[Event] Du Pain et des Jeux - Partie Marbrume [Scène finale, équipe 1 et 2][Clôturé]

L'on pouvait penser, et ç'aurait été juste, que ce qui motivait les participants à une telle chasse, dès lors que les gains étaient annoncés par avance, c'était l'appât du gain. Et il était vrai que pour être sûr qu'il y ait un maximum de candidats, l'on prévoyait à l'avance des gains cossus, voire presque indécents. C'était quelque chose de logique, et pourtant les têtes dirigeantes du duché avaient été loin de la déraison. Tous avaient puisé dans leurs coffres, pour fournir des gains satisfaisants. Sauf Théodemar Ecuviel, qui n'avait guère eu son mot à dire. Les surprises, tout le monde les attendait. Qui allait découvrir le trésor en premier ? Quels stratagèmes emploieraient-ils ? Quelles seraient – pour ceux qui ne le savaient pas – les récompenses ? Mais certaines étaient parfaitement inattendues. Kira de Terresang avait déjà asséné un premier coup à la foule, en refusant tout net sa récompense. Pourtant, qui étaient les nobles qui crachaient sur un peu de richesse, ou d'influence en plus ? C'était impensable. Honorable certes, quoi que cela pouvait cacher quelqu'autre dessein, mais tout de même louable. D'autant plus en cette période délicate. Mais que le Baron de Sombrebois s'y mette également… L'on savait pourtant la situation précaire dans laquelle son domaine se trouvait, loin au sud. De la nourriture, ou même de l'or, auraient pu grandement l'aider !

Peut-être la noblesse voulait-elle afficher une apparence altruiste, et montrer au peuple, duquel elle s'était de plus en plus éloignée, que les gains étaient plus profitables au peuple qu'à eux. C'était une très noble attention, quand bien même celle-ci pouvait avoir des buts purement politiques. La chasse en elle-même était politisée, ayant permis au peuple de renouer un contact direct avec leur seigneur. Malgré tout, c'était une surprise pour tout le monde.

Mais qu'un milicien sans rang dénigre également le gain colossal qui s'offrait à lui, pour finalement en faire don à ses coéquipiers… Tout le monde resta coi, guère capable de dire quoi que ce soit. L'on avait des choses à reprocher à la milice, comme aux nobles. Trop de distance pour les uns, une perte du sens des réalités, des privilèges qui les poussaient à ignorer la réalité et la dureté du monde extérieur. Pour les soldats, leurs manières brutales, les abus incessants de pouvoir. Garants de l'ordre, un certain nombre se permettait au nom de ce dernier de faire n'importe quoi, avec n'importe qui. Mais là… Comment pourrait-on lui reprocher quoi que ce fût ?

Le fils du Duc était un des premiers surpris à vrai dire, et cela se voyait à son expression. Bien qu'il gardât contenance devant la foule, ses lèvres légèrement entrouvertes et ses sourcils très légèrement recourbés et haussés indiquaient bien qu'il ne s'attendait pas à des réponses de cet acabit. Personne, à dire vrai, ne s'y attendait. Cela n'était encore jamais arrivé. Et pourtant, les années passées, que dire, si ce n'était que la situation était bien plus idyllique qu'elle ne l'était aujourd'hui ? Pas ou peu de famine, un monde ouvert au commerce et aux échanges, une monnaie qui circulait ainsi bien plus aisément… Et pourtant les gains étaient convoités. Fortement.

Levant un bras, attendant quelques minutes avant de distribuer les récompenses qui avaient été réclamées par l'équipe finaliste, il esquissa un sourire, et embrassa la foule du regard. Il observa un moment les chasseurs, puis son attention s'en retourna vers les Marbrumeux.

« Voyez, chers sujets. Qu'il s'agisse d'hommes et de femmes de noble ascendance, ou bien de fiers soldats défendant notre cité au péril de leur vie, il n'y a, face aux épreuves des Dieux, guère de différence. Ce qui les a mené à la victoire, ou proche de celle-ci, c'est avant tout l'unité. Une alliance solide, entre personnes qui pourtant diffèrent en tout. Et malgré ces différences, ils ont gagné, ou ont, pour certains, quasiment atteint leur but. Et c'est peut-être ici que se trouve notre gain le plus important, messieurs dames. Dans l'union, l'abnégation et la volonté d'atteindre un objectif, sans regard vers la rétribution que l'on pourrait en tirer. »

Il fit une brève pause, observant Kira et Hector, puis Séraphin.

« Ils nous donnent, reprit-il en les désignant de la main, l'illustration de la marche à suivre. Qu'il s'agisse de nos vies, ou encore de notre survie à tous, c'est unis, et tournés vers un même objectif que nous y parviendrons. Et ce, peu importe la richesse que nous en tirerons. Nous devons avancer, et vous devez avoir foi en ceux qui vous guident, les suivre et aller dans leur direction pour atteindre votre objectif. »

Ce bref discours enflamma la foule. Elle applaudit vivement, que ce fût pour le discours de Vincent de Sylvrur, ou encore pour les altruistes qui avaient refusé leur part, ou l'avaient cédé à d'autres. Pour autant, les autres n'avaient pas à se sentir coupable de l'accepter. Le besoin était partout, poignant, et il était bon de s'offrir un peu de répit, qu'il s'agisse de nourriture ou de simples richesses. Autant de refus, c'était tout simplement inattendu.

« Madame Manceau, monsieur Gallagher. Au vu des divers refus, vous êtes les deux seuls qui empocherez la récompense… Qui sera donc de six mois de vivres pour chacun. Vous appartenez tous deux à la même compagnie, ce me semble. Il m'apparaît alors certain que vous ferez bon usage de ce don.  Des soldats vous accompagneront avec les chargements, vous leur indiquerez la route. Encore mes félicitations, vous tous. »

Après une énième salve d'applaudissements, le jeune duc leva la main pour quérir l'attention. Pendant qu'il soulevait la fierté dans le coeur du peuple et le galvanisait de ses mots solidaires et encourageants, l'un des hommes de main qui l'avaient accompagné s'était rapproché de lui, et lui avait murmuré quelques mots à l'oreille. Derrière les participants, vers le fond de l'Estrade, se trouvait un petit coffre, de quelques coudées de long, soigneusement fermé.

« Puisque cette chasse est désormais terminée, et que les récompenses sont attribuées… Il est temps d'honorer la tradition. Que les gagnants s'avancent vers moi, s'il vous plaît. »

Lui-même se dirigea vers le coffre, et détacha la clé de la ceinture qui maintenait ses chausses en place. Une large clé dorée, qui fut promptement insérée dans la serrure, puis laissée en suspens.

« Chaque année, la tradition est la même. A l'issue de nos jeux d'été, les hommes et femmes qui, à la fin de cette période de célébration, seront jugés dignes, recevront l'Ecaille d'Anür, prestigieux trophée qui marque votre foi en nos Dieux, et plus particulièrement en notre déesse.  La voici pour vous ! »

Il ouvrit donc le coffre, et en sortit le trophée tant convoité. Fait d'if, il faisait la taille d'une main d'homme grande ouverte. Le bois était taillé en forme d'écaille de poisson, soigneusement poli, et recouvert d'une fine mais brillante feuille d'or. A sa surface des stries avaient été gravées pour rappeler les motifs irisés que certains poissons arboraient sur leurs écailles. Il en allait de même pour les sirènes. Et par dessus l'arrondi de l'écaille, alors que sa pointe était fichée dans un socle de bois sombre, de l'ébène probablement, avait été fixée une étoile d'argent damasquinée et savamment travaillée. L'on aurait pu croire que ce trophée coûtait cher, mais c'était faux. Les ifs étaient légion dans la région, et il y avait trop peu de métaux précieux pour en tirer un quelconque profit. En revanche, la valeur symbolique et spirituelle de l'objet, elle, était inestimable et à la hauteur de la victoire des participants. Et espérait-on, de leur foi.

Lorsque les quatre membres de l'équipe furent alignés, le jeune duc prit avec précautions les trophée, et les leur remit un à un, en les saluant encore une fois pour leur esprit d'équipe, leur intelligence et leur persévérance. Mauvaise idée de leur part de refuser un tel présent, cela dit. Un cadeau que l'on prenait pour une véritable écaille de la déesse aurait été un blasphème en sus d'une grande marque d'irrespect.

Lorsque les dons furent fait, il s'en retourna à l'avant de l'estrade et écarta les bras, en une dernière salutation à la masse qui s'étendait non loin.

« Marbrumeux, marbrumeuses. Cette chasse au trésor et ces jeux ferment désormais leurs portes. Profitez encore de la nuit qui s'annonce, honorez les Dieux, votre famille, vos amis et amants. Chantez, riez, que de leurs royaumes insondables, les Trois puissent percevoir le brasier ardent de la vie qui coule encore en nous. Longue vie aux Trois, longue vie à Marbrume ! »

Il s'inclina alors que la foule applaudissait avec puissance, répétant les derniers mots de l'héritier. Concernant le contact avec la foule, il n'avait rien à envier à son père, et laisserait cet été, et les jours qui suivraient ensuite, une forte impression parmi la population, tout comme les participants qui avaient été à ses côtés durant la cérémonie.

Citation :

Et voilà mes amis, c'était l'ultime message de cette chasse au trésor. Félicitations à vous tous, premièrement pour avoir participé durant ces quatre mois, et ensuite pour votre motivation et vos idées.

Concernant les gagnants, ce trophée vous met dans le panthéon des vainqueurs des jeux, si vous l'avez avec vous, il est facilement reconnaissable, n'importe qui pourra en déduire que vous avez, en 1165, gagné les jeux d'été. Pour les autres… Vous serez vous aussi reconnus, tous les pnj que vous avez croisé se souviendront de vous, en bien ou en mal selon le traitement que vous leur avez réservé.

En attendant, je vous souhaite un bon été 1165, et je vous dis au revoir, ce fut un plaisir de jouer avec vous et de vous Mjiter !

Aigue-Marine & Entropie.