Pérégrinations [Aénor Alaric] [Terminé]

Haral avait assisté impuissant au combat que livrai la jeune femme au sol, puis à la manière dont elle s’était débarrassée des assaillants présents sur le toit. Remarquable. Pour l’instant le sort du barde était entre les mains de ses deux camarades d’infortune, qui semblaient bien décidés à mettre les voiles rapidement.

    “Ça s’est calmé en bas, alors à la prochaine terrasse, descendons. Je doute que les cinq autres dont vous parliez parviennent à nous rattraper. Ils sont aussi lents que nous. Au fait, vous pouvez le soigner?”

    La donzelle avait plus l’air d’une mercenaire que d’une guérisseuse, bien que certains d’entre eux acquièrent des rudiments de médecine de combat, cette dernière semblait plus équipée pour tuer que pour rafistoler.

    “Messire si je puis me permettre, je ne pense pas que notre bonne amie soit équipée pour suturer un ménestrel à califourchon sur une toiture, non vraiment, l’idée me parait aussi sotte que grenue. Néanmoins, je pense que musarder ici est la pire des idées que nous pourrions avoir, bien qu’il semble que j’ai déjà allègrement pioché dans ce répertoire aujourd’hui. Nous devrions écouter messire... comment déjà? Ah mais nous avons pas été présentés! Mille excuses ô grands sauveurs, vous qui avez déjà tant fait.”

    Le barde se fendit d’une courbette rendue maladroite par la pente et la douleur dans sa jambe, et offrit un baise main à la demoiselle encore essoufflée de ses combats.

    “Je suis Haral Mortenuit nobles samaritains. Barde et ménestrel de son état, conteur et saltimbanque, grand adorateur des tavernes et séducteur de ces dames!” Qui donc ai-je l’insigne honneur de rencontrer dans ces circonstances des plus particulières? Que dis-je? Spectaculaires! Je vous remercie d’ailleurs tous deux du mal que vous vous êtes donnés quant à mon humble protection, mais je vous serais gréé si nous pouvions incessamment prendre la poudre d’escampette, cette situation inhabituelle est des plus loufoque, inquiétante!”

- Alaric. Je m’appelle Alaric.

Écouter le barde se présenter dans de grandes effusions lyriques l’avait quelque peu énervé, mais il n’avait rien ajouté pour autant. Après tout, l’homme était doué avec les mots, aussi ne fallait-il pas s’étonner d’une telle présentation de soi.

Ce fut au tour de la dame de se présenter alors, bien qu’elle ne fût pas tant prolifique que le ménestrel. Le milicien n’apprit que son nom, Aénor, et le mémorisa dans un recoin de sa tête. Il n’avait jamais entendu quelqu’un porter ce prénom depuis qu’il exerçait son métier de milicien, mais la jeune femme semblait nouvelle dans la cité. Elle se considérait comme une âme bienfaisante et charitable, au vu de sa réponse acerbe qu’elle lui rétorqua. Lui ? Qui ne sait pas faire preuve de compassion ? C’était le monde à l’envers. Il serra les poings et manqua certainement de broyer un os appartenant à Haral qu’il maintenait toujours vers la terrasse la plus proche.

- Personne. Je n’ai frappé personne, répéta-t-il en insistant sur le dernier mot. Sachez tenir votre langue, ma Dame. Si je ne savais faire preuve de compassion, expliquez-moi pourquoi je me suis mêlé de cette piètre histoire, hein !

Le ton montait et il prit une longue inspiration afin de se calmer. Déjà, les battements de son cœur reprenaient un rythme plus régulier. Alaric s’était toujours battu bec et ongles pour Marbrume, une ville à laquelle il ne devait rien. Qu’on puisse lui adresser de tels reproches le rendait malade. Voilà pourquoi il préférait affronter seul à seul des monstres démoniaques dans les marais. Il suffisait de les tuer, et c’était terminé. Ou alors, ils vous tranchaient la gorge, et le résultat était le même. Avec les hommes, rien ne se terminait jamais, tout avait tendance à empirer.

Quoique fût la réponse d’Aénor, il n’y prêta pas attention. Il avait mieux à faire que d’écouter de telles stupidités sur son compte. D’un pas vif et sûr, il entraîna le ménestrel, l’arrachant pour ainsi dire à la jeune femme, et l’aida à descendre du toit avec précaution. Alaric était descendu le premier, vérifiant si les prises étaient bonnes, puis avait fait rouler d’épais tonneaux qui trainaient là, les avaient redressés afin que les deux autres – en particulier le barde- soient capables de descendre en toute sécurité. Une fois que tous les trois eurent mis pieds à terre, le milicien pressa le pas tout en continuant de maintenir le barde sous les aisselles.

- La priorité est de soigner cette vilaine balafre. Te sens-tu capable de marcher jusqu’au Temple ? Les prêtres pourront te soigner et cette soirée restera entre nous.

Le ton monta très rapidement une fois les présentations proprement faites, si bien que le milicien en écrasa le bras d’Haral de rage à peine dissimulée. Mettant ce dernier également dans une colère qui ne lui était pas coutumière.

    “AIE! Messire je ne suis pas un vulgaire citron que l’on peut presser à loisir pour en extraire le jus! Ai-je l’air d’un citron? Dites le moi car je commence à m’interroger sur vos facultés mentales, je n’ai la peau ni jaune ni granuleuse et je ne suis pas non plus ACIDE! Que croyez vous faire? M’aider? Vous m’avez presque brisé le bras messire! À ce rythme là il ne restera de moi à l’aube qu’un tas de chair sanguinolente et méconnaissable.”

    Outré Haral se dégagea sèchement de la prise d’Alaric et entrepris de descendre lui-même sur la terrasse en contrebas.

Citation :

Jet d’acrobatie

Harral : Hab 9 (malus de -2 pour blessures)
14 échec

    Malheureusement sans succès, sa blessure à la cuisse combinée à son bras endolori et le sang qui maculait ses bottes rendirent ses prises maladroites et glissantes. Tant et si bien qu’il s’écroula au sol, sans dommages mais furieux contre lui-même et humilié.

    “Je suis désolé messire je n’aurais pas dû m’emporter ainsi...Vous m’en voyez sincèrement navré… Je… Oui je pense que je pourrai marcher jusqu’au temple, après quoi je vous libérerai de mon embarrassante présence et tenterai de recoller les morceaux des ânerie que j’ai commises ce soir…”

    C’est penaud et endolori qu’Haral attendit que ses compagnons aient fini de descendre du toit, il n’y avait personne dehors et la nuit était calme, le reste de leur périple devrait si tout se passait être plus tranquille.

La réaction du ménestrel agit sur Alaric comme une claque sur sa joue. L’homme s’était éloigné brutalement de lui, préférant se dégager de ce stupide soldat qu’il était devenu. Il voulut le rattraper, mais le mal fut fait avant qu’il ne puisse mettre la main sur lui : Haral s’était trébuché une fois de plus, ses jambes engourdies par l’alcool et sa blessure sanguinolente. La fatigue commençait à pointer le bout de son nez, elle aussi.

Alaric grogna et aida le pauvre homme en le redressant. Cette fois, ce sont des gestes plus doux et sûrs qui relevèrent le barde maladroit.

- Pardonne-moi. Ce n’est pas dans mes habitudes de réagir ainsi.

Il se sentait honteux et idiot. Lors d’un combat contre un monstre, il laissait toujours sa haine et sa rage prendre le contrôle de lui-même. Il pensait qu’il maitrisait la situation, mais c’était faux. Un mensonge qu’il se répétait inlassablement tous les soirs. Il devait faire preuve d’un sang-froid infaillible, d’une maîtrise de soi exemplaire. Les Fangeux le découperaient tout cru s’il ne se reprenait pas. Ses combats précédents avaient souvent été désespérés, comme cette fois, lorsque la Hanse avait été emplie de ces créatures démoniaques. Mais il devait surmonter ça. Il ne deviendrait jamais plus fort s’il restait sur cette voie.

De même, il devait maîtriser ses émotions avec les hommes. Il était milicien de Marbrume et désirait redorer leur blason, entaché par les actes cruels d’une partie de ses collègues. Jamais il ne serait l’un de ces profiteurs armés de la cité.

Avec l’aide d’Aénor, le barde se tenait debout à présent, prêt à se rendre au Temple. Il se retourna vers la jeune femme et bredouilla des excuses à peine audibles.

- Enfin, ajouta-t-il, comprenez que la compassion fait rarement partie des qualités des habitant de cette cité. Restez sur vos gardes, vous aussi.

La nuit était entièrement tombée désormais, mais la Lune éclairait leur chemin. Ce dernier serait long, et le ménestrel ne leur permettait pas de se déplacer très rapidement. Néanmoins, ils progressaient d’un pas raisonnable compte tenu de la situation.

Soudain, un homme d’une haute stature se dressa sur leur chemin. Armé d’une épée courte, il les toisait l’œil mauvais. Une de ses jambes trainait lourdement et Alaric comprit que l’homme boitait. Un de nos adversaires de tout à l’heure. La bataille qui s’était déroulée quelques minutes plus tôt avait certainement aidé l’armoire à glace à sortir plus rapidement de son état comateux. Il devait être sacrément motivé pour les avoir poursuivis malgré tout, et se dévoiler à eux de cette manière. N’avait-il pas reçu une assez bonne leçon la première fois ?

Tous ses sens aux aguets, Alaric plissa les yeux pour observer les alentours de la ruelle. Il n’y distinguait pas grand-chose, si ce n’est deux ombres sur les côtés droits et gauches. Il ne pouvait reconnaître avec précision de quoi il s’agissait, mais il aurait parié sur des compagnons d’armes de leur adversaire.

- Vous voyez, grommela-t-il à l’intention d’Aénor, faut pas frapper ces gars. Après ils reviennent avec d’autres.

Il palpa sa dague acérée accrochée à sa ceinture. Il n’était toujours pas décidé à l’utiliser.

Voilà que les ennuis revenaient en force, sous la forme de trois soudards passablement avinés, puants et belliqueux. Les trois compères s’étaient figés, si Haral avait bien une dague sur lui il doutait de pouvoir s’en servir efficacement. Sa langue en revanche était toujours aussi affutée, même si la racaille du cru risquait de n’y rien comprendre.

    “Par tous les diables messire mais n’en avez vous donc jamais assez? Devrais-je me rendre aux confins du monde que vous me poursuivriez encore? Eh bien soit, j’admets avoir commis quelques erreurs et souillé vos oreilles de mes propos scandaleux, mais je ne vous laisserai point vous en prendre à mes acolytes! Ça non! Alors en garde messire et tachez de vous montrer à la hauteur de votre...hauteur.”

    Debout sur une jambe tandis que l’autre flageollait dangereusement sous son poids Haral se défit de son Luth et brandit sa dague devant lui en essayant de se donner un air menaçant. Les vapeurs d’alcool l’aidaient à réaliser ce magnifique coup de bluff car au fond de lui il était terrorisé et n’avait pas la moindre idée de la manière dont il devait s’y prendre pour se défaire d’un tel morceau.

    “Ah! Mais voilà que vous hésitez messire! Couard que vous êtes! Sachez que je n’aurais aucune hésitation à vous estourbir et m’asseoir sur votre carcasse fumante en guise de triomphe!”

    Le barde se tourna ensuite vers les autres, une lueur de panique dans le regard, comme s’il avait du mal à réaliser ce qu’il venait de faire. Encore une fois.

A peine eurent-ils le temps de souffler que les villageois étaient de nouveau à leur trousse. Mais qu’avaient-ils tous ce soir à vouloir se prouver quelques choses, que ce soit en aidant quelqu’un, en buvant plus que raison et voir frapper celui qui les avait insulter.
Pour ne rien arrangé le barde en faisait toujours des siennes, provoquant encore plus les soulards. Les invitant même à venir se battre.

Exaspérée elle sortit de nouveau son épée, priant pour qu’ils se découragent à l’idée d’une blessure profonde nécessitant des soins au temple. Mais ce ne fut encore une fois as ce qu’il se produisit. La ville entière était devenue folle, comme sous l’emprise d’un quelque chose qui n’affectait pas le Milicien et elle.

La mercenaire rengaina son épée, les poings devraient suffire. Elle aurait préféré que chacun d’eux prennent un adversaire, mais il ne fallait pas compter sur le barde qui les avait regarder paniqué peut être avoir provoqué ses adversaires.

Aénor regarda le Milicien, se demandant ce qu’il voudrait faire pour faire disparaitre le soucis. Elle aperçut une petite ruelle à une vingtaine de mètre en courbe. Peut être qu’ils pourraient s’y cacher pendant qu’elle entrainait les derniers « courageux » à leur poursuite, loin de leur position. Ainsi ils pourraient partir au temple pour qu’il se fasse soigner et ça en serait finit. Aénor n’aurait qu’à courir rapidement pour semer ses adversaires et ne plus jamais les revoir, l’alcool effaceraient leurs visages d’ici deux trois jours.

Il était temps d’exposer son idée.

« Il y a une ruelle à quelques pas, cacher par la courbure de la rue, rendez s’y vous et cacher vous, je vais les attiré loin. »

Elle se tenait prête à agir.

Le ménestrel n’en finissait pas de provoquer leurs adversaires. Alaric hésita un bref instant à l’assommer. Peut-être leurs ennemis lui en seraient-ils reconnaissants, son geste mettrait tout le monde d’accord et tous repartiraient tranquillement dans leurs quartiers. Il soupira. Il aimait se bercer d’utopies, quelques fois.

Voila que le barde se défaisait de son luth pour empoigner une arme moins poétique et plus tranchante. Tremblant de peur et flageolant sous les effluves de l’alcool, Haral se tenait le plus droit possible. Alaric ne savait pas s’il devait applaudir le courage de l’homme ou pleurer sur sa bêtise. Il croisa le regard paniqué de son compagnon et sut qu’il n’allait pas le congratuler. Cet homme était-il capable de prendre une seule bonne décision ? Au moins cette soirée, ne serait-ce pas trop demandé ?

Aénor avait repéré une ruelle étroite sur leur droite, invisible des saoulards. L’héroïsme guidait toujours ses actes, à cette bonne femme. Mais son idée ne pourrait fonctionner, ils étaient déjà découverts.

- Ils sont en face de nous, ils savent qu’on est là. Ils ne voient pas la rue, mais ils verront la direction que l’on prendra. Il leur sera facile de nous débusquer. Et puis, rien ne les empêche de se diviser en deux groupes.

L’homme à la jambe maladroite se traina vers eux, une arme menaçante entre ses mains calleuses. Le milicien réfléchissait, mais la stratégie n’était pas son fort. Que savait-il faire ? Il sourit.

- Mais ton idée d’attirer leur attention n’est pas mauvaise. Toi, Haral, continue de leur parler.

Il avait déjà fait ça auparavant et son idée avait fonctionné.

Alaric testa les constructions qui les entouraient et repéra une maison faite de pierre, garnie d’appuis de fenêtres plus larges. En quelques enjambées et prises bien placées, il se hissa sur un toit de tuiles branlantes. De sa position précaire, il balaya toute la scène de ses yeux bleus. L’un des hommes l’avait suivi du regard, mais il se révélait incapable de le poursuivre là-haut ; il avait déjà assez donné en début de soirée. Le « chef » serait aux prises avec la mercenaire d’ici quelques secondes. Le dernier des trois comparses était appuyé nonchalamment contre un mur, bras croisés, les yeux rivés sur la scène qui s’apprêtait à se dérouler. Il serait sa première cible. Ni une, ni deux, Alaric se lança dans le vide… et atterrit lourdement sur le saoulard choisi. Ils roulèrent tous les deux un moment, luttant au sol comme des acharnés. Le jeune homme passa une de ses jambes sur le torse de son adversaire, l’empêchant de contre-attaquer et attrapa ses mains afin de lui faire une gentille clef de bras. Un os craqua, Alaric grimaça, mais lui emprisonna les deux mains dans le dos. Dans un grognement rageur, il le força à se relever avec lui.

Maintenant, il fallait voir comment se débrouillaient ses deux compagnons de fortune.

L’idée de la ruelle tombait à l’eau, fuir au nez et à la barde de ces malandrins n’était pas l’idée du siècle, surtout avec une jambe incertaine. Aussi désigna-t-on le barde pour faire diversion, lui qui venait de mettre les nerfs de ces gens à vif, nul doute qu’il aurait toute leur attention. Ou pas…

    Haral se retourna vers ses assaillants et décida de ranger son arme, aussi insignifiante soit-elle, et de se munir à nouveau de son précieux Luth, espérant secrètement que ces brutes aient des scrupules à fracasser homme équipé d’un aussi bel instrument. Il s’avança d’une démarche flageolante pour tenter une fois de plus de réparer sa bourde.

    “Je...Je pense m’être emporté messire, pour cela je vous présente mes plus plates excuses, sachez que vous n’êtes point un couard et que je le crierai haut et fort sur tous les toits s’il le faut. Mieux encore messire j’écrirai poèmes et chansons à votre gloire! Litanies que je ne manquerai de jouer lorsque j’écumerai auberges et tavernes, je ferai de vous une icône messire! Que dis-je une légende vivante, vous serez l’égal d’un Dieu! Imaginez messire comme les donzelles et les ribaudes se battront pour jouir de vos charmes et de vos largesses, car je ne vous l’ai pas encore dit mais vous serez également riche messire! Plus riche qu’un seigneur ou qu’un roi! Pour cela il suffit simplement que nous nous quittions céans en bons termes et je m’occuperai dès demain d’écrire les pages de votre extraordinaire histoire messire! Qu’en dites-vous?”

    C’est ce moment qu’Alaric choisit pour tomber sur le troisième larron et tenter de lui briser le bras, au temps pour la finesse, le gros allait sûrement réduire Haral en miettes et lui carrer son Luth au passage, pas sûr que ça produise de jolis sons mais rendu là le barde ne s’en soucierait plus vraiment.

    Il se tourna vers Aénor pour jauger sa réaction tandis que le plus grand des trois brigands s’avançait en faisant craquer ses phalanges, visiblement trop alcoolisé pour parler il se contenterait de taper pour ce soir.

Alaric raffermit sa prise sur les mains endolories du gaillard, tandis qu’il dévisageait la mercenaire. Elle avait assommé son adversaire, une bonne nouvelle. Il sourit, satisfait, puis reporta son attention sur le barde. Haral s’acquittait de sa tâche merveilleusement bien. Les mots, c’était son truc, on ne pouvait le lui reprocher. C’était plutôt amusant de se battre sur un fond aussi mélodieux. La scène dénotait, ce qui donnait un contraste certainement comique et divertissant, pour quelqu’un qui aurait assisté à leurs mésaventures.

Le dernier des saoulards était hésitant. Il aurait voulu prendre sa revanche également, mais il se sentait désormais dans une mauvaise posture, inférieur. Alaric poussa son prisonnier devant lui et se dirigea vers ses compagnons. Il fixait avec intensité le survivant qui se tortillait les doigts, mal à l’aise.

- Sache que ces deux là vont passer là nuit au cachot. Dégage si tu ne veux pas subir le même sort.

L’homme ne se le fit pas dire deux fois et fit demi-tour précipitamment dans un enchevêtrement de jambes maladroites. L’alcool et la paniquait le contrôlaient et l’homme s’écroula de tout son long sur le sol nauséabond de la ruelle. Le milicien ricana, mais n’y prêta plus attention. Il le vit ramper sur quelques mètres, avant de parvenir à se relever et filer le plus vite qu’il le pouvait.

- Je vais l’emmener. L’autre est inconscient, s’il est toujours là, je viendrai le chercher plus tard.

Il n’y avait pas trente-six solutions : il devait agir en tant que milicien et prouver qu’il ne plaisantait pas avec les idiots du Goulot. Peut-être se ferait-il une renommée de salopard, mais il se devait d’agir pour le bien de Marbrume. Ce qui l’énervait le plus, c’était d’être obligé de faire confiance à Aénor. Certes, elle avait démontré tout son courage, sa dextérité à l’épée et… Son altruisme ? Le problème, c’est qu’Alaric ne pouvait s’empêcher de douter de cette fille. Pourtant, comment aurait-elle pu lui démontrer encore plus sa bonne foi ? Il soupira et s’adressa à elle dans une voix qui se voulait autoritaire.

- Pendant que je m’occupe de celui-là, dit-il en tortillant un peu plus le poignet de sa victime- qui échappa un grognement haineux – peux-tu accompagner Haral au Temple ?

Il adressa un bref signe au ménestrel.

- Vous êtes doués avec un luth. Cantonnez-vous à cette seule occupation, à l’avenir ! sourit-il avant de leur tourner le dos.

Tout en maitrisant le bagarreur, il fit chemin vers les cachots.


Hrp : loin de moi l'idée d'arrêter le rp, mais c'était la décision la plus logique pour Alaric. Je verrai si je participe toujours en fonction de vos réponses !

“Vous êtes doués avec un luth. Cantonnez-vous à cette seule occupation, à l’avenir ! sourit-il avant de leur tourner le dos.”

    “Ma foi messire, je pense éviter à l’avenir de m’aventurer dans de tels extrêmes, pas que ça ne soit pas divertissant, ça non, j’en tirerai probablement d'exquises chansons mais j’avoue préférer la sécurité des tavernes aux affres des combats de rues. Sachez également messire que l’on ne me reprendra plus à boire plus que de raison. Quoi qu’il en soit je vous remercie pour votre aide salutaire, vous avez ma gratitude éternelle et soyez assuré que je chanterai vos exploits aussi longtemps que je vivrai!”

    Tout est bien qui finit bien, du moins pour l’instant sa dignité et son honneur étaient saufs ou presque et leurs agresseurs hors d’état de nuire, avec un peu de chance ils finiraient par arriver au temple en vie et cette soirée pourrait retourner à ce qu’elle était réellement, un très mauvais souvenir. Tandis que le milicien emportait son fardeau - puant et maugréant - aux cachots, le barde et la mercenaire contemplaient la ruelle vide en savourant le silence et le calme.

    “Eh bien Milady je dois dire que vous savez y faire avec ces malandrins, fichtre quelle fougue! J’en suis sans voix, ou presque, car je ne serais naturellement pas moi-même si je ne pouvais parler. Sachez que je vous suis extrêmement reconnaissant des efforts que vous avez déployés ce soir ma mie et après une brève escorte jusqu’au temple je tâcherai de me débrouiller par moi-même et je vous libérerai de vos obligations!”

    En espérant que tout se passe bien, cette soirée avait connu plus que sa part d’agitation, un peu de calme serait le bienvenu avant de trouver du réconfort au Temple. Il réfléchirait ensuite aux enseignements à tirer de toute cette histoire, malgré sa fierté il reconnaissait avoir dépassé les bornes, et pas qu’une fois.

Hrp:

     “Ah et quelle chanson ce sera ma mie! Quelle chanson! Ayez assez foi en moi gente dame pour croire que je saurais y insuffler ce souffle épique et magistral, ce frisson qui nous a animé en ce jour singulier. J’y chanterai en tous cas vos louanges sachez le!”

    Les rues étaient calmes et désertes et grâce au soutien de la mercenaire le trajet fut de courte durée, pas réellement paisible car marcher lui était encore douloureux mais au moins sans embûches ni clochards avinés. Le temple pointait le bout de son nez, et avec lui la promesse de soins et de repos bien mérités. Enfin tout ce cirque pourrait s’arrêter et il serait temps de panser les plaies et penser à l’avenir.

    “Eh bien gente dame nous voilà au terme de notre périple, et quel périple! Mes aïeux si je me souviens ne serait-ce que de la moitié de tout ça demain matin j’aurais de quoi composer pendant des semaines! Mais pour l'instant l’heure est venue de me faire oublier un tant soit peu, si ces soudards ont eux aussi ne serait-ce que le moindre petit souvenir au matin ils n’auront de cesse de ratisser la ville pour me traquer et m’estourbir. Sachez que j’y tiens peu, et que je vous rendrais peu honneur en me faisant équarrir bêtement après tous les efforts que vous avez, héroïquement, déployés!”

    Quelqu’un s’agitait à la porte d’un dispensaire et s’avança vers eux en apercevant sa démarche claudiquante, c’est qu’en plus d’être dévots ils étaient rapides les bougres!

    “Milady. Vous et le milicien avez mon entière et éternelle gratitude soyez-en certaine, peut-être que dans d’autres circonstances pourrions-nous simplement nous amuser plutôt que de courir pour nos vies? Je le souhaite en tous cas et vous salue bien bas ma mie. J’espère que nos chemins se recroiseront!”

    Déjà la guérisseuse s’activait pour l’aider à marcher et l’entraîner à l’intérieur, Haral ne put s'empêcher de la trouver à son goût et imaginait déjà la ritournelle qu’il pourrait lui chanter.

    “Ah mais bien le bonjour ma mie. Devinerez vous quelles folles aventures me sont arrivées en cette nuit de toutes les nuits? Je ne sais par où commencer…”

Spoiler: