Une vilaine balafre [Séraphin et Raphael] (terminé)

Séraphin ne ressentit pas de jalousie à l’écoute du récit de Raphaël, il était même heureux que d’autres que lui aient eu plus de chance. Après tout qui pouvait reprocher à quelqu’un d’être tout bonnement heureux? Personne, et surtout pas Séraphin.

    Mais il perçut dans la voie du marin une pointe de désespoir, celui de savoir que la vie du petit peuple n’était rien pour les huiles de Marbrume et qu’en cas d’assaut massif de la fange ceux ci seraient laissés pour compte et serviraient de retraite à la noblesse. Le milicien le comprenait parfaitement car il savait que de son côté il serait placé en ligne de front et sacrifié sans arrières pensées, mais qu’il irait au combat de son propre chef et tenterait d’arracher à la fange autant que ce qu’elle lui avait prit, c’est à dire tout.

    Il comprenait aussi que Raphaël tente par ses propres moyens de protéger sa famille, dut-il enfreindre ses principes, ces choses là n’ont pas de prix. “Je comprends tes motivations mais dis moi, quel est ton plan? n’y a-t-il pas des îles où des endroits sur lesquels la fange n’aurait pas d’emprise?”

    La question du marin était prévisible mais il aimait ce genre de franchise, on ne sait finalement rien sans l’avoir demandé, et même si Séraphin mentait ses yeux lui ne tromperaient personne.

    “Du coup je ne te le demanderais qu'une seule fois : est-tu un de ces gens honnête ? Comprends-tu ce qui m'anime lorsque je te raconte tout ça ? Mon cœur me dit que oui, mais c'est ce qu'il y à au fonds du tien qui m'intéresse…”

    Séraphin sourit en regardant Raphaël et ne cilla pas alors qu’il lui répondait, accentuant chaque mot avec autant de cœur qu’il le pouvait, avec toute son honnêteté.

    “Tu peux me faire confiance, je n’ai jamais trahi personne. Je comprends ton besoin de protéger les tiens et je donnerai tout ce que j’ai pour avoir une chance d’arracher ma famille aux griffes du fléau. Mon cœur est plein de cendres et je t’aiderai si je le peux. Mais en cas de danger la fange me trouvera sur son chemin et je la combattrai jusqu’à mon dernier souffle pour que ceux qui ont encore quelque chose à sauver aient une chance de le faire.”

Alors que Séraphin lui demandait si des îles ou des endroits étaient à l'abri de la Fange, Raphael eut une pointe au coeur en répondant que non.

Les îles peuvent sembler un refuge assez sûr, mais je ne sais pas si l'eau peut vraiment retenir ces monstres. Et le problème sur une île, c'est qu'il fait de la nourriture et de l'eau. Pour l'eau douce je connais quelques ruisseaux mais ils ne permettrons pas à toute une famille de survivre indéfiniment... Et quant à la nourriture, c'est encore pire : je ne suis ni éleveur ni fermier, je ne connais que la pêche. Si je rentre plusieurs jours avec des filets vides, nous n'auront aucun marché ou aucune échoppe vers laquelle nous tourner pour ne pas mourir de faim...

Et quant à un endroit sûr en dehors de Marbrume, il faut être un puissant seigneur pour s'offrir un bastion afin de s'y retrancher et payer des gens d'arme pour le protéger...

La morosité allait gagner le pécheur à énonciation de ce sombre constat, mais la sincérité de la réponse du milicien lui réchauffa le cœur.

Il aiderait le marin sans trahir la cause qu'il avait embrassé en entrant dans la Milice. Raphael perçut également que l'homme voulait prendre sa revanche sur la Fange qui avait volé sa vie, ce qu'il trouvait parfaitement naturel. C'était malheureusement un combat perdu d'avance : si il combattait la Fange jusqu’à sa mort il deviendrait probablement l'un de ces monstres et grossirait leur rangs. Il se garda néanmoins de partager ce sentiment avec Séraphin pour ne pas le blesser. Un homme prêt à mourir pour une cause aussi noble soit elle avait souvent du mal à entendre raison lorsque l'on remettait en question les idéaux qui forgeaient sa vie.

Je te remercie mon ami ! Je suis heureux de savoir que mon vieux palpitant n'est pas trop détraqué par les années et qu'il se trompe pas lorsque il reconnait un homme de valeur ! Tu peux aussi compter sur moi : tu n'aura qu'a demander et je ferais tout mon possible pour t'aider, quelque soit la tâche !

Raphael jeta un coup d’œil au filet et à la cote, constatant qu'ils avaient dérivés le temps nécessaire. Le marin se rapprocha du bastingage et se mit en position pour remonter le filet. Il invita l'homme à en faire de même.

Nous allons remonter la ligne et prier Anür pour qu'elle nous donne ce que nous sommes venus chercher. Le plus important c'est de tirer sur le filet à l'unisson, l'objectif étant qu'il ne s’emmêle pas trop. Lorsque tu vois un poisson récupère le et mets le dans un sac, j'attendrais que tu ai fini de le décrocher pour continuer à tirer. Et ont fait la même chose si c'est moi qui attrape un poisson...

Prêt ? Alors allons y !

Et les deux hommes commencèrent à remonter le filet dans la barque.

Séraphin avait cru un instant que des gens aient pu survivre sur des îles du littoral voire trouver une terre nouvelle exempte de la corruption de la fange. Quelle déception de savoir qu’il n’en était rien, que le monde était mort avec ses habitants. Cela renforçait encore un peu plus sa détermination à défendre coute que coute qui semblait de plus en plus être le dernier refuge de l’humanité.

     “Je te remercie mon ami ! Je suis heureux de savoir que mon vieux palpitant n'est pas trop détraqué par les années et qu'il se trompe pas lorsqu'il reconnaît un homme de valeur ! Tu peux aussi compter sur moi : tu n'aura qu'à demander et je ferais tout mon possible pour t'aider, quelque soit la tâche!”

    Décidément un brave homme ce Raphaël, droit et plein de bienveillance, il était bon de se savoir des alliés ici-bas en ces temps difficiles.

    “Je suis heureux moi aussi d’avoir pu trouver un soutien et un ami en ta personne Raphaël. Et j’espère avoir été à la hauteur des attentes du marin chevronné que tu es.”

    “Nous allons remonter la ligne et prier Anür pour qu'elle nous donne ce que nous sommes venus chercher. Le plus important c'est de tirer sur le filet à l'unisson, l'objectif étant qu'il ne s’emmêle pas trop. Lorsque tu vois un poisson récupère le et mets le dans un sac, j'attendrais que tu ai fini de le décrocher pour continuer à tirer. Et ont fait la même chose si c'est moi qui attrape un poisson…”

    “Prêt ? Alors allons y!”

    Le filet était étonnamment lourd, bien plus que ce que Séraphin avait imaginé, mais peut-être que cela était normal après tout. Les deux hommes prenaient bien garde à tirer le filet à l’unisson, tant et si bien que les premiers poissons firent leur apparition, de plusieurs tailles et d’espèces différentes, chacun paré d’une couleur unique qui brillait sur ses écailles aux reflets métalliques. Les sacs s’emplissaient à vue d’oeil quand soudain.

    Le fond du filet était jonché de débris de planches, de morceaux de ferraille rouillés et de détritus en tous genres, mais tous d’origine humaine. Ils déblayèrent ces rebuts afin de libérer les derniers poissons quand un membre terne et verdâtre émergea d’entre les écailles. Un bras, puis un tronc qui révélèrent un corps gonflé par son séjour prolongé dans l’eau.

    Ils extirpèrent la pauvre victime avec désolement, tant il était tragique de finir ainsi noyé et à moitié dévoré.

   “Regarde,  Il a une marque de morsure sur l’épaule, il manque un morceau de chair. Tu penses que c’est ce qu’il est advenu de ceux qui ont tenté de fuir par la mer? Rejetons le à l’eau avant qu’il ne lui prenne l’envie de se réveiller. J’espère que le poisson est quand même mangeable…”

Raphael ne put retenir un haut le cœur en découvrant le noyé.

Tandis qu'ils le hissaient à bord, Séraphin remarqua la morsure à l'épaule et en avertit Raphael en recommandant de le jeter à l'eau. Le marin était parfaitement d'accord avec le milicien : il ne valait mieux pas prendre de risque. Tandis qu'ils le hissaient pour le rejeter à l'eau, un reflet doré éblouit Raphael. Le marin remarqua un petit pendentif accroché au cou de la victime qu'il attrapa juste avant que le corps ne bascule et disparaisse dans les profondeurs de l'océan. Il le déposa sur le pont pour l'observer de plus près et le montrer à Séraphin.


Le pendentif était en acier, sans ornement ou pierres précieuses mais travaillé avec une grande précision. Le motif était parfaitement visible, représentant un rapace au dessus de son nid et nourrissant ses petits, et gravé des initiales "MRB" étaient inscrites à l'envers du pendentif. A la vue de ce blason et des initiales, une ombre passa sur le visage de Raphael qui s'assis sur le bastingage sans un mot. Visiblement choqué, il finit par parler d'une voix blanche après un moment de silence.

Je sais à qui appartient ce pendentif... La Maison De Vautour est bien connue sur la criée... C'est une famille d'armateurs dont le patriarche qui à perdu son fils en mer il y à quelques jours... C'est quelqu'un d'influent et de puissant sur le port et c'est notre devoir de lui porter la nouvelle... Mais comment-allons nous pouvoir dire à un père que nous avons repêché le cadavre de son fils et l'avons rejeté à la mer ? Ce n'est pas un homme connu pour sa clémence envers ceux qui lui portent des nouvelles aussi tragiques...

Et sans qu'il ne s'en rende compte, des larmes se mirent à couler sur le visage de Raphael...

Séraphin n’avait pas réfléchi avant de rejeter l’homme à la mer, pour lui un cadavre reste un fangeux potentiel et on oublie rapidement que derrière les carcasses tout en griffes et dents se cachent des gens, des histoires, des familles.

    Raphaël arracha le pendentif du cou du noyé et le regretta aussitôt tandis que le corps sombrait dans les flots obscurs. Une ombre s’était abattue sur son visage en même temps qu’un poids sur ses épaules. Le corps semblait être celui du fils d’un notable du port, réputé pour sa dureté. Le marin pleurait désormais à chaudes larmes, effrayé à l’idée du sort qu’un tel homme pourrait lui réserver et des conséquences sur sa famille. Séraphin posa sa main sur l’épaule de Raphaël et tenta de rassurer son ami.

    “Tu n’as rien à craindre ni à te reprocher, cet homme a été mordu et on sait bien ce qu’il advient de ces gens là. J’irai parler à cet homme, il aura peut-être plus de réticences à faire châtier un milicien que quelqu’un de son rang, quoi qu’il en soit ramener ce corps à terre aurait été passible de la potence pour nous deux. Aussi endeuillé que soit cet homme on ne peut risquer le sort de milliers de gens pour lui. Rentrons à terre maintenant et ne t’inquiètes pas il ne t’arrivera rien.”

    Les deux hommes mirent les voiles en direction du rivage dans une ambiance pesante. Raphaël craignait pour les siens et Séraphin bien que rompu à l’exercice du devoir et de l’autorité n’en menait néanmoins pas large, il ne savait que trop bien quels ravages ce genre de nouvelles pouvaient provoquer chez un père. Mais par devoir et par amitié il s’y rendrait sans faillir.

La pêche avait tournée court et c'était désormais le rôle d'oiseaux de mauvaise augure qu'endossaient les deux hommes.

Lorsque la braque du pécheur accosta au port, Eledin les vit arriver d'un œil inquiet. On était à peine en milieu de matinée et la femme savait que son époux ne rentrait pas avant le midi voir l’après midi si la pêche était bonne. Un retour prématuré de Raphael n'était jamais une bonne chose... Le marin expliqua à voix basse la raison de leur retour et Eledin pâlit en apprenant la nouvelle. Raphael lui répondit qu'ils n'avaient pas le choix et qu'ils devaient informer le seigneur De Vautour avant qu'il ne l'apprenne par quelqu'un d'autre. Juste avant qu'ils ne quittent la jetée, Eledin se tourna vers le milicien et implora sa protection.

Je vous en prie Séraphin, dîtes au seigneur De Vautour ce qu'il s'est passé... Vous représentez bien la loi à Marburme, vous pouvez nous protéger ? Haradl est un homme cruel et il à fait bannir des gens pour bien moins que cela... Seule Anür sait comment il va réagir à cette terrible nouvelle... Vous étiez avec Raphael, vous avez vu ce qu'il s'est passé... Faîtes tout ce qui est en votre pouvoir pour le protéger...

Et sur ces paroles sombres, le marin et le milicien prient la route du Manoir De Vautour.

Contrairement à ses pairs, la famille De Vautour ne vivait pas sur l'esplanade en compagnie des autres nobles. Elle avait établi ses quartier depuis plusieurs générations au nord du port, en compagnie des bourgeois et des armateurs. Le Manoir était cossu et monumental mais faisait preuve d'une certaine austérité par rapport à la demeure d'autres sangs-bleus. La famille embauchait le strict minium en matière de domestiques et vivait dans une rigueur toute maritime. Lorsqu'elle était à terre, elle se contentait du même confort que celui d'un galion parti en expédition pendant de longs mois.

Harald avait un visage buriné par les embruns et les voyages qui accentuaient son air naturellement sévère. Sa femme Cyrielle menait les affaires à la baguette lorsque son mari était en mer mais savait se monter plus douce et attentionnée que son Harald. Mais depuis que leur fils Ronred avait disparu en mer, l'un comme l'autre étaient sombres et d'une humeur massacrante avec tout ce qui les contrariaient.

Lorsque le valet introduisit les deux hommes, Harald était installé dans son bureau et plongé dans des parchemins griffonnés en compagnie de sa femme. Il parla sans même lever le nez de ses documents.

Qu'est-ce que tu veux Havresac ? Je suis très occupé et je n'ai pas de temps à perdre avec toi ou je ne sais quel milicien...

Raphael fit de son mieux pour capter l'attention des nobles sans leur manquer de respect.

Monseigneur, ce que j'ai à vous annoncer est terrible requiert toute votre attention... Et la votre également Madame...

Harald posa ses parchemins et releva la tête vers le marin tandis que la visage de Cyrielle se figea.

C'est à propos de Ronred, n'est-ce pas ?

La voix de la femme avait été étonnamment calme mais emprunte d'un telle froideur qu'elle perça le cœur de Raphael. Il reprit d'une voix blanche son explication, redoutant le pire.

Oui Madame. Nous l'avons repêché matin mais nous n'avons pas pu ramener son corps... Nous ne l'avons reconnu que trop tard et il y avait des traces de morsure alors nous l'avons rejeté à l'eau... La seule chose qu'il reste c'est ce pendentif qui m'a permis de savoir qui il était...

Raphael fit quelques pas en avant pour poser le collier sur la table et se retira vivement aux cotés de Séraphin.

MENSONGES !!!!!

L'air avait littéralement vibré sous la puissance du cri d'Harald.

Vous n'êtes que des menteurs ! Vous venez nous annoncer la mort de mon fils sans pouvoir nous la prouver autrement que par ce stupide collier ? Qui me dit que ce n'est pas vous qui l'avez tué ? Qui me dit qu'il n'est pas simplement prisonnier et que vous n'êtes qu’attirés par l'idée de affliger et nous soutirer de l'or...

Le Châtelain dégaina la dague qu'il gardait toujours à sa ceinture et s’approché des deux hommes d'un pas plus que menaçant.

Peut être que je devrais vous ouvrir le ventre simplement pour vérifier si il est empli de mensonges...

“MENSONGES !!!!!”

    Le sieur De Vautour avait explosé à l’annonce du décès de son fils, même si le couple semblait s’être préparé à la terrible nouvelle, le choc n’en était pas moins brutal et compréhensible. Néanmoins que l’homme soit dévasté par la mort de son cadet était une chose, qu’il s’en serve pour justifier sa haine de Raphaël en était une autre.

    Séraphin s’interposa et désarma Harald sans peine, sous sa colère il était effondré et ne représentait pas une véritable menace. Mais même dans la douleur son orgueil primait, impossible pour lui de regarder dans les yeux l’homme qui avait contemplé de cadavre de son fils. Un ultime sursaut de rage.

    “Fichez moi le camp, Havresac si je te revois je…”

    Trop, c’était trop. Le milicien était prêt à pardonner à un père endeuillé mais pas à une ordure vicieuse telle que De Vautour. Une clef de bras et le visage de l’armateur vint reposer sur son bureau, le nez dans son encrier, soulevant des nuages de poussière et de morceaux de parchemins tandis qu’il se débattait en maugréant de vaines menaces.

    “De Vautour, tu vas trop loin. Et oui j’ose te tutoyer car tu n’es rien de plus qu’un tyran parvenu qui ne serait rien sans des gens humbles comme Havresac pour bosser à ta place. Sache que si tu remues ne serait-ce qu’une oreille je te l’arrache. Et puis juste pour m’assurer que tu resteras bien sage, si tu causes des soucis à Raphaël le duché viendra fouiner dans ta comptabilité, ça m’étonnerait que tout soit bien clair. Compris?”

    Il se tourna vers Cyrielle qui pleurait dans un coin de la pièce, horrifiée autant par ce qu’elle endurait que par le calvaire de son mari.

    “Toutes mes condoléances madame, et je suis désolé pour tout ça.”

La réactivité de Séraphin avait été sans faille et c'est précisément à cet instant que Raphael mesurait le pouvoir d'un milicien.

Il avait tout d'abord une force physique et un entrainement qui le plaçait au dessus du lot. Maîtriser un homme de la carrure de Harald de Vautour n'était pas un mince affaire, même si il était affaibli par son deuil. Et cela tenait au fait de les nobles mangeaient toujours à leur faim, ce qui n'était pas vraiment le cas du peuple... Sa position de défenseur de la cité lui conférait également une aura et une protection que Raphael n'aurait jamais. Jamais il ne pourrait se permettre de maîtriser un noble ou de le remettre à sa place, même si il était dans son bon droit. Et plus encore quand ledit noble avait une mainmise quasi complète sur le port.

Mais c'était aussi un homme de bien qui s'excusait auprès de la femme d'un homme endeuillé, un homme capable de faire la différence entre le bien et le mal. Quelqu'un qui savait que l'annonce d'un nouvelle aussi terrible peut rendre un homme fou et qu'il ne faut pas l'affliger davantage.

Cela faisait tout simplement de Séraphin un homme droit et bon.

Alors que le noble se relevait et massait son bras engourdi, il foudroya du regard le milicien. Raphael sentait que l'envie de punir cet homme était forte chez le noble, mais il sentait également qu'il était apeuré par la force du guerrier et de ce qu'il serait en capacité de lui faire. Il parla d'une voix blanche mais emprunte de fermeté.

Je n'oublierais pas ce que tu viens de faire, milicien... Je ne permets à personne de me manquer de respect ou de me menacer sans qu'il en paye un jour les conséquences... Je jure qu'il n'arrivera rien à la famille Havresac, mais pour toi je ne promets absolument rien... Ne t'éloigne pas de ta voie protectrice milicien, car sois sur que je serais dans les parages si tu venais à quitter la Garde...

Il balaya devant lui d'un large geste de la main, congédiant ses hôtes sans ménagement.

Maintenant partez ! Laissez nous pleurer notre fils en paix...

Un valet raccompagna les deux hommes à la porte du manoir qu'il ferma bruyamment derrière eux. L'air frais fouetta le visage de Raphael qui retrouvait peu à peu des couleurs. Il se sentait un peu sonné, comme une nuit de beuverie qui aurait duré beaucoup trop longtemps. Mais il était envie et avait fait son devoir, alors le pire était derrière lui.

Il se tourna vers son ami et le remercia chaudement.

Merci Séraphin, je ne sais pas ce que je serais devenu sans ton intervention... Ma famille et moi même te sommes éternellement reconnaissants mais tu t'es mis en danger en t'opposant aux De Vautour. Méfie toi des jours à venir, cette famille n'est pas vraiment tendre comme tu as pu le remarquer...

Le pécheur posa la main sur l'épaule du milicien.

Mon ami, tu es un homme droit et je suis fier de te connaitre. Quelque que soit le jour, l'heure ou la raison ma porte te sera toujours ouverte et tu sera accueilli comme il se doit. Peut être reprendrons nous la mer mais nous prions Anür que cette sortie ne soit pas aussi catastrophique que celle ci... Je vais aller retrouver ma femme et mes enfants pour les rassurer mais soit sur que je passerais te voir à la caserne pour que nous partagions un godet tout les deux... Je t'apporterais aussi ta part de poisson et ne songe même pas à dire non ! J'ai vu de quoi tu es capable, mais un vieux loup de mer comme moi ne se laissera pas faire par la Trinité !!

Raphael s'éloigna en levant la main vers Séraphin.

Au revoir l'ami et prends soin de toi !!!

L’homme blessé dans son orgueil autant que dans sa propre chair murmura de vaines menaces, celles de ceux qui aboient plus qu’ils ne mordent. C’était sans importance et Séraphin ne vit pas l’utilité d’en rajouter, Harald les congédia et malgré l’animosité qu’il leur inspirait ceux ci ne purent que le laisser à sa peine, qui elle était compréhensible.

    Les deux amis sortirent donc sur cette journée qui s’achevait, forts d’un lien qui s’était avéré fort en un si court laps de temps. Séraphin avait trouvé en Raphaël un homme aux valeurs manuelles et humaines qu’il chérissait tant.

     "Mon ami, tu es un homme droit et je suis fier de te connaître. Quelque que soit le jour, l'heure ou la raison ma porte te sera toujours ouverte et tu sera accueilli comme il se doit. Peut être reprendrons nous la mer mais nous prions Anür que cette sortie ne soit pas aussi catastrophique que celle ci... Je vais aller retrouver ma femme et mes enfants pour les rassurer mais soit sur que je passerais te voir à la caserne pour que nous partagions un godet tout les deux... Je t'apporterais aussi ta part de poisson et ne songe même pas à dire non ! J'ai vu de quoi tu es capable, mais un vieux loup de mer comme moi ne se laissera pas faire par la Trinité !!”

    “J’ai passé une agréable journée en ta compagnie Raphaël et je t’en remercie! Je te remercie également pour la leçon de navigation, ce sont des souvenirs que je risque pas d’oublier. Passe à la caserne quand tu veux, la prochaine tournée est pour moi! Et merci pour tout! L’ami!” Séraphin ponctua ses derniers mots d’une tape sur l’épaule du marin.

    Le temps était venu de se quitter, mais nul doute que les deux hommes se croiseraient à nouveau, ne serait-ce que pour une bière où un panier de poisson, qui sait?