Débat en eaux troubles [Libre, Sam et Danaë]

De son index, elle traça à la surface de l'eau une spirale pendant quelques minutes, produisant un mini vortex. L'effet obtenu était plus impressionnant quand le bras était entièrement immergé effectuait des rotations frénétiques, mais Talya n’était pas assez démonstrative pour se faire remarquer de la sorte. En outre, son petit cataclysme lui plaisait déjà fortement. Elle n'avait jamais vu tel phénomène se produire, n'ayant jamais navigué et pour tout dire, rarement observé la mer. C'était l'apanage des prêtres d'Anür, de prédire les humeurs de la déesse principale de la Trinité en observant le nombres d'oiseaux migrateurs ou la quantité d'écume aux rivages. Un maelström serait assurément l'expression immédiate de l’ire divine, mais celui provoqué par la prêtresse n'était que celle de sa patience mise à l'épreuve.

Le couvre-feu avait eu raison de sa témérité nocturne, mais ronger son frein l'avait passablement lassée. Pour remédier à cela, rien de tel que les thermes, mis à sa disposition à toute heure, ce qui n'était pas le cas des civils qui avaient encore peu de temps pour se prélasser.
Mais aujourd'hui, elle avait été déchargée plus tôt que prévu et n'aurait jamais repoussé sa visites aux thermes sous prétexte qu'ils étaient toujours accessibles au premier pécore venu. Après tout, elle n'était pas loin de se sentir comme la reine des abeilles dans cette partie du temple. Sa fierté et par dessus tout son manque de pudeur lui permettaient donc de pénétrer dans le bain mixte, non par préférence de sa fréquentation, mais par son envergure. Certes, les hommes s'exclamaient, riaient grassement et complotaient comme les femmes piaillaient, gloussaient et comméraient, mais il était plus difficile de tenir en retrait ces dernières. Être l'exception féminine et prêtresse de Rikni qui plus est, lui garantissait qu'on tienne ses distances au moins dans le bassin mixte. C'était peut être sans compter les insolents, les bravaches ou les naïfs. Mais ceux là appartenaient souvent au peuple, et depuis l'apparition de Fléau et des réfugiés au sein du temple, tous ne pouvaient pas pénétrer  à leur bon vouloir aux lieux d'ablutions. Des quotas qui, bien que généreux, trouvaient tout leur sens quand on voyait la foule noire perpétuellement vissée au parvis de l'édifice. Ainsi, se permettre d'aborder une servante de Rikni en repos en ces temps affligés sous le toit même de la demeure de la Trinité était communément considérée comme leur faire affront, et bien que la punition devait sûrement être minime comparée aux Fangeux, peu iraient la tenter.
Tant bien même ils oseraient, l'apparition de la prêtresse demeurait brève à chacune de ses visites : la première fois qu'elle utilisait les thermes avait été la seule bonne fois où elle avait usé et abusé de la chaleur de l'eau, désireuse de la pureté qu'on était censé retirer de la toilette. La sensation d’exemption avait très vite tourné au malaise et aux sueurs froides pendant quelques jours, et sa naïveté fut mise définitivement au pilori en même temps que les frissons et hauts-le-coeur.

Sa carnation devait sans doute lui offrir un visage rouge à souhait, perlé de gouttes de sueur et d’humidité que la prêtresse chassait environ toutes les deux minutes d'un revers de main têtu. La nature semblait se contrecarrer de l’insoumission de son poignet et trempée demeurait Talya, immergée ou non. La coiffure autrefois proprement tressée s'était échevelée au grand damn de sa détentrice, qui se voyait dotée d’une myriade tentacules châtains ondulant dans son dos et sur sa tempe.

Bien mis en évidence, le sigle riknien attestait de sa foi en la Trinité. Porté en sautoir, il avait accessoirement une fâcheuse tendance à faire loucher ses interlocuteurs sur ses proches voisins du dessous.
Fort heureusement, la jeune femme avait déployé des trésors d'ergonomie, et sa nudité apparente était toujours dissimulée d'une manière ou d'une autre aux endroits propices.

Talya de Haldonores était ainsi: amusée mais austère, entreprenante mais mesurée, réaliste et illuminée, les deux faces d'une pièce de bronze délaissée au fond d'une bourse amaigrie qu’était sa maisonnée.

Tiens, c’était d’ailleurs la cause de sa sérénité mise à mal : l’union de sa soeur aînée au Vicomte de Terresang avait un air de vaste blague, et de très mauvais goût qui plus est. Les langues jasaient de bon train, comme à chaque mariage noble un peu tardif. La pérennité du mariage n’aurait rien eu à craindre des ragots en somme, sauf que Talya n’était pas dupe. Même séparée de sa soeur par toutes les barrières possibles, l’une et l’autre se connaissaient physiquement sur le bout des doigts : gestuelle, démarche, intonations, le panel des inclinaisons du corps y passait. Seules leurs pensées demeuraient mutuellement incompréhensibles. Et ça n’avait pas loupé : il avait suffit à la prêtresse d’assister à la cérémonie pour sonder en la mariée un profond trouble. Son partenaire n’était pas en reste, et il était devenu clair pour elle que ce mariage serait instable au mieux. Il était trop tôt pour redouter le pire, et bien trop tard pour défaire le devenir de la maison des Haldonores absorbée par celle des Terresang.

Du plat de la main, la jeune femme balaya rageusement le vortex, encore plongée dans ses sombres contemplations. Perdre ainsi ses moyens était un spectacle rarement offert, mais elle ne s’attendait pas à de l’assistance à cette heure-ci.

Enfin un bain, cela faisait un moment que je n'en avais pas pris de vrai. Au moins une semaine, voir deux. D'habitude je me lavais avec un sceau d'eau un peu sale et une serviette qui n'était plus toute jeune.

Mais là, j'avais obtenu mon autorisation de rentrer et j'avais même obtenu de pouvoir dormir dans le temple grâce à un des prêtre que j'avais soigné quelques semaines plus tôt ce qui faisait que je pouvais resté beaucoup plus tard que les autres personnes issues du peuple.

"Aaaaaaah... un jour comme je les aime"

Le bain mixte était assez rempli et je voyais bien que le regard de beaucoup d'homme était tourné vers ma personne, ce qui était plutôt logique dans la mesure où la nature avait décidé que je ne devais plus voir mes pieds si je penchais la tête.

Mais je m'en fichais complètement, j'était béate, tranquille dans l'eau presque endormie. Je vis à l'autre bout le pièce des grattoirs en bois pour se gratter le dos. Je commençais à sortir de l'eau quand je pris sans raison et retomba dans l'eau comme une idiote en poussant un petit "ah" à la fois mignon et complètement ridicule.

J'éclaboussa au passage une prêtresse que se reposait ici.

"Euh, pardon masseur... euh, ma soeur"

La réaction de la prêtresse se fit attendre. A proprement abasourdie par ce qui venait de lui tomber dessus, son esprit passait la cinématique des dernières secondes en boucle.Tourbillon. Soeur. Frustration. Eclaboussure. Intrus. Intruse, vu l’imposante poitrine qui qui regardait de haut la prêtresse désormais trempée et stupéfaite. Il lui fallut encore une ou deux secondes pour comprendre que la voix féminine ne venait pas du giron qui l’inquiétait presque de son indécence, mais de sa propriétaire. Tanya se permit de grimacer, constatant que ladite indésirable était tout aussi modeste que sa gorge. Une crinière rougeâtre, qui n’était pas sans rappeler à Talya celle de sa soeur, un sourire béat que l’insolente voulait probablement courtois, que la prêtresse attribua à l’amabilité forcée propre aux imbéciles heureux en somme.

"Euh, pardon masseur... euh, ma soeur"

Elle faillit s’étouffer. Elle se foutait de sa gueule en plus. Ce n’était évidemment quelque chose que Talya ne pouvait pas répondre. De plus, une prêtresse ne beuglait point, pas plus qu’elle ne geingnait. A défaut, elle pouvait toujours s’indigner. Enfin, sermonner.
Raide, Talya se redressa, ayant repris contenance quand à la masse des mamelles faisant désormais face aux siennes, bien plus..humbles. Contrairement à sa soeur jumelle, la clerc n’avait jamais compté sur ses charmes physiques. Les raisons étant légion, et bien que compréhensibles, l’efficacité dans l’accomplissement de ses désirs et ambitions de Tanya reposait sur un autre genre d’intimidation.

« Clairement, l’on ne vous a pas assez vanté les mérites des thermes. Si c’était le cas, vous sauriez que leur fréquentation apporte propreté et sérénité à notre capitale, une vertu fort appréciable en ces temps de discorde. Je vous saurais donc gré de respecter à l’avenir le repos de chacun en ces lieux, sans quoi vous seriez exposée à des songes de notre bien aimée Rikni quelque peu..déplaisants. Vous n’êtes pas sans savoir sa patience, comme celle de ses serviteurs ici bas, a ses limites.»

Une admonestation sévère, clairement plus sentencieuse que celle que Talya prêchait aux fidèles lors de ses offices, mais qui avait le mérite de calmer ses nerfs remis à vif.
Et du même coup d’attirer l’attention. Des murmures parvinrent à la jeune femme qui regardait son interlocutrice en chien de faïence, avant de glisser un regard courroucé sur les quelques personnes éloignées qu’elle suspectait chuchoter à leur sujet.

Ses traits échauffés par l’humidité étouffante et la provocation se radoucirent quand elle se rendit compte que l’attention générale n’était pas portée sur la querelle, mais sur une curieuse jeune personne qui se dirigeait vers le bassin. Curieuse, car son corps était peu commun : ayant toutes les formes féminines, d’ailleurs ciselées de muscles, ces dernières attiraient moins les questionnements que les cicatrices qui les parcouraient. Croiser une femme musclée n’étonnait plus, c’en devenait de surcroît rassurant quand on savait que qui rodaient derrière les murailles.
Les cicatrices étaient aussi un phénomène qui lui en touchait un sans bouger l’autre, et en cela, l’arrivée du Fléau n’était responsable en rien, à part les quelques morsures que pouvaient se coltiner les miliciens. Les exhiber d’une telle manière était, d’un autre côté, complètement inédit pour une femme.
Enfin, ça restait toujours moins gênant d’avoir un tel spécimen sous les yeux que le spécimen en question fut le seul à tourner la tête vers le duo de rouquines. Une Talya irritée restant une Talya prêtresse, celle-ci adressa un signe de tête à la combattante en guise de bienvenue, espérant qu’elle l’interpréterait comme tel, vu les spéculations que sa présence suscitait.
Il fallait être stupide pour ne pas se rendre compte du statut d’une telle femme enfin.

Je ne savais pas ce qui était le pire, ma maladresse physiquement mais aussi verbalement, le côté trop droits des prêtresse ou mon incroyable capacité à me fourrer dans les coups tordus. Je devais vite rectifier le tir sous peine d'avoir une inquisition sur le dos ou, pire, être interdite de bains. Je rassemblais les mots les plus savants que je connaissais et baissa la tête en signe de respect et de repentance.

"Madame, je vous prie d'excuser ma négligence et ma maladresse, je n'avais en aucun cas l'intention de vous troubler durant votre baignade, vous m'en voyez désolée. Si je puis expliqué la raison de cet perturbation, je dirais qu'elle vient de mon pied ayant glissé sur le sol humide, me faisant tomber en arrière. Alors, je vous prie, laissez Rikni hors de cela. Il ne sert à rien de l'appeler pour un problème de glissade sur le sol"

C'était pas trop mal mais j'avais mal à la tête à force de me la creuser pour trouver des mots qui pouvaient aller. Traiter avec des clients nobles et soupes au lait m'avait au moins un peu appris à calmer les esprits.

En relevant la tête et en me retournant, je vis quelques personnes me regarder et me pointer du doigt "On peut savoir ce qui vous amuse? Non, si c'est si intéressant, ça serait dommage de s'en priver et de ne pas le communiquer aux hauts dignitaires hein?"

- Je vous prie de surveiller votre langage et de respecter ce lieu saint, sinon je me ferais un plaisir de vous embarquer pour trouble à l'ordre public et offense dans un lieu sacré... Rikni n’apprécierait pas que la quiétude de ce lieu soit entaché par votre comportement.. C'est propre à l'humain de réagir ainsi quand ils voit une va... une femme comme vous...

Talya était assez impressionnée par le zèle de la milicienne pour marquer un temps d'arrêt. Qu’elle la soutienne dans sa remontrance lui importait peu, mais c’était une véritable surprise de voir qu’au sein de la milice l’on pouvait se montrer aussi inflexible que la prêtresse elle même. D’ailleurs, la femme aux cicatrices qui se tenait sévèrement devant elles avait l’air d’en avoir suffisamment bavé pour être rodée aux réalités brutales et l’extrême férocité qu’avait adopté la milice comme réponse au Fléau.
Talya se savait au moins aussi implacable dans sa réplique que ledit soldat, qui, en plus d’avoir le ton posé et ferme, faisait toujours fit des remarques extérieures dans son dos, presque soufflées désormais.
En revanche, l’impudente acculée allait probablement se décomposer en se découvrant une nouvelle moraliste, qui avait l’autorité nécessaire pour la faire évacuer des lieux s’il le fallait.
Le spectacle était décidément édifiant pour un simple bain voulu relaxant : la tournure tendue de tantôt devint instantanément ridicule dès que la nouvelle arrivante avait lâché sa litanie à l’encontre de la rousse à l’opulente poitrine.
En lâchant un soupir ennuyé, la prêtresse se désintéressa de son agresseuse mise hors d’état de nuire au profit de la jeune femme blonde qui la salua avec la déférence due à son statut, creusant encore le fossé entre ses deux interlocutrices.

«  J’apprécie votre régularité au nom du clergé, bien qu’il sera inutile de recourir à de tels moyens pour que cette enfant reprenne ses esprits, j’en suis sûre, appuya-t-elle en dardant un regard inquisiteur sur la concernée.
- Quant à vous, bien que je puis comprendre que Serus ne nous dote pas tous d’adresse et de grâce, tâchez donc de reprendre votre équilibre au lieu de tergiverser. Il est vrai que Rikni -louée soit-elle- a bien assez à faire avec ce qui est à nos portes, comme ses serviteurs ont bien assez à faire à héberger les fidèles et entretenir ces splendides mais immenses bâtiments.
Vous comprenez donc qu’il est nécessaire de laisser en paix ces lieux ainsi que nous autres occupants », concluait la prêtresse d’une expression polie, figée et sans appel.

Argh... putain, mon mauvais caractère m'avait une fois de plus joué des tours, il ne fallait surtout pas faire de conneries en face d'une prêtresse et d'un milicienne qui avaient largement l'autorité de me faire sortir des bain sans problèmes. Cependant, je n'appréciais pas le ton que les deux femmes prenaient avec moi. Leurs paroles bien que polies et mielleuses me paraissaient remplies de mépris.

Une enfant? Une vache? Pour qui me prenaient-elles? J'avais envie de leur montrer ma désapprobation mais je ne pouvais pas au risque de dire adieu aux bains et à l'hospitalité du clergé pour le restant de mes jours.

C'est donc, les dents serrés et une boule dans la gorge que je leur dis "Veuillez m'excuser." avant de me détourner et de commencer à me diriger vers un autre bord des thermes suivis par la regards moqueurs de la plupart des occupants de thermes. J'avais ravalé ma fierté et je sentais humilié. Une fois de plus, les forts avaient gagnés et je ne pouvais rien faire pour lutter.

Ah, que c'était ennuyant. Talya se rassit dans l'eau fumante, à présent qu'elle était certaine que l'agitation retombait. En soufflant doucement sur les vapeurs, elle garda un oeil sur la fille rousse qui s'éloignait, visiblement dépitée d'avoir été rabrouée si violemment. Il est vrai que la prêtresse n'aurait pas été si rude si elle avait su qu'une milicienne serait assurée au second tour. Cette dernière avait d'ailleurs presque lancé une insulte, une erreur que Talya regretta fugacement de ne pas avoir reprise, quand elle entendit les excuses fébriles de ladite milicienne.

- Je.. désolée mademoiselle, j'ai passé une sale journée et je m'en suis injustement pris à vous. Je suis désolée...Je me nomme Samara Castagnier, veuillez encore accepter mes excuses...

Trop tard, le mal était fait, et l'on se doutait que son interlocutrice n'allait pas lui sauter au cou, qu'importe les remords que pouvait exprimer. heureusement d'ailleurs, car Talya n'aurait décidément que très modérément appréciée être éclaboussée une seconde fois. Mais en tant que prêtresse, elle restait en charge du confort des fidèles, et c'est d'une voix beaucoup plus apaisée qu'elle repris la parole.

" Allons, je ne veux en aucun cas vous chasser. Tenez, n'est ce pas cela que vous vouliez aller chercher, mademoiselle.. ? demanda-t-elle d'une voix fière en lui tenant un gratte-dos qu'elle n'avait eu elle-même pas le temps d'utiliser.
Se rappelant d'un détail, elle fronça les sourcils : elle ne pouvait pas s'en empêcher, il fallait qu'elle soit rabat-joie.

- Si vous comptez rentrer chez vous, vous feriez mieux de vous dépêcher par contre. Vous n'ignorez pas les horaires du couvre-feu je présume, et elle s'impose à tous, même les miliciens je crois."

La prêtresse ne s'était pas directement adressée à Samara, mais elle lui faisait confiance pour comprendre le même message. Et comme elle ignorait encore l'identité de l'autre rousse, Talya nourrissait encore malgré elle des soupçons innés.

- Je.. désolée mademoiselle, j'ai passé une sale journée et je m'en suis injustement pris à vous. Je suis désolée...

Tien des remords tardifs... Il vaut mieux tard que jamais dit on non. J'avais le même sentiment que si une personne m'avait planté une flèche dans la jambe puis s'était excusée, m'avait soignée et fait un bisou magique. J'étais hésitante. Je leur en voulait un peu mais je pensais que leurs paroles avaient été plus liés à de la maladresse que de la réelle méchanceté.

"Je ne vais pas vous dire que je ne l'ai pas mal pris car ce serait vous mentir mais j'accepte vos excuses et je vais donc faire comme si la phrase d'avant avait été faite sans propos méchant d'accord? Vu que vous vous êtes présentées, je vais faire de même: Je me nomme Danaë Kervan. Je suis apothicaire au Labourg" dis-je en prenant le grattoir que lui tendais la prêtresse et en la remerciant.

"Concernant le couvre-feu, ne vous inquiétez pas, je bénéficie de l'hospitalité d'un membre de votre clergé pour ce soir." J'avais pris une voix neutre mais un aussi un peu insolente. Comme si je voulais expulser le reste de rancœur que j'avais encore.

- Je.. désolée mademoiselle, j'ai passé une sale journée et je m'en suis injustement pris à vous. Je suis désolée...

- Je ne vais pas vous dire que je ne l'ai pas mal pris car ce serait vous mentir mais j'accepte vos excuses et je vais donc faire comme si la phrase d'avant avait été faite sans propos méchant d'accord? Vu que vous vous êtes présentées, je vais faire de même: Je me nomme Danaë Kervan. Je suis apothicaire au Labourg. Concernant le couvre-feu, ne vous inquiétez pas, je bénéficie de l'hospitalité d'un membre de votre clergé pour ce soir.

- Les apothicaires ne sont pas les seuls à bénéficier de l'hospitalité du Temple, jeune fille. Si vous n'êtes chargée d'aucune mission, je vous invite à faire de même que dame Kervan, à moins que vous ayez encore des affaires en ville, auquel cas je crains que vous n'ayiez quelques problème avec votre... supérieur. J'admire le dévouement de la milice, je m'en voudrais de vous causer des problèmes."

S'appliquant à masser la peau de ses épaules, Talya sourit tranquillement, rassérénée par la baisse de tension entre le trio. Oh, la prêtresse n'a cure des griefs qu'on pourrait lui tenir, du moins d'une réaction on ne peut plus normale. Par contre, vivre enfermée dans le Temple, ou plutôt tenue à l'écart de la vie populaire par le couvre-feu avait déjà assez joué sur ses nerfs. Qu'avait-elle manqué des aventures dont regorgeait la cité ? Les principales nouvelles qui courraient les rues atteignaient sans mal le Temple, et les jeunes moniales ne se privaient pas de cancaner. Mais pour la prêtresse confirmée, la vie d'en dehors ne se résumait pas aux reconquêtes et recors de tavernes. Par chance, ses interlocutrices lui offraient la parfaite fenêtre.

"Dites moi, portez vous un titre précis dans votre profession mademoiselle ?"

Sans avoir précisé le fond de sa pensée, Talya supposait que la Samara comprendrait qu'on la prenait pour milicienne. Elle espérait du même coup ne pas s'être trompée sur l'occupation de la demoiselle en question.

"Rikni nous vienne en aide, ce fichu couvre-feu ne finira donc jamais.."

- "Les apothicaires ne sont pas les seuls à bénéficier de l'hospitalité du Temple, jeune fille. Si vous n'êtes chargée d'aucune mission, je vous invite à faire de même que dame Kervan, à moins que vous ayez encore des affaires en ville, auquel cas je crains que vous n'ayiez quelques problème avec votre... supérieur. J'admire le dévouement de la milice, je m'en voudrais de vous causer des problèmes."

Danaë rigola un peu.

"Dame Kervan? Je ne mérite pas ce nom, appelez moi Danaë tout simplement. Vous n'avez pas à employer de termes aussi élégants pour une apothicaire des bas fonds comme moi.". dit-elle en se grattant le dos.

Elle n'avait jamais été très à l'aise avec ces termes de dames et de demoiselles. Si elle appréciait qu'on la vouvoie et qu'on la respecte, elle trouvait que le terme dame ou demoiselle renvoyait à la femme de maison ou la nobliau ignorante et niaise ce qu'elle n'aimait pas du tout. Elle était une femme de science et de connaissance pas une idiote qui glousse en mangeant des petits fours.

Bon, elle n'aurait pas été contre des petits fours en ce moment précis mais elle se sentait qu'elle s'éloignait de la question première.