Tout était lié [PV : Seren]

Rien quand passant la porte l’atmosphère changeait du tout au tout. Un frisson glacé vous remontait l'échine pour implanté l'idée d'un danger imminent dans votre cerveau ... Seren, porta inconsciemment la main a la dague cachée dans sa chemise, retenue par les bandage que la cavalière utilisait pour que sa poitrine ne la gêne pas en chevauchant. Les clients présents regardaient les nouvelles arrivantes avec un mélange de faim et de haine dans le regard. Quand Astrid s'approcha du comptoir, Seren ne la suivait que d'un pas. Elle n'avait pas peur pour elle mais pour son amie. Le regard que lui lança le tenancier n'était pas agressif mais Seren connaissait assez ce genre de type pour se méfier.

- Vous comptez boire quelque chose ou juste me saouler avec des questions ?

La jeune femme passa une main sur l'épaule d'Astrid tout en plantant violemment sa dague dans le bois du comptoir avec la seconde. Elle regarda la l'homme droit dans les yeux avec un sourire narquois.

- Voyons les questions dans un premier temps. Qui sait, nous apprécions peut être votre compagnie après une petite discussion.

Le tavernier resta stoïque quelque moment avant de se fendre en un sourire. Il ne voyait pas beaucoup de femmes dans son bouge et encore moins des femmes de cette trempe. L'atmosphère tendue qui régnait dans le pièce quelques secondes auparavant disparue en quelque minutes et les discussions interrompues reprirent de plus bel sans plus se soucier des deux jeunes filles. Le tavernier les regarda a nouveau à tour de rôle. Seren reprit sa dague et la remit a sa place tout en notant que le grand gaillard ne perdait pas une miette du spectacle. Il se pencha en avant et leur demanda doucement :

- Qu'est-ce que vous voulez y faire dans ces coins ? Déjà que d'venir ici c'est courageux alors la-bas ...

La cavalière devança sa compagne en lançant un clin d'oeil au bonhomme.

- Secret !

Le tenancier se releva et les regarda quelques temps tout en gardant le silence.

Astrid eut toute la peine du monde à retenir le cri qui ne demandait qu'à s'échapper de ses lèvres. Mais que faisait son amie ? Pourquoi se montrait-elle si... Violente ? Poser sa main sur l'épaule d'Astrid n'était pas suffisant pour la calmer ou au moins lui faire comprendre ce qui allait se passer, au contraire, ça n'avait fait que lui attirer le regard vers la dague récemment intégrée au comptoir. Seren avait l'air de trouver ça tout à fait normal.

Voyons les questions dans un premier temps. Qui sait, nous apprécions peut être votre compagnie après une petite discussion.

Le tavernier resta immobile et presque indifférent à ce qui venait de se produire pendant quelques secondes. Ce n'était pas plus mal, d'ailleurs. S'il les mettait à la porte elles n'auraient jamais leur réponse ! Et il était possible aussi qu'elles y laissent des plumes. Pourtant, quand il réagit enfin, il ne fit que sourire dans un premier temps. Astrid ne comprenait absolument pas pourquoi. Les discussions finirent naturellement par reprendre, comme à chaque fois que les événements n'étaient pas à la hauteur de l'annonce bruyante qui en était faite. La cartomancienne en était soulagée. Mais elle se dit que finalement, elle ferait sûrement mieux de laisser Seren gérer la discussion. Disons qu'elles avaient des styles différents. L'acrobate récupéra son arme sous les yeux attentifs – et probablement intéressés – de l'aubergiste. La vie pouvait reprendre son cours normal. Et le type derrière le comptoir se pencha un peu pour parler tranquillement, sans qu'Astrid sache s'il craignait d'être entendu ou plutôt d'être dérangé.

Qu'est-ce que vous voulez y faire dans ces coins ? Déjà que d'venir ici c'est courageux alors la-bas ...

Voilà qui n'était pas pour rassurer la prostituée ! Elle trouvait qu'effectivement elle avait fait preuve d'assez de courage, et même de témérité, pour s'aventurer jusque là. Seren fit un clin d'oeil et répondit avant même que la cartomancienne n'ait eu le temps de réfléchir à une réponse convenable. Comme toujours depuis qu'elles se connaissaient, Seren était l'intrépide et elle la raisonnable. Impossible d'échanger les rôles au sein de l'équipe, et Astrid pensait déjà à leur retour au camp, en espérant que personne ne se montrerait plus agressif que l'aubergiste, qui n'avait même pas râlé qu'on lui abîme le mobilier.

- Secret !

Il y eut un instant de silence pendant lequel l'homme se redressa pour reprendre une posture normale derrière son comptoir. Astrid se demandait s'il allait répondre. Peut-être voudrait-il faire payer le renseignement ? Elle n'en savait rien, elle n'avait pas l'habitude de demander quoi que ce soit de cet ordre. Elles ne savaient même pas vraiment ce qu'étaient les lieux qu'elles cherchaient. Des auberges ? Un marché noir ? Une maison de passe ? Elles étaient peut-être en train de s'attaquer à un trop gros poisson.

-Ne vous en faîtes pas pour nous, on est de grandes filles responsables, et si vous ne nous indiquez pas où c'est, vous ne faîtes que retarder notre arrivée, sans l'empêcher, ajouta Astrid avec assurance.

Elle savait très bien mentir. Il le fallait bien, quand on passait sa journée à répéter des âneries à des gens qui ne croyaient que rarement à la magie des cartes, ou à conforter des types absolument laids de leur beauté et de leur virilité incomparable dans l'espoir de leur soutirer de l'argent. Elle faisait confiance à Seren. Pourtant elle n'en menait pas large. Sa réplique avait l'air d'avoir fait de l'effet au tavernier en tout cas ! Il les considérait avec un peu plus de respect, et semblait réfléchir sérieusement à la possibilité de leur révéler quelque chose. C'est alors qu'une voix avinée s'éleva dans l'air.

-Bah alors Roger, on s'fait embêter par des gonzesses ?!

L'homme qui venait de parler s'était approché. Il sentait le vin, mais marchait encore bien droit et il aurait été idiot de le sous-estimé. Ses vêtements étaient aussi sales, et même aussi gras, que ses cheveux. Et son sourire était la chose la plus malsaine qu'Astrid avait pu voir depuis... Au moins deux jours. C'est dire !

-Mais c'est qu'elles sont pas mal en plus ! Alors les mignonnes, vous r'cherchez l'aventure ? Vous avez dû vous perdre... Que feraient d'aussi jolies paire de... D'yeux, par ici, hein ?