La petite souris sort de son trou [PV Victor de Rougelac]

Contenter les marmots n'était pas sans intérêt. Nourriture et boisson à profusion, qu'important pour la sang mêler du moment que la petite Alix se mettait "à table en quelque soirte". Et finalement, la patience et le sang froid du Comte semblait payer à mesure que le festin se faisait dévorer par ses trois estomac affamés. La petite Alix, après avoir tenue assistance à la petite Leanne, se rapprocha du siège de son hôte, imitant avec sérieux un adulte en pleine discussion. Ça en était presque amusant. Mais indéniablement au vu de la situation elle était bien plus mur qu'elle aurait dû l'être à son âge.

Alors que Victor se servait une coupe de cidre, pour faire bonne figure, il observa la petite souris s'accouder avant du commencer à se dévoiler. Bon, rien de bien détaillé pour l'heure mais Victor allait évidemment chercher à en savoir plus. Il la laissa céder à la tentation des riavoli puis lorsqu'elle acheva d'engloûtir l'aliment, l'homme de sans noble renchaina, imita la demoiselle en s'accoudant.

- Hmmm... c'est bien intéressant tout ça. Les catins sont souvent dans la confiée de leur clients et tes amis, les enfants des rues doivent fournir bien des renseignements. Pourrais-je te demander mon beau petit ange, de mémoriser toute chose interessante que tu entend, disons, une fois par semaine, autour d'un bon repas comme celui ci. Et plus il y aura de quoi nourrir mon intérêt plus la table sera garni de tour ce dont tu rêve, toi et tes proches.

N'était ce point tentant. Par contre, cela voulait également dire que si elle ne lui portait pas satisfaction le festin ne serait pas au rendez-vous. Il la laissa reprendre ce qu'elle désirait sur la table avant de reprendre d'un ton toujours avenant.

- Garde une place pour le dessert mon petit ange. Sinon dit moi, ces gens le barde, la bourgeois et le scientifique, saurais tu te rappeler de leur nom? Pour t'en souvenir, tu as du en apprendre des choses surprenant, dit moi?

Il n'y avait pas de raison qu'elle ne morde pas à l'hâme con. En tour cas, il dessinait les contours de son projet. Et cela ne faisait que commencer.

La fillette tourna la tête de droite à gauche, s'agitant un peu sur la chaise rembourré de plume. Sincèrement, elle n'en croyait pas ses oreilles.
Avoir droit à un tel festin pour de simples informations lui semblait parfaitement surréaliste ; mais évidemment, ce ne serait pas elle qui oserait remettre en question une telle générosité. Alix se sentait légère, gaie, remplie d'optimisme. Et très détendue.

Un grand sourire vague aux lèvres, l'enfant s’avachit sur la table, reprit une gorgée de ce cidre si fort, mais si délicieux à son palais peu exigeant, et se mit à se gratter la tête, extirpant un pou qu'elle jeta par terre sans y penser.
Ce n'était pas facile de se rappeler de tout. Ses pensées s'étaient un peu embrumées ; mais soudain, à force de réflexion, elle hocha la tête.

- "Je me souviens plus de leur noms, mais je sais que la bourgeoise, elle cherchait des morceaux de fangeux pour ses expériences. Moi, j'voulais lui vendre, parce que... Ben, ça peut faire de l'argent. Le barde, je sais pas trop ce qu'il faisait en dehors des murs d'la cité, mais je me souviens que ça m'avait impressionné, qu'on ose faire des expériences. Moi, j'aurai peur que les fangeux se réveillent à l'intérieur des murs."

La petite fille promena son regard sur la tablée, esquissant une moue tendre en voyant Pyô commencer à s'endormir près de son assiette.

- "Est-ce qu'on peut prendre le dessert dans un sac, m'sire ? On va rentrer à la maison, on est fatigué, maintenant. On a not'maison, à nous, à nous, v'savez !"

Bon, la petite Alix commençait à parler et ces informations semblaient intéressante, certes pas en liens avec ses intérêts mais Victor de Rougelac était un homme curieux qui pouvait profiter de toute situation, même la plus improbable.

- Hmmm... intéressant. Cherche à en savoir d'avantage sur ces deux personnes là. Leurs noms et ce qu'ils font exactement. Et je te demanderais également de surveiller ce qu'il se passe au sein de la Milice si tu as quelques connaissances. Mais... chuttte ne parle jamais de moi d'accord? Si tu te fais attraper, je saurais te sortir d'affaire à ma manière.

Le petit Pyô s'était endormi et Alix cherchait le moyen de quitter les lieux, prenant ce prétexte.

- Tututu, voyons... tu n'es pas sérieuse petite souris ? Regarde comme il dort ? Vous allez au moins rester là pour la nuit et toi dès demain matin tu te mettra à l'oeuvre tandis qu'on s'occupera de ramener ton frère et ta soeur? Entendu? Allez prend ce bout de tarte.

Il n'allait pas laisser filer les garnements sans qu'elle se mette à l'ouvrage et uniquement lorsqu'il serait sûre qu'elle se serait suffisemment englué dans sa toile, il relacherait sà pression sur ce qui lui était le plus cher.

Intéressant. Malgré son ivresse naissante, l'enfant avait conscience qu'un noble pouvait faire de grandes choses, avec des informations utiles. Elle lui servirait d'espionne pour payer sa dette, mais Alix n'avait pas encore pris conscience véritablement de l'engrenage dans lequel elle venait de mettre le doigt.
Alors se gratta un peu les cheveux, hochant la tête aux demandes du seigneur, non sans une grimace de gêne et d'un brusque embarras en l'entendant parler de milice.

A nouveau, l'enfant but une gorgée de cidre, pour se donner chaud au ventre, avant de renifler fort peu élégamment.

- "Avoir des renseignements sur la milice, ça coûte cher, m'sire. Et pis on peut s'faire pendre... si on est découvert. La scientifique, j'veux bien, même les autres nobles... J'veux dire, si j'arrive à m'faire embaucher, j'vous promets... j'découvrirais leurs petits secrets. Mais pas la milice. Y sont trop dangereux, m'sire. En plus, y z'aiment pas les gamins comme moi."

Elle ne sentait pas bien, pas bien du tout. Son estomac semblait tout retourné, et le monde commençait lentement à dériver devant ses yeux.

- "J'sais pas si vous saurez m'sortir d'affaire si j'dois être pendue. Mais si j'me fais attraper, j'raconterai tout, j'tiens à ma peau, moi."

Enfin, le Comte reprit la parole, et Alix plissa son front. Elle commençait à soupçonner quelque chose, une entourloupe du beau seigneur de loin son ainé. Et s'il ne ramenait pas les petits, qu'est-ce qui l'en empêchait ? Il pouvait même les garder indéfiniment, en l'obligeant à travailler pour lui sans aucune contrepartie - à sa place, c'était ce qu'elle ferait, pour s'assurer de la loyauté indéfectible des filles comme elle, qu'avait aucun honneur, ni pouvoir. Parce qu'elle aurait bien du mal à répliquer.

- "J'veux... j'veux pas de tarte. J'aimerai prendre chez moi, et mes frères et soeurs avec moi. On..."

Sa voix devenait drôlement pâteuse.

- "On veut rentrer. J'travaillerai, j'viendrais vous dire, quand j'aurais pour le barde et tout ça. Promis. Siouplait."

Son estomac devenait de plus en plus lourd, out tanguait, valsait devant ses yeux. L'enfant tenta de fermer les yeux et de poser sa tête sur la table... encore vaguement consciente.

Non sans trahir ses manières de gens du bas peuple, Alix semblait prendre très au sérieux les demandes du sang bleu. L'accord verbal allait bientôt être prononcé, le Comte posant ses conditions. Comme toujours, lorsqu'il s'agissait de négocier, il fallait bien évidemment mettre sur la table plus que l'on pouvait espérer, c'était la base même! Tout semblait convenir à la petite souris qui tout de même émettait une réserve, même un refus au sujet de la milice, elle avait bien peur de se faire prendre et ce n'était que trop logique. Malgré la grimace de façade de Victor, intérieurement il était clairement satisfait par ce compromis qui satisfaisait chacune des deux parties.

- Bien... bien... oublions la milice. mais si d'aventure tu avait de quelconques informations, fait moi en part.

C'est alors que la petite fillette de 8 ans ne semblait pas dupe du petit jeu de son vis à vis concernant l'hospitalité proposé à son frère et sa sœur. Elle ne semblait pas si idiote que cela et sentait le piège, mieux valait pour de Rougelac à faire machine arrière sur ce sujet.

- Bien, d'accord, tu repartira avec les tiens.

Mais une rapide observation de la fillette et Victor comprit qu'il ne fallait pas les laisser quitter son Manoir ce soir. Elle semblait ivre et fatiguée, impossible de les laisser dehors. Le sang bleu se redressa pour venir caresser tendrement la crinière d'Alix qui venait de poser sa tête sur la table.

- Pour cette nuit, fait moi le plaisir d'accepter mon hospitalité. Tu pourra repartir avec Leanna et Yvo, demain à la rosée. Tu n'est plus en état d'arpenté les rues, que ce soit de jour ou de nuit. Il est temps d'aller dormir

Il redressa le menton, captant l'attention d'un domestique.

- Préparez l'une des chambre d'ami et installez les. Ils pourront quitter demain la propriété quand bon leur semblera. Préparez tout de même quelques récipient si d'aventure leur estomac ne tenait pas le coup...