[Terminé]Quand on frappe à la porte sans s'annoncer [Victor & Clovis ♥]

- Moi, c'est pas monsieur, c'est Clovis. Clo-vis ! C'est po difficile, pourtant. Cloooo-vis !... Clovis, quoi !

Il hausse les épaules, se gardant d'ajouter qu'il est milicien et qu'il fait ce qu'il veut, que la loi, c'est lui, parce que dans les faits, il fait juste ce que sa chef lui dit de faire et qu'ici, la loi, c'est elle. Puis la chef a bien dit que c'était un excellent forgeron et ça suffit à poser son homme. Un bon artisan, c'est bien. Et s'il était bon forgeron, il pourra être bon milicien, c'est logique... Enfin, pour lui, parce que dans les faits, ça ne prouve rien.

Par contre, l'appel du pied de sa chef concernant Gabriel le dépasse mais il sent confusément qu'il doit dire quelque chose.

- Vous parlez de Gab le dragon ? Lui, j'l'aime po. Si qu'un jour il s'approche trop près d'la chef, j'l'ouvre en deux et j'le pends avec ses boyaux, l'gars. Faire faire son boulot par les autres, non mais j'te jure... Mais comme qu'il reste à distance bin correc', j'peux rin faire. Sinon j'me f'rais engueuler, voyez ? Milicien, tu peux po tout faire, sinon que chacun il en zigouillerait, des cons. C'est pour ça qu'on a des chefs qui nous disent qui qu'on peut taper et qui qu'on peut pas ou quand qu'on peut. C'est final'ment assez simple.

Elle poursuit son laïus, disant que ça lui déplairait de pendre Gabriel. Alors, Clovis sourit.

- T'inquiète chef. S'il faut l'pendre, c'est moi que j'le f'rai

Et il lui adresse un salut bien militaire, puis reprend une posture militaire, comme s'il était à la caserne, à l'entrainement. Si elle a des questions, elle lui demandera. Mais il aime pas trop ça, les questions.

Quel rapport y avait il entre le fait que Clovis ne semblait maîtriser l'environnement particulier de l'affaire et le fait qu'il soit bon forgeron. Victor ne voyait nul rapprochement et prétexter que cela faisait parti de sa formation? Alors en ce cas qu'il apprenne en écoutant les lèvres closes? Qu'a cela ne tienne, si Sydonnie souhaitait traîner un individu qui ne lui causerait que discrédit, c'était bien là son affaire après tout.

Et par la suite, si la tentative de détourner l'attention de la courtilière sur le fond de l'affaire avait essuyé une mince défaite, elle avait tout de même déstabilisé la jeune femme. Car quant bien même elle ne semblait naïve justifiait sa présence sans l'ombre d'une hésitation, c'était tout à son honneur de savoir offrir le contre pied à un sang bleu possédant le sens de la répartie, quand vint le moment d'évoquer plus en détail ses affinités avec le fameux capitaine mercenaire et partenaire de Rougelac, elle semblait très loin de convaincre, pire, ses déclarations qui cherchaient à mettre de la distance entre elle et Gab sonnait le parfait inverse dans l'esprit de l'hôte des lieux.

Si Victor avait bien comprit que la demoiselle était une piètre menteuse il fallait toutefois lui donner matière à entretenir une bonne communication commune, ainsi le quadragenaire commença à lui offrir quelques ele ment de réponses.

- Soyez certain que j'ai conscience des repercussions de leur agissement, mais n'ayez craintes, le noyau que nous formont tend à glaner les même espérances. Notre objectif est commun même si la finalité peut être légèrement divergente. Vous souhaitez savoir leur utilisation? Il est impossible de vous en dresser un contour global. Loin de nous, le désir d'interférer dans les missions quotidiennes de la milice. Mais en cas de besoin, nous pourrions offrir un rôle "support" ou "d'appui". Si le Duc le réclame, je serais en mesure, rapidement d'offrir cette ressource prête à l'emploi pour servir une cause commune à la milice, qu'elle soit interne ou externe à la cité. Mais au delà de cela, cette union à pour vocation d'unir des complémentarités, ma chère, et eux comme moi sommes en quête d'une reconnaissance auprès à la fois de la population, se la milice que du pouvoir sans pour autant chercher à perturber l'équilibre général. N'y voyait donc pas une menace, bien au contraire.

Lorsque Clovis s'était osé à tenter de soutenir sa chef, son développé était assez surprenant, il ne semblait guère apprécier le capitaine mercenaire, pire il était prêt à le tuer, pourtant tout ne semblait pas concorder et Victor se permit de relever une incoherence évidente avec une pointe d'amusement.

- Clovis, vous dite l'ouvrir s'il s'approche de trop, hors vous dite aussi obéir au moindre ordre de votre supérieur. Ainsi, permettez moi d'y voir un certain paradoxe, enfin pardon pour être plus simple, vous semblez vous contredire. Alors pour être bien sûre de vous suivre, dites moi ce que vous feriez si ce fameux Gabriel venait à s'approcher de trop prêt de votre courtilière et que cette dernière vous donne l'ordre de ne pas le toucher?

Lui lançant un sourire moqueur, il reporta ensuite son attention sur Sydonnie.

- Mademoiselle, moultes excuses, il semble que je ne le connaisse bien moins intimement que vous puisque je n'avais eu vent de sa réputation d'homme à femmes. Non, soyons sérieux s'il vous plaît, ne m'insultez pas en cherchant à vous payer ma tête. Mais qu'importe, si vous dites que vous ne lui portez point d'intérêt... En tout cas c'est un homme droit mais le chemin sera long pour lui, plus que pour moi afin qu'il accède à ses aspirations. Mais voilà, rien n'est tracer par avance, la preuve par votre venue aujourd'hui, cherchant peut être à l'écoute de mes mots à y voir mensonges et de fait nous mettre quelques bâtons dans les roues. Et vous savez mademoiselle que ce qui va me nuir, nuira à l'ensemble des partenaires de ce projet...

Offrant un faux soupir d'exaspération, il claqua des doigts avant qu'un domestique n'apparaisse. Victor lui souffant quelques mots, l'employer du Comte disparut pour réapparaître rapidement muni d'un plateau, trois tasses et un breuvage aussi fruité que vrai, un poil alcoolisé, mais il fallait avoir le palais pour le détecter. (Si vous avez pas oenologie allez vous brosser vous y verrez, enfin sentirez au goût que du feu ^^)

- Satisfait de ce que vous entendez? Comprenez vous maintenant? Allée vous me gêner dans mon oeuvre ou faire tout le contraire ?

Heureusement, la jeune femme ne semblait s'axer que sur cette affaire qui pourtant comportait des ramification et ce au sein même de la milice, car un sergent était bien impliqué dans ce qui semblait être une branche annexe solide et importante de l'ambitieux arbre de renaissance du Comte de Rougelac, ses réorientations et ses changement futurs d'investissement. En tout cas, il espérait avoir rassasier la jeune femme voir même la faire adhérer au projet de façon peut être indirect car dans l'équation il semblait y avoir un facteur important, une corde sensible... Gabriel. Et puis disait il que la vérité, rien que la vérité ? Difficile de savoir tant Victor de Rougelac pouvait être mystérieux, à la fois pouvant être sournois, franc ou faux.

J’avais beau écouter le comte, réfléchir, je ne voyais la que des suppositions et non des faits précis, à croire que je ne devais pas être suffisamment éveillée pour comprendre les tenants et aboutissants dans toutes leurs subtilités. Peu importe, j’avais déjà obtenu via cette entrevue précipitée des réponses à mes questions. Si l’histoire paraissait parfaitement en règle en amant, en revanche, en creusant un peu j’étais certaine de trouver autre chose. Quoi qu’il en soit, je ne m’imaginais pas mettre Gabriel en mauvaise posture, j’allais donc devoir enquêter tout en faisant en sorte que les éléments possiblement nuisibles ne sortent pas d’un certain cercle. J’avais conservé un sourire courtois sur mes lèvres, regardant le comte, puis Clovis. Je ne cherchais pas à intervenir dans la petite taquinerie mesquine que Rougelac venait de lancer à mon subordonné, il était suffisamment grand pour se défaire de cette situation tout seul. La conversation commençait cependant à tourner du mauvais côté et m’en rendant compte, je m’étais lentement relevée faisant un bref signe de tête vers Clovis, pour lui indiquer un départ proche.

- « Je ne cherche nullement à mettre des bâtons dans les roues de quiconque, je ne fais simplement que mon travail. Protéger notre duc. Si vous n’avez rien à cacher, alors vous n’avez rien à craindre de ma présence. Je ne vous cache pas avoir dans l’idée d’interroger vos associés, que ce soit du Capitaine Destrelmar ou bien des commerçants ayant accepté l’idée de coopérer avec vous. N’y voyait nullement une provocation, simplement une façon de vérifier vos dires et la fiabilité des hommes et femmes je n’en doute pas qui vous entoure. »

J’avais regardé les breuvages venir jusqu’à nous d’un mauvais œil et d’un simple geste de la main avait refusé le verre. Abandonnant ma posture d’écoute attentive, pour une autre moins intéressée. J’avais fait quelque pas pour aviser l’extérieur par une fenêtre, réfléchissant à mes tournures de phrases, aux nombres de personnes que j’allais mettre sur cette enquête. J’allais devoir évidemment avertir mon supérieur direct, afin qu’il ne soit pas étonné de mes agissements. Au fond, j’étais dans mes droits, je le savais, mais je ne voulais rien faire qui mettrait également Gabriel dans une mauvaise posture, ainsi j’ajoutais à demi-mot. Comprendra qui pourra :

- « Évidemment, je n’informerai pas au préalable vos associés de l’enquête et de notre visite qui devrait arriver sous peu. Histoire d’avoir un effet de surprise non négligeable, mais il est fort probable que mes hommes demandent à visiter les différents ateliers. Avez-vous des noms qui me seraient encore inconnus à me fournir ? »

Je ne m’étais pas retournée, observant la fenêtre, réfléchissant à mon positionnement, tout comme je pouvais être extrêmement protectrice avec Chris, je l’étais également avec Gabriel, nul tort ne pourrait leur être fait, tant que j’étais encore en vie. Ainsi, bien que je sois particulièrement droite et fidèle au duc, j’acceptais la possibilité de fermer les yeux, sur des incidents mineurs.

- « Je comprends parfaitement votre démarche, votre envie de reconnaissance à peine voilà. Vous devez viser beaucoup plus haut, monsieur de Rougelac, je ne peux qu’admirer votre envie de progression sociale, j’ai les mêmes désirs au sein de la milice. Je ne suis pas une ennemie, du moins, pas encore, vous savez ce qu’on dit, il est important de conserver ces ennemis encore plus proches que c’est ami. »

Je m’étais finalement retournée, m’approchant doucement de lui pour lui tendre la main. Si je ne m’abaissais pas aux révérences féminines, c’était plus par lassitude, je n’avais jamais compris cette différence de salutation entre les hommes et les femmes.

- « Bien, nous allons à présent vous laisser, je n’ai plus davantage de questions à vous poser, si vous voyez des choses à rajouter ou des éléments à porter à ma connaissance, n’hésitez pas à venir me voir à la caserne, ou bien à m’écrire une missive. »

Clovis fait une constatation simple, et étonnante venant de sa part. Il n'est pas fait pour les enquêtes. Les enquêtes, c'est fait pour les gens qui savent bien causer et qui sont malins. Lui, il n'est pas né malin. Il sait compter, il a des muscles, il sait taper le fer, des choses que d'autres n'ont pas, mais le parler correc' et les blabla où il faut deviner ce que l'autre dit sans qu'il le dise vraiment mais assez clairement pour que l'autre il comprenne quand même, c'est vraiment pas pour lui. Alors, il faudra qu'il fait équipe avec que des gens qui ont plus du muscle et une grande gueule que des muscles. S'il faut parler, l'autre s'en charge, s'il faut taper, c'est son boulot. Quand les verres arrivent, il ne réalise tout d'abord pas que c'est pour lui aussi, puis il refuse, avant même que Sydonnie ne refuse à son tour. Simplement, il est interdit d'alcool, alors il ne boit plus que de l'eau. Même pas du lait. Et ce verre, il sait pas c'est quoi qui est dedans, mais c'est pas que de l'eau, alors pour éviter tout problème, il dit non. Et le Comte tente de lui poser une colle, qui plus est, en demandant ce qu'il ferait s'il voulait ouvrir Gabriel en deux et que sa chef dit non.

- Facile ! Si la chef dit non, j'l'ouvre pas en deux. Un bon milicien, ça obéit aux ordres du chef. Si qu'elle pense qu'il faut pas que j'fracasse le dragon, bah, elle a ses raisons. Elle sait quoi elle fait, c'est elle la chef. Si qu'elle dit rien, c'est qu'elle est ok. Clovis, il a pas des actions surprises, on sait voir ce qu'il va faire. Si j'avance fâcher vers quelqu'un, c'est qu'il va s'en prendre une. J'le sais, le chef le sait, le gars qui va s'en prendre une le sait, les gens qui r'gardent le sait. Alors, tout il devient simple. Et Clovis aime bien les choses simples. Les trucs compliqués comme les vôtres, c'est bon pour les gens qui savent pas s'battre.. Ca fait perdre beaucoup du temps, et moi j'ai mes corvées.

Quand il réalise que l'entretien est terminé, il sourit, visiblement heureux que ça finisse. Il n'attend pas qu'ils soient sortis pour demander à la chef

- Y'a encore des missions à faire que t'as b'soin d'moi ou j'peux retourner à mes corvées, chef. Parce que c'est bien beau tout ça, mais l'boulot il attend po.

Si la milicienne cherchait à légitimer à nouveau par quelques paroles rassurantes la mise en oeuvre de son enquête sans avoir dans l'idée de mettre quelques bâtons dans les roues du Comte, elle l'informa de son intention d'interroger les partenaires de ce dernier. Si elle ne semblait totalement convaincu des intentions du sang bleu, ce dernier lui avait donné des gages de bonne foi.

- Faites donc. Je m'engage également à ne point les informer de vos futures visites. Voyez y ainsi une preuve de confiance envers la milice que vous représentez, mademoiselle d'Algrange.

Si le duo refusa la boisson, cela ne surprit qu'a moitié le quadragénaire et lui confirmait que la confiance n'était nullement établie. Qu'a cela ne tienne et si Sydonnie comprenait pourtant enfin l'objectifs et les ambitions du Comte de Rougelac, elle admit également être dzns ce même état d'esprit non sans rajouter une remarque que l'avenir infirmerait ou confirmerait.

- Je ne puis qu'être ravi d'entendre ses sages paroles. Et évidemment je connais ce vieux dictons, mais je me réserve bien de vous placer dans cette situation d'ennemi ma chère.

Il écouta alors la réponse de Clovis qui finalement le resumait que trop bien. C'était un homme simple, peu intelligent, pas simplet pour autant. Bref un brave soldat qui exécute les ordres sans réfléchir. C'était un atout pour la milice à n'en point douter, un pion maléable en quelque sorte.

Sydonnie avait quitter le fauteuil pour se poster à côté de la fenêtre et maintenant que la situation semblait éclairci, elle s'était rapprocher de Victor pour lui rendre la main et ainsi sonner sa retraite. Le Comte se releva, un sourire de convenance aux lèvres. Il s'exécuta alors à une franche poignée de main avant d'en faire de même avec Clovis, ce pour éviter toute remarque et repousser leur départ du Manoir.

- Je vous racompagne. Je ne manquerais pas de vous informer de tout autre élément qui m'aurait échappé.

Les invitant à sa suite, un domestique ouvrit alors la porte de la résidence puis sur le pallier Victor rajouta.

- Vous pouvez interroger monsieur Lebrevre et sa fille madame Ferrand. Bon retour à la caserne. Je me tiendrais à votrr disposition pour tout autre renseignement. Puisse montrer patte blanche dans cette affaire.

Abandonnant les miliciens Victor s'en retourna à ses activités quotidiennes.