que je cherche pas à te duper, ma grande, mais c’est déjà pas mal, en fin de compte. »

Plusieurs couronnes d’or baignaient dans le fond de la toile ouverte, et Marwen en prit une dans ses mains, l’exhibant au regard de sa partenaire.

« Ça a été frappé il y a un bout de temps, ça. Je crois que ça a toujours de la valeur, m’est avis. Enfin, pour un numismate, à tout le moins. Ou un grokon qui ne sait pas reconnaître une pièce actuelle et une ancienne, c’est tout aussi possible, ça. Peut-être même que ça vaut encore plus cher, eh. Faudra juste que tu t’occupes, de ton côté, pour ce que tu prendras là, de trouver un gus qui puisse y trouver son véritable coût. Tiens, sinon, d’autres trucs potentiellement plus faciles à écouler. »

Il montra les deux derniers trésors qu’il avait pris soin d’exhumer. Une bague finement ciselée, où trônait en son centre un petit saphir rayonnant de tout son éclat cérulé, et un long collier de perles blanches qui vous coulait dans la main.

« Je te le dis net, la bague vaut évidemment bien plus cher, et je me la réserve. Je sais déjà à qui je pourrais la refourguer, aussi je me la garde pour éviter tout potentiel gaspillage. Mais je te concède bien volontiers le collier, et la moitié des pièces d’or. C’est un marché qui me semble relativement équitable, d’autant plus que je suis à l’initiative de l’idée. Ça roule ? Après ça, y’aura plus qu’à reboucher la tombe, car j’ai pas trop envie que tes petits copains découvrent le pot aux roses et décident de boucler tous les cimetières du coin ; je suis persuadé qu’il y a encore de nombreux trésors à déceler. Et puis on reprendra notre route chacun de notre côté. »
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