[Terminé] Emplettes matinales (Constance)

Tout le monde est d’accord ? Cette fois-ci, Constance dépose un regard plus froid sur son amant, si en présence de fidèles, elle ne montre que très rarement sa contrariété cette fois-ci, elle semble avoir du mal à la contenir. Il l’a met au pied du mur, elle l’avise longuement de ses deux prunelles qui doivent en dire long. Non, elle n’est pas d’accord et oui, elle commence à se sentir légèrement agacée par ce sujet qui n’a de cesse de revenir dans les conversations. La jeune femme reste silencieuse, n’opine pas, n’accorde aucune réponse à cette affirmation qui elle, semble-t-il est une obligation. Elle se mordille l’intérieur de la joue, alors qu’elle sent de nouveau cette légère boule de colère s’abattre sur son bas ventre, se tortiller sans cesse, prêt à remonter pour exprimer sa colère. Cependant, comme souvent, elle se canalise passe son visage impassible qui avec les années semble parfaitement rodé. La couturière saisit doucement la petite tension qu’elle a animée involontairement et s’empresse de changer de sujet :

- « Nous allons faire ça, oui, oui…. De même pour l’auscultation finalement, je pense que nous en avons tous besoin. Il est évident que je veux être présente à votre mariage avec mon gros ventre et mes trois autres enfants. »

Constance relance un bref regard vers le guérisseur, si elle reconnaît qu’il a habilement joué des mots pour la faire changer d’avis, elle n’est pas certaine que ce soit l’unique raison. Cependant, il est bien inutile de revenir sur le tapis et sa contrariété n’en est que grandissante, elle se mord de nouveau la joue, serre les dents, crispe sa mâchoire plus dans un réflexe non volontaire qu’autre chose, puis devant le petit silence qui s’installe reprend la parole.

- « Est-ce que vous avez un endroit où vous allonger, j’ignore si mon collègue à simplement prévu de situer le positionnement du bébé ou si il veut que j’effectue un touché également. » Devant les grands yeux de la mère qui s’écarquille elle corrige « Nous allons uniquement effectuer un positionnement ne vous inquiétez pas, du coup, ne bougez pas. Monsieur va le faire. »

Les mots employés par Constance sont sans appel, elle est vexée. Ainsi n’a-t-elle pas fait preuve de maladresse en le nommant ‘collègue’ ni même en le provoquant tout en délicatesse dans la suite de ses propos. Cependant, malgré cette petite hargne qu’elle éprouvait vis-à-vis de lui, elle souhaitait également lui offrir la possibilité de sentir l’enfant bouger, à chaque fois qu’elle le faisait elle, elle ne pouvait cacher l’émotion de sentir une vie s’épanouir dans une autre. Ne pouvait-elle lui privée de cela quand bien même monsieur semblait particulièrement têtu sur certain sujet.

- « Je vous écoute monsieur le guérisseur, dites-moi comment je dois me mettre et expliquez-moi bien ce que vous faites au fur à mesure et ce que vous sentez… Ne soyez pas surpris, elle est très dynamique. »

Il est vrai que le bébé semblait être dans son moment de pleine activité, ce qui n’était que bon signe quant à son bien-être. Constance s’éloigna de quelques pas, suffisamment proche pour réagir s’il faisait un geste maladroit, mais suffisamment loin pour offrir la possibilité à Theodren d’insérer un cadre soignant/soigné. Ses deux yeux verts surveillaient avec beaucoup d’attention les gestes de son amant et au fur à mesure qu’elle voyait le ventre légèrement bouger sous les appuis de l’homme, elle affichait un petit sourire discret, mais qui se voulait rassurant, mais surtout subjugué par tout ça.

Constance observe d’un œil attentif la situation, sans pour autant montrer une inquiète ou une surveillance plus accrue. Elle fait confiance à Theodren, elle l’a déjà vu effectuer des soins et elle sait parfaitement qu’il s’y prend bien. Sa façon de faire de parler à l’enfant, cela rassure la mère on le voit dans son regard, dans la tendresse qu’elle affiche vis-à-vis de cet énorme ventre qui doit pourtant doit lui provoquer bien des douleurs. L’homme parle au ventre le touche délicatement d’un côté puis de l’autre, Constance surveille note mentalement quelques petites remarques et reste silencieuse. Ce moment n’est pas pour elle, c’est celui de la mère et du guérisseur, alors elle fait ce qu’elle sait faire le mieux rester silencieuse. Malgré les réticences de la mère, la jeune prêtresse aurait bien insisté un peu pour réaliser un touché, cependant elle sait qu’elle va refuser alors elle ne dit rien. Le ventre se déplace doucement en fonction de l’appui du jeune homme. Après un certain temps et un petit regard entendu des deux soigneurs, Constance s’approche.

- « J’ai les mains un peu froides… » elle se frotte vivement les mains « Je sais que le tissu ne protège pas toujours complètement la sensation de froid » elle lui sourit. « On peut y aller ? »

Contrairement à Theodren Constance ne s’adresse pas à l’enfant, mais essentiellement à la mère. Elle ne pense pas que l’enfant puisse les entendre, chose qui changerait peut-être une fois qu’elle serait elle-même enceinte, qui sait. Sa main droite vient se placer sur le bas du ventre, alors que la gauche se positionne sur le côté gauche, elle effectue de légères pressions afin de vérifier la quantité de liquide et afin de faire bouger un peu le bébé pour vérifier sa viabilité –même si celui-ci semblait en pleine forme-. Sans rien montrer davantage, elle décale sa main droite sur le côté droit, affiche un petit sourire en coin, en constatant qu’il ne s’agissait pas d’un gros bébé, mais de deux et visiblement petit. La mère nota évidemment le petit sourire de la jeune femme et ne peut s’empêcher de lancer un regard interrogatoire vers le guérisseur qui avait précédemment touché son ventre. C’était quelque chose de sentir la vie, alors deux. Constance se recule doucement après avoir vérifié la distance entre le bas du ventre et le début de l’intimité, difficile d’être précise avec les vêtements, mais elle peut largement confirmer les dires de son amant. Elle recule de quelques pas, puis affiche un petit regard complice vers Theodren.

- « J’ignore si vous avez vu juste concernant le sexe, mais je peux vous dire que vous n’êtes pas enceinte d’un bébé, mais de deux. Félicitation ! »

Les yeux de la mère s’écarquillent de surprises alors qu’elle dépose ses deux mains sur son ventre. Constance s’approche doucement, puis place les mains murmurantes :

- « Vous sentez là ? C’est le ou la première… » puis elle déplace légèrement de façon à pouvoir sentir les deux « Et là, le deuxième… »

La jeune femme semble très émue, de joie, puisque son sourire s’agrandit.

- « Mer…merci à vous deux ! Vraiment… je suis très mauvaise observatrice… C’est pour ça qu’elle bougeait autant, les deux filles se chamaillent déjà ! » puis elle s’adresse à son ventre « Mesdemoiselles, c’est votre mère qui vous parle, il ne va pas falloir faire chavirer le cœur des hommes trop vite… En tout cas à mon avis, vous allez déjà avoir celui de votre père. » Elle relève les yeux un peu fatigués « Bien, je vous remercie grandement pour tout ceci… Si vous voulez bien m’excuser, je pense que je vais me reposer un peu dans l’arrière-boutique avant de retrouver les deux plus jeunes. »

Constance opine lentement et remercie vivement la jeune femme pour tout ce qu’elle va faire, elle aussi pour le couple. Deux bébés cela semble improbable pour celle qui s’imagine déjà difficilement n’en porter déjà qu’un seul. Elle conserve un doux sourire sur les lèvres, alors que, afin de ne pas déranger la mère, elle entraîne Theodren avec elle vers la sortie, une fois à l’extérieur, elle le relâche doucement, puis annonce :

- « Je suis déjà en retard pour le temple.. Est-ce que tu penses pouvoir passer la revoir dans la journée… Je vais essayer de passer aussi plus régulièrement, une grossesse c’est déjà compliqué, alors deux bébés d’un coup, je dois avouer n’avoir jamais encore fait… Ce sera encore une fois une mère merveilleuse, je n’en doute pas un seul instant. »

Elle avise son amant, sans réaborder la question du poids, simplement parce que l’émotion qu’elle vient de vivre en sa compagnie lui a fait oublier sa légère contrariété. Elle affiche un petit sourire, ne sachant pas vraiment si il a l’intention de la raccompagner.

- « J’espère que toutes les petites visites ne t’ont pas trop fait peur… »