[Terminé] Tout es une question d'investissement (PV Fenrir Leblanc)

L’homme fit un geste et les trois gorilles reculèrent de concert. Un sourire narquois naquit sur les lèvres du tenancier. Les gardes du corps sont vraiment pathétiques, répondre au moindre des caprices d’un noble pourrit gâté … Rien que d’y penser le jeune homme en avait la nausée.
L’homme fit enfin tombé la capuche et découvrit son visage.

Victor de Rougelac.

Si cette révélation surprit le jeune homme il n’y laissa rien paraitre.
IL détailla l’homme avec une grande attention. Le Comte n’était plus tout jeune mais avait de l’allure. Son gambison noir était cousu de fil d’agent, a chacun se ses doigts brillait une bague d’or ou d’argent sertie d’une pierre. Rasé de près, la coiffure impeccable et le port altier Le noble par excellence. Cependant Fen connaissait aussi très bien la réputation du noble. Son engagement récent avec une Dame de la haute ne l’empêchait visiblement pas de fricoter avec les interdis. Sa voix grave résonna dans la pièce. D’un signe de tête, Fen lui indiqua le fauteuil en face de lui. Une fois assit le Comte prit de ses nouvelles. Un seul mot sorti de sa bouche. Sa voix, plus grave encore que celle de son invité fit couiner la jeune fille de l’autre côté de la porte.
Fille que le tenancier d’un long sifflement moduler.
On entendit alors la gamine détaler comme un lapin en faisant craquer les lattes. Un moment passa sans qu’aucune parole ne soit prononcée.
Le silence fût rompu quand Clervie revient précipitamment dans le bureau-chambre du patron. Un plateau fur ainsi posé sur le bureau. Dessus reposait trois timbales à l’argent noircie et une bouteille d’eau-de-vie de qualité non-négligeable.

Un autre signe de tête indiqua à la servante de faire son travail et de proposer une collation au leurs invités. La petite rougissait et tremblait à la fois de peur et d’excitation. Les yeux de Fenrir ne la quittaient pas des yeux, c’était un test. Si elle ne le réussissait pas, elle nettoyait les latrines jours et nuit pendant plusieurs mois.
Par chance, aucune goutte du précieux breuvage ne fût renversée. Fière d’elle, Clervie osa un sourire vers le jeune homme. Son visage ne reflétait rien mais ses yeux le lui rendirent de bonne grâce puis il reprit son rôle, d’un claquement de langue la jeune fille se raidit et recula dans le fond de la pièce, tremblotante.

Une fois ceci fait, Fenrir en revint au Comte, il sentait que celui-ci ne le prenait pas de haut et un nouveau (rare) sourire apparut sur ses lèvres.

- Que puis-je pour vous Messire ?
Un nouveau couinement de Clervie vint ponctuer sa question.

Le jeune homme ne pouvait laisser passer une telle affaire. Il voulait rester l’actionnaire majoritaire et en effet les établissements du Sire tournaient à plein régime. Le fait d’avoir son nom plus ou moins associer au siens prouvait la qualité des services …
Lui deviendrait riche et le noble se maintiendrait à flot. Il pourrait peut-être même ouvrir un autre type d’établissement, une simple auberge ou même racheter des fonds de commerce et les loué …
Une infinité de possibilité s’offrait à lui, juste à portée de la main. Son visage n’arborait aucune expression. Le patron fini son verre cul sec et resta silencieux un moment.
Avec un manque de filles flagrant et des locaux vétustes il n’irait pas très loin mais sa fierté lui interdisait de donner la moitié du Plat du Jour au Comte. C’était un peu son bébé et il y habitait depuis plus de dix ans … Le voilà devenu sentimental … Un éclair de tristesse passa dans ses yeux mais le jeune homme se reprit rapidement. En affaires il fallait être dur est malin.
La vie de plusieurs personnes était entre ses mains, celle de Clervie tout particulièrement. Le jeune homme c'était attaché à elle même s'il ne voulait pas l'avouer. Faisant comme son interlocuteur, Fenrir regarda la pièce avec des yeux objectif. Il avait besoin de cet argent ... Et puis avoir un contact dans la haute société ne pouvait qu'être un atout. Aucun autre bordel du coin ne lui faisait de l'ombre mais il avait l'intention de leur en faire bientôt.


Il accéderait à la requête du noble mais resterait le possesseur majoritaire.
Il demanderait également des documents attestant de leur accord. Le patron lui céderait cependant une tâche. Il s’affala alors dans sa chaise et regarda le Ceinte droit dans les yeux, sa voix était ferme et indiquait que ce serait sa dernière offre.

- 45 pourcent, un contrat signé devant témoin, une promesse d’aide financière et je vous laisse choisir les trois quarts des filles.

Lorsque le noble accepta sa dernière offre un grand sourire sincère apparut sur les lèvres du gérant. Les 5% étaient symboliques mais cela lui avait tenu à cœur. Il remplit de moitié son verre et le leva son tour. Son témoin serait Iris, la plus rentable de ses filles, la plus docile et la plus douce.
Elle était plus jeune que Fenrir mais de deux ou trois ans seulement. Elle était dans la même situation que lui à l’époque, fille de prostituée. Elle était également la seule à ne pas avoir peur de lui et à avoir quelques discutions privées avec son patron. Après tout, ils avaient grandi ensemble et elle se rapprochait le plus d’une sœur pour lui. Même ses sœurs biologiques n’étaient que des étrangères à ses yeux.

Ouvrant le tiroir de son bureau, Fenrir jeta un nouveau coup d’œil à la garde du corps de son nouveau partenaire. Elle l’intriguait … Il prit une feuille, une plume et son encrier et les déposa devant Victor le laissant rédiger les termes du contrat tandis qu’il allait chercher son témoin.
Il descendit donc au niveau des chambres. Quelqu’un lui sauta sur le dos alors même qu’il posait le pied sur le parquet, des sanglots fournis lui indiquèrent s’il s’agissait de Perle. S’en plus s’en préoccuper il avança vers la chambre d’Iris, au bruit qui s’en échappait elle était en plein « entretient ». Sans gêne il entra dans la pièce sans frapper.

- Habille toi et monte.

Le client s’était redressé et voulut en découdre avec le patron. Son regard glacial suffit à calmer toutes ses ardeurs, Fenrir avait l’air d’un loup prêt à bondir au moindre geste. Le rire cristallin de la jeune femme résonna dans la chambre mais cela n’apaisa pas la tension, elle se rhabilla en vitesse.
Iris était la seule à être autorisée à porter des étouffes plus couteuse. C’est donc en nuisette de satin écru qu’elle monta l’escalier d’un pas léger. Fen, lui, était resté à la porte de sa chambre fixant encore le client qui ne savait plus où se mettre. Il referma enfin la porte et entreprit de régler le problème Perle. Toujours accrochée à sa jambe elle geignait, pleurnichait et le suppliait de la reprendre. Un énorme claquement résonna dans le bâtiment.
La femme à terre se tenait la joue rougie par une trace de main. Fenrir s’accroupi en face d’elle et la regarda dans les yeux avant de lui susurrer la phrase la plus longue qu’elle n’ait jamais entendu de sa part. Ses yeux s’écarquillèrent et son teint blanchi petit à petit. A la fin de sa « tirade » Fenrir reparti à l’étage sans mot dire, un large sourire mi- sadique mi- amusé sur les lèvres.

Iris l’attendait à la porte, une moue réprobatrice sur le visage. La jeune femme blonde comme les blés savait pourtant qu’il ne levait la main sur ses filles que lorsqu’elles le poussaient à bout. Il lui fit signe d’entré dans la pièce et elle obtempéra accentuant involontairement sa démarche féline, déformation professionnelle. Iris fut surprise de trouver autant de monde dans ce bureau, et surtout d’y trouver un noble. Ses grands yeux émeraude s’arrondirent et elle entreprit maladroitement de réaliser une révérence. La voix de Fenrir la fit sursauter et elle lui lança un regard mauvais.

- Messire, voilà mon témoin. Iris, voici le Comte Victor de Rougelac.

Il ne dit rien de plus. Il avait déjà trop parlé pour ce soir.

Fen remarqua instantanément le changement d’humeur du Comte lorsqu’Iris était entrée dans la pièce. Le sourire de celui-ci lui fit lever les yeux au ciel, les hommes étaient parfois pathétiques devant de belles créatures. Pensant à cela, le tenancier se permit de détailler la garde du corps de son invité tandis que son employée tentait tant bien que mal de déchiffrer le contrat posé sur le bureau.
Une aura sauvage et puissante émanait de la guerrière et cela contrastait totalement avec le reste de femmes que Fen avait connu. C’est en ce point qu’elle l’intriguait tellement.
Ses yeux bleus tirant sur le gris épiaient les moindres faits et gestes des individus présents dans la pièce. Les deux cicatrices sur son visages, fines lignes pales, lui donnait cet air dur et mystérieux … Qui ou quoi avait bien pu les lui infliger ?
Son corps fin et musculeux n’avait rien à voir avec ceux doux et voluptueux des prostituées …
Son attention revint enfin sur le bout de papier que lui présentait Iris. Il avait appris à la jeune fille à lire, si un de ses clients laissait des lettres ou autres écrits a porté de mains de celle-ci, elle pourrait lui en rapporter le contenu. Iris lui servait à la fois d’indic’ et de gagne-pain.
C’est un peu à contre cœur qu’il posa les yeux sur l’écriture fine et élégante du Comte, tout lui paressait dans les règles et il n’attendit pas plus pour signer le contrat de son nom et de son emprunte. Iris se sachant écrire se contenta de tremper son pouce dans l’encre noire et l’apposer sur le parchemin.
Par déformation professionnelle, la jeune femme lança un regard en biais à Victor et lui sourit. Elle minaudait … Fen la laissa faire, après tout, c’était une autre façon de sceller ce contrat.
Une fois que les deux parties eurent signé, le patron du Plat du Jour entreprit de faire visiter son affaire au noble. Enfin, lui ouvrait la marche et Iris parlait à sa place.

Le deuxième étage était beaucoup plus petit que le premier et le rez-de-chaussée. Il était composé de trois pièces assez spacieuses. Le bureau ou ils se trouvaient tous était à gauche de l’escalier, la porte n’était qu’à quelques pas de la dernière marche. Cette pièce servait de bureau et de chambre au tenancier. Les meubles bien qu’usée étaient de bonne facture et les étoffes utilisées n’étaient pas de vulgaire toile de lin.
Un lit en bois massif et sombre trônait au fond de la pièce, lit à baldaquins de deux places dont les draps d’un vert sapin s’alliaient parfaitement à l’émeraude des lourds rideaux de lit. A son coté, une console de même teinte servait de toilette, un plateau en métal légèrement noirci était posé dessus. Une cruche de terre et une bassine composait son contenant. Un coffre à vêtement assez large trônait sous la fenêtre sur le mur faisant face au lit. Celui-ci état ouvert et laissait apparaitre un certain désordre dans les tuniques et les braies du propriétaire. Le bureau imposant prenait le centre de la pièce, il était posé sur un tapis aux motifs délavés dont une couleur rougeâtre ressortait.
Un tas de feuilles parfaitement alignées et un encrier plein juraient avec le bazar du coffre. Deux fauteuils usés se situaient de part et d’autre du meuble.
Les murs étaient enfin recouverts d’étagères croulant sous le poids des parchemins.

En face, dans le couloir, une porte étroite donnait sur la salle de bain. Un grand baquet en bois cerclé de fer trônait en plein milieu. Un paravent ajouré était posé négligemment contre le mur. Un sceau de fer, une marmite et un tisonnier composait le reste de l’ameublement, l’âtre au fond de la pièce permettait de chauffer l’eau du bain. Cachée par le paravent, une petite étagère servait à entreposer des huiles et parfums que les filles utilisaient.
La dernière pièce de l’étage servait de garde-robe. Cinq ou six coffres étaient collés aux murs. Chacun avait une propriétaire différente mais la plupart du temps les filles se prêtaient leur robe et leurs bijoux. Ceux-ci par ailleurs étaient gardés par le parton, sa chambre étant la seule pièce ferme à clé. Cette pièce était souvent témoin de guerre, de jalousie, de pleurs et de réconciliations. Les vêtements jonchaient le sol.
Ici, Fenrir précisa que lorsque les filles abiment leur vêtement a cause d’une n’négligence, elles doivent le payer à nouveau. Et donc même si le désordre était apparent, les filles prenaient en générale le plus grand soin de leurs affaires.

Au premier étage on pouvait distinguer 9 portes. Chacune peinte dans une couleur et avec des motifs différents. Chaque occupante jouait un rôle et était assignée à la chambre correspondante.
Iris avait la plus grande qui avait la couleur blanche. Son rôle était celui d’une fille pure et innocente voire un ange. Il y avait une chambre bleue décorée de façon très exotique qui datait de la jeunesse du vieil Hassan. Un verte ou la reine des nymphes dansait au son d’une flute, la jaune ou le soleil dansait avec les étoile, la rose ou la plus belle des fleur s’épanouissait … Cependant la plupart des chambre était inoccupé et avec le départ de Perle il ne restait Plus que trois fille à Fenrir.

Enfin au rez-de-chaussée se trouvait le salon ainsi que les cuisines et les latrines.
Le salon était composé d’une multitude de fauteuils et de divans, des rideaux bloquaient les regards par certain endroit, des tables et des chaises étaient également disposées dans toute la salle afin de comblé toutes sortes d’appétit. Les cuisines étaient plutôt spacieuses et permettaient de préparer un grand nombre de repas simultanément. Les latrines se trouvaient dans la cours arrière non loin de l’écurie.

Après la visite, Fenrir proposa de remonter dans le bureau afin de discuter du futur recrutement qui serait fort nécessaire. Laissant ses hôtes passer les premiers et Iris retourner à ses affaires, le jeune homme en profita pour regarder plus attentivement l’accompagnatrice de son nouvel associé.