Marbrume


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 [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]

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Florent TeinteluneGarçon de passe
Florent Teintelune



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MessageSujet: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyLun 14 Jan 2019 - 18:14

-- Janvier 1166 --

Dans une immense ville comme Marbrume, il serait facile d’imaginer que chaque journée est différente de la précédente. Que personne ne fait jamais la même chose. Et pourtant. Quel habitant de cette ville ne ressentait pas la monotonie hivernale, l’ennui mortel et l’enfermement permanent derrière ces grandes murailles, à l’abri de la Fange ? Même si la faim le rappelait souvent à l’ordre, Florent faisait partie de ces gens qui avaient besoin de l’espace.

Depuis sa dernière rencontre avec une milicienne hautement gradée, avec qui il avait passé une soirée unique il y a quelques temps, il tentait de ne plus regarder la ville de la même façon. Quand il prenait le temps ou qu’il avait besoin de sortir et de faire quelques courses, le peintre amateur tentait de trouver de la beauté là où l’on pouvait s’y attendre le moins. Cette recherche n’était pas toujours fructueuse, mais cela lui changeait les idées, et l’écartait de son quotidien.

Mais ce n’est pas pour autant que l’éphèbe, adepte des plaisirs charnels, avait stoppé son activité pour autant. Ses conquêtes d’un soir, ou ses clientes et clients, pour être plus précis, étaient ce qui lui rapportaient de quoi manger. Et quand elles étaient plus bavardes encore, il était capable de leur soutirer quelques informations et rumeurs. Ces dernières se revendaient très bien auprès de son employeur et lui permettaient de remplir encore un peu plus ses poches.

Il avait récemment fait la connaissance d’une certaine Dame Hauteplume. N’ayant plus d’intérêt pour son mari, fortuné mais impuissant, elle s’était tournée vers de vigoureux apollons pour assouvir ses pulsions. Elle avait donc passé une nuit avec Florent, il y a quelques jours, mais ayant peur de se rendre à nouveau sur place en se faisant attraper, elle avait demandé au jeune brun de se rendre à sa demeure dans les quartiers bourgeois de Marbrume. Le rendez-vous avait été convenu de sorte que son mari ne soit pas présent au domicile, et la récompense fixée à l’avance.

La demeure Hauteplume était en hauteur et surplombait le reste des quartiers bourgeois. Y loger devait couter encore plus cher que le commun de Bourg-Levant, mais cela importait peu. On aurait presque dit une sorte de manoir. Toutefois, la décoration intérieure était assez modeste, et Florent supposait que l’origine de cette fortune en pleine déchéance devait venir du dehors. Les Hauteplume ne vivaient désormais plus que sur leurs acquis et n’avaient plus de source d’enrichissement, comme beaucoup d’autres familles fortunées de la ville.

Une fois sa besogne effectuée, et la dame comblée, il s’en alla, après avoir récupéré son dû. Une fois dehors, il soupesa la bourse qu’elle lui avait remis. Un ricanement fut la dernière chose qu’il entendit.

Quand Florent reprit connaissance, sa première sensation fut le froid du pavé contre sa hanche. Faisant flotter son regard autour de lui, il conclua qu’il se trouvait dans une ruelle, surement loin des grandes allées passantes. Il était bâillonné et ses bras étaient ligotés dans son dos. Personne ne l’entendrait. C’est alors que, ses sens en alerte, il entendit le même ricanement qu’un peu plus tôt.

Deux hommes, trapus se tenaient en face de lui, l’un avait la bourse du garçon de passe, et la faisait nerveusement rebondir dans sa main. L’autre avait une planche de bois de la taille d’un bras, et la faisait bruyamment frapper dans son autre main.


- Eh, ça y est ? On se réveille petite merde ?

Comprenant qu’on s’adressait à lui, Florent releva les yeux pour croiser le regard des deux hommes, à leur merci. Il leur aurait bien demandé ce qu’il faisait là, mais était à la fois trop paniqué, ni en mesure de le faire.

- T’sais que t’pèses lourd.
- Viens, qu’on en finisse avant qu’on s’fasse avoir.
- Ouais t’as raison. J’me demande s’il ira toujours baiser des riches une fois qu’il aura la gueule bien amochée.

C’était donc ça. On l’avait dénoncé. Ou il avait été suivi. Une bien piètre situation.

Le premier coup fut dans les côtes. Florent senti l’air s’échapper brusquement, et il manqua de s’étouffer avec le tissu dans sa bouche. Il rugit sous la douleur, le bruit rapidement étouffé par le tissu. Une volée suivit, par des pieds, dans la tête et le dos. Il en avait un de chaque côté. Instinctivement, il se roula en boule tant bien que mal et se faisait de gros efforts pour garder connaissance tout en contractant ses abdominaux pour se protéger les os, perdant ainsi très vite la notion du temps.

Quand les deux mercenaires furent lassés, ils s’en allèrent. La victime, toujours à terre, ligotée et bâillonnée, ne les entendit pas partir. Il n’entendit pas non plus leur mise en garde, vis-à-vis de celui qui s’était payé leurs services, profondément vexé d’avoir été cocu et qui avait donc pris sa revanche.

Il resta là un long moment, couché sur le pavé glacé qui mordait sa peau meurtrie. Il avait froid, et vraiment mal partout. Il sentait le sang chaud couler dans son dos, surement un coup de la latte en bois… Il rassembla ses dernières forces et se leva. Il ne pouvait pas s’aider de ses mains, alors tout lui prenait temps et énergie. Petit à petit, il sentait l’étreinte sur ses mains s’alléger, au fur et à mesure qu’il tournait ses poignets. Il s’extirpa de la ruelle sombre où il se trouvait et arriva à rejoindre une rue dans laquelle il n’y a vraiment beaucoup plus de monde. Il ne savait même pas dans quel état il était, mais il sentait sa paupière gonflée, des bosses brûlantes sur son front, ses côtes douloureuses, et avait constaté que plusieurs de ses vêtements étaient partiellement déchirés. Toutefois, il n’avait pas mal à chaque pas, donc au moins, il ne semblait pas avoir de côtes cassées, c’était déjà ça…

Le jeune homme cherchait de l’aide, mais ne voyait pas grand monde. Il sentait ses forces l’abandonner… Un violent coup de vent glacial vint lui cisailler la peau à nouveau. Finalement, il parvint à défaire ses liens en cuir. Son premier réflexe fut d’abaisser le bâillon, qui tomba autour de son cou. Il passe doucement la main sur son front pour évaluer les dégâts quand une violente douleur manqua de lui faire perdre connaissance. Il eût le temps de s’appuyer contre un mur pour ne pas s’écrouler, mais n’avait plus la force de bouger.

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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyLun 14 Jan 2019 - 22:38


Le problème avec les cérémonies, c’est que cela provoque des mouvements de foules. Sydonnie en avait bien conscience, les derniers jours l’avait épuisé et avait elle fini avec l’accord de son sergent par libérer sa coutilerie pour un jour. Cela ne l’empêchait pas de rester en tenue de milicienne et de vagabonder dans les rues, mais au moins, aujourd’hui, la jeune femme n’avait aucune responsabilité sur ses épaules. Absolument aucune. Le problème, c’est qu’il y a toujours l’inconscient, ce petit murmure habituel, cette façon d’être toujours en alerte. Déformation professionnelle diront certain, mauvaise habitude diront les mauvaises langues, réflexe expliquerait sans aucun doute la coutilière. Passant dans les rues des bas quartiers, vagabondant de droite à gauche, celle à la chevelure de jais avait dans l’idée de rejoindre le port par les ruelles mal fréquentées, juste pour impressionner, juste pour rappeler que la milice ne pouvait que veiller à la sécurité de cette zone de la ville.

Alors qu’elle allait atteindre son but, un élément sembla interpeller son attention, s’arrêtant presque immédiatement, elle observa deux hommes s’éloigner à toute jambe, avec un peu de sang –du moins c’est ce qu’elle crut reconnaître- sur une des chemises. Fronçant les sourcils, son premier réflexe et le plus naturel sans aucun doute, fut d’avancer plus rapidement dans la direction de fuite, avec dans l’idée de poursuivre les deux suspects, mais sans preuve, sans crime, elle ne pouvait décemment rien faire. Fronçant les sourcils, la femme d’armes avait fini par se raisonner, reprenant sa petite marche tout en cherchant à oublier l’incident qui l’avait un brin dérouté. A cette heure-ci de la journée, les ruelles semblaient fréquenter et la souffrance des petites gens ne pouvaient que davantage la frapper, chaque jour la différence entre les classes semblait la déranger davantage, chaque jour, elle doutait un peu plus que le Duc parvienne un jour à redresser complètement la situation.


Gourmande, elle s’était arrêtée dans un petit commerce où un homme s’appliquait à faire du pain, elle en avait acheté deux, dont un aux noix. Le basique fut coupés en plusieurs morceaux, puis offert à des meurs de faims, installées à même le sol avec l’espoir de recevoir un jour des dons. Le regard larmoyant de ceux ayant reçu le précieux présent avait suffi à faire oublier à la noiraude les deux autres individus prenant la fuite. Cette réalité sembla rapidement lui sauter de nouveau au visage, puisqu’un peu plus loin, alors qu’elle avait enfin croqué un morceau de son propre morceau de pain, crut reconnaître une silhouette en difficulté. S’approchant à grande enjambé, elle fit surprise de trouver un cordage non loin de lui, puis un morceau de tissu visiblement mal en point.

- « Monsieur ? » fit-elle à une bonne distance encore, cherchant à l’interpeller « Vous allez bien ? » ajouta-t-elle en se rapprochant davantage.

Puis ce fut la surprise, mauvaise surprise, celle d’avoir cette sensation de déjà vu, de le connaître. D’Algrange avait stoppé ses mouvements, détaillant avec plus de précisions l’individu qui lui faisait désormais face, il n’avait pas l’air en forme et les tuméfactions de son visage semblaient plutôt récente, ce ne fut qu’une fois son regard survolant les deux prunelles de son désormais interlocuteur qu’elle le reconnu. Ses lèvres s’étaient entrouvertes, presque stupéfaite, qu’avait-il bien faire pour se retrouver dans cet état-là. Immédiatement, elle était venue le soutenir, passant une main dans son dos et positionnant un de ses bras sur ses épaules à elle.

- « Florent ?! Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qui t’a fait ça ? » Sydonnie avait fait une pause, poursuivant « Tu peux marcher ?»

Elle avait essayé de le faire avancer, avec quelques difficultés, impossible de savoir où aller, et ne pouvait-elle pas l’obliger à le faire progresser jusqu’à sa demeure. Naturellement, elle avait fini par frapper à une porte de Marbume, indiquant qu’elle était milicienne et qu’elle réquisitionnait assistance ; Après plusieurs longues minutes d’attente, la petite porte avait fini par s’ouvrir, laissant entrer le duo dans la demeure. Il ne fallait pas se mentir, l’odeur qui provenait du lieu ne pouvait laisser aucune supposition quant à l’origine. L’urine venait piquer le nez, la poussière s’accumulait sur les meubles, des récipients venaient récupérer les gouttelettes d’eau qui dégringolait du toit, alors qu’il ne pleuvait même pas. Des oiseaux passaient par les ouvertures de la toiture, enfin si on pouvait appeler ça une toiture. La coutilière avait tiré une chaise du bout du pied, peu convaincu que cela soit une bonne idée, mais à défaut d’autres solutions, n’avait-elle pas eu le choix.

- « Vous avez de l’eau, un tissu, de l’eau salée ? »

La bonne femme lui avait donné l’impression de ne pas parler la même langue, elle s’était mise à sourire dévoilant une dentition dont la plupart des dents manquaient. L’occupante n’avait d’yeux que pour le pain aux noix que la milicienne avait glissé dans sa sacoche. Dans un soupir, D’Algrange avait fini par lui remettre et soudainement la maîtresse des lieux sembla comprendre les demandes, elle avait ramené un vieux tissu dont des tâches indéterminées semblaient présentes depuis de trop nombreuses d’année, une bassine, dont la transparence de l’eau était discutable et c’était tout, suite à ça elle c’était éloigné pour faire on ne sait trop quoi beaucoup plus loin.

- « … Bon, je vais le minimum ici… Le reste il faudra aller chez moi, d’accord ? Repose-toi un peu… »

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Florent TeinteluneGarçon de passe
Florent Teintelune



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 19 Jan 2019 - 14:57
Alors que Florent luttait de tout son saoul pour se maintenir conscient et ne pas s’écrouler, ce qui ne ferait qu’aggraver son état, il entendit finalement une voix l’appeler. Il crut la connaître, sans vraiment trop distinguer les tonalités, ni même le sens de ses paroles. Ses oreilles bourdonnaient sous la douleur, et sa vue s’était troublée depuis plusieurs minutes.

La silhouette féminine se rapprochait à grands pas. Le regard vide, il leva tout de même les yeux. Bien que vide, son regard croisa celui de la jeune femme qui se tenait devant lui. Quand elle l’appela par son prénom, le jeune éphèbe fut rappelé à l’ordre. Il tenait encore debout, et reprit quelque peu conscience. Il ne lui fallut par longtemps pour reconnaitre Sydonnie, avec qui il avait passé une nuit assez spéciale quelques semaines plus tôt.

Il tira tout de même la grimace quand elle lui souleva le bras afin de le soutenir, une douleur le lançant violemment dans l’épaule. Il grogna, mais tenta d’articuler un « Merci… ». Il se sentait très faible car la souffrance le lançait de toute part, et ne répondit pas à toutes les questions que la milicienne aux cheveux de jais venait de lui poser.


« Je.. Je crois, oui. Mais.. Doucement. » fit-il en faisant référence à s’il pouvait marcher.

Cette fois soutenue par la jeune femme, Florent reprit sa course. En qualité de milicienne, Sydonnie parvint rapidement à trouver quelqu’un qui voudrait bien leur ouvrir, afin qu’il puisse se reposer un peu.

Sans étonnement, les deux jeunes gens se sentaient mal à l’aise. Ce qui faisait office de demeure pour la vieille dame qui leur avait ouvert, empestait la misère. L’odeur âcre de l’urine omniprésente venait s’ajouter au ruissellement permanent du toit. Une goutte glacée vient tomber dans le cou de Florent, qui ne put s’empêcher de frissonner de surprise.

Elle le fit asseoir, et demanda de l’eau et du tissu, sûrement pour panser ce qui était visible. Lui, se sentait un peu mieux d’être assis, même s’il avait peur que la chaise lâche sous son poids à tout moment. Il essayait de remettre ses pensées bien en place et de refaire la chronologie des événements. Mais, cela devenait flou à partir du moment où il sortait de la demeure des Hauteplume. Néanmoins, il tenta un trait d’humour.


« Décidément, on peut dire qu’ils ne m’ont pas loupé. » dit-il avec un large sourire.

Il souriait, mais il avait terriblement mal. La douleur le lançait périodiquement dans le dos, les hanches. Il regarda ses mains, bleutées et des plaies un peu partout, vu qu’il s’était protégé le visage. Instinctivement, il passa sa main dans son cou et constata que son précieux collier était toujours bien accroché. Le vent qui passait par la toiture et sous la porte vint caresser la plaie qu’il avait dans le dos à travers sa chemise. Le corps entier de Florent se raidit à ce moment-là. Il sentit l’étendue de la plaie ; elle allait du bas du dos et poursuivait latéralement les reins et les hanches pour rejoindre les abdominaux latéraux. L’entaille devait faire facilement trente centimètres et avait probablement été causée par la planche de bois que tenait un de ses agresseurs.

« Je n’ai même pas prêté attention à la personne qui nous a accueillis. »

Cette impolitesse ne serait que de courte durée puisqu’il s’empresserait de remercier la vieille dame en partant.

« J’aurais aimé te revoir… Vous ! revoir… dans un meilleur état. Et pas ici… Et d’ailleurs, où sommes-nous ? »

La vieille femme était revenue avec une bassine et de quoi nettoyer, tant bien que mal. Sydonnie lui avait demandé de se reposer, et il ne se faisait pas prier. Il hocha la tête pour acquiescer.

« Je n’ai pas envie de vous attirer de problèmes, en restant dans les parages ou en allant chez vous. »

Il sentit le tissu imbibé d’eau lui effleurer la peau et prit une grande inspiration pour se retenir de jurer. Il se sentait ridicule, comme un enfant qui s’est fait mal au genou et qui demande à sa mère de faire les choses à sa place. Mais il devait bien avouer qu’il avait bien trop mal pour envisager faire l’effort de se baisser pour ramasser la bassine. Il n'avait même pas répondu à toutes les questions de la milicienne, encore un peu perturbé par la situation. Il lui raconterait sûrement tout, une fois chez elle. Et puis, que faisait Sydonnie dans un endroit malfamé comme celui-ci ?








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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 19 Jan 2019 - 17:39

- « C’est plutôt inquiétant » souffla-t-elle d’une manière un peu réprobatrice.

Ce n’était pas amusant à ses yeux, d’autant qu’elle ignorait la raison de cette action, la coutilière avait bien quelque doute sur la question, quelque idée, mais pour l’heure et sans confirmation la jeune femme n’en restait pas moins méfiante. Elle l’avait fait entrer dans une demeure inconnue, dont la condition, la propreté et même la sécurité étaient particulièrement discutables. Ici ce n’était pas particulièrement étonnant, néanmoins, Sydonnie préférait ça plutôt qu’être à l’extérieur. Installée sur la chaise, attendant certainement de savoir de quoi il retournait celle face à lui ne faisait que l’observer, le détailler avec cette intensité dans le regard. Impossible de le dévêtir ici ou d’apporter un soin de qualité. La femme d’armes se doutait fortement que Florent accepterait d’aller de se rendre au temple, de ce fait, il ne restait qu’une solution possible : l’amener chez elle. Comment restait une interrogation qui ne trouverait pas encore de réponse, fallait-il déjà prendre connaissance de la situation.

- « Ce n’est pas important » fit-elle vis-à-vis de son interrogation concernant la responsable de maison « ça non plus ce n’est pas important » avait-elle dû ajouter pour attester que l’endroit n’était pas exceptionnel « Tu n’étais pas obligé de te faire ainsi malmener pour me revoir, il y a des solutions bien moins dangereuses » souffla-t-elle finalement rassuré de le voir plus ou moins cohérent.

La milicienne avait fini par tremper le tissu dans la bassine, sans chercher à comprendre, sans chercher à déterminer si oui ou non c’était une bonne idée. Le temps n’était pas à la réflexion, mais bien à l’action, essorant le tissu entre ses doigts, elle avait fini par venir tapoter en douceur les plaies de son visage, ou les différents hématomes commençaient à faire leurs apparitions. Un peu malgré elle, celle à la chevelure de jais devait s’enfermer un peu dans sa bulle. Elle avait une pluie de question à formuler, très certainement issue de sa formation et sa condition de femme d’armes, mais Sydonnie se doutait bien que si cet acharnement physique contre lui était dû à son métier, alors elle n’obtiendrait absolument rien de lui.

- « Cesse donc de dire des idioties, je ne vais pas te laisser dans cet état » ronchonna la noiraude, quelque peu contrarié « Ne bouge pas, ça risque de piquer un peu. »

Peut-être pour lui faire comprendre la gravité de la situation, à moins que ce ne soit pour lui faire payer cette petite pointe d’inquiétude, la jeune femme avait appuyé un peu plus que de raison sur le morceau de tissu imbibé d’eau. Là où les petites écorchures, les petites plaies se faisaient plus présentes sur son visage. S’il s’appuyait sur sa bouille pour obtenir des clients, il allait rapidement se retrouver sans emploi le temps de sa guérison. Parce qu’il en prenne conscience ou non, les responsables ne l’avaient réellement pas loupé. Lâchant un soupir, D’Algrange fit le tour des marques visibles, sans retirer ni chemise ni pantalon évidemment, pas ici. Elle se questionnait sur la raison de sa présence, sur la manière de le placer, si elle l’obligeait à se relever pour le voir tomber un peu plus loin, cela serait complètement inutile.

- « Je vais te déplacer » fit-elle après un moment d’hésitation « On va devoir marcher un peu, tu vas devoir t’appliquer à rester conscient, si tu tombes, je serais incapable de déplacer seule, tu comprends ? » elle fit une pause, relevant son menton du bout des doigts pour plonger son regard dans celui de son interlocuteur, presque nez contre nez « Tu vas me parler, me raconter tout ce qui te passe par la tête sans jamais t’arrêter, d’accord ? Ça devrait t’aider à ne pas sombrer. Si tu parviens à évoquer les sources de tes douleurs, ça me fera sans aucun doute gagner un peu de temps pour te soigner, mais je te préviens je ne suis pas prêtresse, ni guérisseuse.»

Une façon de le mettre en garde gentiment vis-à-vis de ses talents dans le domaine du soin. D’Algrange était plus de celle qui réglait le tout par la brûle que par le fil et l’aiguille, les massages, les potions ou autres conneries. La jeune femme avait fini par se relever, passer ses bras sous les aisselles de son interlocuteur, se penchant légèrement pour l’aider à se redresser sans pour autant s’exploser le dos. Une fois debout elle était venue se placer à ses côtés.

- « Allons y… » murmura-t-elle

Sydonnie n’était pas une force de la nature, sa condition de milicienne faisait qu’elle avait forcément plus de force, plus d’endurance, peut-être plus de souplesse que les autres femmes, mais elle n’en restait pas moins inférieure à un homme. De ce fait, elle non plus n’était pas certaine de tenir la distance, mais ferait tout pour y parvenir. En passant la porte, elle c’était arrêté, juste le temps de saluer la vieille dame, elle lui avait offert un sourire en constatant qu’elle mangeait son pain, aurait attendu un peu si Florent voulait ajouter quelques soit. Puis la milicienne était partie, emportant avec elle cet homme dont elle espérait qu’il allait parvenir à conserver sa conscience et non sombrer dans l’inconscience. Elle utilisait des techniques simples qu’on lui avait enseignées lorsqu’elle était à l’extérieur et qu’il fallait gérer des blessés. Naturellement, elle l’avait emmené à sa suite jusqu’à sa demeure, faisant des pauses si besoin, lui posant des questions si besoin également. Elle l’écoutait attentivement, toujours, même si parfois son esprit vagabondait plus sur la manière de procéder et de le soulager. Comme elle le lui avait souligné, elle n’était pas soigneuse, ni prêtresse. Elle savait emballer un bras dans du tissu, retirer les traces de sang, refermer une plaie avec une lame chauffée et cela s’arrêtait là. L’ordre des choses à faire lui échappait complètement et quand elle arriva enfin devant sa bâtisse et le petit commerce collé qui était encore fermé faute d’employé.

- « C’est là… Nous y sommes… Plutôt endurant pour un garçon de passe… » murmura-t-elle, teintant sa voix d’un peu d’humour.

Elle l’avait aidé à monter les deux marches, avant d’ouvrir la porte, laissant immédiatement la sensation de chaleur caresser les peaux. Le feu au fond de la pièce crépitait encore, la table était parfaitement rangée avec en son centre un panier avec quelques fruits, une nappe en dentelle se trouvait au-dessus du bois de la table, les six chaises ne semblaient pas avoir bougé depuis bien longtemps. Sur la gauche se trouvait ce qui semblait être un petit salon, avec un tapis, des petits canapés et une imposante bibliothèque vide ou ne trônaient que de rares ouvrages et beaucoup de bibelots. Au mur restaient accrochées des décorations des divinités et des représentations de la famille entière : Sydonnie, le père, la mère, le cousin qui pouvait aisément passer pour le fils. À droite, il y avait donc la table, derrière la cheminée, et dans le coin ce qui ressemblait au lieu de préparation des repas, une grosse bassine d’eau, une petite porte renfermant derrière elle un puits. Face à la porte d’entrée se trouvait les escaliers qui menaient aux deux chambres et à la salle d’eau juste en face des dernières marches.

Sans réfléchir, la milicienne l’avait abandonné dans un fauteuil, pour plus de confort certainement. Elle était montée afin de faire chauffer l’eau qui se trouvait dans l’imposante bassinante, puis redescendue avec une bûche supplémentaire à mettre dans la cheminée. Elle y avait posé une marmite remplie d’eau, afin de pouvoir enfin, regarder le tout convenablement. Ouvrant un tiroir, toujours sans s’exprimer, la jeune femme avait récupéré des vieux morceaux de tissu de quoi tremper le tout. Rajoutant du sel dans l’eau, elle s’était enfin rapprochée de Florent pour prendre la parole.


- « Retire ta chemise si tu y arrives… Ton pantalon aussi et tes chaussures. » elle était hésitante « Il y a de l’eau chaude en haut et une bassine… Tu pourras prendre un bain si tu veux… Ça retirera le plus gros du sang, je suppose… On pourra regarder après pour nettoyer plus convenablement tes plaies si ça te va… Et refermer aussi… »

Elle était maladroite, incertaine sur ce qu’elle devait faire, elle avait fait de la couture pour réaliser des éléments en dentelle, mais cela lui semblait bien différent de refermer des chaires. Prenant une légère inspiration, elle avait sorti le récipient du feu, le posant sur une pierre plate proche de la table. Elle y jeta les différents tissus, avant de se rapprocher les bras chargés de Florent.

- « J’enlève déjà le plus gros, après le bain et après je regarde. Sauf si tu préfères que je t’accompagne au clergé pour obtenir un soin ? »

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Florent TeinteluneGarçon de passe
Florent Teintelune



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyMar 22 Jan 2019 - 23:30
Sydonnie avait soupiré. Peut-être était-ce de soulagement, ou d’exaspération. En effet, faire de l’humour étant donné la situation n’était sûrement pas tout à fait approprié. Malgré cela, elle mettait du soin à s’occuper de ses nombreuses plaies, toutes plus ou moins superficielles. Florent ne pouvait s’empêcher de crisper ses muscles à chaque contact entre l’eau et sa peau. Être assis lui faisait du bien. Il arrivait à remettre ses idées à peu près en place, même si ses souvenirs étaient toujours très confus. Mais ce repos fut de courte durée, puisque la milicienne lui annonça qu’ils allaient se déplacer. Elle lui releva le menton pour bien lui faire comprendre qu’il allait devoir faire des efforts. Ronchonnant pour la taquiner, le jeune éphèbe violenté ajouta avec une pointe de familiarité :

« Je vais faire ce que je peux. Mais je suis pas certain de te tenir en haleine jusqu’au bout du trajet. »

Effectivement, il savait que la technique de la femme d’arme était la bonne. Parler, parler sans jamais s’arrêter. Cela permettait de se changer les idées, mais aussi de se tenir éveillé. Il ne savait pas trop de quelle manière d’ailleurs. Sûrement que le fait de se maintenir actif permettait de garder les sens en éveil et de ne pas s’endormir.

Sydonnie vint le relever de son trône. Le jeune homme prit une grande inspiration pour supporter la douleur qui l’élança dans tout le flanc droit. Une fois debout, la femme aux cheveux de jais l’aida à se maintenir droit, et ils commencèrent leur route pour sortir de la demeure modeste dans laquelle elle lui avait prodigué les premiers soins.

Une fois dehors, et alors que Florent n’avait même pas pris la peine de remercier la vieille dame qui les avait accueillis, il ironisa :


« Ce n’est pas drôle comme jeu. Je vais tellement d’ennuyer qu’à la fin du trajet, tu ne voudras plus jamais me revoir, si je suis encore en vie d’ici-là. »

Le peintre blessé se força à rire légèrement. Malheureusement pour lui, les échanges d’air dans son corps lui firent constater qu’il avait probablement une côte fêlée ou deux. Il ne savait même pas par où commencer, ni comment occuper la conversation. Une fois arrivé chez la milicienne, dont il se posait une multitude de questions sur comment cela pouvait être chez elle, et qu’il aurait les idées encore plus claires, il serait certainement en mesure de lui raconter comment il avait fini dans cet état-là.

« Hmm… Je viens de remarquer que j’arrive à te tutoyer. Je sais pas pourquoi. Enfin… Tu connais l’histoire de la pomme et des vers ? Ma mère me racontait ça de temps en temps pour que je me rappelle de toujours regarder à l’intérieur d’une pomme. C’est un ver qui rencontre un autre ver dans une pomme et qui lui dit : Oh tiens ! Je ne savais pas que vous habitiez le quartier ! Bon, je sais, c’est pas drôle, mais ça fait bien rire les enfants. Il en faut peu, n’est-ce pas ? »

Pendant une bonne vingtaine de minutes, Florent fit des efforts surhumains pour ne pas se taire. Il se faisait vraiment pitié à sortir des idioties pareilles, et ne savait même comment Sydonnie arrivait à l’écouter aussi attentivement. Parfois, elle souriait, sûrement plus pour l’encourager à continuer. La douleur était spastique. Il avait plus mal du côté droit, c’était évident. Mais cela devait être dû au fait qu’il avait dû se rouler en boule sur l’autre flanc pour ne subir des sévices que d’un seul côté.

Tout le reste du trajet, il lui parla des clients bizarres qui se rendaient à la Muse Nocturne, des filles qui finissaient dans un état lamentable le matin à cause de la drogue, ou autres clients en colère car une des filles de la maison avait refusé quelque fétiche discutable. Malgré le mal qu’il avait à marcher correctement, et quelques pavés irréguliers qui manquaient de le faire tomber, ils arrivèrent à bon port. Il était temps, puisque sa condition commençait à être de plus en plus difficilement supportable. Même la jeune femme devait être lasse de le porter à moitié.


« L’endurance c’est capital, en même temps pour ce métier. » fit-il avec un clin d’œil coquin.

Florent s’étonnait d’être capable de faire preuve d’humour dans cette situation, mais il fallait avouer que cela faisait passer une partie de son mal. C’est alors qu’il jeta un œil à l’intérieur, une fois les quelques marches montées.

Comme sa maison était ordonnée. Tout paraissait minutieusement disposé pour être prêt à accueillir quelqu’un à tout moment. Le feu était même encore allumé, et le contraste avec le froid mordant du dehors était frappant. Les meubles étaient minutieusement disposés afin de laisser juste la place qu’il faut pour circuler dans la pièce sans se cogner nulle part, le tout avec une esthétique soignée. Le jeune peintre, qui vivait dans son bordel, se demandait bien s’il aurait été capable de soigner la disposition de son mobilier s’il avait eu autant de place chez lui. Sûrement pas, il n’avait absolument aucun talent de décorateur d’intérieur.

La milicienne le déposa dans un fauteuil, et Florent s’y senti à l’aise immédiatement. Il senti l’armure de ses efforts, qui l’avait amenée des bas quartiers jusque-ici, se détacher de son corps pour tomber de chaque côté du fauteuil, le libérant d’un poids non négligeable. Il n’avait plus besoin de forcer sur tous ses membres pour se maintenir debout, bien qu’avec l’aide de la jeune femme, c’eût été plus aisé. Le soulagement fut tel qu’il ne sentit la conscience le quitter brièvement. Quand la jeune femme lui adressa de nouveau la parole, il se réveilla en fronçant les yeux, tout en se rendant compte qu’il allait lui salir ses meubles s’il restait ainsi.

La milicienne avait d’ailleurs préparé ce qu’il fallait pour qu’il puisse se nettoyer. Elle lui indiqua l’étage, ce qui fit sourire Florent, qui ne savait même pas s’il allait pouvoir monter seul les escaliers.


« Si je vais doucement, ça devrait le faire. »

Il avait parlé tout seul. Pour faire comprendre à la jeune femme ce qu’il venait de marmonner, Florent fit un signe de tête léger en direction des escaliers. Prenant son courage à deux mains, ou plutôt ses chaussures, il se baissa maladroitement pour enlever ses chaussures. Il abandonna rapidement l’idée de les enlever avec les mains, et força d’un pied sur l’autre pour contraindre le cuir à se dessouder de la cheville.

« Je vais laisser les chaussures ici, et j’essaierai d’enlever le reste en haut. Quoique, si j’y arrive pas, je vais avoir l’air malin encore. » ajouta-t-il avec une sourire ironique.

Une ironie, mais pas tant que ça. L’homme de joie se trouvait bien embêté d’être handicapé à ce point, dans la demeure de sa bienfaitrice. Il s’attela à déboutonner son pantalon sans aucune pudeur, et le retira à la dextérité de ses jambes sans faire marcher son buste endolori, révélant un sous-vêtement très simple en lin brun. Il jeta un coup d’œil à sa chemise, qui n’avait de « boutons » que sur le col.

« Je vais être honnête, je pense que je ne vais pas pouvoir l’enlever seul. »

Florent rougit en disant cela. Non pas parce qu’il demandait à une femme de le déshabiller, ce n’est pas comme s’il n’avait pas l’habitude, mais car la situation le couvrait de honte. Mais elle accepta tout de même de lui rendre ce service. Ce fut bref, mais sans douleur, car Florent n’eût pas à lever les bras et se contenta de baisser légèrement la tête afin que le vêtement glisse de lui-même. Cette chemise, trouée à de multiples endroits, était totalement fichue ; son pantalon avait eu plus de chance. Quand la soldate lui proposa d’aller voir le Clergé pour se faire soigner, un simple signe de tête à la négative suffit à lui donner une réponse.

« Merci. C’est terriblement embarrassant… tu sais ? Je vais essayer de me débrouiller... pour la suite. »

Vêtu de son seul sous-vêtement, l’éphèbe commença sa montée de l’escalier. Étonnamment, se lever du fauteuil n’avait pas été un défi insurmontable. Ni même la montée des escaliers, facilitée par la motivation du jeune homme de soulager ses maux dans l’eau chaude. Faisant glisser le seul bout de tissu qu’il portait encore à ses pieds, Florent se trouva nu. Son corps était en piteux état. Les bleus étaient nombreux, et se comptaient par dizaine sur les tibias, les cuisses. Ils remontaient jusqu’au niveau des épaules, d’une façon totalement irrégulière, signe de l’acharnement déraisonné de ses agresseurs. Le jeune adonis avait également plusieurs écorchures, dont la plus grosse faisait une trentaine de centimètres allant du milieu du rein droit jusqu’aux abdominaux latéraux tout en restant superficielle, avec une éclisse de la taille d’un doigt enfoncé sur la longueur.

Florent fit un dernier effort sur ses jambes pour rentrer dans la bassine. Le contact de l’eau chaudes avec quelques plaies du bas de ses jambes lui arracha un souffle, mais il se motiva intérieurement en imaginant ce qu’il allait ressentir quand il allait plonger le bassin dans l’eau. Sans se poser plus de question, il tenta de faire pression sur ses cuisses pour s’asseoir en tailleur à l’intérieur, glissant quelque peu, il n’eût pas le temps de se rattraper avec les doigts et tomba directement sur le coccyx, arrosant quelque peu à côté de lui. Le choc vint irradier la colonne vertébrale et les côtes, se répandant dans tout le haut de son corps déjà meurtri.

Soudainement, il étouffa un cri avec ses dents, en grognant une plainte digne d’un torturé. La douleur manqua de lui faire perdre connaissance. Il avait machinalement attrapé son collier de toute ses forces et le tenait le plus fort possible, comme s’il voulait transmettre sa douleur dans ce qu’il tenait au creux de ses mains. Il respirait rapidement en tremblant, luttant pour ne pas s’évanouir, et n’entendait même plus ce qu’il se passait autour de lui.







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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyJeu 24 Jan 2019 - 19:38



- « Si tu ne hurles pas de douleur ou que tu ne m’obliges pas à te traîner jusqu’à chez moi, je te promets d’accepter de te revoir. » Murmura-t-elle alors qu’elle tentait de trouver la meilleure position pour le maintenir et avancer.

Même pour elle, ce n’était pas évident. Physiquement, Florent était plus grand qu’elle, ce qui n’était pas rare étant donnée la petite taille de la milicienne. Niveau largesse, bien que s’entraînant intensivement, Sydonnie n’était pas une femme particulièrement imposante. Le déplacement fit plutôt lent et bien que la milicienne accordait une oreille attentive aux divagations du blessé. Un pas après l’autre, lentement, le rythme n’était pas intensif, s’adaptant aussi bien aux signes de fatigue qui lui semblaient percevoir chez Florent, ou chez son propre corps. Parfois des sourires se glissaient sur ses lèvres, parfois ses lèvres se pinçaient et parfois même elle roulait des yeux. Le plus important n’était évidemment pas le fait qu’il parlait, mais qu’il ne sombrait pas dans l’inconscience. Bien que l’humour ne soit pas une qualité particulièrement prononcée chez la femme d’armes elle s’était mise à rire à deux fois, la première au niveau de sa blague qu’elle n’était pas certaine d’avoir compris –mais qui lui rappelait l’humour de son cousin Arahaël-. La seconde fois était lorsqu’il lui avait évoqué son métier et des multitudes de pensées indécentes s’étaient glissées dans son esprit. Ce second rire était donc un peu plus nerveux qu’autre chose, bien qu’elle n’en dise rien.

- « Vu ton état, tu devrais peut-être changer de métier, non ? » fit-elle dans un demi-sourire

Les deux avaient fini par rentrer chez la coutelière et elle l’avait abandonné sur un fauteuil, le temps pour elle d’alimenter la bûche, de mettre de l’eau à chauffer et de sortir deux tasses ainsi que tout ce dont il lui semblait avoir besoin pour apporter un soin quelconque : autant dire très peu de choses, puisqu’elle n’était pas soigneuse et que ce n’était vraiment pas son domaine de prédilection, cela s’arrêtait bêtement à de la cautérisation et à badigeonner le tout à l’eau salée. La noiraude avait fini par s’arrêter dans ses mouvements pour le détailler, elle était en effet peut être allé un peu vite en besogne en s’imaginant le voir galoper dans les escaliers. Se pinçant la lèvre, elle secoua doucement la tête alors qu’il lui évoqua sa difficulté à retirer ses vêtements, offrant un sourire.

- « Qu’est-ce que tu ne ferais pas pour que mes doigts effleurent ta peau… » tenta-t-elle pour le détendre « Laisse tes chaussures là oui, pour tes vêtements je vais t’en donner des autres, les tiens sont foutus. »

Elle s’était détournée sans trop l’aviser, consciente que si lui n’était pas gêné par la situation, elle semblait être un peu gênée par une possible nudité. Déversant quelques plantes dans une tasse et un peu d’eau chaude, elle sursauta légèrement alors qu’il lui indiquait ne pas arriver à se dévêtir, alors qu’elle avait pivoté elle s’était retrouvé face à un homme demi-habillé, ce qui amplifia cette sensation de gêne. Presque instinctivement, elle avait mis une main devant ses yeux, écartant légèrement ses doigts pour se diriger jusqu’à lui. Face à lui, elle se dépatouilla le plus délicatement possible pour lui retirer son haut, le conservant en main, ramassant également son pantalon qu’elle déposa sur une chaise en attente.

- « Très bien, très bien, pas le clergé, promis, cependant, je ne vais pas savoir te soigner » souffla-t-elle « Je connais quelqu’un de confiance pour les affaires délicates, il soigne les catins des bordels, il devrait faire l’affaire. »

Par sécurité, la coutelière était montée derrière lui, refermant soigneusement la porte de la salle d’eau. Elle ne s’imaginait pas vraiment rentrer, mais parce qu’elle craignait un accident, elle s’était glissé dans la pièce juste à côté sa chambre. Là ses yeux se perdirent quelque temps sur son lit, elle lâcha un bref soupir avant d’ouvrir son ancienne armoire qui s’était mise à grincer. Là elle détailla les vêtements de Chris, son Chris, son banni. Elle avait tout gardé absolument tout et cela lui sembla impensable de retirer quoi que ce soit. Elle retira néanmoins un pantalon, une chemise plus épaisse que la normale apporta le tissu contre son nez pour le sentir, il n’y avait plus l’odeur de Chris depuis longtemps, mais se l’imaginait-elle encore, cette touche boisée, cette odeur de forêt, de feuille morte ou pas d’ailleurs. Ce fut le petit cri, qui la fit sursauter et instinctivement elle s’était précipitée dans la salle d’eau. Là, elle avait bien compris que quelque chose clochait, là elle c’était penché faisant fit de sa nudité pour le sortir, pour l’emmener avec plus ou moins de difficulté dans sa chambre, pour le placer sur son lit.

- « Ca va, je suis là.. Je suis là Florent… »

Elle avait néanmoins recouvert de ses draps, sans prendre le temps de le sécher, ce n’était pas le plus important. Finalement l’idée du bain n’était peut-être pas très bonne, peut-être même pas du tout…. Là, les dégâts lui sautèrent aux yeux et l’évidence même de la situation aussi, elle ne pouvait pas s’occuper de lui, elle en était incapable.

- « Bon j’vais chercher Hilaire, toi tu ne bouges pas et tu me fais confiance. »

Il ne risquait rien ici, la chambre était spacieuse, le lit était imposant, plutôt large, pour deux. La chambre était en face du lit à côté du bureau ou trônaient des peintures de Chris et elle, de sa famille aussi et une montagne de note concernant son travail. À gauche se trouvait une imposante armoire, contenant ses vêtements, mais aussi quelques vêtements masculins. Passant la porte, la noiraude avait dévalé les escaliers, Hilaire, depuis son mariage n’habitait plus très loin. Elle n’avait pas pris le temps d’enfiler son manteau ou quoi que ce soit, elle avait dévalé la rue jusqu’à arriver à la demeure conjugale tapotant avec force à la porte. Elle avait attendu qu’elle lui ouvra pour lui annoncer la problématique :

- « Bonjour, Hilaire, j’ai besoin d’un soin… discret… J’ai un homme dans ma chambre… Qui a subi quelques désagréments physiques dans la rue… Je l’ai ramassé… Mais… Je ne sais pas soigner… Prends tout ce qu’il te faut de quoi recoudre, je crois.. ‘fin j’en sais rien, prend ce dont tu as besoin et rentre directement chez moi, l’escalier, première porte à gauche. »

Elle avait attendu pour répondre à ses questions, avant de rapidement rentrer chez elle pour rejoindre Florent. Là elle attendit puis laisse faire le soigneur. C’était entre lui et Florent après tout.

- « Je vous laisse travailler, je suis en bas si besoin. Nous parlerons du paiement en bas, tu vois ça uniquement avec moi Theodren. Tu fais le mieux sans te soucier du reste et tu ne l’écoutes pas s’il dit non. »

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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyVen 25 Jan 2019 - 11:49
Ce travail sur la prothèse l'épuise car il exige une concentration maximale. Deux heures trente qu'il est resté sur un simple détail de la prothèse mais cela en valait la peine, la petite correction à faire au moule semble terminée. Resteront les essais et il pourra se concentrer sur l'attache. Les délais qui lui avaient été demandés pourront être tenu, d'autant que de son côté Gontrand a bien avancé lui aussi sur la partie main. La fabrication des gants ne posera aucun souci, d'autant qu'il a déjà la couturière. Theodren lui est redevable et la brave femme est mère de cinq enfants. Qui sait si un petit coup de pub ne pourrait pas l'aider, elle aussi ? Autant joindre l'utile à l'agréable.

Il se nourrit de pain et de fromage pour se rassasier et profiter de sa pause et n'attend pas de clientèle. Le rush des fêtes de début d'année est passé. Barbier est rentable en période de festivité et l'apport financier a été le bienvenu et lui a permis cette petite folie. C'est pour que son épouse soit bien nourrie qu'il essaie de varier les menus. La viande reste un met bien trop cher pour lui qui reste avec une dette en attente, le fromage est une bonne option de remplacement. Ne dit-on pas que c'est la viande du pauvre ? Puis sa Constance mérite les efforts qu'il fait, aussi n'a-t-il pas trop de remords.

Mais il s'attendait tellement peu à une visite qu'il sursaute quand on tambourine à sa porte. En général, quand les gens témoignent d'un tel empressement, c'est qu'il y a une urgence médicale. Son instinct de soigneur reprend le dessus, le calme revient en lui et il ouvre, découvrant avec surprise que c'est la coutilière d'Algrange qui lui ouvre. Ils ont eu un lourd soin à gérer par le passé, qui a marqué un tournant dans sa vie. Déjà, il a bien été payé, mais en prime cela lui a permis de rencontrer son petit porte-bonheur, Alix, et son futur employeur, celui qui lui permet de ne pas trop stressé quant à son avenir, car ce jour de travail hebdomadaire lui garantit une rentrée, même s'il devait être privé de clientèle par ailleurs.

D'ordinaire impassible, Theodren a une petite grimace quand elle l'appelle "Hilaire" mais il écoute la suite du récit, un peu fouillis puis tente d'en faire un résumé pour s'assurer d'avoir bien compris.

- Donc, ton ami en question a été violemment frappé et pourrait même avoir une plaie ouverte. Il y a des risques de fracture aussi. Espérons pour lui qu'il n'y a pas de lésions internes importantes, mais il va falloir que je l'examine pour cela. Bandagisterie, matériel chirurgical, potions cicatrisantes et de quoi faire des attelles. Attends-moi, j'ignore où tu habites. Et s'il te plait, appelle-moi Theodren, Theo, Corbeau, Docteur, Connard si ça te chante, mais pas Hilaire ni même "monsieur Hilaire". Mon épouse porte bien mon nom. Moi je ne le supporte pas.

Sa future paternité, bien qu'elle n'ait pas encore été annoncée, l'angoisse. Pas la grossesse ou même l'accouchement, qui sont des motifs d'inquiétude légitimes, mais c'est la peur d'être finalement comme son père qui lui donne mauvais sommeil. Et son père était "Hilaire". Ce qui le rend un brin chatouilleux sur le sujet. Mais Théodren est concentré sur le soin à venir. Il se passe de l'eau froide sur le visage, prend son matériel, qu'il a en suffisance vu qu'il a refait les stocks et qu'il a peu de clients médicaux, hormis au Temple où chez le Capitaine puis il rejoint Sydonnie et l'accompagne jusqu'à chez elle, puis jusqu'au lit où est étendu le malheureux. Il ne fait aucune remarque quand à la nudité de ce dernier. Plonger quelqu'un dans de l'eau permet souvent de détendre les muscles, ce qui atténue la douleur. Visiblement, cela a été un échec.

Mais cela lui donne aussi une première information médicale importante. L'homme n'a pas d'hémorragie rectale, C'est un indice important qu'il n'y a probablement pas de lésion interne, du moins pour ce qui concerne tout ce qui est digestif et cela est plutôt positif. Les blessures restent quand même importantes.

- Bonjour. Je suis Theodren, mais vous pouvez m'appeler le corbeau si vous préférez. Je travaille dans le domaine des soins depuis l'âge de six ans et j'ai eu de nombreux professeurs. J'ai travaillé à la Milice, au Temple et dans les bas-quartiers, mon installation à Bourg-Levant est récente. Ce qui se passe ici ne sortira pas d'ici. Je dois procéder à un examen de vos blessures, et ce serait plus simple si vous pouviez vous asseoir. Si vous n'en êtes pas capable, nous procéderons autrement, ne vous inquiétez pas !

Theodren prépare tranquillement son matériel, sans exprimer une once d'angoisse. Sa voix calme, presqu'hypnotique, son visage doux et l'absence de panique sont souvent rassurants pour les patients. Il se dégage d'ordinaire de lui l'impression qu'il sait parfaitement ce qu'il fait et même si ça n'est pas toujours le cas, il sait en donner l'illusion. L'examen ne sera pas agréable, Theodren le sait, mais l'intensité des douleurs l'aidera aussi à déterminer s'il y a des fractures. L'oeil l'inquiète un peu, et tout en préparant son matériel, il observe la façon de se mouvoir de son patient, pour repérer les points douloureux de visu, afin de ne pas le faire souffrir inutilement.

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Florent TeinteluneGarçon de passe
Florent Teintelune



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 26 Jan 2019 - 17:54
A moitié inconscient, Sydonnie avait sorti Florent de la bassine pour l’escorter jusque sur le lit. Elle n’avait pas pris le temps de le sécher, mais cela importait peu. La douleur le tétanisait, mais il était encore conscient. Allongé, recouvert des draps et encore trempé, le blessé respirait le plus lentement possible pour se calmer et oublier sa peine. Peu de temps après, la douleur n’irradiait plus aussi intensément. La douleur au niveau des lombaires était toujours bien présente suite de sa chute, mais il ne sentait plus son dos entier le faire souffrir au moindre souffle.

Sydonnie s’absenta. La coutilière allait lui chercher un guérisseur. C’était sûrement la meilleure chose à faire vu son état. Mais il n’aurait jamais les moyens de régler un guérisseur, et malgré son mal, l’idée même d’avoir des dettes, ou de devoir se vendre afin d’obtenir quelques faveurs ne lui plaisait guère. Après tout, la soldate devait se douter qu’il n’avait pas les moyens de payer, elle saurait peut-être s’arranger pour faire venir une de ses connaissances à un prix abordable. Quoique, cela ne devait pas être son genre de le mettre encore dans un plus grand embarras. Et puis, elle avait parlé de confiance. Il n’avait plus le choix désormais.

Sombrant dans une demi-conscience, quelque peu soulagé par son immobilisme, le peintre blessé laissa ses pensées divaguer, et ses souvenirs lui revinrent peu à peu. Après une partie de jambes en l’air avec la bourgeoise Hauteplume, il était sorti de la demeure bourse en main. Ensuite, c’était le noir. Et quand il se réveillait, il se trouvait par terre dans une ruelle déserte en compagnie de deux truands qui l’avaient d’abord insulté avant de le tabasser joyeusement, puis s’en allant. Lui était resté là, sans bouger, avant de se relever en rassemblant ses dernières forces. Il aurait pu se laisser mourir de froid, dans cette ruelle, s’il avait été lâche. Mais il avait lutté, et voilà que c’était la dame d’Algrange qui l’avait retrouvé. Voilà qu’il se retrouvait maintenant dans son lit, seul chez elle, en attente d’un guérisseur. Quel pétrin.

« Ça m’apprendra à me rendre chez des clients pour leur convenance et à leur discrétion. Si je dois finir dans cet état à chaque fois qu’un époux l’apprend, je ne vais pas rester vivant bien longtemps… » pensa-t-il tout haut.

La porte s’ouvrit, Sydonnie était de retour, mais elle était accompagnée cette fois-ci. Par un… charmant jeune homme, qui devait avoir l’âge de Florent, ou être à peine plus vieux. Il n’était pas bien grand, et plutôt très mince, voire trop. Toutefois, il avait le physique plutôt doux, et sa présence dans la pièce était plutôt rassurante. Il s’adressa à l’homme de joie avec assurance, ne faisant aucune remarque sur sa nudité. Après tout, ce n’est pas le premier homme qu’il devait voir nu, même si ça ne se faisait pas pour les mêmes raisons que le blessé. Florent ne savait pas s’il allait avoir mal rien qu’en parlant, mais il fallait bien avoir la politesse de répondre.

« Theodren… C’est très bien. Moi c’est Florent. »

Ravi de le rencontrer ? Non, certainement pas. Ce n’était pas contre lui, mais l’on est jamais vraiment ravi de rencontrer la personne qui s’occupe de soigner les blessés, simplement car il aurait été préférable de ne pas se retrouver dans une telle situation. Pour paraître plus avenant, l’éphèbe esquissa un léger sourire.

« Je… Je vais essayer, ça devrait aller. J’ai bien été capable de marcher tout à l’heure. »

Sauf que tout à l’heure, il n’avait pas chuté dans une bassine en se flinguant le dos. Lors de cette chute, il avait sûrement aggravé les dommages qu’on lui avait causés, épargnant probablement les chances de s’en remettre rapidement. Enfin. Ça n’était pas dans sa compétence de juger l’étendue des dégâts. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il avait mal. Partout. Se redressant d’abord sur les coudes, qui s’enfoncèrent légèrement dans le matelas, il posa les mains et se releva, plus grâce à ses abdominaux qu’à ses bras, qui n’avaient plus de force. Se faisant, il ferma les yeux et fronça les sourcils, et contint un grognement en serrant les dents. La plaie qu’il avait le flanc droit contenant une éclisse n’était toujours pas sèche et lui brûlait en continu.

Une fois assis, il poussa un soupir de soulagement, ce qui vint lui rappeler une légère douleur dans les côtes.
Il laissa ensuite le guérisseur faire son travail, il ne se souvenait pas avoir craché de sang et l’indiqua au corbeau. Puis, n’importe où dans la conversation, et n’élevant pas la voix afin que Sydonnie ne l’entende pas, puisqu’elle n’était pas dans la pièce, il dit :


« Au fait… faites au minimum. Avec mes modestes moyens, me contenter de l’indispensable me suffira sûrement. Vous comprenez, n’est-ce pas ? »

Intérieurement, il pensait surtout au fait qu’il n’allait plus pouvoir travailler pendant un certain temps. Inquiet de savoir quand il pourrait de nouveau redevenir actif, il n’allait pas pouvoir vivre à crédit indéfiniment, même en vendant quelques-unes de ses peintures, si tant est qu’elles se vendent.

« Vous… hmmm… Vous pensez que je pourrais m’en remettre en combien de temps ? »

Après tout, il avait toujours été solide, il n’y avait pas de raison pour qu’il reste handicapé des mois durant. Peut-être que quelques semaines suffiront. Malheureusement, il avait fallu qu’il dise cela pour que la douleur au flanc droit soit ravivée. Sa plastique était très importante pour lui, aussi ne voulait-il absolument ne pas avoir de cicatrices, mais il n’avait pas sûrement pas les moyens d’y mettre le prix.







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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyDim 27 Jan 2019 - 11:21
Comme c'était à craindre, le patient est affaibli mais cette donnée n'est pas vraiment une surprise pour Theodren. L'homme a visiblement été battu et porte des ecchymoses sur tout le corps. Ses bras sont faibles. La façon dont il serre son bras sur ses côtes indique un problème, confirmé par la respiration douloureuse. Un autre douleur lui vrille le dos, mais il n'a pas encore eu le temps de l'inspecter.

Matériel prêt, Theodren passe ses mains dans l'eau divine, qui est en fait de l'eau de mer bénie. Il ne le fait pas par souci hygiénique, bien qu'il ait une réelle obsession concernant la propreté chez lui, mais par superstition. Ce geste, accompagné d'une prière en général silencieuse, est une manière pour lui d'appeler les faveurs d'Anür à lui, afin qu'Elle lui évite de commettre l'impair qui entraînerait son patient vers Elle.

- Bien, Florent. Je vais devoir vous inspecter de la tête au pied pour être certain de ne manquer aucune blessure. Il n'y aura aucun geste brusque de ma part et je vous ferai le détail de mes observations. Ne retenez pas vos grimaces et n'hésitez pas à me dire si je vous fais mal, ce sont des informations qui me seront utiles pour déterminer l'ampleur des blessures. Et si je vous invite par geste à ouvrir la bouche ou bouger un bras, faites-le, l'examen en sera plus rapide et moins douloureux.

Il commence par palper le crâne, à la recherche de bosses ou de fractures mais sur ce plan, tout semble à peu près normal. L’œil par contre est boursouflé mais le nez a été épargné. La mâchoire conserve sa mobilité et quand Florent l'informe qu'il n'a pas souvenir d'avoir craché du sang, Theodren acquiesce gravement. Il inspecte aussi le fond de l’œil valide de son patient puis fournit les explications.

- Il y a plusieurs traces d'ecchymose, de coup si vous préférez, mais aucune fracture, pas même au niveau de votre œil fermé. Aucune dent cassée non plus, et c'est tant mieux car ce sont les soins les moins agréables. Je pratiquerai une petite saignée sous l'oeil, ce qui lui permettra de guérir plus vite. Vous pourrez revoir avec d'ici trois-quatre jours. Sans cette saignée, il faudrait compter deux semaines, au bas mot. Je vous rassure, ça n'est pas douloureux, sinon un petit picotement. Vous vous sentirez soulagé rapidement après la saignée et il n'en restera pas de trace.

Au tour des bras et des jambes. C'est surtout le côté droit qui a été touché mais si le gauche a été épargné, il porte des traces aussi, mais moindres. C'est douloureux, mais pas à l'excès. Theodren se permet un sourire.

- Bonne nouvelle, si c'est impressionnant, les blessures sont bien étendues et il n'y a pas d'atteinte osseuse. Les muscles sont raides, mais vont se remettre seuls. Le rouge va virer au bleu, presqu'au noir, puis cela va s'éclaircir vers une teinte un peu jaune, avant de s'estomper. Il ne devrait rester aucune marque dans deux semaines au plus tard, suivant la vitesse où votre corps se régénère. Si vous en avez la possibilité, n'hésitez pas à vous plonger dans de l'eau chaude pour détendre vos muscles. Les thermes sont une excellente option pour cela. Les raideurs disparaîtront dans trois quatre jours. Votre démarche sera un peu raide aujourd'hui et demain, puis vous gagnerez en souplesse. Évitez les travaux de force d'ici là et bougez lentement. J'éviterai même potions et cataplasmes pour vos membres. Votre corps est jeune et robuste, autant laisser la nature faire son œuvre.

Voilà quelques informations qui devraient rassurer le patient. L'examen du thorax et de la zone pelvienne est plus délicat. S'il n'a pas pris de mauvais coup à l'entrejambe, il y a une mauvaise blessure au niveau de deux côtes et le diagnostic est sans appel.

- La douleur est vive au niveau des côtes, mais moins que si c'était cassé. Cela me donne bon espoir. Les choses finiront par se remettre en place et et au bon endroit. Avec l'os cassé, ça serait moins sûr. C'est donc une bonne nouvelle. Mais votre respiration restera douloureuse tant que les os ne se seront pas réparés. Je vous ferai un bandage solide pour éviter que cela ne bouge trop quand vous respirez, cela évitera les douleurs.

L'inspection du dos est une mauvaise surprise, il y a comme une grande écharde qui lui est rentrée dans le dos, assez profondément que pour nécessiter quelques points. La griffure à côté n'est pas assez profonde que pour nécessiter des soins trop importants mais nécessitera un baume cicatrisant.

- Vous avez un bout de bois qui est rentré dans votre dos, suffisamment pour qu'il faille le retirer et le recoudre. Cela sera le soin le plus désagréable. Je pense que trois points suffiront. Il faudra serrer les dents, ça ne sera pas agréable. Couchez-vous sur le ventre, on va débuter par le plus désagréable, le reste sera moins difficile à vivre.

Une fois Florent couché, l'extraction du bois se fera avec grande prudence. Par chance, la plaie a déjà cessé de saigner. Il l'arrose d'eau divine et recoud. Trois points, puis il applique un bandage serré sur les côtes, pour lui éviter les plus grandes douleurs.

- Le plus dur est fait. J'ai posé un bandage sur la plaie, mais elle ne posera pas de problèmes. Conservez-le jusqu'au moment où vous irez aux thermes, demain si possible, pour détendre les muscles. Vous pourrez retirer ce bandage quand vous sortirez de l'eau. Par contre, il faudra refaire un bandage serré au niveau des côtes. Ils peuvent le faire au Temple, ou alors vous viendrez jusqu'à mon officine qui n'est pas très éloignée. Maintenant, fermez votre oeil valide et évitez de bouger, je vais pratiquer la petite saignée sous l’œil. Ne forcez pas pour rouvrir votre œil blessé. Et pour le paiement, ne vous inquiétez pas. J'ai fait ce qu'il fallait, ni plus, ni moins. Et je devais un service à la coutilière.

Histoire que Florent ne s'en inquiète pas. Il le prendra un peu par surprise, semblant inspecter l'oeil avant de procéder à une toute petite ouverture. Le sang s'écoule simplement via une toute petite ouverture, décongestionnant l’œil. La douleur doit être moindre. Un petit point de lotion cicatrisante et l'oeil semble déjà en meilleur état.

- Vous garderez une toute petite cicatrice au dos, assez discrète, mais ne vous en faites pas, cela plait aux dames. Vous pourrez même inventer une petite histoire, que vous avez voulu défendre quelqu'un. Un enfant par exemple. Cela fonctionne pas mal et ravive les instincts maternels de ces dames. Mais ça n'est pas une raison pour en faire d'autres, hein !. Allongez-vous sur le côté non douloureux et essayez de dormir. Le repos est le meilleur conseil que je puisse vous donner. Dans quelques jours vous vous sentirez bien mieux.

Theodren l'abandonne alors pour rejoindre le rez-de-chaussée et retrouver Sydonnie, qu'il rassure rapidement.

- C'était plus impressionnant qu'autre chose. Pas de fractures, pas de blessures internes. Du repos, un passage aux thermes et il n'y paraîtra plus. Un seul bandage à refaire, au niveau des côtes. Si vous vous en chargez, n'hésitez pas à le faire bien serré.

C'est tout. S'il n'y a pas d'autres questions, Theodren repartira chez lui. Le paiement peut attendre. Et il ne s'inquiète pas, Sydonnie est quelqu'un de réglo.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptyDim 27 Jan 2019 - 12:37


Sydonnie a dû rester derrière la porte de sa chambre quelque temps, hésitante sur le fait de redescendre, la consultation se devait d’être « intime » et confidentiel, elle le savait, mais sa curiosité presque maladive ne pouvait être aussi facilement maîtrisé. Après quelques petits pas sur place, celle à la chevelure de jais avait fini par se raisonner, préférant nettoyer les dégâts dans la salle d’eau. Éponger le sol, récupérer les vêtements pour frotter le tout avec force et l’étendre dans un coin en espérant que cela soit sec et propre dans les temps. La bassine fut vidée à la force de ses bras, s’aidant évidemment d’un sceau et de ses jambes pour descendre et remonter, vider et remplir. La salle d’eau avait finalement retrouvé un petit quelque chose de rangé et ce n’est qu’après avoir tout vérifié minutieusement et collée au moins une fois son oreille contre la porte de la chambre que la responsable de groupe était redescendue. En bas, la noiraude due donner l’impression de tourner quelque peu en rond, elle était inquiète : inquiète de la santé du garçon de passe, inquiète que la situation ne soit plus grave que ce qu’elle avait cru percevoir.

Comme à chaque fois que Sydonnie perdait un peu le contrôle d’une situation, elle devenait anxieuse et contrairement à son travail, dans le domaine privé ce n’était vraiment pas quelque chose qu’elle appréciait. Là aussi, celle à la chevelure de jais s’était improvisée petite main de l’entretien. Les écuelles vides qui se trouvaient dans la bassine furent astiquées, le balai fut passé à plusieurs reprises, les chaises rangées, les chopes parfaitement nettoyées, les bouteilles classées en fonction de l’âge, de la forme ou de la quantité restante, le bois fut déposé devant la cheminé, les napperons en dentelle secouée puis replacée à leurs places respectives. Tout, absolument tout ce qui pouvait être fait fut réalisé sans qu’elle n’en retire une quelconque once de satisfactions. Plaçant de l’eau sur le feu, dans une vieille marmite que sa mère n’avait eu de cesse de répéter qu’elle jetterait un jour, Sydonnie attendait. Quand l’eau s’était mise à frémir, elle avait rempli trois tasses, balançant quelques herbes dont elle ignorait le nom, mais dont le goût lui plaisait. Des pas avaient fini par se faire entendre et elle s’était redressée en détaillant le guérisseur.

- « Bien, merci Theodren. » Souffla la milicienne « Vous prendrez bien une infusion avant de repartir, je vous ai servi une tasse. Combien de jours pour le repos ? Au minimum et idéalement… Je doute qu’il accepte de rester trop longtemps sans activité » murmura-t-elle avant de se rendre compte qu’elle ne lui avait pas demandé de ses nouvelles « Excusez-moi… avec l’accident, je ne vous ai même pas demandé comment aller votre épouse, et votre emménagement nouveau dans un bon quartier… Vous devez être heureux. Vous en arriveriez presque à être une source d’inspiration, vous savez. »

De son côté, la coutelière avait placé deux tasses sur un petit plateau. Elle termina sagement la conversation avec le guérisseur avant de le raccompagner à la porte, lui remettant dans la main le paiement, certainement un peu plus que nécessaire, mais après tout, elle l’avait dérangé et sorti de ses occupations, c’était à ses yeux la moindre des choses.

- « Même si je sais que je peux vous faire confiance, je compte sur vous pour votre discrétion. Merci encore. »

La porte avait fini par se refermer et de nouveau seule dans sa pièce à vivre, Sydonnie sembla enfin réaliser à quel point, elle pouvait agir stupidement parfois. Amener un garçon de passe dans sa demeure, sans passer par la partie porte, c’était aller au-devant de bien des rumeurs, surtout dans l’état où il se trouvait. Fort heureusement que sa mère n’était plus là, celle-ci n’aurait très certainement pas approuvé cet agissement. Un coup d’œil à sa fenêtre elle détailla Gerturde la voisine qui n’en loupait pas une miette, convaincue qu’elle déformerait la totalité des évènements. Peu importe. Attrapant le plateau, elle avait rapidement remonté les marches, frappa à la porte avant d’entrer, s’approchant lentement de la couche ou devait se trouver Florent.

- « Theodren dit qu’il faut au moins une semaine, idéalement deux avant de reprendre du service. Interdiction de grimper au rideau avec qui que ce soit en attendant » souffla-t-elle mis taquine, mis sérieuse « Tiens bois ça… ça devrait te faire du bien… Je vais te passer des vêtements et t’aider à enfiler l’ensemble. Tu pourras garder, j’en ai plus vraiment l’utilité. Il m’a parlé des thermes aussi, je pense que c’est une bonne idée, moins de risques de chute que dans ma petite bassine. »

Sydonnie lui avait tendu la tasse, avant de repartir chercher la chemise très certainement un peu grande pour lui –chris étant large et plutôt grand- et un pantalon. Là, elle l’avait aidé si besoin à enfiler le tout, délicatement, en espérant ne pas lui faire mal.

- « Comment tu te sens ?»

Sydonnie d'Algrange a écrit:

Merci Theo pour ton petit passage ♥️
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Florent Teintelune



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 2 Fév 2019 - 14:07
L’auscultation s’était déroulée sans accroc, ni de douleur. Le soignant semblait sûr de lui et avait l’œil vif pour analyser l’étendue des dégâts. Hormis sa grosse plaie dans le dos, rien ne sembla l’inquiéter plus que cela. D’ailleurs, il préféra commencer par cela. Quand Florent fut sur le ventre, Theodren prit soin de retirer l’éclisse de bois dans la plaie avant de lui faire des points de suture. A quelques reprises, le jeune blessé étouffa des grognements dans les draps, prenant son mal en patience. Le reste des soins ne parut rien, même la saignée, si impressionnante au départ, ne lui fit pas plus mal que cela. Une fois le travail presque terminé, il se vit appliquer un bandage assez serré sur le torse, afin de maintenir les os en place et soulager ses muscles bien trop tendus.

« Aller aux thermes demain puis refaire un bandage. Je pense que je peux faire ça… Merci. »

A vrai dire, Florent n’était pas rassuré à l’idée de se replonger dans l’eau, par peur que ses blessures le brulent. Mais de toute façon, rien ne pouvait être pire qu’aujourd’hui. Juste après, la mauvaise nouvelle fut annoncée. Une cicatrice. Il ne manquait plus que ça. Restait à voir si elle était si petite, après tout, il n’était pas défiguré à vie, il pourrait bien survivre avec cela, même si son estime en prit un coup. Le corbeau avait ajouté que cela ravivait les instincts maternels. Dans son métier, ce n’était pas vraiment ce qu’il recherchait, mais soit, il en ferait probablement l’expérience prochainement.

Le médecin avait terminé, et le salua avant de s’en aller, lui assurant qu’il n’y avait point de problème de paiement à prendre en compte. Sûrement Sydonnie qui avait arrangé cela dans l’ombre, du moins c’est ce qu’il pensa. Voilà que Florent lui était redevable à nouveau. Elle ne tarda d’ailleurs pas à rentrer dans la pièce pour lui faire un petit compte rendu informatif. Une semaine au minimum avant de pouvoir refaire des folies. Cela aurait pu être pire.


« Quel dommage, moi qui rêvais de profiter d’être ici. » fit-il avec un rire moqueur, dédramatisant complètement la situation sans être sérieux.

Le jeune homme de joie se fit la remarque que Sydonnie faisait plus office de mère qu’amie dans cette situation. Elle avait semblé tout à fait sérieuse quand lui avait dit qu’elle lui interdisait de grimper aux rideaux.

« De toute façon, je doute d’être en mesure de faire quoique ce soit, donc un repos s’impose. »

Florent ne questionna pas la noiraude sur les vêtements qu’elle lui fournissait. Il n’allait pas l’embêter avec cela pour l’instant, même s’il en crevait d’envie. Ils devaient être à la personne qui partageaient sa vie avant, et dont ils avaient parlé l’autre nuit. Cependant, le fait même qu’il lui restait de ses habits signalait qu’ils ne s’étaient sûrement pas quittés en bons termes. Il se contenta de lever légèrement le bras gauche, cassant le poignet au passage pour montrer à Sydonnie que c’était un peu grand pour lui, mais il n’en dit rien, et se contenta de sourire. Une sacrée carrure pour un intellectuel.

« Là ? Très bien entouré. » répondit-il à la milicienne avec un grand sourire.

Il n’avait plus vraiment très mal, pour le moment. Il faut dire aussi que Theodren avait vraiment bien fait son travail, et que de se savoir hors de danger rendait la situation moins difficile pour lui. Mais Florent était exténué. Cela faisait quand même beaucoup de choses à encaisser. La boisson chaude qu’elle lui avait donné lui donnait envie de dormir, et il ne ferait pas long feu.


« Dis-moi, je ne vais pas te causer de problèmes, hein ? Je ne veux pas qu’on croit que tu traines avec des mendiants défigurés. »

Il laissa passer un long moment sans parler, puis osa enfin demander.


« Je… Merci pour ce que tu as fait aujourd’hui, tu es restée calme alors que j’étais en train de complètement perdre mon calme. Même si je tentais de faire des blagues stupides pour me rassurer. J’avais une bourse avec moi, mais je ne l’ai plus. Elle aurait permis de payer les soins. Il me faudra quelques semaines pour rembourser ma dette. »

En évoquant cette "bourse", il laissa le sujet de ce qui lui était arrivé d’ouvert, sans vraiment en dire plus. Il n’était pas assez fier de lui pour en parler ouvertement, et préférait attendre les questions de la jeune femme, qui devait sûrement en avoir. Il n’osa pas non plus lui demander s’il pouvait rester dormir, parce que, dans cet état-là, il ne se sentait pas assez fort pour faire la route jusqu’à la Muse Nocturne.

« Bon sang, il ne faut pas qu’ils me voient dans cet état là-bas. »

Il ne pouvait pas non plus s’absenter indéfiniment, auquel cas, il se ferait virer d’office. Il faudrait trouver une parade pour cela.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 2 Fév 2019 - 23:47


- « Ce n’est pas parce que tu es blessé que tu ne peux pas profiter. » tenta-t-elle de plaisanter.

Si elle n’en disait rien, Sydonnie avait un réel problème avec la perte de contrôle, elle avait vu trop de proche et non proche mourir et chaque disparition l’avait profondément marqué. On ne pouvait pas s’accoutumer de tout, encore moins de la mort. Détaillant un instant l’homme de passe, d’Algrange ne pouvait s’empêcher de ce qui avait pu le conduire à en arriver là. Était-ce une cliente, le mari d’une cliente, une agression quelconque causée par la faute à pas de chance ? Elle n’en savait trop rien, mais son instinct de milicienne ne pouvait que lui murmurer que la profession ne devait pas être la belle innocente dans toute cette histoire. S’installant sur le bord du lit, la jeune femme n’avait pu que lui remettre la tasse encore fumante, avant de lâcher un soupir de soulagement en constatant qu’il avait l’air plus en forme que quand elle l’avait ramassé. Theodren faisait du bon travail, ne pouvait-elle que le souligner et le remercier pour être encore si disponible malgré sa nouvelle vie.

- « De toute façon, si ça peut te rassurer, je n’allais pas te laisser faire autre chose que te reposer… Tu fais comme chez toi, je vis toute seule ici. On peut largement partager la maison le temps que tu te remettes sur pied et puis je ne suis pas très loin du temple. »

Alors qu’il terminait d’enfiler ses vêtements, la coutilière l’avait détaillé avec minutie, constatant avec un petit sourire amusé à quel point une carrure masculine pouvait être différente d’un homme à un autre. La jeune femme n’avait pas semblé le juger, ou même le trouver ridicule, elle culpabilisait de ne pas avoir beaucoup mieux à lui proposer. Prenant une légère inspiration, la jeune femme avait fini par se relever tout en douceur, avisant celui qui venait de reprendre la parole, Sydonnie avait fini par se positionner contre son bureau, avant de faire face à celui qui se trouvait dans son lit.

- « Tu n’as rien à me rembourser. Theo me devait un service, c’est chose faite. Pas d’inquiétude non plus pour ma réputation, à moins que tu n’agresses une de mes voisines. Tu sais, je suis rarement à la maison, personne ne s’inquiétera de voir un homme passer, dans le pire des cas, on pensera enfin que j’ai décidé de me marier et on me lâchera un peu. Tu vois, aucune raison de te faire du souci. »

Sydonnie avait fini par prendre une grande respiration, il ne fallait pas aller trop vite, chaque problème en son temps.

- « On trouvera une solution, en attendant, comme je te l’ai dit, tu es ici chez toi… » elle insista un instant son regard sur le visage du garçon de passe « Tu sais, tu n’es pas obligé de me raconter, nous avons tous nos petits secrets n’est-ce pas ? Et puis, je suis milicienne, je me sentirais obligé d’enquêter. »

La noiraude avait fini par se relever lentement, s’approchant une nouvelle fois du jeune homme, pour venir déposer sa main sur son front. Elle étira ses lèvres en un sourire, avant de reprendre la parole de sa voix plutôt douce :

- « Tu devrais te reposer maintenant, tu as l’air d’avoir un peu de fièvre. Tu sais, tu me rappelles mon cousin, il avait toujours le don de mettre son nez ou il ne fallait pas et de s’attirer une multitude de problèmes. » elle s’était mise à rire doucement avant de reprendre « Enfin, si tu pouvais éviter de me faire tourner en bourrique comme il pouvait le faire avec elle, je t’en serais reconnaissante. M’inquiéter comme ça, ce n’est définitivement plus de mon âge. »

Tirant les draps pour lui permettre de bien se reposer, elle l’avait ensuite abandonné pour fermer les volets en bois, cela n’allait pas complètement plonger la pièce dans l’obscurité, mais au moins, celle-ci serait déjà un peu moins lumineuse. Par sécurité, la jeune femme avait néanmoins allumé une petite bougie, juste au cas où, puis c’était dirigé vers la porte afin de vérifier que celui qui se trouvait dans son lit n’avait besoin de rien.

- « Si tu n’as plus besoin de moi, je te laisse te reposer. Si jamais je ne suis pas là à ton réveil tu fais comme chez toi, je laisse toujours la porte ouverte si tu veux aller au temple pour te détendre dans les thermes… Oh, par contre, pas de femme à la maison. » elle avait dû lui faire un clin d’œil avant de disparaître ou de rester pour répondre à ses éventuelles questions.

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Florent TeinteluneGarçon de passe
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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 16 Fév 2019 - 14:34
Pouvoir rester chez Sydonnie était une offre à la fois très généreuse, mais aussi très embarrassante. Florent ne supportait pas l’idée d’être dépendant de quelqu’un pour s’occuper de lui. Mais il fallait avoue que la situation le mettait dans une posture où il ne serait pas véritablement autonome pendant encore quelques jours.
La milicienne avait l’air d’avoir pris très au sérieux les instructions de Theodren. Il lui sembla même à plusieurs reprises qu’elle s’inquiétait véritablement de son état, bien qu’il aille déjà beaucoup mieux suite aux soins du corbeau.


« Personne ne s’inquiète d’un homme qui passe. Mais d’un homme ensanglanté qui a tout l’air d’un débauché de première classe, ça risquerait de te coller une sale rumeur sur le dos… Et je n’en ai vraiment aucune envie. Je tacherai d’être discret. »

Puis elle fit mention de la raison qui l’avait mis dans un état pareil. Force était de constater qu’elle s’y intéressait, mais qu’elle n’osait pas l’embêter avec ça. Il ne revint pas immédiatement sur le sujet. Il ne savait pas vraiment trop non plus ce qu’il s’était passé, et n’avait pu émettre que des hypothèses jusqu’à maintenant.

La chevelure sombre s’approcha de nouveau, et lui posa la main sur le front. Ce geste maternel fit rougir Florent, qui ne dit rien, ne voulant pas encore plus se mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà. Quelle situation… Déjà que Sydonnie l’avait ramassé dans la rue, elle l’avait escorté jusqu’à chez-elle, puis lui avait payé un médecin, prêté des vêtements et l’avait bordé. C’était tout bonnement infantilisant, pour ne pas dire humiliant.

« Pas de femme, et moi qui rêvait de faire ça ailleurs que chez moi, fit il avec un éclat d’ironie, dans cet état-là, je suis certain de pouvoir avoir n’importe qui. »

La milicienne avait quitté la pièce, après lui avoir demandé de se reposer, ce qu’il ne manquerait pas de faire. La luminosité baissa très rapidement, avec seule la lueur d’une bougie pour ne pas être plongé dans le noir total. Florent la remercia encore une fois et ferma les yeux.
Ce fut un très long moment d’attente qui commença. Bien que soulagées par le bandage assez serré, les douleurs étaient toujours présentes. Dès lors que le jeune blessé bougeait d’un millimètre, son corps lui rappelait son état par un élan de mal-être.
Mais il n’arrivait pas à dormir. Il ne savait même pas quelle heure il était. Entendre Sydonnie vaquer à ses occupations le maintenait éveillé. Il n’avait pas faim, ni sommeil d’ailleurs. Il se sentait seulement contraint de devoir rester immobile dans le lit de sa bienfaitrice. Les pensées du jeune homme étaient occupées par de multiples questionnements, plus ou moins sérieux.

Où allait dormir Sydonnie maintenant qu’il occupait le lit ? A côté, ou dans le salon ? Qui était la personne qui lui voulait véritablement du mal ? Serait-il mort s’il ne s’était pas relevé, ou si Sydonnie ne l’avait pas secouru ? Serait-il encore là-bas, à mourir de froid, si personne ne l’avait vu ?
Rien que de penser à la mort lui donnait des frissons. Il n’avait pas travaillé durement toute sa vie pour voir son existence se terminer de cette façon. Plusieurs doutes s’installèrent dans son esprit. Plus de relation en dehors du bordel quand les clients ne sont pas célibataires (si c’était pour cela qu’il s’était fait violenter). Il ne valait pas la peine de prendre des risques vitaux si c’était pour satisfaire une cliente. Il était terrifié. Terrifié de constater à quel point son insouciance avait failli lui couter la vie.

Son esprit était beaucoup trop embrouillé pour qu’il puisse trouver ne serait-ce qu’une once de repos. Il se décida à se lever, ne serait-ce que pour aller calmer ses craintes, et ne pas penser à ce qu’il serait devenu si la milicienne ne s’était pas trouvée à cet endroit, à ce moment. Florent rassembla une partie de ses forces et se fit violence pour se lever, fronçant sévèrement les sourcils et grognant en sortant du lit.

Titubant jusqu’à la porte, il s’affaira à chercher la maitresse de maison. Il la trouva dans un fauteuil, une boisson chaude dans les mains. Son déplacement avait attiré son regard. Et voilà qu’il se présentait, dans ses habits trop larges pour lui, un bras tenant l’autre pour ne pas avoir mal.

« Hé… »

Après un bref silence, il ajouta.

« Pas facile de dormir ailleurs que chez soi. »

Mal à l’aise, il tenta de se rapprocher, mais se rendit compte qu’il valait mieux rester sur place que de s’écrouler sur le parquet.

« Si tu n’avais pas été là, je pense que je serais mort de peur… Ou de froid. »

Il la fixa droit dans les yeux, sans une parcelle de joie ou d’ironie pour venir teinter son regard comme à l’habitude. On aurait presque dit qu’il avait perdu toute l’assurance dont il était capable de faire preuve. Une nouvelle mise à nu devant cette figure à la fois amicale et maternelle.

« Je suis vraiment désolé de m’imposer ici… Alors je pense que je te dois au moins des explications. »

Il prit une profonde inspiration, pour se rassurer. Il était toujours en vie, et ici, il ne craignait rien.

« J’ai couché avec une bourgeoise assez âgée dont le mari n’est plus en mesure de la satisfaire. Elle est venue une fois à la Muse, et elle a fait envoyer un messager pour me demander de réitérer l’acte, mais dans sa demeure. Il était prévu que son mari soit absent pour la semaine, et donc j’avais le champ libre. Je pense qu’il a fini par l’apprendre, et il a engagé des mercenaires pour venir me régler mon compte. »

Enfin, c’est ce qu’il supposait.



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 16 Fév 2019 - 17:50


- « Pas de femmes » répéta-t-elle simplement avant de fermer la porte « Repose-toi, tu en as besoin. »

La féminine silhouette avait ensuite définitivement refermé la porte, s’autorisant un petit soupir furtif, héberger quelqu’un n’était pas dans ses habitudes, héberger un homme de joie encore moins. Néanmoins, la d’Algrange ne s’imaginait aucunement le ramener dans son établissement de luxure pour l’y abandonner. Descendant marche par marche, lentement, elle avait fini par laisser ses doigts effleurer le bois de sa table, par extirper une tasse qui devait appartenir à sa mère sans que cela ne la dérange outre mesure, pour finalement remplir le tout d’une eau plus si chaude que ça. Abandonnant quelques plantes à l’intérieur, la noiraude avait tendu l’oreille en bas des marches, s’assurant que Florent ne s’amusait pas à se prendre pour un membre de la trinité en osant vagabonder à l’étage comme un homme sans blessure, un brin rassurée, elle s’était lâchement échouée sur son fauteuil, laissant son fessier s’enfoncer sur l’assise, son dos épouser parfaitement le dossier. Étendant légèrement ses jambes, puis ses bras sans déverser la moindre goutte du liquide tiédasse, elle avait fini par détailler le plafond, déposant le récipient sur sa cuisse gauche.

Pensive, ses lèvres avaient dû se pincer à plusieurs reprises, alors que sa main libre venait s’infiltrer dans sa longue chevelure de jais. Qu’avait-il bien pu se passer dans la tête de Florent pour prendre autant de risque et par la Sainte Trinité pourquoi avait-elle toujours besoin de venir en aide à tout le monde ? S’abandonnant dans un énième soupir la noiraude avait fini par redresser sa nuque, pour tremper ses lèvres dans le liquide désormais quasiment froid. Le crépitement du feu un peu plus loin avait toujours réussi à l’apaiser, mais cette fois-ci, il lui sembla un peu dérangeant, un peu déroutant. Il était là à se consumer avec ardeur, propageant la chaleur dans toute la pièce, alors que la femme d’armes ne ressentait que le froid, le froid mordeur et douloureux de la solitude.

Son attention un peu perdue vers le meuble qui se trouvait face à elle fut cependant rapidement détournée par les grincements du plancher, pas le grincement de la porte s’ouvrant, puis le grincement des pas qui descendent petit à petit l’escalier, jusqu’à dévoiler la silhouette masculine –quoique un bien masqué par la largesse des vêtements-. Florent n’était pas bien loin, debout, juste là, l’observant, la détaillant. D’instinct elle c’était levé lorsqu’il avait fait un pas, d’instinct, elle n’avait ensuite plus bougé pour lui offrir l’illusion d’avoir encore un brin d’autonomie, savait-elle trop bien ce qu’on pouvait ressentir bloqué ainsi dans un corps trop fragile.

- « Installe-toi » souffla-t-elle avec une certaine douceur maternelle « Je pense que la Trinité ne prévoit rien, sans rien, alors inutile de me remercier pour de te montrer reconnaissant. Je n’ai fait que mon travail. »

Un peu plus certainement, mais n’allait-elle pas le mettre davantage mal à l’aise. Debout, elle avait quitté sa posture immobile pour remettre la marmite d’eau sur le feu, rajoutant une petite bûche au passage dans l’astre de la cheminée. Fouillant certains placards en bois, elle avait fini par remettre la main sur une seconde tasse, venant rapidement la remplir d’eau désormais chaude, et de cette multitude de plantes dont elle ignorait certainement pour la plupart les propriétés. Chaque tasse en main, elle était venue lui en remettre une, l’aidant au passage à s’installer s’il avait fait toujours le choix de rester debout. La noiraude l’avait écouté d’une oreille distraite, fronçant à plusieurs reprises les sourcils avant de s’installer contre un pan du mur non loin de lui.

- « Parfois, je me dis que tu es soit inconscient, soit naïf, soit stupide » souffla-t-elle simplement en passant une main à l’arrière de sa nuque « Je ne vais pas te juger, ce n’est pas mon rôle. Cependant, tu sais déjà qu’avec ta profession tu es en dehors de nos normes, la trinité n’encourageant les relations que par les liens sacrés du mariage » elle laissa courir ses doigts le long de sa tasse « Tu sais que l’époux pourrait exiger une ordalie pour obtenir justice ? »

Son regard c’était relevé vers lui, alors qu’elle laissait échapper un nouveau soupir, elle était sincère, peut-être un peu trop, peut-être aurait-elle dû laisser ses paroles se faire un peu plus douces pour éviter de le contrarier.

- « Tu as le nom de ta grand-mère noble, ou pas ? Je vais aller faire une petite pression sur le mari si tu veux, il devrait te lâcher, mais après ça, terminer les petites sauteries avec des femmes mariées, tu entends ? Ou alors discrètement. Par les trois divinités, comment tu peux à ce point passer outre nos croyances, Florent ? »

Maladroitement, elle avait fini par le lui reprocher, elle ne le jugeait pas vraiment, mais elle avait fini par s’inquiéter, avait dû l’amener ici, avait dû faire venir Theodren. Il avait pensé à ce qui aurait pu se passer si elle n’était pas intervenue ? Non certainement pas. D’un geste de sa main libre, elle avait fini par balayer l’air, avant de porter de son autre main son infusion.

- « Écoute, cesses donc de me parler de ma réputation, ou du regard des autres, crois-moi depuis que je suis dans la milice je ne me soucis plus de ce genre de choses stupides. Concentre-toi sur ta guérison, t’entends ? Plus vite tu guéris, plus vite tu retournes chez toi, dans les draps qui contiennent ton odeur et plus vite tu pourras repartir dans tes activités sportives préférées.»

Avait-elle tenté de faire un peu d’humour, d’adoucir sa voix et sa manière de communiquer, de ne pas paraître trop jugeante aussi. Replaçant une main au niveau de son ventre, l’autre supportant sa tasse non loin de ses lèvres, elle poursuivit simplement.

- « C’est la première fois que tu te fais tabasser ainsi ? Si c’est le cas, ça risque de hanter ton esprit pendant quelque temps… C’est important que tu exprimes ce que tu ressens. »

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Florent TeinteluneGarçon de passe
Florent Teintelune



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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange]   [Terminé] Quand on joue avec le feu... [ft. Sydonnie d'Algrange] EmptySam 23 Fév 2019 - 14:24
« Ce doit être les 3 à la fois. »

Même sur le ton de l’autodérision, Florent ne pouvait s’empêcher de se condamner pour la situation dans laquelle il se trouvait. Dans le fond, Sydonnie avait totalement raison. Il n’y avait aucune raison d’être fier ni même d’encourager les prostitués à pratiquer leur activité.
Toutefois, condamner au bucher toutes les prostituées de Marbrume serait difficilement possible, en rendrait bien des gens malheureux. Bien entendu, il n’y avait pas trop de souci à se faire à ce niveau-là. Les bordels pouvaient s’ouvrir en quasi-légalité, non pas que la prostitution soit acceptée, mais elle était au moins tolérée. Et puis, la plupart des très pieux ne s’approchait pas de ces endroits de luxure. La majorité des clients n’était pas très observante vis-à-vis de la Trinité, et ce n’était d’ailleurs pas le cas de Florent. Ce dernier ne réagit pas quand elle évoqua le sujet de l’Ordalie, ne sachant pas vraiment ce que c’était.

« Passer outre vos croyances ? » Il insista bien sur le déterminant. « Ces mêmes croyances qui ont condamné l’humanité à se terrer dans une ville et mourir de faim ? Ma mère m’a toujours dit de ne jamais renier les dieux, mais qu’il ne fallait pas perdre de vue qu’à Marbrume, tu marches ou tu crèves. Et ça, ce ne sont pas les dieux qui décident de cela. Enfin…» Il fit une pause pour reprendre sa respiration. « Hauteplume, c’est le nom de ma cliente, et de son mari également, je suppose. »

Il ne s’était même pas énervé, la religion ne le concernait plus depuis des années maintenant. Mais, par superstition, il se tenait quand même loin du Temple au maximum, pour ne pas s’attirer plus de problèmes que de coutume.,

Florent, qui avait repris un peu de vigueur, s’installa à côté de la milicienne dans le canapé. Il eut quand même du mal à étouffer un grognement au moment de freiner sa chute dans le support moelleux.


« Je pense aussi croire, en la Trinité. Enfin je n’en sais rien. Je ne dis pas que je ne crois pas, mais je ne suis pas capable de dire que je suis convaincu de croire. Je ne suis sûr de rien. Je ne veux pas que tu me prennes encore plus pour un dégénéré écervelé. Disons que je considère mes activités comme un travail tout ce qu’il y a de plus normal. Quoique ma dernière escapade est loin d’être en accord avec les grands principes, c’est sûr. »

On aurait dit un enfant qui avait honte d’avoir tiré la langue à sa mère, un enfant qui pensait avoir bravé les interdits, la discipline, pour finalement s’écraser sous le poids de la culpabilité. Cherchait-il à se justifier ? Aucune idée.

Les yeux du blessé se perdirent dans le vide. Il sentait la chaleur de la jeune femme à côté de lui, et l’odeur de l’infusion s’infiltrait discrètement dans ses narines. Malgré ses douleurs, tout dans cet environnement était fait pour le mettre à l’aise, bien qu’il ne soit pas chez lui. Malgré les quelques instants de réflexion, ses idées se changeaient peu à peu en des pensées plus positives. Ne disant rien, profitant simplement de la présence de sa bienfaitrice.

Puis la jeune femme aux cheveux de jais lui posa LA question. Celle dont il n’avait pas besoin. La question qui le ramena à la réalité physique de son mal-être. L’effet psychologique fut immédiat, et il se remit à avoir mal. Ce n’était pas de sa faute, elle était inquiète. Il faut dire qu’elle avait quand même trouvé le garçon de passe dans un sale état.


« Mes quelques escapades précédentes avec d’autres clients n’ont jamais posé le moindre problème non… Je me souviens même d’une fois, où c’était… l’homme qui voulait simplement voir sa femme le faire avec un autre, et j’avais été très bien payé. Les gens sont étranges, hein ? Après tout il y a bien des gens qui vont dans des bordels pour discuter. »

Il tenta un trait d’humour dirigé contre la jeune femme, pour oublier son mal, et détendre un peu l’atmosphère. Florent se pencha sur le fauteuil, pour aller toucher l’épaule de la jeune femme, sans vraiment vouloir forcer le contact. Il essayait simplement de lâcher prise pour se sentir mieux, et espérait ne pas embêter celle qui l’avait secouru.

« Si je devais dire ce que je ressens… C’est qu’ici je suis bien, avec toi. J’ai encore des frissons d’imaginer l’état dans lequel j’aurais fini si tu ne m’avais pas trouvé. Mort probablement, ou défiguré a minima. Mais là, tout de suite, j’ai beau dire que j’ai peur de ce qu’il m’est arrivé, je me sens en sécurité ici. »

Quelques instants plus tard, toujours à moitié blotti contre Sydonnie, ne forçant pas le geste, Florent lui demanda :

« Comment fais-tu, toi, pour te détacher du regard des autres ? Comment fais-tu pour ne pas juger tout ce monde qui t’entoure ? Parce que, avouons-le, si tu m’avais jugé, tu ne m’aurais jamais accordé la moindre attention. Une coutilière ne devrait pas avoir à trainer un garçon de passe hérétique jusqu’à chez-elle. »

Sans vraiment le dire, il supposait aussi que la jeune femme avait dû essuyer une quantité de remarques misogynes lors de son entrée dans la Milice, bien que maintenant, elle fût au commandement. Soudainement, le portrait de la soldate qui était dans son esprit fut remplacé par celui de sa mère. Florent sentit les larmes lui monter aux yeux. Plutôt ému par cette image, il ajouta, sans aucun lien avec le reste, sans même préciser qu’il parlait de sa mère :

« Je pense qu’elle aurait été très heureuse de te connaître. »

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