Proposition surprenante [PV Danaë, Gabin & Hector]

Après la visite à son amie Aénor, Hector se rendit sans plus de détour chez l'apothicaire qui l'avait sauvé, il y avait de cela un mois, lorsqu'il avait été empoisonné par quelque lâche ennemi. Il retrouva non sans quelques difficultés la maison familiale, servant de boutique et de laboratoire, où il avait été soigné. Sa main se figea un instant devant la porte de bois avant de finalement frapper trois coup volontaires.

En attendant qu'on vienne lui ouvrir, le baron regarda autour de lui. Les gens ne le regardaient pas. Cela faisait longtemps qu'il n'habitait plus Marbrume, il s'était habillé comme tout un chacun et, surtout, il s'était rasé la barbe. En effet, depuis l'incident avec Terresang, lors du bal qu'il avait organisé, il craignait d'avoir affaire à des mercenaires qui tenteraient à nouveau de le tuer.

Le baron vit une femme dans la rue, une jolie gueuse, elle portait une robe sale et déchirée... mais, justement, elle laissait entrevoir de belles jambes galbées. Les yeux d'Hector remontèrent vers le visage de celle-ci et son charme, à dire vrai, ne le laissa pas insensible. Elle avait de grands yeux sombres et des cils d'une longueur impressionnante. En outre, le sourire qu'elle adressa à Hector lorsque leurs regards se croisèrent le fit rougir plus que de raison. Le grincement de la porte de Danaë le sortit de ses songes...

Danaë avait l'impression que les gens a Marbrume étaient comme des chats, ils ne veulent rentrer dans sa boutique de lorsque elle est fermée. Cependant, quand elle était ouverte, les gens hésitaient à rentrer.

Ce matin-là, elle commençait sa routine habituelle, elle se levait, s'habillait et mettait sa boutique en ordre. Elle était sur le point de finir quand elle entendis des coups à la porte.

"J'arrive!" dit-elle en accrochant son arme à sa ceinture.

Elle ouvrir la porte et vit une personne qu'elle semblait connaître mais ne parvenait plus à remettre.

"Euuuh... bonjour monsieur! Allez-y! Rentrer"

Elle ouvrit la porte et se dirigea vers les derniers éléments qu'ils restaient à mettre en place tout en regardant la personne venant d'arriver.

"Que puis-je faire pour vous ?"

Elle ne semblait pas le reconnaître ! Hector voulu se gratter la barbe... mais, se rendant compte qu'il n'en portait plus, se gratta le menton.

- Ah ! Je sais ! Danaë, vous ne me reconnaissez pas ! J'ai rasé ma barbe... Mais je suis Hector de Sombrebois, vous souvenez-vous ? Ah oui, je suis aussi... relativement mal habillé ! Le baron, vous savez ? Vous m'aviez soigné d'un empoisonnement !

Hector sourit à son interlocutrice et après avoir jeté un dernier coup d'oeil paranoïaque dans la rue, finit par entrer dans la maison de l'apothicaire.

- Je venais pour vous parler d'une chose très importante...

Le lieu ne semblait pas adéquat - aux yeux du baron - pour la question qu'il avait à poser.

- ... connaissez-vous un endroit où nous pourrions nous asseoir et discuter tranquillement ?

Le baron rajusta sa chevelure hirsute et sa chemise de toile marron. Il était à peine plus présentable...

- ... Si je suis ainsi grimé, c'est que je dois me faire discret, ne pas me faire reconnaître. J'ai de fortes raisons de croire - il s'approcha de l'apothicaire, et à mi-voix, continua - que celui qui a voulu me tuer ne retente sa chance...

Hector plongea son regard noble dans les yeux de Danaë. Malgré ses vêtements et ses cheveux mal coiffés, sa haute lignée, sa prestance était indéniable.

La mémoire lui revient d'un coup. Elle se souvenait de ce qu'il s'était passé et lui sourit.

"Messire de Sombrelac, ravie de vous revoir" dis-elle en faisant une petite révérence.

"J'imagine que vous n'avez pas été empoisonné de nouveau. Je ne saisis donc pas la raison de votre présence ici. A moins que vous ne vouliez vous réapprovisionner en antidote mais il n'était nécessaire de se déplacer vous même. A moins que la raison soit autres..."

Tout en reparlant, elle recoiffait ses cheveux encore en pétard de la nuit.

La révérence était agréable, elle mettait en valeur la sauvage crinière rouge de l'apothicaire et son non-moins sauvage décolleté.

- Sombrebois, pas Sombrelac...

Mais cette erreur lui fut évidemment pardonnée !

- Heureux de vous revoir également, mademoiselle Kervan.

Il ne pouvait encore aborder - bien qu'elle le lui demandait - le motif de sa visite. Alors, il tourna un peu autour du pot...

- Non je n'ai pas été empoisonné... enfin... un poison peut-être pire encore s'est immiscé dans mon corps : la paranoïa !

Il sortit de sa poche la petite calebasse que son cousin Florian lui avait confectionné, y logea quelques herbes odorantes, et l'alluma grâce à son petit nécessaire d'allumeur de feu. Il tira deux ou trois grandes bouffées de sa "pipe" et sentit un bien-être et un apaisement lui emplir le corps et l'esprit.

- Depuis l'incident dont vous avez été témoin, je suis... enfin, je crains une autre tentative d'empoisonnement... Et vos services pourraient m'être... enfin... hé hé hé, avez vous un endroit où nous puissions nous installer pour discuter plus... tranquillement ?

Un fauteuil, un petit verre de vin, voilà tout ce que le noble baron demandait. Ce n'était pas grand chose, ne croyez-vous pas ?

"Oui, Sombrebois, désolée" dit-elle en rigolant.

Elle écouta attentivement ce que le baron avait à dire tout en hochant la tête. Elle alla fermer la porte d'entrée puis se tourna vers son interlocuteur

"Si vous voulez bien vous donner la peine de monter ces marches, cela vous conduira à la salle commune. Mes parents ne sont pas présents actuellement." en disant ces mots, elle se dirigea vers une porte, l'ouvrit et dit "Gabin, tu peux venir dans la salle commune? J'aimerais te présenter quelqu'un!"

Puis, elle suivit le baron dans l'escalier.

La pièce était petite, plus petite encore que la boutique. On pouvait avait quatre vieux fauteuils qui malgré leur âge restaient confortables, une table qui tenait debout par miracle et vieux poêle. "Ça doit vous changer de chez vous... Nous n'avons pas de vin mais je peux vous proposer un thé ou une infusion..."

Gabin avait suivi de près la discussion de Danaë et de ce Sombrebois. Aussi il arrivait rapidement quand Danaë l'appela. Il connaissais de nom ce Sombrelac. Sans connaître les détails il savait que Danaë l'avait sauvé lors d'une de ses escapade.

Il monta à l'étage et se présenta:"Bonjour Monsieur de Sombrebois, je suis Gabin, l'assistant de Danaë, heureux de vous rencontrer." Après lui avoir serré la main, il prit un calepin et se posa à côté de Danaë. Elle ne savait ni lire ni écrire alors il se chargeait de prendre des notes.

Hector s'engagea dans l'escalier et avisa la petite pièce à l'étage. Elle était modeste mais ses fauteuils semblaient confortables. Le baron avait hâte d'y poser son séant. En attendant, il regarda d'un air interrogatif le jeune homme qui arrivait comme le lui avait demandé Danaë. C'était Gabin, son jeune assistant. Il était beau garçon et Hector se demanda immédiatement quel rôle il jouerait dans l'affaire qu'il était venu proposé à la jolie rousse.

- Bonjour Gabin, enchanté de vous rencontrer.

Il avait dit cela de manière avenante... mais il ne s'éternisa pas dans le dialogue avec ce second. Se tournant vers Danaë, il commenta :

- Effectivement c'est "légèrement" plus petit que Sombrebois... mais, vous savez, mon château n'est pas un modèle de luxe. Il est surtout solide... C'est le plus important lorsque l'on ne possède pas une muraille comme celle de Marbrume.

Il désigna l'un des fauteuils.

- Puis-je ?

Lorsque Danaë l'autorisa à prendre place, le baron s'installa dans un des fauteuils. Confortable, il l'était bien. Il jeta un regard circulaire dans la pièce commune et répondit à la dernière proposition de l'apothicaire :

- Une infusion s'il vous plait. Verveine si vous avez...

Puis, il prit une longue inspiration et ferma les yeux. Il repensa à Sombrebois et à ses hommes. Il tentait d'imaginer comment Danaë - et, qui sait, Gabin ? - s'entendrait avec les siens. Lorsqu'il eut imaginé la venue des deux Marbrumiens à Sombrebois, il reprit la parole afin d'aborder le sujet de sa visite d'une manière assez... détournée, en empoignant sa petite hache, celle qu'il portait toujours à sa ceinture :

- Dîtes-moi, aimez-vous l'aventure ?

Danaë pose son arme sur la table, ouvrit un tiroir et sortit de quoi préparer l'infusion. "Gabin, tu veux quelque chose?" dit-elle en mettant l'eau sur le feu.

Puis, il s'assit sur son fauteuil et regarda le baron, l'air intriguée. "Qu'entendez vous par aventure? Vous devez savoir que nous sommes des apothicaires et non des soldats. Nous n'allons nous lancer dans une opération de récupération de zones perdues. Enfin, je veux dire que tant que n'avons pas à combattre, on pourrait s'arranger"

Elle savait très bien que le baron n'était sans doute pas venu pour ça mais elle préférait que tout soit clair dès le début.

Gabin observait la scène avec curiosité, ce Sombrebois avait titillé sont attention. Que faisait un baron à Labourg, qui plus est dans une boutique d'empoisonneurs. La fait que Danaë le fasse venir, brisant la règle disant qu'il devait rester caché, l'interpelait tout autant. "Non merci Danaë, je n'ai pas soif"

Aimait-il l'aventure ? Il ne savait pas trop, la nouveauté le stimulait mais le fait était qu'il n'était pas préparé aux danger. Il faudrait qu'il apprenne à se défendre un jour, ne serais-que pour survivre à Labourg. "Oui, personnellement j'aime bien l'aventure, tant qu'elle n'est pas dangereuse. Pourquoi cette question ?"

Comme prévu, l'entrée en matière d'Hector avait intrigué Danaë et son bel assistant. Le baron sourit, satisfait des mots de ceux-ci. Il regarda la maîtresse des lieux s'affairer puis, tranquillement, plongea son regard dans l'azur des yeux de Gabin. Il jouait avec le suspens comme un jongleur avec ses torches. Lorsqu'il sentit que l'attente avait été suffisante, il rouvrit la bouche.

- L'aventure est parfois au coin de la rue, voir même dans sa propre maison, n'est-ce pas Danaë ?

Il faisait référence à l'irruption des voleurs dans sa maison, l'autre jour, après qu'elle l'eut sauvé de l'empoisonnement dont il avait été victime.

- Et bien voilà. J'étais venu vous faire une proposition Danaë... mais comme je vois que vous, Gabin, êtes également aventureux, je vais vous faire la même proposition : Venez à Sombrebois. Venez vivre au château. J'ai de la place. J'ai de l'argent. En échange de vos services, de vos potions et de quelques travaux annexes, je vous offrirais le gîte et le couvert... et 80 sous par semaine.

Le salaire indiqué était bien plus important que ce dont pouvait bénéficier n'importe quel employé à Marbrume. Sombrebois n'était guère dépensier et il avait envie de repeupler ses terres. Aussi, l'arrivée d'un couple était un double avantage. La seule chose qui chiffonnait Hector était de savoir si les deux marbrumiens accepteraient les "travaux annexes" qu'il leur demanderait...

En attendant leur réaction, le baron allongea son dos contre le confortable dossier du fauteuil et mit le feu au petit foyer de sa pipe. Il tira une bonne bouffée de l'herbe miraculeuse que son cousin était parvenu à faire pousser autour du château et sourit à ses interlocuteurs.

- Alors, qu'en dîtes-vous ?

Un grand gloups se fit entendre dans la gorge de Danaë et elle se mit à compter sur ses doigts. Toutes blanche.

"Quat... quatre vingt sous par semaine? C'est huit fois les doigts des mains n'est ce pas Gabin."

C'était une somme énorme pour Danaë, une somme qu'elle mettait au minimum deux mois à rassembler et cela devait être chaque semaine? Danaë ne croyait pas ses oreilles mais tâcha de reprendre son calme pour mieux pouvoir négocier.

"Je vous mentirais en disant que votre proposition ne m'intéresse pas messire mais j'ai quelques questions: quels sont les travaux annexes et pourquoi moi plutôt qu'un apothicaire des quartiers riches. Ils sont probablement plus compétents que moi."

Oups:

Décidément, ce baron ne cessait d'intriguer Gabin ! Il devait avouer que son entrée en matière avait fait un sacré effet... Voyant Danaë cherchant un équivalent financier il lui dit "Oui c'est ça, en comparaison tu vends une potion à l'Hume 5 sous, autant te dire que ça fait beaucoup." Un jour il lui apprendrais à compter, promis.

Suivant assidument ce que disait le baron il lui répondit "votre proposition m'as l'air bien alléchante, quand vous parlez de potion, vous voulez dire vraiment des potions ou plutôt des poisons ? Comme Danaë, j'aimerais aussi savoir ce que signifie ses "travaux annexes" La question des potions si elle paraissait innocente signifiait tout pour Gabin: S'il avait l'opportunité de cesser de faire des poisons, il sauterait sur l'occasion.

La confiance et la sécurité n'avait pas de prix aux yeux du baron. Depuis qu'elle lui avait sauvé la vie, Danaë était pour lui une alliée de confiance. A ses côtés, il serait en sécurité. C'était bien là le plus important. Si Terresang avait survécu, ce fourbe serait capable de tout pour se venger...

- Vous avez bien entendu, quatre-vingt sous par semaine... Mais, bien sûr, les revenus de la vente de vos potions vont à la communauté.

Cela lui paraissait une évidence mais mieux valait préciser qu'ils ne seraient pas payés à rien faire ! Hector marqua une pause puis se tourna vers Danaë.

- Danaë, si je vous fais cette proposition à vous, c'est que vous êtes la seule apothicaire en qui j'ai réellement confiance. Vous m'avez sauvé la vie... et je voudrais bénéficier de vos compétences le plus rapidement possible en cas de nouveau coup dur...

Puis le baron tourna son visage glabre vers le séduisant jeune homme.

- Quant aux travaux annexes, sachez que chacun, à Sombrebois, doit s'occuper des tâches générales : entretien du château, cuisine, ménage... et évidemment... la défense de ses murs... Mais n'ayez crainte. La défense se fait du haut du chemin de garde, en tirant des flèches sur les fangeux en contrebas. Il n'y a guère de danger à cette tâche... tout juste devriez vous apprendre à manipuler un arc. Mais, n'ayez crainte, Hilde, la garde en chef, pourra vous enseigner les bases de cet art.

Hector souriait à l'un et à l'autre, content de ses premières explications. L'affaire semblait prendre un tournant positif. Il prit une nouvelle inspiration de ses herbes fumées. Elles l’apaisaient grandement.

- Bien sûr vous aurez le droit de quitter Sombrebois de temps en temps, pour vendre vos potions, pour rendre visite à vos proches, etc. Tant que vous êtes là cinq ou six jours par semaine, cela me va...

Le baron ne semblait pas lui mentir et cella fit chaud au cœur de Danaë que qu'une personne la considère comme une personne de confiance. Elle rougit un petit peu.

C'était la première qu'une personne de haut rang la complimentait sur ses capacités d'apothicaires plutôt que sur la taille de ses seins mais à voir la tête du baron, ces derniers entraient aussi en considération. Mais Danaë pouvait le comprendre, il était plus facile de présenter à la cour son apothicaire quand celui-ci ressemblait à Danaë que lorsqu'il ressemblait à un savant fou.

Cependant cela semblait beau, presque trop beau même. Elle allait accepter avant de se souvenir de quelque chose.

Elle tendit le bras en pointant un index en l'air, comme pour se donner plus d'autorité.

"J'accepte mais à une condition. Mes parents viennent avec moi. Je ne vous demande pas de les payer mais ils peuvent participer aux tâches annexes. Bon, mon père aura du mal avec les exercices physiques mais je suis sûr que ma mère s'occupera de la cuisine et du ménage avec plaisir. De plus, ils pourraient finir de former Gabin s'il m'arrivait quelque chose."

Elle avait dit sur un ton ferme. C'était ça ou rien.