Débat en eaux troubles [Libre, Sam et Danaë]

"Dame Kervan? Je ne mérite pas ce nom, appelez moi Danaë tout simplement. Vous n'avez pas à employer de termes aussi élégants pour une apothicaire des bas fonds comme moi."

A ces mots, Talya sourit doucement en s'enfonçant de plus belle dans l'eau bouillonnante.
Au travers de ses pérégrinations dans les bas-quartiers, certaines comptines populaires lui étaient souvent revenues, trop pour ne pas retenir le fredonnement des paroles.
Celles qu'elle avait en tête, bien trop grivoises pour l'honnête compagnie des bains et la bouche d'une sainte femme, s'articulaient sur une mélodie qui elle, était adaptable à la situation. "Une milicienne, une prêtresse et une fille de joie dans un bain" constituait une de ces situations improbables ouvrant le champs des possibilités. Bien sûr, il était hors de question de mentionner l'exacte activité de la plantureuse Danaë. Le monde regorgeait déjà d'assez ignonimités pour y imposer la présence de sorcières, ou pire, de succubes.
Galvanisée par la probabilité d'être en présence d'un démon inférieur, la prêtresse se redressa à nouveau.

- Ne vous en faites pas pour moi, étant milicienne je connais les chemins de ronde, je suis très douée pour les éviter. Je peux donc rester encore un peu en votre compagnie, loin de curieux qui nous regardent comme des bêtes de foires...

Leçon de base sur comment reconnaître une entité maléfique : leur enveloppe charnelle rejette tous les lois divines. Impossible donc pour eux de se noyer. Talya se voyait néanmoins mal maîtriser le suspect sur une présomption aussi rondement menée, de plus devant la plèbe. Elle ne doutait cependant pas que la jeune milicienne lui prêterait son concours, surtout en comprenant de quoi il s'agissait, mais il s'agissait d'éviter d'instiller la panique. Le chaos se repaissait de Marbrume depuis bien trop longtemps.

- Ça fait du bien quand il n'y a pas tous ces regards braqués sur soi...

- Remerciez Rikni pour ces bains, c'est son souffle brûlant qui les conserve ainsi, et ce bien avant la construction de ce sanctuaire.

Il fallait battre la succube à son propre jeu, si succube y avait. Nul doute que le seul nom de Rikni devrait la faire frémir.