Marbrume


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 Il est des nôtres ! [Arthur Melville]

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MessageSujet: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyMer 19 Oct 2016 - 1:06
Le Goulot, quel nom sonnait plus ironique pour aller noyer son ennui ou ses tracas dans une taverne mal fréquentée, à boire de la bière qui sentait la pisse -ou l'inverse- tout en écoutant de vieux malfrats qui contaient leurs péripéties, éclatant parfois d'un rire gras et bruyant. Une ambiance commune au sein de Marbrume, dernier bastion d'une civilisation vouée à la destruction.

Le peuple tout entier savait que la mort traînait dans le coin depuis un bon moment, mais cet état de fait prévalait bien plus au cœur des bas quartiers, là où on ne comptait pas les coups de poignards et les règlements de compte. Aussi déconcertant que cela puisse paraître, c'était là que Siegfried, milicien, se sentait le mieux. Il entretenait avec la fange une relation toute particulière, une forme d'attirance curieuse qui le liait naturellement avec cet univers de débauche.

Le nez dans un pichet vide, le soldat à tronche de monstre avait rabattu sa capuche sur son faciès calciné et comptait ses maigres sous entreposés sur le comptoir, en ronchonnant fébrilement. Son arme pendouillait à sa ceinture mais, malgré son état, c'était plus ou moins la seule chose à laquelle il accordait encore un peu d'attention. Sans doute parlait-il d'aller tâter la cuisse des donzelles d'en face, ou quelque chose du genre. Quand il ruminait ainsi, mieux valait ne pas savoir. Tout le monde l'ignorait de toute manière car en ce lieu de perdition, les grades ne comptaient pas. Chacun fait face à ses démons, tous dans le même rafiot qui coule. Le soldat leva maladroitement une main ganté et siffla pour faire accourir le grassouillet propriétaire des lieux. Puis, d'une voix grave et enrouée, il cracha quelques mots; non sans effort.

"Tavernier, y'a mon verre qu'est vide... 'M'faut plus de ton poison merdique, j'ai grand soif. Vite, chié."

Tapotant le comptoir après avoir expédié des piécettes en direction du vendeur de mort aux rats, le balafré se balança d'avant en arrière comme un enfant lassé d'attendre, tout en soupirant. Des patrouilles, des patrouilles, encore des patrouilles. Tantôt il transpirait comme un veau, tantôt il avait le nez qui coulait, mais quoi qu'il arrive il s'emmerdait comme un rat mort. Il avait envie de gloire ou de bagarre, ou même des deux en même temps. Tout, mais pas ces foutus patrouilles redondantes et improductives où il usait ses bottes pour pas un rond.

Ah ? Voilà un nouveau verre bien rempli, une marche de plus dans l'escalier qui le menait lentement mais sûrement à sa perte.

"A la vôt' bande de pouilleux."

Dit-il à tout le monde, ou a personne d'ailleurs...
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyMer 19 Oct 2016 - 16:19
« A la vôt' bande de pouilleux. »

Tels furent les premiers mot qu'Arthur entendit en pénétrant dans la gargote puante. Ils provenaient d'une silhouette encapuchonnée, avachie sur sa table dans une posture éthylique, qui brandissait fièrement une choppe de brune en l'air à la façon d'un quelconque trésor.
Le beau milicien ricana sous cape, peu désireux d'attirer sur lui le courroux d'un ivrogne visiblement ravi de son sort. Il détailla ensuite rapidement le bouiboui d'un regard circulaire et manqua de soupirer d'un air blasé. Que faisait-il ici, ce jeune homme séduisant ? Pourquoi un être de sa trempe était-il venu se perdre dans les tréfonds des bas-quartiers, pourquoi avait-il franchi la porte grinçante de pareil établissement ?

Arthur s'élança dans de grandes enjambées vers le tavernier, qui venait de servir un verre de son immonde décoction liquide à la Capuche, et s'arrêta au niveau du comptoir. Le patron le dévisagea d'un air quelque peu interloqué. En comparaison des quidams lambdas qui fréquentaient les lieux, le jeune homme était bien vêtu. Là où tout le monde ne portait que des haillons poussiéreux, rapiécés et imbibés de vin et de bière, Arthur avait opté pour une tunique en lin blanc, propre et immaculée, ainsi que des chausses souples de cuir brun fixées à sa taille par une fine ceinture de chanvre bouclée de fer. Enfin, il avait enfilé des bottes simples, usées par le temps et les patrouilles en extérieur. Inutile de trop bien se parer pour affronter la précarité des quartiers glauques de Marbrume.

« Holà, mon brave. Je recherche un homme. Un érudit gringalet, brun de cheveux, capable de lire, de compter et de brasser de la bière. Il se prénomme Léon. Est-ce que, par le plus grand des hasards, vous auriez entendu parler de lui ? » questionna Arthur, comme il le faisait depuis des semaines dans chaque tripot qu'il visitait.

S'il désirait retrouver son "ami d'enfance", responsable de la mort de tous ses proches, il était sage de commencer par les débits de bière. Il avait posé cette question si souvent, ces derniers temps, qu'il savait exactement quelle serait la réponse.

« 'Scusez-moi, messire, mais j'ai jamais entendu parler d'vot' bonhomme... un brasseur qui sait lire, ça court pas les rues !
— Ma foi, je m'y attendais,
avoua Arthur en se retournant vers les buveurs. Il leva sa bourse en l'air et fit tinter les quelques piécettes qui y séjournaient. Si d'aventure quelqu'un est capable de me présenter à l'homme que je recherche, je saurai largement me délester de certaines de mes... possessions. »

Quelques têtes éméchées obliquèrent dans sa direction, regardant le petit paquet avec des yeux humides et bouffis, avant de se rendormir dans leurs pintes. Des sourires avides se dessinèrent sur certaines lèvres, et des jeunes femmes - des cageots, pour être exact - se dandinèrent devant lui d'une démarche chaloupée, qui se voulait séduisante
Arthur poussa un nouveau soupir et, tout en se désintéressant totalement de l'assistance, commanda une bière. Autant ne pas être venu ici pour rien... Le tavernier lui apporta une mixture dans une choppe de bois qui avait un aspect de boue très fluide, une odeur singulière et, quand il l'eut goûtée, une saveur de boue très imbuvable. Il toussa violemment, surpris par les fragrances insolites qui emplirent sa bouche, et reposa son verre avec force sur le bois du comptoir.

« Nom de Serus... ce truc a été fait avec du jus de rats crevés ? demanda Arthur au tavernier, qui lui jeta un regard assassin.
— Si ma bière plaît pas à messire, messire est libre d'aller se faire foutre ailleurs, répliqua vertement l'homme.
— Non, non, je vous prie de m'excuser, c'était très impoli de ma part... » marmonna Arthur en trempant une nouvelle fois ses lèvres dans la bière.

Il accusa mieux le choc, cette fois, non sans regretter les boissons un peu plus élaborées des quartiers mieux famés de la cité...
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyMer 19 Oct 2016 - 23:51
Le nouvel arrivant avait pris place non loin de Siegfried, ce dernier jeta donc un vague coup d’œil en biais pour poser un visage sur cette voix si peu commune de par sa douceur. Plutôt une bonne trogne, pas crasseux, visiblement en bonne santé ? Que venait-il faire dans cette cave où le soleil n'osait plus se pointer, simplement pour trouver un ami ? Si Siegfried était bien imbibé, il n'en était pas encore à rouler sous la table, et cette histoire de lettré venait de réveiller son flair. On croisait décidément de tout par ici...

Ce ne fut que lorsque l'homme mystérieux déclara que la boisson locale avait un goût de jus de rats que le balafré s'intéressa vraiment au cas de cet étranger. Le balafré laissa échapper un ricanement aussi gras que sournois en masquant sa gueule d'une main. Son corps fut brièvement secoué de hoquets, et il leva brusquement son verre en beuglant au patron :

"J'l'ai toujours dit ! Il a bien raison l'autre gueule d'ange, il est tout dégueulasse ton tord-boyaux, vieux roublard que t'es, he !"

Le propriétaire ronchonna un peu en essuyant ses choppes, mais de faibles ricanements s'élevèrent aux quatre coins de la pièce. C'est dans la bonne humeur générale que s'acheva cette petite plaisanterie. Les discussions reprirent leur court, mais Siegfried était hameçonné, et se sentait désormais d'humeur à causer. S'accoudant au comptoir, il siffla tout en posant son œil unique sur celui qui n'avait pas sa place ici.

"T'excuse pas à c'te peau de vache va, ce qu'il nous sert est blasphématoire et il le sait très bien, t'es pas du coin j'me trompe ? C'est quoi cette histoire de scribouillard qui sait faire de la bibine ?"

Puis, avec un peu plus de contenance, il se racla la gorge et continua en tendant une main gantée à cette nouvelle rencontre d'une manière bien trop amicale, cela ne lui ressemblait pas. Il mettait ça sur le compte de l'alcool.

"J'suis sans doute trop indiscret, c'est dans ma nature. Siegfried, au service de la milice. Et toi, c'est comment qu'on doit t'appeler ?"

Il valait mieux éviter d'évoquer son statut de bras armé de la loi au sein des Bas Quartiers. Mais le bagarreur s'en cognait, les ivrognes du coin le connaissaient pour la plupart et savaient tous qu'il ne buvait pas plus d'un verre quand il enquêtait. Aujourd'hui, l'Exécuteur ne représentait pas la moindre menace pour leurs magouilles de petits malfrats...
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyJeu 20 Oct 2016 - 16:39
L'espace de quelques instants, Arthur s'était senti mal à l'aise. Il craignait d'avoir un peu trop offensé le tenancier et, par extension, sa clientèle lugubre et au fumet atypique. En même temps, quelle idée de servir de l'eau croupie en guise de bière ? Enfin, il ne fallait pas oublier que les temps étaient durs, surtout pour les plus démunis de Marbrume.
Alors qu'il sirotait encore son verre sans bruit, les yeux virevoltant de gauche et de droite pour prendre la température de la taverne du regard, une voix forte s'éleva derrière lui. Il se retourna pour voir la Capuche qui se gaussait du mastroquet derrière son comptoir :

« J'l'ai toujours dit ! Il a bien raison l'autre gueule d'ange, il est tout dégueulasse ton tord-boyaux, vieux roublard que t'es, he ! »

Des ricanements et des rires un peu plus francs éclatèrent un peu partout dans la pièce, ce qui détendit considérablement l'atmosphère. Le beau milicien se relâcha un peu, soulagé. Puis il vit la Capuche s'avancer vers lui, s'accouder juste à côté et le regarder en coin. Était-ce dû à la pénombre, à la cagoule qui lui recouvrait le chef ou à son imagination ? mais toujours est-il qu'Arthur crut ne distinguer qu'un seul œil sur le visage de son nouvel interlocuteur.

« T'excuse pas à c'te peau de vache va, ce qu'il nous sert est blasphématoire et il le sait très bien, t'es pas du coin j'me trompe ? C'est quoi cette histoire de scribouillard qui sait faire de la bibine ? Puis il tendit une main bienfaisante vers Arthur tout en se présentant. J'suis sans doute trop indiscret, c'est dans ma nature. Siegfried, au service de la milice. Et toi, c'est comment qu'on doit t'appeler ? »

Le soldat étudia l'espace de deux secondes le bras tendu de son ami, comme s'il hésitait, et se décida finalement à lui serrer la main d'une poigne ferme et forte. Il venait dans ce genre de troquets pour récupérer des informations, après tout. S'il commençait à se méfier des premières personnes qui prenaient la peine de venir parler avec lui, son enquête se révélerait inutile, non ? Et puis, ce n'était pas n'importe qui. Un confrère milicien. Il avait d'ores et déjà fait le tour de la milice et de ses différents services à la recherche d'un avis de décès, d'une signalisation ou de quelque chose qui rappellerait Léon, mais ses efforts étaient restés vains.

« Enchanté de vous rencontrer, Siegfried. Je me prénomme Arthur Melville, et je suis moi-même dans la milice. Je patrouille cependant à l'extérieur des murs de Marbrume, dans les Fanges. Il avait parlé d'une voix haute et intelligible, trop fier de pouvoir clamer qu'il côtoyait régulièrement le danger. Ce Léon que je recherche est un ami de longue date. J'ai de très nombreux débats à clore avec lui, et j'aimerais savoir s'il est encore en vie ou non... Il était fils de brasseur avant de quitter notre village natal, bien longtemps avant que les premiers Fangeux ne viennent hanter nos contrées. »

Inutile de préciser qu'il comptait tuer ce cher Léon. Encore moins à un milicien. Une personne capable de lire, écrire, compter et brasser était indispensable dans une société comme Marbrume, alors l'assassiner froidement serait sans doute considéré comme un crime de haute importance.

« Est-ce que, par hasard, vous auriez des pistes ? Même des éléments minimes m'iraient parfaitement. » dit Arthur tout en demandant deux nouvelles bières au patron et en plaçant une devant son collègue.
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyVen 21 Oct 2016 - 0:39
Ah, pas mal. En plus d'avoir de l'esprit, le curieux gaillard était donc un confrère ? Et pour embellir le tableau encore davantage, ce collègue lui payait la bière. Un sourire illumina le visage du grand brûlé. Son interlocuteur avait un sacré bol, le bagarreur venait de décréter qu'il serait de bonne humeur à partir de maintenant. Gratifiant le taulier d'un signe de tête quand la commande arriva, Siegfried se jeta sur sa boisson comme la misère sur le mauvais monde.

Son collègue prit la parole à nouveau, contant cette fameuse histoire d'ami disparu. Malgré son état, l'enquêteur qui sommeillait en Siegfried était toujours de la partie, bien que ses capacités soient amoindries par le fourbe liquide qui s'insinuait dans ses veines. Cet "ami" de longue date, ça sentait le mensonge à plein nez. Et surtout, ça puait la revanche. Siegfried manquait déjà naturellement de subtilité mais, lorsqu'il était poussé par ses basses pulsions de buveur, il devenait alors intenable. Tout en sirotant, il surveilla d'un œil le propriétaire pour s'assurer qu'il n'entende rien, pouffa un peu et lâcha à voix basse :

"Ton pote, t'aurais pas des envies de l'aider à mourir si c'est pas déjà fait, des fois ?"

Sifflant la moitié de sa choppe en une gorgée, le milicien pouvait au moins se targuer d'avoir un franc-parlé imbattable, à défaut de savoir aborder correctement un sujet sensible. Après cette question pour le moins déconcertante, le grand brûlé ricana à nouveau puis, lentement, il rehaussa sa capuche pour révéler l'immonde blessure qui couvrait son faciès, ainsi que son œil mort. Accompagnant le geste d'un rictus peu rassurant, il conclut.

"Je juge pas hein, j'suis pas là pour te dénoncer. Moi, je cherche depuis un bon moment déjà un con d'ivrogne qui aime jouer avec le feu. la vengeance, ça me connaît."

Aussi vite qu'il était apparu, le sourire d'assassin céda place à une expression plus chaleureuse. Le balafré ramena son alcool à son bec et glissa comme si de rien n'était.

"Enfin dis-moi si j'me trompe... J'ai pas d'informations sur ton gars, mais j'ai bon coeur lorsqu'il s'agit de mes frères d'arme, je pourrais t'aider, si ce type est vraiment dans le coin. Ca se fera pas en deux jours par contre, t'imagines bien..."

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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyVen 21 Oct 2016 - 17:47
Arthur s'était peut-être montré trop gourmand en se commandant une deuxième bière. La première n'était que légèrement entamée, et la laisser prendre l'air ne lui faisait pas vraiment du bien... En voyant la deuxième choppe de mixture arriver, il se fustigea mentalement pour son manque de discernement et de réflexion, mais l'accepta néanmoins avec un large sourire mielleux qui dévoilait largement ses belles dents blanches puis la rapprocha de lui. Il happa une grande goulée d'air frais et tenta vaille que vaille d'ingurgiter une grande rasade d'ambrée quand la réponse à la question posée tomba :

« Ton pote, t'aurais pas des envies de l'aider à mourir si c'est pas déjà fait, des fois ? »

L'alcool passa de travers et déclencha une nouvelle quinte de toux chez Arthur, qui reposa violemment son verre sur le comptoir. Il aurait dû se méfier peut-être un peu plus et faire attention à ses paroles. Un milicien a forcément tendance à réfléchir davantage que le commun des mortels. L'Adonis de service venait de compromettre sa couverture. Il jeta un regard oblique à Siegfried pour voir comment ce dernier s'apprêtait à réagir. Ses mains n'avaient pas bouger en direction d'une quelconque arme, ce qui était bon signe. Au contraire, il ôta sa capuche pour dévoiler une trombine rongée par le feu, pourvue d'un seul œil encore capable de voir. Ainsi, son sens de l'observation ne l'avait pas trompé plus tôt : son confrère était bel et bien borgne.
D'abord désemparé par ce faciès ravagé par une telle blessure, Arthur reprit rapidement contenance et l'étonnement qui s'était allumé dans ses yeux disparut en un éclair. Pour camoufler sa réaction instinctive, il engloutit d'une seule traite les deux tiers restant du récipient, déterminé à en finir rapidement avec cette foutue bière. Siegfried, quant à lui, reprenait déjà la parole.

« Je juge pas hein, j'suis pas là pour te dénoncer. Moi, je cherche depuis un bon moment déjà un con d'ivrogne qui aime jouer avec le feu. La vengeance, ça me connaît. »

Il s'enfila une lampée de bibine et confia à Arthur ses intentions de l'aider à retrouver Léon. Le jeune homme laissa un sourire éclatant apparaître sur ses lèvres, énormément rassuré de ne pas avoir à prendre les armes contre un de ses confrères. D'autant plus qu'il appréciait bien celui-là, son franc-parler et ses manières de ne pas faire de chichis... Il leva finalement son second verre qui l'attendait et trinqua avec son frère d'armes.

« Je suis fier de savoir que mes compatriotes miliciens sont aussi richement pourvus intellectuellement parlant. Ça nous laissera une chance de survivre à ces maudits Fangeux ! J'accepte votre proposition de grand cœur, mais je vous demanderais de ne pas ébruiter le secret... Et bien entendu, en échange de votre soutien, vous disposerez du mien dans votre propre affaire. »

Il entama ensuite sa choppe et remarqua que le liquide n'était, en fin de compte, pas si infect que cela...
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyDim 23 Oct 2016 - 14:28
Il avait visé juste. Étonnamment, le dénommé Arthur n'avait pas cherché à masquer ses véritables intentions plus longtemps. Bien, cette honnêteté évitait à Siegfried de s'imposer des doutes sur l'un de ses propres confrères. Le balafré avait énormément de respect pour le corps militaire, et encore davantage pour ceux qui se risquaient régulièrement à patrouiller à l'extérieur des murs de Marburme, les deux gars trinquèrent joyeusement à leur marché, qui semblait loin de la promesse d'ivrogne.

Siegfried sentait bien que son camarade n'était pas venu se perdre dans ce caniveau puant pour rien. C'était pas n'importe quel type de vengeance, clairement pas une histoire de petit brigand. Son intuition le mena à d'autres questions, un peu plus personnelles mais également plus difficiles à aborder. Avec un peu plus d'adresse verbale, il aborda le thème.

"Très bien, ta sincérité t'honore. Mais si t'veux qu'on retrouve nos ennemis respectifs, il serait bon que tu m'en dises un peu plus. Tu vas attraper ce Léon pour quel motif ?"

Siegfried jeta à nouveau un regard méfiant aux alentours. Evoquer ce genre de sujet lui rappelaient où ils se trouvaient. Les plus infâmes survivants du cataclysme se trouvaient tous ici et, bien que cela soit peu probable, un ennemi potentiel pouvait tout à fait se trouver ici. Se raclant la gorge, sa choppe bien entamée à la main, il pointa du doigt son visage blessé et enchaîna sans lever le ton :

"Pour ma part, c'est l'alcool qui m'a piqué mon souvenir de la soirée où on m'a ruiné la face. Je sais pas pourquoi je continue en boire autant, du coup... Certains collègues enquêtent pour moi, ils m'aident un peu mais on patauge toujours beaucoup. On sait que ça vient d'ici, dans les bas quartiers, mais impossible de mettre la main sur ces lascars."

Affichant un air de déception, le soldat plongea son regard bleuté dans sa boisson. En lui volant son visage, les lâches qui s'étaient attaqués à lui l'avaient rendu plus colérique, plus violent, plus haineux également. Sans même connaître l'origine du problème, Siegfried s'était naturellement créé une curieuse forme d'empathie pour son collègue. Quelque chose dans ses yeux, dans son expression, un truc que les revanchards partagent et peuvent identifier sans pour autant mettre le doigt dessus...

"Alors, dis-moi tout..."

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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyLun 24 Oct 2016 - 18:34
Arthur écouta silencieusement les révélations de Siegfried quant à son passé troublé. Dans son malheur, le balafré avait de la chance : il savait à peu près où chercher pour exercer sa vengeance. Enfin, visiblement, s'il n'avait pas encore pu l'opérer et ce malgré l'aide de plusieurs collègues qui enquêtaient aussi, c'est que les responsables de cette tragédie étaient bien plus difficiles que cela à cerner.

Il reprit une gorgée de bière, déglutit difficilement et regarda Siegfried plusieurs secondes droit dans les yeux. Il s'était déjà fait avoir par le milicien au faciès brûlé, mais ce dernier s'était montré compatissant et compréhensif. Il s'était également livré au charmant soldat quant à ses envies de revanche.
Mais malgré tout, les situations étaient totalement différentes. Là où Siegfried avait eu affaire à des bandits pyromanes qui fréquentaient des quartiers fétides et mal famés, Arthur, lui, devait s'en prendre à quelqu'un de très utile pour la société... enfin, sur le papier. Il se décida à en révéler un peu à son nouveau compère, sans pour autant tout dévoiler.

« Eh bien comme je l'ai déjà expliqué, Léon et moi vivions ensemble dans le même petit village avant que les Fangeux ne surgissent de nulle part. Son père était le principal brasseur du bourg et, pour l'aider dans ses affaires, il lui avait appris à lire, compter et écrire. Nous étions très proches de la fille du curé, Marie, et d'un orphelin qui vivait dans la rue et subsistait en volant, Alexandre... »

À l'évocation de ces quelques souvenirs, un nœud se forma dans sa gorge et il fut forcé de s'arrêter pendant un court instant. Il essaya de reprendre contenance rapidement, mais son ton s'était refermé, son visage s'était rembruni.

« Un différend amoureux a éclaté entre Léon et Alexandre et... après bien des complications... l'affaire s'est résolue dans le feu aussi... »

Il revoyait les flammes qui consumaient avec voracité les murs de bois de l'église dans laquelle se trouvaient Alexandre, le père de Marie, ses propres parents à lui, et tant d'autres villageois qu'il avait connu, il se souvenait des témoignages qui affirmaient avoir vu Léon s'enfuir en courant au même moment... sans parler du matériel et des produits utilisés par le père de ce dernier pour fabriquer sa bière, à l'époque. Ils avaient été abandonnés à l'arrière du lieu de culte, probablement subtilisés pour que le brasier soit le plus meurtrier possible...
Mais ces détails, il ne voulait pas trop en parler. Comment être sûr de relater les faits de façon objective après avoir vécu cette tragédie depuis l'extérieur ? La scène avait été si violente et si irréelle... Marie s'était elle-même suicidée peu après, abattue par l'idée d'avoir perdu son fiancé et son père dans l'incendie.

« On peut parler de trahison en plus de meurtre prémédité. Et croyez-moi, Siegfried, le jour où je retrouverai cet homme... »

Arthur laissa sa phrase en suspens et noya ses relents de mémoire mélancoliques dans le reste de sa choppe, en quémandant une troisième d'un signe du doigt.
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyLun 24 Oct 2016 - 22:26
Un peu secoué, le bagarreur resta muet un moment. Il se sentit immédiatement idiot, car lui avait la prétention de se plaindre de l'état de sa trogne, alors que pour d'autres, le feu n'avait pas pris que de la peau. Déglutissant, il mira un instant son compère de beuverie, ce dernier semblait avoir bien du mal à raconter cette affaire. C'était pas le soir, sans doute. Un sourire triste aux lèvres, se risqua à tapoter l'épaule d'Arthur en soupirant.

"Désolé de t'avoir demandé les détails, j'savais pas que c'était aussi douloureux que ça."

Sous ses airs de petite brute renfrognée, le jeune balafré était tout de même capable d'un certain respect de circonstance, ainsi que d'une compassion plus humaine que ce que sa face de fangeux laissait présager. A en juger par ses expressions, cette gueule d'ange avait perdu beaucoup trop. Si son visage était plus doux que celui de son interlocuteur, son âme quant à elle était imprégnée de ténèbres.

Avec une colère difficilement contenue, Arthur évoqua à nouveau sa volonté de se venger. L'alcool faisant glisser le masque qu'il avait tant de mal à maintenir en place, on distinguait désormais clairement ses sombres pulsions. Siegfried le comprenait, évidemment, mais il réalisait aussi que leurs douleurs respectives n'étaient nullement comparables. Lui avait quitté sa famille par choix, et non pour échapper à la mort. Sale histoire.

"Tu peux m'tutoyer, mon ami, on en est plus à prendre des pincettes quand on parle de tuer."

Un peu trop brusque, sans doute. Siegfried se maudit intérieurement d'avoir prononcé de telles paroles. Cette façon de s'exprimer lui jouait toujours des tours, et il n'avait su y remédier pour le moment. Se reprenant avec maladresse, il tenta de reformuler la chose avec un peu plus de subtilité.

"C'que j'veux dire, Arthur, c'est que t'es plus tout seul maintenant. Intérieure ou extérieure, la milice, c'est ta nouvelle famille."

Pas très touchant, mais bien trop mielleux. Et en plus, il levait le ton sans s'en rendre compte. Décidément, Siegfried n'était pas le meilleur lorsqu'il s'agissait de manier la langue. Comparer des amis disparus à une assemblée de lourdauds en armure, ce n'était pas nécessairement la plus adéquate des choses à dire. Siegfried entreprit alors de noyer sa connerie dans un nouveau verre. Les deux hommes commençaient à être sacrément éméchés, du coup...
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyVen 28 Oct 2016 - 17:14
« Désolé de t'avoir demandé les détails, j'savais pas que c'était aussi douloureux que ça. »

Arthur laissa un petit ricanement nerveux s'échapper d'entre ses lèvres. "Douloureux", avait-il dit... Non, ce n'était plus de la douleur, à ce stade-ci. Le bellâtre considérait davantage cela comme une forme de nostalgie qui s'était peu à peu muée en envie de vengeance. Il s'agissait presque de tout ce qui le retenait encore à la vie, comme une sorte d'ultime dessein à accomplir avant de pouvoir se retirer de la scène une bonne fois pour toute. Aussi, parler de douleur ne faisait pas honneur à ses ressentiments. Mais comment en vouloir à Siegfried de s'être trompé ? Lui-même ne savait pas comment appeler ce sentiment qui le rongeait depuis si longtemps.

« Vous n'y êtes pour rien, Siegfried. Au vu de la nature de mes propos, un minimum de sincérité de ma part est la moindre des choses. La douleur doit être l'une des rares choses qui nous différencie encore des Fangeux... Enfin, à l'exception de l'odeur. Il jeta un regard circulaire autour de lui, s'arrêtant sur plusieurs client dont l'hygiène laissait à désirer. Ou pas, d'ailleurs...
— Tu peux m'tutoyer, mon ami, on en est plus à prendre des pincettes quand on parle de tuer, fit alors le milicien brûlé.
— Comme tu voudras... accepta Arthur en se replongeant dans un énième verre de liqueur putride.
— C'que j'veux dire, Arthur, c'est que t'es plus tout seul maintenant. Intérieure ou extérieure, la milice, c'est ta nouvelle famille. » conclut Siegfried.

Arthur lui sourit chaleureusement. C'était pour le moins inattendu de la part du grand brûlé, mais ses quelques paroles étaient suffisantes pour qu'il se sente mieux.

« Ma foi, tu as amplement raison. Et je propose qu'on fête dignement cette rencontre avec des torrents d'alcool, ce soir ! » rugit Arthur en levant sa coupe, sous les yeux étonnés des autres buveurs.

Quelques heures plus tard...

Arthur était attablé avec Siegfried et deux femelles locales, de superbes créatures aux courbes vertigineuses capables de vous donner le vertige en un clin d'œil. Comment est-ce qu'ils s'étaient retrouvés là, dans cette situation, c'était une excellente question. Comment et pourquoi deux hommes énervés avaient fait irruption dans la taverne en vociférant des insultes en était une autre. Les réponses se trouvaient certainement dans la vingtaine de choppes vidées avec son compagnon, qui gisaient non loin d'eux...

Les choses promettaient d'être intéressantes, en tout cas... heureusement qu'il n'était pas en service !
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyVen 28 Oct 2016 - 22:25
Siegfried était désormais incapable de définir combien de choppes il s'était enfilé. La tête lui tournait, le simple fait de réfléchir convenablement était désormais une épreuve à part entière. Les yeux plissés, il tentait de comprendre pourquoi et comment lui et son compère en étaient arrivés là. Ils s'étaient rencontrés, avaient discuté un moment, puis tout devenait flou. A quel moment ces deux donzelles avaient pu s'installer avec eux ? Étaient-ils au comptoir ou à table avant de se retrouver ici, était-ce seulement le même établissement ?

Tant de questions que Siegfried ne se posa pas vraiment, étant trop obnibulé par la poitrine de la jeune femme rayonnante qui se trouvait à côté de lui. Elle piaillait d'une voix à la fois nasillarde et dissonante, ce qui titillait les tympans du balafré. De toute façon, il ne l'écoutait pas causer, il l'entendait tout au plus. Il s'attarda un instant sur le visage de la seconde, pas mal non plus. Un physique pareil, ce n'était pas courant par ici, des courtisanes peut être ? Siegfried avait oublié. Il espérait ne pas les avoir payés, au moins, il touchait bien trop peu pour pouvoir se permettre autant d'alcool en plus d'une partie de jambes en l'air.

Deux individus firent leur entrée. Le borgne entendait bien qu'on lui braillait dessus, mais il ne voulait pas nécessairement comprendre les raisons de cet énervement. Jetant une choppe vide sur le plancher tout en passant son bras par dessus l'épaule de la petite qui se tenait à ses côtés, il parvint à articuler de manière approximative:

"Ferme-là toi, j'suis dedans d'la milice je t'fous aux fers quand tu veux, he."

Cette annonce parut ne pas plaire au concerné, qui continua d'avancer vers eux en beuglant des insanités. Si Siegfried avait bien du mal à interpréter les propos désordonnés du gros bonhomme, il faisait néanmoins des efforts pour y parvenir. Ce fut finalement sa conquête du soir qui prit la parole, ce qui éclaira un minimum la lanterne du milicien.

"Laisse-moi donc, cochon ! J'fais que m'amuser avec des garçons, c'est tout !"

"Petite truie qu't'es, tu vas rentrer sans moufter, ou j'm'en vais te fouetter au sang moi. T'ma femme nom de dieu !"

"J'suis pas plus ta femme que toi t'es un homme, sans-couilles !"

Ca ressemblait à s'y méprendre à une affaire d'adultère. Une traînée qui traquait les sous dans les tavernes mal fréquentées, ou un prétendant trop entreprenant ? Impossible de savoir, alors mieux valait distribuer des baffes, c'était bien plus simple et sans doute tout aussi cohérent. En un mouvement très aléatoire, le soldat se retrouva debout, prêt à en découdre. Sa stabilité était cependant réduite, et il ne manqua pas de se prendre les pattes dans sa chaise, venant cogner la table d'à côté avec sa hanche. Après avoir murmuré des excuses au meuble victime de l'impact, il retourna au perturbateur et lui lança d'une voix rauque :

" Heeeeho ! 'faut pas embêter les dames, j'vais t'apprendre à parler correct toi, ça va pas traîner."

Plutôt noble oui, mais pas forcément malin... Le regard noir qui lui fut jeté était explicite, ça sentait le roussi.
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyLun 31 Oct 2016 - 18:17
Les cris inarticulés des deux énervés qui venaient de faire irruption dans la taverne n'étaient rien de plus qu'un doux balbutiement aux oreilles d'Arthur. Il en était toute à sa conversation avec la plantureuse créature qui lui faisait face, il observait ses yeux pétiller quand elle riait, ses lèvres se courber dans des sourires ravageurs, ses bouclettes dorées frétiller quand elle gloussait, son teint rosir légèrement, son souffle s'accélérer frénétiquement avant de se calmer... Enfin, presque, en tout cas. Il voyait sa compagne se dédoubler régulièrement devant ses yeux, et un mal de crâne lancinant l'assaillait depuis quelques minute déjà.
Il perçut des vociférations qui provenaient de son compagnon milicien, des gestes brusques puis des exclamations qui lui répondaient, de nouveaux mouvements désordonnés et violents, des chocs sourds... mais tout était si éloigné dans son esprit, tant et si bien qu'il ne s'en préoccupait qu'à peine.

« Ce que les bonnes gens des bas quartiers peuvent être bruyants, ce soir ! s'esclaffa Arthur en voyant un Siegfried vacillant mais vaillant se lever. Il tapa du poing sur la table dans son hilarité, faisant sursauter la donzelle sur son tabouret.
— M'sire Arthur, vous d'vriez faire 'tention à vot' copain et à vous-même... z'avez beaucoup bu, tant qu'vot' haleine, eh bah elle sent la vinasse d'ici !
— N'ayez aucune crainte, Mathilde, ma douce... Votre charmante amie et vous êtes sous notre protection, à mon bienveillant camarade Siegfried et à moi. Les deux ruffians auxquels nous vous avons subtilisées n'ont qu'à bien se tenir, ou il leur en cuira ! tonna Arthur en levant son poing en l'air, cette fois.
— Comme vous êtes brave, le congratula la dénommée Mathilde. Et qu'vous parlez joliment... On croiv'rait presqu' entend' du miel qui sort d'vot' jolie bouche ! »

Arthur lui adressa un clin d'œil taquin en même temps qu'un sourire rayonnant, ce genre de sourire qui a le don d'émoustiller la demoiselle la plus réservée et la plus timide, qui peut vous la faire glousser avant de vous la faire chanter... Il en était encore à se demander comment il allait convaincre le patron de lui prêter une chambre quand une paluche géante se posa fermement sur son épaule pour l'envoyer bouler au sol. La chaise sur laquelle il était installé s'envola, tomba à la renverse et fit dégringoler le verre encore à moitié plein du milicien.
Quelque peu choqué par l'agression soudaine, le jeune homme se redressa et vit Siegfried qui faisait face à un des deux braillards tandis que l'autre toisait Arthur de toute sa taille. L'ambiance était subitement devenue tendue.

« Vous battez pas, arrêtez ! Y s'est rien passé, Clarence ! Rien du tout, j'te l'jure sur la Trinité ! piailla Mathilde alors que l'homme avançait d'un pas énervé sur Arthur.
— Ferme ton clapet, grognasse, ou j'te fourre mon poing dans la gueul' ! Qu'on va discuter après qu'j'l'aurai pété sa tronche, au minois qu'voilà... rugit Clarence en retroussant ses manches.
— Diantre... commença Arthur en regardant l'homme droit dans les yeux. Vous vous appelez vraiment Clarence ? Non seulement, vous ressemblez à un cheval qui a perdu un duel face à un arbre, mais en plus vos parents ont fait de vous une blague ambulante dès votre naissance... »

De toute évidence c'en était trop pour Clarence, qui se rua sur Arthur en vomissant un torrent d'injures et en brandissant une chaise ramassée à la va-vite autour d'une table. Un cri aigu provenant de Mathilde retentit et la bagarre démarra.
Arthur se jeta sur le côté pour esquiver l'assaut à base de tabouret et colla une droite phénoménale à Clarence mais, l'alcool se jouant de lui, il calcula mal la distance et se retrouva en position de vulnérabilité totale. Le meuble lui explosa sur le dos alors qu'il se retrouvait au sol, le souffle coupé. Il se redressa lentement et reçut un coup en plein visage, alors qu'un « CLARENCE ! NON ! » explosait dans la salle. Arthur se remit aussitôt d'aplomb et se frotta doucement la commissure des lèvres, d'où s'échappait un mince filet de sang.

« Eh bien, eh bien... Il est grand temps que les choses sérieuses démarrent ! »
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyMer 2 Nov 2016 - 11:23
Dans l'esprit du balafré, la taverne semblait désormais enveloppée d'une brume cotonneuse. Le cerveau noyé par l'alcool, il avait bien du mal à discerner quoi que ce soit d'autre que l'action qui le concernait. Arthur venait de prendre une garde, il était lui aussi paré à entrer dans la danse. Siegfried accorda un regard en coin à son allié, et ce fut cet instant que choisit son opposant pour lui administrer un coup sec au niveau de l'arête du nez. Propulsé en arrière par l'impact, le milicien porta une main à son tarin tout en s'écroulant sur une table branlante, qui bascula sous son poids dans un vacarme assourdissant.

De ses narines s'écoulaient deux minces filets de sang. La blessure était mineure, mais bien suffisante pour éveiller la colère du loufiat. Serrant les dents, il se redressa difficilement et reprit position, à la fois furieux et heureux de pouvoir jouer des coudes. Son adversaire, visiblement étonné de voir Siegfried se relever aussi vite, laissa apparaître un sourire parsemé de trous, vestiges d'autres altercations. Il n'en était pas à son coup d'essai le bonhomme, celle qu'il appelait sa femme avait probablement tendance à fourrer des inconnus dans des tas d'embrouilles similaires. Goguenard, le soldat aboya au vilain :

"T'frappes où il faut, mais pas comme il faut."

Joignant le geste à la parole, Siegfried prit rapidement son élan et balança son poing en direction du visage du manant. Une esquive salvatrice permit à la cible de s'échapper. Siegfried se sentit tenu par le torse. Son adversaire venait de le saisir par le bas, sans doute afin de tenter une sorte de plaquage. Mais, si le gaillard savait jouer des poings, il manquait de force pour rivaliser avec le milicien sur un duel d'appuis. La tactique en question fut punie par une rafale de coup de coudes dans le dos. A force de cogner son ennemi, le balafré parvint à décrocher et à s'éloigner. Un sourire mauvais aux lèvres, il recula d'un pas pour ensuite balancer son pied en plein dans la face du crasseux colérique.

L'impact fut aussi rude que le craquement fut bruyant. La donzelle qui s'était relevée poussa un piaillement terrifié, ce foutoir devenait bien trop sanglant pour elle. Cette dernière se jeta sur Siegfried pour le saisir au col, l'empêchant ainsi de finir le boulot. Tout en maintenant son emprise sur le bagarreur, elle se mit à hurler :

"Non ! M'sieur Siegfried ! 'Pouvez pas abîmer Norbert comme ça, de grâce, c'est mon frère !"

Siegfried cessa de forcer, se retournant vers la donzelle en affichant une mine interloquée. Son expression mêlait incompréhension, colère et fatigue, lui donnant un faux air d'idiot du village. Jetant des regards perdus tout autour d'eux, il se racla la gorge puis murmura, sans conviction:

"Ton frère ? Maaaais... C'est dégueulasse. 'Pas sûr que les dieux approuvent, ma p'tite dame."

Fronçant les sourcils, l'intéressée rétorqua :

"Mais j'suis pas sa femme, abruti ! I' raconte n'importe quoi, comme à l'accoutumée. 'L'est tellement bousillé du crâne à force de boire ce poison qu'il raconte ce genre d'âneries à tout le monde, et qu'il fait des ennuis aux autres toute la sainte journée. Mais lui faites pas d'mal, ça reste la famille tout d'même !"

Siegfried ayant l'esprit fort embourbé mit un peu trop de temps à assimiler l'information, oubliant jusqu'au contexte de la situation. Mais du temps, dans une bagarre, on en avait jamais autant. Tandis qu'il assimilait l'explication, il fut interrompu dans ses réflexions par l'impact d'une choppe de bois derrière sa tête. En jurant, il s'écroula comme un cadavre, face contre terre. Sonné comme pas deux, il percevait l'agitation mais n'entendait plus convenablement, un sifflement insupportable résonnant dans sa caboche. Il porta ses mains à sa trogne endolorie, pressentant le vomi qui faisait son bonhomme de chemin jusqu'à sa gorge, le voilà bien mal.
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyDim 6 Nov 2016 - 14:02

Des brumes d'alcool qui flottaient dans sa tête montaient des éclats et des sons tout autour de lui. La foule n'était plus qu'une purée multicolore beaucoup trop floue pour y décerner quoi que ce soit d'utile. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne ressentait pas la douleur qui ne manquerait pas de lui lanciner le dos dès le lendemain. Le coup qu'il avait reçu au visage, à en voir le sang qui couvrait la botte droite de son assaillant, était un coup de pied. Un goût de fer emplit la bouche d'Arthur, qui se mit subitement à s'inquiéter. Il palpa nerveusement ses lèvres une seconde fois et, alors qu'il avait cru échapper au plus gros des dégâts, se rendit compte qu'il pissait abondamment du nez. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi, alors qu'il se demandait à quoi il ressemblerait s'il avait le nez brisé. Clarence éclata de rire tandis que Mathilde se ruait sur lui pour lui saisir le bras et tenter de le détourner du milicien. D'un simple mouvement, il la dégagea et se remit à avancer vers son adversaire en continuant de grommeler insultes et malédictions.

« C'est-y qu'la milice, l'est pas foutue d's'batt' mieux qu'ça ? se gaussa l'homme en armant son poing pour un nouvel assaut.
— Je vous conseille de cesser... conseilla Arthur sans bouger pour autant, encore sous le choc.
— Pas tant qu't'auras des dents pour chanter, mon mignon ! » tonitrua l'autre en abattant enfin ses grosses phalanges dans la joue du milicien.

Un mélange de sang et de salive accompagna sa lourde chute jusqu'au sol, où il s'étala à la façon d'un pantin désarticulé face contre le parquet pourri. Il demeura là quelques secondes, tourneboulé par les récents événements. Comment courir la gueuse dans les bas-fonds d'une ville maudite pouvait finir en pugilat sanglant ? Au bout d'un court instant, toujours plongé dans ses réflexions, il remarqua que Siegfried aussi venait d'être balancé à terre par une choppe reçue en pleine poire. Le monde tanguait sous ses yeux et tout paraissait complètement irréel...
Les mains de Clarence se refermèrent autour du col de sa chemise imbibée de bière et de sang et il fut retourné sur le dos. Le lascar le dominait de toute sa taille et de tout son poids, un sourire goguenard rivé sur son visage.

« Fais tes prières, enfant d'putain ! » conseilla Clarence en se préparant une nouvelle fois à frapper.

La silhouette furieuse de Mathilde arriva dans son dos et le bouscula de toutes ses forces. Pas assez costaude pour désarçonner le gaillard, mais au fois suffisant pour le déséquilibrer. Il culbuta en avant de quelques centimètres, se retourna pour jeter un regard glacial à sa femme et cracha dans sa direction.
C'était maintenant ou jamais, songea le beau milicien. Les lampions suspendus au plafond avaient cessé de trembler, la situation lui apparaissait un peu plus clairement. Se relever, cogner sur Clarence, venir en aide à Sieg et aviser par la suite.


D'un mouvement de bassin savamment placé, Arthur acheva de déstabiliser son assaillant. Aussi lourdaud soit-il, Clarence ne lui prêtait que peu d'attention et roula au sol. Il se releva tout en s'époussetant et en jurant, alors qu'Arthur faisait de même. Le bellâtre passa une main rapide sur son pif pour constater l'ampleur du bobo. Il lui faisait mal mais semblait être resté droit. Parfait.

Clarence le chargea pour tenter de le plaquer au sol mais cette fois, les réflexes du milicien entrèrent en action. Il se décala de quelques centimètres sur le côté et asséna une balayette magistrale à l'homme rugissant, l'envoyant s'écraser face la première dans la poussière du sol. Puis il se tourna vers Siegfried, visiblement bien mal en point, et en quelques grandes enjambées se rua sur l'homme qui faisait face à ce dernier. Il feinta de lui coller une droite dans la joue pour en fait lui envoyer un grand coup de tibia dans les valseuses. L'autre Norbert esquiva cependant et repoussa Arthur, qui se recula au bon moment et attrapa les poignets du bonhomme. Il tira ensuite dessus et l'envoya lui aussi glisser sur le sol.
Durant ce court répit qu'il avait obtenu, il posa une main sur l'épaule de Siegfried.

« Mon vieux, si on se fait rosser par ces deux-là, on peut arrêter notre quête grandiloquente ! C'est le moment de... commença Arthur.
— M'sire Arthur ! Derrière ! » hurla la bienveillante Mathilde.

Arthur se coula de côté pour éviter l'assaut. Un Clarence hors de lui frappa dans son épaule assez durement, arrachant un grognement de douleur au soldat. Mais au moins, ce n'était pas dans le visage...

« Je compte sur toi, Sieg' ! On en boira une autre pour fêter ça ! » cria Arthur en se jetant de nouveau dans la mêlée.
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MessageSujet: Re: Il est des nôtres ! [Arthur Melville]   Il est des nôtres ! [Arthur Melville] EmptyDim 6 Nov 2016 - 16:48
Le contact de la main d'Arthur sur son épaule eut pour effet de réveiller Siegfried, qui se redressa mollement tandis que son compère retournait au combat, accompagné de la jeune femme qui, visiblement, n'avait pas spécialement envie de retourner avec le fameux Clarence. En grognant, le balafré prit appui sur ses poings pour retrouver son équilibre. Il était sonné, c'était clair, mais il n'avait pas décidé de rendre les armes pour autant.

Arthur s'occupait d'esquiver les assauts des deux lascars avec une adresse peu commune, pour quelqu'un qui s'était enfilé autant d'alcool. Il n'en était pas à sa première bagarre, certainement. Par chance, Siegfried non plus. Après s'être un peu secoué, le borgne reprit son élan et fonça sur Norbert par derrière. Son adversaire avait fait preuve de lâcheté, il allait en faire de même: la cruauté en plus.

Furtivement, il se posta derrière le soûlard et le saisit à la gorge, le maîtrisant à deux mains pour éviter que son opposant puisse échapper à son emprise. Puis, profitant de sa position avantageuse, il fit basculer Norbert sur le côté, le projetant au sol avec une rare violence. Sans remord, Siegfried se releva et profita de cette fenêtre d'action pour attraper son ennemi par les cheveux, lui cognant la tête contre le parquet à plusieurs reprises. Hargneux, il cracha :

"Alors, on veut s'taper sa sœur mon cochon ? Tiens, j'vais t'apprendre les manières."

Après une dizaine de coups, Siegfried sentit que la résistance de Norbert se faisait moins importante. Il relâcha sa victime, un sourire aux lèvres, voilà une bonne chose de faite. La sœur du larron se jeta sur lui pour vérifier qu'il n'ait pas rendu l'âme, s'assurant qu'il respire en premier lieu. Siegfried s'en moquait bien, il avait mieux à faire. Arthur était toujours aux prises avec Clarence, mais il semblait se débrouiller.

Siegfried, un peu épuisé par toutes ces mésaventures, décréta que la bagarre prendrait fin bientôt. D'un pas décidé, il se dirigea vers Clarence puis lui tapota innocemment l'épaule. Par réflexe, le concerné pivota légèrement sur la droite, et reçut un direct particulièrement agressif en plein visage.

"A toi, Arthur."

Profitant de la déstabilisation occasionnée par cette attaque, Siegfried balança son pied dans le derrière de Clarence, le propulsant vers le second milicien tout en lui faisant perdre sa garde. Une bien belle passe qu'il venait de faire.
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