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 Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]

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Morion de VentfroidComte
Morion de Ventfroid



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MessageSujet: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptySam 9 Juil 2016 - 17:07
Loin des murs sûrs de l’Esplanade, au delà des quartiers pauvres, ou riches, ou même du port et de ses pêcheurs zélés, fournissant à la ville une bonne partie de ce qui leur servait à subsister, au delà des murs entourant la porte du Crépuscule, aux alentours des faubourgs, peu à peu, l’ombre s’en allait. Elle s’effilochait, et avec elle s’en allaient les derniers fangeux aux aguets, à la recherche du premier fou vivant dans les faubourgs qui oserait sortir de chez lui. L’aube était timide. Le noir de la nuit laissait tout d’abord place à cette étrange clarté sombre et grisâtre, qui donnait à tout une teinte lugubre, macabre. Timidement, des volets s’ouvraient. Des rideaux se tiraient, et quelques visages inquiets pointaient aux fenêtres, vérifiant que les monstres étaient partis. Ils ne sortiraient pas avant plusieurs heures, le temps que le soleil soit une protection suffisante. On n’était jamais assez prudent. Puis, encore un peu plus tard, les portes de la ville s’ouvriraient en grinçant, et une procession de paysans, de charrettes, d’artisans et de récolteurs, botanistes, bûcherons, éleveurs, sortiraient, la mine fatiguée, les traits tirés, pour une nouvelle journée de labeur. En ville, les commerçants sortiraient leurs étals, disposeraient leurs marchandises dessus, et prieraient pour qu’un client un peu plus aisé que les autres vienne faire un tour, et lui accorder ainsi de quoi payer sa pitance quotidienne. Le temple accueillerait ses âmes en peine journalières, officierait ses mariages, s’il y en avait. Les prêtres deviseraient sur des sujets théologiques, politiques, faisant leur possible pour que demeure en chacun une foi solide. La journée se terminerait au bout d’un moment. Les gens rentreraient chez eux. L’on se barricaderait chez soi, dans les faubourgs. Plus personne n’arpenterait les routes et sentiers qui menaient à la ville, hormis quelques fous, quelques bannis, et beaucoup de fangeux. En ville, on retirerait les marchandises, et l’on irait se coucher, non sans avoir pris une quantité non négligeable d’alcool afin de digérer cette journée pas si terrible, mais loin d’être bonne. Et cela recommencerait, encore, encore et encore. Un cercle. Les seules choses pouvant aujourd’hui le briser étaient toutes considérées comme des catastrophes.

Dans la plus belle partie de la ville, l’Esplanade, les journées étaient plus calmes, plus douces. Plus faciles. Ce qu’un noble considérait comme une mauvaise journée aurait été une idylle pour un sujet du Goulot. Ils se lèveraient quand bon leur sembleraient. Leurs domestique auraient déjà veillé à ce que tout soit prêt pour leur déjeuner, leur toilette, auraient même préparé leurs habits. Ils poursuivraient une route dictée par deux choses. Leurs quelques obligations familiales, ou politiques, et leur volonté. Rien d’autre. Et à la fin de la journée les choses cesseraient. Ils se rempliraient allègrement la panse, puis iraient se coucher, ou participer à quelque bal secret et masqué dans une demeure fort bien choisie pour l’occasion. Et la journée suivante serait identique.

La grisaille laissa peu à peu place à une clarté jaune, puis orangée, timide. Le printemps s’annonçait bientôt, mais la froideur de février picotait toujours légèrement les peaux lorsque l’on mettait le nez dehors. Ce qui était le cadet des soucis des deux époux, enroulés et enlacés sous une fourrure douce et chaude, dans la chambre d’un manoir à la pointe Est de l’Esplanade. L’aube ne leur causait nullement souci. Les épais rideaux masquaient largement les grandes fenêtres. Le silence qui régnait dans la pièce était sépulcral. En tendant l’oreille, néanmoins, on pouvait percevoir les respirations profondes des deux amants. Ils ne bougeaient pas. On aurait pu les croire morts, n’était-ce le bruit discret de leurs respirations respectives. Les domestiques avaient volontairement évité la proximité de la chambre toute la journée. Le sommeil du comte de Ventfroid était très léger, et il suffisait que quelqu’un passe devant la porte de sa chambre pour qu’il s’éveille. Ils n’étaient pas oisifs pour autant. Un peu avant l’aube, tous les matins, Talen allait réveiller tout le personnel du manoir, et leur donnait ses instructions pour la journée. Lui-même s’occupait ensuite des tâches particulières qui lui étaient réservées. Nettoyer certaines salles où seul lui et Morion pouvaient pénétrer, mettre de l’ordre dans son bureau quand son maître n’avait pas l’énergie de ranger avant d’aller dormir. Etant près de la chambre, il se forçait à évoluer avec une discrétion maximale. Cela étant, quand l’heure du réveil approchait, si le Comte tardait trop (ça n’était arrivé qu’une fois), il toquait trois fois à la porte, sèchement. D’ordinaire, Morion descendait toujours dans la salle à manger pour prendre son déjeuner. Talen l’accompagnait, parfois. Le plus souvent il profitait du calme et de l’engourdissement du réveil. Pendant qu’il se sustentait, certains domestiques étaient assignés au remplissage du bain, dans la chambre du maître du maison.

Mais aujourd’hui ce serait différent. En cuisine, Talen préparait lui-même (son petit cadeau à Morion) le déjeuner. Un assortiment de fruits de saison, un vin très doux, presque pas alcoolisé, préparé avec des fruits macérés, puis réchauffé. Du lait de chèvre, que Morion appréciait beaucoup. Il y plaça une touche de miel, cependant. Il réchauffa également quelques galettes moelleuse faites de diverses céréales, au goût rappelant quelque peu la noisette. L’assortiment final était confortable, sans être abusif. De quoi leur donner une bonne réserve d’énergie avant d’entamer leur journée. Car oui, les portions étaient doublées, cette fois. Tout était posé sur un large plateau circulaire, d’environ cinquante centimètres de diamètre.

Pendant ce temps à l’étage, Morion s’éveillait, lentement mais sûrement. Plus engourdi que d’ordinaire, où il était toujours frais et dispos dès le sortir du lit, très probablement à cause de leur nuit passée.

Par réflexe, il esquissa un mouvement pour sortir du lit, constatant aussitôt qu’on l’en empêchait. Ambre était toujours contre lui. Un petit sourire étira ses lèvres, et sa main, qui la maintenait contre lui jusqu’à lors, passa dans la chevelure désordonnée de son épouse. C’était un réveil doux. Vraiment très doux. Il cligna plusieurs fois des yeux pour s’habituer à la pénombre ambiante, et eut un bâillement bref. Ses doigts s’entremêlèrent un moment à ses mèches flamboyantes, puis il redressa très légèrement le buste.

«Alors, on refuse de se lever ?»

Cette question était parfaitement hypocrite, il n’avait lui-même aucune envie de quitter ce lit. Il y était tout à son aise, et s’il n’était pas forcé de le quitter quoi qu’il arrive, au moins pour se laver et vaquer à ses activités principales, eh bien il aurait probablement lambiné dedans avec sa femme toute la journée et la nuit d’après. Mais partager son réveil, puis, pour aujourd’hui, le déjeuner qui n’allait pas tarder à arriver, et démarrer la journée ensemble était un fait rare, assez unique pour tous les deux. Ils s’y habitueraient, mais aujourd’hui valait tout à fait le coup de le savourer.
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Ambre de VentfroidFondatrice
Ambre de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptySam 9 Juil 2016 - 19:25
La chambre à coucher était calme et particulièrement sombre. Le feu dans l’âtre s’était évanoui depuis bien des heures déjà, et la fraîcheur de février avait un peu repris de ses droits dans la pièce, contrastant avec la chaleur qui entourait encore les deux époux, engoncés dans la fourrure. La pièce était sombre, mais un œil avisé pouvait noter quelques rayons lumineux qui réussissaient à éclairer le fin liseré entre les rideaux et le mur. Le jour était levé, depuis quelques temps déjà. Les époux s’étaient couchés tard, déjà à cause de leur mariage, puis leur nuit à deux avait retardé encore l’échéance, ce qui faisait qu’ils profitaient d’une grasse matinée bien méritée. Même si la grasse matinée était quelque chose de tout à fait relatif au manoir Ventfroid, et passées les dix heures du matin, Talen s’impatientait presque, et était motivé à monter le petit-déjeuner, même si les tous nouveaux mariés n’avaient pas encore montré signes d’éveils.

Ambre respirait profondément, encore endormie. Elle n’avait pas bougé de la nuit, contrairement à son habitude, et ne s’était pas réveillée une seule fois non plus. La présence de Morion, indirectement, avait modifié son sommeil, et son esprit s’était adapté. C’en était presque étrange, car un changement d’habitude, en temps normal, ne favorisait pas l’endormissement, même pas du tout. Un mélange entre la fatigue de la longue éprouvante journée de leur mariage, l’effort de la nuit de noces et la félicité ressentie, avait sûrement favorisé la nuit calme que la comtesse venait de passer. Sans compter que dormir auprès de Morion avait quelque chose de rassurant. Pas qu’elle se sentait en danger, avant, mais c’était… apaisant.

Un mouvement ébranla doucement le sommeil de la comtesse. Encore endormie, mais son esprit proche de l’éveil complet, une main vint ensuite caresser ses cheveux, glisser entre ses mèches cuivrées. Petit à petit, les brumes de l’engourdissement abandonnèrent son cerveau, la respiration profonde et caractéristique du sommeil s’interrompit. Ambre mit de longues mais agréables secondes à émerger, à se souvenir où elle était et qui la touchait ainsi. Ses paupières papillonnèrent un instant, le bras enroulé autour de son mari bougea. Elle prit une longue inspiration, et la voix douce de Morion retentit dans le silence de la pièce, paraissant particulièrement forte alors que le timbre, objectivement, était bas. Un sourire naquit sur les lèvres de la comtesse alors que l’homme soulevait un peu son torse, perturbant l’appui de son visage dessus, et la jeune femme se releva un peu.
Prenant appui sur son coude gauche, le bras droit toujours autour de Morion, elle se redressa pour pouvoir observer son visage. Le mouvement fit couler la fourrure, qui dévoila une épaule nue, tandis que les cheveux désordonnés de la jeune femme venaient chatouiller la peau du comte. Doucement, elle se pencha pour l’embrasser. Un baiser lent, doux, et chaste. Pas de langues enfiévrées qui s’enroulaient, pas de mordillement de lèvres. Juste la simplicité d’un baiser, au réveil. La main droite d’Ambre quitta le flanc de son mari, et vint glisser une mèche châtain derrière l’oreille du concerné.

- Quelque chose de particulièrement plaisant se trouve dans cette couche. Alors… m’en voudrais-tu si je voulais y rester une journée entière ? Ses lèvres se posèrent à nouveau chastement sur celles de l’homme, l’empêchant momentanément de répliquer. La vision d’un homme à mes côtés lorsque je me réveille est un fait que je dois apprendre à savourer, ne crois-tu pas ?

La comtesse apprécierait rester au lit toute la journée, c’était un fait. Pas qu’elle était oisive – enfin, elle pouvait l’être sur certains points, il est vrai –, mais c’était tellement inédit pour elle que… Elle voulait en profiter, terriblement, avant qu’on ne lui arrache son époux pour le Labret. Une lueur matoise brillait dans ses prunelles, peut-être témoin de ses intentions, alors qu’elle se penchait à nouveau sur l’homme, collant sa poitrine contre son torse. Ses tentations étaient vicieuses, discrètes, mais elle n’eut pas le temps de vérifier si son mari se laissait aller à cette nouvelle étreinte. Trois coups furent frappés à la porte, figeant la jeune femme au-dessus de lui, et cette dernière releva le visage vers les rideaux, comme si elle se rendait seulement compte que dehors, il régnait un soleil déjà bien haut. Si l’on se concentrait, l’on pouvait repérer un semblant de vie et d’agitation au sein du manoir, mais aussi parfois percevoir quelques échos lointains en provenance des rues de l’Esplanade.

- Puis-je, monseigneur ? J’apporte le repas pour vous et votre épouse.

La voix de Talen s’était élevée à travers le battant, suivie d’un silence respectueux pour écouter la réponse du seigneur des lieux.

Ambre se redressa au-dessus de Morion – ce qui fit glisser la couche définitivement le long de son dos, atteignant l’orée de ses fesses – et lança un regard un peu paniqué autour de la pièce. Leurs vêtements arrachés la veille traînaient encore sur le sol, mais la robe fine qu’elle avait portée n’était définitivement pas quelque chose qu’elle pouvait remettre. Cela ne cachait rien. Et elle n’était montée qu’avec ça, et l’étoffe qui avait servi de cape. Le reste de ses affaires se trouvait toujours en bas, le temps qu’elle donne les directives sur où et comment elle voulait qu’elles soient rangées. Elle était nue, n’avait rien à se mettre, n’était pas présentable, la chevelure encore éclatée, et même si Talen deviendrait un domestique qui la verrait régulièrement dans l’intimité, en tenue de confort auprès de son mari, elle était encore peu habituée. Surtout que tenue de confort, c’était déjà autre chose qu’être complètement nue.

Par réflexe, Ambre roula sur le dos, quittant son homme à regret, et d’une main, tira la fourrure sur sa poitrine, jusqu’en haut des clavicules. Réflexe inutile car Morion avait bien évidemment assez de décence pour lui laisser le temps de se couvrir avant de permettre à Talen d’entrer. Ambre jeta un œil à Morion, avec un air presque ronchon de devoir stopper les tentations qu’elle avait commencées, et sûrement s’en amuserait-il. Mais ils n’allaient pas cracher sur un petit-déjeuner servi au lit, chose visiblement peu courante au manoir car Morion semblait surpris de la proposition de Talen.

- Un instant, Talen, répondit Morion.

- Tu m’attrapes ma cape d’hier ? souffla doucement la comtesse.

Elle traînait près du siège devant la cheminée, et Ambre n’osait pas sortir de sous la couverture. Morion s’exécuta en sortant de la couche, et Ambre en profita pour couler un regard sur son corps totalement nu. Le relief de ses épaules, les cicatrices dans son dos, le creux de ses reins, la courbe de ses fesses. La pénombre de la pièce, encore présente, ajoutait une touche d’intimité sur cette vision, et Ambre s’en délecta jusqu’à ce que le comte ne lui rapporte l’étoffe. Ambre s’assit sur un côté du lit, enroulant le vêtement autour d’elle, tandis que Morion se vêtissait un peu également, au grand dam de la jeune femme. L’homme ouvrit l’un des deux rideaux, et la brusque luminosité fit cligner la comtesse des yeux pendant plusieurs secondes. Après quoi, elle entreprit de ramener ses cheveux sur une épaule, les coiffant un peu de ses doigts. Mais elle était prête.

Talen entra donc, un plateau dans les mains. Galettes, fruits, et lait de chèvre trônaient sur le support, et Ambre eut un sourire bienveillant alors que Talen lui accordait une inclinaison respectueuse de la tête. C’était particulier, pensait-elle, d’accueillir quelqu’un dans la pièce où laquelle tout le monde savait désormais qu’elle avait perdu sa virginité.

- Comtesse, salua Talen. Comte. J’espère que le repas vous siéra à tous deux, même si je connais encore mal les goûts de madame. J’ai mis du miel dans le lait, en espérant que cela lui conviendra.

- Cela me convient tout à fait, ne vous en faites pas.

- Dois-je vous faire couler un bain à tous deux pendant que vous mangez ?
ajouta ensuite l’homme.

Ambre échangea un regard avec Morion. Prendre un bain avec lui était quelque chose qui ne lui avait pas encore traversé l’esprit, même si c’était plutôt classique. Retenant une remarque taquine et un peu déplacée en présence du domestique, Ambre laissa Morion répondre le premier, l’ombre d’un sourire sur le visage.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptySam 9 Juil 2016 - 23:20
Visiblement elle partageait ses envies. Et il allait devoir y contrevenir, à regret, sinon ils passeraient effectivement le reste de la journée dans le lit. Ce qui, si ça ne déplaisait en aucune façon au comte, n’était pas possible. Il y avait toujours quelque chose à faire, même le lendemain d’un mariage. Il ne comptait pas délaisser Ambre aujourd’hui, ni les autres jours, qui le rapprocheraient de plus en plus de son départ pour le Labret. Mais il fallait quand même qu’il se plie à ses obligations en tant que seigneur de sa maison. Et la première d’entre elle, si l’on oubliait le repas, était de se laver. Mais pour l’instant, ils pouvaient bien traîner, le temps que le personnel s’active. Morion accueillit ainsi d’un ton laconique, amusé, la remarque d’Ambre.

«La journée entière… L’idée ne m’est pas désagréable, mais cela fait beaucoup d’heures à occuper… Il la gratifia d’un regard évocateur et mutin, avant de poursuivre. Ne va pas trop vite en besogne, nous avons encore du chemin à faire.»

S’habituer à lui à son réveil serait relativement… facile. Il n’était pas de ceux qui préféraient passer leur nuit tranquille (sûrement pas marié en tout cas), et n’aurait aucun problème à accueillir sa femme à ses côtés chaque nuit qu’ils passeraient ensemble. Néanmoins, elle aurait peut-être du mal à s’habituer aux horaires parfois atrocement matinaux du comte, sachant qu’il pouvait se lever avant l’aurore en ayant passé la moitié de la nuit éveillé à travailler. Bien que désormais, il y avait une personne dans son manoir disposant d’un certain nombre d’armes relativement persuasives pour raccourcir ses nuits. Ou les prolonger, mais en dehors de son bureau. Dedans aussi, à la rigueur. Tout dépendrait de la férocité des élans de la jeune épouse Ventfroid.

Talen eut cependant la judicieuse idée de venir frapper à leur porte au moment où Ambre fondait doucement sur Morion, ce qui les aurait probablement poussé à effectivement resté enfermés sous la fourrure nuptiale jusqu’au lendemain. Le réveil, le matin en général, était une période assez propice aux ébats, et le comte n’aurait certainement pas essayé de résister.

Les quelques secondes furent fort amusantes à vivre. La frayeur d’Ambre lui offrit une vue parfaite pendant quelques instants. Il esquissa un sourire, et après avoir intimé à Talen d’attendre quelques temps, accéda à la requête de sa femme. Lui-même revêtit une chemise longue, qui lui descendait jusqu’au mollets. L’équivalent d’une chemise de nuit. Talen se formaliserait beaucoup moins de voir Morion dénudé de toute façon, qu’Ambre. Il aurait sûrement apprécié la vue, mais Morion se la réservait.

«Charmante attention Talen. Pour le bain, affirmatif, faites-le donc couler à côté. Nous irons dès que le repas sera terminé. Et ne vous embarrassez pas à débarrasser. Je m’en occuperai quand nous descendrons, plus tard.»

Le domestique vieillissant obtempéra d’une brève révérence. Le fait que Morion s’occupât de tâches ménagères triviales dans sa maison n’était pas rare, il débarrassait même souvent ses propres plats quand il mangeait. Le personnel de maison y était habitué, et ne disait jamais rien. Les rares qui avaient essayé de le dissuader s’étaient pris des remarques particulièrement acerbes. S’il était leur maître, il pouvait après tout faire ce qui lui plaisait, et s’il lui plaisait de passer la serpillière dans le hall d’entrée, personne n’aurait le droit de dire quoi que ce soit.

Lorsque Talen fut occupé à remplir le bain qui les accueillerait plus tard, Morion retourna s’asseoir sur la couche, proche de la tête de lit, et plaçant deux oreillers en guise de dossier, il invita Ambre à s’asseoir à côté de lui, et déposa la fourrure sur leurs jambes, par dessus laquelle il posa les plateaux. Il picora dans quelques fruits, but une gorgée de lait, et lâcha un bref soupir d’aise. Mine de rien, il était affamé.

«J’ai demandé à Talen, hier, de faire aménager une des pièces vides de l’étage inférieur pour ton atelier. J’imagine que tu voudras faire transférer ton matériel. J’y déplacerai le tableau, d’ailleurs, mis à part si tu lui préfères une autre place.»


Il jeta un oeil à l’oeuvre toujours dissimulée sous son étoffe, appuyée contre la bibliothèque, à sa droite. Il l’aurait bien mise sous la bannière représentant ses armoiries, histoire d’annoncer la couleur à tous ses visiteurs, mais la provocation était un tantinet risquée. Une telle oeuvre était néanmoins faite pour être vue et admirée. L’atelier lui semblait être une bonne place - nul doute qu’elle pourrait inspirer Ambre pendant ses heures de peinture - ou toute autre pièce où sa femme et lui partageraient du temps, à accès restreint.

«En parlant d’oeuvre… Je vais probablement devoir mettre tes talents de peintre et dessinatrice à profit. Etant malheureusement trop mauvais dans ce domaine pour m’occuper de ces choses, tu contribueras, d’une certaine manière, à la sauvegarde du domaine. Ce ne sera pas très gratifiant et certainement pas à la hauteur de ton talent, mais je n’ai guère de dessinateurs sous le coude, et peu le temps d’en contacter ou recruter.»


Il finit sa tirade sur une autre gorgée de lait. Il tapait essentiellement dans les fruits, délaissant quelque peu les galettes. Légèrement appuyé sur le bras d’Ambre à côté de lui, il savourait autant son contact que la nourriture fort bienvenue. L’un l’attirait plus que l’autre, cela étant.

Le petit déjeuner se déroula sans encombre, dans un calme rassérénant, à peine troublé par la discussion des deux époux, qui pouvait dériver sur n’importe quel sujet, et par les bruits discrets de Talen qui s’activait à côté. Ce n’est que bien plus tard, une fois les deux rassasiés, qu’il leur notifia la préparation terminée du bain. Il s’inclina respectueusement, et retourna vaquer à ses occupations dans les étages inférieurs.

Quand sa femme fut prête, il l’entraîna avec lui dans la salle dédiée aux soins du corps, nom assez pompeux pour définir cette petite salle, moitié moins grande que sa chambre, dans laquelle trônait une bassine normalement assez grande pour les contenir tous deux. Il y avait également un miroir, au dessus d’un meuble et d’une chaise. Un brasero s’éteignait peu à peu, les braises craquant légèrement dans la pièce réchauffée, et de nombreux seaux vides étaient témoin de l’activité récente de Talen. Des étoffes avaient été placées au dessus du brasero recouvert pour les réchauffer, lorsqu’ils se sécheraient. Sur un guéridon proche du bac, il y avait des savons, des éponges, des huiles. Il restait même deux seaux pleins qu’ils pourraient réchauffer pour alimenter le bain. La salle était bien placée, comme la chambre, et la seule fenêtre, aux rideaux tirés pour l’instant, donnait sur l’extérieur non habité. Quelques chandelles avaient été, pour compenser la pénombre, allumées sur les quelques meubles qui ornaient la pièce. Les mèches avaient été taillées.

Morion se dévêtit et entra dans le bain le premier. L’eau était délicieusement chaude, et un agréable frisson le parcourut. Et de là au moins, il aurait la pleine vue sur sa femme qui allait le rejoindre. Un autre frisson le saisit, un peu plus persistant.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 0:57
Morion laissa Talen rejoindre la salle des ablutions pour préparer leur bain – c’était toujours un travail long et fastidieux que de préparer un bain et réchauffer les braises –, et Ambre suivit du regard le domestique jusqu’à ce qu’il disparaisse à sa vue. L’homme était réellement attentionné envers Morion, presque comme un père envers son fils. Ambre se demandait depuis combien de temps il était au service des Ventfroid – depuis toujours, de ce qu’elle savait, mais cela ne lui donnait que peu d’éléments, finalement.

- Depuis quand Talen sert votre maison ? A-t-il grandi et été élevé en même temps que ton père, ou a-t-il été recruté après ? Elle eut une petite pause de réflexion. Je lui demanderai de guider Anne au sein du manoir, je crois qu’elle est plus perturbée que moi par le changement de lieu de vie.

La domestique d’Ambre, Anne, avait été élevée avec la famille. Elle n’avait pas eu une éducation de noble, bien évidemment. Mais les nourrices et les gouvernantes du manoir l’avaient éduquée aux tâches ménagères et service des Mirail depuis sa plus tendre enfance, en même temps qu’Ambre, elle, découvrait les arts de la lecture, de l’écriture, des noms des maisons à connaître, des manuscrits à déchiffrer, et apprenait à se tenir droite à table. Les deux enfants avaient parfois échangé des jeux, souvent interrompus par des gouvernantes coléreuses, car ça n’était pas « convenable » qu’une simple servante joue avec sa future supérieure comme une égale. Etrangement, les domestiques étaient plus sévères que les Mirail eux-mêmes sur ce point, qui avaient rarement vu d’un mauvais œil que leur enfant puisse jouer avec d’autres enfants du manoir, qu’ils soient palefreniers ou cuisinières. C’était surtout lorsque leur fille avait atteint un certain âge qu’ils considéraient qu’il fallait passer à autre chose. Mais Anne, en plus d’une servante, grâce à leur éducation concomitante, était aussi devenue une confidente, et une amie. Le lien de vassalité était toujours présent – et l’on pouvait le voir car la jeune domestique vouvoyait toujours la comtesse alors que cette dernière la tutoyait –, mais les jeunes femmes s’entendaient bien, et Ambre avait rarement eu de quoi lui reprocher. C’était parce qu’elle était une domestique fidèle, et celle qui avait été toujours « administrée » à Ambre que la servante suivait la comtesse chez son nouveau mari.

Ambre suivit son époux sur la couche alors qu’il ramenait le plateau du repas, et elle se glissa avec bonne humeur sous la fourrure, piquant un fruit. Les efforts de leur nuit, et ceux de leur mariage, lui avaient donné faim, et sa faim s’était réveillée en voyant le plateau. Ils avaient bien mangé la veille, mais rien d’excessif, aussi toutes les danses et les animations du mariage, ainsi que leur duel personnel avait brûlé beaucoup d’énergie, et il était agréable de refaire le plein.
Ambre prit une galette de céréales et la trempa dans le lait. Le goût sucré du miel se mariait bien avec le biscuit. Elle attendit d’avoir terminé sa bouchée avant de répondre à son mari.

- L’étage inférieur m’irait bien pour mon atelier, je pense que tu as fait le bon choix. J’y peins mais j’y joue aussi de la harpe, aussi cela reste judicieux de ne pas avoir placé la pièce à côté de ton bureau à l’étage supérieur. Ambre pouffa légèrement. En revanche, est-ce que je pourrais vérifier l’orientation de la pièce avant de m’y installer définitivement ? Je suis un peu… difficile, lorsqu’il s’agit de luminosité.

Difficile était un euphémisme, et la jeune femme pouvait passer des heures à attendre la bonne heure pour que le soleil ait la couleur ou l’inclinaison qu’elle souhaitait pour prendre modèle. La présence d’une fenêtre était primordiale dans son atelier, car peindre toujours sous les lueurs d’une torche ne donnait pas une perception des couleurs optimale. Il fallait que son espace de loisir et de travail – car son atelier servirait aussi de bureau – lui plaise, et elle préférait prévenir Morion tout de suite si jamais la pièce ne lui convenait pas. Après tout, il avait des tas de pièces vides inutiles, elle trouverait bien son bonheur dans au moins l’une d’elles. Sa présence aurait au moins le mérite d’égayer un peu la tristesse de certaines ailes de ce manoir.

- Le tableau aura une bonne place dans mon atelier, acquiesça Ambre en suivant le regard de Morion sur l’œuvre dissimulée près de la bibliothèque. Je préfère l’avoir dans une pièce discrète et personnelle, sur laquelle un invité passager ne pourrait tomber par hasard et sans invitation. Il me faudra rencontrer cet Henri Martres, en tout cas, quand nous serons de passage au domaine. J’aimerais voir ce qu’il fait d’autre.

Ambre tourna ensuite son visage vers Morion lorsqu’il parla de mettre à profit ses talents. La jeune femme termina sa galette et prit une nouvelle gorgée de lait. Il quémandait ses talents de dessinatrice pour la sauvegarde du domaine disait-il. A quoi pensait-il ?

- A quoi penses-tu ? Quoi que ce soit, tant que cela sert notre famille, je suis disposée bien évidemment. Oui, car c’était leur famille désormais, même si elle était encore peu nombreuse, vu qu’encore infertile. Et dessiner n’est jamais une corvée pour moi. As-tu besoin de portraits, ou de plans pour ton… notre domaine ?

Notre domaine. C’était vrai, le domaine Ventfroid était aussi le sien désormais, et il faudrait qu’elle s’y fasse. Elle était déjà passée dans les terres des Ventfroid, en fait, il y a de cela bien des années, quand la Fange n’existait pas même dans les légendes. Les Mirail n’avaient jamais pénétré au château – de toute façon, les Ventfroid n’avaient jamais invité personne, qu’ils portent le nom de Mirail ou un autre –, mais ils étaient passés sur les terres, pour certains voyages, ou tout simplement de par la proximité des lieux, les terres faisant partie du duché. Ambre était jeune mais se souvenait encore un peu les paysages – pour les détails par contre, les souvenirs étaient trop lointains. A l’époque, jamais elle n’avait imaginé qu’elle serait un jour comtesse de ces terres. Même si désormais, être comtesse d’un lopin assiégé chaque jour par des créatures mortelles n’avait plus réellement la même signification, et n’apportait pas les mêmes impératifs.

Leur repas s’allongeait tranquillement, et ils savouraient l’instant l’un contre l’autre. Ambre déposait parfois sa tête contre l’épaule de son mari, lorsqu’elle ne se servait pas en lait. Contrairement à Morion, c’étaient les galettes plus que les fruits qui l’attiraient, qu’elle trouvait décidemment bien complémentaires avec le lait sucré. Puis Talen repassa dans la chambre leur annoncer que le bain était prêt, et les deux époux ne tardèrent pas à se diriger dans la salle des ablutions. Réchauffer une cuve était long et fastidieux, alors, l’on n’allait pas attendre qu’il se refroidisse.
La pièce était éclairée de quelques chandelles, apportant une ambiance tamisée. Ambre doutait qu’on puisse voir les époux par la fenêtre alors qu’ils étaient à l’étage, mais l’on n’était en effet jamais trop prudent, et elle ne tira pas le rideau. Le bain était chaud et fumant, déjà légèrement parfumé, et n’attendait plus que les deux mariés.

Avant de rejoindre Morion, Ambre fit un peu le tour de la pièce, qu’elle découvrait. Son regard fureta un peu sur les différents meubles, puis elle s’arrêta devant le miroir et le petit mobilier sur lequel il trônait. La jeune femme observa son reflet pendant quelques instants. Ses pommettes étaient un peu rougies, et ses cheveux diablement dans tous les sens. Mais elle avait cet air de femme épanouie, une expression qu’Evan aurait sûrement apprécié voir chez sa sœur, lui qui avait été témoin de son mal être persistant après la mort d’Armand.

Ambre quitta l’étoffe qu’elle avait affichée en présence de Talen et la déposa doucement sur le dossier de la chaise. Tout à fait nue alors que Morion s’était déjà installé dans l’eau chaude, elle releva les bras au-dessus d’elle, le mouvement affinant sa taille. Ses mains ramenèrent ses cheveux au-dessus de sa nuque, qu’elle noua en un chignon artisanal, sans aucun ustensile. Une attache qui ne pouvait pas tenir toute une journée, mais qui serait suffisante pour le bain. Enfin, si leurs soins ne se montraient pas trop… toniques.

Il y avait également autre chose qu’il fallait retirer. Ambre posa le regard sur sa main gauche, toujours décorée de leur ruban de mariage. Après les noces, puis leur nuit, l’étoffe était un peu froissée, et Ambre ne comptait pas l’abimer davantage en le mouillant dans la cuve. Doucement, elle défit les nœuds déjà lâches, et fit glisser le ruban le long de son poignet. En le déposant devant le miroir, elle lança :

- Je le laisse aux bons soins de mon époux. Celui-ci doit veiller sur le lien de ce mariage, selon les traditions. Je ne sais pas où tu souhaites le conserver.

Souriante, Ambre se tourna ensuite vers son mari. Face à la cuve, elle vint s’y glisser doucement, et soupira d’aise en sentant l’eau chaude parcourir son corps. La cuve était assez grande pour deux, et pour qu’ils tiennent assis tous les deux face à face. Mais Ambre se rapprocha de son mari, et se jucha à genoux au-dessus de ses cuisses, peu désireuse de laisser de la distance entre eux. A nouveau, le contact de sa peau nue contre la sienne réveilla en elle quelques envies, et désormais s’ajoutait la caresse douce et agréable de l’eau chaude, qui glissait sur sa peau. Ambre posa ses mains à plat sur le torse humide de son mari, caressant doucement ses clavicules, déposa un baiser sur ses lèvres, puis s’écarta un peu. Avant de possiblement engager des ablutions agréables, il y avait d’autres sujets… moins agréables que la comtesse préférait aborder tout de suite, tant qu’ils ne s’oubliaient pas dans une nouvelle étreinte. Son visage prit un air préoccupé, et un peu appréhensif.

- Hier, tu m’as demandé à ce que l’on parle plus posément de Joscelin de Puylmont. Que veux-tu savoir ?
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Morion de VentfroidComte
Morion de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 2:15
Morion n’avait pas attendu d’être dans le bain, avant de lui répondre au sujet de Talen. Il était vrai que malgré la barrière qu’ils se posaient d’eux-mêmes dans leurs relations, leur relation était assez particulière. Talen était initié à pratiquement, si ce n’était tous les secrets de Morion. Et les dieux seuls savaient s’ils étaient nombreux et parfois même horriblement compromettants. Certains que l’on aurait caché à sa propre famille, alors que Talen, lui, était au courant. Evidemment, depuis l’apparition de la fange et de la perte des anciennes têtes dirigeantes de sa maison, Morion confiait nettement plus de choses à ses soeurs. Mais c’était quelque chose de tout récent.

«Talen est entré au service de ma famille le jour où ma mère est tombée enceinte de son premier enfant. Moi, en l’occurrence. Père a traversé tout le pays jusqu’à nos terres natales, pour y faire respecter un vieil engagement. Nos terres n’ont pas été complètement désertées. Nombreux bannerets y siégeaient toujours. Le chevalier commandant nos hommes au comté fait partie de ceux-là. Il jeta un oeil vers la salle de toilette, puis reprit calmement. Que Talen l’écoute ou non lui importait peu, le vieil homme ne cachait pas plus ses origines que n’importe qui d’autre. Mon père a simplement réclamé a l’une de nos familles vassales qu’un homme lui soit confié. Qu’il serait son garde, proche conseiller, et assurerait avec lui la sécurité de sa famille. Le cadet fut choisi, Talen. Il est d’ascendance noble, comme tu t’en doutes. Des chevaliers certes. Mais sa mission serait de toute façon au dessus de tout ce qu’il pourrait avoir dans sa vie, vu sa position.

Le comte réfléchit, et se dit que quels que soient les événements qui avaient marqué sa vie, même les plus infimes, Talen était là. Quand Isidore repartait dans le nord, ou quand il voyageait chez des familles alliées, et que Morion était trop jeune alors pour l’accompagner, Talen le remplaçait. Il l’éduquait aux armes, aux différents arts martiaux qu’il aurait à pratiquer durant les guerres, lui enseignait l’histoire du royaume. Il était néanmoins nettement moins brutal sur le plan physique que ne l’était son paternel. En revanche, il était sec, acerbe, voire même carrément odieux, selon les instructions de son maître, avec l’héritier.

- Il est donc au service de ma famille depuis plus de trente ans. Et n’a jamais quitté les Ventfroid de plus de quelques maîtres, sauf contre ordre de notre part. Il fut également d’une précieuse aide pour mes soeurs. Surtout quand mon père fut porté disparu. J’étais perdu avec énormément de responsabilités d’un coup, avec deux jeunes soeurs, un frère qui l’était encore plus, et ma mère qui avait du mal à tout gérer. C’est l’appui le plus loyal et le plus fidèle qu’il m’ait été donné de rencontrer.»


Ainsi, le vouvoiement de Morion n’était pas si anodin. Bien que mis au point par les deux parties d’un accord commun, Morion s’en contentait fort : il lui témoignait également son respect de cette manière.

Morion, quand la discussion dériva ensuite sur l’atelier, lui certifia qu’elle pourrait faire tout à sa convenance. Il ne connaissait pour ainsi dire rien à l’art de dépeindre gens, scènes et paysages, aussi l’avis d’Ambre valait facilement cent fois plus que le sien. Il y avait beaucoup de pièces vide à l’étage dédié au travail de Morion, et si la bibliothèque occupait une aile entière, les trois autres étaient relativement libres. Morion haussa un sourcil en entendant parler de harpe.

«Je viendrai t’écouter alors. En revanche, pour ce qui est de la musique, ma mère a fait aménager une salle ici-même, pour Mariane et Estrée. Les murs sont plus épais, et si mes souvenirs sont bons, je t’avoue ne jamais y rentrer, il y a même quelques instruments qui prennent la poussière. Tu pourras t’y installer si tu veux. C’est plus près de mon bureau que l’étage du dessous.»



Pour ce qui était de l’utilisation des compétences d’Ambre, il esquissa un petit sourire amusé lorsqu’elle se corrigea d’elle-même sur le possessif employé. Des petits écarts innocents, qui découlaient simplement à la fois de l’habitude de voir Morion parler de terres et de biens qui n’appartenaient qu’à lui, et également la nouveauté de leur union, qui stipulait que par essence, ce qui appartenait à Morion appartenait également à Ambre. Un fait assez nouveau pour lui aussi d’ailleurs, dont il se formalisait assez peu. Ses décisions étant toutes mûrement réfléchies, il avait bien pris ce fait en compte, et avait jugé que s’il épousait Ambre eh bien… Sa succession était assurée. S’il lui confiait sa lignée, son rang, et l’éducation de ses enfants, des biens purement matériels ou fonciers n’étaient que peu de choses à côté. Même si sa progéniture en hériterait plus tard, elle aussi.

«J’étais, histoire de changer mes habitudes, profondément enfoncé dans un ouvrage, très technique d’ailleurs, qui me donna une idée. Beaucoup de gens vivent au nord du Labret, mais nous avons peu d’ouvriers qualifiés, ou même d’ingénieurs. Certains savent certes suivre un plan de construction, mais quand il s’agit d’en concevoir un… J’ai ici plusieurs plans, donc, figurant dans certains traités d’agriculture ou de commerce, qui seraient bien mieux au comté qu’ici, où ils ne font qu’abreuver une curiosité insatiable. Si tu pouvais reproduire ces plans afin que je les envoie à Mariane, nous pourrions faciliter grandement le transport de certaines denrées ou ressources au sein même du domaine, mais également, plus tard, convoyer plus facilement des hommes et biens d’utilité au plateau.»

Assez peu amusant, il s’agissait là de plans de carrioles, de charrettes ou de charrues, dont certaines étaient habilitées à franchir des reliefs assez accidentés. Alors que la majorité des instruments de Marbrume et ses alentours étaient surtout faits pour franchir et parcourir les marais.

Quand ils furent tous deux dans la salle de toilette, le comte laissa Ambre à son exploration, la guettant d’un oeil serein, qui gagna cependant en éclat lorsqu’elle retira cette damnée cape pour se mettre en tenue de bain; totalement nue. L’atmosphère qui régnait dans la pièce, les lueurs tamisées - Morion avait pris soin de refermer la porte de la salle derrière eux - ne rendait la pièce que plus agréable encore. Quant à la présence d’Ambre, nul besoin d’en parler, les yeux du comte parlaient pour lui. Il distilla des yeux chacun de ses mouvements, détaillant ses muscles qui se contractaient légèrement, sa taille gagnant en finesse, sa démarche quand elle le rejoint dans l’eau chaude.

«Il rejoindra mon bureau, et n’en bougera plus. Un regard taquin anima ses prunelles quand il expliqua ce choix : nous risquerions de l’abîmer, dans la chambre.»

Il savoura, tout comme son épouse, les caresses mêlées de l’eau et de la peau douce d’Ambre, parcouru d’un frisson d’envie. La passion de la veille était toujours vivace, et le partage de ce bain lui en procurait une nouvelle. Mais c’était également un moment pour engager des sujets pas forcément… Agréables. Ils étaient proscrits hier, mais ils avaient besoin de les mettre à plat le plus tôt possible. Notamment Morion, qui ne laissait jamais une question en suspens s’éterniser ou s’oublier.

«Je te dirais bien “tout”, mais je mentirais en disant que la vie de cet homme m’intéresse,
dit-il, le ton dénué de toute once de plaisanterie, cette fois. Je me doute assez bien qu’il ne s’est rien passé de concret entre vous, j’aimerais néanmoins connaître les détails des griefs qu’il te tient. Car s’il me hait, je doute que cela vienne de moi. La jarretière en fut une preuve suffisante à mes yeux. Si je dois me rendre coupable de quelque vindicte à l’égard de quelqu’un, les détails ne doivent pas manquer. Je veux donc également ce que nous risquons, de notre côté, à le laisser évoluer en toute liberté d’action et de propos.»

Le regard de Morion était… Etrange. Il ne recelait point de colère, mais le tranchant de ses prunelles était bien plus dur que d’ordinaire. Il n’avait pas oublié une seconde des épisodes où il avait croisé ou vu agir le baron, et s’il ne comptait rien faire pour le moment, nul doute pour ce petit homme qu’il allait regretter amèrement chaque affront commis. Guettant sa réponse, il plaça ses mains en coupe, et vint verser quelques lampées d’eau chaude sur les épaules de son épouse, l’observant vaguement couler sur sa peau. Il quitta néanmoins bien vite cette vue, pour l’heure plus intéressé par la réponse imminente de son épouse.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 13:05
Oh. Talen était noble. Si tout dans ses manières et son éducation soutenait cette information, et n’étonnait pas réellement Ambre pour le coup, cela restait un élément nouveau. Elle n’avait vu le domestique que s’occuper d’un manoir, de son organisation – en soit des tâches qu’on imaginait rarement avec une personne de noble sang. Cependant, elle oubliait qu’avant la Fange, ils n’étaient pas tous parqués dans la même cité, enfermés dans leurs manoirs, seule réelle possession qui leur restait encore. Talen, aux côtés d’Isidore, avait dû faire bien plus que faire couler des bains et préparer les petits déjeuners. Aider à l’éducation de Morion et des autres enfants Ventfroid, défendre les frontières du domaine, conseiller les têtes pensantes de la famille. Aujourd’hui encore, il était hypocrite de le considérer comme un simple domestique. Il était celui en qui Morion accordait une confiance aveugle, et dont les conseils étaient sûrement les plus considérés – plus que ceux d’Ambre à l’heure actuelle, très certainement. Ambre n’avait pas connu Isidore, et ne pourrait jamais constater la relation que Morion entretenait avec lui, mais ce qu’elle voyait entre Talen et son mari était quelque chose qui se rapprochait d’une relation père-fils, à ses yeux.

- Etre arraché à sa famille alors qu’il était déjà un homme fait, pour rejoindre un domaine éloigné… J’imagine que cela ne l’enchantait guère, à l’époque, même si un engagement ancestral liait vos familles, et qu’il a fait son devoir. Ambre eut un petit sourire en imaginant un Talen jeune, sans cheveux grisonnants, moins ridés, avec la fougue de la jeunesse qui dominait encore ses réactions. Mais l’image d’un Talen qui rechignait à rejoindre une terre lointaine avec un supérieur qu’il connaissait à peine, était amusante, quand on voyait l’immense loyauté qu’il accordait actuellement aux Ventfroid. N’a-t-il jamais fondé de famille ? Elle parlait d’enfants, oui. De femme, ou de compagne si cela n’était pas allé jusqu’aux liens d’Anür.

Ambre écouta calmement la suite, notamment à propos de la disparition de son père. C’était quelque chose de difficile, brutal, que personne n’aurait pu prévoir, cette satanée Fange. Chez les Mirail, Evan avait eu de la chance que leur père soit déjà malade depuis quelques années. Il n’avait pas pu s’éloigner en des terres mortelles, et le déclin progressif du paternel permettait une délation maîtrisée des responsabilités à Evan. Le frère d’Ambre ne recevrait pas d’un coup brutal toutes les charges de son père, car il en avait déjà pris une bonne partie. Pour Morion cela avait dû être difficile. Probablement était-ce pour cela qu’il passait autant de temps enfermé dans son bureau, à gérer des affaires qui étaient désormais les siennes – même si elle ne doutait pas que même avant la disparition d’Isidore, il faisait preuve d’un sérieux exemplaire.

Par la suite, Ambre entrouvrit légèrement les lèvres à la mention de la présence d’une salle de musique. Ces dernières étaient souvent spacieuses, pour une question d’acoustique, et bien éclairées. Et si les murs permettaient de ne pas gêner les pièces et couloirs adjacents par sa musique, c’était effectivement un atout considérable. Et si c’était plus près du bureau de Morion… cela serait plus pratique d’aller le voir quand elle avait envie durant la journée, plutôt qu’avoir un étage à monter à chaque fois, c’était aussi un élément à prendre en compte. Enfin, le fait qu’elle se trouvât à l’étage, donnait plus de chances à ce que la luminosité soit suffisante. Ambre esquissa un petit sourire à la mention que Morion viendrait l’écouter.

- Je sais jouer de la vielle aussi – du moins sont-ce les deux instruments que je maîtrise presque à la perfection, les autres je tâtonne un peu plus. Selon ce que tu préfères. Et… oh. Je veux bien que tu me montres cette ancienne salle de musique alors, en effet, pour que je vois si elle me convient. Ambre découvrait l’existence de cette pièce, même durant leurs fiançailles la jeune femme s’était rarement aventurée dans les étages et les ailes personnelles du comte. Les instruments qui y restent, penses-tu que cela plairait à tes sœurs si je les remettais en état ? …Même si elles n’ont sûrement plus le temps de se préoccuper de ce genre d’affaires, souffla Ambre après coup, se rendant compte de sa possible erreur.

Il n’était peut-être pas pertinent de parler musique à des femmes qui devaient gérer des soldats au beau milieu de terres hostiles. Mais elles étaient des femmes, et Ambre avait peu l’habitude d’accorder ce genre de responsabilités à des femmes – de même qu’il lui avait été dur de se faire à une Yseult de Traquemont en chausses masculins, à chaque fois qu’elle passait au manoir. Enfin, elle espérait que Morion ne lui en tiendrait pas rigueur.

- Bien sûr, cela ne sera pas très compliqué, répondit Ambre au sujet des plans de construction pour le domaine Ventfroid. Elle aurait pu s’offusquer, en un autre temps, d’être affublée à un vulgaire travail de recopiage. Mais les temps avaient changés, et la vie de centaines de personnes dépendait d’une charrette bien construite, d’une arbalète bien montée, ou de barricades bien pensées. Laisser les plans aux soins d’un domestique analphabète incapable de déchiffrer les annotations importantes, même s’il était capable d’en refaire les traits, n’était pas pertinent. Cela l’occuperait, et lui permettrait à sa manière de participer à la survie du domaine – en tant que femme, peu étaient les choses qu’elle pouvait faire. Je les reproduirai à l’identique, et réécrirai les indications d’une plume claire, les vieux plans sont souvent difficiles à décrypter, et je gage qu’ils n’ont pas trop le temps de jouer aux devinettes là-bas.

Ambre était contente de mettre sa pierre à l’édifice, quelle qu’elle soit.

Enfin, ils étaient arrivés dans le bain. Ambre vit le regard de Morion couler sur ses formes alors qu’elle s’avançait vers la cuve, qu’elle enjambait le panneau de bois pour se glisser dans l’eau. Etre ainsi reluquée la fit frissonner, mais un sujet assez tue-l’amour avait été abordé : Joscelin de Puylmont. La réaction de Morion soulagea un peu Ambre. Il se crispa moins que ce à quoi elle s’était attendue – après l’avertissement d’Estrée elle s’attendait un peu à tout et n’importe quoi, pour tout dire –, et la conversation put se faire de façon fluide.

- Des griefs qu’il me tient… En toute franchise, j’ignorais qu’il m’en tenait réellement, jusqu’à hier. J’avais dix-sept ou dix-huit ans lorsque j’ai connu Joscelin de manière plus active. Il était de passage pour une affaire avec sa famille, et nous avons eu l’occasion de nous croiser souvent. Au début, il n’y avait rien de plus qu’une relation courtoise entre deux nobles.

Puis, petit à petit, il s’est mis à me courtiser. Balades dans les jardins, conversations personnelles, cadeaux. Je dois dire que, s’il s’est fait tant d’idées, je suis sûrement un peu fautive. J’étais jeune et je n’ai jamais osé lui dire qu’il ne me plaisait pas. Il n’avait jamais eu de propos ou de gestes déplacés qui m’auraient forcée à mettre une barrière sèche entre nous, alors, je laissais couler. Non pas que je ne l’appréciais pas, car j’acceptais sa présence. Je n’avais juste aucune inclinaison particulière envers lui. Les conversations devenaient vite fades et superficielles, et après une heure de temps passée avec lui, j’avais déjà du mal à combler. Je le sentais faux, et cette impression s’est confirmée par la suite.
Ambre prit une petite pause.

Cela faisait un an, je crois, que nous nous connaissions, lorsqu’il a demandé ma main à mon père. S’il a tant tardé je crois que c’est à cause de ses propres obligations familiales qui le forçaient souvent à quitter la région. Seulement, il s’est pris un refus ferme et équivoque. Mon père ne voulait pas me lier à un baron, déjà, et un Puylmont encore moins. Il n’aimait pas la hargne de cette famille disait-il, à l’époque. Je n’avais pas compris, mais je crois que je saisis mieux aujourd’hui. Joscelin a explosé de rage, car voilà qu’il venait de perdre un an de séduction intense. Il a protesté, il est venu me voir pour que je fasse pression de mon côté pour que mon père accepte de nous lier. Mais quand il a compris que cela n’était point mon désir… sa fureur a atteint un autre palier. Il est devenu insultant, et mon frère a dû intervenir alors qu’il commençait à me faire peur. C’était comme si un masque était tombé, souffla Ambre. Tous ses sourires et ses mots de gentilhomme, disparus derrière l’amertume de l’échec. Mais il a terminé par disparaître de la circulation lorsque mes fiançailles avec Armand ont été annoncées – fiançailles dont je ne voulais pas à l’époque, d’ailleurs.

Ambre retint un petit rire. Ah, qu’est-ce qu’elle avait pu être jeune et naïve.

- Bref, je n’avais plus eu de nouvelles de lui depuis deux ans vois-tu. Il s’est mis brusquement à me recontacter par des missives, après la mort d’Armand. Mais je n’ai pas répondu. Je pensais que sa fierté blessée aurait eu le temps de cicatriser, mais visiblement non. Il a profité du mariage pour jouer avec moi, et… il m’a soufflée que de toute manière j’avais de grandes chances de devenir veuve bientôt.

Ambre fronça les sourcils, son inquiétude refaisant surface. Machinalement, elle se pressa contre Morion, glissant ses mains humides sur ses épaules, profitant du contact de son corps contre le sien – un corps chaud et plein de vie. Elle se mit à humidifier les parties non immergées, et replaça derrière les oreilles de Morion les mèches qui s’échappaient sur ses joues.

- Je ne sais ce que nous risquons avec lui, en toute franchise. L’on peut raisonnablement supposer que si sa hargne est toujours aussi intense après deux ans, il pourra poser problème, c’est un fait. D’autant plus que mon… intervention, avec Grâce de Sombrebois, aura attisé sa colère. Je l’ai empêché de tourner autour de ma sœur. Je ne sais pas ce qu’il a avec les Mirail, s’il en veut à notre prestige ou les dots de nos filles, mais… il se montre particulièrement insistant. Il savait que Père ne lui aurait pas plus accordé la main de Jade que la mienne, mais pourtant il avait commencé son jeu avec elle, presque comme s’il voulait pousser ma sœur à la faute. Et ça je ne l’accepte pas.

Si Ambre avait laissé l’homme la provoquer durant le jeu de la jarretière avec les circonstances en place, en revanche, qu’on touche à ses proches, elle devenait étrangement intransigeante.

- Cependant que pourrait-il tenter ? A-t-il vraiment envie de se mettre nos deux familles à dos, pour des histoires d’ego bafoué ? Je serais sceptique s’il tentait des actions réellement dangereuses contre moi, alors que les Mirail n’ont concrètement rien fait qui portait atteinte à son nom ou son intégrité. Je concède qu’il est nécessaire de le faire surveiller, en revanche.

Ambre se redressa un peu au-dessus de Morion, replaçant ses genoux de façon plus agréable. Elle se pencha ensuite un peu contre lui, passant un bras par-dessus le rebord de la cuve, atteignant le support sur lequel trônaient huiles et savons. Elle prit un savon, et vint le faire glisser sur une épaule de son époux, caressant la peau doucement, jusqu’à ce que des traînées mousseuses fassent leur apparition. La vision du torse de son mari, avec pleins de gouttelettes brillantes, était particulièrement agréable.

- Comment t’est-il apparu, à toi, pour quelqu’un qui ne connaissait pas l’histoire ?
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 14:02
Le père de Morion n’avait jamais conté ces histoires là à Morion. Les Journaux qu’entretenaient chacun des Ventfroid durant leur vie, et qui rejoignaient un patrimoine fort bien fourni, relataient les choses essentiellement avec un oeil spectateur. Ils évitaient les considérations personnelles, et s’ils racontaient tout, ils ne se laissaient pas à aller à leurs propres interprétations. Certains épisodes le nécessitaient, pour expliquer une action, un jugement, une prise de décision. Mais dans l’extrême majorité des cas, il s’agissait essentiellement de textes de pure narration, d’une neutralité confondante. Ce que Talen avait pu penser d’Isidore à cette époque… Le comte ne pourrait jamais en être sûr à moins de demander directement à Talen. Chose qu’il ne ferait probablement pas, ce genre d’information ne lui étant guère utile, en vérité. Le vieux chevalier eut-il eu un jour fomenté, de contrariété, vengeance ou dépit, le projet de mettre à mort Isidore, seul le résultat actuel comptait maintenant : Talen était un allié indéfectible. Et en son for intérieur, le comte de Ventfroid doutait très fortement d’une telle éventualité. Les familles liées à la sienne étaient, pour la plupart, assez semblables. Leur allégeance était absolue, un Ventfroid leur aurait demandé de mettre à mort un de leurs fils, ils l’auraient probablement fait.

«Je dois t’avouer que je ne sais ce qu’il a bien pu se passer entre mon père et Talen à cette époque là. Je sais qu’en revanche il n’a jamais failli à son service et aux serments qui l’ont lié à lui. Certaines de leurs aventures sont relatées dans les journaux de mon père, ce me semble.
Il réfléchit un moment. Il y avait actuellement quarante-six journaux, le dernier étant encore en cours d’écriture, et certains étaient étalés sur plusieurs tomes, tant leurs écrivains avaient été zélés. De fait, Morion n’avait pas encore pu tout lire. Quant à la famille… Talen n’a jamais émis cette volonté. Il sait qu’il en est totalement libre, pourtant, mais le fait de ne jamais avoir à hériter de sa famille, et plus récemment l’arrivée de la fange… Je ne sais pas. Il n’est pas très communicatif à ce sujet, je dois dire. Et je ne m’immisce pas plus que nécessaire dans sa vie privée. Vassal ou non, ce serait irrespectueux de ma part.»

Morion doutait très fortement du fait que Talen n’ait jamais eu femme un jour dans sa vie. Même s’il n’avait jamais pris épouse, il avait tout de même beaucoup voyagé avec Isidore et Morion, et plusieurs fois leurs pas les avaient menés sur le sentier de la guerre. Il se passait toujours beaucoup de choses en ce temps, et si désormais le chevalier était vieillissant, il avait bien vieilli. Et plus jeune, il était très bel homme. Et ceux qui portaient armes et armures avaient toujours un certain succès auprès des femmes de plus modeste origine. Néanmoins en prenant le zèle du domestique en compte… Il était peu probable qu’il ait un jour voulu s’investir dans autre chose que la mission qui lui avait été confiée.

Un sourire spectral passa sur les lèvres de Morion à la mention des instruments et de la salle.

«Qu’elles en jouent ou pas, cela leur fera très certainement plaisir. Ces instruments ont tous été achetés par notre mère, et mes soeurs étaient très proche d’elle, bien plus que je ne le fus jamais autrefois. Cela fait en quelque sorte partie de son héritage, elles seront ravies le jour où elles constateront que ces pièces auront conservé, ou à défaut, retrouvé leur état. Surtout Mariane. Elles jouaient fort bien de l’organistrum, mais Estrée se lassant vite de ces loisirs pour s’abandonner à diverses lectures, Mariane s’est rabattue sur des instruments ne nécessitant plus la présence de sa soeur, et se débrouillait admirablement au frestel et à la vièle à roue. C’est une belle attention de ta part.»

Il finit ensuite sa coupe de lait d’une traite, savourant le goût mielleux sur son palais. Il hocha la tête, assentiment et remerciement muet à sa demande. Elle avait soulevé les points principaux qui poussaient Morion à lui demander son aide. Sûr qu’il ne s’agissait pas non plus de peindre une toile de cent pieds de long, mais tout de même, cela s’avérerait pour le moins fastidieux. Certaines unités de mesures anciennes n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, certains mots n’étaient en réalité que des abréviations dédiées aux techniciens qui liraient, ou plutôt, regarderaient les plans dessinés sur les ouvrages… Et Morion avait plusieurs fois du ouvrir nombre d’autres traités explicatifs pour comprendre ce qu’il avait sous les yeux. Au moins ces prises de tête, si elles restaient fort divertissantes pour Morion, auraient mâché le travail de son épouse, qui n’aurait qu’à rendre le tout plus… propre et compréhensible. Comme elle l’avait si bien dit, là bas, le temps manquait.

---###---


La rage de Morion l’a veille, qui avait sérieusement inquiété Estrée quant à ses réactions éventuelles sur l’instant, avait effectivement entraîné un petit avertissement. Mais ça n’était pas forcément le moment où il était le plus à craindre dans ses prises de décision. Après tout, s’il s’emportait, il était également plus réceptif. Sa soeur avait ainsi pu, moyennant quelque effort et argumentation, limiter sérieusement la casse. Maintenant que son esprit s’était parfaitement refroidi, il était totalement lucide. Et par voie de conséquence, bien plus dangereux. Elaborer un plan d’éviction ou de meurtre en étant fou furieux étant une pure perte de temps, avoir toute sa raison lui allait tout à fait. Et l’incident était passé, aussi aurait-il été stupide de conserver tant de colère, surtout après la soirée qui s’en était suivi. Mais l’idée d’appliquer sanction ne l’avait pas quitté.

Il écouta cependant attentivement son épouse. A intervalles réguliers, sa main, ou les deux, venaient irriguer sa peau, laissant couler de l’eau sur ses épaules, dans sa nuque. A l’entendre, Morion avait surtout l’impression d’avoir affaire à un gamin capricieux à qui l’on avait retiré brusquement un jouet qu’il avait fortement convoité, et qu’il n’aurait plus jamais l’occasion d’approcher. C’était assez typique, finalement, ce genre d’histoire n’était pas rare, dans leur monde. Même si généralement, les hommes finissaient, de dépit, marié à une autre femme qui vivrait probablement un mariage horrible, ne pouvant suffire à combler les passions dévorantes de son époux, dirigées sur une tierce personne. Seulement dans le cas présent, ce cher Baron était horriblement mal tombé.

Levant un oeil acéré vers elle, il haussa légèrement les épaules à sa question.

«Tenter ? Il n’aurait rien besoin de tenter, Ambre. Il est terriblement facile de détruire une réputation par de simples calomnies, qu’elles soient ou non fondées, ici. D’autant plus depuis que nous vivons à huis clos. La vengeance pousse parfois à faire des choses insensées, et s’il ne peut t’avoir, il peut tout à fait décider de te, et donc nous, réduire à néant, ou nous faire perdre toute notre crédibilité. Et actuellement, cette crédibilité nous est extrêmement précieuse.»


Si Morion n’était pas franchement assidu des mondanités, lors de ses apparitions, il donnait beaucoup pour laisser transparaître une image, qui, à défaut de le faire remarquer en tant qu’homme de valeur, ne laissait pas penser l’inverse. Il était souvent silencieux, engoncé dans un coin, et se contentait d’écouter, observer. Cassandre s’occupait des “relations publiques”, c’était un duo qui avait toujours fait ses preuves, surtout que la plupart, sinon tous les autres nobles de l’Esplanade ignoraient les conditions qui régissaient son alliance avec la vicomtesse. Cette précieuse crédibilité lui apportait surtout de l’indépendance, la seule véritable ressource dont il avait besoin. On ne s’intéressait que peu aux Ventfroid, ils ne faisaient jamais grosse impression, en bien ou en mal. Ils portaient un nom qui avait des allures de légendes. Connu depuis des siècles et des siècles, mais sur lequel on avait toujours eu du mal à mettre un visage. Certains se posaient parfois la question de leur utilité. C’était très bien comme ça. Si Joscelin venait à mettre leur couple en lumière, de la pire des façons, il représenterait un danger beaucoup, beaucoup plus grand que ce que l’on pouvait bien s’imaginer.

«Un roquet, voilà l’impression qu’il m’a laissé,
souffla Morion sans animosité, mais d’un ton sans réplique. Il aboie fort, mais c’est là sa seule arme. S’il est assez fou pour s’attaquer à vous, et par ce fait, à l’Ombre des Rois, je m’assurerai de lui faire regretter amèrement chacune de ses actions. Et si par dépit, il a décidé de courtiser ta soeur… Il est plus méprisable encore que je ne l’imaginais.»

Passant les mains sur ses hanches, les laissant s’emplir d’un peu d’eau, il la laissa ensuite couler le long de ses flancs. La vue de son corps humide, les gouttes parcourant avec une indolence séduisante les reliefs et les galbes de son corps, était tout à fait délectable. Le sourire ne lui vint pas, mes ses yeux et son toucher se satisfaisaient sans restriction de chaque contact. Il redressa le buste, l’interrompant une seconde dans son nettoyage, et planta un baiser léger et tendre sur ses lèvres.

«Veuve ? C’est un pari idiot. Tous ici avons connaissance des risques de la conquête qui s’annonce. C’est comme de voir un ciel nuageux et de dire qu’il y des chances qu’il pleuve. Est-il stupide à ce point ?»

Il soupira. Il prit un savon, qu’il fit mousser lentement sur les épaules et la naissance de la poitrine de sa femme. Oui, c’était risqué. Non, il n’était pas sûr d’en revenir. Mais “grandes chances”... Pensait-il que le comte n’allait pas tout faire pour rentrer en vie ? Par les Trois, ce Joscelin n’avait jamais du rencontrer un seul Ventfroid de sa vie.

«Je rentrerai. Ce sera quelque part une sanction indirecte que de voir l’homme qui lui a soutiré sans aucun complexe l’objet de son désir, rentrer à Marbrume après cette campagne. En attendant de trouver mieux.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 16:39
Talen n’avait donc pas de famille. Il s’était entièrement consacré aux Ventfroid, jusqu’à la mort. Et si parfois certaines femmes avaient pu partager sa vie, cela n’était jamais devenu sérieux jusqu’à ce qu’il envisage de prendre épouse. C’était un choix honorable, et difficile, certainement. Enfin, ça l’était selon le point de vue d’Ambre. Elle avait des devoirs, elle aussi, des impératifs importants. Mais elle accordait une importance toute particulière à la famille, et la descendance. Les enfants qui porteraient ses traits, ses valeurs, et qui perpétueraient la lignée et les préceptes. Si sa lignée mourrait avec elle, son existence entière serait un échec. Etre mère ne lui faisait pas peur. Mais elle concevait que d’autres aient des préférences éloignées, et qu’une famille n’était pas aussi primordiale. Il y avait, après tout, bien d’autres moyens de se rendre utile dans une vie. Et se dévouer tout entier à une famille n’était jamais quelque chose qu’Ambre pourrait reprocher à un homme, surtout pas à Talen.

L’évocation des journaux du père de Morion éveilla une certaine curiosité en Ambre. Elle faisait partie de cette famille désormais, et nul doute que son envie de parcourir elle aussi les nombreux ouvrages des ancêtres de son époux se ferait croissante avec le temps. Elle ignorait si Morion serait enclin à la laisser lire cependant. Peut-être existait-il des choses qu’il préférait garder personnelles, des éléments de son enfance qu’il ne voulait pas que sa femme découvre. Elle serait dépitée, certainement, s’il ne lui en donnait pas le droit. Mais elle comprendrait, et il était de toute façon un peu tôt pour qu’elle se permette de lui en faire la demande. Ils étaient à peine mariés, et aujourd’hui était son premier jour en tant qu’épouse. Chaque chose en son temps.

Quant aux instruments de musique, Ambre prendrait donc soin de les remettre en état. Voilà quelque chose qui pourrait occuper les nombreux jours de solitude qui étaient à venir, quand ni Morion ni Talen ne seraient là pour partager ses repas, ses journées, ses loisirs. Et si Marianne et Estrée y tenaient beaucoup, autrefois, cela serait sûrement un moyen subtil et gentil d’engager une bonne relation entre elles. Ambre espérait s’entendre avec ses belles-sœurs aussi bien que Morion s’entendait avec Evan.

--

Ambre profitait des gestes de son époux. L’eau coulait dans le haut de son dos, la surface de ses épaules, le relief de sa nuque, avant de rejoindre dans un doux clapotis le niveau de l’eau du bain. Le liquide chaud était agréable, et le sentir couler sur elle grâce aux mains de Morion était délicieux. Jusqu’à présent la présence du corps nu de l’autre ne les empêchait pas de se concentrer sur leurs propos sérieux, mais cela détournait parfois l’attention de la comtesse. Entre deux phrases, elle savourait le contact, ou faisait glisser le savon contre le torse de Morion, jusque sous le plexus solaire, seul endroit qu’elle pouvait atteindre encore aisément, ainsi agenouillée au-dessus de lui. Et elle n’avait pas envie de glisser tout de suite sur le ventre ; le haut du corps de l’homme nécessitait des attentions plus longues. Ambre réussissait à conserver une certaine distance sur ces caresses cependant, et les traînées de feu qu’avait fait naître Morion la veille couvaient, mais n’explosaient pas encore. Il fallait dire que Joscelin était un ralentisseur efficace.

- Oh, qu’il essaie donc de nous calomnier. Un sourire avait éclaté sur le visage d’Ambre. Mais pas joyeux. Un sourire carnassier, qui découvrit les canines, et terriblement froid. Je ne suis pas arrogante mais la puissance de nos deux familles réunies prévaut largement sur la sienne, c’est un fait. S’il peut en effet commencer à faire courir de sombres rumeurs sur notre compte, les nôtres ne resteraient pas des on-dit. Elles deviendraient réelles, le briseraient. Sa réputation serait détruite plus vite que la nôtre.

Concrètement, Ambre ne voyait vraiment pas ce qu’on pouvait faire courir sur elle à l’heure actuelle. Qu’elle ait été promise à un Sarosse, l’on s’en formalisait peu, en réalité. Car Aaron de Mirail lui-même avait envisagé de briser la promesse de mariage quand des murmures sur une trahison ouverte des Sarosse avaient commencé à courir, et les nobles les plus au fait de la situation politique du duché le savaient pertinemment – cela concernait donc le duc lui-même. Les Mirail n’avaient jamais été soupçonnés de traîtrise, jamais. S’ils n’étaient certes pas aussi proches de la famille ducale que les Rivain, ils n’avaient pour autant jamais posé problème. C’était là la force de cette famille : leur neutralité à toute épreuve, et leur absence assez particulière lorsqu’il s’agissait de conflits. L’on se souvenait d’eux surtout pour leur joie de vivre, leur passion, et même si les hommes Mirail n’avaient jamais rien eu à envier à quiconque sur un champ de bataille, ça n’était pas pour les exploits guerriers qu’on citait les Mirail. En clair, à part continuer à jouer sur les clichés de sa famille, à savoir la traiter de sotte superficielle, Ambre imaginait mal ce que Joscelin aurait à calomnier sur son compte. La comtesse ne négligerait pas ses aptitudes cependant.

- Je concède en tous les cas qu’il ne faut pas oublier cet homme, ni sous-estimer son panel d’actions. Je le ferai espionner, surveillerai ses relations. Grâce de Sombrebois s’en est fait un ennemi également hier soir, et même si nous n’avons pas convenu toutes les deux d’une surveillance collaboratrice, je reste persuadée qu’elle me contactera si elle note des mouvements suspects chez lui. De même que je le ferai si j’en note à son sujet.

Les propos de Morion avaient élevé une autre réflexion chez Ambre, aussi. « S’il ne peut t’avoir, il peut décider de te réduire à néant. » Etrangement, la phrase lui amena Cassandre à l’esprit. Cette femme dont l’inclinaison pour Morion était évidente, et dont la hargne pour l’ancienne Mirail avait été palpable dès le premier jour où elle avait été surprise au manoir. Elle ne dit rien, mais elle garda ces mots dans un coin de son esprit. Prêts à être renvoyés à Morion le moment venu, si le sujet Rocheclaire commençait un jour à sincèrement poser problème.

Ambre pouffa doucement à la comparaison du roquet, mais reprit un visage assez fermé lorsqu’il fallut répondre.

- Méprisable, il l’est totalement. Et je comprends que tu te sentes attaqué par ses actions. C’était le cas, après tout. Elle était sa femme, il était son mari. Elle accueillerait probablement comme une attaque personnelle une action entreprise contre Morion. Mais je suis presque heureuse qu’il ait fait l’erreur de se faire remarquer hier soir. Sans quoi, déjà n’aurais-je pas noté qu’après toutes ces années il m’en voulait encore, mais jamais n’aurais-je remarqué qu’il avait engagé des jeux de séduction avec ma sœur. Et cette dernière est encore jeune, elle ne connait ni cet homme ni les hommes de manière générale. Elle aurait été capable de venir me quérir pour leur accorder bénédiction pour leur union quelque mois plus tard, ce qui aurait été grave. Elle m’agace, elle se fait toujours remarquer quand il ne faut pas.

Ambre secoua un peu la tête, changeant de sujet. Elle ne s’était jamais réellement confiée à Morion au sujet de sa famille, et des relations qu’elle entretenait avec ses proches. Si son époux avait pu noter qu’elle était particulièrement complice et en bonne entente avec Evan, en ce qui concernait Jade en revanche il ne l’avait que peu croisée, et donc moins pu la cerner. Si les relations n’étaient pas toujours au beau fixe entre les deux sœurs, Ambre restait pourtant assez fraternelle avec Jade. Même si elles se confiaient peu l’une à l’autre, et que le temps des jeux et conversations autour d’un thé étaient révolu entre elles, jamais Ambre ne trahirait une Mirail, encore moins sa sœur. Et cette dévotion pour sa sœur avait fortement été mise en relief lorsque, quelques mois avant l’arrivée de la Fange, la jeune femme avait enterré une affaire la concernant.

Progressivement, le sujet coulait vers le Labret, et quittait Joscelin. Ambre répondit à la tendresse du baiser de Morion, s’abandonnant quelques secondes à l’étreinte. Sa bouche était légèrement sèche de parler autant, mais l’humidité ambiante aidait à ne pas avoir trop soif. Même si un autre genre de soif couvait. Ambre frissonna au contact du savon contre la naissance de sa poitrine. La mousse vint bientôt recouvrir le haut de son buste, faisant disparaître la peau au regard du comte. Elle aussi, de son côté, avait bien fait mousser les deux épaules de son mari, et son cou, et elle prit un autre instant pour venir embrasser ses lèvres. L’évocation du Labret ramenait de plein fouet ses inquiétudes, et avec un réflexe instinctif, elle se rapprocha de lui, glissa ses mains dans sa nuque. L’eau clapota sous les mouvements, venant caresser le couple à des zones où le niveau de l’eau ne montait pas tant que le liquide était calme. Les prunelles de la comtesse prirent une teinte soucieuse.

- Tu rentreras. Tu rentreras, pour moi, pas pour un crétin qu’il faut rendre vert de jalousie. Elle essayait de se convaincre elle-même en disant cela. Pour tes sœurs. Pour tes gens. Pour nos projets. Notons qu’elle plaçait les projets en dernier, une fois n’est pas coutume. Tu rentreras et je te l’ordonne, Morion de Ventfroid.

Elle l’embrassa, un peu plus passionnément que les douces attentions qu’ils avaient eues depuis qu’ils étaient dans ce bain. Lorsqu’elle rompit le baiser, elle resta tout près de ses lèvres, les effleurant alors qu’elle parlait.

- Mais j’ai peur, souffla-t-elle, tout bas. Peur qu’Anür décide de te rappeler à elle, me laissant seule, encore. Avec un héritage que je ne maîtriserais pas, mais surtout sans l’homme avec qui j’ai décidé de passer ma vie. Sans qu’elle ne le veuille, une certaine émotion la traversa, humidifiant ses yeux. Pas jusqu’à pleurer, mais les sentiments étaient présents. Je prierai pour toi, et si c’était possible je ferais même en sorte que le Duc te garde à l’intérieur de nos murs, comme pour Evan. Je sais que cela n’est pas ce que tu souhaiterais cependant, termina-t-elle, le timbre toujours au niveau du chuchotis.

Elle avait vu les monstres du haut des remparts, puis un en particulier dans une expérience cruelle. Elle avait vu de quoi ces choses étaient capables. Imaginer Morion sur un cheval à traverser les terres au-dehors, même en plein jour, et loin d’elle, elle supportait mal. Ces bêtises de veuve maudite qu’on lui attribuait depuis la mort d’Armand la touchaient indirectement, car pour le coup, Morion avait des chances de mourir, oui. Le temps jusqu’au Labret risquait de filer vite, trop vite. De couler entre ses doigts, telle l’eau qui s’échappait actuellement de ses mains dans le bain. Inaccessible.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyDim 10 Juil 2016 - 17:20

Ambre découvrirait cet aspect de Morion plus tard, et peut-être, si ce baron décidait de fair fi des avertissements du comte et de perpétuer cette sourde haine qui couvait en lui afin de tenter quoi que ce soit à l’encontre de l’intégrité de leur mariage, ou plus largement quoi que ce soit qui concernât leur deux familles, plus tôt que prévu, mais quand le comte se mettait en tête de redresser des torts, il s’arrangeait généralement pour que le pénitent se retrouve dans l’incapacité définitive et absolue de commettre le moindre méfait. Il ne souhaitait pas se mettre en avant de cette manière maintenant, mais qu’importe. S’il persistait, Morion prendrait des mesures draconiennes. Calomnier en retour, en se servant du poids de sa propre famille, n’était pas son genre. Ses sanctions étaient systématiquement exemplaires, et souvent sanglantes. Il l’avait prévenu : attaquer de près ou de loin un Ventfroid était une erreur qu’il ne fallait absolument pas commettre si l’on tenait un tant soit peu à sa propre vie. Bien que peu adepte, voire totalement réfractaire aux vendetta personnelles, Morion ne passerait que pour un couard et un mari indigne s’il ne vengeait pas une attaque dirigée contre son épouse, ou même contre les membres de sa famille. D’une certaine manière ils faisaient partie, désormais, de la sienne, et avait au fil du temps noué un lien étroit avec Evan, le jeune frère de son épouse, et respectait grandement Aaron. Ajoutons à cela le fait que Céline fut, par le passé, tenante du nom de la famille la plus proche des Ventfroid. Il ne laisserait rien passer.

Néanmoins, la mention de Grâce lui fit lever le sourcil. Cette baronne était décidément partout, ce qui n’était pas pour lui déplaire. C’est justement cet aspect de sa personnalité et de son comportement mondain qui l’avait poussé, malgré ses réticences à discuter avec qui que ce soit, à prendre contact avec elle afin de nouer arrangement. Bien qu’elle n’ait pas encore manifesté la volonté de voir les Ventfroid intervenir en sa faveur pour une quelconque affaire, ils étaient restés en assidue correspondance, et il se tenait toujours prêt à faire ce qu’elle réclamerait comme paiement pour ses services.

«Grâce dis-tu… ? Il laissa sa question en suspens, songeur. Nous avons eu l’occasion de discuter et de partager informations et collations. Elle saura se débrouiller face à cet homme, c’est certain.»

Il omit volontairement de parler de la relation qui l’unissait à Grâce. Pas qu’il ait besoin de réellement s’en cacher face à Ambre, mais outre le fait que cela mettrait en pièce la cohérence d’un RP futur entre sa femme et son alliée, il comptait encore attendre avant de lui faire part de ses affaires et accointances les plus sombres.

Il goûta les propos de la comtesse concernant sa soeur, sans y répondre. Les affaires familiales étaient la plupart du temps un épineux sujet. Et comme mentionné, la seule fois où il rencontra Jade pendant plus de quelques minutes, le jour de la demande de mariage à Aaron, elle était si impressionnée - s’en souvenir amusa le comte - qu’elle ne prononça pratiquement aucun mot de la soirée. Mettant cela sur le compte de sa jeunesse, et de la réputation ambivalente de Morion et de sa famille, il était dur de se faire une réelle opinion à son propos. Il la comprenait, cela dit. Bien que sur des sujets autrement différents, il avait eu maintes fois eu conflit avec sa soeur Estrée. Elle était, d’un point de vue objectif, la personne qui s’était trouvée être la plus proche du comte, et avait toujours tenté, à sa manière de le protéger ou de le raisonner. Chose qui s’était avérée assez inefficace quand on voyait à quel point il pouvait envoyer valdinguer la raison et ses propres limites, à ses propres risques et périls, quand il s’agissait de son nom et des obligations qui y étaient liées.

Quand le sujet se ramena vers le Labret, il eut tout le temps de constater l’inquiétude d’Ambre, certes légitime. Ils avaient toujours ou presque évité le sujet depuis que Morion avait pris connaissance de cette opération, le jour de l’invasion. C’était un sujet qui il fallait le dire, n’amenait pas à de bonnes augures. Un fangeux isolé était déjà horriblement dangereux pour qui se retrouvait face à lui, alors si jamais plusieurs leur tombaient dessus, alors même qu’ils escortaient de nombreuses gens dont la caractéristique martiale principale était de n’avoir aucune expérience en la matière, personnes qui pourraient, s’ils n’agissaient pas rapidement, se relever et grossir les rangs ennemis… Non. Décidément, si l’objectif était louable, les risques, eux, étaient inconsidérés.

Dans un élan de tendresse, et pour rassurer sa femme, il lui rendit son baiser, d’une égale passion, et passa ses bras dans son dos pour la plaquer contre lui, avec un savant mélange de fermeté, et de douceur. Il comprenait ses inquiétudes, lui-même n’était pas rassuré le moins du monde par la mission qui se profilait alors. Mais il n’avait pas le choix. Il était l’un des hommes les plus puissants de la cité, possédait un certain nombre de ressources non négligeables, et était, avant tout, un homme de guerre. Ses devoirs passaient toujours en priorité. Peut-être que le temps, leur vie commune, leurs projets communs, mèneraient Morion à plus de nuance dans son fonctionnement. Mais pour l’heure, un ordre était un ordre, et y contrevenir ficherait tous leurs plans en l’air. Donc détruirait peut-être, sur la durée, leur mariage.

Sa main remonta dans sa nuque, et ses lèvres, effleurant sa joue, vinrent se perdre quelques secondes dans son cou. Il reprit la parole, sa bouche se mouvant proche de son oreille, d’un ton bas, mêlant une certaine forme de résignation à la douceur d’un mari souhaitant rassurer sa femme.

«Je ne compte pas mourir. Ni ce jour là, ni un autre. Ce sera difficile, dangereux, mais nous y arriverons, en nous entraidant. Estrée a déjà commencé à mobiliser des hommes, qui viendront à notre encontre lorsque nous partirons. Ils grossiront nos rangs, sécuriseront les routes. Il laissa son menton reposer sur l’épaule d’Ambre, songeant quelques secondes. Et puis… Le Labret est un objectif capital. Nous ne survivrons pas si nous ne le récupérons pas. Au delà de ça, il est également une belle aubaine pour nous, ma douce. La proximité de notre domaine, juste au nord, amènera peut-être le duc, si je mène une campagne aussi acharnée que possible et assure une défense exemplaire ensuite, à me le confier. Si jamais cela arrive… Il sera pour lui bien difficile de se passer de moi, comme pour les autres. Ce serait un grand pas en avant.»

Il laissa un bref soupir lui échapper, et laissa ses lèvres goûter la peau ferme recouvrant le trapèze de son épouse. C’étaient des détails techniques, qui requerraient peut-être plus de temps pour s’attarder dessus, mais l’idée était là. Risquée oui, mais cette opération était du pain béni pour les deux amants, au vu de leurs sombres desseins.

De ses mains, délicatement, il poussa doucement Ambre pour qu’elle lui fasse face, lui jetant un regard où la peur était absente. Bien qu’au fond de lui, il ne voyait en cette future campagne qu’un désespoir probable.

«Je doute qu’Anür décide de reprendre la vie de l’homme qui a épousé celle qui dépeint avec maestria la beauté majestueuse de Sa personne. Ce serait étonnamment cruel de Sa part. Rikni m’enverra Son épreuve le jour venu, et hier, nous nous sommes assurés, je pense le soutien de Sérus. Je pense partir dans les meilleures conditions.»

Un petit sourire étira ses lèvres. Il n’était sûr de rien, à dire vrai. Depuis l’arrivée du Fléau, aucune opération d’une telle envergure n’avait jamais été organisée. Et il connaissait très, très bien les fangeux, et le risque qu’ils représentaient. Il en avait vu, entendu, et même tué. Et à chaque fois, il se rendait compte que ne pas avoir peur de ces atrocités était un réel péché. Un seul d’entre eux était plus dangereux qu’une escouade de miliciens furieux. Les prières de sa femme ne seraient pas de refus.

«Vois le bon côté des choses. Si jamais nous sécurisons cette route, tu pourras m’accompagner au comté avec beaucoup moins de risques que maintenant.»


Car pour l’heure, effectivement, quand Morion effectuait ce trajet c’était seul, et au triple galop. Il restait plusieurs jours là bas pour une raison très simple devant toutes les autres : sa monture devait se reposer et refaire le plein d’énergie, ou il finirait par la tuer sur la route. Venaient seulement après les affaires qu’il avait à y régler. Mais il voulait montrer à sa femme son domaine, ses gens, ses soeurs, et ces réfugiés, qui avaient, en quelques semaines, quelques mois, bâti une civilisation étrange et prolifique, un microcosme de profit mutuel entre les Ventfroid, et ces hommes et femmes venant de partout et nulle part, dont la seule ambition était la survie.

Sa main remonta, de son épaule jusqu’à sa joue, passant un pouce indolent sur la surface tendre, légèrement humide, glissant au coin de ses yeux. Elle vint se perdre dans son cou, crocheta sa nuque, et l’attira une nouvelle fois contre lui, pour l’embrasser avec une vigueur bien plus sensible. Mourir en héros ne l’intéressait pas. Il considérait même que les héros eux mêmes n’étaient que des fables, des glorifications ne servant qu’à flatter l’égo et entraîner les âmes des plus naïfs à tenter d’imiter un comportement complètement stupide un quart du temps, inhumain physiquement les trois autres quarts. Vivre en époux et en seigneur l’intéressait déjà beaucoup plus. Et pour cela, il lui fallait survivre.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyLun 11 Juil 2016 - 0:21
Morion releva la mention à Grâce de Sombrebois, et Ambre, si elle ne s’en étonna pas spécialement, nota cependant qu’il la connaissait donc. Un homme décidemment plein de surprises, ce Ventfroid. Car, s’il se vantait souvent que les Ventfroid ne nouaient que rarement avec les gens et les autres familles de l’Esplanade, ils avaient jusqu’à présent le chic pour connaître les bonnes personnes. Combien d’autres accointances avait-il bien placées dans l’échiquier que constituait Marbrume ? Morion avait encore beaucoup de mystères et de parts sombres, que la comtesse espérait, petit à petit, découvrir et éclairer. Le jour où elle les connaitrait tous, alors serait-elle véritablement devenue une Ventfroid.

Morion n’évita pas le sujet du Labret. Il fut même étonnamment réceptif, alors qu’ils avaient tous deux pris grand soin de ne pas aborder le sujet jusqu’à présent. Un réflexe instinctif de protection, et la volonté de préparer leur mariage sans penser à l’après. Désormais, le mariage était passé, et envisager l’après était inévitable. Ils ne pouvaient plus fuir les sujets désagréables, ni les remettre à plus tard. Car peut-être n’y aurait-il jamais de plus tard. Morion partait dans trois semaines. Il leur faudrait vivre ces trois semaines intensément, sans regrets. Même si c’était rendre la possibilité qu’il ne revienne pas vivant plus réelle. Ambre n’avait aucun moyen de se dérober à cette peur cependant ; elle la prendrait aux tripes tant que Morion serait absent de leur logis, tant qu’elle ne recevrait pas de missives. Elle s’en rendrait malade.
Le 3 mars n’était encore point arrivé cependant. Le comte était toujours là, avec elle. Il profitait d’un bain en compagnie de son épouse, après une grasse matinée méritée, et l’heure du zénith devait avoir été atteinte déjà, une heure où d’ordinaire le comte était enfermé dans son bureau à travailler, ou prêt à descendre pour prendre son déjeuner. Une agréable entorse à son quotidien.

Ambre se laissa plaquer contre Morion. Il était désireux de la rassurer, elle le sentait, et elle laissa la tendresse s’épanouir dans leur étreinte. Etait-ce cela qu’avaient vécu toutes les femmes avant elle ? Des instants volés, des baisers dérobés, avant que leur mari ne parte en guerre au nom de leur suzerain, de leur devoir, de la défense du Royaume ? Pourquoi devaient-elles toujours rester impuissantes, voyant leurs hommes, leurs frères, leurs fils, s’éloigner sur le chemin, imprimant sur leur rétine le visage de ceux qu’elles ne reverraient peut-être jamais ? Les bras d’Ambre autour des épaules de Morion se firent impérieux, elle le serra fort alors qu’il l’embrassait. La main humide du comte quitta la chaleur de l’eau pour remonter derrière les omoplates de la comtesse, sa nuque, tandis que ses lèvres glissèrent sur sa joue, le cou, avant de parler près de l’oreille.

Objectivement, la comtesse ne pouvait pas dénigrer cette opération. C’était un fait. Elle savait que c’était capital, oui. Au-delà de ses griefs personnels contre le Duc, elle n’avait pas l’immaturité de ne pas reconnaître ses bonnes décisions. Le port de Marbrume et ses poissons apportaient des denrées vitales, mais c’était la seule source de nourriture fiable désormais. Il en fallait d’autres. Il fallait vaincre la famine avant de voir la cité sombrer, et par-dessus tout, il fallait des ressources, du bois, de la pierre, pour envisager une meilleure défense, et surtout, une reconquête future, construite sur le long terme, basée sur des décisions solides. Et un peuple qui ne mourrait pas de faim, surtout. A quoi bon prévoir une révolte de l’humanité s’ils finissaient à n’être qu’une poignée entre les murs de cette cité ? Une poignée n’était qu’une pichenette qui n’ébranlerait pas le danger désormais incrusté dans tout le Royaume. Le Labret était essentiel, Ambre en était consciente.

La comtesse écarquilla doucement les yeux à l’entente de l’ambition de son mari au sujet du plateau. Il ne put pas le voir, car il avait le visage enfoui dans son cou, et baisait désormais doucement la peau de son épaule. Le Labret n’était pas encore repris que Morion envisageait déjà de le commander, préparait des projets. Des projets qui lui correspondaient terriblement, à dire vrai.

- Morion, c’est… ambitieux. Ambre avait soufflé ça d’un coup, l’étonnement encore perceptible dans sa voix. Les anciens suzerains du Labret sont tous morts, la lignée est éteinte. Lorsque le Duc aura la main mise sur les terres, si la cité réussit à les récupérer… il est possible qu’il en donne les responsabilités à l’un d’entre vous – par vous elle entendait l’un des vassaux ducaux –, quand il se sera assuré que les terres soient contrôlées, et entre de bonnes mains. Cependant… Je pense que tu ne seras pas le seul à lorgner sur le Labret, rajouta Ambre doucement. La châtellenie de Traquemont prend énormément d’importance ces derniers temps, l’un de ses chevaliers était même présent à notre mariage, loin de ses terres à défendre, prêt des affres mondaines. Hugues de Noblecoeur, malgré son sang étranger, a proposé au sommet de mener une diversion folle dans les marais. Il en mourra sûrement, mais si par miracle il venait à en réchapper, il gagnerait non seulement les faveurs du Duc, mais aussi du peuple. Même s’il est mal parti pour ses propos déplacés, et son caractère visiblement peu malléable. Ambre revoyait en images les divers protagonistes de la réunion au sommet, analysant leurs possibles intentions. Hector de Sombrebois également, avec toutes les idées soufflées en janvier à la table ducale, doit avoir l’idée qui lui a traversé l’esprit. Et je ne cite pas les Rivain, toujours terriblement accrochés aux Sylvrur comme des moules sur un rocher, comme depuis toujours. Pour eux, le Duc rechignerait peut-être à prendre le risque de les perdre en leur demandant d’administrer le plateau, mais son envie de sécuriser les lieux avec des alliés anciens et fidèles pouvait prendre le dessus. Ambre n’était pas dans la tête du Duc. Cependant… il est vrai que nous avons nos chances, comme les autres. Peut-être même en avons-nous plus que les autres.

Plus qu’un pas en avant, cela assurerait au couple une place non pas capitale à Marbrume, mais carrément vitale. L’idée était compliquée, terriblement ambitieuse. Elle n’en attendait pas moins d’un comte cependant. Ou, plus particulièrement, de Morion lui-même. Il programmait, préparait, élaborait soigneusement chacune de ses actions. Il plaçait ses pions, ses fous, ses tours, pour se rapprocher progressivement du roi. Ambre ne regrettait décidemment pas de s’être liée à cet homme, et l’ampleur de ce nouveau projet oblitéra un instant son esprit, lui faisant oublier son inquiétude pour le Labret. Ses pensées calculèrent, soupesèrent certaines hypothèses devant cette nouvelle information, alors que Morion soupirait et terminait de baiser son épaule.

Après quoi, il l’écarta un peu de lui, pour planter son regard dans le sien. Un regard ferme, déterminé, et pas humide contrairement à la comtesse qui avait eu du mal à contenir son émotion lorsqu’elle avait évoqué sa peur de le voir trépasser. Un rire à la fois nerveux et heureux secoua la comtesse à la mention de la Trinité et des bonnes faveurs avec lesquelles partait son époux.

- Soit. Il est vrai que nous sommes des fidèles dont il serait stupide de se passer, en espérant que la Trinité possède le même avis. Elle embrassa brièvement ses lèvres. Mais sois prudent, et promets-moi de ne pas tenter d’actions inconsidérées même si tu penses avoir les faveurs des dieux. Promets-moi que s’il le faut… Elle se tut un instant. Que s’il le faut tu laisserais les autres mourir pour me revenir.

Ambre observa consécutivement les deux prunelles de son mari, analysant les lueurs qui transparaitraient dedans, tandis que ses mains caressaient un peu nerveusement la peau de sa nuque. La demande était terriblement égoïste. Que voulait-elle dire ? Qu’elle lui demandait, si la situation le nécessitait, d’abandonner les gens qu’il avait le devoir de défendre, d’abandonner les nobles qu’il estimait, d’abandonner Talen ? C’était une interprétation possible. Mais peu compatible avec l’éducation de Morion, certainement. Il avait été éduqué pour honorer le rôle qui était le sien. Nul doute qu’il défendrait cette mission avec tout le zèle dont il était capable, pour rester lui-même en vie déjà, certes, mais pour permettre à l’humanité de se relever, aussi. Il ne pouvait pas être égoïste comme elle… du moins, pas tant que la situation n’était pas désespérée. Mais c’était ça qu’elle lui demandait. De ne pas mourir inutilement, si la situation devenait désespérée.

- Oui, c’est vrai. J’espère néanmoins que tu t’autoriseras un temps de repos minimal au manoir lorsque tu rentreras, avant de te mettre en tête de me faire visiter le domaine. Je suis curieuse de faire connaissance avec nos gens, nos terres, et tes sœurs, mais chaque chose en son temps, souffla-t-elle doucement, et sois sûr que je sais me montrer persuasive lorsqu’il le faut. Le trajet l’effrayait, aussi, mais ça elle le passa sous silence. Si elle commençait à avoir des scrupules à le suivre au domaine qui était désormais le sien, Morion s’en offusquerait, avec raison. Elle ne se déroberait pas à ses obligations, même si mettre un orteil dehors était loin de la mettre en joie.

Ambre ferma les yeux lorsque la main de Morion recouvrit sa joue, que son pouce caressa le relief d’une pommette. Il l’attira à nouveau à elle, l’embrassa, et Ambre se laissa fondre sous l’étreinte. Parler du Labret avait fait du bien malgré tout. Il s’agissait de peurs qu’elle refoulait depuis le jour du sommet de janvier, et se confier à Morion la soulageait un peu. L’homme ne pouvait bien évidemment pas la rassurer au point qu’elle le laisse partir, confiante, le jour venu, mais cela était suffisant pour cette journée.

Désormais que tous ces sujets d’importance étaient passés, ce fut comme si Ambre prenait plus conscience de ce qui l’entourait. Le corps de Morion contre le sien reprit plus de présence, comme si les récepteurs de sa peau se réactivaient soudain. A genoux au-dessus du comte adossé contre la cuve, fesses contre ses cuisses, entrejambe contre la sienne, Ambre reprit les ablutions. De ses deux mains, elle rinça la mousse présente sur le torse de son mari, pour seul but de pouvoir à nouveau admirer ce dernier. Le savon courut sous un pectoral, puis plongea sous l’eau cette fois, pour aller frotter doucement contre un flanc. Les sens d’Ambre redevenaient plus accrus, et quand la présence du sexe de Morion contre le sien lui fut insoutenable, elle temporisa avec une proposition habile.

- Monseigneur veut-il bien se tourner ?

Elle se recula, quittant ses cuisses, pour lui permettre de se retourner, et prendre appui contre le rebord de la cuve. Quand le dos de son homme fut face à elle, éclairé par les chatoiements miroitants des chandelles de la pièce, Ambre se pencha encore par-dessus lui, ventre posé contre son échine, pour attraper cette fois-ci non pas un savon, mais une fiole d’huile. Tranquillement, elle décapsula le récipient, et versa doucement son contenu sur la jonction de sa nuque et de ses épaules, pile sur l’épine d’une vertèbre. L’huile grasse coula en un trait fin le long de la colonne, et avant qu’elle n’atteigne l’eau du bain, les mains habiles de la comtesse vinrent l’étaler sur la surface du dos. Ambre vint presser les épaules de son mari, empoignant doucement la peau et les muscles, et ses pouces appuyèrent un peu plus à des points précis, déliant les tensions. Les pouces glissèrent ensuite le long de la colonne, titillant jusqu’aux lombaires, sous l’eau. Puis les mains remontèrent, alternant les pressions, s’attardant entre les omoplates, caressant les épaules, détendant la nuque de son époux, jusqu’à la racine des cheveux. Elle prit plaisir à lui offrir ce massage, et tentait d’apprivoiser ce dos si capricieux. Les cicatrices, blanches, offraient des reliefs sous les doigts de la comtesse, et si à de nombreux endroits l’homme était complètement insensible, elle essayait parfois de pousser la force de ses doigts pour détendre les muscles, même s’il ne ressentait rien sur la peau elle-même. Elle s’attarda aussi sur les zones sensibles, jusqu’à ce que le dos de Morion soit habitué à sa présence, et n’explose plus en soubresauts électriques, lui permettant de mieux apprécier le massage. Ce dernier dura un certain temps, et alors qu’elle avait encore ces cicatrices sous les yeux, elle demanda :

- Si c’était à refaire, demanderais-tu à ton père de t’infliger un traitement identique ?

Alors qu’il répondait, dos à elle, Ambre mit ses mains en coupe dans l’eau pour rincer le dos désormais imprégné d’huile. Elle caressa la peau jusqu’à ce que le surplus de gras ait été retiré, puis reprit un savon pour nettoyer la peau après le massage, et la caresse du savon prolongeait d’une certaine façon les frictions.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyLun 11 Juil 2016 - 3:29
Ambitieux ? C’était assez peu de le dire. A vrai dire, il ferait tout pour évincer quiconque se mettrait en travers de sa route. Si effectivement, le Duc ne confierait pas le Labret à quiconque dès sa libération, il finirait forcément par passer la main. Gérer Marbrume était une lourde tâche. Si temporairement le Labret et la cité pouvaient être gérés de front de la même main, la tâche serait impossible sur la durée. Quant à ses adversaires éventuels… les seuls que Morion estimait comme étant réellement sérieux étaient les Rivain. Les autres… Il eut un petit rire.

«Non, il est évident qu’un tel objectif va susciter un très grand nombre de convoitises. Mais voyons les choses d’un autre angle. Il laissa un baiser chaste sur sa peau, et reprit. La châtellenie de Traquemont prend de l’ampleur, c’est évident. En revanche, leurs chevaliers, comme sa dirigeantes, sont des étrangers des bals et valses muettes que sont les navigations en milieu mondain. Et ici faire bonne mesure ne suffit pas. Ils sont trop… honorables pour leur propre bien. De même que l’ambition d’Yseult de Traquemont est si dévorante qu’elle finira par provoquer sa chute. Et si elle se met en travers de ma route, je l’y aiderai. J’ai contrairement à eux un avantage topographique. La partie habitable de mes terres est exemptes de marécage, ce qui assure une certaine sécurité à tous ceux qui y vivent. Si Traquemont intercède à l’encontre de mes projets… eh bien je les broierai. Yseult a commis bien malgré elle l’erreur de réclamer des effectifs au Duc. Il lui rend un service, il y a peu de chances qu’il lui concède également la direction d’un tel territoire. Un second baiser se déposa sur la peau douce et humide, plus proche du coup cette fois. Hugues de Noblecoeur… Tu l’as dit toi même. Il s’est aliéné le Duc. Au besoin quelques missives peuvent l’accabler de déroutes supplémentaires. Et il serait fort mal avisé de la part de Sigfroi de confier de telles terres à une personne qui n’est pas native de Mabrume. Cela lui ferait perdre énormément de crédit de la part des nobles qui y sont installés depuis des lustres. S’il veut conserver une aura dominatrice sur la cité, il la confiera à quelqu’un qui y est né, et si possible, dont la famille y possède des racines profondes. Les temps sont durs et il vaut mieux se fier aux compétences plus qu’aux racines, mais… La politique est un jeu complexe, et bafouer l’histoire d’une famille est parfois extrêmement dangereux. Il déposa un autre baiser sur la peau chaude, légèrement vibrante au rythme de ses battements cardiaques. Quant au baron de Sombrebois, je ne vois pas qui irait lui confier quoi que ce soit d’autre qu’une outre de vin. Être créatif ne fait pas de vous un bon dirigeant.»

Morion partait toujours, lorsqu’il avait affaire à une proie particulièrement difficile à faire tomber, du même principe : qu’elle était nettement, très nettement plus intelligente que lui. Cela lui évitait les grosses erreurs de jugement, qui dans ce monde étaient toujours fatales. Un bon moyen d’échafauder des plans terriblement retors, en se basant sur une intelligence grandement supérieure. Et dans le cas où le Duc ne serait pas comme Morion se l’imagine (et c’était très certainement le cas), le comte savait tout de même que le dirigeant de Marbrume était loin d’être un imbécile. La Fange avait exacerbé les tensions, rendu des alliances plus fragiles, et solidifié certaines autres. Les anti-ducs, forcés de vivre sous le joug de leur ennemi, se faisaient discrets, prenant le moins de risques possibles. Mais ils étaient là, se tapissant dans l’ombre, et n’attendaient que la bonne occasion pour bondir, tous crocs sortis.

«Dans le cas où le Duc serait assez aveugle pour ne pas voir l’avantage qu’il tirerait de notre collaboration, je ferai tomber celui qui héritera du Labret, d’une manière ou d’une autre. La proximité du comté n’est pas qu’une aubaine défensive. Elle peut aussi servir d’arme. S’il s’avère que des ressources sont perdues, ou que des gens désertent… Le Duc reverra peut-être sa décision. Morion eut un petit rire mesquin.
Quelle que soit la personne qui se mettra en face de moi… Je lui apprendrai ce que sont les amers regrets. Yseult aurait d’ailleurs plus d’intêret à me laisser le Labret qu’à le prendre. Sans compter qu’elle ne pourra pas le gérer avec le peu d’hommes dont elles disposent, dont le nombre suffit juste à leur survie.»

La détermination était un trait plus ou moins connu de Morion, mais il était encore plus fascinant de la voir en oeuvre. Ce qu’il ne pouvait s’approprier, quand il convoitait quelque chose, il finissait par l’obtenir. Et si quelqu’un se plaçait devant lui, refus en tête, il le balayait. Qui plus est, il avait Grâce dans son giron, il pourrait toujours se servir d’elle pour discréditer Hector s’il se présentait en candidat à ce poste. Lui dont les compétences politiques s’avéraient être à peine suffisante pour gérer un domaine désert, et passer plus de temps, finalement, à s’en mettre plein la panse sur l’Esplanade. Les Rivain en revanche… Dur de s’attaquer à eux. Il aviserait, et trouverait bien quelque chose. Comme pourrait le constater Ambre, il n’avait pas poussé la réflexion qu’au stade de la simple intrigue noble comme il y en avait des dizaines par semaine sur l’Esplanade. Les Ventfroid agissaient peu, mais lorsque cela arrivait…

Il lui rendit son baiser, et soutint son regard. A dire vrai, il avait envisagé ce qu’elle lui demandait de promettre. Laisser tout ce petit monde mourir. Oui, c’était à envisager. Si vraiment l’opération était un total désastre… Il ne cracherait pas sur la survie, quitte à laisser tous ceux qui le suivaient et l’accompagner mourir.

«Je sais déjà ce que je vais faire, et risqué ou non, je ne compte pas tenter l’impossible. Simplement faire mon travail, et m’assurer que ma part soit faite en bonne et due forme. Les risques sont nombreux et nécessaires, mais au risque de te décevoir, je ne suis pas ceux qui veulent rentrer chez eux en héros. Ce mot ne sied pas à qui porte mon nom. Il l’observa quelques secondes sans rien dire, puis l’embrassa à nouveau. Ses lèvres restèrent près des siennes un moment, les effleurant d’une caresse lente et délicate, puis elles bougèrent légèrement pour laisser filtrer les quelques mots suivants : pour ce qui est de cette promesse, je te la fais volontiers. Rien ne m’empêchera de revenir.»

A sa remarque, il se contenta d’un sourire pour toute réponse. Il était zélé, parfois déraisonnable, mais pas fou. Il ne repartirait pas sitôt rentré. Il partait déjà pour un moment, alors compter revenir sans prendre le temps de profiter de son épouse et d’un repos qui serait sûrement bien mérité, non c’était hors de question.

Un petit soupir d’aise lui échappa quand elle reprit ses attentions, nettoyant la mousse qui s’était accumulée sur sa peau. Il sentait son battement cardiaque s’intensifier de façon légère, mais perceptible; leur position avait de quoi émoustiller ses sens. Ce qu’elle faisait déjà, d’ailleurs. Néanmoins, avant que Morion ne décide de lui faire oublier tous ces tracas par des remèdes bien connus mais toujours efficaces, elle prit le partit de délayer sa guérison. Il obtempéra, cela étant dit. Tant que l’eau était bien chaude, autant en profiter. Il lui vola un baiser au passage, et se mit en position.

Il fut, pour le moins, surpris. Il s’attendait assez naïvement à ce qu’elle poursuive sa tâche dans son dos. La pensée n’était pas idiote après tout, mais la sensation appuyée de ses mains dans son dos, qui couraient sur les plaies anciennes, sur ses muscles légèrement durcis, qui fournirent d’ailleurs un certain nombre de contractions réflexe aux endroits les plus sensibles, voilà venu son tour de découvrir de nouvelles sensations. Oui, cela pouvait paraître idiot, mais il n’avait jamais été massé. Pas de cette façon en tout cas. Lors de ses visites au manoir, Estrée profitait parfois du fait que son frère était plongé dans de la rédaction ou de la lecture dans son bureau pour lui détendre, sommairement, la nuque et les épaules. Et encore, il lui arrivait de subir une ou deux réprimandes de son frère aîné, jugeant que si le massage était bien exécuté, ce même talent le déconcentrait. La pression des doigts et des paumes de son épouse étaient un véritable délice. Elle put d’ailleurs constater, sur ses triceps, sa peau s’exciter et se granuler au diapason des frissons qui le parcouraient. Il sentait, étrangement, une incroyable tension partir peu à peu. Ses muscles étaient atrocement noués. Il n’était pas du genre à prendre posture inadéquate, il se tenait même toujours très droit, mais les efforts qu’il fournissait lors de ses entraînements, ou les heures passées à lire, penché près d’une chandelle sur un ouvrage écrit par un homme peu soucieux de savoir si ces pages étaient seulement lisibles avaient eu un effet assez néfaste sur son dos. Il se sentit couler doucement, et redressa légèrement le buste pour que ses mouvements aient plus d’effets. D’un mouvement latéral de la tête il fit craquer sa nuque, et laissa la douce chaleur l’envahir. Il nota de prendre nettement plus souvent son bain avec Ambre, et, au cas où seulement, de faire porter un peu d’huile directement dans la chambre. Cela ne serait pas perdu.

Si la question d’Ambre qui suivit, lorsqu’elle eut fini sa tâche, fort bien menée et que Morion regretta sitôt qu’elle cessa, le surprit, il n’en montra rien car sa réponse fut immédiate.

«Oui. Son ton était dénué de la moindre hésitation. Sans aucun doute. La violence n’était pas gratuite. Mon éducation a prélevé un lourd tribut sur mon corps, mais cet investissement de mon père fut probablement le plus rentable qu’il n’effectuât jamais. Je ne serais pas Morion de Ventfroid sans elles. Et tu serais sûrement toujours Ambre de Mirail.»

Il se retourna, et observa Ambre un moment. Son visage, son corps. Il aurait été terriblement dommage que son père lui prodigue une éducation aux petits oignons, quand il voyait ce qu’il aurait pu rater. Sans compter que la dureté morale de Morion venait en grande partie de là. Pendant cette période, il avait du faire abstraction de pratiquement tout, personnes, temps, événements, famille, tout. Le minimum pour endurer le traitement que lui infligeait Isidore chaque jour durant de nombreuses années. Poussé dans ses ultimes retranchements, oscillant sans cesse entre la reddition et la volonté de poursuivre plus avant, cette expérience, aussi sauvage et barbare fut-elle, l’avait grandi, et fait de lui l’homme qu’il était. Même si plusieurs fois, il avait eu l’impression de cesser d’être, pour ne se transformer qu’en vortex de douleur rugissante. Il s’était senti inhumain, plusieurs fois. L’on savait maintenant d’où venait sa facilité à le devenir pour de bon quand l’occasion le réclamait.

«A ton tour.»


Il attendit qu’elle s’exécute, et reprit la fiole déjà entamée pour faire couler un peu d’huile dans son dos. Il ignorait royalement comment s’y prendre, mais cela ne devait pas être sorcier. Il étala d’abord du plat de la main l’huile sur toute la surface du dos, les épaules, les trapèzes. Ses mouvements étaient un peu hésitants, quand il commença à masser. Néanmoins, en poursuivant, il se rendit assez vite compte que c’était très intuitif. Appuyant peu sur les muscles au début, il finit par saisir la bonne tension à imprimer à ces derniers, pour les malaxer sous ses doigts, appuyant de la paume sur les plus massifs (le terme était relatif quand on parlait d’Ambre certes), d’entre eux. Il s’arrangeait toujours, et là c’était assez instinctif, pour garder un mouvement symétrique de ses mains. Les pouces de chaque côté de sa colonne, il effectuait de petits cercles de leur pulpe, ses autres doigts écartés exerçant une pression sur la surface qu’ils pouvaient atteindre. Il partit en premier lieu de sa nuque, et descendirent progressivement. Ses doigts prirent ainsi possession de ses omoplates, puis de sa cage thoracique, effleurant de leur pointe la courbe extérieure des seins de son épouse, et il continua sa route, sans s’attarder dessus, jusqu’aux lombaires, sur lesquels il s’arrêta une minute ou deux. Il exécuta la même manoeuvre, en sens inverse cette fois, jusqu’à remonter sur sa nuque. Il s’égara ensuite sur ses épaules, repassa sur les omoplates, savourant la courbe osseuse des os, repassant sur les muscles. Il ne s’arrêta qu’après un long moment, finalement - il y avait pris goût - et passant ses bras autour de la taille de sa femme, l’attira contre son buste. Il l’enserra à la taille.

«Je ne sais si ce fut aussi agréable pour toi que ce le fut pour moi, mais j’encourage fortement une pratique régulière. Cela fait un bien fou.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyLun 11 Juil 2016 - 14:03
Les propos de Morion furent écoutés, calmement. La jeune Ventfroid laissa s’exprimer l’ambition de l’homme, ses projets, ses avis concernant toute la noblesse et la piétaille qui pouvait être un frein à ses projets. Ses arguments étaient bons, autant que les siens. Les deux nobles avaient pour eux un sens acéré de l’analyse, accordé par leur éducation. Cependant, leurs considérations ne demeuraient, actuellement, qu’hypothétiques. Car rien ni personne ne pouvait prévoir ce que donnerait le Labret. Peut-être le convoi se ferait entièrement décimer. Peut-être que les terres étaient devenues infertiles, qui sait ? Des créatures maudites s’abattaient sur leurs terres, ils n’étaient pas à l’abri d’autres catastrophes. Elle espérait néanmoins qu’il serait à la hauteur de leurs espérances. Pour la cité, pour leur survie à tous, mais également pour l’ambition égoïste de leur couple.

- Une erreur… Je ne suis pas certaine que cela en soit réellement une, souffla doucement Ambre au sujet d’Yseult de Traquemont néanmoins. En recevant des hommes du Duc, elle est forcée de suivre ses directives, indirectement, même sur son propre fort. Sigfroi n’apprécie pas qu’on sacrifie ses hommes inutilement. Par là, dame Yseult s’assure de paraître particulièrement fidèle, contrairement à quelqu’un qui disposerait de ses propres troupes sans lui rendre de comptes ou presque. Contrairement à toi, par exemple, appuya Ambre après un petit silence. Je crains néanmoins que, tôt ou tard, si tu ne veux point perdre tes terres, il te faudra demander l’aide de plusieurs escouades de miliciens, souffla la jeune femme, navrée d’avoir à dire cela, mais pragmatique. Elle non plus n’appréciait pas devenir dépendante de la famille ducale, qui n’avait jamais été plus puissante que maintenant qu’ils vivaient tous entre ses murs pour leur survie. Je plussoie néanmoins le fait que Sigfroi se mettrait à dos beaucoup de familles s’il choisissait des étrangers pour l’épauler, mais il ne faut jamais sous-estimer sa propension à nous étonner. Après tout, il laisse bien une châtelaine – une femme, grands dieux – participer activement à la préparation du Labret, car elle a fait ses preuves depuis nombre de mois.

Ambre se tut, réfléchissant elle-même à ses propos. Puis Morion lui concéda sa promesse volontiers, lui assurant qu’il n’aimait pas jouer les héros. Les épaules de la comtesse se détendirent inconsciemment, rassurée. Vint ensuite le temps des massages.

Morion réaffirmait l’utilité de ses cicatrices, et leur indispensabilité à son éducation, à sa formation en tant que ce qu’il était aujourd’hui. Elles avaient joué, il était certain, à endurcir l’homme, à pousser ses limites même. Mais Ambre avait quelques doutes sur le fait « qu’il ne serait pas Morion de Ventfroid » sans elles. Après tout, même en mettant de côté les coups de fouet, les Ventfroid étaient les Ventfroid. Eduqués selon des préceptes rigides, ancestraux. Et Ambre aurait été fort étonnée que le caractère de Morion ait été si différent s’il n’avait pas été battu. Après tout, le reste de sa famille n’était-il pas tout aussi digne de leur nom que lui, sans avoir subi toutes ces mutilations ? Elle n’aurait jamais la chance de connaître son jeune frère, mais de ce qu’elle avait pu voir d’Estrée déjà, et ce que Morion lui avait dit de Marianne, elles ne paraissaient ni oisives ni stupides. Estrée avait eu pour elle, également, la dignité des Ventfroid. L’on ne pouvait attribuer la droiture et la dureté du comte à ces cicatrices uniquement. Et elle espérait qu’il comprendrait ce point de vue, car il était tout à fait hors de question que leurs propres enfants subissent le même sort plus tard. Ventfroid ou pas Ventfroid, tant que leur mère serait vivante, jamais personne ne pourrait les mutiler ainsi, pas même leur propre père. Mais elle n’évoquerait pas ce sujet maintenant : le temps qu’elle soit amenée à donner naissance, et que leurs enfants soient en âge de recevoir certains enseignements, l’eau avait de quoi couler sous les ponts.
En tous les cas cette espèce de dévotion aveugle envers Isidore était quelque chose de particulier chez Morion, selon la comtesse. Mais il était difficile pour elle d’imaginer la chose en n’ayant jamais connu le concerné. Il ne reviendrait jamais des terres infestées. Peut-être aurait-elle pu l’apprécier si elle l’avait connu, sûrement même. Le respect que lui accordait Morion manifestait l’honneur que pouvait posséder cet homme. Cependant, puisqu’elle ne le connaissait pas personnellement, lorsqu’elle pensait à Isidore, elle pensait surtout à un homme certes droit et possédant la sévérité nécessaire pour l’éducation d’un enfant, mais principalement cruel.

Ambre se laissa observer alors que Morion se retournait dans le bain, détendu grâce aux mains de la jeune femme. La comtesse frissonna un peu. Etre ainsi regardée alors qu’elle était nue était encore quelque chose de très nouveau, là où quelques jours plus tôt à peine personne n’avait jamais vu plus que la blancheur de ses mains ou de son cou. Voir les prunelles de Morion descendre sur son corps l’émoustillait, et réveillait en même temps un soupçon de pudeur habituel, bien vite étouffé cependant. Il s’agissait là de son mari, elle comptait bien lui laisser le loisir de profiter de ses atouts, et elle des siens.

Morion lui demanda de se tourner à son tour, et Ambre haussa un sourcil amusé. Elle ne commenta rien, et se tourna en silence, s’amusant de cette manie que son mari avait de toujours renvoyer la pareille. Enfin, elle n’était pas mieux, d’un certain de point de vue, quand on savait qu’elle lui avait laissé une broche en compensation de sa chevalière, et qu’elle avait été déterminée à lui offrir un présent pour leurs noces alors que normalement, seul l’homme doit en apporter un pour honorer le mariage. Ambre était une passionnée ; elle avait tendance à donner plus qu’elle ne recevait, mais avec Morion à l’heure actuelle le bougre tenait particulièrement bien le change. Mais elle était très loin de s’en plaindre, au fond.

Des frissons parcouraient déjà la peau de la comtesse, par anticipation, alors que Morion n’avait qu’étalé l’huile sur la peau de son dos. Une peau lisse, satinée, contrairement au véritable patchwork qu’on retrouvait chez Morion. Le comte fut très doux au début, comme s’il avait peur de lui faire mal, mais la pression de ses mains termina par se faire plus présente, et très très agréable. Ambre avait l’habitude de se faire masser par sa domestique, mais rien n’égalait jamais la poigne d’une main masculine. Les cercles de ses pouces, les caresses de ses paumes, tous les mouvements de Morion détendirent son dos, faisaient réagir les muscles. Parfois même se cambrait-elle légèrement, sans contrôler, lorsqu’un muscle réagissait de façon trop chatouilleuse, puis elle se détendait à nouveau, soupirant doucement. L’eau du bain n’était plus fumante et avait un peu tiédi au cours de leur longue conversation, mais elle était toujours chaude et agréable, favorisant la détente de leurs corps. Lorsque les doigts de Morion effleurèrent la courbe de ses seins, quelques picotements bienvenus traversèrent son ventre, attisant son envie. Elle eut le souhait discret que ses mains dérapent, glissent par-dessus ses cotes pour empoigner ses seins mais… non, elles continuèrent leur route jusqu’aux lombaires, réduisant l’effleurement à un simple souvenir. Ambre, le menton posé contre ses poignets appuyés sur le rebord de la cuve, soupira légèrement. La pression des pouces dans sa nuque réveilla des frissons tout le long de son corps, et elle ferma les yeux.
Quand Morion l’attira à elle après l’avoir enlacée par l’arrière, elle se laissa volontiers entraîner, un sourire éclairant son visage.

- Oui, c’était très agréable. Tu sais bien user de tes mains. Et je saurai te détendre quand tu rentres de journées particulièrement éprouvantes, après tout quel intérêt d’être devenue une épouse si je n’accorde à mon mari aucune attention qui sorte de l’ordinaire ? Je ne voudrais pas te traiter comme je traite tous les autres hommes.

Adossée contre lui, entre ses bras, Ambre releva le cou pour embrasser Morion. Sa main gauche était posée sur celle de Morion, elle-même posée contre son ventre, et Ambre caressa doucement sous l’eau le relief de son alliance. Sa main droite se leva au-dessus de son buste, et vint glisser derrière la nuque du comte pour affermir leur baiser. Puis ses doigts glissèrent encore, et vint effleurer la mâchoire de l’homme, faisant crisser doucement la barbe. Ambre avait envie de parler de pleins d’autres choses encore, de commenter la présence de certains invités à leur mariage, de parler d’Estrée, du Duc aussi qui avait assisté à la cérémonie, de leur quotidien à venir. Mais en même temps, l’envie de ne plus parler, et de profiter de la quiétude de leur bain la prenait, et progressivement commençait à l’emporter, après les massages particulièrement agréables. La main d’Ambre quitta ensuite la barbe de son mari pour venir glisser sur son ventre et rejoindre les poignets de son mari, et elle resta ainsi plusieurs secondes, cou toujours courbé pour profiter de leur baiser, bras entourés autour de ceux de son mari, serrant pour affermir leur étreinte. Morion formait une vraie niche autour d’elle. La jeune femme voulut reprendre son savon qui avait coulé au fond du bain, un instant, pour nettoyer les bras de son mari en restant blottie contre lui. Juste un instant. Car elle termina par craquer, et repoussa l’idée des ablutions dans un coin de son esprit.
Tranquillement, Ambre enserra le poignet droit de Morion, et guida sa dextre jusque sous le galbe de son sein humide. Son baiser se fit plus avide, moins tendre, alors que la chaleur embrasait à nouveau sa peau.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyLun 11 Juil 2016 - 16:07
Ça, le Duc pouvait surprendre. Tous en avaient fait les frais au moins une fois à Marbrume. L’incident des portes du Crépuscule étant bien évidemment la plus choquante des “surprises” que pouvait réserver Sigfroi, pour l’heure. Mais un petit détail trottait dans l’esprit de Morion. C’était nébuleux, un peu fou et parfaitement hypothétique. Mais s’ils ne vainquaient pas la fange, et si cette dernière ne les mettait pas non plus totalement à bas, les gens finiraient par s’habituer à sa présence. Une vie certes horrible, dans de telles conditions, mais si tout le monde craindrait ces bêtes, la peur de l’inconnu et du mystère finirait par s’estomper. Cette même peur donnait pour l’heure un avantage colossal à la famille ducale. Quand ils ordonnaient des choses, les gens ne cherchaient pas à discuter ses ordres. L’acceptation était immédiate. Il était le dirigeant de la ville après tout. Il savait forcément mieux que personne comment la gérer. Mais le jour où les gens commenceraient, eux aussi, à se rasséréner, à penser de façon plus calme, plus critique, ses ordres les plus fous risquaient d’être grandement contestés. C’était une chose que Morion tenait absolument à mettre à profit. Quand le phénomène commencerait à pointer le bout de son nez, en tout cas. Actuellement, les choses étaient trop frénétiques. L’invasion du Duché était trop récente, celle de la Hanse avait énormément choqué, et la ville entière était paniquée. Quoi que décide le duc, tous le suivraient aveuglément. Le plus difficile pour le seigneur de Ventfroid était de suivre le mouvement, tout en tirant soigneusement et discrètement ses épingles du jeu. Jeu qui demandait une grande finesse, mais dans lequel il était, et sa famille était dans le même cas que lui, très doué.

Toutes ces pensées, assez sombres, finirent par le quitter quand il s’occupa du dos de sa femme. Il n’avait pas envie de trop s’attarder là dessus pour l’instant. S’occuper de son épouse était bien plus agréable. Tout ce qui concernait le complot et les ambitions du comte avait largement le temps d’être débattu d’ici la conquête, et même après. Elle resterait suffisamment longtemps aux mains de Sigfroi pour qu’il finisse de planifier les détails de chacune des étapes de son ascension. Il comptait également sur le fait que le Labret en poche, ce qui manifesterait de toute évidence un soutien inconditionnel à la ville et au Duc, faciliterait l’oubli de l’union avortée d’Ambre avec les Sarosse. Il n’avait pas non plus oublié ce petit détail, qui pouvait selon le contexte revêtir une importance capitale. Comme tout ce qui représentait un risque non nul.

Il se laissa doucement aller à l’étreinte qui les liait, plus qu’agréable. Dans un lieu différent, mais leurs corps enlacés dans l’eau chaude était un vrai régal.

«Si c’est ainsi, je risque de rendre chaque journée terriblement éprouvante dans le seul but d’obtenir quelques faveurs une fois celle ci terminée, tu sais, souffla-t-il, amusé, dans un murmure.»

S’il avait eu l’intention de dire autre chose, ce fut vite oublié quand les lèvres d’Ambre se lièrent aux siennes. Fin de la conversation, fin des ablutions. Enfin, au moins ils se rinçaient toujours. Il laissa de bonne grâce sa main se faire entraîner, et finit le chemin lui-même, s’emparant du mont de chair. Sa prise se fit plus ferme. Son baiser également, tandis qu’une chaleur qui n’avait rien à voir avec celle de l’eau l’envahissait rapidement. Elle couvait déjà depuis qu’ils étaient dedans, mais Ambre venait de faire céder les faibles résistances qui la maintenaient enchaînées au fond de son estomac. Il recula légèrement son visage, laissant s’échapper un souffle chaud, et reprit le baiser de plus belle, entremêlant sa langue à la sienne avec envie. Sa main rejoint également rapidement la poitrine d’Ambre, et il profita de ses caresses pour la plaquer un peu plus contre lui. Puisqu’ils étaient partis dans les massages, ses caresses se muèrent rapidement en des mouvements plus profonds. Tandis que ses doigts passaient sous ses seins et remontaient doucement, fermement, ses pouces partaient de la naissance de sa poitrine et descendaient avec une lenteur maîtrisée jusqu’à leur pointe, rejoignant ses doigts dans une caresse tentatrice. Il écartait ensuite ses doigts, et recommençait.

Ses lèvres quittèrent celles d’Ambre à regret, pour rattraper bien vite leur rupture en allant goûter de leur pulpe et de la pointe de sa langue le cou déjà humide de sa femme. Quand leur seule saveur suggérée ne suffit plus, il y joignit ses dents. Il y aspira légèrement la peau, qu’il flatta de sa langue, laissant une marque rougeâtre sur son épiderme. Un prêté pour un rendu, lui-même possédant encore les stigmates délicieux laissés la veille. Son sang, parallèlement, irriguait de plus en plus son bas ventre, et Ambre pouvait déjà sentir les envies du comte qui se manifestaient physiquement, appuyé contre le bas de son dos. Un sourire étira légèrement ses lèvres, d’ailleurs. Quittant son sein droit, sa main descendit lentement le long de son flanc, et vint parcourir sa jambe, glissant sur l’extérieur de sa cuisse, caressant la naissance de sa fesse, et revenant ensuite titiller la peau à l’intérieur, s’approchant dangereusement de son entrejambe, sans y toucher. Il remonta et poursuivit ses caresses massantes, pressant son dos contre son buste. Cette position n’était pas la plus confortable pour l’embrasser, mais il pouvait profiter de chaque parcelle de son corps, avec vue dessus. Ses yeux goûtaient inlassablement chaque forme, surveillait les mouvements ascendants et descendants de sa poitrine au rythme de sa respiration, les petits mouvement réflexe de ses jambes au rythme de ses caresses. Il prit au creux de sa main une petite quantité d’eau, dans une inspiration taquine, et vint la faire couler à la naissance d’un de ses seins. Il réitéra l’opération sur l’autre, observant l’eau chaude couler dessus, avant de revenir les emprisonner dans son étreinte.

Il finit cependant par les quitter. Toute la surface du corps de sa femme était désirable et éveillait en lui l’envie, il ne comptait pas la laisser à l’abandon, bien que certaines soient plus sensibles que d’autres, et donc les cibles privilégiées de Morion. Il descendit sur son ventre, futur foyer de leur descendance, et vint jusqu’à la frontière entre ce dernier et son pubis, y laissant quelques traînées, sous l’eau, de la pulpe de ses doigts joueurs. Ses mains vinrent chacune passer sur ses jambes, les doigts recourbés, imprimant une pression nette sur la peau, les écartant légèrement.

Et sa bouche n’était pas en reste. Quand il ne l’embrassait pas, il mettait le feu à son cou ou ses épaules de baisers ou morsures brûlants, laissant quelques fois seulement son souffle, tout aussi ardent, caresser l’épiderme humide.

«Souhaites-tu, dit-il dans un souffle où le désir était aussi perceptible que ses mots, que je mette un seau à chauffer ? Je doute que l’eau tienne la durée de notre bain.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyLun 11 Juil 2016 - 19:12
Ambre sourit malgré elle contre ses lèvres à sa réplique. S’il aimait ses attentions au point d’en venir à ces extrémités-là, cela l’amuserait beaucoup à dire vrai. Elle n’était cependant pas pingre, et n’attendrait pas qu’il soit exténué à chaque fois pour le masser tendrement ou s’offrir à lui. Cela serait terriblement trop ennuyeux, s’il ne devait y avoir que des moments précis et choisis. Un peu de spontanéité dans un couple ne ferait jamais de mal.

Morion sentait le savon et les senteurs d’oranger depuis que l’huile avait été utilisée pour leurs massages. Les effluves étaient réellement agréables alors qu’ils étaient presque entièrement propres. Mais ils avaient encore bien des instants à passer dans ce bain, pas uniquement décerné au nettoyage de leur peau. Ambre mêla sa langue au comte, empoignant ses cheveux humides derrière son crâne. L’ambiance de la salle des ablutions était très humide désormais que le bain avait eu le temps de fumer dans la pièce. Des gouttelettes brillaient et s’accrochaient dans la barbe de Morion, et la comtesse, à chaque fois qu’elle mouvait ses lèvres contre les siennes, sentait des traînées d’eau couler leurs bouches. Elle s’écartait parfois pour lécher d’une langue taquine les gouttes sinueuses, avant de lier à nouveau leurs visages.

Pendant ce temps, les mains de Morion étaient remontées au-niveau de ses seins. Il les pressait, les malaxait doucement, mimant un peu les attentions laissées sur son dos un peu plus tôt, même si avec moins de force. Les caresses, sur leurs corps humides et huilés, étaient rendues plus glissantes et plus sensuelles encore. Les seins de la jeune femme se durcirent bientôt, réagissant sous les gestes répétés. L’eau du bain était chaude, mais Ambre eut plus chaud encore tout à coup, comme si elle se rendait seulement compte de la moiteur de la pièce. Nul doute qu’ils allaient étouffer bientôt, et qu’après l’effort, ils accueilleraient avec un certain soulagement un courant d’air. La jeune femme ignorait si les domestiques les attendaient en bas. Sûrement étaient-ils impatients d’accueillir Ambre dans sa nouvelle demeure officielle, même s’ils la connaissaient déjà un peu pour tous les passages qu’elle y avait faits depuis leurs fiançailles. Mais les pauvres domestiques attendraient avant de pouvoir saluer le couple et, peut-être, proposer une visite des ailes personnelles du manoir à la comtesse. Talen regretterait possiblement de leur avoir proposé un bain, et cette pensée fit rire doucement la jeune rousse alors que l’homme fondait sur son cou mouillé. Elle n’expliqua pas son accès d’hilarité, trop concentrée sur les sensations que lui offrait son mari, mais elle était heureuse, c’était l’impression qu’on pouvait aisément en tirer.

Ambre soupira lorsque le creux de son cou fut aspiré pour bientôt en ressortir marqué. C’était de bonne guerre. Elle lui en laisserait d’autres, des suçons, à lui aussi. Et pas que dans le cou.
L’intérieur des cuisses de la comtesse s’humidifiait progressivement, même si tout était relatif, dans un bain. Disons qu’il ne s’agissait pas de la même forme d’humidité. Le membre de Morion devint solide également, barre dressée dans le creux de ses reins, séquestrée entre leurs deux corps. Ambre en joua un peu ; intuitivement, elle creusa son dos pour laisser un peu plus de place à la virilité qui s’épanouissait, pour ensuite annuler le creux et revenir plaquer dos contre le ventre du Ventfroid, faisant doucement pression contre ce qui se trouvait entre. Elle avait donné peu d’attentions au sexe de l’homme, la veille, trop hésitante pour cela. Ambre comptait y remédier, petit à petit, même si elle ne pouvait s’inventer experte du jour au lendemain.

Morion de son côté n’oubliait pas de l’émoustiller non plus. Ses mains plongèrent, glissèrent le long de ses flancs, de ses hanches, crochetant la peau pulpeuse de ses fesses, puis des cuisses. Toujours en évitant l’entrejambe, mais en s’en approchant suffisamment pour faire soupirer la comtesse, lui faire écarter un peu plus les jambes, l’invitant involontairement à aller plus loin. Ambre appréciait tout particulièrement cette position. Elle faisait dos à son mari, elle ne pouvait admirer ses expressions qu’en forçant sur son cou, mais la proximité était exquise. Sa respiration, rapidement, se fit plus poussée. Elle happait l’air humide ambiant, se mouvait contre son mari, et leurs mouvements constants perturbaient doucement mais sûrement la tranquillité de l’eau de leurs bains. C’était minime encore, mais la suite promettait quelques… dégâts des eaux.

Elle observa l’eau que faisait couler le Ventfroid sur sa poitrine, son ventre gonflant et se creusant au rythme de sa respiration. Les gouttes s’éparpillèrent autour des mamelons dressés, et rejoignirent l’eau avec un clapotis très agréable à l’oreille. Les doigts recourbés de l’homme sur ses cuisses terminèrent d’attiser son désir, et un doux gémissement d’envie s’éleva dans la quiétude de la pièce. Il résonna, un peu, dans cet endroit bien plus confiné que la chambre à coucher. Ambre courbait le cou quand Morion ne l’embrassait plus, pour lui faciliter la tâche. Bientôt sa voix retentit contre son oreille, et Ambre prit le temps de respirer et de calmer ses ardeurs, pendant quelques secondes, avant de répondre.

- Oui, fais donc, souffla-t-elle, ardente. Fais-le maintenant sinon je ne garantis pas de pouvoir te laisser quitter la cuve dans quelques minutes.

Elle s’écarta d’elle-même du corps du comte pour le laisser s’échapper, tant qu’elle réussissait à maîtriser ses tentations. Pendant qu’il s’élevait, elle vint s’adosser au rebord courbé de la cuve, penchant légèrement la tête en arrière, appuyant son cou contre la bordure. D’un regard par-dessus ses cils, ainsi appuyée en arrière, elle observa son mari dans la pénombre ambiante. L’eau parfumée coula en de milliers de cascades brillantes sur son torse, ses hanches, ses cuisses… et le relief dressé de son membre attira son regard un moment avant qu’il ne disparaisse à sa vue, tourné pour déplacer le seau d’eau et le placer sur le brasero. Les joues rosées sous le désir, Ambre admira alors le dos de l’homme et surtout les courbes bombées de ses fesses. Quand il eut placé le seau sur les braises rougeoyantes et rapproché le tout de la cuve, pour qu’ils n’aient pas à sortir à nouveau lorsque l’eau serait chaude, mais juste à faire basculer directement dans le bain, il la rejoignit.
Ambre ne lui laissa que peu de répit. Aussitôt assis en face d’elle, elle revint droit sur lui. Encadrant ses hanches de ses genoux, elle se plaqua sans retenue aucune, mains refermées sous les mâchoires du comte, ses pouces caressant posément l’arête de l’os, mais surtout cette barbe qui lui allait si bien.

Le sexe rigide du comte se retrouva contre son intimité. Ambre rompit leur baiser, et plongea son regard dans le sien. Sans quitter des prunelles des yeux, elle fit progresser ses mains le long du cou, des clavicules, des pectoraux, puis des abdominaux… Quand son propre corps fut un obstacle, Ambre se recula un peu, sans jamais lâcher l’homme des yeux encore. Bientôt, ses deux index parcoururent le pubis, atteignant la base du membre dressé, où ils remontèrent alors, sur la partie supérieure de la hampe, jusqu’au à l’extrémité. Elle recommença, en plaçant ses index dessous cette fois-ci. Du paquet de ses bourses, qu’elle soupesa doucement pendant quelques secondes, elle remonta, caressant la surface inférieure jusqu’en haut à nouveau. Elle ne savait pas si c’était une impression ou juste un manque d’expérience du sexe de son mari, mais la chaleur du bain paraissait le rendre plus gonflé. Elle s’attarda plusieurs secondes sur l’intérieur des cuisses de son mari, caressant la peau du périnée, malaxant doucement les testicules.
Puis sa dextre remonta sur le sexe, qu’elle entoura de ses doigts dans une poigne douce. Poing fermé, elle engagea un mouvement de va-et-vient, lent d’abord, relevant parfois les yeux vers le visage de son mari pour se vérifier qu’il appréciait. S’il voulut la guider pour lui montrer les pressions et le rythme qu’il préférait, elle laissa faire, et se calqua sur ses demandes. En tous les cas, la pression de sa main se fit au fur et à mesure plus ferme, et les mouvements d’ascension et de descente plus rapides, et plus fiévreux. Ambre ondulait instinctivement des hanches au-dessus de lui, comme si c’était son bassin qui donnait des attentions au membre de l’homme, mais ça n’était pas encore le cas. Même si, parfois, l’extrémité du sexe de Morion venait frotter contre son pubis, lorsqu’elle se cambrait trop.

Lorsqu’elle fut sûre qu’elle avait adopté un rythme qui plaisait à l’homme – qu’il le lui dise ou le lui fasse comprendre –, elle revint planter un baiser sur ses lèvres, fébrile.
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Morion de VentfroidComte
Morion de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] EmptyMar 12 Juil 2016 - 0:35
L’eau chauffait, et les deux amants se chauffaient eux-même sans réel besoin d’introduire quelque liquide supplémentaire dans le bain. L’eau eût-elle recommencé à fumer d’elle-même que Morion n’en fusse pas surpris pour autant. Les attentions qu’il lui délivrait, et qu’elle vint bientôt compléter des siennes étaient un bon motif au réchauffement de la pièce, même si la sensation était surtout interne.

Il laissa Ambre, au début, découvrir, tester, explorer. Son membre à la sensibilité exacerbée par son érection se satisfaisait fort des caresses délicates de sa femme. Et le sentiment se renforça nettement lorsqu’elle l’empoigna plus fermement entre ses doigts. Son manque de savoir fortement compensé par son désir, voilà qui plaisait au moins autant à Morion que l’expérience pure. Ses lèvres s’entrouvrirent, doucement, laissant échapper un soupir d’aise mêlée d’envie, de plaisir. Il l’observait, longuement, guettant ses interrogations, éventuellement. Ou goûtant seulement son expression. Celle qu’il voulait voir le plus souvent possible chez elle, une expression oublieuse des soucis du monde, seulement concentrée sur eux, et sur l’instant présent. Un instant délicieux de surcroît. Une expression, mine de rien, que Morion ne voyait pas souvent. Certes, il était marié depuis la veille seulement, et si les envies les avaient fortement travaillé avant la célébration de celui-ci, ils n’étaient jamais, dans un scrupuleux et douloureux respect des traditions, passés à l’acte. Mais le souci était présent partout, tout comme la peur, l’inquiétude, l’angoisse, ou la douleur. Pas aujourd’hui, encore moins maintenant. Le regard fixe et acéré du comte avait déjà saisi chaque trait. Il apprendrait, avec le temps, il l’espérait, à la graver lui-même s’il le fallait, de ses attentions, à chérir sincèrement ce visage. Les trésors étaient peut-être ceux qui animaient contes et légendes, montagnes de joyaux et d’or pur. Celui-ci était au delà de toute valeur. En tout cas, Morion n’avait pas conscience d’à quel point il était précieux. L’avenir le lui apprendrait. Il goûtait déjà le visage de sa femme avec un plaisir non dissimulé.

Ses mains s’égarèrent, après un profond soupir. La gauche glissa doucement, avec lenteur, le long de sa gorge. Il savoura chaque creux, chaque relief. Il retourna à son sein droit, sur lequel, à l’inverse de ses caresses précédentes, il ne laissa que de légères traînées, visant simplement à l’exciter, provoquer des frissons. Qu’elle en demande plus. La droite, elle, descendit le long de son bras, glissa sur les os fins de son poignet, et caressa ses doigts fins d’artiste. Il en savoura la finesse et la douceur - sentiment légèrement atténué sous l’eau, me direz-vous - et finit par entourer sa main de la sienne. Il la guida doucement au début. Il accompagnait son mouvement autour de son sexe. Un mouvement souple, constant, et lent. Il pressa ses doigts, lui signifiant d’augmenter la pression de ceux-ci autour du vît dressé, et accéléra très légèrement la cadence. Bien que son corps réclamait un rythme plus frénétique, qu’Ambre lui fournit à plusieurs reprise, il voulait savourer chaque sensation et chaque caresse à pleine puissance. Il décida donc de lui imprimer un mouvement plus lent, plus profond et appuyé. Il la lâcha quand elle eut adopté la bonne cadence.

Libre, sa main trouva très vite son occupation. Il recula légèrement son bassin pour se ménager un peu d’espace, et partant de son pubis, tandis que la bouche du comte était occupée par celle d’Ambre, il glissa, lentement, mais sûrement, pointe des doigts en avant, le long de la fleur de sa femme. Il écarta l’index et le majeur, et passa de chaque côté des grandes lèvres, qu’il resserrait d’une pression légère, l’une contre l’autre. Il descendit encore, encore, ne s’arrêtant qu’au périnée, sur lequel il appuya doucement avant d’inverser sa caresse. Il répéta, dans le seul but de masser, en quelque sorte, ces portions de peau si sensibles, le mouvement pendant quelques secondes, puis lentement, chose qu’il n’avait pas fait la veille, il glissa entre les lèvres pour y laisser des traînées douces. Tout d’abord, il cala ses doigts contre son pubis, sur lequel il pouvait se permettre des caresses et pressions plus fermes, excepté son majeur, taquin, qui vint caresser avec une fièvre contrôlée le capuchon dissimulant son clitoris. Il passa dessus doucement, et accéléra au fur et à mesure sa caresse. Il ne le toucha pas directement. Elle était encore novice dans le domaine, et s’il était tenté d’y promener son doigt, il n’était pas sûr lui-même que la caresse soit agréable, finalement. Néanmoins la peau sur laquelle il jouait était largement assez fine.

Durant ce temps, son bassin effectuait des mouvements contraires, afin de guider le rythme de son épouse, à ses caresses, accentuant quelque part ses attentions. Chaque parcelle de son corps disponible était désormais secouée de frissons. Ses doigts effectuant un merveilleux travail,il ne fut que plus encouragé encore à lui accorder ses propres attentions. L’embrassant avec une fougue qu’il ne cherchait même plus à contenir, il délaissa un moment ses lèvres et courba le dos, pour venir caresser le sein laissé pour compte par sa main affairée.

Son, ou plutôt ses doigts revinrent titiller la vulve dont la chaleur humide contrastait déjà avec la tiédeur du bain. Ils parcoururent sa longueur, avec légèreté. Ils s’attardèrent à l’entrée de son vagin, dont un doigt fit le tour insolent, feignant d’y pénétrer avant de descendre encore. Après quelques caresses cependant il cessa de la faire languir, et son majeur s’y introduit avec douceur. Légèrement courbé, il vint caresser la partie supérieure de son vagin, appuyant légèrement sur sa surface. Doucement mais sûrement, son poignet impulsa un mouvement de va et vient, calqué sur celui de sa femme, d’instinct. Il pourrait également guider le rythme ainsi. Les mouvements de leurs bras firent déborder un peu d’eau. Qu’importe.

«Remets… Morion esquissa un sourire, et reprit sa phrase d’un souffle. Remets un peu d’eau.»

Il s’égara une nouvelle fois ensuite, accélérant la cadence une fois de plus. Son visage remonta, et vint se saisir comme un bandit des lèvres de sa femme, qu’il mordilla, peut-être légèrement plus fort qu’attendu. Peut-être l’avait-il constaté, car il passa ensuite la pointe brillante de sa langue sur toute leur surface, comme un baume, avant de l’introduire doucement dans sa bouche. Il ne la gratifia d’aucun baiser, cependant, même si leurs lèvres étaient en contact. Sa langue vint juste, lentement, caresser la sienne. Un mouvement aller, puis retour, passant sur son côté, puis l’autre.

Chacune de ses caresses donnait beaucoup dans la mesure. C’était volontaire, il souhaitait faire monter la température de façon insoutenable. Le rythme de ses caresses vaginales s’était d’ailleurs bien ralenti, mais la fréquence diminuée fut compensée par l’entrée de son index, qui rejoint le majeur, et imprima ensuite une caresse plus profonde.

Bien qu’ils aient la veille partagé un heureux moment, certains événements difficiles étaient prévus, et Morion comptait bien savourer, et faire goûter à sa femme chaque instant qui passerait d’ici là. Ces trois semaines seraient sûrement éprouvantes, oui, mais pas de la manière dont on se l’imaginait.
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